Je vous souhaite la bienvenue à cette 10e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Conformément à la motion adoptée par la Chambre le 26 mai 2020, à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 1er juin 2020, le Comité poursuit son étude sur les impacts de la COVID-19 sur les acteurs de l'industrie de la pêche.
La séance d'aujourd'hui se déroule par vidéoconférence. Les délibérations sont publiques et accessibles sur le site Web de la Chambre des communes. À titre informatif, la webémission montrera la personne qui parle et non tous les membres du Comité.
Nous avons dû modifier la liste des témoins à 13 heures parce que certains d'entre eux n'ont pas réussi à se brancher avec nous. Nous les avons avisés qu'ils pouvaient transmettre leur mémoire par écrit. D'autres témoins n'ont pas communiqué avec nous pour faire des tests de connexion et de son, comme nous leur demandons habituellement de faire. Si la connexion s'avère difficile ou impossible avec certains témoins ou si la piètre qualité du son empêche l'interprétation, les témoins devront transmettre leur déclaration préliminaire à la greffière, qui les distribuera à tous les membres du Comité. Les membres du Comité pourront également demander aux témoins de répondre à certaines questions par écrit, s'ils le veulent.
Dans l'intérêt de tous les membres du Comité, mais aussi des témoins qui participent à la réunion virtuelle d'un comité de la Chambre des communes pour la première fois, je vous rappelle quelques règles à suivre.
L'interprétation offerte pendant la vidéoconférence sera essentiellement la même que lors d'une réunion normale. Au bas de l'écran, vous avez le choix du canal anglais, français ou sans interprétation. Si vous avez l'intention de passer d'une langue à l'autre lorsque vous parlez, vous devrez choisir le canal qui correspond à la langue dans laquelle vous vous exprimez. Il serait préférable de prendre une petite pause lorsque vous changez de langue et de canal. Je vous prie d'attendre que je vous appelle avant d'intervenir. Lorsque vous êtes prêts à intervenir, il faut cliquer sur l'icône du microphone afin d'allumer votre micro.
Si un député souhaite faire un rappel au Règlement, il devrait activer son micro et annoncer qu'il souhaite faire un rappel au Règlement. Si un député souhaite réagir au rappel au Règlement de l'un de ses collègues, je l'encourage à utiliser la fonction « Lever la main ». Pour ce faire, vous n'avez qu'à cliquer sur l'icône « Participants », au bas de votre écran et lorsque la liste s'affichera, vous verrez que vous pouvez cliquer sur la fonction « Lever la main » à côté de votre nom. Cela indiquera à la présidence que vous souhaitez prendre la parole et cela permettra de conserver l'ordre chronologique des intervenants.
Lorsque vous n'avez pas la parole, votre microphone devrait être éteint. L'utilisation d'un casque d'écoute est vivement recommandée.
Enfin, lorsque vous parlez, veuillez vous exprimer lentement et clairement. C'est d'autant plus important aujourd'hui, parce que nos témoins n'ont pas nécessairement accès à Internet haute vitesse et à de l'équipement de pointe. Nous ferons de notre mieux, et nous devrons peut-être parler plus lentement qu'à l'habitude.
Si un problème technique survient — avec l'interprétation ou le son, par exemple —, veuillez en aviser immédiatement la présidence et l'équipe technique s'occupera du problème. Veuillez noter que nous devrons peut-être suspendre la séance pendant ce temps, afin de veiller à ce que tous les membres du Comité puissent participer pleinement à la réunion.
Avant de commencer, je demanderais à tout le monde de cliquer sur le coin supérieur droit de leur écran pour activer l'affichage en mode « galerie ». Cela vous permettra de voir tous les participants à la réunion et les participants pourront se voir les uns les autres.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous recevons aujourd'hui Jean Lanteigne, qui est directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels; et Paul Lansbergen, président du Conseil canadien des pêches.
Monsieur Lansbergen, je sais que vous avez témoigné devant le Comité à maintes reprises.
Nous allons d'abord entendre M. Lanteigne.
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Oui, nous allons continuer.
Vous pouvez écouter l'audio. Nous n'avons pas nécessairement besoin de vous voir.
Si vous souhaitez participer ou appeler le service des TI, vous pouvez le faire.
Je vais répondre à votre question, monsieur Cormier, au sujet des témoins qui figurent sur la liste, mais qui ne sont pas présents aujourd'hui, qui n'ont pas eu l'occasion de se joindre à nous, ou peu importe.
Plus tôt aujourd'hui, vers 11 h 30 je crois, les membres de notre personnel ont communiqué avec un témoin en particulier. Sa connexion Internet était instable, alors ils n'ont pas pu faire les tests habituels. Ils ont expliqué au témoin qu'il pouvait transmettre son témoignage par écrit et qu'il serait ensuite distribué à tous les membres du Comité.
C'est très difficile. Je crois que l'un des défis de ces réunions, c'est que les gens doivent avoir une connexion Internet stable pour y participer de manière adéquate, que ce soit par voix uniquement ou par vidéoconférence.
Nous allons continuer de travailler là-dessus. Nous allons tenter d'intégrer les témoins au fil de cette étude. Nous allons faire tout en notre possible pour permettre aux témoins de participer à la réunion par vidéoconférence, si possible. J'espère que cela répond à votre question.
Nous allons maintenant entendre Jean Lanteigne.
Vous disposez d'un maximum de six minutes pour votre déclaration préliminaire. Allez-y.
La Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels, ou FRAPP, fière de ses 52 ans d'existence, représente près de 200 pêcheurs regroupés dans trois associations: l'Association des pêcheurs professionnels crabiers acadiens, l'Association des crevettiers acadiens du golfe et l'Association des pêcheurs professionnels membres d'équipage. Elles sont situées à Shippagan, dans la péninsule acadienne, au Nouveau-Brunswick.
Afin de maximiser le temps mis à notre disposition, je vais entrer directement dans le vif du sujet en vous présentant le contexte particulier de nos deux pêches semi-hauturières, soit celle du crabe et celle de la crevette. La longueur de nos bateaux varie de 60 à 75 pieds, et leur équipage compte de quatre à sept personnes. Tous les membres d'équipage vivent, mangent et, sauf le capitaine, dorment dans les mêmes espaces.
