:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la réunion numéro 15 du Comité permanent des ressources humaines, du développement social et de la condition des personnes handicapées.
Conformément aux ordres de renvoi du 11 avril 2020 et du 26 mai 2020, le Comité poursuit son étude de la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19. Conformément à la motion adoptée par la Chambre le 26 mai 2020, le Comité peut continuer à se réunir virtuellement jusqu’au lundi 21 septembre 2020 pour étudier des questions concernant la COVID-19 et d’autres questions.
On a maintenant éliminé certaines limites jusque-là imposées aux réunions virtuelles. Comme je viens de le mentionner, le Comité peut maintenant étudier d’autres questions et, en plus d’entendre des témoignages, il peut aussi examiner des motions, comme il le fait normalement. Comme stipulé dans le dernier ordre de renvoi de la Chambre, toutes les motions feront l’objet d’un vote par appel nominal.
La réunion d’aujourd’hui se tient par vidéoconférence, et les travaux seront diffusés sur le site Web de la Chambre des communes. Le site Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que le Comité en entier.
Je vous prie d’attendre que je vous donne la parole en vous nommant avant de commencer à parler. Lorsque vous êtes prêt à parler, prière d’activer votre micro en cliquant sur l’icône appropriée.
Avant de commencer, et je m’adresse surtout aux témoins qui souhaitent prononcer leurs remarques dans les deux langues officielles, assurez-vous que la chaîne dans la langue que vous avez choisie est allumée lorsque vous parlez. Si vous passez d’une langue à l’autre, prière d’aussi changer de chaîne pour faciliter le travail des interprètes.
Je tiens à remercier les témoins qui se sont joints à nous aujourd’hui. Nous accueillons, du Congrès du travail du Canada, Hassan Yussuff, président, et Emily Norgang, économiste, Politiques sociales et économiques. De la Christian Labour Association of Canada, nous recevons Wayne Prins, directeur général.
Monsieur Yussuff, vous avez 10 minutes pour prononcer vos remarques liminaires. Nous vous écoutons.
:
Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour. Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de me présenter devant vous aujourd'hui. C'est un plaisir de me joindre à vous, même si c'est à distance.
Le Congrès du travail du Canada est la plus grande organisation syndicale centrale du pays. Il regroupe plus de 50 syndicats nationaux et internationaux au Canada, ainsi que 12 fédérations provinciales et territoriales du travail et 100 conseils du travail dans tout le pays. Le Congrès du travail du Canada s’exprime sur des questions d’importance nationale pour trois millions d'hommes et de femmes syndiqués. Il défend également les intérêts de tous les travailleurs au pays.
Les membres du Comité ont reçu une copie du mémoire du Congrès du travail du Canada sur les priorités en matière de travail pour la reprise économique.
La pandémie de coronavirus et l’arrêt des activités économiques ont été dévastateurs pour des millions de travailleurs. Comme vous le savez, les travailleurs à faible revenu, en particulier les femmes et les travailleurs vulnérables, ont perdu un nombre disproportionné d’emplois et de revenus pendant la crise.
Je vais parler de certains domaines prioritaires pour le Congrès et les syndicats du Canada.
En ce qui concerne les prestations d’assurance-emploi, je tiens tout d’abord à féliciter le gouvernement et les fonctionnaires pour avoir rapidement conçu et mis en œuvre la Prestation canadienne d’urgence. Le programme d’assurance-emploi n’était pas outillé pour faire face à l’extraordinaire montée en flèche des demandes de prestations de chômage. Il était nécessaire de mettre en place une simple prestation de chômage qui permette un traitement automatisé des demandes. La Prestation canadienne d’urgence a généralement bien fonctionné, mais les syndicats et les employeurs ont demandé au gouvernement fédéral d’autoriser le versement de prestations supplémentaires de chômage en plus de la Prestation canadienne d’urgence.
Les syndicats et les employeurs ont négocié des plans de prestations supplémentaires de chômage en prévision de licenciements. Nous demandons donc au gouvernement fédéral de prolonger la Prestation canadienne d’urgence au-delà de 16 semaines. De nombreux travailleurs à faible revenu, à temps partiel et occasionnels, ainsi que des travailleurs indépendants qui touchent des prestations d’urgence ne sont pas admissibles à l’assurance-emploi aux termes des règles existantes. Parallèlement, les prestations régulières de maladie de l’assurance-emploi devraient être simplifiées et rationalisées afin que le traitement des demandes puisse être entièrement automatisé. Le seuil d’admissibilité devrait donc être abaissé et un taux de remplacement plus élevé devrait être instauré.
En ce qui concerne les soins de longue durée, les rapports des Forces armées canadiennes sur les centres de soins de longue durée en Ontario et au Québec montrent ce que les syndicats disent depuis des années: de nombreux centres de soins de longue durée sont en crise. Les pertes de vies inutiles et le traitement honteux des résidents de nombreux centres de soins de longue durée sont inacceptables.
Ce sont les années de compressions budgétaires provinciales, l’augmentation de la propriété privée à but lucratif des centres de soins de longue durée et la pénurie de personnel de santé attribuable aux bas salaires, au peu d’avantages sociaux, à la charge de travail excessive, aux conditions de travail dangereuses et au manque d’heures à temps plein qui sont à l’origine de cette situation. Bien entendu, les provinces et territoires sont responsables de la prestation des services de soins de santé. Cependant, le Canada a désespérément besoin de normes nationales élevées et uniformes en matière de soins de longue durée.
Le Congrès demande instamment au gouvernement fédéral de collaborer avec les provinces et les territoires à retirer les entreprises privées à but lucratif du secteur des soins de longue durée. Les soins de longue durée doivent être pleinement intégrés dans le secteur public et réglementé par la Loi canadienne sur la santé. Les résidents doivent se voir garantir des soins de qualité, avec un personnel adéquat et des protections convenables en matière de santé et de sécurité. De même, le travail essentiel effectué par le personnel des soins de longue durée doit être dûment valorisé. Si nous voulons résoudre les problèmes de personnel et les lacunes concernant les soins en établissement, les travailleurs ont besoin de hausses permanentes des salaires et des avantages sociaux, et de meilleures conditions de travail.
Je félicite encore une fois le gouvernement fédéral d’avoir affecté jusqu’à 3 milliards de dollars pour aider les provinces et les territoires à augmenter les salaires des travailleurs essentiels à faible revenu. Ces augmentations de salaire doivent devenir permanentes et, à mon avis, elles devraient également s’appliquer aux travailleurs migrants à faible revenu qui assurent la sécurité de l’approvisionnement alimentaire du Canada.
