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La séance est ouverte. Bienvenue à la 20
e séance du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées.
Conformément aux ordres de renvoi du 11 avril et du 26 mai 2020, le Comité reprend son étude sur la réponse du gouvernement à la pandémie de la COVID-19.
La séance d'aujourd'hui se tient par vidéoconférence et les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. Je précise que la webdiffusion montrera toujours la personne qui a la parole, plutôt que l'ensemble des membres du Comité. Avant de parler, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêt à prendre la parole, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Je tiens à rappeler à tout le monde — et surtout aux témoins — d'utiliser le canal de la langue dans laquelle vous vous exprimez. Si vous voulez passer du français à l'anglais, assurez-vous tout d'abord de changer le canal avant de le faire.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons Doug Pawson, directeur général de l'organisme End Homelessness St. John's, la ville où je suis né; et Jacques Beaudoin, secrétaire général du Réseau québécois des OSBL d'habitation.
Monsieur Pawson, vous pouvez commencer votre déclaration liminaire.
Je tiens tout d'abord à remercier les membres du Comité et vous, monsieur le président, de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui.
Je vous remercie également de l'importance que vous accordez et du temps que vous consacrez à mieux comprendre les répercussions de la pandémie de la COVID-19 sur les plus vulnérables d'entre nous, en particulier les itinérants.
À End Homelessness St. John's, nous comprenons la nature des forces qui sont à l'œuvre et qui interagissent pour entraîner les plus vulnérables d'entre nous vers l'itinérance et l'instabilité domiciliaire. Nous sommes conscients et acceptons l'idée que l'itinérance n'est pas le problème en soi, mais bien le point culminant des échecs du système de soutien social. Ce sont ces échecs — qu'ils soient liés à la santé, à l'économie, à la pauvreté intergénérationnelle, au colonialisme, à l'exploitation, à la violence sexiste, à des traumatismes ou à d'autres éléments — qui pavent la voie à l'itinérance.
Nous sommes conscients également qu'il faut plus qu'un toit pour sortir de l'itinérance. Il faut avoir une stabilité domiciliaire et avoir les ressources, les compétences et la confiance nécessaires pour la maintenir. Nous croyons aussi surtout qu'il est possible, si tous les ordres de gouvernement se donnent la main, de mettre un terme à l'itinérance ici à St. John's et partout au pays.
Même si de nombreuses personnes dans notre communauté, et en fait partout au pays, continuent de souffrir en raison de la pandémie de la COVID-19, nous avons été témoin d'une chose, soit des moyens incroyables pris par tous les ordres de gouvernement pour unir leurs efforts afin de venir en aide aux plus vulnérables d'entre nous. En voyant les institutions accroître leur collaboration et devenir plus agiles, j'ai bon espoir que nous pourrons arriver à procurer un toit et une stabilité domiciliaire aux itinérants.
Le plan d'intervention d'urgence du gouvernement fédéral, en particulier les efforts déployés par Emploi et Développement social Canada et Vers un chez-soi, sous la direction du , du et de leurs équipes, mérite des éloges. Grâce aux fonds d'urgence qui ont été versés dans le cadre du programme Vers un chez-soi, des communautés comme la nôtre à St. John's ont pu affronter la pandémie, mais aussi commencé à réfléchir à la façon de tirer parti des investissements pour apporter les changements indispensables aux systèmes qui amèneront plus de communautés au Canada à réduire l'itinérance.
Il est devenu évident pendant la pandémie que les investissements requis pour mettre fin à l'itinérance dans notre communauté, comme dans de nombreuses autres au pays, sont nécessaires aujourd'hui plus que jamais. En effet, la pandémie a mis en lumière les problèmes importants qui existent dans notre système pour aider les plus vulnérables d'entre nous qui vivent en marge de la société. À St. John's, nous avons connu une hausse de la demande pour les refuges d'urgence, une hausse de la demande pour les services en santé mentale et une hausse de la demande chez les femmes fuyant la violence, qui témoignent de maux sociaux parmi tant d'autres. Ce que nous apprenons de très malheureux de la bouche de ceux qui travaillent dans le secteur des services aux itinérants, c'est que les problèmes qui empêchent les itinérants d'obtenir un logement à prix abordable et sécuritaire ne cessent de croître.
Il ne suffit pas de construire des logements pour mettre un terme à l'itinérance. Il faut que les stratégies et les investissements dans le logement et la lutte contre l'itinérance soient assortis d'autres mesures de soutien, car nombre d'itinérants en auront besoin.
Les recherches menées dans plusieurs communautés au pays au cours des 10 dernières années nous ont révélé que les itinérants sont plus à risque de morbidité et de mortalité; de maladies graves, y compris de traumatismes cérébraux et de maladies vasculaires; de maladies chroniques comme le diabète, le cancer et les problèmes respiratoires; de maladies mentales graves et de toxicomanie; ainsi que de maladies infectieuses, notamment l'hépatite C, le VIH et la tuberculose.
Ce que les recherches et ceux qui sont sur la ligne de front tous les jours partout au Canada nous disent ensemble, c'est que les itinérants ont souvent des handicaps et des problèmes médicaux qui les rendent plus à risque d'attraper la COVID-19. La pandémie nous a appris l'importance pour les ministères, qui de par leur nature fonctionnent en silo, de trouver des façons de collaborer. Si nous voulons trouver de nouvelles solutions pour remédier aux iniquités sociales et en matière de santé qui perdurent, tous les ordres de gouvernement devront s'engager à l'unisson sur la voie de l'innovation et de la collaboration.
C'est pourquoi pour nous à St. John's et partout à Terre-Neuve et au Labrador, nous voyons là une occasion d'instaurer, de concert avec notre province, un dialogue et une collaboration interministériels entre les responsables des programmes d'aide au revenu, le ministère de la Justice, les autorités de la santé, les autorités sanitaires régionales et notre société de logement provinciale. Le but est de procéder à une véritable refonte de nos systèmes de logement et de services aux itinérants pour mieux aider les plus vulnérables d'entre nous.
La même approche peut certainement être adoptée sous le leadership et avec l'engagement du gouvernement fédéral. Investir dans le Bureau du défenseur fédéral du logement et du Conseil national du logement est une façon de témoigner de cet engagement, tout comme investir pour mieux comprendre les besoins particuliers en logement des Autochtones vivant en milieu rural et urbain et l'itinérance partout au pays.
Même après les investissements très nécessaires du gouvernement fédéral dans le cadre de son plan d'urgence, il reste encore beaucoup à faire si nous voulons nous préparer à affronter une deuxième vague à l'automne. Nous savons que les coûts associés à la lutte contre l'itinérance sont partagés entre de multiples ministères et que l'harmonisation des investissements leur permet de les réduire.
Avec le soutien et le leadership du gouvernement fédéral, il serait possible de conjuguer les efforts pour que les organismes communautaires, comme le nôtre à End Homelessness St. John's, travaillent en étroite collaboration avec nos gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral pour maximiser les investissements et harmoniser le financement destiné à la Stratégie nationale sur le logement et Vers un chez-soi.
Je souhaiterais voir tous les ministères au sein du gouvernement fédéral ayant un mandat lié au logement, à l'itinérance et à la santé, et en fait tous les ministères ayant un mandat touchant la politique sociale, travailler ensemble pour veiller à ce que les investissements soient harmonisés et contribuent à la stabilité domiciliaire et à mettre un terme à l'itinérance.