Vous avez entendu parler du problème lié à la consigne de l'éloignement physique chez les homardiers. Bienvenue dans notre monde de la pêche, où les sorties en mer durent de trois à sept jours, et parfois huit jours.
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La longueur de nos bateaux varie de 60 à 75 pieds, et leur équipage compte de quatre à sept personnes. Tous les membres d'équipage vivent, mangent et, sauf le capitaine, dorment dans les mêmes espaces.
Vous avez entendu parler du problème lié à la consigne de l'éloignement physique chez les homardiers. Bienvenue dans notre monde de la pêche, où les sorties en mer durent de trois à sept jours, et parfois huit jours. Il s'agit d'un véritable univers de cohabitation.
Curieusement, ces pêcheurs n'ont pas manifesté d'appréhension, de crainte ou de stress, du moins ils en avaient très peu, relativement au risque d'être victimes de cette pandémie. C'est tout le contraire qui s'est produit, un peu comme si cela ne les concernait pas. Ils ont demandé à sortir en mer le plus rapidement possible. Mon député, votre collègue, Serge Cormier, peut en témoigner.
Ce qui fait mal, ce n'est pas de devoir respecter les règles de santé publique qui ont été mises en œuvre sur les emplacements d'entretien de nos navires, sur nos quais ainsi que sur les bateaux même. Comme bien d'autres industries, c'est la diminution et, dans nombre de cas, la disparition des marchés qui nous affectent. Les représentants de la haute direction du ministère des Pêches et des Océans, ou MPO, sont d'ailleurs venus témoigner de ce constat devant vous.
Comme vous le savez, les marchés de la restauration, des croisières et des buffets de casinos ont tous disparu. Dans le cas du crabe des neiges, environ 85 % de notre production est exportée vers les États-Unis. Cependant, en raison de son caractère exclusif, nous sommes relativement chanceux et nos producteurs réussissent assez bien à écouler ce produit auprès de certains distributeurs du secteur de la restauration et auprès de gros joueurs du secteur de détail, comme Clover Leaf. Cependant, tout a été réduit de 50 % par rapport à 2019. Ce n'est pas le meilleur des scénarios, mais, contrairement à la crevette nordique, le secteur fonctionne.
Parlons de cette crevette nordique, secteur où le Canada était devenu le gros joueur mondial dans les années 2010-2015. Contrairement au crabe des neiges, la concurrence visant une part de ce marché sur la scène mondiale est réellement féroce, notamment à cause de la présence des produits d'aquaculture en provenance de l'Asie et de l'Amérique du Sud. Ce produit étant principalement exporté aux États-Unis, dans les pays scandinaves, au Royaume-Uni et en Chine, nos producteurs se sont retrouvés, en raison de la COVID-19, sans aucun marché ce printemps.
Notre saison de pêche, qui débute en mars sur le plateau néo-écossais et le 1er avril dans le golfe, a été retardée jusqu'à la semaine dernière. Nous avons donc perdu de 10 à 12 semaines de pêche. J'ajoute que les pêcheurs terre-neuviens n'ont toujours pas conclu d'accord, avec leurs producteurs, leur permettant d'aller à la pêche. Sur le plan des prix, cela devient encore plus problématique puisque nous connaissons des baisses de plus de 50 % par rapport à l'année 2019. Est-ce rentable dans ce cas-ci? Ce ne l'est pas. Cependant, nous devrons attendre à la fin de la saison pour le confirmer.
Les frais fixes pour ces types de bateaux sont de l'ordre de 500 000 $ par année. En raison de l'amputation de la saison de pêche à cette période, il sera extrêmement difficile, voire impossible, d'être rentables dans ces conditions. La grande inconnue pour le moment est liée à l'abondance de la pêche. Si les prises par unité d'effort étaient bonnes, cela aiderait la situation. Notre expérience en matière de pêche tardive à l'été et à l'automne n'a jamais été très concluante. En fait, une sortie en mer représente environ 42 000 $. De plus, il y a différentes catégories de prix en fonction de la grosseur. Comble de malheur, la petite crevette domine le marché en 2020. Le prix de cette dernière est d'environ 0,80 $ la livre.
Par conséquent, vous avez une très bonne idée de la quantité de crevettes nécessaire par voyage de pêche pour que nous puissions éviter un déficit. Dans ce contexte, dès la fin de mars, nous avons demandé aux représentants du ministère de nous rencontrer afin de trouver des solutions. Nous n'avons pas eu le sentiment d'avoir été entendus, tant par la que par les membres de la haute direction du MPO, à Ottawa. Après plusieurs tentatives, nous avons finalement tenu, le 4 juin, une conférence téléphonique de 30 minutes. À ce jour, nous n'avons reçu aucune réponse à nos demandes. Nous annexons à notre document la liste des points dont nous avons discuté avec les membres du MPO et du gouvernement du Canada. Ces points portent principalement sur des éléments de réduction de dépenses, comme le coût des permis, et sur les subventions salariales pendant toute la saison de pêche.
En ce qui a trait aux solutions possibles, nous croyons qu'il faut développer le marché canadien. À titre d'exemple, 80 % de la crevette consommée au Canada vient de l'extérieur du pays, et nos grandes chaînes de magasins d'alimentation font plus souvent la promotion du crabe d'Alaska que du crabe des neiges canadien. Comment devrions-nous procéder? Nous devrions soit modifier le rôle du MPO pour qu'il s'occupe de commercialisation, soit créer au sein d'Agriculture et Agroalimentaire Canada une division poissons et fruits de mer afin de promouvoir la consommation locale.
On doit aussi revoir avec l'industrie les systèmes de distribution existants, axés majoritairement sur l'exportation vers des pays ciblés. Il est plus facile d'expédier 500 tonnes de crevettes ou de crabes en Chine que d'en envoyer 100 000 livres à Loblaws, à Toronto.
En matière de diversification des produits, pendant que l'industrie de l'alimentation est en plein changement et que les offres de produits sont de plus en plus variées, nos usines de transformation sont statiques dans les productions offertes au marché. Nous faisons du volume dans du vrac. On parle de boîtes de morceaux de crabe cuits et congelés de 11 kilos, 15 kilos, et parfois même d'avantage. Il s'agit aussi de crevettes cuites et décortiquées, ou encore de crevettes cuites et congelées sur les bateaux-usines de Terre-Neuve dans des sacs de 5 livres ou de 25 livres.
