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Je vous remercie tout le monde de l'occasion de venir témoigner devant vous aujourd'hui.
J'aimerais vous donner un aperçu de Youth Opportunities Unlimited. Dans la documentation que vous avez reçue se trouve une lettre que nous a envoyée un jeune qui a récemment terminé un programme de YOU. J'y reviendrai plus tard, mais je l'ai incluse dans la documentation parce que la majeure partie des activités suivies par ce jeune au sein de notre organisme se sont déroulées pendant la pandémie. Il a exprimé des idées que nous avons trouvées merveilleuses concernant les expériences qu'il a vécues et qui confirment ce que nous trouvons très utile pour venir en aide aux jeunes marginalisés en particulier.
Quelles sont les activités de Youth Opportunities Unlimited? En résumé, nous sommes un organisme à but non lucratif, constitué en société à London, en Ontario. Nous existons depuis 1982. Je suis membre de l'organisme depuis 1984 et j'en suis le directeur général depuis 1988. Je connais donc passablement bien son histoire.
L'organisme a commencé à titre de centre d'emploi pour les jeunes financé par le gouvernement provincial. Il visait à offrir une aide à l'emploi aux jeunes qui quittent l'école très tôt. Il avait aussi pour but de combler l'écart pour les jeunes sans aucune expérience et peu scolarisés qui ont besoin d'aide pour accéder au marché du travail.
À mesure que l'organisme a pris de l'ampleur, nous avons conservé le même mandat. Notre vision est celle d'une collectivité où tous les jeunes sont accueillis et motivés et où ils s'épanouissent. L'énoncé de notre vision parle autant de la collectivité que des jeunes et de ce que nous faisons — en réalité, il parle encore plus de la collectivité. C'est ce qui détermine nos principales priorités.
Notre financement provient de tous les ordres de gouvernement. Nous continuons d'offrir des programmes d'aide à l'emploi. Nous dispensons un éventail de programmes de placement dont bon nombre sont financés par notre gouvernement provincial. Nous accomplissons aussi pas mal d'activités dans le domaine du logement abordable. Je pense que le député Vaughan est au courant parce qu'il a visité nos installations à plusieurs reprises pendant son mandat. Notre présence va grandissant à ce chapitre. Nous offrons également depuis longtemps une formation sur le modèle de l'entreprise sociale afin de préparer les jeunes à l'emploi.
Comment cela fonctionne-t-il? En résumé, nous offrons environ 25 programmes différents en même temps. Ils sont financés par tous les ordres de gouvernement: le gouvernement fédéral, par l'entremise de quelques ministères; le gouvernement provincial, par l'entremise de trois ministères différents et le gouvernement municipal. Nous recevons également une aide financière de Centraide et nous tirons un revenu appréciable des entreprises sociales de Youth Opportunities Unlimited. Même si l'administration peut se révéler un peu compliquée, du point de vue du jeune, l'interaction entre tous les programmes est très fluide.
Un jeune peut s'adresser à notre organisme à partir de divers points d'accès. Il peut vivre de l'itinérance et chercher un endroit où manger ou un endroit sûr où dormir la nuit, qu'il s'agisse d'un refuge ou d'un logement permanent. Ou encore, il peut avoir achevé ses études et être à la recherche de son premier emploi. Dans tous ces cas, il existe divers points d'accès qui les mettent en contact avec le bon service dès le départ. Il peut s'agir de prendre rendez-vous avec un conseiller en emploi ou de travailler à la rédaction d'un curriculum vitae. Ou alors, le jeune peut vouloir actualiser son curriculum vitae et se préparer en vue d'une éventuelle entrevue avec un futur employeur. Il peut s'agir aussi de mettre une personne en contact avec un conseiller en matière de logement pour l'aider à trouver un logement permanent.
La clé pour réussir dans tous ces cas est la relation que l'on établit avec les gens. Même s'ils se présentent parfois avec un problème bien particulier, ce qui fonctionne vraiment pour un jeune marginalisé et vulnérable c'est essentiellement d'entrer en contact avec la bonne personne.
C'est ici, à mon avis, que cette lettre prend tout son sens. Je n'ai pas l'intention de vous la lire, mais pour plus de précision, sachez que ce jeune — il s'appelle Sam — a écrit cette lettre de son propre chef après avoir obtenu son diplôme de quelques-uns des programmes que nous tenons à YOU. Il est entré en contact avec notre organisme après avoir fourni des soins physiques à sa mère pendant quelques années. Je pense qu'il avait commencé à s'occuper de sa mère quand il était encore un très jeune enfant. C'est par l'entremise de sa grand-mère qu'il est entré en contact avec Youth Opportunities Unlimited. Elle s'inquiétait de sa santé en général et de son très grand isolement.
Elle ne savait pas trop quel serait le résultat, mais elle voulait qu'il prenne contact avec un organisme. Il a communiqué avec l'un de nos conseillers en emploi, dans le cadre d'un programme de YOU financé par la province. Par la suite, il a commencé à examiner les possibilités qui s'offraient à lui. Il a fini par participer à un programme financé par le gouvernement fédéral appelé ISE dont la prestation est assurée par Youth Opportunities Unlimited. Dans le cadre de ce programme, il a reçu de la formation dans une installation de recyclage à YOU.
J'ai mentionné nos entreprises sociales. Nous nous en servons à titre de plateformes pour former des gens. Dans ce cas précis, avec le recyclage, non pas parce qu'il souhaitait nécessairement travailler dans ce secteur, mais parce qu'il n'avait jamais touché un chèque de paie auparavant. Si vous avez eu l'occasion de lire sa lettre, vous aurez compris qu'il souffre d'importants problèmes de santé mentale et de toxicomanie qui sont profonds. Comme il le dit lui-même, chaque soir en se couchant, il se faisait la réflexion que le fait de se réveiller ou non le lendemain matin lui importait peu. Il ne faisait rien de concret pour empêcher que cela se produise, mais il s'en fichait. C'est sa grand-mère qui l'a mis en rapport avec nous. Il n'était pas prêt à se chercher du travail. C'est ainsi que l'installation de recyclage lui a fourni l'occasion de trouver un endroit sûr, un endroit où il a pu trouver ses marques et commencer à constituer une communauté autour de lui.