Les systèmes de transport en commun du Canada sont également en crise. Des réseaux de transport en commun efficaces, accessibles et fiables sont essentiels à la reprise économique des travailleurs. Toutefois, la baisse de 90 % du nombre d’usagers dans certaines villes s’est traduite par une baisse spectaculaire des recettes découlant des tarifs et des milliards de dollars de pertes de revenus. Alors que les administrations de transports en commun réduisent leurs services, des milliers de travailleurs ont été licenciés, et on s’attend à ce que des milliers d’autres le soient.
Les employés des transports en commun qui sont toujours en poste sont confrontés à de graves risques pour leur santé. La plupart des véhicules de transport en commun et des installations de maintenance n’ont pas été correctement modernisés, et de nombreux travailleurs ne disposent pas de suffisamment d’équipements de protection individuelle.
À notre avis, le gouvernement fédéral devrait collaborer avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour élaborer un programme fédéral d’aide aux réseaux de transport en commun et aux réseaux d’autobus interurbains, et prévoir des dépenses en capital consacrées à la modernisation des véhicules de transport en commun et à l’achat d’équipement de protection individuelle pour les travailleurs de ce secteur.
Il est essentiel de veiller à la santé et à la sécurité au travail en prévision du retour au travail. Il est essentiel que les travailleurs bénéficient de congés de maladie payés pour lutter contre la COVID-19. Je tiens à féliciter, bien sûr, le gouvernement, et le NPD en particulier, d’avoir mis ce point à l’ordre du jour.
Il est important que les employeurs consultent les travailleurs, leurs syndicats ainsi que les représentants de la santé et de la sécurité concernant la manière de s’assurer que les plans de sécurité et les contrôles relatifs à la COVID-19 fonctionnent. Les travailleurs doivent participer par l’intermédiaire de leurs comités de santé et de sécurité au travail à l’évaluation des risques professionnels liés à la COVID-19 et à l’élaboration d’une réponse. C’est un élément important des bonnes pratiques en matière de santé et de sécurité qui doit être pris en compte dans la planification de la sécurité liée à la COVID-19 au travail. Nous devons également élargir le soutien aux travailleurs confrontés à des problèmes de santé mentale découlant de risques pour la santé, de la perte d’êtres chers, de l’isolement, du stress financier, de la dépression et de l’anxiété.
En ce qui concerne l’assurance-médicaments, avant la pandémie, environ 10 % des Canadiens, soit 3,7 millions de personnes, ne pouvaient pas se payer les médicaments dont ils avaient besoin. Aujourd’hui, un nombre croissant de Canadiens n’ont pas les moyens d’acheter leurs médicaments, et des millions de travailleurs ont perdu leur emploi et ne bénéficient plus d’une assurance-médicaments au travail. Pendant la pandémie, les personnes âgées à revenu fixe ont du mal à payer leurs médicaments, car elles ne peuvent obtenir des renouvellements que sur une base mensuelle au lieu de tous les trois mois, comme c'était le cas avant la pandémie.
Nous demandons donc au gouvernement d’accélérer la mise en place d’un régime public universel d’assurance-médicaments, comme le souligne le rapport Hoskins. En collaboration avec les provinces, le gouvernement devrait bien sûr prendre des mesures pour que tout le monde au Canada ait immédiatement accès à une liste de médicaments essentiels, ce qui couvrirait environ la moitié de toutes les ordonnances. Cette mesure est conforme aux recommandations du rapport Hoskins, mais elle devancerait les délais proposés.
En ce qui concerne la sécurité des pensions et des retraites, les licenciements et la perte de revenus auront une incidence durable sur la sécurité de la retraite de nombreux travailleurs canadiens. En mars, le gouvernement a réduit le montant minimum qui doit être retiré des fonds enregistrés de revenu de retraite pour 2020. En mai, le gouvernement a également annoncé une aide financière pour les personnes âgées admissibles à la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti. Le gouvernement a également suspendu le financement de l’insolvabilité pour les régimes de retraite sous réglementation fédérale. Nous accueillons favorablement ces mesures.
Le Congrès exhorte également le gouvernement à travailler avec ses homologues provinciaux en vue de modifier le Régime de pensions du Canada. Cette modification sera également nécessaire pour protéger les prestations de retraite du régime des cotisants dont les revenus ont été affectés par la crise économique et le chômage. À notre avis, cela devrait prendre la forme d’une modification des dispositions d’exclusion et d’attribution de gains du régime, qui protègent partiellement le droit aux prestations de retraite des cotisants pendant une période de gains faibles ou nuls.
À défaut de pareilles mesures extraordinaires, les prestations de retraite du Régime de pensions du Canada de centaines de milliers de Canadiens seront réduites de façon permanente, ce qui pourrait entraîner des pertes à vie de plusieurs milliers de dollars pour les particuliers. De plus, si les faillites commencent à augmenter, nous aimerions bien sûr que le gouvernement fédéral protège les pensions en prenant en charge l’administration des régimes de retraite qui ont échoué.
Enfin, en ce qui concerne l’économie verte, la transition équitable et les investissements dans les infrastructures, nous estimons que la crise offre une occasion unique de relancer la croissance économique et de créer des milliers de bons emplois pour les femmes et les hommes en investissant dans les infrastructures sociales telles que les garderies, les écoles, les bibliothèques et les hôpitaux, ainsi que dans les infrastructures vertes et les projets connexes, tels que les énergies renouvelables, la rénovation des maisons et des bâtiments, et les transports en commun.
Les gouvernements peuvent, en outre, s’assurer que les projets profitent aux communautés locales, aux femmes, aux peuples autochtones et aux groupes marginalisés en rendant obligatoire la conclusion d’ententes sur les retombées communautaires des projets d’infrastructure financés par le gouvernement fédéral. Ces investissements nous aideraient non seulement à atteindre nos objectifs climatiques, mais aussi à créer des milliers d’emplois décents dans tout le pays.
Pour contribuer à ce processus, le gouvernement devrait faire participer pleinement les syndicats et les travailleurs au comité consultatif économique du gouvernement qui prodigue des conseils sur la planification de la relance.
Membres du Comité, voilà qui conclut mes remarques liminaires. Je vous remercie de votre attention. Je répondrai à toutes vos questions.
Bonne journée à tous. J’apprécie vraiment l’occasion qui m’est donnée de vous rencontrer aujourd’hui.
La Christian Labour Association of Canada, ou CLAC, est un syndicat national fondé sur la conviction que les personnes, les entreprises et les collectivités de travail s’épanouissent lorsque les lieux de travail sont fondés sur la coopération et le respect mutuel. Nous croyons que la coopération et le partenariat entre les syndicats et les employeurs créent des collectivités de travail plus positives et de meilleurs résultats pour tous.
La CLAC a été créée en 1952 et est aujourd’hui l’un des plus grands syndicats indépendants multisectoriels au Canada, avec plus de 60 000 membres travaillant dans un large éventail de secteurs et d’industries, notamment la construction, les soins de santé, la vente au détail, le transport, la fabrication, la transformation des aliments et autres. Au niveau international, la CLAC est un membre affilié de l’Organisation mondiale des travailleurs, dont je suis actuellement le président. L’Organisation mondiale des travailleurs représente collectivement 1,5 million de travailleurs dans une grande partie du monde.