Nous vendons aux producteurs et aux distributeurs alimentaires. Cela fait longtemps que l'on parle de deuxième et de troisième transformations. Il faut mettre en place une stratégie de recherche orientée vers l'utilisation de nos ressources halieutiques afin de maximiser cent pour cent des quotas de pêche.
En matière de recherche et développement, nous n'avons au Canada aucun organisme ou centre de recherche spécialisé à cet effet. Certains le font parfois à propos d'un projet ou d'une idée particulière, mais dans l'ensemble c'est bien peu. Regardons notamment le modèle islandais et son centre de recherche sur les produits marins du nom de Matis.
En terminant, je pense que, malgré tout, nous avons été chanceux jusqu'à maintenant...
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Merci beaucoup, monsieur le président. Vous m'excuserez pour la mauvaise connexion Internet et l'absence de la vidéo. La plupart d'entre vous ont déjà vu mon visage de toute façon, alors je ne crois pas que cela nuise aux délibérations.
Je suis heureux de participer à la réunion d'aujourd'hui. Comme certains membres du Comité ont changé depuis ma dernière participation avant les élections, je vais vous expliquer le rôle de l'organisme pour lequel je travaille.
Le Conseil canadien des pêches est la voix internationale du secteur de la pêche aux poissons sauvages, et représente les transformateurs de l'ensemble du pays. Presque tous nos membres récoltent aussi le poisson. Ceux d'entre vous qui se trouvent sur la côte Est connaissent bien les règles en matière de séparation des flottilles. Je représente les transformateurs et les pêcheurs hauturiers. La plupart ont des entreprises familiales privées.
Le secteur des pêches du Canada a connu une importante croissance au cours des dernières années. La valeur de nos exportations a augmenté de 25 % au cours des cinq dernières années, jusqu'à 7,5 milliards de dollars, ce qui est une bonne nouvelle. Les entreprises du secteur permettent à près de 80 000 personnes de travailler, surtout dans les collectivités côtières.
Nos quatre principaux marchés d'exportation — en fonction de leur valeur — sont les États-Unis, qui représentent 61 % de nos exportations, la Chine, à 17 %, l'Union européenne, à 7 % et le Japon, à 4 %.
Le homard et les autres crustacés forment le plus important groupe de produits, qui représente 55 % de nos exportations. Le poisson frais ou congelé arrive au deuxième rang, à 14 %, et les mollusques sont au troisième rang, à 7 %.
Je vais maintenant aborder le sujet de la pandémie. Comme l'a fait valoir M. Lanteigne, l'impact de la pandémie sur les diverses entreprises varie en fonction des espèces, du format du produit, du marché géographique et des segments de marché. Les entreprises qui offrent des produits qui visaient habituellement les services alimentaires ou les restaurants gastronomiques ont été les plus durement touchées. Malheureusement, les fruits de mer ne sont pas les plus populaires des mets à emporter.
On peut se servir des statistiques sur le commerce pour évaluer l'interruption du système commercial mondial et son incidence sur notre secteur. En mars, le volume d'exportation du poisson et des fruits de mer a chuté de 15 %. Il y a eu une ruée sur les achats en mars, ce qui fausse les données sur l'impact de la pandémie au cours de ce mois. La diminution du nombre d'exportations pour le mois d'avril était deux fois plus importante, soit de 30 %.
Mis à part l'interruption du marché, nous avons déployé des efforts incroyables pour protéger nos travailleurs et l'équipage des bateaux. Le Conseil canadien des pêches a fait tout en son pouvoir pour aider le secteur à respecter les lignes directrices de la santé publique. Les entreprises investissent dans l'équipement de protection individuelle, modifient leurs configurations opérationnelles pour assurer une plus grande distanciation, mettent en œuvre des pratiques de désinfection accrues et ainsi de suite. Certains secteurs misent sur les travailleurs étrangers temporaires. Certains ont mieux réussi que d'autres à les faire venir au pays depuis le début de la pandémie.
Nous sommes heureux de la mise en œuvre du Fonds canadien pour la stabilisation des produits de la mer par le gouvernement en vue de reconnaître les perturbations dans le secteur. Pour nous, la priorité réside dans les mesures de santé et de sécurité pour les travailleurs. Les coûts ont augmenté pour tout le monde. Par exemple, les usines de transformation pourraient dépenser 50 000 $ ou plus par année pour l'équipement de protection individuelle. L'installation des obstacles physiques coûte des dizaines de milliers de dollars par usine, et l'isolement de l'équipage des navires avant les voyages entraîne lui aussi des coûts supplémentaires.
Le programme aidera aussi au travail par quarts en vue de répondre à la demande des marchés de détail et sera géré par les organismes de développement régionaux. Les régions qui n'ont pas été prises en compte pourront bénéficier du Fonds d'aide et de relance régionale. Nous espérons que le fonds de stabilisation sera offert sous peu. Je dois dire que les entreprises ont très hâte de savoir ce qui est couvert ou non par le fonds.
Le secteur est admissible aux mesures offertes à l'échelle de l'économie, notamment aux subventions salariales et à la prestation d'urgence. Les plus petits exploitants sont admissibles au Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes. L'aide financière offerte par EDC, la BDC et Financement agricole Canada est également utile. De façon particulière, nous avons confirmé que Financement agricole Canada offrait maintenant de l'aide pour les chalutiers-usines congélateurs, qui font partie des opérations de capture et de transformation.
Alors que les économies reprennent et que le marché des services alimentaires se rétablit, notre secteur pourra lui aussi se relever, mais la route sera longue et sinueuse. Nous avons hâte de discuter avec vous, avec les autres parlementaires et avec les gouvernements de la meilleure façon pour le secteur des pêches de contribuer au rétablissement des Canadiens qui vivent dans les collectivités côtières et partout au pays.
Je serai heureux de répondre à vos questions. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s’adresse principalement à M. Lansbergen, mais si M. Lanteigne souhaite intervenir, qu’il n’hésite pas à le faire.