À partir de là, il s'est inscrit à des programmes financés par le gouvernement provincial, et récemment il a été embauché chez Home Depot après avoir passé une entrevue en ligne. Il y travaille depuis un peu plus d'un mois, et il a déjà décroché une promotion. Lui et moi avons participé à un panel parrainé par le Centre de toxicomanie et de santé mentale concernant les services à offrir aux jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale pendant la pandémie de COVID. Selon lui, il n'aurait probablement pas pris contact avec ce programme, avec cet organisme, n'eût été la COVID. Ses problèmes d'anxiété étaient tellement envahissants qu'il ne pouvait imaginer entrer dans un bureau et s'asseoir en face de personnes étrangères. Une plateforme en ligne lui a facilité les choses.
Voilà qui vous explique un peu pourquoi j'ai choisi d'utiliser cette lettre.
J'aimerais vous entretenir brièvement de ce que nous organisons dans le cadre de [Difficultés techniques] parce que cela permet de se faire une bonne idée, surtout pendant la pandémie de COVID qui sévit actuellement. Nous avons deux ou trois projets en cours qui mettent vraiment l'accent sur le logement. L'un de ces projets est le résultat d'un partenariat avec la Société d'aide à l'enfance, un organisme spécialisé dans les soins à l'enfance situé à London. Il permet d'offrir un logement aux jeunes qui dépassent l'âge limite pour bénéficier d'une famille d'accueil — des jeunes âgés d'à peine 16 ans qui, sinon, se retrouveraient dans la rue. Il y a un refuge en ville actuellement où ils peuvent aller. Ce refuge compte des places à leur intention. Mais bon nombre de ces jeunes ont été victimes de la traite des personnes, ils ont vécu d'horribles traumatismes, et ils sont incapables de se rendre dans les grands refuges. Ils préfèrent dormir dans la rue plutôt. Ils vont dormir sur le canapé d'un ami pendant un temps. Ils vont se débrouiller. Ils vont faire des compromis et trouver un endroit où vivre, mais ce ne sera pas un chez-soi. Cet endroit leur ouvre l'accès vers un chez-soi. Il comporte six appartements, tous indépendants. Tous les jours, ils sont en contact avec un membre du personnel de Youth Opportunities Unlimited et bénéficient de soins offerts par la Société d'aide à l'enfance. Le programme a remporté un succès phénoménal. Il fonctionne sans financement gouvernemental supplémentaire, uniquement grâce à la relation de financement entre YOU et la Société d'aide à l'enfance.
Le député Vaughan sera sans doute intéressé par ce que je vais dire. Les travaux de construction de notre refuge s'achèvent cette semaine, monsieur Vaughan. Il ouvrira ses portes le 17 août. Nous avons créé, au cours des trois dernières années, un concept de refuge comportant 30 lits pour les jeunes. Finalement, il s'agit d'une ressource extraordinaire en temps de pandémie, parce que, contrairement à la majorité des autres refuges, il ne s'agit pas de dortoirs. Le refuge compte 30 chambres individuelles pour 30 personnes, avec des couloirs de 10 pieds de largeur. Pourquoi avons-nous créé ce genre de refuge? Bien entendu, nous en avons eu l'idée longtemps avant la pandémie, mais nous savons que les jeunes qui viennent dans les refuges ont vécu des traumatismes physiques et affectifs à plusieurs égards. Si on leur impose de dormir dans des dortoirs, bon nombre d'entre eux choisiront plutôt de dormir dans la rue. Le concept de 30 lits pour 30 personnes nous a permis de venir en aide à des personnes de la communauté LGBT2Q sans qu'elles se sentent à risque. Il a également permis de venir en aide à des personnes ayant besoin du répit sur le plan affectif qu'offre la possibilité de disposer d'une chambre privée, ou à des personnes devant être isolées pour la sécurité des autres. Les couloirs d'une largeur de 10 pieds permettent aux premiers répondants d'aller et venir facilement, et d'intervenir rapidement, au besoin. En fin de compte, il s'agit d'un établissement extraordinaire pendant une pandémie.
Je m'appelle Bernard Racicot et je suis coordonnateur à la Maison des jeunes des Basses-Laurentides. Malheureusement, Mme Manon Coursol ne peut assister à cette réunion, parce qu'elle est en vacances. Elle vous envoie ses excuses.
La Maison des jeunes des Basses-Laurentides est d'abord un lieu de rassemblement pour les jeunes âgés principalement de 12 à 17 ans et venant de la grande région de Sainte-Thérèse. Ceux-ci viennent y passer du temps de qualité et ils sont accompagnés par l'équipe d'intervenants, qui les accueillent chaleureusement. Ce lieu doit être sécuritaire, vivant, motivant et dynamique. On veut que cela soit aussi un lieu à leur image.
La Maison des jeunes est aussi un lieu de rencontre d'une communauté qui a à cœur les jeunes, leur vécu et leurs opinions, où les idées émergent, où les discussions sont vives, parfois très vives même, et où se concrétisent des projets de sensibilisation, de résolution de problèmes et de prévention. Partenaire d'une communauté, la Maison des jeunes s'engage, à sa façon, dans des plans d'action concertés avec la municipalité, la sécurité publique, les différents ordres de gouvernement, le centre de santé et de services sociaux et d'autres partenaires communautaires. Nous travaillons en équipe.
Notre mandat consiste à être un lieu de rassemblement privilégié pour que les adolescents qui viennent nous voir vivent un passage à la vie adulte le plus harmonieux possible. C'est un accompagnement dans les diverses étapes de leur vie. Pendant la période estivale, notre présence se fait par le travail de milieu dans divers endroits ciblés dans la municipalité où certains jeunes sont sur le point d'adopter des comportements à risque.
Notre clientèle, comme je vous l'ai dit plus tôt, regroupe des jeunes de 12 à 17 ans qui vivent dans la région de Sainte-Thérèse et des Basses-Laurentides. D'abord, ils viennent par curiosité. Tous les jeunes qui viennent nous voir le font de leur propre chef. Ensuite, ils viennent parce qu'ils y trouvent une place à leur image. Nous voulons aussi nous identifier à eux.
