Bienvenue à la 14e séance du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. Conformément aux ordres de renvoi du 11 avril et du 26 mai 2020, le Comité poursuit son étude de la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19. La séance d'aujourd'hui se déroule par vidéoconférence, et les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes.
La webdiffusion montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble des membres du Comité. Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous appelle par votre nom. Lorsque vous êtes prêts, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro.
Avant de commencer, j'aimerais rappeler à tous les participants, et plus particulièrement aux témoins, de bien vouloir utiliser le canal de la langue dans laquelle vous vous exprimez. Si vous passez de l'anglais au français, et inversement, vous devez également changer de canal avant de parler dans l'autre langue.
J'aimerais maintenant remercier les témoins qui sont avec nous aujourd'hui. Nous accueillons maintenant Mohammad Keyhani, professeur agrégé en Entrepreneuriat et stratégie, à l'Université de Calgary, qui témoigne à titre personnel. Nous recevons également Mathew Wilson, premier vice-président des Politiques et relations gouvernementales chez Manufacturiers et exportateurs du Canada.
Monsieur Keyhani, veuillez prononcer votre déclaration liminaire. Vous avez 10 minutes.
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Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui. C'est un honneur de m'adresser aux députés et à la population canadienne.
Je m'appelle Mohammad Keyhani, et je suis professeur agrégé en Entrepreneuriat et stratégie commerciale à la Haskayne School of Business de l'Université de Calgary. Je souhaite aujourd'hui mettre en lumière deux enjeux et formuler des recommandations à ce chapitre: les compétences numériques et les étudiants étrangers.
Au cours des dernières années, j'ai concentré mes efforts d'enseignement et de recherche sur les technologies numériques dans l'intérêt de la prochaine génération d'entrepreneurs. La technologie change rapidement la façon dont nous lançons et exploitons les nouvelles entreprises de petite taille. De nos jours, un entrepreneur doit savoir ce qu'est un canal Slack, un entonnoir de croissance, un Zap sur Zapier ou une interface de programmation d'application, sans quoi il va vite perdre du terrain dans la course mondiale.
Le Canada sait qu'il a un problème de clivage numérique. La pandémie de la COVID-19 a fait ressortir davantage l'importance des compétences numériques et de l'économie numérique. Je tiens à souligner que le programme de Crédit canadien pour la formation peut être employé en réponse à l'augmentation soudaine de la demande à l'égard des compétences numériques, en raison de la COVID-19. Je souhaite encourager tous les Canadiens en âge de travailler à se prévaloir du Crédit canadien pour la formation afin d'améliorer leurs compétences numériques. Puisque le crédit est offert pour la première fois en 2020, les Canadiens peuvent l'utiliser pour s'adapter à la nouvelle normalité.
Ce programme s'inspire notamment du programme SkillsFuture de Singapour. En réponse à la COVID-19, Singapour a doublé ses crédits de formation cette année, et je recommande que le Canada envisage de faire de même, surtout s'ils peuvent être utilisés pour l'acquisition de compétences numériques. Voilà qui attirerait également l'attention des Canadiens sur le programme de Crédit canadien pour la formation, pour ceux qui ne le connaissent pas ou qui l'ont peut-être oublié en pleine pandémie de la COVID-19.
C'était ma première recommandation.
En deuxième lieu, je souhaite ajouter que les étudiants étrangers devraient avoir droit à la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants.
La crise de la COVID-19 a incité les chercheurs et les entrepreneurs de tout le Canada à concentrer leurs efforts sur la recherche de solutions aux différents problèmes liés à la pandémie. J'ai eu la chance de pouvoir me joindre aux équipes de recherche de l'Université de Calgary et de les aider à commercialiser leurs technologies de réponse à la COVID-19.
Une de ces jeunes entreprises a pu obtenir l'autorisation de Santé Canada pour produire un écouvillon nasopharyngé en impression tridimensionnelle afin de remédier à la pénurie de ce matériel au Canada. Une autre jeune entreprise a pu appliquer une technologie microfluidique de pointe afin de créer des trousses de dépistage du virus de la COVID-19, et de détection de la réponse immunitaire. Cette technologie a bénéficié d'une généreuse subvention des Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, qui a été accordée par le gouvernement.
Je suis fier de dire que les chercheurs canadiens qui se trouvent ici même, à l'Université de Calgary, sont en mesure de développer ces technologies. Il était vraiment inspirant de travailler avec ces chercheurs infatigables, qui se lèvent tôt chaque jour pour se rendre au laboratoire, y compris la plupart des week-ends, où ils restent tard la nuit alors que le pays est en confinement.
J'aimerais souligner un fait intéressant à propos des équipes de recherche avec lesquelles je travaille. La plupart d'entre elles sont composées d'étudiants étrangers. Parmi les rares personnes qui ne sont pas des étudiants étrangers, la plupart sont d'abord arrivés au Canada à ce titre, puis ont finalement obtenu la résidence permanente au Canada.
Après l'accident tragique survenu en début d'année où un avion ukrainien a été abattu en Iran, deux journalistes m'ont demandé comment autant de brillants scientifiques pouvaient se trouver à bord d'un seul et même vol. À mes yeux, cela révèle que notre pays ne saisit peut-être pas pleinement la mesure dans laquelle les étudiants et les universitaires étrangers apportent une contribution au Canada.