Aux fins du compte rendu, il faut préciser que le gouvernement et le ministère ont eu environ six semaines pour s’occuper d’un incident qui ne s’est produit depuis 100 ans, à savoir la fermeture du marché mondial des produits de la mer. Personne n’aurait pu prévoir ou imaginer une telle situation.
Quelles seront dorénavant les plus grandes vulnérabilités de notre industrie, et comment devrions-nous en optimiser la structure pour l’avenir? Qu’avons-nous appris au cours du mois dernier?
Certains programmes prendront fin, mais le gouvernement a fait preuve de cohérence dans l’annonce et le suivi des mesures. Nous avons adopté une approche très efficace pour ce qui est de verser les fonds aux gens, et les pêcheurs y auront également accès.
Voici ma question pour vous deux, messieurs, en votre qualité de représentants de l’industrie: déployons-nous, aujourd’hui, suffisamment d’efforts ciblés pour tirer des leçons de cette crise, et quelles mesures devons-nous prendre afin que nous ne soyons plus à la merci d’une situation mondiale similaire?
Personne n’aurait pu prédire que l’économie mondiale serait quasiment paralysée en l’espace de 24 heures.
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Merci beaucoup, monsieur Lanteigne.
On sait que la pêche à la crevette est l'une des plus dispendieuses dans le golfe, principalement dans l'Est-du-Québec, et même en Acadie.
Vous avez mentionné que les pêcheurs de crevette avaient pu prendre la mer dernièrement, en fait 10 semaines après la date normalement prévue, soit le 1er avril.
Pouvez-vous nous dire ce que le gouvernement fédéral aurait pu faire différemment pour soutenir davantage les pêcheurs? Vous avez dit, tout à l'heure, que les marchés internationaux n'étaient pas ouverts. C'est un réel problème, qui nuit au lancement de la pêche à la crevette. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.
Quelles sont les différentes interventions que vous auriez aimé voir de la part du gouvernement fédéral, selon les recommandations que vous avez formulées?
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Comme je viens de l'expliquer, c'est une dépense très importante. Dans le cas du crabe des neiges, le tarif est de 132,50 $ la tonne, dans celui de la crevette, 66,50 $. Il faut aussi tenir compte de l'ajout de 2 % cette année.
Étant donné qu'il n'y avait pas de sortie de fonds de la part du gouvernement fédéral, nous trouvions que c'était une façon très adéquate de donner un coup de main aux pêcheurs sans que le gouvernement fédéral ait à mettre la main à la bourse.
Dans ce cas-ci, il s'agit tout simplement de supprimer cette dépense, ce qui les aiderait vraiment. Comme vous le savez, un pêcheur doit produire un revenu brut de 40 000 $, 45 000 $ ou même 50 000 $ pour être capable d'acquitter cette facture de 25 000 $.
À notre avis, cette mesure de soutien était vraiment facile à mettre en place. Nous ne comprenons toujours pas pourquoi le ministère des Pêches et des Océans refuse de procéder de cette manière et qu'il soit plutôt allé de l'avant avec une subvention de 10 000 $. De plus, les pêcheurs de crevette et de crabe y sont complètement inadmissibles, étant donné qu'ils ont déjà fait des demandes pour la subvention de 40 000 $.
Encore une fois, pour la gouverne des témoins qui participent à une réunion virtuelle d'un comité de la Chambre des communes pour la première fois, je dois vous rappeler quelques règles à suivre.
L'interprétation offerte pendant la vidéoconférence sera essentiellement la même que lors d'une réunion normale. Au bas de l'écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français. Si vous avez l'intention de passer d'une langue à l'autre lorsque vous parlez, vous devrez choisir le canal d'interprétation qui correspond à la langue dans laquelle vous vous exprimez. Tâchez de faire une courte pause au moment de changer de langue.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêts à intervenir, il faut cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Lorsque vous ne parlez pas, assurez-vous que votre micro est désactivé pour éviter les problèmes de brouillage.
L'utilisation d'un casque d'écoute est vivement recommandée.
Enfin, lorsque vous prenez la parole, veuillez parler lentement et clairement.
En cas de difficultés techniques — par exemple, avec l'interprétation ou le son —, veuillez en aviser immédiatement la présidence, et l'équipe technique s'efforcera de rétablir la situation. Veuillez noter qu'il nous faudra peut-être suspendre la séance pendant ce temps, car nous devons nous assurer que tous les membres du Comité peuvent participer pleinement à la réunion.
Avant de commencer, est-ce que chacun peut cliquer sur le coin supérieur droit de son écran et s'assurer d'afficher la galerie? Cette option d'affichage vous permet de voir tous les participants dans une grille. Ainsi, tous ceux qui participent à la vidéo peuvent se voir les uns les autres.
Pour cette partie de la réunion, nous accueillons Melanie Sonnenberg, présidente de la Fédération des pêcheurs indépendants du Canada. Nous recevons également Duane Boudreau, président de la Gulf Nova Scotia Bonafide Fishermen's Association. Enfin, nous accueillons le chef Terrance Paul, directeur général de la Membertou Development Corporation.
Chers témoins, je vous remercie d'être des nôtres.
Nous allons maintenant entendre Melanie Sonnenberg, qui dispose d'un maximum de six minutes pour faire sa déclaration liminaire. À vous la parole.
Merci, monsieur le président, et merci au Comité d’avoir invité la fédération à comparaître aujourd’hui.
La Fédération des pêcheurs indépendants du Canada représente, à l’échelle nationale, plus de 12 000 pêcheurs indépendants qui assurent la plupart des débarquements de produits de la mer du Canada. Ensemble, nous employons environ 30 000 membres d’équipage.
Nous sommes à l’origine de presque toute la production canadienne de homards, de crabes, de saumons sauvages, de crevettes et de poissons de fond. Nos débarquements de produits de la mer placent le Canada parmi les plus importants pays de pêche au monde et font de nous le principal employeur du secteur privé dans la plupart des collectivités côtières du Canada.
