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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. Mes collègues et moi sommes très reconnaissants d’avoir l’occasion aujourd’hui de venir vous parler un peu de la Chine et de la relation du Canada avec ce pays.
Permettez-moi de commencer en mentionnant la préoccupation que nous avons assurément tous à l’égard de l’éclosion du coronavirus en Chine et de son incidence sur les Canadiens. La sécurité et le bien-être des Canadiens chez nous et à l’étranger sont d’une importance capitale pour le gouvernement du Canada. Le Canada est profondément préoccupé par l’épidémie actuelle du nouveau coronavirus et s’inquiète particulièrement de ses répercussions potentielles sur les Canadiens se trouvant dans la région de Wuhan.
Affaires mondiales Canada travaille en étroite collaboration avec l’Agence de la santé publique du Canada et appuie son travail avec les hauts responsables chinois de la santé afin de fournir une réponse rapide et coordonnée à l’épidémie. Quelque 156 citoyens canadiens ont communiqué avec Affaires mondiales Canada pour obtenir une aide au départ. Le gouvernement a nolisé un avion à cette fin et travaille actuellement sur le plan diplomatique avec les fonctionnaires chinois afin d'obtenir les autorisations nécessaires pour procéder au départ assisté.
Cette dernière crise survient après une longue période d'instabilité à Hong Kong et, comme vous le savez, une année difficile dans les relations entre le Canada et la Chine. Les relations du Canada avec la Chine sont complexes et présentent à la fois des possibilités et des défis. Plus que jamais, les Canadiens s'interrogent sur ce que la croissance économique et le modèle de gouvernance de la Chine signifient pour leur prospérité future, leur sécurité et la place du Canada dans le monde.
Le Comité s'attaque donc à un travail important à un moment crucial. Une compréhension commune de la direction que prend la République populaire de Chine et de la manière dont elle touche les intérêts nationaux canadiens permettra d'améliorer notre politique. Le Comité décidera des enjeux à examiner en détail et aura l'occasion d'entendre une grande diversité de points de vue d'experts et de parties. L'ambassadeur, Dominic Barton, que vous rencontrerez la semaine prochaine, vous présentera un excellent aperçu de la situation sur le terrain à Beijing.
[Français]
Les gouvernements du Canada et de la Chine ont, ou du moins ont eu jusqu'à la fin de 2018, des relations étroites dans plusieurs domaines. Peu de ministères ou d'organismes gouvernementaux n'ont pas de partenariat, sous une forme ou une autre, avec leurs homologues chinois et n'ont pas un mandat dans lequel la Chine occupe une place importante. Affaires mondiales Canada joue un rôle de premier plan dans la coordination de l'approche du gouvernement du Canada concernant la Chine pour assurer la cohérence de nos relations.
Je suis ici pour vous présenter un contexte général, que je vous invite à prendre en considération lorsque vous établirez votre programme.
[Traduction]
Depuis de nombreuses années, les citoyens du Canada et de la République populaire de Chine bâtissent des ponts entre nos deux pays. Nous soulignerons en octobre 2020 les 50 ans de nos liens diplomatiques officiels, mais des missionnaires canadiens ont collaboré à la fondation d'éminentes écoles de médecine en Chine bien des années auparavant, et le Canada a vendu du blé à la Chine aux premiers jours de la République populaire pour lutter contre la famine qui y sévissait.
Il est remarquable que le Canada et des Canadiens aient traversé le Pacifique, malgré nos différences idéologiques, pour venir en aide au peuple chinois avant même qu'une ambassade n'y soit ouverte pour les accompagner. Avec l'établissement de relations diplomatiques, le Canada a tissé une vaste relation officielle avec la Chine, qui comprenait un programme d'aide bilatérale qui a pris fin en 2013.
Grâce à son aide et à son engagement, le Canada a participé à la modernisation et à l'ouverture de la Chine. Les Canadiens ont grandement contribué à la réforme des systèmes à but non lucratif, juridiques, éducatifs et agricoles au fil des ans. Par exemple, les programmes canadiens ont aidé les agriculteurs chinois à s'adapter à l'OMC pendant que la Chine achevait ses démarches pour y accéder.
Ces réformes ont été essentielles pour permettre à la Chine de réduire la pauvreté sur son territoire. Selon la Banque mondiale, la Chine a réussi à sortir 850 millions de personnes de la pauvreté. Le taux de pauvreté en Chine est passé de 88 % en 1981 à 0,7 % en 2015. En 2018, le PIB de la Chine était 174 fois plus élevé qu'il ne l'était en 1952, et le revenu annuel par habitant y dépassait les 10 000 $ américains.
