Conformément à l'ordre de renvoi de la Chambre des communes en date du 13 février 2008, le Comité législatif sur le projet de loi reprend son examen du projet de loi.
Je signale aux membres du comité que nous réserverons 20 minutes à la fin de la réunion pour nous réunir à huis clos, afin de discuter de questions internes, entre autres le travail accompli par le Sous-comité du programme et de la procédure concernant la liste des témoins, le calendrier des travaux futurs et l'adoption du budget. De plus, comme chacun le sait, les cloches commenceront à sonner dès 17 h 15 pour un certain nombre de votes. Par conséquent, nous avons entre 80 et 90 minutes à consacrer à nos témoins aujourd'hui.
Je sais que, comme vous revenez du congé de Pâques, pendant lequel vous avez pu consulter vos électeurs au sujet du projet de loi, vous avez hâte de commencer ce travail. Je sais que vous avez certainement de nombreuses questions à poser aux représentants du Conseil privé. Permettez-moi donc de vous les présenter d'abord.
Nos témoins aujourd'hui sont les suivants: Dan McDougall, directeur des Opérations; Isa Gros-Louis, directrice; et, Grégoire Webber.
Bienvenue au comité. Vous avez la parole.
:
Merci, madame la présidente.
Nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui pour discuter du projet de loi C-20, Loi prévoyant la consultation des électeurs en ce qui touche leurs choix concernant la nomination des sénateurs. Nous nous ferons un plaisir d'examiner le fondement du projet de loi avec le comité et de discuter de sa structure et de tout détail concernant cette proposition législative.
Tout d'abord, pour établir le contexte, je crois qu'il serait peut-être utile de commencer par une courte description de ce qu'on ne trouve pas dans ce projet de loi.
[Traduction]
Dans un premier temps, le projet de loi n'établit pas de mécanisme pour élire les sénateurs. Il établit plutôt, à l'instar de la Loi référendaire, une façon de consulter les Canadiens, sans obliger le premier ministre ou la gouverneure générale à adopter les résultats de la consultation.
De plus, comme il en a été question lorsque le ministre a comparu devant le comité, le projet de loi ne modifie pas la Constitution du Canada. En effet, le projet de loi a été rédigé soigneusement afin de ne pas toucher au pouvoir du gouverneur général de nommer les sénateurs; à la prérogative du premier ministre de recommander des sénateurs; aux exigences constitutionnelles concernant les sénateurs; ou au rôle du Sénat en tant qu'arbitre de l'admissibilité des sénateurs.
Par contre, le projet de loi fournit un bassin de personnes dans lequel le premier ministre peut choisir pour recommander une nomination au Sénat dès qu'il y a des postes vacants, et ces personnes seraient nommées selon les préférences démocratiques des électeurs.
Le projet de loi prévoit qu'une consultation est normalement tenue dans le cadre d'une élection générale fédérale. Le gouverneur en conseil pourra prendre un décret de consultation, qui sera exécuté sous la direction du directeur général des Élections, et la consultation reposera en grande partie sur la Loi électorale du Canada.
Le projet de loi prévoit aussi qu'une consultation pourrait se tenir dans le cadre d'une élection générale provinciale, sous réserve d'un préavis de six mois.
Le projet de loi assure une certaine souplesse, car il permet au gouvernement de décider s'il utilisera le mécanisme et quand il le fera, et il peut décider dans combien de provinces il tiendra une consultation durant une élection fédérale ou provinciale, et combien de sièges seront soumis à la consultation. Cette souplesse garantit que des candidats seront disponibles pour combler les sièges dès qu'ils seront vacants.
[Français]
Les Canadiens pourront enregistrer leur candidature en tout temps auprès du directeur général des élections. Ils n'auront pas besoin d'attendre la prise d'un décret de consultation. Les candidats doivent avoir 30 ans ou plus et être citoyens canadiens. Bien entendu, avant d'être nommés au Sénat, les candidats devront se soumettre aux autres critères d'admissibilité qui se retrouvent dans la Constitution.
Une fois enregistrés, les candidats pourront accepter des contributions pour leur campagne. Les règles destinées à régir les contributions sont tirées des règles applicables aux candidats au poste de député énoncées dans la Loi électorale du Canada, sauf quelques exceptions. Par exemple, les candidats, lors d'une élection fédérale, doivent attendre qu'une élection soit déclenchée avant de pouvoir délivrer des reçus d'impôt pour les contributions.
[Traduction]
Compte tenu du rôle différent que les partis jouent au Sénat par rapport à la Chambre des communes, les partis politiques auront un rôle limité à l'égard des candidats au Sénat. Le projet de loi prévoit que les partis peuvent soutenir un candidat, mais ne peuvent pas soutenir plus de candidats dans une province qu'il n'y a de sièges précisés dans le décret de consultation. De même, les partis ne seront pas autorisés à transférer des fonds à des candidats au Sénat. Il n'y aura pas de partis exclusifs au Sénat. Pour faire de la publicité, un parti devra s'enregistrer comme tiers; les partis ne contrôleront pas l'ordre des candidats sur le bulletin de vote, et il ne sera pas possible de voter pour une liste de partis plutôt que pour des candidats individuels.