Le secteur canadien des pêches a été particulièrement touché par la COVID-19 en janvier, et ce, avant les autres secteurs. En raison de sa nature saisonnière, le secteur a subi les graves contrecoups de la pandémie, si bien que les décisions cruciales étaient axées sur la capacité des pêcheurs de survivre aux conditions actuelles du marché et à la crise financière qui a frappé le secteur. Les pêcheurs canadiens traversent une période très difficile, et nous espérons que, grâce à notre témoignage d’aujourd’hui, nous pourrons mettre en évidence certains des enjeux et des lacunes qui découlent de la situation liée à la COVID-19.
La fédération a suivi de près les divers programmes de soutien d’urgence annoncés par le gouvernement du Canada en réponse à la crise économique engendrée par la COVID-19. Parmi les programmes qui revêtent un intérêt particulier pour nos membres, mentionnons le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes, le Fonds canadien pour la stabilisation des produits de la mer, Financement agricole Canada, la Prestation canadienne d’urgence, la Subvention salariale d’urgence du Canada et, tout récemment, la Prestation aux pêcheurs.
Malheureusement, en raison de la nature de notre industrie, sans compter les diverses restrictions et limites qui s’appliquent aux programmes, il est difficile, voire impossible, pour certains pêcheurs d’avoir accès aux programmes, dans leur forme actuelle. Il faut apporter d’autres modifications pour aider les pêcheurs, mais il y en a presque certainement d’autres qui passeront entre les mailles du filet si nous ne prenons pas des mesures proactives pour éviter que les pêcheurs indépendants d’un bout à l’autre du pays subissent des pertes dévastatrices.
Compte tenu de la situation unique de notre secteur et de notre capacité de fournir une source alimentaire sûre aux Canadiens, nous tenons à souligner les préoccupations suivantes qui touchent les pêcheurs. Le plan d’aide aux pêcheurs, annoncé le 14 mai dernier, a été très bien accueilli. Toutefois, les pêcheurs ont maintenant besoin de détails, et ce, de toute urgence, notamment sur les conditions d’admissibilité et la date à laquelle les fonds seront versés.
Nous reconnaissons qu’il y a énormément de travail à faire pour mettre le programme en marche, mais les gens de l’industrie qui ne sont pas admissibles à d’autres programmes ont un besoin urgent d’aide financière. Ainsi, le nouveau propriétaire-exploitant qui vient de lancer une entreprise dans le secteur des pêches et qui n’a pas d’antécédents financiers demeure exclu de la plupart des programmes. Il faut consacrer des ressources à cette question importante, et nous devons travailler ensemble pour trouver des solutions destinées à ce segment de l’industrie.
La fédération a été créée il y a plus de huit ans afin de protéger les pêcheurs indépendants partout au Canada. Leur situation a été prise en compte dans le cadre du projet de loi , qui a été adopté en juin dernier par le Parlement. Le projet de loi signalait la nécessité de protéger et de promouvoir ce segment important de notre industrie. Cependant, de grandes sociétés, tant au pays qu’à l’étranger, profitent de la crise financière pour acquérir nos entreprises. Ces acquisitions se font parfois au moyen d’ententes de contrôle, c’est-à-dire des ententes secrètes qui donnent accès à nos ressources publiques d’une manière qui n’a jamais été voulue et qui n’est pas conforme aux règlements et à la politique du ministère des Pêches et des Océans. Surtout dans le contexte de la COVID-19, nous ne pouvons pas permettre l’érosion de cette politique. La propriété canadienne dans le secteur des pêches est importante, et l’érosion à laquelle nous assistons en ce moment finira par affaiblir notre sécurité alimentaire nationale.
À l’heure actuelle, un ensemble de règlements attendent de passer de la Partie I à la Partie II de la Gazette du Canada. Il est impératif que leur adoption soit menée à bien, car ces règlements accordent au ministère plus de pouvoirs pour appliquer la mesure législative sur les propriétaires-exploitants dont je viens de parler. Il s’agit d’une question urgente qui est directement liée à la pandémie, compte tenu de la vulnérabilité financière de l’industrie. Nous ne devons pas rester les bras croisés et laisser les propriétaires-exploitants s’affaiblir davantage face à la pandémie.
Il faut explorer des solutions innovatrices axées sur le marché afin de soutenir l’industrie, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale. La Colombie-Britannique se trouve dans une situation unique, puisque son secteur des pêches est intégré verticalement, à la manière d’une société commerciale. Comme on peut le lire dans le rapport que votre comité a publié l’an dernier sur les retombées des pêches de la côte Ouest, il est crucial de protéger les pêcheurs indépendants de la Colombie-Britannique. La COVID-19 est venue aggraver la situation; en effet, la saison dernière, les prix de location ont tenu en otage de nombreux pêcheurs. Le déclin des collectivités côtières se poursuivra si aucune mesure n’est prise pour donner suite aux recommandations du rapport.
Comme en témoigne l’annulation de plusieurs relevés de pêche, la COVID-19 empêche directement la collecte des renseignements scientifiques nécessaires à la gestion durable de nos pêches. Les pêcheurs indépendants sont prêts à travailler avec les scientifiques du ministère pour s’assurer que les données et les renseignements essentiels sont recueillis. Il faut des ressources supplémentaires pour appuyer ce travail important et nécessaire. Pour l’instant, les travaux scientifiques ne sont pas jugés essentiels, mais ils soutiennent un secteur qui l’est. C’est pourquoi nous devons faire en sorte que les travaux scientifiques à l’appui du secteur des pêches soient également reconnus comme des services essentiels. Voilà qui nous garantirait une gestion responsable et un accès continu au secteur, grâce à des avis scientifiques solides.
Il est important de souligner à quel point il est urgent de remédier à ces problèmes et à ces lacunes au nom de notre industrie. La nature saisonnière de nos pêches rend extrêmement difficile la reconstitution des stocks pendant le reste de l'année. Sans un soutien vigoureux et complet, la subsistance future de nombreux pêcheurs indépendants et, par conséquent, l'économie de nombreuses collectivités côtières du Canada sont mises en doute.
Cette pandémie a démontré qu'il est plus important que jamais de soutenir les chaînes d'approvisionnement alimentaire nationales et internationales, et cela comprend les produits de la mer. Nous sommes disposés à aider vos fonctionnaires à faire en sorte que les pêcheurs ne soient pas laissés pour compte. Veuillez accepter le soutien continu et le dialogue permanent que nous vous offrons pour protéger le bien-être économique de nos dynamiques collectivités côtières.