La clientèle n'est pas exclue en fonction de son âge, mais plutôt en fonction de son comportement. On va s'arranger pour que les jeunes aient un comportement respectueux et orienté vers la communauté à la Maison des jeunes. Ils doivent se respecter, respecter les autres et respecter l'éthique et les valeurs de la Maison des jeunes.
Notre mission est de favoriser le développement de l'estime de soi, et ce, en offrant une présence et une écoute active, en effectuant des interventions individuelles et de groupe, en amenant les jeunes à vivre des réussites — ce dernier point est très important —, en les accompagnant dans l'adoption de valeurs liées au respect et à l'autonomie, et en développant leurs habiletés sociales afin qu'ils puissent vivre avec les autres, malgré leurs différences, sans vivre de rejet.
Nos interventions se traduisent par des activités de promotion. Nous incluons tous les jeunes dans nos activités de sensibilisation et de référence. L'intervention à caractère social favorise le développement de liens avec les jeunes afin de leur permettre de communiquer, d'échanger, de s'ouvrir et de se sentir importants et rassurés. L'intervention éducative permet de développer les habiletés sociales, scolaires, culturelles et sportives. Grosso modo, c'est ce que nous faisons à la Maison des jeunes.
Nous organisons plusieurs activités. Je suis professeur de musique, et les activités musicales font donc davantage partie de mon rôle d'intervenant. Nous voulons mettre les jeunes dans un contexte de réussite en organisant avec eux des événements où ils seront mis à l'avant-plan, ils produisent des enregistrements en studio ou des concerts. C'est une activité phare à la Maison des jeunes.
Il y a aussi des activités où les jeunes apprennent à cuisiner avec ce que nous avons à la Maison des jeunes. Par exemple, dans le cadre de l'activité « pimp ta bouffe », on essaie de voir ce qu'on peut faire avec une boîte de Kraft Dinner pour que ce soit meilleur. Nous faisons aussi du théâtre et de l'improvisation. On apprend aux jeunes à développer leurs mécanismes de réponse, de respect de l'autre et de parole, ainsi que leur capacité à vivre en équipe. Nous organisons aussi des activités sportives et des jeux. Tout cela vise à établir une relation avec les jeunes.
Nos jeunes se sentent marginalisés. On vit beaucoup de pauvreté dans notre milieu, à Sainte-Thérèse, mais aussi beaucoup d'anxiété. Nos activités visent donc à atteindre les jeunes dans leur milieu.
Nos subventions proviennent surtout de la Ville de Sainte-Thérèse et des gouvernements du Canada et du Québec. Nos activités de collecte de fonds sont très importantes. Les événements que nous organisons, par exemple des concerts de musique, nous permettent d'aller chercher beaucoup de financement.
La pandémie de la COVID-19 nous a nui à plusieurs égards. Nous avons dû fermer nos portes le 16 mars. Vu que nous sommes une maison des jeunes, nous devions rester fermés. Nous n'avons pas pu mener d'activités jusqu'à la mi-mai. Nous avons donc organisé des rencontres avec les jeunes sur les réseaux sociaux — Messenger, Instagram et Zoom. C'est devenu très populaire et cela nous a permis de communiquer avec les jeunes là où ils étaient. Nous avons découvert sur les réseaux sociaux que les jeunes qui suivaient des cours sur Zoom ou par un autre moyen étaient très démotivés et isolés. C'était difficile de les atteindre.
La crise liée à la COVID-19 nous a aussi obligés à annuler plusieurs concerts et activités de collecte de fonds. Le 8 mai, nous avions prévu une activité de collecte de fonds, soit une soirée homard, qui nous permet d'habitude de recueillir entre 30 000 $ et 40 000 $ de dons. Nous avons dû annuler cet événement. Cela a été assez difficile à accepter pour les jeunes, car c'est une occasion pour eux de s'exprimer publiquement et de mettre en relief ce que nous faisons.
De plus, nous avons dû annuler des concerts cet été, de même que l'activité au Camp Péniel, qui est très importante. Il s'agit d'un séjour de trois jours à la campagne. Cela aussi a été très difficile à accepter pour eux.
Nous avons recommencé nos activités le 1er juin, mais malheureusement, nous ne pouvions pas ouvrir la Maison des jeunes. Les activités se font toutes à l'extérieur, dans la cour. Nous avons acheté un pavillon de jardin pour accueillir les jeunes, même quand il pleut et qu'il fait très chaud. Les jeunes viennent nous voir dans la cour, mais nous ne pouvons malheureusement en accueillir que 10 à la fois.
Nous allons aussi dans le village à Sainte-Thérèse pour essayer d'atteindre les jeunes. Nous annonçons nos activités sur les réseaux sociaux.
La force de la Maison des jeunes est d'être créative dans ses façons d'atteindre les jeunes. Notre mot d'ordre, cet été, est de nous adapter à la situation. En raison de la pandémie, c'est ce que nous faisons tous les jours. Nous faisons un pas en avant et deux en arrière. Notre force, en tant qu'organisme communautaire, est notre capacité d'adaptation.
Je vous remercie de m'avoir écouté.
Je suis prêt à répondre à vos questions, si le temps le permet.
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C'est une très bonne question, d'ailleurs j'y ai déjà réfléchi. Je veux dire à des mesures précises et, vous savez, ils ont toujours besoin de soutien en personne. Je dirais que chaque fois que vous faites un investissement, vous devez examiner vos fournisseurs et encourager — dans les limites imposées par la sécurité, bien entendu — le soutien en personne. Il y a bien sûr les bulles sociales de 10 personnes et les cadres sociaux, et ainsi de suite, mais soit ces jeunes n'en ont tout simplement pas, soit les personnes qui les entourent ne correspondent pas à ce que vous et moi considérons comme des personnes encourageantes.
L'une de ces jeunes me l'a vraiment bien expliqué il y a quelques années de cela. De fait, monsieur Vaughan, je crois que vous l'avez déjà rencontrée. Elle s'appelle Courtney. Elle expliquait comment, lorsque l'on se retrouve sans abri, vos amis — c'est-à-dire ceux que vous considérez comme vos amis — ne donnent pas; vos amis prennent. Si vous obtenez de l'argent, vos amis veulent l'avoir. Si vous obtenez de la nourriture, vos amis veulent l'avoir. C'est la même chose avec la drogue, avec tout ce qui peut avoir de la valeur, un chez-soi, un appartement, vos amis vont se pointer et s'incruster...