À vrai dire, Mme Mojgan Daneshmand est une enseignante de l'Université de l'Alberta qui est décédée sur ce vol. Elle entretenait des relations de travail avec notre équipe et aurait probablement contribué aujourd'hui à notre projet de diagnostic de la COVID-19 si elle était vivante. Elle est arrivée au Canada il y a 20 ans en tant qu'étudiante étrangère.
Sur le plan économique, on estime que les étudiants étrangers apportent chaque année une contribution de 22 milliards de dollars à l'économie canadienne, et que leur présence ici crée 170 000 emplois. Le Canada fait concurrence à d'autres pays dans le monde pour attirer les étudiants étrangers. Bon nombre d'entre eux choisissent notre pays non seulement pour la qualité de son enseignement, mais aussi pour sa réputation de société multiculturelle et tolérante.
Beaucoup de gens, y compris de nombreux professionnels et administrateurs de l'enseignement supérieur, ont été déçus par la décision du gouvernement d'exclure les étudiants étrangers de la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, ou PCUE. Il y a environ 640 000 étudiants étrangers au Canada, dont beaucoup n'ont pas besoin de la PCUE puisqu'ils bénéficient d'un soutien financier soit d'autres établissements, soit sous forme de bourses. En revanche, nombreux sont ceux qui ont besoin de la PCUE et qui se trouvent dans une situation financière difficile. Ces étudiants étrangers sont plusieurs fois pénalisés par rapport à la plupart des étudiants canadiens.
Tout d'abord, ils paient des frais de scolarité environ trois fois supérieurs à ceux des étudiants canadiens. En deuxième lieu, ils n'ont généralement pas de famille au Canada sur laquelle ils peuvent compter, et ils ne peuvent pas aller habiter dans leur famille pour éviter de payer un loyer maintenant que tous les cours sont offerts en ligne. Troisièmement, leur famille dans leur pays d'origine a du mal à les soutenir financièrement, car beaucoup d'entre elles ont également été touchées par la COVID-19. En quatrième lieu, les emplois que ces étudiants occupaient pour payer leurs études au Canada sont souvent les catégories d'emplois les plus touchées par la pandémie de la COVID-19.
Le Canada est un pays bienveillant, mais, si nous ne nous occupons pas maintenant de nos étudiants étrangers, cela pourrait nuire à notre réputation dans la course mondiale pour attirer à l'avenir des étudiants étrangers. Nos universités dépendent fortement de ces étudiants, qui ont été le principal moteur de croissance du secteur de l'enseignement supérieur au cours de la dernière décennie. C'est pourquoi je recommande au gouvernement du Canada d'envisager d'inclure les étudiants étrangers au programme de la PCUE, du moins ceux qui ne bénéficient pas d'une exonération des frais de scolarité, d'une bourse ou d'une autre aide financière importante.
Je vous remercie de votre temps et de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir invité à participer à la discussion d'aujourd'hui. Je suis heureux d'être ici au nom des 90 000 manufacturiers et exportateurs canadiens et des 2 500 membres directs de notre association pour discuter de la COVID-19 dans le secteur manufacturier canadien.
Aujourd'hui, je vais souligner l'importance que revêt le programme de subvention salariale en vigueur, la nécessité d'élargir la portée des programmes pour soutenir la reprise de toute l'industrie, et le besoin d'intégrer le développement des compétences à la stratégie nationale pour le secteur manufacturier.
Manufacturiers et Exportateurs du Canada, ou MEC, regroupe des entreprises membres de toutes les tailles, de toutes les régions du pays et de tous les secteurs industriels. Dès les premiers jours de la crise, nous avons travaillé en collaboration avec nos membres et les gouvernements pour intensifier la fabrication et l'approvisionnement des équipements de protection individuelle, ou EPI, et des technologies relatives aux soins de santé qui étaient indispensables à la réponse. Nous avons également renseigné les fabricants sur les plus récents progrès relatifs à la crise, notamment sur la manière de recevoir les aides gouvernementales et de protéger leurs employés et leurs chaînes d'approvisionnement. Nous nous sommes efforcés de comprendre l'incidence de la crise sur notre secteur, et nous avons réclamé auprès de toutes les instances gouvernementales un soutien de l'industrie sur les plans de la politique, de la réglementation et des programmes.
Au fil de la crise, le rôle et l'importance du secteur manufacturier canadien n'ont jamais été aussi évidents ou aussi souvent évoqués. Des centaines de fabricants, voire des milliers, ont réorienté leur production pour soutenir la fabrication d'EPI essentiels, comme les masques, les écrans faciaux et les blouses, ainsi que les respirateurs. Dans notre secteur, nombreux sont ceux qui travaillent énergiquement à la mise au point de meilleurs tests de dépistage et d'un vaccin pour la COVID-19.
Malgré la situation difficile, la plupart des pans de l'industrie manufacturière ont pu poursuivre leurs activités, contrairement à d'autres secteurs, quoiqu'à des niveaux de production beaucoup plus faibles. Au cours des six premières semaines de la crise — environ jusqu'à la fin du mois d'avril —, la productivité a diminué de près de 10 %, et les heures de travail réelles ont chuté de 30 %. Pire encore, environ 300 000 Canadiens sur les 1,7 million qui étaient directement à l'emploi de notre secteur ont perdu leur travail.