Nous vous remercions du temps et de l'attention que vous accordez à cette question. En travaillant ensemble, nous pouvons faire en sorte que nos pêcheries de l'Atlantique et du Pacifique demeurent une industrie renouvelable viable et qu'elles appuient la relance de l'économie canadienne.
En conclusion, j'aimerais remercier encore une fois les membres du Comité de nous avoir invités ici aujourd'hui et d'avoir réuni ce groupe d'experts pour discuter des défis auxquels l'industrie doit faire face dans le cadre de cette pandémie. Nous sommes convaincus que le travail en collaboration que nous faisons assurera que notre industrie, une industrie vitale, ne sera pas laissée en plan. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
Merci.
Je ne répéterai pas les propos de Mme Sonnenberg.
Comme cela vient d'être dit, je suis le président de la Gulf Nova Scotia Bonafide Fishermen's Association, qui représente environ 100 des 620 pêcheurs de la région du golfe de la Nouvelle-Écosse. Je suis également le vice-président du conseil de planification de la flotte, qui représente l'ensemble du golfe de la Nouvelle-Écosse.
En avril dernier, j'ai participé au processus de conception de la demande d'aide financière adressée par les pêcheurs de la région du golfe de la Nouvelle-Écosse au gouvernement. Parallèlement à cela, nous avons participé à de nombreuses réunions avec le ministère des Pêches et des Océans, avec Serge Doucet et avec la direction de la région du golfe. À chacune de ces réunions, on nous a demandé ce que nous voulions et comment nous envisagions la saison à venir, et à chacune de ces réunions, nous avons dit que nous ciblions deux choses. D'abord, un montage financier apte à protéger nos entreprises, dont certaines s'étendent désormais sur plusieurs générations, voire sur trois ou quatre générations. La deuxième chose que nous voulions était d'avoir la possibilité de commencer notre saison à temps.
Lorsque la décision a été rendue par le MPO, on nous a dit que dans le golfe, nous avions pour une quelconque raison besoin de deux semaines supplémentaires pour nous préparer à la pandémie de la COVID. Assez curieusement, nous avons appris que ces deux semaines supplémentaires ne s'appliquaient qu'au golfe de la Nouvelle-Écosse. Sur le plan sanitaire, je n'ai personnellement constaté que très peu de changements dans l'industrie de la pêche. Je n'ai personnellement entendu parler d'aucun cas de pêcheur de homard de ma région qui aurait contracté le virus. Les effets les plus importants que la COVID-19 a pu avoir sur l'industrie locale sont évidemment la perte de ces 2 semaines et de 25 à 40 % de nos revenus, ainsi que l'augmentation de la volatilité du marché et la réduction générale des prix.
Dans l'industrie du homard du golfe, le prix suit généralement un calendrier assez prévisible. À la mi-avril, la zone 31B s'ouvre et le prix baisse de 2 $. À la fin du mois d'avril, le reste de la zone 31, c'est-à-dire toute la côte Est, s'ouvre en même temps que le golfe, et le prix baisse de 1 $ supplémentaire. Les prix subissent une nouvelle baisse lorsqu'arrive la fête des Mères. Puis, à la fin du mois de mai, la rive sud met un terme à sa saison, et les prix baissent de nouveau. Je suis dans ce secteur depuis plus de 50 ans, et ce cycle des prix se répète année après année. En perdant les deux premières semaines de notre saison, nous avions déjà accusé les deux premières baisses avant même de commencer.
Une réalité qui rend les choses plus difficiles dans le golfe, c'est que nos principales sources de revenus se résument essentiellement à la saison du homard et à la saison du crabe des neiges. Les pêcheurs de la côte Sud, de la côte Est, ainsi que ceux du Québec et de Terre-Neuve ont de multiples autres pêches sur lesquelles ils peuvent se rabattre pour compléter leurs revenus, alors que dans notre région, la plupart des autres pêches sont essentiellement récréatives. Le fait de priver les pêcheurs de notre région de 40 % de leurs revenus et l'absence, encore à ce jour, d'un programme d'aide économique viable ont poussé beaucoup de pêcheurs au bord de la faillite. Nous n'avons toujours pas vu de programme qui permette d'éviter cela. Pour une majorité de pêcheurs, une ligne de crédit de 40 000 $ ne rime pas à grand-chose. Prenez mon cas. Mes seuls paiements à la banque s'élèvent à 75 000 $. C'est donc dire que 40 000 $ ne changent pas grand-chose.
L'autre chose qui me préoccupe, c'est que c'est la première fois dans l'histoire que le ministère prend la décision de retarder une saison pour des raisons économiques. Le mandat du ministère est la conservation et la protection, et c'est ainsi qu'il doit rester.
Il est très difficile de réfuter le résultat des mesures de conservation et de protection. Avec une décision comme celle-là, il est très difficile de prouver à qui cela profite économiquement quand la majorité de nos homards sont expédiés vivants et que les régions de l'arrière-cour du ministre et de la côte Est ont été autorisées à pêcher alors que nous devions rester au quai.
C'était là l'essentiel de mes observations. Je vous remercie de m'avoir permis de prendre la parole ici aujourd'hui.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés membres du Comité des pêches et des Océans et, bien sûr, membres du personnel, je vous remercie.
Kwe. Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invité à vous parler aujourd'hui de l'incidence de la COVID-19 sur notre communauté.
Je vous parle depuis ma communauté de Membertou, dont je suis le chef élu depuis 36 ans. Je suis également responsable du dossier des pêches au sein de l'Assemblée des chefs mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse.
Depuis que je dirige notre communauté de Membertou, nous avons dû mener maints combats pour faire respecter nos droits, certes, mais j'ai également eu l'occasion de souscrire à de nouvelles perspectives en matière de pêcheries. Je suis particulièrement fier de la façon dont les pêches se sont organisées et développées pour Membertou sous la direction de notre communauté.
En mars, face à la menace soudaine de la fermeture forcée de plusieurs de nos installations en raison de la COVID-19, nous nous sommes attelés à la création de plans d'opération d'urgence et d'un budget de crise.