Les consultations auront lieu à l'échelle de la province, permettant ainsi aux électeurs d'indiquer leurs préférences parmi tous les candidats dans cette province. Les électeurs pourront ainsi classer simplement les candidats qu'ils préfèrent dans l'ordre du mérite, en exprimant autant de préférences qu'ils le jugent à propos, indépendamment des partis auxquels les candidats appartiennent, ou en utilisant tout critère de leur choix. Le projet de loi est conçu pour offrir le plus de souplesse possible à l'électeur. Selon le même principe, le système de vote proposé, appelé le mode de scrutin à vote unique transférable ou VUT, a également été conçu pour refléter le plus fidèlement possible les intentions des électeurs.
Le projet de loi stipule qu'après le dépouillement du scrutin, une liste des candidats retenus dans chaque province où une consultation a eu lieu doit être soumise par le directeur général des Élections au premier ministre pour fins d'examen. Le projet de loi stipule aussi que le directeur général des Élections doit publier ce rapport sans délai, de même que d'autres détails sur le vote, dans la Gazette du Canada.
[Français]
Pour gagner du temps, je pourrais peut-être souligner pour vous certaines autres dispositions d'intérêt. Il y a de nombreux articles du projet de loi qui traitent de la publicité et des communications, de la publicité électorale des tiers, de l'administration financière et, il va de soi, de l'application de ces dispositions.
En règle générale, ces dispositions correspondent à des dispositions semblables dans la Loi électorale du Canada, si ce n'est pas qu'elles visent à avoir le moins de répercussions possible sur le fonctionnement actuel de cette loi et qu'elles ont été adaptées aux besoins en fonction de la nature du processus créé par le projet de loi sur les consultations concernant la nomination des sénateurs.
Madame la présidente, je vous remercie de m'avoir accordé la possibilité de comparaître devant le comité. Nous répondrons volontiers aux questions du comité.
:
Le mode de scrutin à vote unique transférable est conçu de façon à traduire le plus possible les préférences des électeurs. Il donne de bons résultats dans des circonscriptions individuelles où il n'y a qu'un candidat, auquel cas il se transforme en ce qu'on pourrait appeler un mode de rechange — et, là aussi, il donne de bons résultats. Mais, sa véritable utilité semble se manifester dans un contexte où plusieurs personnes doivent être choisies à la suite de formalités de vote. Il ne doit pas nécessairement s'agir d'un processus électoral; il peut s'agir de tout processus conçu pour choisir quelque chose. C'est donc cela l'intention: concrétiser les préférences des électeurs.
Pour ce qui est de son fonctionnement, du point de vue de l'électeur, c'est assez simple, en réalité. Je dirais même que c'est d'une simplicité intuitive. Ainsi, les électeurs prennent part au vote et témoignent leur préférence pour une, deux ou trois personnes ou plus qui sont les candidats devant être retenus, selon eux. Au niveau individuel, ce n'est pas plus compliqué que cela.
Là où le système se complique un peu, c'est au niveau de l'administration, puisque les administrateurs doivent comprendre comment fonctionne ce système, qui s'appuie sur une série de calculs.
Donc, pour ce qui est de l'administration et du dépouillement du scrutin, il s'agit tout d'abord de déterminer combien de voix un candidat doit récolter pour être retenu. Pour les députés et la plupart des autres élections organisées au Canada de nos jours, en vertu du système majoritaire uninominal, le calcul est assez simple: c'est 50 p. 100 plus un. Mais, lorsqu'il y a plusieurs sièges à combler, ce nombre doit nécessairement changer. Si vous avez trois sièges, chacun doit récolter un tiers des voix. Si vous avez quatre sièges, chacun doit récolter un quart des voix, et ainsi de suite.
Donc, il faut appliquer une formule permettant de déterminer le nombre minimum de voix qu'il faut récolter pour être retenu. L'idée du quota consiste à s'assurer que lorsqu'il y a dépouillement du scrutin… Par exemple, dans une situation où tous les candidats récoltent le même nombre de voix, alors qu'il n'y a que trois sièges à combler, le quota établit doit permettre de garantir que seulement trois candidats seront retenus, plutôt que quatre — tout comme la formule des 50 p. 100 plus un signifie qu'une seule personne récoltera 51 p. 100 des voix, et l'autre 49 p. 100. Autrement dit, une seule personne peut être élue. De même, le quota vise à garantir que, si vous avez quatre sièges à combler, seulement quatre personnes seront retenues, et non pas cinq. Donc, s'il y a trois sièges, seulement trois personnes devront avoir le nombre de voix requis. Il s'agit d'une simple formule mathématique permettant de calculer le nombre de voix requis, de façon à les distribuer équitablement.
Une fois qu'un quota a été fixé, vous examinez les bulletins de vote et les préférences dont témoignent les électeurs pour différents candidats d'après les bulletins de vote. Comme je vous l'ai déjà dit, l'électeur classe les candidats en lice selon ses préférences, c'est-à-dire, un, deux, trois, quatre et ainsi de suite, selon le nombre de candidats qu'il veut retenir. D'ailleurs, ce projet de loi a été structuré de façon à donner un maximum de souplesse à l'électeur pour ce qui est de sa façon de suivre la procédure prévue. Par exemple, s'il ne connaît qu'un seul candidat et ne veut voter que pour lui, d'après le projet de loi, il pourra n'en choisir qu'un et son bulletin de vote sera tout aussi valable. Si l'électeur connaît deux candidats et ne veut indiquer sur son bulletin de vote que le choix de ces deux candidats, c'est tout aussi acceptable. Par contre, s'il y a 17 candidats et que l'électeur veut indiquer un ordre précis pour chacun des candidats du premier au 17e, il est parfaitement libre de le faire.