Nous restons indépendants des organismes syndicaux traditionnels au Canada, tels que le Congrès du travail du Canada, dont vous avez déjà entendu le témoignage. Nous avons beaucoup de respect pour les syndicats traditionnels et, dans de nombreux cas, nous en sommes venus à travailler en collaboration avec leurs membres affiliés à des initiatives sur le terrain. Le fait que nous ne soyons pas membres des syndicats traditionnels témoigne principalement d’une perspective différente concernant la nature et le rôle d’un syndicat en milieu de travail, ainsi que le choix des travailleurs et la responsabilité du syndicat. Toutefois, à de nombreux égards, le travail quotidien de nos syndicats est similaire, et nous sommes certainement confrontés aux mêmes défis dans le contexte actuel.
Je tiens à féliciter tous les partis de s’être réunis et d’avoir favorisé une réponse rapide et efficace à la crise liée à la COVID-19. Les principaux programmes sont la Prestation canadienne d’urgence et la subvention salariale d’urgence. La Prestation canadienne d’urgence a été extraordinairement efficace pour aider des millions de Canadiens à traverser le pire de cette crise, et la subvention salariale d’urgence, particulièrement importante parce qu’il s’agit d’une subvention de 75 %, a littéralement sauvé des milliers d’entreprises canadiennes et permis à des millions de Canadiens de conserver un emploi rémunéré. Bien que ces programmes aient besoin de quelques ajustements à l’avenir, ils resteront d’une importance capitale pendant les mois à venir, en soutenant les travailleurs et les employeurs dans la reconstruction de l’économie.
Je veux parler d’une crise nationale qui, au milieu de cette crise de la COVID-19, a pris une place centrale dans la conscience canadienne.
La CLAC représente près de 10 000 membres qui travaillent en première ligne dans le domaine des soins de santé et des soins de longue durée en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Le Grace Manor of Holland Christian Homes, qui était l’un des foyers mentionnés dans les médias nationaux la semaine dernière, est représenté par la CLAC. Ces travailleurs s’occupent des personnes âgées de notre pays avec un dévouement et un engagement extraordinaires. Si vous avez passé du temps avec eux, vous savez à quel point ils aiment les résidents et travaillent désespérément pour s’occuper d’eux de manière à les mettre à l’aise et à préserver leur dignité.
Ils travaillent dans un environnement extrêmement difficile et pour de l’argent qui n’est souvent pas suffisant pour assurer leur subsistance. Les travailleurs utilisent chaque minute de leurs heures de travail pour prodiguer des soins pratiques aux résidents, mais le système les noie dans une paperasse et des documents inutiles, ce qui leur fait perdre du temps. Les attentes et la charge des soins ne cessent d’augmenter, mais le taux de financement n’a cessé de diminuer. En conséquence, les conditions de travail sont si difficiles qu’il est très difficile de trouver du personnel qualifié. Les pénuries de travailleurs sont fréquentes et l’épuisement professionnel des soignants est à la hausse.
Tout cela trahit une effroyable indifférence en tant que société à l’égard des soins apportés à nos personnes âgées. Ce secteur a été négligé par les gouvernements de tout le pays pendant des décennies. En fait, la CLAC, avec d’autres, tire la sonnette d’alarme sur cette question depuis plus de 30 ans. Je comprends que ce secteur relève principalement de la compétence provinciale, mais nous comprenons maintenant qu’il s’agit d’une crise nationale. Il est moralement impératif que tous les intervenants se réunissent et trouvent des solutions à la crise dès maintenant. Le gouvernement fédéral peut jouer un rôle utile à cet égard, en commençant par établir une norme nationale de soins pour nos personnes âgées. Pour ce faire, il pourrait mener une étude orchestrée à l’échelle nationale sur les meilleures pratiques qui ont donné des résultats supérieurs.
Avec tout ce qui a été dit récemment, je veux saisir cette occasion pour rendre hommage au service des travailleurs de ce secteur. Nous ne sommes pas mécontents que l’armée ait publié son rapport sur les foyers en Ontario. En fait, ce rapport pourrait finalement être le catalyseur d’un changement significatif. Cependant, pour nous, il est profondément affligeant de voir les travailleurs de première ligne dans le secteur des soins de longue durée porter le poids de l’indignation publique alors qu’en fait, la culpabilité est ailleurs. Les travailleurs restent les héros de cette situation, et c’est à nous autres, à commencer par nos dirigeants politiques, qu’il incombe de régler le problème.
Enfin, je veux parler de l'industrie de la construction et du travail dans le domaine des métiers spécialisés. La CLAC représente plus de 40 000 travailleurs spécialisés œuvrant dans le domaine de la construction et des métiers spécialisés. Elle représente notamment environ la moitié de la main-d'œuvre du secteur de la construction et de l'entretien contractuel dans l'industrie des sables bitumineux de l'Alberta, et approximativement la moitié des travailleurs construisant le mégaprojet d'énergie propre entrepris dans le Nord de la Colombie-Britannique appelé « Barrage du Site C ». Nous exécuterons une part appréciable du projet de LNG Canada à Kitimat, et quand le projet d'expansion du pipeline de Trans Mountain battra son plein plus tard cette année, plus de 60 % de la main-d'œuvre sera membre de la CLAC.
Nous sommes très fiers de construire une bonne partie des infrastructures du secteur des ressources naturelles, des projets qui, au final, stimuleront l'économie canadienne en entier.
Au cours de la crise, les activités du secteur de la construction ont constitué une bouée de sauvetage économique pour de nombreux Canadiens. Alors que la majorité de l'économie était à l'arrêt, les gouvernements des diverses provinces du pays ont déclaré que les travaux de construction étaient en bonne partie essentiels, confirmant ainsi le concept que nous, dans l'industrie, appelons la parité d'estime, principe selon lequel l'éducation dans les métiers spécialisés est aussi noble que toute autre forme d'éducation et les métiers spécialisés sont aussi importants que les autres emplois au pays.
Il importe de comprendre qu'au Canada, les travailleurs de la construction sont répartis en trois principaux groupes: les syndicats de la construction traditionnels, la CLAC et d'autres syndicats, et les non-syndiqués ou les ateliers syndicaux ouverts. Chacun de ces groupes occupe une part substantielle du marché au Canada et, tout comme les Canadiens sont bien servis par la concurrence entre les partis politiques, nous sommes bien servis par la concurrence entre les acteurs du secteur de la construction.
Si je dis tout cela, c'est parce qu'il existe un lien important avec ce qui s'en vient dans le cadre de la relance économique qui suivra la COVID-19. Comme nous l'avons vu ce matin à peine lors de l'annonce du au sujet des municipalités, les investissements dans les infrastructures publiques joueront un rôle clé en stimulant l'activité et la croissance économique.