Ces pertes d'emplois sont fortement concentrées dans des secteurs où la demande des consommateurs a dégringolé, à savoir l'automobile, l'aérospatiale et les secteurs liés à l'énergie. Sans les actions du gouvernement fédéral, ces chiffres auraient été bien pires, et grâce à ces mesures, les choses commencent à s'améliorer.
La mesure la plus importante a été le programme de subvention salariale. Lorsque MEC a commencé à réclamer la Subvention salariale d'urgence du Canada, ou SSUC, nous voulions que les entreprises puissent maintenir leurs opérations et leurs masses salariales afin d'être en meilleure posture afin de se remettre de la crise. Nous pensons que ces résultats sont atteints.
Lors d'une enquête réalisée récemment auprès de nos membres, près de 85 % d'entre eux ont dit appuyer pleinement les actions du gouvernement. Aussi, près de 55 % ont déclaré recevoir la SSUC — c'est de loin le programme le plus utilisé —, alors que les reports d'impôts arrivent au deuxième rang, loin derrière avec environ 30 % des membres qui y ont recours.
La participation massive à ce programme s'explique du fait que le secteur manufacturier a pu maintenir ses activités, mais en réduisant considérablement son volume et ses ventes. Il aurait été impossible de conserver la main-d'œuvre sans subvention salariale, étant donné les frais généraux élevés qui sont attribuables au maintien des activités de fabrication.
Aujourd'hui, nos membres nous disent qu'ils réembauchent des milliers de Canadiens tandis qu'ils veulent redémarrer leur production. D'après nos chiffres, la SSUC a connu une formidable réussite. Cela ne signifie pas pour autant que le programme est sans faille. Nos membres ont relevé deux grands défis, dont je souhaite vous faire part.
D'une part, les entreprises qui vendent à des parties interreliées — comme une succursale qui vend à la société mère — et, d'autre part, les entreprises qui ont fait l'acquisition d'une deuxième entreprise ne peuvent pas adhérer au programme. Nous travaillons de concert avec les responsables des finances au sujet de ces restrictions, et nous espérons qu'une solution sera bientôt apportée.
Indépendant des défis qui se posent actuellement dans le programme, il est important de souligner à quel point les entreprises sont désireuses de quitter le programme de subvention et de reprendre leurs activités normales. De nombreuses entreprises prévoient se retirer de la mesure de soutien dès que la date initiale de suppression du programme, fixée au mois de juin, sera atteinte. Ces entreprises doivent être félicitées. Malheureusement, bien d'autres dépendront du programme au-delà de cette date en raison des conditions économiques en déclin.
La prolongation du programme jusqu'à la fin du mois d'août a été bien accueillie, mais ce ne sera pas suffisant. Il est probable que le programme doive être reconduit au-delà de cette date; cependant, il devra cette fois-ci être accompagné d'un plan de retrait progressif fondé sur les revenus et assorti d'un calendrier. Plus concrètement, nous croyons que le programme devrait être prolongé jusqu'en janvier 2021, et que le montant de la subvention devrait être réduit en fonction de l'amélioration attendue des recettes de l'entreprise. Aussi, le gouvernement devrait abaisser le seuil de perte de revenus qui donne droit au programme: il est actuellement de 30 %, mais il devrait être réduit au seuil initial de 15 % pour ensuite être éliminé complètement. Cette transition prolongée et sans heurts donnerait aux entreprises le temps de s'adapter et ne les inciterait pas à se lancer dans une course aux revenus, ce qui pourrait leur causer un préjudice supplémentaire, ainsi qu'à leurs employés.
Je vais mentionner deux autres éléments avant de conclure: le besoin d'offrir une aide supplémentaire à l'industrie pour l'application des nouvelles lignes directrices en matière de santé et de sécurité, et l'importance d'intégrer le développement des compétences à la stratégie pour le secteur manufacturier.
Tout d'abord, alors que l'industrie commence à reprendre pleinement sa production, les entreprises devront absorber des coûts supplémentaires importants à un moment où leurs revenus et leur production ne correspondront pas aux normes historiques. Les entreprises devront investir pour former le personnel au sujet des exigences opérationnelles, fournir des EPI en bien plus grande quantité au personnel et installer des barrières de protection et d'autres outils de distanciation physique. Le gouvernement devrait introduire des programmes d'aide directe pour compenser ces coûts.
Deuxièmement, alors que les gouvernements cherchent à répondre à la demande et à créer une stratégie industrielle nationale qui met l'accent sur la croissance, l'investissement et l'innovation dans le secteur manufacturier, le capital humain doit demeurer un volet essentiel de la stratégie. Même si les personnes comptent parmi les plus grands atouts du Canada, le manque de travailleurs ayant les compétences voulues et de main-d'œuvre en général est devenu un obstacle majeur à la croissance de notre secteur au Canada. Les pénuries sont généralisées dans l'ensemble du pays, des catégories d'emplois et des entreprises de tous les genres et de toutes les tailles. Si les entreprises n'arrivent pas à embaucher des personnes ayant les compétences requises, elles ne pourront pas tirer parti des plus récentes technologies, innover, investir et prendre de l'expansion. Dans l'élaboration de leur stratégie industrielle, les gouvernements doivent inclure un volet sur les compétences. L'objectif est d'attirer plus de jeunes dans le secteur, d'aider les entreprises à améliorer les compétences de leur main-d'œuvre existante et de leur permettre d'attirer les esprits les plus brillants du monde entier.