Au fur et à mesure que l'économie chinoise s'ouvrait et se développait, le commerce et les investissements canadiens en Chine croissaient. La Chine est désormais le troisième partenaire commercial du Canada, après les États-Unis et l'UE.
Bien qu'il ne représente encore qu'environ 5 % des exportations canadiennes, le commerce du Canada avec la Chine a connu une croissance rapide ces dernières années. En 2018, le commerce bilatéral de marchandises entre le Canada et la Chine a atteint 103,2 milliards de dollars, dont 27,6 milliards de dollars en exportations canadiennes et 75,6 milliards de dollars en importations.
[Français]
Comme mon collègue Steve Verheul l'expliquera lors de la prochaine séance, les exportations canadiennes vers la Chine ont chuté en 2019. Le Canada exporte majoritairement des produits de base vers la Chine sous la surveillance directe du gouvernement chinois. Comme nous avons pu le constater, les exportations canadiennes de canola peuvent être vulnérables aux interventions du gouvernement chinois qui contreviennent aux règles et aux normes internationales.
[Traduction]
Nos relations commerciales avec la Chine se sont intensifiées non seulement pour ce qui est de l'échange de marchandises, mais aussi de manière plus générale. En 2018, les exportations de services vers la Chine étaient évaluées à 7,4 milliards de dollars, tandis que les importations en provenance de la Chine étaient évaluées à 2,8 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation annuelle de 6,1 % du commerce bilatéral de services.
La Chine est la troisième source de touristes du Canada et sa deuxième source d'étudiants étrangers.
Or, si le marché chinois a connu une grande croissance, la concurrence pour y accéder s'est accrue aussi, et la Chine elle-même est devenue plus concurrentielle. L'économie chinoise représente désormais plus d'un tiers de la croissance mondiale chaque année. Même à un taux de croissance annuelle de 6 %, qui reste modeste pour la Chine, celle-ci ajoute l'équivalent de l'Australie à son économie chaque année.
La Chine présente un énorme potentiel pour contribuer à la résolution des défis mondiaux communs. En effet, compte tenu de sa population et de son poids économique, elle continuera de jouer un rôle important dans la résolution de nos problèmes collectifs, tels que le changement climatique et les enjeux de santé.
En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et puissance économique et militaire de plus en plus importante, la Chine exerce une influence sur les priorités du Canada en matière de sécurité internationale dont on ne peut faire fi.
Le 10 décembre 2019, le Parlement a adopté la motion établissant ce comité spécial pour examiner tous les aspects de la relation entre le Canada et la Chine. Le 10 décembre est également la Journée internationale des droits de l'homme, et c'est le 10 décembre 2018 que Michael Kovrig et Michael Spavor ont été placés en détention arbitrairement par les autorités de la République populaire de Chine.
Le 10 décembre 2018 est un jour qui a changé la perspective du Canada sur ses relations avec la Chine. Les Canadiens et bon nombre de leurs partenaires ont été choqués et attristés par la détention de Michael Kovrig et de Michael Spavor.
Nous condamnons les détentions et condamnations arbitraires. Les pratiques coercitives, en particulier celles qui visent des personnes innocentes à des fins politiques, portent atteinte aux normes et aux principes fondamentaux des relations internationales. Bon nombre de nos partenaires internationaux condamnent eux aussi la détention et la surveillance résidentielle dans un lieu désigné qui échappe à toute procédure judiciaire reconnue pour de nombreuses personnes détenues en Chine.
Nous avons par ailleurs exprimé nos préoccupations quant au non-respect des immunités résiduelles de Michael Kovrig, un collègue et ami pour beaucoup au sein d'Affaires mondiales Canada.
Ces détentions témoignent de caractéristiques plus vastes de la gouvernance chinoise qui posent problème sur le plan des droits de la personne et de la primauté du droit: la mainmise de plus en plus autoritaire du Parti communiste sur le pouvoir; les restrictions aux libertés civiques à Hong Kong et les violations des droits de la personne à Xinjiang; la diplomatie coercitive contre des personnes et des pays qui menacent les intérêts du gouvernement chinois; les menaces à la démocratie et aux institutions démocratiques.