Le gouvernement fédéral à lui seul dépensera des milliards de dollars dans le cadre de projets de construction, et il en ira de même de ses homologues provinciaux et des administrations municipales. Dans bien des cas, particulièrement dans celui des grands projets, les fonds viendront de plusieurs ordres de gouvernements. Dans tous les cas, il incombe aux gouvernements de veiller à ce que les fonds soient dépensés efficacement et de manière à ce qu'ils apportent des retombées optimales aux communautés où ils sont dépensés. De cette idée sont nées les ententes de retombées locales, un outil contractuel utilisé pour assurer la concrétisation des retombées.
Bien entendu, la CLAC avalise le recours à ces ententes quand elles sont utilisées adéquatement. J'entends par là qu'il faut préciser les retombées locales escomptées, puis établir les conditions et affecter les ressources nécessaires pour obtenir ces retombées sans pour autant perdre les bénéfices d'une concurrence juste et ouverte pour le travail entre les acteurs de l'industrie de la construction.
Parfois, les ententes de retombées locales sont utilisées pour limiter l'accès au travail à un seul groupe de travailleurs. Par exemple, le gouvernement de la Colombie-Britannique a conclu une telle entente avec les syndicats des métiers de la construction de la province. Ainsi, pour les projets désignés payés par tous les citoyens de la Colombie-Britannique, seuls les membres de ces syndicats sont autorisés à réaliser les travaux. La Ville de Toronto a fait de même avec les métiers de la construction de l'Ontario.
Les données donnent à penser que lorsque les ententes de retombées locales sont utilisées à des fins restrictives, le coût des projets publics augmente de 20 à 25 %. Imaginez une augmentation de 20 à 25 % des milliards de dollars qui seront dépensés dans les infrastructures au pays dans la prochaine décennie. Il s'agit d'un point d'une importance capitale. Le lancement de concours équitables et ouverts pour les infrastructures publiques, que ce soit ou non sous les auspices d'une entente de retombées locales, constitue la meilleure approche, et l'approche que le gouvernement fédéral devrait exiger pour chaque dollar dépensé dans les infrastructures publiques au nom des Canadiens.
C'est sur ces propos que je terminerai mon exposé. Je répondrai avec plaisir aux questions du Comité.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie beaucoup de cette question.
Selon les données que nous avons vues sur les projets et les investissements publics, nous sommes d'avis que les ententes de retombées locales constituent indubitablement un moteur formidable pour lutter contre les inégalités au chapitre des revenus, mais également pour tenir compte de la diversité de ceux et celles qui n'ont peut-être pas l'occasion de travailler dans le secteur.
Il ne s'agit pas que des travailleurs ou des femmes qui pourraient obtenir un stage, mais aussi des petites entreprises qui tentent de tirer parti d'une occasion d'avoir accès au domaine alors que ces projets sont en cours.
Bien entendu, la réalité, c'est que les retombées locales sont un moteur formidable lorsque vient le temps de lutter contre les inégalités, car elles permettent à de nombreux travailleurs qui n'en auraient peut-être pas l'occasion — notamment les jeunes, les femmes et les Autochtones — de s'inscrire à un programme de stage et, selon la durée des projets, et de non seulement commencer, mais aussi de terminer un tel programme dans le cadre du processus d'investissement.
Je pense que c'est crucial. Il s'agit d'investissements du gouvernement et, dans une grande mesure, nous avons constaté, grâce aux données que nous avons pu examiner, que les travailleurs des communautés concernées peuvent tirer de grands avantages des retombées locales des projets. En outre, dans les endroits où sont investis les fonds — et donc l'argent des contribuables —, nous avons vu émerger de nouvelles possibilités pour les gens qui, très souvent, n'avaient pas de telles occasions avant. Il faut absolument conserver un moyen d'évaluer l'incidence bénéfique substantielle du projet sur l'ensemble de la communauté, mais aussi de déterminer qui en a profité dans la communauté.
Les travailleurs racialisés, les Autochtones et les femmes sont une des cibles à qui l'aide devrait être offerte. Il importe que l'employeur et les gestionnaires de projet expliquent comment la communauté a progressé en faisant participer les groupes sectoriels qui n'avaient peut-être pas eu auparavant l'occasion de le faire.
:
J'ai commencé en indiquant que certains groupes ont, bien entendu, été touchés de manière disproportionnée par la pandémie de la COVID-19 jusqu'à présent. Nous savons avec certitude que c'est sur les épaules des femmes que repose principalement la responsabilité de l'éducation des enfants. Les travailleuses mises à pied pendant toute cette période sont, bien entendu, confrontées à cette réalité.
Nous considérons que pour réellement relancer l'économie, les services de garde à l'enfance constitueront un élément essentiel à la relance. Nous devons veiller à ce que les parents puissent confier leurs enfants à des services de garde compétents quand ils retourneront travailler, à défaut de quoi, ils ne pourront pas reprendre le travail. En ce moment même, les femmes constituent plus de la moitié de la main-d'oeuvre; par ailleurs, les familles en général dépendent des services de garde à l'enfance pour que tout le monde puisse aller travailler. En l'absence de services de garde adéquats lors de la relance de l'économie, je pense que nous assisterons à un réengagement disproportionné de ceux qui ne se rendront pas là.
Nous sommes d'avis que le secteur de la garde à l'enfance joue un rôle essentiel. De plus, le réseau de garderies du Québec nous a montré que le système se paie de lui-même au fil du temps grâce à cet investissement. Nous devons collaborer avec les gouvernements provinciaux et les administrations municipales pour nous assurer que lorsque l'économie redémarrera, les services de garde à l'enfance constituent un élément essentiel. Nous pensons que le milieu des affaires appuie cette idée.
En fait, de concert avec Goldy Hyder et le Conseil canadien des affaires, nous avons corédigé un article qui sera publié cette semaine, dans lequel nous incitons le gouvernement fédéral à travailler avec les provinces et les territoires, mais aussi avec les administrations municipales, et à prendre des mesures pour que les services de garde à l'enfance constituent un élément essentiel de la relance de l'économie. Il est crucial qu'ils admettent la responsabilité disproportionnée que les femmes assument pendant la période de relance. Nous ne voulons pas alourdir leur fardeau en omettant d'offrir des services de garde à l'enfance et nous voulons veiller à ce qu'il y ait du financement et des ressources pour elles dans l'avenir.
Je veux remercier le gouvernement pour tout ce qu'il accomplit. Nous continuerons d'exercer des pressions pour nous assurer que ces services soient offerts au cours de la relance.
:
Les paiements de transfert pour la santé sont un enjeu et une source de tensions entre les provinces et territoires et le gouvernement fédéral depuis longtemps.