Je vous remercie encore de m'avoir invité à participer à la séance d'aujourd'hui. J'ai hâte de discuter avec les membres du Comité.
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Le gouvernement a pris des mesures à court terme pour tenter d'appuyer les chaînes d'approvisionnement nationales, en recourant par exemple à des programmes d'investissement visant à aider les entreprises à se réoutiller et à augmenter la production d'équipement de protection individuelle, mais ce sont des mesures à très court terme qui tenaient compte de l'importance cruciale de l'approvisionnement à court terme.
Il faut une stratégie à beaucoup plus long terme, ce qui ne se fait pas du jour au lendemain. Vous avez dit que nous en parlons depuis longtemps. J'ai comparu à plusieurs reprises devant le Comité et ses différents membres au fil des ans pour discuter entre autres de cette question. Il est essentiel que le Canada possède une grande stratégie industrielle qui tient compte de l'acquisition de compétences et comprend un volet canadien. Cela repose toutefois largement sur la technologie, comme en parlait plus tôt Mme Kusie, et sur la façon d'améliorer notre compétitivité intérieure pour pouvoir fabriquer le nécessaire, peu importe le genre de crise.
Si nous ne mettons l'accent que sur le manque de masques N95 pendant cette crise et sur ce qu'il faut faire pour en fabriquer plus, qu'adviendra-t-il si ces masques sont inutiles pendant la prochaine crise? Nous avons besoin d'une capacité manufacturière nationale permettant de faire face aux différentes crises possibles. Nous avons besoin de meilleures technologies, nous avons besoin de plus d'investissements et d'une plus grande capacité. Cela dit, ce qui est peut-être le plus important, c'est comprendre ce que nous fabriquons au Canada et ce que les entreprises peuvent faire.
Deux choses ont posé problème quand nous sommes intervenus dans la chaîne d'approvisionnement nationale pour avoir de l'équipement de protection individuelle. Premièrement, nous ne connaissons pas la capacité manufacturière du pays; aucun suivi de ce genre n'est fait. Nous savons à peu près combien de personnes travaillent dans la fabrication de produits chimiques ou d'automobiles, mais cela ne veut pas du tout dire que nous savons quels sont les produits chimiques utilisés et quels pourraient être leurs autres utilités, par exemple. Nous devons le savoir.
Deuxièmement, nous avons besoin de règles d'approvisionnement plus rigoureuses non seulement en ce qui a trait à l'achat de produits canadiens pour soutenir la production et l'innovation au pays, mais aussi pour centraliser et coordonner l'approvisionnement dans le but d'éviter qu'une entreprise approvisionne un hôpital local si elle approvisionne, disons, un réseau de santé régional, national ou provincial.
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Je suis désolé; il était difficile de tout entendre. Je ferai mon possible pour répondre à la question.
Selon ce que j'ai compris, vous voulez savoir de quel type de transition nous avons besoin. Comment pouvons-nous planifier à long terme alors que nous ne nous attendons pas à une reprise complète — une reprise économique, manufacturière — avant près de deux ans? Que devons-nous faire?
Nous avons vraiment besoin d'une approche à plusieurs étapes. Jusqu'à maintenant, l'approche consiste à contenir la crise dans l'immédiat pour faire en sorte d'avoir encore une économie lorsque ce sera terminé et que les activités reprendront. Qu'il s'agisse de pouvoir aller dîner au restaurant, de la fabrication et ainsi de suite, nous avons besoin d'une industrie de base, et la réponse porte là-dessus.
La deuxième étape doit toutefois vraiment porter sur la façon dont la situation commence à se rétablir. Il faudra en grande partie faire augmenter les dépenses de consommation. Les consommateurs représentent 60 % de l'économie du pays. S'ils ne dépensent pas à cause de l'incertitude de leur avenir économique, ou s'ils ne veulent pas sortir de chez eux par crainte de tomber malades, c'est un énorme problème. Nous devons réfléchir à ce genre de transitions à moyen terme.
À plus long terme, nous demandons aux gouvernements de réfléchir à des mesures qui soutiendront la croissance économique à long terme, comme des dépenses en infrastructures. Ces mesures stimuleraient non seulement la demande pour des produits, mais aussi la croissance économique à long terme. Les infrastructures commerciales sont un bon exemple. Nos ports, nos voies ferrées et nos pipelines sont engorgés, et nous ne pouvons pas acheminer les produits vers les marchés ou, dans bien des cas, à l'intérieur du pays pour approvisionner le secteur manufacturier. Ces mesures à moyen terme seront importantes.
C'est à long terme que la grande stratégie industrielle sera utile. Il faudra examiner comment nous pouvons miser sur la technologie, par exemple, pour refaçonner l'industrie et la société afin de tirer parti de toutes les possibilités.
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Je remercie le président, les vice-présidentes et les membres du Comité. Je suis enchantée de témoigner devant vous ce soir.