Le gouvernement du Canada n'a pas caché ses désaccords avec le gouvernement de la République populaire de Chine. Nous avons demandé à chaque occasion la libération immédiate de Michael Kovrig et de Michael Spavor, ainsi que la clémence envers Robert Schellenberg et tous ceux qui risquent la peine de mort.
Ces questions demeurent une priorité absolue pour le gouvernement du Canada, et les fonctionnaires canadiens travaillent sans relâche à défendre ces dossiers sur les plans bilatéral et multilatéral, tout en restant cohérents dans leur approche stratégique des relations bilatérales du Canada avec la Chine.
[Français]
Nous avons toujours fait part de nos profondes préoccupations au sujet des restrictions s'appliquant aux droits et aux libertés des Ouïghours et des autres minorités musulmanes, tant dans le cadre de nos relations bilatérales qu'au sein de forums multilatéraux tels que le Conseil des droits de l'homme. Nous avons demandé aux autorités chinoises de respecter la liberté de religion de tous les citoyens chinois du Xinjiang et du Tibet quelle que soit leur confession — musulmane, chrétienne, bouddhiste ou adepte du Falun Gong —, et leur avons demandé de mettre fin aux efforts visant à faire taire les défenseurs des droits de la personne.
Nous avons plaidé en faveur d'une véritable participation de Taïwan au sein des forums internationaux où il existe un besoin d'agir à l'échelle internationale, y compris au sein de l'Organisation mondiale de la santé.
[Traduction]
Sur ces questions, le Canada n'est pas seul. Des partenaires aux vues similaires ont ajouté leurs voix à la nôtre pour demander la libération de Michael Kovrig et de Michael Spavor, ainsi que la fin de la détention arbitraire. Le Canada est bien entouré de nombreux pays démocratiques dans son appel à la fin des violations des droits de la personne en Chine.
Devant ces défis, nous devons cependant aussi reconnaître les liens interpersonnels profonds qui unissent les gens, dont près de deux millions de Canadiens d'origine chinoise. Il n'y a pas que des échanges entre gouvernements, il y en a avec des entreprises, des étudiants, des touristes, des artistes et des athlètes. Les gouvernements jouent un rôle de facilitateur dans les échanges entre les personnes, et c'est là une base importante du progrès.
Les relations avec la Chine resteront complexes, et le Canada devra tracer une voie qui lui permettra de protéger ses intérêts, de travailler avec la Chine sur les questions d'intérêt mutuel et de continuer d'exercer des pressions en faveur de la justice et des droits de la personne.
[Français]
Les entreprises canadiennes profiteront de la croissance de l'économie chinoise, qui deviendra la plus importante au monde, et de l'évolution de sa production dans la chaîne des valeurs des biens et des services.
Que ce soit pour s'occuper des solutions mondiales aux changements climatiques, des systèmes financiers ou des pandémies, il faut tirer parti de la participation de la Chine. La collaboration multilatérale commence par l'établissement de relations bilatérales solides.
[Traduction]
Le Canada doit approfondir sa compréhension de la Chine, non seulement pour mieux saisir les possibilités qu'elle a à offrir, mais aussi pour mieux défendre les valeurs fondamentales de la démocratie, des droits de la personne et des libertés dont les Canadiens jouissent au pays et à l'étranger. Cela ne peut se faire, je crois, qu'en renforçant les liens interpersonnels, et tout doit commencer par le retour de Michael Kovrig et de Michael Spavor et la clémence pour Robert Schellenberg.
Les travaux de ce comité offrent une occasion importante d'examiner tous les aspects de la relation entre le Canada et la Chine et de tracer une voie à suivre qui tienne compte à la fois des risques et des possibilités.
[Français]
Je vous souhaite beaucoup de succès dans cet important travail.
Je répondrai à vos questions avec plaisir.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais saluer et remercier nos témoins de cette présentation. J'avoue bien sincèrement — et je ne le dis pas de façon péjorative — que je m'attendais à une déclaration un peu sirupeuse s'en tenant à des généralités, étant entendu que les autorités chinoises doivent suivre très attentivement cette comparution, ce matin. Je vous remercie donc de votre présentation.
On a fait tout à l'heure une comparaison entre les difficultés qu'éprouve le Canada actuellement avec la République populaire de Chine et les difficultés que d'autres démocraties occidentales pourraient expérimenter avec ce même pays. Je ne suis pas sûr que ce soit un bon étalon de comparaison.