La réalité, d'après moi, c'est que les provinces ont aussi une part de responsabilité. Une grande partie du sous-financement est attribuable au fait que les provinces et territoires ont choisi de défavoriser les soins de longue durée et de ne pas les financer convenablement, dans une mesure qui aurait permis de prévenir certains décès et, surtout, de ne pas payer suffisamment les travailleuses de ce secteur.
Je crois qu'il est essentiel de reconnaître que les provinces ont choisi — et je ne suis pas ici pour les excuser— de réduire les impôts et de réduire l'argent dont elles disposent pour financer ces services. Au bout du compte, ce que nous voyons maintenant correspond à ce que nous voyons depuis des décennies dans le mouvement syndical. La réalité est que le personnel est mal payé, que ces personnes doivent avoir trois ou quatre emplois pour arriver à joindre les deux bouts, et qu'elles travaillent dans les soins de longue durée. Un grand nombre d'entre elles n'ont que le salaire minimum.
Si le gouvernement fédéral ne s'était pas engagé à prendre des mesures spéciales pour mieux payer ces travailleuses… Les gouvernements de la plupart des provinces disent qu'ils ne vont pas maintenir ce paiement spécial aux travailleuses, une fois qu'il aura pris fin, même si nous savons qu'elles sont gravement sous-représentées. Il ne fait aucun doute que le gouvernement fédéral peut augmenter les transferts en santé aux provinces, mais qu'est-ce qui nous garantit que les provinces vont consacrer cet argent aux soins de longue durée? Quel engagement avons-nous de la part des provinces qu'elles vont faire appliquer les règles permettant de garantir que les services aux aînés sont adéquats?
Surtout, nous disons qu'éliminer la possibilité de faire des profits signifie que chaque dollar que vous donnez à une installation de soins de longue durée sera investi dans l'installation de soins de longue durée et ne sera pas simplement siphonné pour aboutir dans les poches des actionnaires. C'est ce que nous préconisons. Je crois que c'est le problème fondamental, sachant que la plupart des entrepreneurs qui exploitent des installations de soins de longue durée ne le font pas par simple bonté de cœur, mais bien parce qu'ils veulent faire de l'argent en offrant ce service.
Nous croyons qu'exclure de notre système de santé la possibilité de répondre à un désir de réaliser des profits permettrait d'investir tout cet argent de manière à garantir un meilleur système pour les personnes qui reçoivent des soins, un salaire décent pour les travailleuses et un effectif suffisant pour que cela ne se reproduise pas.
:
J'ai deux réponses à vous donner, et il se peut que je me corrige moi-même ou que quelqu'un d'autre me corrige à un moment donné.
D'après ce que je comprends, le ministère a permis aux personnes qui bénéficient de la PCU de recevoir 1 000 $ de leur régime de prestations supplémentaires de chômage. C'est ce qu'ils ont permis aux personnes bénéficiant de la PCU de gagner.
Selon ma compréhension des choses, au moins, pour que tout soit clair, les personnes qui obtiennent la subvention salariale peuvent profiter de leur régime de prestations supplémentaires de chômage, en plus de la subvention, pour que cela donne leur salaire complet comme prévu.
Cela devrait être la norme, bien sûr. Le but de la PCU est de simplifier le processus et de verser rapidement les prestations. Les travailleurs ont le droit de gagner jusqu'à 1 000 $, selon les règles.
Nous pressons le gouvernement de continuer d'apporter des améliorations de sorte que les travailleurs qui contribuent à leur régime de prestations supplémentaires de chômage y aient accès. Vous avez absolument raison: ce serait la norme s'ils recevaient des prestations d'assurance-emploi. Bien entendu, ils n'y ont pas entièrement droit s'ils obtiennent la PCU en ce moment.
Tel que nous le comprenons, ils peuvent obtenir jusqu'à concurrence de 1 000 $, avec le ministère, et de la même manière, jusqu'à concurrence de la différence entre leur subvention salariale et leur plein salaire en application du régime de prestations supplémentaires de chômage.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, messieurs Neumann et Lemieux, bonjour.
Je m'appelle Jerry Dias. Je suis le président national d'Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au Canada. Unifor représente 315 000 membres au pays qui travaillent dans presque tous les secteurs industriels, y compris la santé et les soins de longue durée, la vente au détail, le transport de voyageurs, la transformation des aliments, les services publics, la logistique et bien d'autres domaines qui sont en première ligne de la pandémie de la COVID-19.
Je suis ravi de m'adresser à vous tous, même si nous devons le faire à distance. J'espère que vous avez tous pu demeurer en sécurité et en santé pendant cette période difficile. Au nom d'Unifor, je vous remercie sincèrement de m'avoir invité à vous donner notre avis sur la réponse du gouvernement fédéral à la pandémie de la COVID-19. J'espère que mes propos contribueront à faire avancer vos travaux.
Nous sommes au cœur d'une crise sans précédent sur les plans de l'économie et de la santé publique, et qui a des répercussions dans le monde entier. Il y a eu 5,8 millions de cas confirmés de la COVID-19 dans le monde, et environ 360 000 décès, dont près de 7 000 ici au Canada. Avec 7 000 vies perdues au Canada et autant de familles en deuil, des pertes de cette ampleur dépassent tout simplement l'entendement.
Unifor est fier d'être un syndicat canadien. Chaque parcelle de notre organisation est vouée à protéger le gagne-pain, l'emploi et la santé des travailleurs au Canada. Nous sommes d'avis que la crise a mis au jour un grand nombre de failles et de faiblesses sous-jacentes au sein des institutions canadiennes du marché du travail.
Par exemple, dès le début de la crise, il est devenu clair comme de l'eau de roche que notre assurance-chômage n'allait pas suffire. Des décennies de compressions budgétaires et de modifications terribles apportées à la réglementation ont pratiquement garanti que ce programme vital n'était pas outillé pour composer avec une forte augmentation du chômage.
D'une part, le système ne pouvait tout simplement pas traiter la vague de demandes d'indemnisation, puisque des millions de travailleurs ont été licenciés, mais, d'autre part, de nombreux travailleurs n'y étaient tout simplement pas admissibles. Quand tout va bien, moins de la moitié des chômeurs canadiens ont droit au régime d'assurance auquel ils cotisent tous — soit 42 % d'entre eux, pour être exact. Si vous pouvez le croire, les personnes à faible revenu, y compris celles qui ont un emploi précaire, bénéficient moins du programme que celles qui sont à l'aise financièrement.
L'assurance-emploi est devenue un programme inutilement complexe qui punit les travailleurs au chômage, les prive de prestations, récupère leurs gains et ne remplace qu'un petit montant avec lequel ils doivent vivre. Lorsqu'une crise comme celle-ci nous frappe, les systèmes se bloquent. Heureusement, le gouvernement fédéral a rapidement compris qu'il devait changer son fusil d'épaule. Il a alors créé la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU. Ce programme est plus simple à administrer et fournit un soutien du revenu à bien plus de travailleurs dans le besoin que ne l'aurait fait l'assurance-emploi. Pourtant, des lacunes persistent.