Bien entendu, un programme d'aide postpandémie devrait prévoir de continuer à investir dans le logement et la prévention de l'itinérance. Il y a de nombreuses raisons à cela, mais les trois principales sont que tout investissement dans le logement accélérera la relance économique en créant des emplois très nécessaires; l'harmonisation des investissements permettra de réaliser des économies en trouvant des façons de [Difficultés techniques] l'itinérance et le logement; et surtout, cela permettra de sauver des vies dans les communautés.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui. Je serai heureux de prendre part à la discussion.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie tous les membres du Comité de nous avoir invités aujourd'hui.
Il est certain que les événements des derniers mois, vous en conviendrez, ont représenté un défi colossal pour l'ensemble des Canadiennes et des Canadiens. Cela a été le cas notamment pour le secteur que nous représentons, celui des organismes sans but lucratif, ou OSBL, d'habitation au Québec. Il s'agit de 1 250 organisations au Québec qui possèdent et administrent 2 600 ensembles immobiliers, soit près de 55 000 logements abordables, qui sont tous destinés à des clientèles variées qui présentent des caractères de vulnérabilité.
Parmi ces ménages, près de la moitié sont composés de personnes aînées, qui comptent, comme on le sait, parmi les personnes qui sont les plus exposées à un risque dans le contexte de la pandémie actuelle. Les autres sont des familles, monoparentales ou non, des femmes et des enfants victimes de violence, des jeunes en difficulté, des personnes risquant d'être en situation d'itinérance et d'autres qui vivent avec des problèmes de santé physique ou de santé mentale.
La variété des clientèles qu'on retrouve dans nos OSBL d'habitation représente à peu près tout le spectre des personnes les plus vulnérables de la société québécoise, comme c'est le cas aussi dans le domaine du logement sans but lucratif dans les autres provinces. La COVID-19 a ajouté une couche supplémentaire de difficultés pour ces personnes.
Cela étant dit, nous nous réjouissons, si je peux employer cette expression, du fait que moins de 5 % des ensembles de logements sans but lucratif au Québec ont connu des cas confirmés de COVID-19 au cours des dernières semaines. Parmi ceux-là, il n'y a pas eu de foyer d'éclosion important. J'ose croire que le fait d'avoir accès à un logement abordable, sécuritaire et bien entretenu, où on offre un soutien communautaire et où les gens prennent soin les uns des autres, a contribué aux résultats, somme toute, positifs en ce qui a trait à la protection des personnes.
Il y a presque un an jour pour jour, le 20 juin dernier, le Parlement du Canada posait un geste historique en reconnaissant le logement comme étant un droit fondamental de la personne. L'importance pour chacune et chacun de pouvoir compter sur un toit sous lequel on peut vivre en sécurité n'est jamais apparue aussi évidente que dans le contexte de la pandémie actuelle. L'engagement qui est inscrit dans la Loi sur la stratégie nationale sur le logement et qui consiste à faire avancer la réalisation progressive du droit à un logement suffisant doit inspirer la réponse du gouvernement à la pandémie et le plan de rétablissement qui va venir dans les prochaines semaines ou les prochains mois.
Les organismes que nous représentons, leurs gestionnaires et les milliers de bénévoles qui y travaillent n'ont vraiment ménagé aucun effort, au cours des trois derniers mois, afin de mettre en place les mesures de protection recommandées par les diverses autorités de santé publique, et cela, malgré le peu de moyens dont ils disposent. Je cite le contrôle des allées et venues dans les immeubles, l'intensification de l'entretien sanitaire, la fourniture de l'équipement de protection individuelle, ainsi que la préparation et de la livraison des repas aux personnes âgées dans les résidences pour aînés directement dans leurs unités locatives. Tout cela a eu une incidence majeure sur les dépenses d'exploitation de nos organismes membres.
Une enquête que nous avons menée auprès d'eux dans les derniers jours nous permet d'évaluer à environ 30 millions de dollars les surcoûts entraînés par la pandémie dans l'ensemble des OSBL d'habitation au Québec au cours des trois derniers mois. Il s'agit principalement de frais associés aux ressources humaines et matérielles supplémentaires qui ont dû être mobilisées. Cela s'ajoute aussi à la perte de certains revenus. Bien que cette perte ait été moins importante qu'on aurait pu le prévoir, celle-ci ajoute quand même une pression sur l'équilibre budgétaire de nos organismes. Il y a eu une perte de revenus locatifs, surtout en raison de la difficulté à louer les logements devenus vacants et qu'on ne pouvait pas faire visiter des locataires potentiels. Ces pertes de revenus totalisent une dizaine de millions de dollars.
Il faut savoir que la très grande majorité de nos organismes ne reçoivent aucun soutien financier à l'exploitation. Toute augmentation des dépenses doit nécessairement être compensée par une hausse de leurs revenus autonomes. Puisque ceux-ci proviennent des loyers, cela pose un défi pour le maintien de l'abordabilité de nos logements. Les programmes d'aide mis en place, comme la Subvention salariale d'urgence, ont surtout été conçus pour aider les entreprises ayant subi d'importantes pertes de revenus, pas nécessairement celles qui, plutôt que de subir une importante perte de revenus, ont subi une augmentation importante des dépenses. Nos membres n'ont donc pas pu bénéficier de ce programme en particulier. Un certain nombre d'entre eux ont toutefois bénéficié du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes. Ils s'en sont prévalus et nous en sommes très heureux. D'ailleurs, cela leur a été très utile.
Nous espérons que, dans les prochains jours, le Fonds d'urgence pour l'appui communautaire de 350 millions de dollars qui a été annoncé pour les organismes communautaires viendra soutenir nos organismes sans but lucratif d'habitation, qui en ont bien besoin.
Dans ma présentation, j'ai fait valoir que le droit au logement devrait inspirer la réponse du gouvernement à la pandémie. Cela doit se traduire, à notre avis, par une relance, une accélération de la Stratégie nationale sur le logement. Nous avons besoin d'une stratégie plus ambitieuse et plus forte. La Société canadienne d'hypothèques et de logement s'est donné pour objectif de faire en sorte que, d'ici 2030, tous les Canadiens et toutes les Canadiennes aient un logement abordable. Pour y arriver, il faut que la Stratégie nationale sur le logement offre de meilleures conditions quant à la réalisation et encore plus de flexibilité relativement aux programmes.
Compte tenu de la situation que nous vivons maintenant et que nous allons vivre au cours des prochaines semaines en raison de la crise sanitaire, nous invitons le gouvernement à considérer la possibilité de créer un fonds d'urgence pour soutenir l'acquisition, par des organismes sans but lucratif et, éventuellement, par des municipalités, de logements abordables pouvant devenir disponibles dans le marché privé. Un ralentissement, voire un effondrement, du marché immobilier est attendu, annoncé ou projeté. Dans ce contexte, certains propriétaires voudront se départir de leurs actifs.
Il existe actuellement dans le marché privé des logements abordables que l'on souhaite conserver. Nous ne voulons pas que la situation devienne comme celle que nous avons connue au lendemain de la crise de 2008, soit un genre de « financiarisation » dumarché immobilier. Celle-ci a conduit à une perte massive de logements abordables. Entre 2011 et 2016, le Canada a perdu 322 000 logements abordables pour les ménages gagnant moins de 30 000 $ par année. Les programmes actuels de la Stratégie nationale sur le logement, aussi valables soient-ils, n'offrent pas la souplesse nécessaire pour favoriser de telles acquisitions. Celles-ci permettraient de préserver le parc de logements abordables et d'en assurer la pérennité en les retirant du marché spéculatif.