Donc, le projet de loi vise à donner un maximum de souplesse aux électeurs pour ce qui est de leur façon de témoigner leurs préférences.
Donc, jusqu'ici, nous avons établi le quota, c'est-à-dire le nombre de voix qu'un candidat devra récolter pour être retenu. L'étape suivante consiste à examiner les bulletins de vote et à déterminer, dans un premier temps, à faire le décompte des voix récoltées par les candidats qui correspondent au premier choix des électeurs. Ainsi, on fait le décompte des voix de tous les candidats retenus comme le premier choix des électeurs. Donc, en tant que candidat, si le quota est établi à 50 et que j'ai récolté plus de 50 voix chez des électeurs pour qui je suis le premier choix, mon nom est automatiquement inscrit sur la liste. Par exemple, s'il y a trois sièges à combler au Sénat pour une province donnée, par exemple, il s'agira de faire le compte des voix récoltées par tous les candidats qui correspondent au premier choix des électeurs et de retenir le nom de trois candidats ayant récolté plus de 50 voix; à ce moment-là, le nom de ces trois personnes est inscrit sur la liste et le processus s'arrête là.
La situation se complique un peu si l'on se rend compte, après avoir fait le décompte des voix récoltées par les candidats retenus comme le premier choix des électeurs, que personne n'a obtenu le minimum requis, ou encore qu'une seule personne l'a obtenu, à ce moment-là, vous devez d'abord déterminer si le candidat retenu a récolté plus de voix que le minimum requis, et, dans l'affirmative, transférer ces voix excédentaires aux autres candidats qui n'ont pas obtenu le minimum requis. Autrement dit, vous tenez compte du deuxième choix des électeurs, d'après les bulletins de vote, et ces voix sont ensuite transférées aux autres candidats. Une fois que vous avez fait cela, vous faites un nouveau calcul afin de voir si ces derniers ont obtenu le minimum requis et, si c'est le cas, vous pouvez vous arrêter là; sinon, vous devez continuer votre démarche de la même façon.
Si, après avoir transféré les voix excédentaires — autrement dit, j'ai récolté plus de voix que le minimum requis, si bien que ces voix excédentaires ont été transférées à d'autres candidats — vous constatez que personne d'autre n'a encore obtenu le minimum requis alors que vous avez encore des sièges à combler, vous devez à ce moment-là commencer par la fin et éliminer progressivement les candidats qui ont récolté le moins de voix. Donc, vous allez directement à la fin de la liste, et celui qui a eu le plus faible nombre de voix est automatiquement éliminé du décompte. Vous examinez ensuite les bulletins de vote pour voir qui était le deuxième choix des électeurs, ou la deuxième personne pour laquelle les électeurs ont témoigné une préférence, et vous transférez ces voix aux autres candidats qui constituaient le deuxième choix des électeurs.
Dans ce cas-là, il s'agirait de la personne placée au deuxième rang, mais si cela devait se faire à une étape ultérieure du processus, il s'agit d'opter pour le « candidat subséquent », pour reprendre la formulation du projet de loi. Donc, tout dépend de l'étape qu'on a atteint par rapport à l'ensemble du processus.
:
Donc, il faut avoir 35 ans, on peut dépenser autant qu'on veut, et quand on y arrive…
Est-ce 30 ou 35 ans? Donc, il faut avoir 30 ans, on peut dépenser autant qu'on veut et, quand on est retenu, on n'est même pas sûr que les voix récoltées démocratiquement vont compter, car il s'agit toujours d'une nomination.
Si nous parlons bien de réforme démocratique, ne faudrait-il pas donner la priorité à l'aspect « démocratique » de la chose? Il me semble qu'on se contente de beaucoup de frime dans ce projet de loi, surtout que vous avez déclaré tout à l'heure qu'il y a beaucoup de « difficultés » entourant la concrétisation d'un Sénat élu. Donc, n'est-il pas vrai qu'on oblige les électeurs à tourner en rond au lieu d'aller droit au but puisque, d'après vous, il n'est pas possible de concrétiser un Sénat élu? Premièrement, les sénateurs vous diront qu'ils n'accepteront jamais un tel système. Il faudra aussi consulter les provinces, et les provinces vont vous dire non.
Nous revoilà donc dans une situation où le changement n'est pas possible. Est-ce la raison pour laquelle nous contournons la difficulté d'un Sénat élu en optant pour cette solution?
:
Je voudrais remercier nos trois témoins pour leur présence aujourd'hui.