Vos amis ne vont pas nécessairement vous aider à vous en sortir. Ils sont tellement affamés — affamés dans un sens très général, et pas nécessairement littéral— de soutien qu'ils s'accapareront de tout ce qu'ils peuvent tirer de vous. Pour se sortir de cette situation, il faut que ces jeunes créent une communauté solide autour d'eux. Ils n'ont pas besoin qu'on leur dise quoi faire. Ils ont besoin d'une solide communauté autour d'eux, et d'un soutien auquel ils peuvent faire appel.
Je pense que Sam en est un bon exemple, parce qu'il attribue 50 % de sa réussite à sa grand-mère, et l'autre 50 % à YOU. C'est ce qu'il a déclaré lorsqu'il a participé à un webinaire il y a quelques semaines. Mais nous ne l'avons pas laissé s'en tirer avec cette affirmation, parce qu'en réalité sa réussite lui appartient à 100 %. Mais cette communauté qu'il a trouvée avec YOU est celle à laquelle nous avons tous droit. Ce n'est pas tout le monde qui peut compter sur une telle communauté, et les personnes marginalisées encore moins que les autres.
Encouragez vos fournisseurs à trouver des moyens d'offrir leurs services en personne. Bon nombre de mes collègues... Je ne veux pas avoir l'air d'un stratège de salon, mais j'ai vu trop d'organismes refuser dès le début le contact en personne, sans prévoir de plateforme en attendant le retour à la normale.
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Je vous remercie. Habituellement, je suis à l'heure, et même très à l'heure. Voilà, je viens de perdre 30 secondes.
Je veux vraiment remercier nos deux témoins.
Je vais commencer par un commentaire général.
Monsieur Cordes, comme vous venez de le dire, les jeunes ont mentionné, dans un webinaire par exemple, que la moitié de leur réussite est attribuable à leur grand-mère. C'est tant mieux. Si mes petits-enfants ont besoin de mon aide, je suis là pour eux. On sait que les grands-parents sont des personnes significatives pour les enfants. Les jeunes ont dit que des organismes comme les vôtres, messieurs Cordes et Racicot, les avaient aussi aidés à réussir. C'est vrai qu'il faut des intervenants, des directions et des gens convaincus pour que ces maisons ou les services qu'elles offrent aident beaucoup les jeunes. Je suis convaincue qu'on a tout intérêt à continuer de soutenir ces organismes.
Monsieur Racicot, quand on regarde l'historique de la Maison des jeunes des Basses-Laurentides, on voit qu'elle a connu des hauts et des bas, mais elle est vraiment bénéfique pour la communauté. Au début des années 1980, il n'y avait pas vraiment de lieu de rassemblement ou d'appartenance pour les jeunes. C'est ce que vous leur offrez. Des parents que j'ai rencontrés lors de votre magnifique gala m'ont dit, les larmes aux yeux, à quel point votre organisme comptait pour leur jeune.
Monsieur Racicot, quand la pandémie de la COVID-19 nous a frappés, au début de mars, on a fait un confinement total, et la Maison des jeunes a dû fermer ses portes. Les jeunes qui s'y réunissaient régulièrement pour leurs différentes activités s'en sont vus privés.
Votre organisme a une équipe d'intervenants du milieu. Vous avez dit que c'est un OSBL financé en grande partie par des subventions. Avez-vous dû faire appel à des programmes d'aide fédéraux comme la subvention salariale ou faire des mises à pied temporaires? Vos intervenants ont-ils bénéficié de la PCU? Si oui, considérez-vous que les programmes ont été suffisants pour faire face à la situation?
Tout à fait. Je sais que les programmes spéciaux ne vont pas durer éternellement, et je peux vous dire qu'en ce qui concerne n'importe quelle aide à la relance, on ne signe pas des partenariats pour le plaisir d'en signer. Je travaille dans le secteur depuis assez longtemps pour savoir que, lorsque le gouvernement veut envoyer des lettres de soutien ou trouver six partenaires avant de financer un programme, vous vous retrouvez avec une multitude de documents à signer.
Pour avoir un véritable impact, il faut attribuer, dans vos évaluations de financement et dans vos programmes, une juste valeur aux partenariats interdisciplinaires. Par exemple, nous avons signé un partenariat formidable avec un organisme local à but non lucratif, le London Abused Women's Centre. Ce centre, qui accueille principalement des femmes victimes de violences physiques ou sexuelles, a lancé une initiative pour lutter contre la traite des personnes, à laquelle participent des filles d'à peine 15 ans. Le centre a fait appel à nous, et nous avons signé un protocole d'entente entre les deux organisations afin que nous puissions aider toutes les personnes appartenant au groupe d'âge que nous sommes censés servir, de par notre mandat, à se trouver un logement. Lorsque le foyer ouvrira ses portes, toutes les jeunes femmes qui y seront envoyées auront droit à une chambre individuelle. De cette façon, ces deux organisations — le London Abused Women's Centre, qui s’occupe de victimes de violence, et nous, qui nous occupons de logement et d’emploi — réussissent, en conjuguant leurs efforts, à faire ce que ni l’une ni l’autre ne pourrait faire seule. Nous faisons la même chose pour les soins en santé mentale, avec l'ACSM et même avec nos hôpitaux locaux.
S'agissant de la relance post-COVID-19, cela va être très complexe, et aucune organisation ne sera en mesure de faire tout à la fois. J'espère que les investissements fédéraux… Vous ne pouvez pas dire à une organisation qu'elle va devoir faire beaucoup plus que ce qu'elle faisait avant et ensuite évaluer leurs résultats. Il faut d'abord examiner comment cette organisation travaille avec ses partenaires, si elle peut en démontrer la valeur, s'il faut signer un protocole d'entente pour préciser la valeur ajoutée par rapport à l'investissement fédéral ainsi que les avantages pour la communauté… C'est le genre de choses qu'on définit dans les partenariats.
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Merci, monsieur le président. Je vais commencer, et ensuite je laisserai M. Fraser-Dableh vous dire quelques mots sur son expérience personnelle.