Je m'appelle Leah Nord, directrice principale des Stratégies en matière d'effectifs et de croissance inclusive de la Chambre de commerce du Canada. Je travaille dans les domaines des compétences, de l'avenir du travail, de l'immigration, des normes et des pratiques de travail, de la diversité et de l'inclusion. Je traiterai aujourd'hui de ces domaines relevant de mon portefeuille, en ce qui a trait non seulement à la période de crise, mais aussi à la réouverture, à la relance et au retour à ce qui est la nouvelle normalité, alors que tout se déroule selon des échéanciers et des étapes disparates à l'échelle du pays.
La Chambre de commerce du Canada est la porte-parole des entreprises canadiennes. Nous représentons 200 000 entreprises de toutes les régions du pays, de tous les secteurs et de toutes les tailles. Notre réseau compte 450 chambres de commerce, ainsi que 400 membres collectifs et un nombre égal d'associations membres. Nous considérons que l'approche d'« équipe Canada » qui a été adoptée constitue l'un des aspects les plus impressionnants de la réponse à la crise et, espérons-nous, l'un des legs les plus importants que nous en conserverons.
Le réseau de résilience des entreprises canadiennes constitue la pierre angulaire de la réaction de la Chambre de commerce pendant la crise. Cette initiative est soutenue par le gouvernement en partenariat avec notre réseau, nos membres et nos associations d'affaires partenaires. Il s'agit d'une campagne bilingue et inclusive, dotée d'un microsite, qui s'est avérée être une source de renseignements, de pratiques exemplaires et de trousses à outils centralisée, efficace et faisant figure d'autorité, grâce à des échanges qui ont permis et continueront de permettre aux entreprises de se préparer, de persévérer et, au bout du compte, de prospérer.
Au chapitre de la main-d'oeuvre en particulier, la crise a manifestement eu un effet néfaste sur la main-d'œuvre du Canada. L'enquête réalisée en avril 2020 par la Chambre de commerce du Canada et Statistique Canada sur la situation des entreprises révèle que les entreprises canadiennes ont déployé maints efforts pour soutenir leurs employés au cours de la crise et pour maintenir leur lien avec la population active.
Parmi les innovations figurent le télétravail, le commerce électronique et le travail partagé. Cette enquête nous a toutefois appris également que 40 % des entreprises ont mis des employés à pied et que 38 % d'entre elles ont réduit les heures ou les quarts de travail de leurs employés. Statistique Canada procédera au deuxième volet de cette enquête la semaine prochaine. Nous sommes impatients d'en apprendre davantage et de voir si et comment les attitudes et les pratiques ont évolué alors que la crise se poursuit.
En outre, une enquête sur la population active menée en mars et en avril 2020 indique que depuis le début de la crise, trois millions de Canadiens ont perdu leur emploi — à titre temporaire pour 90 % d'entre eux — et que plus de huit millions de personnes ont demandé la Prestation canadienne d'urgence et la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants.
On ne s'étonnera pas de constater qu'au cours de la phase initiale de la crise, c'est principalement dans les industries de l'hébergement et de la restauration que les pertes les plus substantielles ont été enregistrées. Initialement, les plus touchés au cours de la première phase ont été les jeunes, les femmes et les personnes occupant des emplois précaires de qualité moindre. Les secteurs de la production matérielle ont été gravement touchés en avril, particulièrement dans les domaines de la fabrication et de la construction.
Des secteurs comme le tourisme, la vente de gros et de détail, l'éducation et les loisirs ont eux aussi subi des pertes d'emplois pouvant atteindre 35 %. La crise a également accru le recul préexistant dans les secteurs du pétrole, du gaz et de la foresterie, et accentué les réorientations dans ceux de la fabrication et de l'exploitation minière. Elle a aussi mis en lumière les besoins en transport et en entreposage, en ressources humaines dans le domaine de la santé et en vente au détail des aliments, soulignant au passage l'importance des travailleurs essentiels du pays.
Sur le plan des périodes de réouverture et de relance, sachez qu'un nombre substantiel d'entreprises de toutes les tailles et de tous les secteurs du pays fonctionnent encore beaucoup en mode de crise. Par exemple, ce sera lundi, le 1er juin, et bien des membres se demandent si et comment ils paieront le loyer ce mois-ci, et ce, en dépit des annonces récentes, comme celle de l'Aide d'urgence du Canada pour le loyer commercial pour les petites entreprises.
En ce qui concerne précisément la période de réouverture, la Chambre de commerce du Canada a préparé une série de recommandations, notamment sur le fait qu'il importe de s'inspirer des pratiques exemplaires internationales et d'assurer l'alignement interprovincial. Nous considérons également que même si les programmes d'aide financière temporaire d'urgence étaient nécessaires et ont, de fait, apporté un soutien crucial à des entreprises et à des particuliers en leur permettant de garder la tête hors de l'eau pendant la pandémie, il faut également assurer la viabilité des finances publiques à long terme.
Nous comprenons aussi qu'il continue d'y avoir plus de questions que de réponses. La crise nous a montré que les meilleures politiques publiques s'appuient largement sur les conseils de la société civile, notamment ceux des entreprises de toutes les tailles et de tous les secteurs. Il est temps d'entamer une discussion structurée pour s'assurer que tous les ordres de gouvernement reçoivent les meilleurs conseils possible afin d'éviter, autant que faire se peut, les conséquences imprévues.