Il y a quelques semaines, je me suis adressé au comité des finances de la Chambre des communes pour exprimer ma frustration du fait que des centaines de milliers de travailleurs se voient refuser des prestations supplémentaires de chômage dans le cadre de la PCU. Cet argent est mis de côté par des employeurs qui auraient normalement complété les prestations de chômage, qui ne peuvent toutefois pas être versées en vertu des règles actuelles de la PCU.
Qualifier cette restriction d'absurde serait un euphémisme. Unifor a lancé une campagne nationale pour corriger la situation. J'encourage vivement votre comité à se joindre à nous pour demander au ministre et à la ministre de remédier à cette lacune de la PCU. C'est le défi le plus pressant.
Le plus grand défi à relever consiste à créer une fois pour toutes un régime d'assurance-emploi plus inclusif, équitable et souple. Ce serait un volet du revenu minimum de base versé aux personnes dans le besoin. Au cours des prochains mois, notre régime d'assurance-emploi sera une fois de plus mis à l'épreuve. La PCU arrivera à échéance pour des millions de Canadiens, qui chercheront alors à réintégrer les rangs de l'assurance-emploi. Cependant, bon nombre d'entre eux n'y seront pas admissibles. Nous devons donc apporter immédiatement des changements au programme d'assurance-emploi pour éviter que les demandeurs de la PCU ne soient laissés pour compte. Si nous ne faisons rien, nous risquons de connaître une nouvelle vague de panique économique, car les gens ne pourront pas joindre les deux bouts et payer leurs factures. Ce n'est pas une situation avec laquelle l'économie peut composer pour l'instant, d'autant plus que les provinces intensifient leurs efforts de réouverture.
La Subvention salariale d'urgence du Canada, ou SSUC, est un autre outil important visant à aider les travailleurs à réintégrer le marché du travail. Cependant, des rapports récents indiquent que seulement 10 % des 76 milliards de dollars mis de côté pour le programme ont été dépensés. Il est clair que les employeurs ont été réticents à demander le programme, ce que nous avons également constaté chez nos propres membres. Certains grands employeurs avec lesquels nous négocions ont hésité à demander la subvention salariale. Dans d'autres cas, le programme ne représente tout simplement pas un incitatif suffisant pour convaincre les employeurs d'en faire la demande.
Au moment où le programme était prêt à recevoir les demandes à la fin du mois d'avril, de nombreux employeurs avaient déjà licencié des centaines de milliers de travailleurs. Il était tout simplement trop tard. Aujourd'hui, les employeurs évaluent le coût de réintégrer les travailleurs au moyen de la subvention, et ils se demandent pourquoi ils devraient payer de leur poche les primes d'assurance-maladie, les cotisations au régime de retraite et les charges sociales pour des travailleurs qui restent en congé payé.
Il y a également eu des problèmes d'admissibilité. Les employeurs du secteur public élargi, y compris nos membres des universités, des collèges et des sociétés de transport municipal, ne sont pas admissibles au programme même s'ils ont exprimé leur intérêt à y participer. Le ministère des Finances Canada a récemment lancé un appel de commentaires à l'égard du programme, et Unifor a demandé instamment au gouvernement de le remanier en élargissant son admissibilité et en couvrant les primes d'assurance-maladie des travailleurs et d'autres cotisations non imposables.
Tout compte fait, nos politiques canadiennes de sécurité du revenu doivent être revues de fond en comble. Cela inclut évidemment l'assurance-emploi et la SSUC, mais notre vision de l'insécurité financière doit aller bien plus loin. La crise actuelle a mis en lumière le faible salaire et les conditions de travail de plus en plus précaires que de nombreux travailleurs ont dû supporter ces dernières décennies. Elle a également mis en évidence l'iniquité des salaires entre les hommes et les femmes dans le secteur des soins et des services, ainsi que la profonde sous-évaluation de ce travail.
Unifor souhaite que la mise en œuvre d'une réforme profonde et durable des normes du travail se poursuive, notamment en haussant le salaire minimum fédéral à au moins 15 $ de l'heure, et en instaurant en permanence des congés de maladie payés. Les provinces doivent faire de même.
Nous sommes également conscients que la sécurité du revenu a autant à voir avec l'emploi qu'avec d'autres facteurs du caractère abordable, comme le logement, le loyer, le transport en commun, la mobilité, l'assurance-médicaments et la garde d'enfants. Ces éléments sont aussi importants pour un plan de relance économique harmonieux aujourd'hui, que pour une vision d'un Canada amélioré et plus équitable demain. Le Canada ne doit pas manquer d'ambition. Le moment est venu de proposer nos meilleures idées, comme le régime universel d'assurance-médicaments, la prestation universelle pour la garde d'enfants et la semaine de quatre jours. Ce sont des idées comme celles-ci qui nous permettent de renverser la vapeur devant la précarité croissante du marché du travail. Ce sont des idées qu'Unifor va proposer plus en détail au cours des prochaines semaines, alors que nous dévoilerons un cadre global pour la reprise économique du Canada.
S'il y a une chose que la pandémie nous a montrée, c'est que le manque d'investissements publics et la dépendance des marchés mondiaux pour les biens et les services essentiels ne peuvent que se retourner contre nous en temps de crise. Qu'il s'agisse d'équipements de protection individuelle, d'aliments ou de produits essentiels comme les véhicules sans émissions, nous devons rebâtir notre chaîne d'approvisionnement nationale de façon stratégique pour renforcer l'économie, protéger l'environnement et stabiliser les emplois. Pour y arriver, il faut un gouvernement plus actif, énergique et déterminé, un gouvernement qui travaille dans l'intérêt du public, qui est prêt à jouer un rôle actif dans l'économie, à se retrousser les manches et à tracer la voie pour générer de l'activité économique et de bons emplois. Le gouvernement ne doit pas se contenter de réduire les impôts, de signer des accords commerciaux médiocres et d'espérer ensuite que le secteur privé réponde à l'appel.
Les travailleurs canadiens méritent mieux que cela. Profitons de cette crise pour changer notre vision du développement industriel de façon à placer les travailleurs canadiens au premier plan. Unifor est prêt à apporter son aide.
Je vous remercie. J'attends vos questions avec impatience.
Je vais prendre le relais, mais sachez que les notes de M. Neumann sont en anglais et que ma langue maternelle est le français.
Premièrement, j'aimerais vous remercier de recevoir le Syndicat des métallos au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées.