Monsieur le président, membres et personnel du Comité, je vous remercie de nous avoir invités à participer au débat sur l'emploi des jeunes et sur les mesures qu'il convient de prendre pour aider les jeunes à trouver un emploi pendant cette période particulièrement difficile de notre histoire.
Repaires jeunesse du Canada est la plus importante organisation canadienne à s'occuper des enfants et des jeunes. Elle offre des services au niveau communautaire, des relations positives et des programmes vitaux susceptibles de changer la vie de plus de 200 000 jeunes issus de 775 collectivités canadiennes. Pendant ces heures critiques où ils ne sont pas à l'école, les jeunes sont accueillis dans nos clubs où on les aide à devenir des adultes actifs, engagés et en bonne santé. Notre personnel qualifié est en mesure de donner aux enfants et aux jeunes les outils dont ils ont besoin pour obtenir de bons résultats au niveau de l'expression, de l'apprentissage scolaire, de l'hygiène, de l'activité physique et de la santé mentale.
Depuis 100 ans, et notamment durant les cinq derniers mois qui ont été particulièrement difficiles, nos clubs viennent en aide aux enfants, aux jeunes et aux familles vulnérables. Aujourd'hui, ils dispensent aux familles une aide alimentaire, en partenariat avec leurs banques alimentaires locales. Nous offrons des programmes et des soins aux enfants et aux jeunes dont les parents sont des travailleurs essentiels, et nous comptons élargir ces programmes à d'autres familles quand l'économie reprendra. Nous fournissons des services technologiques pour améliorer la connectivité et nous administrons des programmes virtuels de grande qualité pour promouvoir l'éducation, l'activité physique et la santé mentale des enfants qui ne peuvent pas venir dans les clubs. Nous continuons aussi d'offrir des services essentiels comme des logements de transition, pendant ces mois particulièrement éprouvants.
Partout au Canada, nos clubs accompagnent les jeunes dans la recherche d'un emploi, et nous recrutons chaque année des milliers de jeunes dans nos programmes. Les clubs organisent des programmes qui encouragent les jeunes à acquérir des compétences utiles sur le marché du travail et à trouver un emploi, comme la rédaction d'un curriculum vitae et la préparation à un entretien d'embauche.
Les clubs ont aussi des liens directs avec les employeurs qui sont prêts à aider des jeunes vulnérables à trouver un premier emploi, qui est une étape très importante, mais nous avons constaté qu'au cours des cinq derniers mois, les jeunes travailleurs sont davantage touchés par le ralentissement économique causé par les fermetures d'entreprises et la distanciation physique liées à la pandémie. Nous avons observé un nombre record de mises à pied dans des industries comme la restauration, l'hôtellerie, les garderies d'enfants, les commerces de détail et même dans le milieu caritatif. Ce sont dans ces industries que les jeunes trouvent le plus souvent leur premier emploi. Et, comme c'est le cas dans toutes les industries, ce sont souvent les employés les plus récemment arrivés qui sont mis à pied les premiers.
Le taux de chômage des jeunes Canadiens a toujours été deux fois plus élevé que celui de l'ensemble de la population active. Les statistiques nationales font également apparaître les inégalités et les obstacles auxquels font face les jeunes issus de groupes en quête d'équité. Les jeunes Autochtones, les jeunes récemment arrivés au Canada, les gens qui vivent dans la pauvreté, les LGBTQ2+, les jeunes souffrant de handicaps, les jeunes racialisés et les jeunes issus de collectivités rurales et éloignées se heurtent à des obstacles importants lorsqu'ils veulent intégrer le marché du travail. C'est à ces jeunes que nos programmes s'adressent.
Pour remédier à ce bouleversement sans précédent du marché du travail pour les jeunes, il faut mettre en place des politiques ambitieuses. Je vais maintenant vous dire quelques mots sur la réponse qui a été apportée par le gouvernement et sur la nécessité d'en faire encore davantage.
Premièrement, la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants a permis à un grand nombre de jeunes que nous accompagnons de recevoir une aide financière fort utile, à un moment où bon nombre d'entre eux ne pouvaient pas trouver de travail à cause de la pandémie. Je signale en passant qu'un grand nombre de ceux qui reçoivent cette subvention contribuaient auparavant aux dépenses de leur famille grâce à leur salaire. Ce programme permet donc à des familles vulnérables de joindre les deux bouts pendant cette période difficile.
Au début de la pandémie, nous avons, comme d'autres, réclamé de nouveaux investissements conséquents dans la Stratégie emploi et compétences jeunesse, car ce programme n'était pas conçu pour faire face à une crise de cette ampleur. À la fin avril, nous nous sommes réjouis d'apprendre que plus de 100 millions de dollars avaient été injectés dans cette stratégie. Nous saluons également les 15 millions de dollars qui ont été investis dans le Programme d'apprentissage des étudiants, qui aide les enfants et les jeunes vulnérables, dont nous accueillons un grand nombre dans nos clubs, à ne pas se marginaliser encore davantage à cause de la COVID-19.
Enfin, les changements apportés au programme Emplois d'été Canada et annoncés le 8 avril sont importants, car ils permettent de renforcer l'accompagnement offert aux jeunes pour s'intégrer au marché du travail et y rester. La prolongation temporaire de la date de fin d'emploi jusqu'en février 2021 est une bonne nouvelle pour les jeunes vulnérables qui voudront en profiter — ils ont souvent des obligations familiales —, et aussi pour les employeurs auxquels cette mesure donne une plus grande flexibilité au niveau des emplois. Nous avons toutefois été surpris de voir que nos clubs n'ont reçu qu'un petit nombre de subventions supplémentaires lorsque le programme Emplois d'été Canada a été élargi au printemps dernier, car certains emplois ne donnaient pas droit à des subventions.
Dans l'ensemble, ces changements sont très positifs, mais il faut faire plus, car les entreprises et les organismes à but non lucratif sont en train de réduire leur personnel, en raison du ralentissement économique. C'est dans cette optique que nous vous faisons les trois recommandations suivantes, s'agissant du programme Emplois d'été Canada.