La création du Conseil des approvisionnements concernant la COVID-19 par le gouvernement fédéral et sa composition en sont un excellent exemple. Il réunit des représentants de l'industrie, des travailleurs, de divers secteurs et d'organismes à but non lucratif, et il donne une voix aux chercheurs, aux femmes et aux entreprises autochtones.
Les Canadiens doivent se remettre au travail pour relancer l'économie et effectuer un retour à ce qui sera la nouvelle normalité. La main-d'œuvre canadienne ne sera plus la même au moment de la reprise. En l'espace de quelques mois, nous sommes passés d'un des marchés de l'emploi les plus serrés de l'histoire récente à des pertes d'emploi sans précédent. Il faudra sans doute du temps pour revenir aux taux de chômage d'avant la crise. Il y aura un revirement dans les emplois offerts et les compétences nécessaires pour les obtenir. Les employeurs pourraient se tourner de plus en plus vers l'automatisation pour pouvoir poursuivre leurs activités et réduire les risques lors de futures crises.
Les Canadiens auront besoin de programmes de formation, de recyclage et de perfectionnement pour effectuer un retour au travail. L'éducation et la formation se transformeront également, puisqu'on misera davantage notamment sur la formation en ligne et l'apprentissage hybride, sur les compétences durables, et à la fois sur l'apprentissage en milieu de travail et la formation continue. Il sera essentiel de veiller à ce que tous les Canadiens aient la chance de participer à la relance pour avoir une croissance inclusive et une création d'emplois à grande échelle.
Cela dit, la Chambre de commerce du Canada souhaite vous présenter trois grandes recommandations.
Premièrement, il faut veiller à ce que la croissance soit inclusive pendant la relance. Pour ce faire, il faut tout d'abord des représentants de tous les groupes dans les forums de discussions et de politiques publiques. Je vous ai donné l'exemple du Conseil des approvisionnements concernant la COVID-19, qui doit être repris à toutes les tables de discussions et à tous les échelons de gouvernement, de même que dans les conseils d'administration, les réunions de dirigeants, les comités de santé et sécurité au travail, et lors des discussions entourant les activités commerciales et le retour au travail.
Deuxièmement, le Canada doit procéder à un examen exhaustif de son programme d'assurance-emploi. En guise d'introduction à cette recommandation, j'aimerais mentionner deux points: premièrement, il s'agit d'une recommandation de longue date de la Chambre de commerce, et nous avons adopté de nombreuses résolutions de principe au fil des ans sur cet enjeu; deuxièmement, nous ne voulons pas par cette recommandation banaliser le travail incroyable accompli par la fonction publique fédérale dans la foulée de la crise pour préparer et mettre en œuvre des programmes comme la Subvention salariale d'urgence du Canada, la Prestation canadienne d'urgence et la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants. Ces programmes méritent, bien au contraire, des louanges tous azimuts.
Toutefois, nous considérons qu'il est révélateur que ces programmes aient dû voir le jour à l'extérieur du cadre de l'assurance-emploi. Il faudra donc déterminer quelle réforme sera nécessaire pour mettre en place un système pouvant répondre aux besoins de la main-d'œuvre actuelle et future afin que les Canadiens demeurent en prise avec le marché de l'emploi, et cela comprend de solides volets axés sur le recyclage et le perfectionnement.
Notre troisième recommandation pour remettre les Canadiens au travail est de se servir de l'information sur le marché du travail local et des données en temps réel pour concevoir des solutions créées par les entreprises pour les entreprises, dirigées par les secteurs pour les secteurs et adaptées par les collectivités pour les collectivités. Ce faisant, nous prônons le recours aux chambres de commerce comme pôle d'échange local pour établir des partenariats entre employeurs et créer temps et espace où les entreprises pourront échanger, collaborer et planifier.
Nous vivons des temps sans précédent et n'avons pas de guide pour nous aider. Les recommandations en matière de politiques et de programmes en vue de la relance sont en ce moment tout au plus des conjectures. La stratégie adoptée doit être mesurée, inclusive et réfléchie, et c'est exactement ce que vise la proposition de la Chambre de commerce du Canada portant sur la gestion des bassins de talents et un programme de résilience économique pour le Canada.
Je sais que le temps file et je vous dirai simplement qu'il s'agit d'un programme qui met d'abord et avant tout l'accent sur l'arrimage entre les systèmes d'éducation, de formation, de soutien et d'emploi. Le programme a été mis en place par nos collègues aux États-Unis dans 33 États, à l'échelon étatique aussi bien que régional, et tant les grandes villes que les petites localités rurales y ont participé. Il a même été utilisé par des entreprises dans leurs pratiques de gestion interne. Il a mené à la création de partenariats entre employeurs dans une grande variété de secteurs, notamment les hôpitaux, les soins de santé, la construction, la fabrication, les services publics, l'éducation, la cybersécurité, la technologie financière et la technologie de l'information. Il a servi à créer des partenariats le long des chaînes d'approvisionnement, et il a prouvé son autosuffisance après les injections de fonds initiaux.