En conclusion, je voudrais vous transmettre un message de la part de l'ensemble des représentants du secteur du logement social et communautaire québécois. Ces gens souhaitent ardemment que l'entente entre Ottawa et la province sur le transfert de fonds prévu dans la Stratégie nationale sur le logement soit enfin conclue, et rapidement. Le Québec est la seule province à ne pas avoir accès à ces fonds. Selon nous, ces sommes sont absolument nécessaires pour qu'on puisse continuer à répondre aux besoins des centaines de milliers de ménages du Québec dont les besoins en matière de logement sont impérieux.
La pandémie nous a montré que les gouvernements sont capables, quand ils en ont la volonté et que la situation l'impose, d'agir de façon rapide et décisive en situation de crise. Ce que nous avons réussi à faire collectivement, dans le contexte de la crise sanitaire, nous devrions pouvoir le faire également pour affronter la crise du logement.
Je vous remercie de votre attention.
En fait, depuis l'annonce de la Stratégie nationale sur le logement, en 2017, nous avons salué cet engagement et la volonté générale qui a présidé à l'élaboration de cette stratégie. Cependant, en pratique, il reste encore beaucoup de travail à faire pour concrétiser cela sur le terrain, pour arrimer les différentes interventions et les différents programmes.
Au Québec, la situation est relativement particulière. En effet, depuis 20 ans, surtout à la suite du retrait des investissements en logement social par les gouvernements fédéraux antérieurs, le Québec a développé des infrastructures, un écosystème et des programmes qui ont permis de mettre en placer des logements sociaux et communautaires.
Il y a un arrimage à faire afin que la volonté exprimée par le gouvernement fédéral soit transmise aux gens sur le terrain et que le développement se poursuive.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie également M. Pawson et M. Beaudoin.
D'entrée de jeu, j'aimerais simplement répondre à mon collègue du gouvernement qui se demandait si le gouvernement avait bien agi depuis les deux ou trois dernières années en matière de logement.
Je vais rappeler quelques faits quant à la situation du logement au Québec, en ce moment. Les besoins en matière de logement sont impérieux: 500 000 ménages consacrent plus de 30 % de leurs revenus au logement; 300 000 ménages y consacrent plus de 50 % de leurs revenus; et 82 000 ménages y consacrent 80 % de leurs revenus. Ce sont des faits concrets, et cela se produit présentement au Québec. La situation n'est pas rose, surtout que certaines sommes consacrées au logement social, notamment, dorment à Ottawa — ces sommes n'ont pas été versées aux provinces.
Monsieur Beaudoin, je veux rétablir les faits. Lorsqu'il est question de logement, les termes sont importants, surtout que les gouvernements du monde entier disent aux gens de rester à la maison.
Pourriez-vous expliquer la différence entre le logement abordable et le logement social?
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J'en parlerai avec plaisir, monsieur Trudel.
Je ne dis pas que le Québec est meilleur que les autres provinces, car chaque province a ses politiques, ses contraintes, ses orientations et ses façons de faire.
Par la force des choses, nous avons mis au point, depuis une vingtaine d'années, un modèle qui est grandement basé sur l'initiative des communautés. Les projets qui sont conçus et qui reçoivent un soutien des autorités et du financement gouvernemental sont issus des milieux, des communautés. C'est ce qui nous a permis de mettre en place des dizaines et des dizaines de résidences pour aînés en milieux ruraux, dans de petites communautés.
Dans une centaine de municipalités au Québec, sans ces OSBL d'habitation pour offrir des logements assortis de services aux personnes âgées, ces dernières devraient quitter leurs milieux et s'exiler dans de grands centres à leur retraite ou à la fin de leur vie, car il n'y aurait pas de logements assortis de services pour des personnes âgées.
Dans chacune de ces communautés, des personnes de bonne foi ont uni leurs efforts, et l'appui du gouvernement, le financement provenant du secteur privé et la mise en commun des initiatives ont fait en sorte que l'on a réussi à concevoir ces projets.
Comme vous l'avez mentionné, cela ne veut pas dire que tout est beau et que tout est réglé. Il y a encore d'immenses problèmes liés à l'accessibilité au logement, à l'accès à un toit. Il y a encore beaucoup à faire. Nous avons besoin que des fonds soient disponibles dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement. Une entente doit être signée dans les plus brefs délais.
Toutefois, la base est là. Il y a des programmes et une façon de faire qui vont nous permettre d'utiliser ces sommes pour continuer le développement.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens aussi à remercier nos témoins pour leur témoignage.
Afin de réellement offrir un soutien et une aide stables aux personnes dans l’itinérance chronique, il est nécessaire pour nous de comprendre les besoins et l’incidence de la crise de la COVID-19 sur leurs besoins. Votre point de vue aujourd’hui est très précieux, et nous vous en savons gré.
Ma première question s’adresse à Doug Pawson. Lorsque j’ai examiné le travail d’End Homelessness St. John’s, j’ai remarqué que le Logement d’abord était un principe directeur. Je suis certaine que vous savez que l’approche Logement d’abord a été mise en œuvre dans le cadre de la Stratégie fédérale des partenariats de lutte contre l’itinérance en 2014, et que des modifications apportées à cette initiative en 2018 ont éliminé la cible d’investissement de 65 % de Logement d’abord pour que le financement puisse être affecté ailleurs.
À mon avis, il est nécessaire de délaisser les interventions de crise et d’urgence à court terme pour réduire efficacement l’itinérance chronique au Canada. Pouvez-vous dire au Comité pourquoi votre organisation se sert de l'approche Logement d’abord comme principe directeur et nous parler du succès que cette approche a eu?
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Pour nous, l’approche Logement d’abord est une philosophie qui reconnaît avant tout que, pour participer pleinement à la vie socioéconomique, il vous faut un logement, qui doit être sûr et sécuritaire.
Pour en revenir à votre question ou à vos commentaires relatifs à la transition entre la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance et Vers un chez-soi, et qu’on en retire la connotation à l’approche Logement d’abord, je pense que l’intention, qui découle de consultations auxquelles j’ai participé et de choses que j’ai entendues d’autres organes communautaires au pays, est qu’elle a rehaussé la latitude des collectivités pour faire des investissements qui étaient plus stratégiques pour leur communauté.
Je vais vous donner un exemple. Ici à St. John’s, nous voyons un écart. Les initiatives Logement d’abord s’articulent souvent autour de programmes de relogement rapide et de programmes intensifs de gestion des cas. Ils relèvent souvent de la compétence des gouvernements provinciaux. Dans notre cas, l’investissement du gouvernement fédéral par l’intermédiaire de Vers un chez-soi à St. John’s n’est tout simplement pas suffisant pour investir ce financement de façon stratégique dans la collectivité et d’avoir une incidence sur le secteur des services d’aide aux sans-abri. Nous restons fidèle à la philosophie Logement d’abord, et nous voulons que les particuliers aient le libre arbitre pour entrer dans l’itinérance et en sortir, mais nous reconnaissons aussi que nous devons travailler très étroitement avec notre gouvernement provincial où ces types d’interventions sanitaires doivent être plus intégrées aux stratégies de logement et de lutte contre l’itinérance.
C’est un peu un défi auquel nous faisons face et qui nous est propre, mais je ne pense pas qu’il soit unique au pays, où les gouvernements provinciaux gèrent leurs stratégies de logement et de lutte contre l’itinérance sans consulter les organismes communautaires.
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Dans le contexte de la crise sanitaire, il s'agit vraiment d'assurer l'accès à un toit et à des lieux sécuritaires afin que tous se conforment aux mesures sanitaires recommandées.