En effet, traditionnellement, le Canada a entretenu plus rapidement que d'autres démocraties occidentales d'excellentes relations avec la République populaire de Chine, que ce soit en raison de l'influence d'un homme comme Norman Bethune, grâce à l'aide alimentaire que vous avez évoquée dans votre présentation ou grâce à l'intervention du père de l'actuel . Les relations du Canada avec la République populaire de Chine ont toujours été excellentes, jusqu'à ce que survienne le malheureux incident de l'arrestation de Meng Wanzhou, qui a fait du Canada le champ de bataille de deux superpuissances dans leurs négociations respectives.
La question sur l'intervention du gouvernement américain m'apparaît intéressante. Au-delà des bonnes intentions, les Américains défendent d'abord et avant tout leurs propres intérêts, et non pas les nôtres, dans les négociations qu'ils conduisent présentement avec la Chine. Conséquemment, je crois qu'ils ont utilisé le Canada dans leur propre intérêt en demandant l'arrestation de Meng Wanzhou et son extradition aux États-Unis. Le président Trump a confirmé cela en déclarant, il y a quelques jours, qu'il suffirait qu'il y ait une entente avec la Chine pour qu'on laisse peut-être tomber la demande d'extradition de Meng Wanzhou. Cela dénote la difficulté dans laquelle nous nous trouvons présentement.
Je vais poser mes questions en rafale, parce que je sais que le temps nous est compté.
Vous avez souligné que le contrôle du Parti communiste sur l'État chinois s'accroît continuellement, en dépit du fait que le Canada a modifié sa position traditionnelle à l'égard de la Chine, suivant laquelle il mettait toujours en avant la question des droits de la personne. Au cours des années 1990, il a décidé de mettre davantage l'accent sur le développement des relations commerciales. Cette approche a eu un succès considérable, comme vous l'avez évoqué, mais on voit bien qu'elle n'a eu que très peu d'effet positif sur la situation des droits de la personne.
Compte tenu de cette emprise du Parti communiste sur l'État chinois, je vous pose cette première question. Les relations du Canada se limitent-elles à l'État chinois ou essaie-t-on d'entretenir également des relations avec le Parti communiste?
Ma deuxième question concerne l'arrestation de Meng Wanzhou. À partir du moment où elle est accusée d'avoir enfreint les sanctions des États-Unis à l'égard de l'Iran, sanctions que n'applique même pas le Canada, qu'est-ce qui justifiait cette arrestation? Je sais que la question est maintenant devant les tribunaux et qu'on ne peut malheureusement plus y apporter une réponse politique, ce qui exclut d'emblée qu'il puisse y avoir un échange de prisonniers. Un tel échange nuirait à cette assertion du Canada voulant qu'il soit un État de droit, sans compter que cela inviterait n'importe quel pays du monde à emprisonner des Canadiens pour ce genre de manoeuvre.
Comment expliquez-vous l'impact de ces mois d'absence d'un ambassadeur canadien à Pékin? N'est-ce pas une preuve pour les autorités chinoises qu'au fond, l'arrestation des deux Michael n'était pas si importante pour le gouvernement canadien, lui qui a laissé le siège de l'ambassadeur vacant pendant plusieurs mois durant cette crise?
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Bonjour. Merci, monsieur le président, merci, mesdames et messieurs les membres du Comité. Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de faire le point sur les récents défis dans les relations commerciales entre le Canada et la Chine et les façons dont le gouvernement cherche à améliorer la situation des exportateurs canadiens. Une fois que j'aurai terminé mon exposé, nous serons ravis de vous fournir de plus amples détails et de répondre à vos questions.
Comme on vous l'a déjà dit, au chapitre du commerce et des investissements, les relations entre le Canada et la Chine se sont intensifiées considérablement à mesure que l'économie chinoise s'est développée. La Chine est notre troisième partenaire commercial en importance; elle représentait près de 9 % des échanges commerciaux internationaux du Canada et environ 5 % de toutes ses exportations en 2018. De plus, la Chine est maintenant la troisième source d'investissement direct étranger de l'Asie au Canada en importance; l'investissement chinois au Canada se chiffrait à 16,9 milliards de dollars en 2018. Cette croissance des échanges bilatéraux et des investissements a amené le Canada à chercher des moyens d'améliorer l'environnement dans lequel les Canadiens font des affaires sur le marché chinois au cours de la dernière décennie. Cependant, comme vous le savez bien, la détérioration des relations bilatérales entre le Canada et la Chine a des incidences sur l'environnement politique.