Pendant la crise, la U.S. Chamber of Commerce Foundation a orienté ses programmes universitaires vers la relance et mis à profit son réseau national d'apprentissage pour échanger sur les défis, les solutions et les pratiques exemplaires. On a ainsi réussi à maintenir les travailleurs dans leur secteur d'activités, à conserver le lien d'emploi, de même qu'à déterminer les possibilités de perfectionnement et de recyclage professionnels et de cheminements de carrière pour les travailleurs.
Le grand avantage de ce programme est qu'il permet de gérer et d'atténuer les effets des périodes importantes d'expansion et de contraction de l'économie et de la population active, d'accroître la résilience et de pérenniser la planification de la main-d'oeuvre.
Sur ce, je remercie les membres du Comité de nous avoir donné l'occasion de témoigner aujourd'hui, et je serai heureuse de réponse à vos questions.
Merci.
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Bonsoir, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie de nous donner l'occasion de témoigner devant le Comité au sujet de la réponse du gouvernement à la pandémie de la COVID-19.
Je m'appelle Robert Kucheran. Je suis président des Syndicats des métiers de la construction du Canada, ou SMCC, un organisme qui représente 14 syndicats internationaux qui représentent à leur tour plus d'un demi-million de travailleurs hautement qualifiés et bien formés dans les industries de la construction, de l'entretien et de la fabrication au Canada.
Les plus de 500 000 hommes et femmes que nous représentons sont employés dans tous les domaines de la construction, de l'abri de jardin aux plus grands mégaprojets au Canada. Nous avons des membres qui travaillent dans presque toutes les raffineries, les usines de pâtes et papiers, les usines de potasse, les centrales électriques et nucléaires, ainsi que dans la construction commerciale et institutionnelle, ce qui comprend les routes, les ponts, les viaducs, les hôpitaux et toutes les formes d'infrastructure municipale. Le secteur de la construction et de l'entretien représente chaque année environ 14 % du PIB du Canada.
Notre travail s'effectue non seulement dans des chantiers, mais aussi dans divers installations et ateliers de fabrication qui sont intégrés aux structures sur lesquelles nous travaillons et, une fois ces structures construites, nous sommes souvent employés par la suite pour leur exploitation, leur rénovation, leur entretien et leur réaménagement.
Nous sommes le plus grand formateur d'apprentis au Canada. Chaque année, nous investissons plus de 300 millions de dollars de nos propres fonds dans nos 175 centres de formation afin de veiller à ce que nos membres soient les plus qualifiés et les plus compétents du secteur et qu'ils travaillent de la façon la plus sécuritaire possible. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires employeurs pour faire en sorte que le Canada dispose dans l'avenir d'un bassin de gens de métier hautement qualifiés en les formant dans nos centres de formation qui se trouvent dans toutes les provinces et régions du pays, à l'exception du Québec, qui possède son propre système, comme nous le savons tous. Nous avons un système qui nous permet donc, à nous et à nos partenaires entrepreneurs, de répondre à la demande actuelle et future de gens de métier qualifiés.
Aujourd'hui, le Canada est aux prises avec des défis sans précédent dans les domaines de la santé, des affaires sociales et de l'économie. La construction étant jugée essentielle dans la plupart des provinces, les membres des SMCC continuent de construire les infrastructures indispensables nécessaires pour assurer la sécurité et la santé des Canadiens durant cette pandémie, mais comme cela a été le cas pour de nombreux Canadiens, certains emplois de nos membres ont été touchés par la crise, et ils continuent de l'être tandis que nous progressons.
Je tiens à remercier le gouvernement de sa rapidité de réaction face à cette pandémie, tant pour les mises à jour et les contacts réguliers que les représentants des ministères ont entretenus avec nous, que pour le travail réalisé afin de mettre en place des programmes comme la Prestation canadienne d'urgence et la Subvention salariale d'urgence du Canada. Sa réaction rapide et son engagement à continuer d'améliorer les prestations en fonction des besoins ont contribué à garantir que nos membres et les Canadiens ne soient pas laissés pour compte.
Bien que des améliorations puissent encore être apportées à ces programmes, notamment en permettant aux syndicats d'utiliser leurs prestations supplémentaires de chômage existantes, ou fonds PSC, pour compléter les salaires des membres lorsqu'ils perçoivent la Prestation canadienne d'urgence, nous sommes heureux de ce qui a été fait jusqu'à présent.
Lorsque la pandémie s'est manifestée, l'industrie de la construction syndiquée a réagi rapidement en mettant en place divers protocoles de sécurité sur les chantiers, notamment en augmentant le nombre de stations de lavage des mains, en assainissant les sites, les roulottes et les zones de contact communes, en instaurant la distanciation sociale, en mettant à la disposition des travailleurs le bon matériel de protection individuelle et en veillant à ce qu'il soit utilisé.
Grâce à une communication ouverte et continue avec nos partenaires employeurs, les représentants de santé et sécurité et nos membres, nous avons pu régler rapidement tous les problèmes qui se sont posés. C'est pour cette raison que le nombre de cas sur nos lieux de travail est minime. Nous sommes fiers de la façon dont a réagi notre industrie, car la santé et la sécurité de nos membres ont toujours été notre priorité absolue. Le secteur de la construction syndiqué pourrait servir de modèle à d'autres secteurs.