Premièrement, nous réitérons notre demande, ainsi que la recommandation du Groupe d'experts sur l'emploi chez les jeunes, de faire du programme Emplois d'été Canada un programme permanent, qui roule toute l'année. En effet, le calendrier normal des emplois d'été ne répond pas aux besoins d'un grand nombre de jeunes ni à la façon dont ils organisent leur temps, leur travail et leurs études, et beaucoup de ceux qui ne font pas d'études postsecondaires pourraient ainsi accéder à ces emplois pendant toute l'année.
Nous savons aussi que les employeurs, surtout les petites et moyennes entreprises, les organismes à but non lucratif et les organisations caritatives, aimeraient bien avoir la possibilité d'offrir des emplois à différentes périodes de l'année. En transformant le programme d'été en un programme permanent, nous aurons la flexibilité nécessaire pour mieux accompagner les jeunes Canadiens dans l'acquisition des compétences et des expériences professionnelles dont ils ont besoin pour intégrer un marché du travail particulièrement complexe.
Deuxièmement, il faudrait que le programme Emplois d'été Canada ou le programme d'emploi pour les jeunes autorise les emplois à temps partiel et bénéficie d'un financement pluriannuel, pour que les employeurs soient mieux en mesure de planifier leur recrutement et d'attirer des jeunes.
Troisièmement, si le programme Emplois d'été Canada devient un programme permanent, sur toute l'année, nous recommandons l'octroi d'une nouvelle série de subventions de type Emplois d'été pour aider les employeurs à embaucher de jeunes Canadiens. Ces subventions pourraient être distribuées à la fin de l'automne pour que les emplois puissent commencer au début de 2021. Les fonctionnaires ont réussi à déplacer des montagnes au cours des cinq derniers mois, par conséquent nous savons que c'est faisable.
Ces recommandations sont extraites du rapport final du Groupe d'experts sur l'emploi chez les jeunes, et elles sont encore plus pertinentes aujourd'hui si nous voulons mieux accompagner les jeunes Canadiens pendant cette période difficile.
Je vais maintenant donner la parole à M. Fraser-Dableh, qui est membre de notre Conseil national des jeunes, pour qu'il vous parle de ses expériences personnelles pendant la pandémie.
Je laisse la parole à M. Fraser-Dableh.
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Merci, monsieur Charters.
Je salue les membres du Comité et les remercie de m'avoir invité.
Je m'appelle Isaac Fraser-Dableh, et j'aimerais aujourd'hui vous dire quel impact la pandémie a eu sur moi, sur mon emploi et sur ma collectivité.
J'ai 16 ans. J'habite à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, et je suis membre du Conseil national des jeunes de Repaires jeunesse du Canada. Les membres de ce conseil aident nos clubs locaux et travaillent aussi directement avec l'équipe nationale de Repaires jeunesse du Canada pour définir nos priorités vis-à-vis des enfants et des jeunes.
Avant la COVID-19, je fréquentais une école secondaire et je travaillais dans une boulangerie, à raison de quelques heures par semaine. Lorsque la pandémie a commencé, tout cela s'est brutalement arrêté. J'ai perdu mon emploi, et je ne pouvais donc plus mettre de l'argent de côté pour payer le collège et même les factures de téléphone.
Ce n'est pas arrivé qu'à moi, c'est arrivé à bon nombre de mes camarades. J'ai retrouvé mon emploi, mais ils n'ont pas tous eu la même chance, car ils avaient été mis à pied ou l'entreprise avait fermé. Aujourd'hui, ils essaient de trouver un nouvel emploi afin de pouvoir mettre de l'argent de côté pour leurs études ou pour autre chose. Mais dans la conjoncture actuelle, c'est très difficile.
Je voudrais profiter de l'occasion pour répondre à une critique qu'on nous fait souvent: les jeunes ne veulent pas travailler, ils attendent que tout leur tombe dans la main.
J'ai commencé à travailler à l'âge de cinq ans: j'aidais alors mon arrière-grand-père à vendre des sapins de Noël au marché local, et je l'ai fait jusqu'à l'âge de 14 ans, quand j'ai commencé à travailler dans un camion-cantine qui préparait des sandwiches au fromage fondu. Et depuis deux ans, je travaille dans une boulangerie.
Le fait de commencer à travailler très jeune m'a inculqué la valeur de l'argent et m'a aidé à acquérir une bonne éthique professionnelle. Ceux qui commencent à travailler très tôt ont la possibilité d'acquérir ces compétences essentielles. J'ai constaté que ceux qui ont tout ce qu'ils veulent sans jamais rien faire pour l'avoir n'apprennent jamais que ce n'est pas comme ça que ça marche dans la vie et qu'ils n'obtiendront pas toujours tout ce qu'ils veulent. Les jeunes que je connais et qui travaillent savent combien c'est dur de gagner un dollar. Ça vous apprend aussi à mettre de l'argent de côté pour payer vos études ou même pour acheter une nouvelle voiture. Je pense qu'il est bon d'avoir, très tôt, une idée de la valeur de l'argent et de comprendre combien il est important de mettre de l'argent de côté, car sinon, vous risquez d'avoir des problèmes financiers plus tard.
Nous ne sommes pas paresseux et nous allons changer le monde.
J'aimerais conclure en vous demandant instamment de prendre des mesures ambitieuses pour renforcer le programme d'emploi des jeunes pendant cette période vraiment très difficile. Avec les recommandations que nous vous avons faites, nous pouvons changer les choses dans nos collectivités et dans l'ensemble du Canada.
Je vous remercie de m'avoir écouté.
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Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invitée à venir vous parler cet après-midi.
Nous vivons une période de bouleversements qui se traduit, pour certains, par des difficultés accrues et, pour d'autres, par de nouvelles opportunités, mais pour l'ensemble des Canadiens, c'est avant toute une période d'adaptation et d'ajustement. Ces bouleversements ont changé la façon dont nous travaillons et ont creusé un écart entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas; ils ont aussi changé les relations que nous avons avec nos collègues et nos clients, avec notre famille et nos amis, avec notre communauté et avec le monde entier. C'est une période qui nous permet de mettre l'accent sur la santé et le bien-être. C'est aussi une période de générosité et de gratitude. Enfin, c'est une période d'action et de responsabilité, une période d'apprentissage et d'épanouissement.
