Bienvenue à la 15e séance du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 26 mai 2020, au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 25 février 2020, le Comité reprend son étude de l'état du saumon du Pacifique.
La réunion d'aujourd'hui se déroule par vidéoconférence. Les délibérations sont publiques et diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. Je vous rappelle que pendant la webémission, la personne qui a la parole apparaîtra à l'écran plutôt que l'ensemble du Comité.
Les membres du Comité les connaissent déjà, mais, pour la gouverne des témoins qui participent pour la première fois à une séance virtuelle d'un comité de la Chambre des communes, je vais mentionner quelques règles à suivre.
L'interprétation se fera comme lors d'une réunion ordinaire du comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet anglais et le parquet français. Pendant votre intervention, si vous voulez alterner entre les deux langues, vous devez chaque fois régler le canal d'interprétation selon la langue que vous utiliserez. Faites une petite pause si vous passez d'une langue à l'autre.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Quand vous êtes prêt, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer.
Le député qui souhaiterait invoquer le Règlement doit activer son micro et l'annoncer. Si un député veut réagir au rappel au Règlement de l'un de ses collègues, je l'encourage à utiliser la fonction « Lever la main » en cliquant sur « Participants » au bas de l'écran. Une liste s'affichera et vous pourrez cliquer sur « Lever la main » à côté de votre nom. Cela signalera à la présidence que vous voulez prendre la parole, sans perturber l'ordre chronologique des intervenants.
Si vous n'avez pas la parole, mettez votre micro en sourdine. L'utilisation du casque d'écoute est vivement recommandée. Et, dernière chose, veuillez vous exprimer clairement et lentement. C'est là que j'ai un problème.
En cas de problème technique, que ce soit avec l'interprétation ou le son, informez-en sans tarder la présidence pour que l'équipe technique cherche une solution. Nous pourrions devoir suspendre la séance pour assurer la pleine participation de tous.
Avant de commencer, pourriez-vous tous cliquer sur votre écran en haut et à droite pour vérifier que tout le monde est bien là? Cet affichage en mode « galerie » présente une grille de tous les participants. Les participants pourront ainsi se voir les uns les autres.
J'aimerais maintenant accueillir nos témoins. D'abord, à titre personnel, Dan Edwards, pêcheur, West Coast Aquatic. Il est accompagné de Kathy Scarfo, présidente de la West Coast Trollers Association. Nous avons ensuite Brad Mirau, d'Aero Trading Company Limited. Et enfin, Vince Bryan, directeur général de Whooshh Innovations.
Nous passons aux exposés des témoins.
Nous allons commencer par M. Edwards. Vous avez six minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du Comité, de me donner l'occasion de m'adresser à vous.
Je suis un pêcheur non autochtone de troisième génération qui vit dans le petit village côtier d'Ucluelet, sur la côte Ouest de l'île de Vancouver. J'ai passé 40 ans dans cette collectivité de la Colombie-Britannique à pêcher le saumon à la traîne. J'ai été 15 ans président d'une société de mise en valeur du saumon.
Je suis le directeur général de l'Area A Crab Association, la plus importante entreprise de pêche au crabe de la Colombie-Britannique, qui, heureusement, a connu une abondance record de sa pêche, mais qui doit actuellement composer avec de très bas prix pour son produit, en raison de la COVID, croit-on, mais surtout à cause du manque de transparence du marché de la Colombie-Britannique. Qui sait quelle est la vérité sur ce point? Je possède également un palangrier pour la pêche au poisson de fond, en partenariat avec mon fils, et je suis toujours actif dans la pêche.
Dans les années 1990, j'ai été directeur général d'un conseil sans but lucratif autochtone/non autochtone, fondé sur le principe de la double majorité, qui a aidé à négocier un conseil de gestion des ressources aquatiques pour le territoire nuu-chah-nulth sur la côte Ouest de l'île de Vancouver dans le cadre d'une entente sur les mesures provisoires en vertu du mandat de la Loi sur les océans.
J'ai fait 59 jours de grève de la faim pour tenter d'obtenir de l'aide pour les collectivités de pêcheurs de la Colombie-Britannique lors de l'effondrement de la pêche au saumon rouge du Fraser en 1999 et parce que Wayne Wouters, alors sous-ministre des Pêches, avait suspendu les négociations pour créer le conseil de gestion des ressources aquatiques.
À la fin de ma grève de la faim, le ministre Dhaliwal m'a promis de revoir le processus de consultation sur le saumon en Colombie-Britannique. L'examen a été confié à Stephen Owen, dont le groupe de règlement des différends à l'Université de Victoria a formulé 49 recommandations à mettre en œuvre en bloc et non pas au cas par cas.