J'ai quelques questions à poser au sujet du mode de scrutin à vote unique transférable, mais avant de le faire, je m'interroge sur autre chose…
M. Angus a parlé du cas d'un candidat qui réussirait à réunir 800 000 $. En ce qui concerne la pratique actuelle — et je suppose qu'il s'agit davantage d'un commentaire que d'une question — le fait est qu'en tant que députés, nous avons tous la possibilité de réunir de l'argent pour nos associations de circonscription dans n'importe quelle région du pays. Que je sache, personne n'a encore réussi à réunir 800 000 $ grâce à sa campagne locale et, bien entendu, tous ces renseignements sont du domaine public. Par conséquent, il s'agit, selon moi, de voir tout cela dans le bon contexte. Étant donné les restrictions que nous avons établies, notamment en ce qui concerne l'élimination des dons de sociétés, il est peu probable qu'un candidat puisse acheter son siège en montant des campagnes de publicité massive financées par des investissements massifs. C'est tout simplement une question pratique.
Je voudrais vous interroger au sujet du mode de scrutin. S'agissant du mode de scrutin à vote unique transférable, vous n'avez pas dit cela mais, si j'ai bien compris, il s'agit essentiellement du même système qui a fait l'objet d'un référendum en Colombie-Britannique il y a quelques années.
:
Avant de répondre directement à votre question, je tiens à vous dire que nous avons examiné de très près la situation australienne en préparant ce projet de loi, étant convaincus que cela nous permettrait de voir comment un tel système pourrait fonctionner dans la pratique. Ils ont adopté le système de Westminster. Leurs traditions sont très semblables aux nôtres. Leurs lois donnent de très bons résultats depuis plusieurs années. Ce système est en vigueur depuis très longtemps en Australie, et nous avons donc jugé bon d'examiner leurs règles en profondeur, dans la mesure possible et de retenir leur modèle.
Par contre, ce projet de loi présente un certain nombre de différences par rapport au système australien — justement celles que vous venez d'évoquer. Le système australien s'articule effectivement autour des partis. Comme vous venez de le dire, il y a une case sur le bulletin de vote en Australie qui permet à l'électeur, au lieu de classer tous les candidats ou un certain nombre de candidats selon un ordre précis, de simplement cocher la case qui indique un vote pour tel ou tel autre parti politique, et ensuite c'est au parti concerné de déterminer l'ordre des candidats comme bon lui semble.
Ici, au Canada, le gouvernement a décidé sciemment de ne pas retenir cette formule, encore une fois afin d'essayer de diminuer l'influence des partis politiques sur le processus électoral et de s'assurer que le Sénat conserve une certaine indépendance par rapport à la Chambre des communes ou la Chambre basse.
Donc, ce projet de loi ne prévoit pas des dispositions semblables à celles qui caractérisent le modèle australien.
:
Merci, madame la présidente.
Monsieur McDougall, j'aimerais revenir au tout début, lorsque vous avez décrit le système à la demande de mon collègue. Je ne comprends pas bien une chose, et c'est la question du transfert des votes une fois que le quota est déterminé. L'excédent est transféré à la personne qui se trouve en deuxième place. Son excédent est transféré à la personne qui est en troisième place, et ainsi de suite. Par la suite, on recommence en partant du dernier.
Je voudrais vous présenter un scénario. Imaginons un candidat au Sénat qui provient du Québec. Le Québec est très grand et on sait que cela coûterait énormément cher de visiter toutes les communautés, surtout dans le nord du Québec. On se demande pourquoi voyager partout au Québec pour rencontrer tant de gens et avoir tant de votes quand, de toute manière, le quota est de 555 votes, par exemple. Tout ce que le candidat a besoin de faire, c'est de s'assurer d'obtenir 600 ou 700 votes, sans aller dans le nord du Québec. Il peut rester à Laval, là où on le connaît le mieux, et il aura ses 500 votes.
Quelle est la logique derrière cette idée de transférer les votes de la première à la deuxième personne et de la deuxième à la troisième personne? Cela n'enlève-t-il pas l'élément de démocratie dont on parlait tout à l'heure?
:
Permettez-moi de vous expliquer. Il y a trois façons de procéder pour les candidats ayant des voix excédentaires. Vous pouvez alors analyser ces voix excédentaires en vous demandant combien d'électeurs ont témoigné une préférence pour le deuxième candidat, car c'est ça l'étape suivante. Donc, sur ces voix excédentaires, vous devez vous demander qui était le deuxième choix des électeurs, et à ce candidat-là, vous attribuez des voix excédentaires. Voilà pour l'une des méthodes possibles.
Une deuxième méthode consiste à faire une sélection au hasard. Le problème que présente cette méthode concerne le fait qu'on ne sait pas si le deuxième choix indiqué sur le 52e bulletin de vote, et qui constitue une voix excédentaire, correspond ou non au choix fait par la première personne. Il est possible que le premier électeur dont la voix était excédentaire avait une idée tout à fait différente pour ce qui est du deuxième choix à retenir.
Par conséquent, le projet de loi prévoit que l'on examine tous les bulletins de vote — tous et chacun — et qu'on détermine quel candidat a reçu plus d'une voix excédentaire. Il faut donc examiner chaque bulletin de vote et établir le deuxième choix de tous les électeurs concernés. À ce moment-là, chaque bulletin de vote est pris en compte.
Ensuite, il faut déterminer la valeur de ces voix. Là, la méthode consiste à calculer ce qu'on appelle la « valeur de transfert ». Dans ce contexte, on considère que la voix de l'électeur est une voix entière, si bien qu'il s'agit de déterminer quelle portion de la voix donnée au candidat qui constituait le premier choix de l'électeur aurait été nécessaire pour atteindre le nombre minimum et rien de plus.