Au cours des dernières semaines, nous avons fait des expériences intéressantes en collaboration avec des équipes du milieu de la santé et des services sociaux ainsi qu'avec des municipalités. À Montréal, par exemple, un travail fantastique a été fait pour assurer que le moins de gens possible étaient contraints de vivre dans la rue et que les gens avaient un endroit où obtenir un suivi et un encadrement. Dès qu'une personne présentait des symptômes de la COVID-19, elle était prise en charge. Il faut donc établir un arrimage entre le soutien communautaire, l'accès à un logement et le travail d'intervenants qui peuvent assurer un suivi auprès des personnes en difficulté.
L'itinérance est toujours liée à un problème de logement, mais ce n'est pas uniquement de cela qu'il s'agit. Elle est toujours assortie d'une panoplie de problèmes. Le soutien communautaire et l'accès à des ressources sont donc fondamentaux si nous voulons réussir la transition éventuelle vers l'accès à un logement.
Nous avons fait des expériences intéressantes, dans un contexte de crise où nous avons dû agir rapidement pour aider les gens. Cela nous donne une idée de ce que nous pourrions faire dans l'avenir pour aider les personnes susceptibles de se retrouver en situation d'itinérance.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à m’excuser à l’avance. Les bandes audio et vidéo de la réunion ne sont pas très bonnes de mon côté, mais je pense que si vous arrivez à m’entendre, je vais continuer.
Je tiens à remercier nos intervenants pour leurs excellents exposés. J’ai des questions.
Comme M. Beaudoin l’a mentionné, à juste titre, dans ses remarques liminaires, notre gouvernement fédéral a enchâssé dans la loi canadienne notre engagement à favoriser une approche fondée sur les droits de la personne à l’égard de la politique en matière de logement, si bien que la Loi sur la stratégie nationale sur le logement a été déposée et adoptée au cours de la dernière législature.
Je vais commencer par vous, monsieur Pawson, et je passerai ensuite à M. Beaudoin. À votre avis, la pandémie de COVID-19 a-t-elle jeté l’éclairage sur le besoin d’opter pour une stratégie fédérale sur le logement fondée sur les droits de la personne?
Monsieur le président et honorables membres du Comité, je suis ravie d’avoir l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui.
En réponse à la COVID-19, l’Institut C.D. Howe a mis en place quatre groupes de travail de crise afin de distiller rapidement des conseils politiques d’experts. Il a aussi publié quotidiennement un grand nombre d’articles pour traiter des questions liées à cette crise. L’un de ces groupes est le groupe de soutien au revenu et au crédit des ménages, qui s’est penché sur les conséquences immédiates de la crise sur le marché du travail et les revenus, ainsi que sur la transition vers le retour au travail et la réouverture de l’économie.
Aujourd’hui, j’aimerais résumer une évaluation globale du programme de Prestation canadienne d’urgence, souligner ses problèmes actuels et fournir quelques options stratégiques pour les résoudre, sur la base de notre travail et des résultats de notre groupe de travail.
La Prestation canadienne d’urgence a été un élément précoce et essentiel dans la réponse du gouvernement fédéral à la crise. En appui à une stratégie de maintien à domicile visant à aplatir la courbe, la Prestation canadienne d’urgence était particulièrement nécessaire pour garantir que les ménages restent solvables tant que les restrictions sont en place. L’introduction du programme était aussi en partie une tentative de combler les lacunes de la couverture de l’assurance-emploi. Par exemple, les travailleurs qui occupent des emplois précaires, comme les travailleurs à temps partiel, sont moins susceptibles de respecter le nombre minimum d’heures assurables requis pour être admissibles à l’assurance-emploi. Les statistiques du marché du travail montrent que la crise a surtout touché les travailleurs à faible salaire horaire, ce qui souligne l’importance de ce programme.
Cependant, avec l’attention croissante portée à la réouverture de l’économie, la Prestation canadienne d’urgence devient un problème. Le programme a été très populaire. En date du 4 juin, plus de 8,4 millions de demandes uniques avaient été présentées, soit environ 44 % de la population active occupée au Canada en février 2020. Bien que la forte utilisation de la Prestation canadienne d’urgence puisse être liée, dans une certaine mesure, à la lenteur du déploiement du programme canadien de subventions salariales d’urgence et à l’absence d’un message fort et de précisions sur l’admissibilité au départ pour éviter tout abus du programme, le simple nombre de demandeurs peut être révélateur de problèmes liés à la Prestation canadienne d’urgence en elle-même, qu’il convient de résoudre.
Premièrement, ses critères d’admissibilité sont très larges et, contrairement au programme d’assurance-emploi, il n’est pas nécessaire de rester disponible pour travailler et de rechercher activement un emploi. Deuxièmement, le montant de la prestation est relativement généreux pour les personnes à faible revenu et n’est pas lié au revenu pré-pandémie. Troisièmement, le taux de récupération est trop élevé dans le cadre de ce programme, puisque la prestation est nulle pour le premier dollar de revenu gagné au-delà de 1 000 $. Tous ces facteurs créent d’importants facteurs de dissuasion concernant le retour au travail, en particulier chez les personnes à faible revenu, ce qui ralentit la reprise.
Quelle est la meilleure façon de procéder?
Les stratégies de réouverture étant différentes selon les industries du pays, le gouvernement doit s’écarter d’un plan national de soutien au revenu unique et créer des aides au revenu mieux adaptées.
En général, deux options sont offertes pour fournir un soutien continu du revenu aux bénéficiaires de la Prestation canadienne d’urgence qui, après avoir épuisé leur période d’admissibilité maximale, peuvent rester au chômage sans avoir accès aux prestations d’assurance-emploi.
La première option consiste à étendre la Prestation canadienne d’urgence, mais en introduisant de nouvelles modifications d’élimination progressive fondées sur certaines caractéristiques du programme d’assurance-emploi qui peuvent aider à résoudre les problèmes d’incitation au travail et à soutenir la transition vers le travail. Les caractéristiques de l’assurance-emploi à prendre en compte pour modifier la Prestation canadienne d’urgence sont les suivantes: l’obligation de rester disponible pour travailler et de rechercher activement un emploi; la disposition du programme d’assurance-emploi relative au travail pendant une période de prestations en fixant des modalités de récupération appropriées en fonction du revenu, tirées des expériences internationales; le lien entre le montant de la prestation et le revenu pré-pandémie; et la prestation de partage des responsabilités parentales de l’assurance-emploi, pour permettre aux parents de partager les responsabilités de garde d’enfants lorsqu’aucune option de garde n’est disponible.
Pour fournir un soutien au revenu, il existe une option autre que la réforme de la Prestation canadienne d’urgence. Il s’agit d’étendre le programme d’assurance-emploi en réformant les critères d’admissibilité pour assumer le rôle de la Prestation canadienne d’urgence.
Le choix du programme à réformer dépend en grande partie de la durée de la crise et de la période de reprise, ainsi que du nombre de bénéficiaires de la Prestation canadienne d’urgence ayant besoin d’un soutien financier après la fin de la prestation. Il faut donc disposer de données plus nombreuses et de meilleure qualité pour prendre des décisions éclairées sur un modèle de transition de soutien au revenu.
Lors de la planification de la prochaine phase à court terme, le gouvernement devrait s’efforcer de préserver l’équité entre ceux qui continueraient à recevoir la Prestation canadienne d’urgence et les autres qui continueraient à travailler sans en bénéficier. Une proposition pour équilibrer les préoccupations relatives aux incitations au travail et à l’équité consisterait à combiner une Prestation canadienne d’urgence modifiée avec un programme de prime de travail temporaire qui offre un crédit d’impôt sur le revenu gagné pour les travailleurs à bas salaire.