L'année dernière, les revenus de la Membertou Development Corporation, dont je suis le directeur général, se sont élevés à 67 millions de dollars. Les pêches comptent pour 3 millions de dollars de ce montant. Avec les activités que nous nous attendions à perdre, nous avions initialement prévu un recul de 13 à 14 millions de dollars aux termes de notre budget de crise COVID-19.
En raison des prix bas et de la réduction des prises imposées par nos acheteurs ainsi que des limites quotidiennes imposées par les acheteurs sur nos homards, nous prévoyons une perte globale de 900 000 à 1 million de dollars au chapitre des pêches. Comme cela a été dit, le prix des crevettes est très bas et les pertes de revenus anticipées à cet égard devraient être de 60 % en raison du recul des marchés.
Étant donné l'ampleur de ce qui s'est passé au cours des trois derniers mois dans notre pays et dans le monde entier, nous avons été infiniment heureux de voir nos pêcheurs reprendre la mer cette saison.
Lorsque nous avons mis nos bateaux à l'eau, nous savions que nos résultats n'allaient pas être à la hauteur, mais nous savions aussi que pour la viabilité de notre communauté et de nos pêcheurs, il nous fallait pêcher. Notre saison est toujours en cours et nos quotas sont atteints. Nous perdons cependant un tiers de nos profits annuels en raison des bas prix en vigueur et du début tardif de la saison, comme cela a déjà été dit.
Ici, au Cap-Breton, à Onamagi, le crabe se vend 3,50 $ la livre alors que l'année dernière, son prix était de 5,75 à 6 $. Nos homards se vendent à 4,35 $ la livre au lieu des 6 $ et plus habituels. Ces chiffres ont fluctué et continuent de fluctuer.
Outre les répercussions financières de la COVID-19, les répercussions sociales ont également été nombreuses. Nos communautés ayant été jugées plus à risque de contracter le virus, nous avons pris des mesures rigoureuses pour protéger les nôtres, et en particulier nos aînés. Beaucoup de nos pêcheurs ont dû prendre des décisions difficiles pour savoir s'ils allaient prendre le large cette saison et risquer de ramener le virus à la maison. Sauf qu'en n'y allant pas, ils risquaient de ne pas être en mesure de faire vivre leur famille.
Nous avons fait de notre mieux pour protéger nos pêcheurs et nous leur avons fourni des équipements de protection personnelle comme des désinfectants, des thermomètres frontaux, des gants et d'autres équipements de sécurité. Nous avons dû débourser plus de 5 000 $ pour commencer la saison.
Notre département de la pêche emploie 50 personnes. Nous avons quatre équipages pour le crabe composés de six personnes chacun et six équipages pour le homard qui comptent quatre pêcheurs chacun. Ce sont des emplois bien rémunérés pour notre communauté, et la majorité de nos pêcheurs sont fort heureux d'avoir eu l'occasion de travailler pendant cette pandémie.
Tout au long de la pandémie, nous avons été en contact avec nos représentants politiques à tous les échelons. Nous nous sommes concertés afin de prendre la mesure des importantes pertes financières qui nous attendent pour la saison de cette année, c'est-à-dire près de 1 million de dollars rien que pour la pêche.
Notre communauté de Membertou et les autres communautés mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse ont besoin du soutien de notre gouvernement pour atténuer la perte globale subie par nos communautés. Les revenus générés au sein de nos communautés soutiennent d'autres aspects de notre société, notamment l'éducation, les ressources sociales et la santé.
En étant ici avec vous aujourd'hui, je comprends que vous cherchez à compiler ces informations, et j'espère que nous pourrons très bientôt nous réunir à nouveau pour parler des possibilités de soutenir notre pêche dans le contexte de cette grande tragédie.
Wela'lioq. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos invités spéciaux. Nous apprécions le fait que vous ayez pris le temps de venir devant le Comité pour parler de certaines préoccupations très légitimes qui touchent l'industrie en ce moment.
J'ai quelques questions sur les solutions mises de l'avant pour les marchés d'exportation. J'aimerais aussi savoir si vous avez été consultés sur la façon dont nous entendons possiblement pénétrer ces nouveaux marchés au fur et à mesure que les populations et les nations commencent à sortir de la pandémie. Avez-vous été consultés sur certains de ces aspects ainsi que sur les possibilités qui s'offrent sur le plan national?
Pour commencer, depuis la fin février, il est clair que la COVID-19 est en train de supprimer une grande partie des marchés d'exportation pour le poisson et les fruits de mer canadiens. Alors que d'autres pays, comme l'Australie et le Royaume-Uni, ont pris des mesures énergiques et opportunes pour permettre à leur secteur du poisson et des fruits de mer de renouer avec des marchés étrangers de grande valeur, au Canada, nous attendons toujours que le gouvernement agisse. Avez-vous connaissance d'initiatives mises de l'avant par le gouvernement pour rétablir l'accès aux marchés étrangers pour nos poissons et fruits de mer?
Je commencerai par Mme Sonnenberg.
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Merci de cette question.
Il est clair que la question du marketing en est une. Lorsque notre organisation a été mise en face de la COVID, nous avons fait une analyse à court, moyen et long terme de ce dont nous allions devoir nous occuper, en admettant que notre boule de cristal soit au sommet de sa forme.
L'une des choses dont nous avons parlé a été le marketing. Ce n'est pourtant pas notre champ de prédilection, soyons francs, mais nous l'avons systématiquement inscrit à l'ordre du jour.
Pour être honnête, nous comptons y consacrer plus de temps à mesure que nous avançons. Pour l'instant, nous avons davantage jeté notre dévolu sur le plan d'aide et les autres mesures de soutien financier, sur les choses qui ont été mises en place, mais le marketing est assurément un aspect sur lequel nous allons devoir passer pas mal de temps. Puisque nous sommes désormais dans cette situation depuis quelques mois, nous allons tenter d'établir où nous allons et comment nous allons gérer la diversité dans l'industrie et composer avec les différents marchés qui ont été si négativement touchés.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Tout d'abord, j'aimerais remercier l'ensemble des témoins qui sont présents aujourd'hui par Zoom. Je dois admettre que j'aurais préféré que tout le monde puisse être présent. Un des témoins ne peut pas être présent compte tenu de la forme que prend notre comité. J'espère que nous pourrons accepter tous les témoins les prochaines fois parce que c'est une question de démocratie.