Aujourd'hui, j'aborderai deux situations particulières qui touchent nos membres. Plusieurs membres du Syndicat des métallos sont venus vous rencontrer au cours des deux dernières années, sur la Colline du Parlement, pour parler de la protection des régimes de retraite et des avantages sociaux en temps de faillite. En fait, nous avons rencontré plus de 225 députés et sénateurs sur la Colline du Parlement, à Ottawa, pour vous faire part de cette situation.
Au cours des dernières années, nos retraités ont vécu littéralement des histoires d'horreur quand leur entreprise s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies ou a fait faillite. On n'a qu'à penser à ce qui est arrivé à Aciers inoxydables Atlas, à Sorel-Tracy, il y a quelques années, ou encore à Sears Canada, à Mabe, à Montréal, à l'usine de Papiers White Birch de Québec et, plus récemment, à une compagnie sur la Côte-Nord...
:
Récemment, sur la Côte-Nord du Québec, il y a eu la situation de Cliffs Resources, une compagnie qui a fait faillite puis qui a laissé plusieurs de nos retraités sans protection pour les médicaments, mais surtout avec une pension amputée. Je peux vous dire que, quand une personne retraitée voit la rente de son régime de pension amputée de plus 20 %, sa vie change beaucoup.
Dans le budget fédéral de 2018, le gouvernement a déclaré: « Tous les Canadiens ont le droit d'arriver à leur retraite avec l'esprit tranquille et les entreprises doivent faire preuve de bonne foi envers leurs employés. » Je crois qu'on ne peut pas se fier seulement à la bonne foi des entreprises. Je pense qu'on devrait changer la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. Je m'explique.
C'est vrai maintenant plus que jamais, on sait qu'il y a des compagnies qui sont à risque financièrement en raison de la pandémie de la COVID-19. Il va y avoir des faillites. À cause du choc financier et de la sous-capitalisation de certains régimes de retraite, nous avons des craintes pour les rentes négociées au fil du temps pour les travailleuses et les travailleurs canadiens, mais surtout pour les retraités. Plus que jamais, cela fait ressortir la nécessité de réformer la Loi sur la faillite et l'insolvabilité pour protéger les pensions et les avantages sociaux des travailleuses et des travailleurs canadiens.
Bien souvent, les intérêts des travailleurs et les retraités passent sous la table, après ceux des banques, des compagnies d'assurance, des municipalités, et même des commissions scolaires. Nous ne demandons pas à être les premiers sur la liste des créanciers en cas de faillite, nous ne voulons surtout pas nuire à la relance possible d'une entreprise qui viendrait se placer sous la protection de la loi, mais nous voulons quand même avoir la possibilité de passer avant les banques, avant les compagnies d'assurance, avant les municipalités et avant les commissions scolaires.
Les vraies personnes, qui doivent se nourrir, payer leur loyer et se soigner, doivent passer avant les banques. Quand un retraité de 85 ans, par exemple, apprend que sa pension va être coupée de 20 ou 21 %, c'est très difficile à encaisser. Il serait beaucoup plus facile pour les grandes banques canadiennes, pour les compagnies d'assurance, pour les municipalités, et même pour les commissions scolaires de surmonter la situation avec une perte plutôt que de pénaliser les retraités.
Lors de la dernière session du Parlement, le Syndicat des métallos a appuyé deux projets de loi d'initiative parlementaire et un projet de loi du Sénat qui allait dans ce sens. La Chambre a donc déjà eu la chance d'en débattre sans pouvoir voter sur ces projets de loi. Nous espérons que vous irez enfin de l'avant, vu la nécessité de réformer cette loi pour protéger les retraités canadiens.
Le deuxième point dont j'aimerais vous entretenir plus particulièrement porte sur le tourisme, l'hôtellerie et la restauration. J'aimerais attirer votre attention sur le sort des travailleuses et des travailleurs de cette industrie.
Au Québec, le Syndicat des métallos représente près 4 000 travailleurs du secteur de l'hôtellerie et de la restauration, et 90 % de ces travailleuses et de ces travailleurs ont perdu leur emploi. Pour le moment, la Prestation canadienne d'urgence a permis d'aider les travailleurs en situation d'urgence, mais vous savez que les experts prédisent que cela va prendre entre 18 et 24 mois avant la reprise de ce secteur d'activité. C'est un secteur qui vivait déjà de graves pénuries de main-d'œuvre. Il faut soutenir les travailleurs et les travailleuses de cette industrie pour qu'ils puissent s'appuyer sur une main-d'œuvre compétente lors de cette relance et en nombre suffisant lorsque viendra la reprise de ce secteur d'activité.
C'est souvent pendant l'été qu'on accumule des heures pour avoir droit aux prestations de l'assurance-emploi et on reçoit ces prestations dans les périodes creuses. Or, cet été, il n'y aura pas de tourisme international au Canada. Il n'y aura pas de bateaux de croisière. Il n'y aura pas de mariages. Dans bien des cas, les travailleurs et les travailleuses ne pourront pas travailler assez d'heures pour pouvoir faire une nouvelle demande d'assurance-emploi. Cette année, ce sera une saison morte pour une grande majorité des travailleurs de l'hôtellerie et de la restauration.
Qu'arrivera-t-il à la fin de la PCU? Il faut réfléchir maintenant à ce qu'il arrivera lorsque la PCU sera terminée. Je crois qu'il y a deux avenues: la prolongation de la PCU ou la modification de la période de référence pour avoir droit aux prestations de l'assurance-emploi.
Je sais que vous vous penchez actuellement sur le cas des travailleurs et des travailleuses du secteur des pêches. Nous croyons que les gens de l'hôtellerie et de la restauration devraient pouvoir bénéficier de ces mêmes protections. C'est important d'y penser. Qu'adviendra-t-il de l'industrie du tourisme et de la restauration sans ces travailleurs et ces travailleuses?
Je suis convaincu que vous aurez à cœur le bien-être des travailleurs et des travailleuses dans vos réflexions sur cette sortie de crise.
:
Merci, monsieur le président.
Que nos témoins sachent que j'ai le privilège de les questionner de Saint John, au Nouveau-Brunswick, où le mouvement syndical est très vigoureux et dont l'activisme possède une longue histoire.
Monsieur Dias, je tiens à vous remercier de votre présence pour nous faire connaître vos opinions, vos idées, vos compétences et, bien sûr, les questions et les soucis des 315 000 syndiqués d'Unifor au Canada. J'ai le privilège de travailler avec la direction d'Unifor comme Erin Howell Sharpe, Adam Costain, Trevor Young, Grant Charlton, Tamara Davidson-Kelly, Tammy Moore, Martin Melanson et Tom Clarkson.
Je n'ai pas l'intention de critiquer ou d'attaquer méchamment les syndicats. J'ai des questions pour vous.