Pour combler le déficit de couverture des personnes qui ne sont pas en mesure de retourner au travail, la prime au travail et la Prestation canadienne d’urgence modifiée peuvent être complétées par des mesures complémentaires ciblées, telles qu’un crédit d’impôt remboursable pour la garde d’enfants pour les parents qui retournent au travail, et une augmentation de la Prestation canadienne pour enfants.
Les options stratégiques à plus long terme pour soutenir les Canadiens pendant la pandémie et la reprise devraient également prévoir des investissements dans le recyclage, la reconversion et l’amélioration des compétences pour faire face aux déplacements à long terme et au chômage structurel, car le marché du travail est en mutation.
Les politiques mentionnées précédemment peuvent offrir aux décideurs politiques des options pour soutenir les Canadiens pendant la crise tout en facilitant la transition vers le retour au travail. Ce sont les principaux points que je souhaitais souligner. Je vous remercie de votre attention et je me réjouis de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
D'abord, j'aimerais vous remercier de m'avoir invité à me joindre aux membres du Comité pour discuter de la réponse du gouvernement fédéral à la pandémie de la COVID-19.
[Traduction]
J’aborde cette question sous différents angles. J’ai passé huit ans sur la Colline du Parlement en tant que collaborateur politique, dont cinq au Cabinet du premier ministre Jean Chrétien. J’ai passé onze ans à Queen’s Park en tant que député, sept ans au Cabinet, dont quatre ans en tant que ministre de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario.
Je me suis retiré de la politique pour me consacrer à la recherche universitaire. J’occupe actuellement le poste de directeur du Centre d’éthique publique du Martin Luther University College, institution fondatrice de l’Université Wilfrid Laurier. Je suis également praticien en résidence au département de sciences politiques de cette université et j’enseigne dans le cadre du programme de maîtrise en administration publique de l’Université de Waterloo.
À partir de toutes ces perspectives, permettez-moi de faire brièvement quatre observations liées à la question qui vous est présentée.
La première concerne les emplois. Alors que le Canada commence à sortir de la COVID-19, il ne fait aucun doute que nous serons confrontés à une crise de l’emploi d’une ampleur sans précédent. De nombreux emplois perdus pendant la pandémie vont tout simplement disparaître. Les jeunes ont été particulièrement touchés. Les derniers chiffres de Statistique Canada sur l’emploi sont tristes, tant pour les jeunes étudiants que pour les jeunes non-étudiants. [Difficultés techniques] les sous-sols des parents temporairement pour surmonter la pandémie se demandent maintenant s’il s’agit d’une situation permanente. Alors que faire? Il est crucial de créer un environnement économique adéquat, mais nous devons également nous assurer que les demandeurs d’emploi ont les compétences nécessaires.
Pendant la récession de 2008, alors que j’étais ministre, c’est moi qui ai mis en place le programme de deuxième carrière de l’Ontario, qui existe toujours. Ce programme a assez bien réussi à aider certaines catégories de travailleurs licenciés à améliorer leurs compétences. Nous allons devoir aller beaucoup plus loin que le programme de deuxième carrière et adopter une approche qui mobilise tout le monde, dans le cadre de laquelle tous nos établissements d’enseignement postsecondaire travaillent beaucoup plus étroitement avec les employeurs potentiels pour s’assurer que leurs programmes correspondent aux besoins d’une économie en mutation. L’admission continue, la délivrance de microcrédits, l’apprentissage tout au long de l’année et l’apprentissage par l’expérience obligatoire devraient tous faire partie du dialogue post-pandémie.
Nous pouvons y arriver. La COVID-19 nous a appris que, si on le pousse, notre secteur de l’enseignement postsecondaire et de la formation, quelque peu léthargique, peut devenir agile et créatif pour modifier notre façon de fonctionner. Il suffit de demander à tous ceux qui ont dû rapidement transformer leurs cours en classe en enseignement à distance en raison de la COVID-19. Il ne s’agit pas de la fin des programmes de littérature et de théologie, mais il est tout à fait possible d’enseigner des sujets comme ceux-ci de manière à développer les compétences nécessaires et à donner aux étudiants une expérience pratique.
Bien que le gouvernement du Canada ait un rôle clé à jouer dans cette transformation, il doit reconnaître le leadership des provinces et des territoires dans ce domaine, ce qui est le deuxième point que je souhaite aborder: il faut respecter les compétences. De nombreux Canadiens, en particulier ceux de l’Ontario, se tournent souvent vers Ottawa pour y trouver un leadership en temps de crise, même dans les domaines qui relèvent de la compétence provinciale ou territoriale, et le gouvernement fédéral est tenté de réagir en empiétant sur cette compétence.
En tant qu’ancien ministre provincial, je prie le gouvernement fédéral de reconnaître le leadership de nos provinces et territoires dans des domaines tels que l’enseignement et la formation postsecondaires. Soutenez-les, mais n’essayez pas de créer au niveau fédéral des capacités et des programmes qui font double emploi. Les provinces et les territoires connaissent leurs besoins. Ils connaissent leurs établissements d’enseignement et leurs fournisseurs de formation. Oui, il faut absolument agir en tant que responsable et remodeler les programmes d’assurance-emploi, le soutien fédéral aux étudiants et les politiques fiscales fédérales, mais il faut le faire en partenariat direct avec nos provinces et territoires. Une énergie remarquable se fait sentir, et tous les ordres de gouvernements doivent l’exploiter, ce qui m’amène à mon troisième point.
En tant que directeur d’un centre dans une institution confessionnelle consacrée à l’éthique publique, je vous conseille de ne pas oublier les communautés confessionnelles du Canada lorsque vous élaborez et mettez en œuvre des politiques et cherchez des partenaires. Les voix religieuses ont quelque chose à offrir à notre débat public actuel. Collectivement et individuellement, elles sont impatientes de voir notre monde se transformer en un monde qui se concentre sur les marginaux et qui remet en question le consumérisme et l’indifférence de notre société. Les communautés religieuses du Canada sont engagées de longue date dans des questions progressistes et ont été actives pendant la crise actuelle en soutenant les personnes seules, démunies et vulnérables. Elles se sont également tournées vers l’avenir.
Je pense au travail de Joe Gunn, directeur général du « Centre oblat — Une voix pour la justice » à l’Université Saint-Paul d’Ottawa, et de sœur Sue Wilson, directrice du Bureau pour la justice systémique de la Federation of Sisters of St. Joseph à London, en Ontario. Leur commentaire réfléchi sur la nécessité d’un cadre éthique pour le monde post-COVID-19 n’est qu’un exemple parmi d’autres des nombreuses voix de la foi qui appellent à un réel changement sur des questions telles que l’inégalité des revenus, l’environnement et la réconciliation des populations autochtones, voix qui comptent 43 évêques luthériens et anglicans qui ont collectivement exprimé leur soutien en faveur d’un revenu annuel garanti. Engagez et faites participer ces voix.
Je vais changer un peu d’orientation pour mon dernier point et aborder le rôle des comités comme le vôtre.
J’étais le leader parlementaire du gouvernement pendant le dernier gouvernement minoritaire de l’Ontario. Je reconnais le rôle important que jouent les comités pour écouter les Canadiens, conseiller le Parlement et examiner les lois et les programmes. Je comprends également le pouvoir qu’ont les comités de faire venir des personnes, des documents et des dossiers, pratiquement sans contrôle dans une situation de gouvernement minoritaire. Oui, ce pouvoir peut être utilisé pour demander des comptes au gouvernement. Malheureusement, il peut aussi être utilisé pour partir en guerre et prendre le gouvernement en défaut en exigeant de lui une quantité inépuisable de documents et de témoins, simplement dans le but de le faire mal paraître.