Cela dit, j'aimerais parler de façon générale de la COVID-19. Vous conviendrez que l'industrie de la pêche est vraiment un secteur qui possède des particularités. Certaines vulnérabilités ont bien sûr été mises en lumière par la crise.
J'aimerais que les témoins me disent quelles sont les caractéristiques du secteur de l'industrie qui montrent le plus de fragilité en ce moment. J'aimerais aussi qu'ils me disent ce que nous aurions pu faire pour empêcher une crise comme celle-ci. Malheureusement, nous ne sommes pas protégés d'une crise subséquente, qui pourrait, par exemple, avoir lieu l'année prochaine.
Que faudrait-il faire de façon imminente pour solidifier le secteur? Ma question s'adresse à l'ensemble des témoins.
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Je peux souligner plusieurs choses, madame Gill.
Ce qui est tout à fait essentiel en ce moment, c'est entre autres de mettre de l'argent dans les poches des pêcheurs. Vous avez entendu à plusieurs reprises cet après-midi que cette aide n'est pas fournie aussi rapidement qu'on le voudrait.
Il est vital que les gens aient accès à des fonds afin de maintenir leurs activités. Je ne peux pas insister assez là-dessus. C'est une lacune que j'ai mentionnée dans mon allocution, et je vais continuer de le faire. C'est là que le bât blesse, je crois. Avec le recul, nous aurons une idée beaucoup plus claire de ce qui serait préférable et de la façon dont nous avons réagi.
L'autre lacune très préoccupante a trait aux personnes qui sont nouvelles au sein de l'industrie et qui ont investi beaucoup pour démarrer leurs activités. Le risque de les voir glisser entre les mailles du filet en raison de leur incapacité à accéder à de l'aide financière, car ils n'ont pas les antécédents exigés quand ils tentent d'obtenir du crédit, est une préoccupation bien réelle. Les liquidités dont ils ont besoin ne sont peut-être pas là. C'est quelque chose que nous avons souligné.
Ce sont deux points vraiment importants que nous voulons garder au premier plan. Il faut continuer à les mettre en évidence.
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Je sais que la députée Gill a demandé ce que nous pourrions faire de plus pour être mieux préparés. Je crois que nous devrions tous être prêts à une deuxième vague. Elle va venir, c'est inévitable, et nous avons appris de ce que nous faisons actuellement d'un bout à l'autre du pays en suivant les lignes directrices afin d'aplatir la courbe de ce virus.
Dans notre cas, nous le faisons au nom des Autochtones, des Micmacs, à tout le moins en Nouvelle-Écosse. C'est la seule population tribale de la région. Quels sont les programmes qui sont à la disposition des pêcheurs? Nous n'avons même pas cela, donc je demande au Comité d'envisager l'inclusion des Autochtones aux programmes, pour que leur admissibilité soit la même que celle des autres. En fait, c'est tout ce que nous demandons. Nous sommes comme tous les autres pêcheurs et nos épreuves sont les mêmes. Nous avons tous besoin d'aide. Ne nous oubliez pas.
C'est un peu comme si... Je ne sais pas comment appeler cela. C'est une situation d'un genre différent. Permettez-moi de le tourner ainsi: il faut savoir que nous, les Micmacs de la Nouvelle-Écosse, nous pêchons dans les mêmes eaux, nous pêchons avec d'autres et nous avons des non-Autochtones qui travaillent avec nous et pour nous. En raison de notre structure, où nos activités de pêche sont exploitées par le conseil de bande plutôt que par des pêcheurs indépendants, nous ne sommes pas admissibles. C'est un gros problème. Les pêcheurs subissent des pertes aussi grandes que tous les autres. C'est ce que je demande, d'aider au moins les pêcheurs.
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Cette discussion peut être abordée sous différents angles. D'abord, il faut que les ressources canadiennes soient entre les mains des Canadiens. C'est une grande préoccupation pour la Fédération. Il y a érosion du contrôle, puisque certaines sociétés d'État essaient d'acheter nos ressources. C'est un aspect sur lequel j'attirerais l'attention du Comité.
En ce qui a trait à la situation sur les eaux de la Colombie-Britannique, elle est tout à fait unique. Ce comité a fait d'excellentes recommandations pour renverser la tendance, vraiment, et emprunter une nouvelle direction. Ce doit être fait. Les communautés côtières de Colombie-Britannique et ailleurs au pays subissent le contrecoup de la mainmise des grandes sociétés. Nos communautés vivent du soutien qu'elles obtiennent de ces propriétaires d'entreprise, de ces propriétaires-exploitants, de ces pêcheurs indépendants ou peu importe le nom que vous leur donnez dans votre région. En Colombie-Britannique, on parle d'independent harvesters, c'est-à-dire de pêcheurs indépendants. Ces personnes ont besoin d'aide. Il doit y avoir de l'aide qui leur est spécialement attribuée, et rapidement. Nous n'avons pas le temps de tergiverser. Il faut se mettre au travail. Nous devons trouver des façons de les aider à stabiliser leurs activités et à aller de l'avant.
Financièrement, ils auront aussi besoin d'aide. Si nous pouvions seulement obtenir quelques détails sur les mesures d'aide pour les pêcheurs qui vont être annoncées, les gens auraient ainsi une idée de leur admissibilité. Ce pourrait être une question très importante. Comme je suis persuadée que vous l'avez entendu de certains de vos électeurs, l'incertitude est presque pire qu'un rejet quand on fait une demande à un programme.
Ce sont certains des éléments que nous aimerions obtenir dès maintenant.
Avant de conclure, je souhaite remercier très sincèrement Mme Sonnenberg, le chef Terrance Paul et M. Boudreau pour leur présence aujourd'hui.
J'aimerais insister sur le fait que, pour tous les témoins qui ont pris part aux travaux du Comité, la capacité de donner un bon témoignage dépend vraiment de la connexion Internet et de sa fiabilité. Malheureusement, il peut arriver quelque chose qui est hors de notre contrôle et de celui des témoins.
Je remercie tous les membres du Comité présents aujourd'hui pour leur participation.
Merci à la greffière et à tous les membres du personnel.
Au plaisir de revoir tous les membres du Comité demain après-midi.