Par exemple, si j'avais besoin de seulement 75 p. 100 de la voix de chaque électeur afin d'atteindre le minimum de voix requis, cela voudrait dire que 25 p. 100 de la voix de chacun des électeurs pourrait compter pour le second choix qu'ils ont tous indiqué.
:
Merci, madame la présidente, et merci, monsieur McDougall.
Je dois admettre que, même si je connais bien le concept qui sous-tend le mode de scrutin préférentiel, je ne suis pas sûr de bien comprendre le mode de scrutin VUT. Par le passé, nous avions l'habitude, pendant de nombreuses années en Saskatchewan, à recourir au mode de scrutin préférentiel pour les réunions d'investiture. C'est ainsi qu'on finit par ne retenir qu'une seule candidature. C'est un système assez simple, bien que les administrateurs — c'est-à-dire les personnes qui font le décompte des voix — doivent faire leur travail manuellement, ce qui est un peu long quand il y a plusieurs candidats en lice.
Donc, je suis d'accord avec M. Maloney pour dire qu'il serait bien utile qu'on nous fournisse d'autres explications, écrites ou non, à ce sujet. Je pense bien que ce serait peut-être intéressant de nous en faire la démonstration, parce qu'il n'est pas toujours facile d'y voir clair.
L'observation que je voudrais faire… et c'est quelque chose que nous avons constaté en Saskatchewan au moment de mettre sur pied notre propre système de scrutin préférentiel. Nous avons étudié le système employé en Australie et en Nouvelle-Zélande, et nous avons fait beaucoup d'essais sur le terrain. Je pense bien que M. McDougall a mentionné que les électeurs sont appelés à indiquer leurs préférences sur le bulletin de vote, lorsqu'il y a de multiples candidats, en les classant dans l'ordre de leurs préférences, c'est-à-dire, numéro un, numéro deux, numéro trois, et ainsi de suite, de manière à indiquer leur premier choix, leur deuxième choix, leur troisième choix, etc.
Nous avons observé que les électeurs ont beaucoup plus l'habitude de marquer un X sur leur bulletin de vote, plutôt que de classer les candidats dans l'ordre en marquant des chiffres — un, deux, trois ou quatre. En conséquence, sur le bulletin de vote que nous avons conçu, si vous pouvez essayer de visualiser tout cela, nous indiquions le nom de chaque candidat verticalement du côté gauche, et horizontalement, c'était marqué: premier choix, second choix, troisième choix, quatrième choix. Ainsi les électeurs pouvaient se contenter de marquer un X dans la case correspondant au nom et au choix qu'ils voulaient. Ils n'étaient pas obligés de les numéroter dans l'ordre. Nous avons constaté que cela permettait d'éviter beaucoup de confusion.
Donc, si vous optez pour la méthode qui est proposée, je pense qu'il va falloir déployer beaucoup d'effort pour éduquer les électeurs sur la façon de marquer leurs bulletins de vote. Je voulais simplement vous faire ce commentaire. Peut-être voudrez-vous envisager de concevoir un système qui permettrait aux électeurs d'indiquer leurs préférences en marquant un X, plutôt qu'en utilisant des chiffres. Cela pourrait se révéler plus simple en fin de compte.
J'ai quelques autres observations à faire, qui découlent de la discussion et des questions posées par d'autres membres. Tout à l'heure, on vous a dit: en l'absence d'un Sénat élu, si le premier ministre a encore la possibilité de nommer qui il veut, comment peut-on dire que c'est une formule plus démocratique? Eh bien, je pense qu'il convient de se rappeler les contestations constitutionnelles que cela pourrait engendrer. À l'heure actuelle — si j'ai bien compris — il faudrait modifier la Constitution afin de créer un Sénat élu. De toute façon, nous allons recevoir les témoignages d'experts constitutionnels sur la question au cours des prochaines semaines.
Il est tout à fait exclu de penser que les provinces seraient d'accord — M. Angus a parfaitement raison, à mon avis; il est impensable que sept provinces et 50 p. 100 de la population donnent leur aval — pour créer un Sénat élu, et ce qui est proposé constitue la meilleure solution, à défaut de pouvoir élire les sénateurs. Les électeurs dans chaque province auraient la possibilité de choisir les personnes qui devraient, selon eux, devenir sénateurs, sans que ces derniers ne soient élus. Ensuite, le premier ministre les nommerait, comme c'est le cas à l'heure actuelle, mais probablement en fonction des voix gagnées par chacun des candidats.
Selon moi, si le premier ministre décidait de nommer quelqu'un qui ne serait pas le candidat ayant reçu le plus de voix dans le cadre des consultations, ce serait dangereux sur le plan politique. S'il voulait faire cela, s'il voulait à tout prix nommer le candidat correspondant à sa préférence personnelle, pourquoi se donnerait-il la peine d'organiser toutes ces consultations?