J’ai vu des comités paralyser des gouvernements alors que des dizaines de fonctionnaires laissaient tout tomber pour répondre à la hâte à une demande compliquée de comité imaginée sur un coup de tête par des recherches de l’opposition. Ils négligeaient ainsi les besoins des citoyens et étaient obligés de supprimer la flexibilité et la souplesse des programmes afin d’échapper à l’examen des comités.
Oui, il faut demander des comptes au gouvernement, mais reconnaître que les décisions de ces derniers mois ont été prises rapidement en terrain inconnu. Beaucoup d’erreurs ont sans doute été commises par des personnes travaillant de bonne foi. Résistez à la tentation d’en faire le centre de votre travail.
Ce n’est pas un conseil partisan. Je donnerais le même conseil aux libéraux s’ils étaient dans l’opposition.
Voilà qui conclut mon exposé d’aujourd’hui, avec quatre points, certes différents: se concentrer sur l’éducation et la formation, respecter les compétences, faire participer les communautés religieuses et résister à la tentation d’utiliser le pouvoir des comités dans un Parlement minoritaire pour saper le travail du gouvernement.
Je me réjouis à la perspective de répondre à vos questions.
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Oui, la plupart des agriculteurs que je représente utilisent de la main-d'œuvre étrangère, mais bon nombre d'entre eux dépendent également d'une base stable de main-d'œuvre saisonnière provenant d'Abbotsford, de Mission et des régions avoisinantes qui se situent à proximité des champs.
Je vais changer de direction en ce qui concerne les questions que j'adresse aux deux témoins, et je vais demander à M. Milloy de bien vouloir répondre à la question suivante.
Un sujet qu'aucun de vous n'a abordé mais qui est très actuel en ce moment concerne les dépenses d'infrastructure, les retards que nous constatons et l'incidence que cela pourrait avoir sur la COVID-19. Un grand nombre de projets financés par le gouvernement actuel ont en fait été réalisés au moyen du Nouveau Fonds Chantiers Canada de 2014, c'est-à-dire à l'aide du reste des fonds du programme créé par les conservateurs avant les élections de 2015.
Le plan actuel Investir dans le Canada a été annoncé par les libéraux en 2016. Ma province, la Colombie-Britannique, a été l'une des premières à signer un accord bilatéral intégré avec le gouvernement fédéral à cet égard, et la date limite pour les projets d'infrastructure communautaire à Mission était le 23 janvier 2019. C'était il y a un an et demi, mais nous n'avons toujours pas eu de nouvelles à ce sujet. Le site Web indique que les décisions finales sont prévues pour le printemps 2020, une échéance qu'ils repoussent continuellement. Donc, à moins que tout ne soit annoncé demain, l'été 2020 sera là. Je ne sais pas si c'est un simple cas d'incompétence, mais de nombreuses municipalités sont très frustrées par cette situation.
Dans ma circonscription en particulier, nous attendons une station de pompage sur la rivière Miami, une piscine intérieure à Kent et une patinoire à Lillooet.
Quelle assurance les Canadiens ont-ils que le volet du programme d'infrastructure lié à la COVID-19, que le gouvernement libéral laisse présager et qui relèvera de la , sera en mesure de financer des projets en temps voulu?
Monsieur Malloy, la parole est à vous.
Dans des moments comme celui-ci, je suis heureux de m'être retiré de la politique.
Je ne peux pas parler des détails de ce qui se passe à l'échelle fédérale, mais je peux certainement parler du rôle important que les infrastructures jouent. J'espère que nous assisterons à l'établissement de ces partenariats, et que ceux-ci tiendront compte des points de vue des municipalités et des provinces.
L'autre aspect consiste à s'assurer que nous disposons de travailleurs qui sont capables d'entreprendre le travail. Cela nous ramène aux observations que j'ai formulées. Lorsque je parlais de l'éducation postsecondaire, je ne faisais pas seulement allusion aux universités et aux collèges. Je pensais aussi aux apprentissages et à l'importance qu'ils revêtent pour garantir que des gens se lancent dans les métiers. Il y a des jeunes qui, en ce moment, ressentent beaucoup de peine et qui se disent: « Qu'est-ce que l'avenir me réserve? ». Il est certain que les métiers offrent de véritables perspectives d'emploi.
Je vous présente des excuses, car je ne peux évidemment pas faire des commentaires sur ce qui se passe exactement au sein du gouvernement fédéral, mais l'infrastructure va évidemment constituer une énorme injection dans l'économie des deux manières suivantes: dans les emplois immédiats et dans la création de ce cadre. J'ai dit que tout le monde devait être de la partie. Si nous mettons en œuvre des projets d'infrastructure, j'espère que nous allons aussi les rattacher aux enseignants, aux formateurs et aux chômeurs, afin de nous assurer que nous pouvons tirer profit de la main-d'œuvre locale et que les gens veulent s'impliquer.
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Je ne peux que formuler des observations en ma qualité d'observateur, et aussi d'ancien politicien qui était assis à la table des négociations, puisque je n'ai jamais été ministre de la Santé.
Je pense évidemment que cela nous donne l'occasion d'examiner de nombreux systèmes, y compris le système des soins de longue durée. Il y a eu une grande remise en question. Les soins de longue durée sont un sujet sur lequel tous les gouvernements se sont penchés. Je ne sais pas si c'est nécessairement une question partisane, mais je ne crois pas qu'un gouvernement ait particulièrement bien réussi à faire en sorte qu'il y ait à la fois des services de soutien communautaire, permettant aux aînés de vieillir dans leur foyer et de vivre au sein de leur collectivité, et un système de soins de longue durée efficace.
Je pense que certains problèmes ont été largement exposés, notamment en ce qui concerne les inspections et la capacité de découvrir ce qui se passe. Souvent, les personnes âgées n'ont pas voix au chapitre, et leurs familles peuvent devenir frustrées. En tant que député provincial, je me souviens d'avoir rencontré des familles et d'avoir fait un suivi auprès des établissements et du ministère, mais on regrette souvent de ne pas avoir vu venir cela.
La situation est évidemment préoccupante, mais je précise encore une fois que je ne suis qu'un observateur attentif et inquiet de ce qui se passe.
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Je vais revenir un peu sur ce que j'ai dit. J'espère deux choses. Tout d'abord, j'espère que notre société réexaminera réellement la situation des travailleurs essentiels et des travailleurs occupant des emplois précaires et les enjeux comme les congés de maladie, et même les questions relatives aux avantages sociaux et, évidemment, aux salaires. Je comparais devant un comité fédéral, mais la tentation est grande de vous dire que vous devez prendre la tête du mouvement. Toutefois, ces questions relèvent vraiment des gouvernements provinciaux.
Il est évident que vous avez un rôle à jouer en exprimant vos préoccupations, mais en fin de compte, ce sont les provinces qui sont responsables de cette pièce du casse-tête relative aux travailleurs provinciaux. Toutefois, j'ai conscience qu'il y a un aspect qui relève du gouvernement fédéral. J'espère que les Ontariens, l'opposition en Ontario, et les provinces en général, participeront à cette réflexion à l'avenir.