Cela dit, et compte tenu de la nature de notre travail, notre secteur a toujours été un chef de file en veillant à ce que nos membres disposent d'un environnement de travail sécuritaire et de bons protocoles, soient formés pour repérer les dangers potentiels sur leur lieu de travail et, bien sûr, disposent du bon matériel de protection individuelle. Le fait d'avoir un meilleur accès au matériel de protection individuelle pour prévenir la propagation de la COVID-19 demeure important. Nous demandons donc instamment au gouvernement de continuer de tout mettre en œuvre pour trouver des sources d'approvisionnement afin que le secteur de la construction puisse continuer à fonctionner de manière sécuritaire.
Pour ce qui est de l'avenir, au moment où le Canada sort de la pandémie et où le gouvernement fédéral envisage un plan de relance économique, je tiens à rappeler au Comité que le secteur de la construction joue un rôle essentiel dans l'essor de l'économie et que nous avons vu, historiquement, que cela nous a souvent aidés à sortir des récessions et même de la Grande Dépression.
Lorsque le gouvernement stimule l'économie par l'entremise des infrastructures, nous devons être conscients de l'argent dépensé et savoir où et comment il sera distribué dans les collectivités au pays. Nous avons la possibilité, en particulier, d'utiliser notre main-d'œuvre hautement qualifiée, formée et mobile pour bâtir un Canada plus fort et plus résilient au fur et à mesure que nous sortons de cette crise de la COVID-19.
Nous avons soumis au gouvernement une liste de grands projets, prêts à démarrer et dignes d'intérêt, qui pourraient mettre les gens au travail et créer des possibilités de formation pour les Canadiens sous-employés, au chômage et sous-représentés. Le gouvernement fédéral a la possibilité de jouer un rôle de premier plan en investissant dans les infrastructures essentielles du Canada et les protégeant, tant à court terme pour remettre les gens au travail et relancer l'économie, qu'à long terme pour construire le Canada que nous voulons tous pour les générations futures.
Le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle moteur en incluant des ententes de retombées locales non seulement dans le processus de réflexion, mais surtout dans les projets qu'il finance. Ces ententes favorisent l'embauche et la formation de travailleurs locaux et de groupes sous-représentés, notamment les femmes et les Autochtones. Elles contiennent souvent des dispositions qui permettent l'apprentissage, garantissent les salaires en vigueur et jettent les bases d'initiatives de perfectionnement en milieu de travail, dans le but de fournir un financement et un soutien économique aux collectivités touchées, d'utiliser les fournisseurs et les fabricants locaux et d'offrir de la formation aux minorités, aux femmes et aux travailleurs locaux.
Dans les provinces où des ententes de retombées locales ont été adoptées, nous constatons, par exemple, que le nombre de femmes qui participent à des programmes d'apprentissage et obtiennent leur certification est en nette augmentation. À Terre-Neuve par exemple, où de nombreuses ententes de retombées locales ont été utilisées pour de grands projets de construction, les femmes représentent maintenant 14 % de la main-d'œuvre du secteur de la construction, comparativement à environ 2 % à 4 % dans le reste du pays.
En ce qui concerne la reprise post-pandémie, investir dans les collectivités permettra d'améliorer le sort de tous les Canadiens. Nous pouvons y arriver grâce à la formation et au développement des compétences en soutenant les organismes et les projets qui vont nous permettre de former la main-d'œuvre au moyen du système d'apprentissage.
Au cours des 10 prochaines années, au moins 21 % de la main-d'œuvre actuelle prendra sa retraite. Notre capacité à combler ce déficit et à répondre à la demande dépend de la disponibilité des travailleurs ayant l'expérience, les compétences et les qualifications transférables dans leur métier. L'infrastructure de formation existe au Canada, où nos partenaires disposent de nombreux centres de formation, mais sans le soutien continu du gouvernement et de nos employeurs, notre industrie en souffre.
Historiquement, plus le projet de construction était important, plus les apprentis avaient la possibilité d'apprendre leur métier et d'obtenir les heures nécessaires pour devenir des gens de métier. Il est essentiel de mettre l'accent sur la formation des apprentis et d'exiger leur présence lors de tout projet d'investissement dans les infrastructures pour bâtir la main-d'œuvre de demain au Canada.
En conclusion, au nom des SMCC, de nos 14 partenaires et de nos plus d'un demi-million de membres, je tiens à remercier le gouvernement de sa réaction rapide en cette période sans précédent. Au moment où le gouvernement pense à l'après-pandémie et à la reprise économique, nous lui demandons de veiller à ce que les gens de métier canadiens puissent travailler dans un environnement sécuritaire, conformément aux directives des gouvernements et des autorités sanitaires concernés, ce qui nécessitera de continuer à s'approvisionner en matériel de protection individuelle et à faire respecter les procédures et protocoles de sécurité.
Le gouvernement doit s'assurer que tout plan de relance économique prévoit notamment d'investir dans tous les Canadiens. Cela pourrait se faire en investissant dans de grands projets d'infrastructure qui soutiennent les gens de métier dans les collectivités où ils vivent en instaurant des ententes de retombées locales. On améliorera ainsi le sort de tous les Canadiens et on continuera de bâtir un Canada meilleur et plus fort.
Je tiens à vous remercier, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité, de m'avoir permis de témoigner. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.