Pour moi, le ministre essaie par ce projet de loi de permettre aux électeurs dans chacune des provinces de témoigner au moins leur préférence pour tel ou tel autre candidat. Il est tout à fait normal de supposer que le premier ministre, quel que soit le candidat ayant gagné le plus de voix, voudrait nommer cette personne, étant donné que les électeurs de la province se sont exprimés par l'entremise des consultations. C'est le système le plus sûr, à mon avis. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Si ce système et le projet de loi étaient structurés de façon à ce que les contestations constitutionnelles deviennent possibles… à mon avis, si nous nous contentions d'organiser de simples élections, ce serait la paralysie totale sur le plan constitutionnel. Pour moi, ce qui est proposé correspond au meilleur système, à défaut de pouvoir tenir des élections, si l'on veut éviter une véritable crise constitutionnelle. Est-ce que cela vous semble juste — c'est-à-dire que ce mode de scrutin — du moins, selon vous — permettra aux électeurs de témoigner leurs préférences pour l'un ou l'autre candidat sans que cela donne lieu à des problèmes constitutionnels?
:
C'est certainement ce que nous croyons, nous. Premièrement, nous sommes très conscients de la structure actuelle de la Constitution et des conditions à remplir si l'on souhaite changer la méthode de sélection. Comme vous venez de le dire, il faut pour cela modifier la Constitution, ce qui suppose l'aval de sept provinces représentant 50 p. 100 de la population. Comme nous avons été en mesure de le constater, des modifications constitutionnelles multilatérales, complexes et détaillées en ce qui concerne le Sénat en particulier se sont toujours révélées impossibles à effectuer. En fait, le Conseil de la fédération, qui regroupe les provinces, s'est penché sur cette question pendant plusieurs années et n'a pas pu lui-même tirer des conclusions précises sur la façon de réformer le Sénat.
S'agissant de réforme démocratique, comme vous l'avez dit vous-même, faute de mieux, ce système correspond à la meilleure solution, parce qu'on conserve le régime actuel, c'est-à-dire les pouvoirs actuellement détenus par le gouverneur général en ce qui concerne la nomination des sénateurs, et la prérogative du premier ministre de faire des recommandations au gouverneur général. Ce projet de loi respecte en tous points ces paramètres-là, conformément à notre intention au moment de le rédiger.
J'expliquais tout à l'heure qu'il existe différentes façons de l'appliquer, et la marge de manoeuvre que nous avons voulu prévoir tient justement compte des contraintes qui peuvent exister.
Au départ, c'est le premier ministre qui prend la décision d'enclencher ce processus. Le premier ministre n'est aucunement obligé de tenir des consultations. C'est également le premier ministre qui décide dans combien de provinces des consultations seront organisées. Le premier ministre décide aussi si elles vont se faire dans le contexte d'élections générales fédérales ou d'élections générales provinciales. Rien n'oblige le premier ministre à faire une recommandation au gouverneur général. Le premier ministre aura toute la latitude voulue à ce chapitre-là. Tous ces différents éléments tiennent justement comptent des contraintes créées par la Constitution.
La réponse à votre question est donc oui, tout à fait.
Pour réagir maintenant à votre autre commentaire concernant la simplicité de la méthode, comme je l'expliquais tout à l'heure, les complexités de cette dernière se situent surtout au niveau de l'administration du scrutin. Pour ce qui est des électeurs, si je ne m'abuse, dans tous les pays où l'on a recours au mode de scrutin VUT — l'Australie, le Royaume-Uni, certaines nouvelles démocraties, et l'ex-Union soviétique — il ne s'est jamais produit, me semble-t-il, que les électeurs aient du mal à bien appliquer ce système.
Par contre, il importe que les électeurs soient convaincus que le processus dans son ensemble est bien conçu et bien administré. À cet égard, nous avons une bonne longueur d'avance au Canada, me semble-t-il, étant donné que notre système électoral et la conduite du processus électoral par Élections Canada sont très bien vus. Nous avons donc un avantage par rapport à de nombreux autres pays, si vous voulez. Par contre, l'éducation des électeurs sera tout à fait importante dans ce contexte. Et partout où l'on a déployé ce système pour la première fois, les efforts en matière d'éducation des électeurs ont surtout porté sur la simplicité du système du point de vue de l'électeur, plutôt que de celui de l'administrateur.
:
Je songe aux personnes qui ont été mes adversaires par le passé. Par exemple, Paul Zed… voilà qui explique un certain nombre de choses.
J'aimerais solliciter votre réaction à ceci: pendant le premier tour, il y a eu beaucoup d'observations du genre: pourquoi ne pourrions-nous pas faire telle chose ou telle autre chose. Mais, les questions que nous examinons cet après-midi et le travail qu'on vous a demandé d'exécuter, soit la rédaction de ce projet de loi, doivent absolument être analysés en fonction des contraintes constitutionnelles auxquelles nous sommes confrontés.
Vous en avez un peu parlé en répondant à la question de M. Lukiwski, mais je voudrais vous inviter à nous donner un aperçu général des contextes dans lesquels une marge de manoeuvre s'impose — par exemple, dans le cas du premier ministre et du gouverneur général, les pouvoirs discrétionnaires que ces derniers doivent absolument conserver, pour éviter d'avoir à modifier la Constitution. Donc, vu les contraintes actuelles, de quelle façon faut-il structurer le projet de loi de façon à prévoir de véritables consultations auprès du public et permettre aux électeurs d'exercer leur droit démocratique d'avoir voix au chapitre, tout en respectant les limites qui touchent actuellement nos moyens d'action?