De janvier à novembre 2019, nos exportations vers la Chine ont diminué d'environ 14,7 % par rapport à 2018, sous l'effet d'une baisse des expéditions de graines de canola, de pâte de bois et de nickel. Toutefois, je dois souligner qu'une partie de cette baisse était manifestement attribuable au ralentissement économique en Chine, de même qu'à la détérioration des relations.
Cela a également changé la façon dont certains Canadiens font des affaires avec la Chine. Certaines entreprises canadiennes ont signalé une augmentation de la surveillance de leurs exportations à la frontière. D'autres ont constaté un ralentissement des ventes, les importateurs chinois étant devenus réticents à assumer les risques liés à l'incertitude politique.
En mars 2019, la Chine a suspendu les expéditions de deux grands exportateurs canadiens de graines de canola et a renforcé l'inspection de toutes les exportations canadiennes de graines de canola vers la Chine en invoquant la découverte de parasites. En raison de cette mesure, une grande partie du principal produit agricole canadien exporté vers la Chine a été bloquée. Dès lors, les exportations canadiennes de graines de canola vers la Chine ont chuté d'environ 70 %.
Depuis, notre priorité est de trouver une solution fondée sur les connaissances scientifiques pour rétablir complètement l'accès au marché. Nous collaborons étroitement avec les gouvernements de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba, de même qu'avec des partenaires de l'industrie.
Le 9 septembre 2019, le Canada a demandé la tenue de consultations officielles avec la Chine à l'Organisation mondiale du commerce après avoir tenté de résoudre la question dans un cadre bilatéral. Les consultations ont eu lieu le 28 octobre et nous ont donné une occasion importante de demander de plus amples renseignements et d'exprimer clairement nos préoccupations à l'égard des mesures restrictives de la Chine au chapitre des importations.
À la demande du Canada, des spécialistes techniques canadiens ont rencontré des spécialistes des végétaux chinois à Pékin du 18 au 20 décembre pour discuter de la mise en quarantaine des graines de canola et des méthodes d'inspections de la Chine. Nous sommes en train d'évaluer l'information fournie par la Chine afin de déterminer quelles seront les prochaines étapes. Nous nous attendons à ce que d'autres discussions techniques aient lieu au cours des prochains mois.
Le gouvernement continue de collaborer avec l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba ainsi qu'avec ses partenaires de l'industrie dans le cadre de son groupe de travail sur le canola présidé par Agriculture et Agroalimentaire Canada et le Conseil canadien du canola. Cette collaboration demeurera importante tandis que nous unissons nos efforts pour rétablir complètement l'accès au marché.
Toutefois, il est important de tenir compte du fait que les difficultés auxquelles certaines entreprises canadiennes sont confrontées en Chine ne sont pas nécessairement nouvelles et ne touchent pas nécessairement que le Canada. Depuis l'adhésion de la Chine à l'OMC en 2001, de nombreux partenaires internationaux se sont dits préoccupés par certains aspects des politiques économiques et commerciales de la Chine. Cela inclut divers aspects qui ont des répercussions sur les exportateurs canadiens. Il s'agit notamment du manque de transparence, de l'application non uniforme des règles et des règlements, des importantes subventions pour les industries nationales et du rôle important que jouent les entreprises d'État dans l'économie chinoise. Néanmoins, l'importance grandissante de la Chine en tant que marché de consommation et partenaire commercial continue de présenter de nouvelles possibilités inégalées sur le plan des affaires et de la croissance.
Autrement dit, nous ne pouvons fermer les yeux sur nos difficultés commerciales avec la Chine. Si nous le faisons, nos concurrents se feront un plaisir de prendre la part de marché actuelle du Canada. En effet, bien que les tensions politiques aient pu avoir des répercussions sur la façon dont certains Canadiens font des affaires, nous continuerons à faire du commerce, à échanger des investissements et à collaborer avec la Chine. Il est donc nécessaire que le Canada réfléchisse à la manière de collaborer de façon constructive avec la Chine. Comment éliminer les obstacles aux affaires et d'autres problèmes tout en pensant de manière stratégique à nos relations avec la Chine et le reste de la région Asie-Pacifique au chapitre du commerce et des investissements?
À cet égard, l'un des facteurs importants que le Canada doit prendre en considération est le différend commercial qui persiste entre la Chine et les États-Unis.