La région du Pacifique a retenu quatre ou cinq de ces recommandations, qu'il a si bien déformées que le cadre final de consultation était encore pire que lorsque je me suis mêlé du processus de consultation dans les années 1980. On a complètement évacué la participation de la collectivité, et dès que le conseil de gestion des ressources aquatiques a vu le jour en vertu de la Loi sur les océans en 2001, un cadre supérieur du ministère des Pêches et des Océans, le MPO, parti à la retraite depuis, m'a confié que la haute direction de la région du Pacifique, au centre-ville de Vancouver, avait dit à l'interne qu'il fallait maintenant trouver un moyen de s'en défaire, ce qu'on a très bien réussi. La région du Pacifique refuse maintenant de siéger au conseil comme partie intervenante à la gestion.
Aujourd'hui, je vis dans une collectivité côtière qui a perdu la majeure partie de ses infrastructures de pêche au saumon et de ses pêcheurs. Sans la vision du conseil de gestion des ressources aquatiques, qui repose sur les principes nuu-chah-nulth du respect et sur le fait que tout est interrelié, la mise en œuvre du programme fédéral de réconciliation est cause de division et de désunion.
Pendant que je travaille sur mon bateau dans le port d'Ucluelet, des pêcheurs des Premières Nations et des pêcheurs non autochtones s'apprêtent à s'affronter sur les quais de notre collectivité au sujet de l'accès restant au saumon quinnat et coho, pendant que le gouvernement fédéral cède la part du lion de la ressource à la pêche commerciale et récréative, sans aucun mécanisme de transfert pour régler le problème de la privation des droits.
Un article paru à Sumatra explique comment cela viole les droits de la personne des citoyens, tant pêcheurs autochtones que non autochtones, que le gouvernement traite ainsi.
Mon palangrier est amarré cet été après avoir été exploité pendant des années pour 15 % de la valeur au débarquement du poisson que j'ai pris, en raison du marché non réglementé créé par les régimes de gestion des quotas individuels transférables, dont une grande partie est aujourd'hui détenue et contrôlée à l'étranger. Je n'ai plus les moyens de désamarrer le bateau pour pêcher. Ma fille a fait sa thèse de doctorat sur la situation de la pêche au flétan. Nous avons expliqué cela très clairement au comité FOPO ces dernières années, mais la région du Pacifique continue de minimiser les préoccupations que nous avons soulevées au sujet du régime de gestion utilisé en Colombie-Britannique pour éliminer la flottille des propriétaires-exploitants indépendants.
Cette situation me met dans une colère extrême. C'est une tragédie de gestion. Une tragédie, c'est lorsqu'on apprend trop tard qu'on aurait dû faire les choses autrement.
Je ne voulais pas participer à cet appel lorsque j'ai reçu l'invitation. J'ai demandé à Kathy Scarfo de s'en occuper. Je suis trop fâché et trop frustré pour reparler d'une situation dont la région du Pacifique se désintéresse depuis 30 ans. J'ai la tête en compote après mes affrontements avec cette terrible bureaucratie qui ne rend de comptes à personne. Cela me rappelle ce qu'un agent d'exécution du MPO m'a confié lorsque j'occupais un bureau du MPO à Tofino en 1996. Il m'a dit qu'il se levait tous les matins en ayant honte de travailler pour cet organisme.
Mon conseil — et je suis sûr qu'il n'a jamais été écouté auparavant, mais je le répète quand même — serait de démanteler toute l'organisation et de recommencer avec un gouvernement en bonne et due forme et de véritables consultations, pour remplacer l'imposture que pratique aujourd'hui ce ministère.
Il faut de la vraie gouvernance — il y a une foule de bons exemples de la façon dont cela se fait en gestion des ressources naturelles — et de la vraie transparence. À qui appartient la ressource canadienne au juste? Cela peut se faire par de simples directives du gouvernement fédéral, et par une vraie réconciliation qui respecte les deux camps, dans le sens de la directive donnée par le juge dans la dernière décision Ahousaht et coll.
Arracher le gagne-pain à quelqu'un et le donner à quelqu'un d'autre sans compensation, comme le gouvernement l'a fait avec mon saumon, qu'il a donné à l'industrie de la pêche commerciale et récréative est une violation de mes droits de la personne. Le gouvernement fédéral a déclaré qu'il ne fera pas la même chose avec le processus de réconciliation, car ce ne serait que répéter le même mauvais comportement qui nous a déjà mis dans le pétrin.