:
Premièrement, je peux dire que la Constitution prévoit actuellement une procédure en bonne et due forme pour la sélection des sénateurs. Je qualifie cela de « procédure », mais c'est un bien grand mot pour décrire la démarche actuelle. Le gouverneur général sollicite la présence de certaines personnes au Sénat, et d'après la convention constitutionnelle, le gouverneur général fait cela en suivant les conseils du premier ministre.
La Constitution prévoit également que, pour modifier la procédure de sélection des sénateurs — comme je viens de le dire, c'est explicité dans la Constitution — il faut élaborer une modification constitutionnelle complexe en collaboration avec les provinces. Comme nous l'avons déjà vu, il est peu probable que cela se produise dans l'immédiat. En conséquence, à défaut d'une modification constitutionnelle, la meilleure solution, si nous visons des réformes démocratiques, consiste à déterminer, avec autant de précision que possible, les souhaits des Canadiens en les sondant directement au sujet des personnes par qui ils voudraient être représentés au Sénat, compte tenu du fait que les nominations au Sénat, sauf au Québec, se font à l'échelle de la province. Bien entendu, pour la province de Québec, la Constitution prévoit actuellement que les sénateurs nommés représentent des districts électoraux, soit les 24 districts électoraux du Québec.
Voilà donc les paramètres généraux entourant la Constitution et les conditions particulières qui y sont précisées. Le projet de loi C-20 a justement été conçu en tenant compte de ces diverses exigences. Comme vous venez de le dire, ce projet de loi est structuré de façon à éviter toute possibilité de conflit ou de non-conformité avec les dispositions constitutionnelles actuelles.
Le projet de loi donne une certaine latitude au premier ministre pour ce qui est du recours à l'instrument de la consultation et son utilisation. C'est le premier ministre qui décide du genre de conseils qu'il sollicite de la part des citoyens — c'est lui qui sollicite les conseils — et qui prend ensuite la décision de faire des recommandations au gouverneur général. Comme le disait M. Lukiwski, c'est un impératif politique qui est ainsi créé, et non un impératif légal. Le premier ministre n'est aucunement obligé de choisir quelqu'un dont le nom figure sur la liste. On peut supposer, toutefois, qu'il y aurait des conséquences politiques pour un premier ministre qui aurait recours à un tel instrument et déciderait ensuite de ne pas en accepter les résultats.
À cet égard, la mesure proposée est très semblable à un autre projet de loi adopté par le Parlement au cours de cette session relativement à des dates fixes pour les élections générales, puisque ce dernier limite la prérogative du premier ministre. C'est exactement la même situation ici en ce sens qu'il existe certaines contraintes constitutionnelles en ce qui concerne ce que le premier ministre ou le gouvernement, agissant seul, peut faire.
:
Je trouve malheureux que, quand nous avons à traiter une question au sujet de laquelle il devrait être facile de faire preuve de respect, un membre du comité juge bon de parler d'un « spectacle de marionnettes ». Je comprends mal comment on peut penser que cela favorise la tenue de délibérations respectueuses. Malheureusement, c'est ce genre d'attitude qui caractérise de plus en plus la façon de faire des comités permanents. J'espérais qu'un comité législatif ne connaîtrait pas ce genre de problèmes. Je voudrais donc présenter mes excuses aux témoins.
Je voudrais reprendre certains des commentaires de M. Angus. Je suis député depuis presque 15 ans. Je suis un fervent partisan de la réforme du Sénat — d'ailleurs, je l'ai déjà dit — et j'admets que je trouve très préoccupant que la position de repli de bon nombre de mes collègues des autres partis politiques semble toujours être que, si l'on ne peut pas aller jusqu'au bout et avoir un Sénat élu — en d'autres termes, modifier la Constitution… Nous sommes tous conscients des obstacles que cela présente. Bon nombre d'entre nous, même si nous n'étions pas là à l'époque, avons observé les machinations entourant l'examen de l'Accord du lac Meech et de l'Accord de Charlottetown et l'issue de tous ces pourparlers, qui ont malheureusement abouti à beaucoup de frustration.
Je suis déçu de voir qu'on ne peut pas considérer cette mesure comme une amélioration, et en discuter en ces termes-là, car c'est ainsi que je la vois. Pour moi, c'est un pas dans la bonne voie. Ce n'est pas une panacée, mais au moins cette formule offre certains choix aux Canadiens.
M. Angus demandait tout à l'heure comment nous pouvons être si sûrs que les électeurs vont y adhérer et laisser entendre que ce système n'est peut-être d'aucune utilité. En ce qui me concerne, ils vont y adhérer parce qu'on leur offre des choix qu'ils n'ont pas actuellement.
À défaut de cela, il faudrait reprendre le système qui existe actuellement et qui veut, selon la tradition, qu'un premier ministre libéral nomme des libéraux au Sénat et qu'un premier ministre conservateur nomme des conservateurs au Sénat. Si c'est ce système archaïque que nous voulons au Canada, eh bien, c'est celui qui est en vigueur actuellement. Mais, selon moi, le représente une tentative honnête pour voir ce qu'on peut faire, compte tenu des restrictions que nous impose la Constitution. Voilà ce que nous a dit aussi le témoin.