Notre organisation est spécialisée dans la recherche et l'éducation, et à ce titre, nous nous intéressons aux familles, à la vie de famille, ainsi qu'aux expériences, attentes et aspirations des familles. La COVID-19 a remis la famille à l'avant-scène. Certains ont eu à passer de nombreuses heures avec les membres de leur famille, alors que d'autres se sont retrouvés dans la plus grande solitude. Tous nos systèmes ont été mis à l'épreuve — notre système économique, nos services de santé, notre système de justice, nos services de bien-être à l'enfance, nos services communautaires, notre système d'éducation, nos services d'apprentissage et de garde des jeunes enfants et nos relations familiales.
Ce que nous avons constaté au cours de ces derniers mois, c'est que chacun des points forts et des points faibles de ces systèmes a été amplifié et intensifié par la COVID-19. Prenons l'exemple de nos services de santé: le point fort a été l'immense dévouement du personnel médical et le point faible, les dysfonctionnements des établissements de soins de longue durée, qui doivent compter sur l'aide des familles, des amis et des bénévoles. Si vous les écartez du système, la qualité des soins diminue de façon spectaculaire.
Pendant cette période, nous nous sommes davantage préoccupés de notre bien-être et de notre santé. Nous avons donc besoin de mieux comprendre comment nos systèmes ont été mis à l'épreuve. Nous savons que chacun d'entre eux a eu un impact sur le bien-être des familles, et nous en sommes arrivés à la conclusion que neuf conditions doivent être réunies si l'on veut optimiser le bien-être des familles pendant la pandémie et après.
La première de ces conditions est le revenu. Il faut qu'il soit adéquat, stable et prévisible. L'environnement physique doit être adéquat, il doit être stable et il doit donner accès à l'extérieur. L'emploi ou la relation avec le marché du travail doit être flexible, offrir les outils nécessaires au succès et donner le choix de la méthode de travail, du lieu et du moment. Les enfants ont besoin de parents attentifs. Ils ont besoin d'avoir accès à Internet pour faire leurs devoirs. Ils ont aussi besoin de jouer, d'explorer et de découvrir. Les familles ont besoin de se nourrir sainement, de faire de l'exercice et d'avoir accès aux services de santé. Elles ont besoin d'avoir accès à de bonnes connexions pour pouvoir se parler, et elles ont besoin d'avoir accès à des informations ponctuelles, fiables et exactes. Enfin, elles doivent avoir la capacité d'optimiser leurs relations grâce au bien-être de chacun des membres de la famille.
Nous savons que toutes ces conditions ne sont pas réunies partout, notamment dans les collectivités rurales, éloignées et septentrionales, où la densité démographique est élevée et où la précarité est grande.
Je vais vous donner une idée de ce que nous avons fait depuis le début du confinement, le 10 mars dernier. Nous avons immédiatement commencé à collaborer et à signer des partenariats avec Statistique Canada, l'Association d'études canadiennes et la firme Leger pour faire des sondages hebdomadaires.
Avec un groupe de gens, nous avons créé le Réseau COVID-19 sur les impacts sociaux, qui regroupe aujourd'hui plus de 125 personnes qui font des recherches et accompagnent les individus et leurs familles qui ont besoin de comprendre de quelle façon ils sont touchés par la COVID-19. Nous faisons partie de CanCOVID, le réseau de recherche sur la COVID-19 qui a été mis sur pied par le conseiller scientifique en chef du Canada. Nous collaborons avec nos collègues d'Australie, de l'Union européenne et des États-Unis, et nous travaillons avec l'équipe du G7 qui s'occupe de l'autonomisation économique des femmes, avec l'UNICEF, avec l'ONU au sein du groupe d'experts sur les familles, et avec nos collègues universitaires qui reçoivent des subventions du CRSH et des IRSC.
Nous avons également signé des partenariats avec l'Association canadienne des thérapeutes matrimoniaux et familiaux et avec l'Association canadienne de counseling et de psychothérapie. Nous travaillons sur un projet concernant les familles d'anciens combattants, en collaboration avec La Patrie gravée sur le cœur, Anciens Combattants Canada et le Canadian Institute for Military and Veteran Health Research.
Chaque semaine, nous recueillons des données au moyen d'un sondage. Nous posons la même série de questions depuis le 10 mars, en en modifiant quelques-unes chaque semaine. Nous avons également fait des sondages ciblés et avons contribué au sondage de Statistique Canada sur l'approche participative. Nous recueillons les données, nous les analysons, nous les synthétisons et nous les transposons dans la réalité. Les sondages sortent le vendredi et doivent être remplis pendant la fin de semaine. Nous récupérons les résultats le lundi et en faisons l'analyse le mardi. Nous rédigeons le rapport le mercredi et le faisons traduire le jeudi. Le cycle recommence ensuite le vendredi.
Nous faisons également des sondages particuliers auprès des enfants et des jeunes, en collaboration avec l'UNICEF et Expériences Canada, un sondage auprès des thérapeutes familiaux, parce que nous voulons savoir ce qu'ils observent dans leurs cabinets, et, comme je l'ai déjà dit, un sondage auprès des familles des anciens combattants. Nous faisons chaque semaine des sondages complémentaires auprès des néo-Canadiens, des Autochtones et des membres des minorités visibles, et aussi auprès des jeunes. Nous compilons ces données et nous organisons chaque semaine des conférences et des discussions dans tout le pays.
Nous affichons ces données sur notre site Web. Je suis en train de regarder ce que je pourrais vous montrer. Il y a énormément d'informations sur notre site Web et encore plus sur le site Web du Réseau COVID-19 sur les impacts sociaux. Je vais m'assurer que vous avez accès à toutes ces informations.
Pour ce qui est de nos constatations, nous attendons du financement pour préparer un vaste sondage sur « les familles au Canada ». Nous voulons en effet réaliser un sondage sur les familles pendant la reprise, sur les familles récemment arrivées au Canada, et aussi une étude sur la fertilité et la grossesse, parce que nous avons appris que des jeunes filles qui avaient planifié une grossesse en 2020 avaient décidé de la reporter, ce qui va avoir d'énormes conséquences, dans les années qui vont suivre, pour les prestations de maternité, les jardins d'enfants et même les écoles secondaires. Nous cherchons également à nous renseigner sur le niveau de confiance des parents dans l'éducation préscolaire, les garderies d'enfants et le système d'éducation, à l'approche de l'automne.