Là où le gouvernement fédéral peut jouer un rôle très précieux, c'est à titre d'organisateur et de source de soutien. Comme je l'ai dit dans mes observations, je me tourne vers les gens de Queen's Park pour tout ce qui concerne l'assurance-emploi, les impôts et ce genre de choses. J'espère que nous sommes impatients de nous attaquer à ces enjeux. Des erreurs ont été commises, mais comment pouvons-nous revoir ces enjeux? Comment pouvons-nous réexaminer le rôle des travailleurs qui occupent des emplois précaires, comme les préposés aux services de soutien à la personne qui sont payés des salaires dérisoires, car nous avons vu quel travail incroyable ils font? Je suis heureux d'avoir fait partie d'un gouvernement qui a augmenté leurs salaires. Il s'agissait de l'une de leurs premières augmentations salariales, mais ils ne gagnent qu'un maigre salaire. Comment pouvons-nous réexaminer cela? J'espère que votre comité et le gouvernement fédéral encourageront ce réexamen et joueront un rôle d'organisateur en ce sens, mais, en fin de compte, nous devons nous tourner vers Queen's Park et les autres capitales provinciales à cet égard.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie nos deux témoins.
Mme Mahboubi, je vous remercie de nous avoir fait part de vos réflexions sur les prestations d'urgence qui ont été mises en place par le gouvernement et sur les périodes de transition. C'est justement là-dessus que portera ma question.
Comme vous le savez, la Prestation canadienne d'urgence vient d'être prolongée de huit semaines. Cela nous apparaissait comme une décision incontournable, puisque la crise a encore des effets importants sur l'économie, lesquels sont loin d'être résorbés. Les répercussions de cette crise ont eu un effet particulier, voire disproportionné, sur les femmes et les travailleurs à faible revenu.
Toutefois, au Bloc québécois, nous sommes nombreux à penser, comme vous, qu'il aurait fallu moduler la Prestation canadienne d'urgence et la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants de sorte que ces mesures deviennent des incitatifs à l'emploi et non des moyens de dissuasion. Le Bloc québécois a proposé qu'on suive exactement le modèle de l'assurance-emploi. Ainsi, une personne qui gagnerait plus de 1 000 $ — disons 1 500 $ — pourrait en garder la moitié. Cependant, le gouvernement nous dit que ce n'est pas possible sur le plan technique et qu'on n'a pas les outils nécessaires.
Ne faudrait-il pas rendre possible ce qui est politiquement souhaitable? Il faudrait profiter de la relance pour le faire.
Est-ce que la mesure que vous nous expliquiez va dans ce sens?
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Oui, Dieu merci, le gouvernement de la Colombie-Britannique est plus que prêt et disposé à le faire, et si le gouvernement fédéral peut investir de manière substantielle dans la création d'une initiative nationale de garde d'enfants, nous serons disposés d'emblée à nous y conformer, car c'est ce dont nous avons besoin pour soutenir l'économie. Soit dit en passant, c'est quelque chose que les chambres de commerce réclament depuis déjà des années.
Je vais maintenant me tourner vers M. Milloy.
Monsieur Milloy, j'ai été très intriguée par le fait que vous avez écrit un article dans le journal intitulé, et je traduis, « L'idée du revenu de base tient la route, mais cela ne signifie pas qu'elle va se concrétiser ». Dans cet article, vous indiquez que, même s'il était logique d'aller de l'avant avec cette idée, l'environnement politique n'est peut-être pas prêt pour cela.
L'Ontario a mené un projet pilote en ce sens, le programme de revenu de base universel, qui, je crois, a été mis en place par votre gouvernement et prématurément annulé par l'administration Ford. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet? Que pensez-vous de ce programme pilote qui a été mis en place par votre gouvernement?
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Pour information, j'avais pris ma retraite à ce moment-là. Il reste que j'ai assurément été intrigué lorsque la première ministre Wynne a présenté ce programme, et que je m'y suis montré favorable.
Le revenu de base est un concept d'une importance énorme. Il doit cependant faire face à de nombreux obstacles sur le plan politique. C'est ce que j'ai dit dans mon article. Je pense aussi que nous ne savons pas ce que ce genre… Tout d'abord, nous ne savons même pas ce qu'est le revenu de base. Il existe différentes définitions, mais même avec un programme des plus modestes où l'on se contenterait d'accorder une allocation minimale aux personnes en dessous d'un certain seuil de revenu, comment cela fonctionnerait-il? Pour certaines personnes, on serait « intuitivement » portés à dire que ce sera une bonne chose. Pour d'autres, de façon tout aussi intuitive, on ne le sait pas. Peut-être que ce ne sera pas une bonne chose. C'est pourquoi j'aime le fait que la première ministre Wynne ait proposé la tenue d'un projet pilote de bonne dimension — il touchait environ 3 000 familles et particuliers —, et que nous aurions ensuite pu nous pencher sur les données colligées pour raconter ce qui est arrivé à ces personnes.
Je dois vous dire que, tant d'un point de vue stratégique que d'un point de vue de pure politique, je pense que les résultats de cet exercice auraient donné lieu à un débat de politique publique du tonnerre. Cela aurait vraiment permis de préparer le terrain. C'est pour cette raison qu'il est dommage qu'il ait été annulé. C'était une mauvaise nouvelle pour les personnes qui faisaient partie du programme pilote, mais aussi une bien mauvaise chose pour nous tous qui ne saurons jamais comment cela aurait pu fonctionner. Il y aurait peut-être eu des failles que nous aurions pu corriger, mais disons que ma déception était particulièrement grande parce que j'étais également ministre des Services sociaux et communautaires, et cela tombe sous le sens. Je vois les problèmes, et je pense que les gens ont le droit de dire qu'ils veulent connaître les faits et les chiffres et savoir comment cela allait fonctionner, et même, comme je l'ai dit, prendre connaissance de ce que les gens ont vécu.
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Vous savez, quand j'ai exprimé ces opinions, elles ne reposaient pas tant sur des actions particulières du gouvernement fédéral que sur l'humeur qui régnait là-bas, en particulier en Ontario, où les gens disaient que le gouvernement fédéral devait prendre le contrôle dans le domaine des soins de longue durée.
Nous avons vu les discussions qui ont eu lieu sur la possibilité d'avoir 10 jours de congé de maladie garantis, ce qui est une excellente idée pour les travailleurs provinciaux. Encore une fois, il y a cette dynamique qui se dessine et qui dit que le gouvernement fédéral devrait prendre tout cela en charge, et je dois vous dire en tant que ministre provincial qu'il ne faut pas trop y voir une tentative de ma part de verser dans le purisme constitutionnel.
J'avais l'habitude de traiter avec le gouvernement fédéral au sujet des initiatives en éducation postsecondaire, et je pourrais vous en parler longuement. Nous en avions la capacité et les connaissances. Nous savions exactement comment procéder. Nous savions comment faire les choses de manière équitable. Nous connaissions les intervenants, mais le gouvernement fédéral nous disait souvent qu'il allait élaborer son propre programme fédéral, qui allait reproduire une bonne partie de ce que nous avions fait, et qui allait être lent et lourd.
Lorsque je considère certains aspects comme la formation professionnelle, qui est principalement une question provinciale et territoriale, je dis au gouvernement fédéral de se contenter de collaborer avec les provinces et les territoires, et de les laisser assumer la direction.
Je vois cette tendance qui se profile à l'horizon, cet élan politique qui soutient que le gouvernement fédéral devrait en quelque sorte redessiner la société, et je dis: « Amen, faisons-le, ayons ce débat ». Sauf qu'il est important de se rappeler que les provinces et les territoires sont responsables d'une grande partie des politiques sociales, comme l'éducation, la formation et ces autres domaines névralgiques qui sont brûlants d'actualité.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame Mahboubi et monsieur Milloy, pour le travail important que vous avez fait tous les deux et pour avoir accepté d'être là aujourd'hui.