Il a demandé ceci: comment peut-on être si sûr que le public va y adhérer? Eh bien, je ne me rappelle pas des chiffres précis, mais je pense qu'environ 300 000 Albertains ont pris part au vote dans cette province pour choisir un sénateur — autrement dit, beaucoup plus de citoyens que les 100 000 et quelques personnes qui votent pour un député dans une circonscription électorale donnée. De nos jours, nous avons bien de la chance si la moitié des électeurs admissibles décident de voter.
À mon sens, cette mesure constitue un pas dans la bonne voie, et un véritable progrès vers la réforme démocratique. Il convient donc d'en discuter dans cette optique-là.
J'aimerais inviter les témoins à réagir à l'idée selon laquelle les citoyens ne vont pas adhérer à ce nouveau système, si on leur donne l'occasion de le faire. Selon moi, l'expérience en Alberta — et, à mon avis, elle ne serait guère différente dans d'autres provinces — nous amène à tirer la conclusion contraire.
:
Je pourrais peut-être réagir au dernier point, concernant la décision du public.
Je peux vous confirmer que, d'après toutes les indications que nous avons eues au sujet du désir ou non du public de réformer le Sénat, les citoyens semblent souhaiter vivement que le Sénat soit réformé d'une façon ou d'une autre. Je ne crois pas me tromper en disant que, à la suite de diverses tentatives de réforme constitutionnelle qui n'ont rien donné, le public en avait assez d'entendre parler de réforme et, peut-être à cause de cela, les citoyens se méfient maintenant des projets de réforme. Par conséquent, des mesures progressives semblent leur convenir davantage.
Au cours de la dernière année, le gouvernement a mené des consultations nationales. L'une des questions à l'étude était la réforme du Sénat. Des citoyens ont été sélectionnés dans chaque province et territoire afin de participer à une séance d'une journée et demie sur la réforme démocratique. L'une des questions examinées était le Sénat. La grande majorité des participants, qui avaient été choisis au hasard, ont exprimé un vif intérêt pour la réforme du Sénat. Ils semblaient se méfier des réformes constitutionnelles complexes, craignant que ces dernières n'aboutissent jamais, comme d'autres projets de réforme du Sénat. Voilà le message qui nous a été très fortement communiqué d'un bout à l'autre du Canada — dans chaque province.
De même, nous avons mené un sondage d'opinion national afin de voir si les vues du grand public — c'est-à-dire des citoyens qui n'ont pas participé aux forums — seraient différentes de ceux qui y ont participé. Encore une fois, les résultats étaient fort semblables. Si ma mémoire est bonne, le résultat était très convaincant, soit environ 60 ou 70 p. 100. Dans le cas de ce sondage, 79 p. 100 des Canadiens ont dit être favorables à l'idée de réformer le Sénat d'une façon ou d'une autre. En outre, les répondants appuyaient vivement l'idée de réformes progressives, c'est-à-dire de faire ce qu'il est possible de faire.
:
Merci beaucoup, madame la présidente. Je vais être brève.
Je trouve que c'est un peu triste, quand on parle de respect ou d'un manque de respect pour les autres, que quiconque ose remettre en question ou contester une opinion particulière passe pour un fauteur de troubles. Je n'ai jamais été de cet avis. Selon moi, on peut être en désaccord sur certains éléments mais, en fin de compte, on peut aussi voir sur quels éléments on est d'accord. Le tout doit se faire respectueusement, mais le fait de ne pas être d'accord ne témoigne pas nécessairement d'un manque de respect.
Je voulais poser une question, car en ce qui me concerne, la démocratie et la réforme démocratique sont évidemment au coeur des projets de tout le monde. À mon humble avis, quand la majorité des répondants vous ont dit qu'ils étaient favorables à l'idée de réformer le Sénat, ils voulaient dire qu'ils voulaient avoir voix au chapitre pour ce qui est de la façon dont une personne devient sénateur ou sénatrice. J'imagine que la plupart des gens estimeraient que c'est une façon très coûteuse de savoir ce que pensent les gens. Mais, que quelqu'un puisse ensuite décider de ne pas retenir les candidats qu'ils ont choisis, eh bien, cela me semble antidémocratique.
Deuxièmement, il est tout aussi antidémocratique de dire que, pour être candidat, il faut être en mesure de réunir 4 millions de dollars. Vous excluez d'office tout un groupe de personnes qui ne pourraient pas être candidates, étant donné qu'elles ne seraient jamais en mesure de réunir une telle somme. Donc, même si je comprends qu'une réforme s'impose et que j'accepte cette notion, reconnaissant également que vous ne voulez pas opter pour la démarche officielle qui mène aux modifications constitutionnelles, je pense qu'il y a tout de même moyen de discuter des moyens qui vont nous permettre d'en arriver à un système plus démocratique.
Pour que les gens soient convaincus que la dépense que suppose ce genre de processus est acceptable, il faudrait qu'ils aient la garantie qu'on n'ira pas simplement leur dire: « Merci beaucoup, mais finalement, nous n'aimons aucun des candidats que vous avez choisis ». Je comprends très bien qu'ils vous aient dit que vous ne pouvez pas faire cela et que personne ne pourrait procéder ainsi, mais le fait est que nous avons été témoins de certaines situations où le gouvernement a justement agi de façon que nous jugeons antidémocratique. Pour moi, c'est une question de confiance et de véritable démocratie.