Monsieur Dias, voici la première. Pendant votre comparution devant le comité des finances, le 21 mai, vous avez fait observer que les gouvernements des provinces de partout dans le pays ont fragilisé des réformes durement acquises de plusieurs lois sur le travail, ces dernières années, notamment le droit au congé payé de maladie. La semaine dernière, le a annoncé que notre gouvernement fédéral collaborerait avec les provinces et les territoires pour assurer à tous les travailleurs canadiens l'accès à au moins 10 journées de congés payés de maladie au cours de l'année, s'ils devaient en avoir besoin.
Comment voudriez-vous, vos membres et vous, voir les gouvernements s'entendre sur cette question?
D'abord, la pandémie nous a montré notre impréparation nationale à prendre soin de nous-mêmes, alors et maintenant. Nous avons délocalisé la production de tout notre équipement de protection individuelle. En fin de compte, nous étions réduits à nous disputer les ressources essentielles pour prendre soin de nous-mêmes.
Je suis toujours fasciné d'entendre les arguments de ceux qui prétendent que le secteur manufacturier canadien est mort. Franchement, la signature de l'accord de libre-échange, il y a 25 ans, a fait perdre plus d'un demi-million d'emplois manufacturiers à l'Ontario. Ça me fascine d'entendre tout le monde parler d'économie des petits boulots, de transformation et d'abandon de la fabrication et que, pendant ce temps, qui a pris la relève pendant la pandémie? L'industrie alimentaire et celle des pièces automobiles. C'est, par exemple, Bombardier, à Thunder Bay, ou des distilleries, comme Hiram Walker. C'est le secteur manufacturier qui a pris la relève et qui s'est mis à la transformation pour répondre à certains de nos besoins essentiels.
S'il faut nous donner une stratégie dès notre sortie de la pandémie, il est évident qu'il faudra relever l'emplacement des emplois et recenser les moyens permettant de stabiliser l'économie. Ça signifiera que le gouvernement devra se focaliser sur un secteur manufacturier fort. C'est la seule façon de maintenir l'emploi. C'est la seule, franchement, qui nous permette de stabiliser notre économie.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais d'abord saluer les grandes organisations syndicales comme Unifor, les métallos et le Congrès du travail du Canada, que nous avons rencontrées aujourd'hui. Je me permets de faire un commentaire: je pense que toute relance économique, tout plan d'action pour réaliser un projet de société, ne peut se faire sans les grands syndicats. Je les remercie de leur apport.
Je n'ai pas trouvé très drôles les questions des conservateurs. J'espère que cela ne se reproduira plus. Mes questions, je pourrais toutes vous les poser.
Aujourd'hui, au Comité spécial sur la pandémie de la COVID-19, j'ai demandé trois fois plutôt qu'une si la PCU allait être prolongée. Je trouve cela important. Ce ne sont pas toutes les entreprises qui vont redémarrer et ce ne sont pas tous les employés qui vont retrouver leur emploi. Certaines vont tarder à reprendre leurs activités.
On a parlé des secteurs du tourisme, de l'hébergement et de l'hôtellerie. Si j'ai bien entendu, c'est aussi une question majeure pour vous, et c'est aussi très important de revoir de façon globale le régime d'assurance-emploi pour l'avenir.
Quelqu'un veut-il me répondre?
:
Je vais vous donner un exemple bien concret. Disons qu'une entreprise fait faillite et qu'il y a un déficit de capitalisation du fonds de pension de l'ordre de 10 millions de dollars. Les banques seront payées avant les travailleurs et les travailleuses, tout comme les compagnies d'assurances, les municipalités et les commissions scolaires. S'il y a 500 personnes qui sont déjà à la retraite, cela veut dire qu'elles vont perdre jusqu'à 20 % de leur fonds de pension, ce qui représente beaucoup pour elles.
Prenez l'exemple d'un travailleur de 88 ans qui reçoit une petite rente de 800 $ de son fonds de pension. Si l'entreprise fait faillite, ce retraité pourrait perdre 200 $ de ces 800 $ par mois. Pour lui, c'est une catastrophe. Il ne pourra pas récupérer ces sommes, contrairement aux banques. Il n'y a pas une banque canadienne, une compagnie canadienne d'assurances ou une municipalité qui risquerait de faire faillite parce qu'elle n'a pas pu aller chercher 10 millions de dollars manquants dans un fonds de pension.
Prenons l'exemple de Mabe, une compagnie d'électroménagers de Montréal qui a fait faillite. Ses employés ont perdu une grande partie de leur pension. Ce n'est pas vrai que la Ville de Montréal aurait fait faillite si elle avait été payée après les retraités ou les commissions scolaires.
Ce que nous demandons, c'est qu'on protège ces retraités, qui sont souvent parmi les plus démunis, surtout les plus âgés, qui n'ont pas la chance de se refaire et de retourner sur le marché du travail pour aller chercher un peu d'argent et arrondir leurs fins de mois. Pour nous, c'est primordial.
Nous ne voulons pas nuire aux entreprises qui veulent se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Au contraire, nous voulons participer à leur relance. Cependant, les banques engrangent des profits de 10 milliards de dollars par année. Il est insensé que les banques, les compagnies d'assurances, les municipalités et les commissions scolaires passent avant les retraités. Nous demandons que le rang des retraités parmi les créanciers soit relevé. Nous ne voulons pas qu'ils soient au premier rang, mais ils devraient devancer les banques et les grandes compagnies d'assurances.
:
Oui, il s'agissait d'une annonce récente.
Je voudrais tout d'abord m'excuser du fait que mon micro ne permettait pas l'interprétation.
Je vous ai transmis mon mémoire et mes observations. J'espère que vous avez pu les consulter.
Nous ne sommes pas différents d'Unifor. Nous nous trouvons dans la même situation qu'eux.
Nous procédons à une négociation collective, nous mettons de l'argent de côté, pour ce régime de prestations supplémentaires de chômage, PSC, qu'on nous a encouragés à négocier. L'argent est là, mis de côté collectivement. C'est un peu comme négocier des régimes de pension. C'est de l'argent qui fait partie du programme de financement et qui est mis de côté pour les travailleurs en cas de besoin.
C'est aujourd'hui que nous en avons besoin, plus que jamais.
Au début, le gouvernement donnait l’impression qu'il allait autoriser l'utilisation du régime de PSC, mais cela a manifestement dérapé. Je crois, tout comme vient de le dire M. Dias, que la somme de 1 000 $ ne permet pas de répondre à vos besoins quand vous avez un salaire plus élevé, quand vous avez un métier, comme dans l'industrie de l'acier ou d'autres secteurs. Nous sommes dans le même bateau.
C'est ridicule. Le gouvernement peut et doit changer cela. Mille dollars, ce n'est pas suffisant.
Le gouvernement s'était engagé au départ à utiliser le régime de PSC.
Ce sont des fonds que toutes les parties concernées ont négociés de bonne foi afin d'aider les travailleurs en cas de besoin.