Depuis 2018, la Chine et les États-Unis s'affrontent à coups de mesures commerciales, dont l'imposition de droits de douane sur 455 milliards de dollars américains en exportations et l'engagement de procédures de règlement des différends à l'OMC. Ce conflit entre les deux plus grandes économies du monde a nourri l'incertitude et freiné la croissance économique mondiale. Il a également changé la façon dont les pays font affaire avec la Chine, les États-Unis et le reste du monde.
Avec l'augmentation des droits de douane sur les produits des deux côtés, la Chine et les États-Unis se sont tournés vers d'autres partenaires commerciaux pour les exportations et les importations. Au cours de la dernière année, nous avons vu la Chine exporter ses produits vers l'Europe plutôt qu'aux États-Unis, de même que vers le Vietnam, la Corée, le Mexique, l'Australie et le Canada. Elle a également augmenté ses importations en provenance d'autres pays pour des secteurs touchés par le différend commercial, ce qui a créé de nouveaux débouchés et a fait augmenter les exportations de certains secteurs canadiens, comme le homard et le blé.
Comme vous le savez, le 15 janvier, la Chine et les États-Unis ont conclu la première phase d'un accord visant à régler une partie des problèmes qui ont provoqué leur différend commercial. L'accord comprend des engagements dans des secteurs comme l'agriculture, la propriété intellectuelle et les transferts de technologies. Dans un chapitre inédit sur l'accroissement des échanges commerciaux, la Chine s'est engagée à ramener les importations au niveau auquel elles étaient avant le différend commercial. Elle a également promis d'acheter pour 200 milliards de dollars américains supplémentaires de produits et de services américains au cours des 2 prochaines années, ce qui représente une augmentation de 90 % par rapport aux niveaux de 2017 d'ici la fin de 2021.
Cependant, l'accord ne répond pas à un certain nombre de préoccupations clés de chaque côté, notamment pour ce qui est d'éliminer complètement les droits de douane américains applicables aux produits chinois et d'apporter des changements structurels à l'économie chinoise comme en ce qui concerne les subventions à des industries et le soutien aux entreprises d'État.
Pour le Canada et le reste du monde, la première phase de l'accord présente de nouveaux aspects à prendre en considération pour ses échanges commerciaux avec la Chine et les États-Unis et ses investissements dans ces marchés. Elle présente un défi pour le système commercial libre et ouvert fondé sur des règles en prescrivant un commerce géré qui entraînerait probablement une distorsion des marchés et un détournement des courants commerciaux. Cela pourrait avoir des répercussions négatives sur certains secteurs agricoles canadiens qui rivalisent avec les marchés américains et chinois. D'autre part, le détournement des exportations américaines destinées à la Chine pourrait créer des possibilités pour les entreprises canadiennes de diversifier leurs exportations et de compenser les pertes en Chine par une augmentation des parts de marché ailleurs. Dans le même ordre d'idées, tout changement systémique au cadre réglementaire chinois suscité par l'accord pourrait être avantageux pour les Canadiens également.
Nous sommes en train d'examiner l'accord et l'ensemble complexe de répercussions pour les Canadiens. Tout au long du processus, nous continuerons de collaborer avec des intervenants canadiens et nos partenaires des provinces et des territoires pour bien comprendre les répercussions de l'accord entre les États-Unis et la Chine.
En terminant, je veux dire que les échanges commerciaux entre le Canada et la Chine évolueront à mesure que l'économie chinoise croîtra et que des réformes seront mises en place. De plus, nos intérêts et nos priorités changeront en fonction des progrès importants qui seront accomplis dans la façon dont le monde fait affaire et collabore avec la Chine. Cela veut dire que tandis que le Canada s'efforce de trouver des solutions à ses tensions avec la Chine, il sera important qu'il tienne compte des effets que les relations entre d'autres pays et la Chine auront sur les intérêts canadiens.
Pour reprendre un point que j'ai soulevé plus tôt, il sera important que le Canada trouve des moyens de renforcer ses liens commerciaux et interpersonnels pour mieux comprendre la Chine et faire avancer ses intérêts bilatéraux. Il s'agit notamment de profiter des vastes possibilités économiques de la Chine tout en défendant nos valeurs fondamentales: démocratie, droits de la personne et libertés.
C'est ce qui met fin à ma déclaration préliminaire. Nous serons ravis de répondre à vos questions sur le commerce entre le Canada et la Chine. Je vous remercie beaucoup de votre attention.