Monsieur Milloy, surtout en ce qui concerne votre quatrième point, je suis tout à fait d'accord pour dire qu'en ce moment, les gens ne se soucient pas du fait que nous sommes de partis différents. Ils veulent que tout le monde travaille ensemble pour trouver une solution à une crise. Nous ne voulons pas d'une dynamique qui consisterait à se prendre en défaut les uns les autres. Les membres du gouvernement ne devraient pas venir au Comité avec l'unique intention de défendre tout ce que le gouvernement a fait, et les membres de l'opposition ne devraient pas y venir avec l'unique intention d'attaquer tout ce que le gouvernement a fait. Nous devrions travailler ensemble. Je vous remercie donc d'avoir soulevé ce point.
Je voudrais aborder la question de la main-d'œuvre. Vous avez mentionné dans votre premier point que les emplois vont rapidement disparaître. J'imagine que les emplois qui disparaîtront d'autant plus rapidement seront ceux qui ont été chassés par l'évolution technologique. Cette dynamique sera exacerbée par la pandémie. L'un des domaines dans lesquels vous avez une grande expérience est celui des métiers. Vous représentez aujourd'hui un établissement universitaire, mais comme nous le savons — vous en savez plus que moi là-dessus —, un pourcentage important de gens qui exercent un métier prendront leur retraite dans les dix prochaines années. Selon vous, comment les gouvernements fédéral et provinciaux devraient-ils s'y prendre pour convaincre la population de la nécessité de se tourner vers les métiers?
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Dans une perspective à long terme, il s'agit toujours de travailler auprès des plus jeunes, à partir de l'école primaire, afin de leur vanter la valeur des métiers et de leur dire que ce sont de bons emplois. Beaucoup de ces métiers sont très technologiques. Ce sont des emplois spécialisés qui sont bien payés et qui vous permettent de faire une différence.
À plus court terme, ce dont nous avons besoin… J'ai parlé du programme Deuxième carrière; j'en étais fier. Il y avait toutes sortes de soubresauts, d'imperfections et de choses comme celles-là, mais une des leçons que nous avons retenues, c'est qu'il est primordial que l'employeur, l'établissement de formation et le travailleur mis à pied travaillent en étroite collaboration. Dans le programme Deuxième carrière, nous avons demandé aux gens de se présenter et de dire: « Écoutez, je veux être qualifié dans tel ou tel domaine et voici des preuves qu'il y a des embauches en cours. » Ces preuves, si je me souviens bien, étaient quelques annonces d'emploi et des choses comme ça dans le journal.
Un de vos collègues a posé une question sur les programmes d'infrastructure et les grands programmes de construction. Il faut que les employeurs nous disent: « Nous avons besoin de gens dans les métiers suivants. Il nous les faut maintenant. Les emplois sont disponibles. » Lorsque les gens ont une meilleure idée de ce qu'implique un métier, qu'ils savent qu'il y a un emploi bien payé à la clé et qu'il y a une façon d'entrer… Nous avons un système d'enseignement supérieur qui est tellement dépassé que parfois, si vous vous présentez en octobre en disant que vous voulez devenir plombier ou charpentier, on vous dira — cela varie selon les établissements — que vous devez revenir en janvier ou que vous devez attendre un an, et ce, même si vous êtes venu six semaines plus tôt. C'est le genre de choses où il faut s'adapter rapidement et mettre l'accent sur la collaboration. Moi, en tant que personne mise à pied, je peux dire: « Eh bien, vous savez quoi, voici une voie directe. Je n'ai pas besoin de me cogner la tête contre le mur et d'attendre six mois, ou d'aller ici ou là », et ça passe.
C'est beaucoup de travail, mais les gains potentiels sont énormes. Il ne fait aucun doute que les métiers sont un domaine où l'on observe une grande croissance.
Madame Mahboubi, je tiens également à vous remercier pour votre présentation.
Je présume que vous êtes tous les deux d'accord pour dire que la PCU a été un programme salutaire, que sa mise en place a été rapide et efficace, en ce sens qu'il a atteint très rapidement un grand nombre de personnes, mais qu'à mesure qu'il s'étend, il devient nécessaire d'y apporter des modifications. J'ai pris note des suggestions que vous avez faites à cet égard.
J'aimerais examiner avec vous une question que vous n'avez pas soulevée, soit celle de l'immigration. J'ai lu un document que vous avez rédigé il y a quelques années, où vous disiez que pour compenser les départs à la retraite au Canada et le vieillissement de la population, il nous faudrait faire venir environ 1,4 million d'immigrants par an.
Pouvez-vous parler d'immigration, car le va bientôt repasser devant le Comité? Selon vous, quel rôle l'immigration peut-elle jouer pour nous aider à sortir de la récession ou de la crise de l'emploi qui sévit actuellement?
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La crise a une incidence particulière sur nos frontières, et ses répercussions sur l'immigration ont été énormes. Le Canada n'est pas en mesure d'atteindre ses objectifs pour 2020, et nous ne sommes même pas sûrs de ce qu'il en sera l'année prochaine.
Or, l'immigration est nécessaire pour nous attaquer aux problèmes découlant du vieillissement de la population, et ces problèmes ne vont pas disparaître d'eux-mêmes. Ce n'est pas parce que nous sommes confrontés à une crise que nous devons oublier la nécessité de faire venir davantage de personnes dans le pays. En même temps, en ce qui concerne la nécessité de remédier à la pénurie de main-d'œuvre, soit par l'intermédiaire de travailleurs étrangers temporaires, soit par l'immigration permanente, oui, nous sommes aux prises avec une crise et le taux de chômage est élevé, mais tous les secteurs ne sont pas touchés de la même façon. Certains secteurs doivent encore composer avec des pénuries de main-d'œuvre saisonnière auxquelles il faut remédier par l'immigration.
Cela dit, les pertes d'emplois occasionnées par les crises touchent généralement plus les immigrants que les non-immigrants. Les immigrants récents ont eu des difficultés à apprendre les langues, car les programmes de soutien à l'immigration qui offrent des cours de langue ont été suspendus depuis le début de la crise.
Tous ces éléments doivent être pris en compte. Nous avons toujours besoin des immigrants pour résoudre les problèmes liés au vieillissement de la population et aux pénuries de main-d'œuvre, mais il y aura des immigrants sans emploi et des Canadiens sans emploi. Nous devons réaffecter la main-d'œuvre à d'autres secteurs et à d'autres industries afin de pouvoir leur fournir des emplois. Par ailleurs, le marché du travail a subi une transformation, car, à l'heure actuelle, de nombreux employés ne souhaitent pas retourner sur les lieux de travail habituels. Le travail à domicile pourrait donc devenir plus attrayant dans un avenir rapproché, d'autant plus que l'on peut maintenant travailler de n'importe où. Il vous sera donc possible de soutenir l'économie depuis votre domicile.
Toutes ces questions sont vraiment importantes, et pas seulement l'immigration.
Quant aux étudiants étrangers, ils constituent une source de revenus précieuse pour les universités. En outre, pour l'immigration future, nous avons besoin d'étudiants étrangers, car des études montrent qu'ils ont de meilleurs résultats sur le marché du travail.
Pour l'instant, nous avons tout mis sur pause, il est donc vraiment important, alors que nous commençons à rouvrir les frontières, de réfléchir au type d'immigrants qu'il nous faut. Nous devons examiner notre marché du travail, les problèmes auxquels nous sommes confrontés, ainsi que les types de main-d'œuvre et les compétences dont nous avons besoin. Nous devons ensuite établir un lien entre ces données et le type d'immigrants dont nous avons besoin et leur nombre. Nous devons faire venir plus d'immigrants. Il ne fait aucun doute que c'est quelque chose dont nous avons besoin.