Ces sondages sont conçus de façon à permettre la comparaison entre la situation antérieure à la COVID-19 et la situation postérieure à la pandémie. Nous nous intéressons également à d'autres choses comme les impacts sur la pollution atmosphérique, l'asthme et les allergies chez les enfants, et les naissances prématurées. Les naissances prématurées ont diminué régulièrement pendant la pandémie. Comme personne ne comprend pourquoi, nous essayons d'en savoir davantage sur ce qui se passe. Nous nous intéressons également aux stress et aux tensions que cela provoque dans les familles et dans la collectivité, ainsi qu'aux impacts sur le niveau de bien-être.
Comme il ne me reste que quelques minutes, je voudrais vous donner des exemples des résultats que nous avons obtenus récemment.
Il est intéressant de constater que les données recueillies sont de très grande qualité. Elles sont représentatives, ce sont des données solides.
Les gens ont vraiment envie de parler de leur expérience. Pour le tout premier sondage de Statistique Canada sur l'approche participative, dans le contexte de la COVID-19, nous avions préparé nos questions, tout était prêt, et nous espérions recevoir environ 15 000 réponses dans les 15 jours. Mais dès le sixième jour, nous avions déjà reçu plus de 275 000 réponses, et 68 % des répondants avaient accepté de donner leur adresse courriel pour que nous puissions les solliciter à nouveau. Les données que nous avons sont donc très solides.
Nous avons constaté que ceux qui s'en sortaient bien avant la COVID-19 continuent généralement de bien s'en sortir, mais que ceux qui étaient à la peine avant le sont encore plus aujourd'hui. Entre les deux, il y en a beaucoup qui s'en sortent mieux et quelques-uns qui ne s'en sortent pas aussi bien.
Je vais vous donner quelques exemples que je tire du dernier sondage que nous avons effectué et qui, je pense, vous intéresseront tout particulièrement. Nous voulions savoir si les gens étaient préoccupés par le déficit. Nous avons constaté que 35 % étaient très préoccupés, 43 %, moyennement, et 18 %, pas du tout ou très peu. À la question de savoir si, pour réduire le déficit, le gouvernement devait réduire des programmes ou des prestations, 41 % ont répondu oui, et 44 %, non.
S'agissant du masque, la plupart des gens en portent dans les épiceries. Ceux qui refusent catégoriquement d'en porter sont essentiellement les clients des bars et les usagers des transports publics. À la question de savoir si la première vague allait bientôt se terminer, 40 % des gens ont répondu oui, et 47 %, non. À la question portant sur l'approvisionnement en équipements de protection personnelle, 10 % des gens ont répondu que le gouvernement devrait l'accélérer, 64 % se sont dits satisfaits, et seulement 26 % veulent que le gouvernement le ralentisse.
S'agissant de la santé mentale, si vous aviez une excellente santé mentale avant la pandémie, il y a de bonnes chances que ce soit toujours le cas. En revanche, si vous aviez des problèmes de santé mentale avant la pandémie, ces problèmes se sont aggravés. La courbe a légèrement fléchi début avril, lorsque les négatifs ont atteint un pic avant de redescendre.
On constate la même chose pour les couples. En mars et jusqu'à début avril, c'était l'entente parfaite, ils avaient de bonnes conversations, pas de stress, pas de tensions, mais à partir de la troisième semaine, on a constaté davantage d'irritabilité de part et d'autre. Ce n'était pas très grave et cela n'a pas duré au-delà de la quatrième semaine. Les relations se sont ensuite stabilisées et sont demeurées positives.
Les gens appréhendent beaucoup de quitter leur maison, même avec un masque. Les jeunes craignent que leurs proches n'attrapent la COVID-19, beaucoup plus qu'ils ne le craignent pour eux-mêmes, et ils se soucient du bien-être de leur famille.
S'agissant de la peur...
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Je vais essayer de répondre brièvement à vos deux questions.
Tout d'abord, il faut se rendre compte qu'il n'est plus vrai que les jeunes, et pas seulement en temps de pandémie, arrêtent l'école au printemps et recommencent à l'automne. Ils peuvent décider de recommencer à un autre moment. Certains prennent une année de pause, d'autres aménagent leurs horaires pour commencer à une autre session. Il n'y a plus vraiment de modèle fixe au niveau postsecondaire.
Le programme actuel est fondé sur un ancien modèle agraire dans lequel les congés scolaires tombent l'été et les emplois pour les étudiants aussi. Pourtant, les employeurs nous disent que les possibilités d'emploi n'existent pas seulement l'été. Dans beaucoup d'industries, des emplois sont disponibles à l'année. Si nous pouvions les offrir aux jeunes au moment qui leur convient et leur permettre d'économiser pour payer leurs études ou pour faire une pause avant de commencer leurs études postsecondaires, le programme serait beaucoup mieux adapté à la réalité des jeunes, à la façon dont ils envisagent leur travail et leur éducation.
L'idée de base, à laquelle nous réfléchissions déjà avant la pandémie, consiste à offrir un programme qui serait mieux adapté aux besoins actuels des employeurs et des étudiants. C'est, je pense, le premier facteur à considérer pour en arriver à un programme moderne, qui correspond vraiment à la réalité d'aujourd'hui.
Pour ce qui est de la PCU, je ne peux pas vraiment donner d'opinion. Selon ce que j'en sais, les étudiants y sont admissibles, mais ils ont eu droit à la Prestation d'urgence canadienne pour les étudiants. C'était pas mal, mais c'était insuffisant. L'été, ne l'oubliez pas, les étudiants veulent épargner. Ils doivent payer les frais de subsistance, les frais de scolarité... C'est beaucoup, mais de nombreux jeunes ne tirent pas le même revenu d'un travail ou de ces prestations que s'ils avaient eu un emploi à temps plein ou d'autres perspectives. Nous constatons que ces prestations sont insuffisantes et qu'elles n'offrent pas aux jeunes les possibilités dont ils ont besoin.
Je dois admettre que je n'en sais pas beaucoup plus au sujet de l'accès ou du manque d'accès. Je sais seulement que les étudiants ne trouvent pas ces prestations suffisantes.