J'espère sincèrement qu'il respectera cet engagement. Il l'a déjà fait une fois; la porte est ouverte. Comme Don Hall, parlant au nom des Nuu-chah-nulth, l'a confié au tribunal dans l'affaire Ahousaht et coll., il a cédé aux pêcheurs sportifs la ressource traditionnellement exploitée par des pêcheurs à la traîne commerciaux. Pourquoi ne ferait-il pas de même dans le cas de la pêche autochtone que le tribunal nous a accordée?
Merci, monsieur le président. C'était ma déclaration préliminaire.
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Bonjour. J'ai six minutes pour résumer 30 ans de gestion des pêches, de commercialisation des pêches, d'achat. Je suis présidente des pêcheurs à la traîne de la zone G, qui ne sont pas des pêcheurs au chalut. Ce sont eux qui traînent leurs lignes dans l'eau, avec des hameçons, à différents endroits.
La flotte que je gère, dont je suis fière d'être membre et présidente depuis 22 ans, est une flotte de pêche au saumon, surtout au saumon quinnat, coho et rouge. Nous pratiquons une pêche durable dans les eaux américaines et nos prises sont surtout américaines. La flotte de l'Alaska prend du poisson canadien et nous, du poisson américain. Notre pêche est durable. Nous prenons très peu de poisson canadien, et c'est très important parce que notre impact sur les stocks canadiens préoccupants est, au mieux, marginal, et parfois presque nul.
Il s'agit d'une flotte de petits bateaux, principalement d'entreprises familiales, qui pêchent de 5 à 25 milles au large. À l'heure actuelle, plus du tiers de notre flotte appartient aux Premières Nations. Nous pêchons aux côtés des Premières Nations, avec qui nous avons travaillé en étroite collaboration au fil des ans pour élaborer différents régimes et programmes de pêche.
J'estime important de reconnaître que, lorsqu'il est question du ministère des Pêches et des Océans, c'est du ministère des Pêches dont nous parlons, et pas seulement du poisson. Aujourd'hui, j'ai l'impression que c'est le ministère des occasions perdues dans le secteur des pêches. Nous perdons des possibilités économiques parce que le mandat premier du ministère n'est pas les pêches; le ministère préfère s'amuser à décider qui mettra la main sur le poisson. Nous entendons souvent dire qu'il y a trop de bateaux pour trop peu de poissons.
Il ne fait aucun doute que nous avons d'énormes problèmes de conservation. Il y a les changements climatiques, un habitat intérieur qui n'est pas géré et qui ne reçoit pas d'investissement, et des programmes déjà éviscérés de mise en valeur du saumon. Nous savons tout cela. De plus, il y a encore des occasions qui nous permettraient de maintenir un semblant de pêche viable; mais en n'arrivant pas à décider à qui donner accès à ces poissons, et compte tenu du fait que les décisions ne reposent pas sur ce qui est absolument essentiel à la gestion des pêches — d'abord et avant tout, la science et la biologie — on se crée un problème de taille. Essentiellement, c'est le ministère des occasions manquées, et je peux vous en parler directement.
Cette année, avec notre pêche, notre flotte aurait des revenus de 80 000 $ à 100 000 $, si nous avions pu aller de l'avant avec le plan COVID que nous avons présenté en avril. Au lieu de cela, les gars sont sur l'eau en ce moment et ne font pas assez d'argent, parce qu'une restriction sur les leurres décrétée par le ministère a essentiellement pour résultat que tout le monde en Colombie-Britannique peut utiliser les leurres qui capturent le poisson, alors que nous devons utiliser ceux qui n'en capturent pas.
Pour aller de l'avant, la première chose à faire est de reconnaître que la situation en Colombie-Britannique est catastrophique, et que nous avons besoin de ce secours. Pour bien dire les choses comme elles sont, c'est une catastrophe: 90 % de la flotte ne va pas survivre; les pêcheurs sont acculés à la faillite. Dans cette situation, nous avons besoin de secours et de reconnaissance en cas de catastrophe; c'est à ce prix que nous pourrons nous attaquer au vrai problème.
Il y a une autre chose à reconnaître, et c'est qu'il ne se prend pas de saumon sur la côte Est. C'est un cycle de quatre ans. La ressource peut être reconstituée et peut avoir un avenir. Plutôt que de belles paroles de la part du gouvernement et du ministère, nous avons besoin d'un véritable sens du leadership et de la gouvernance qui est... de gérer les pêches au mieux de leurs capacités.
Dans la région du Pacifique, ce modèle de gouvernance, M. Edwards l'a dit, doit être étudié. La haute direction de la région du Pacifique ne croit pas à la pêche océanique. Pourtant, tout ce que nous entendons, tous les documents et toutes les réponses que vous recevez du ministre à vos recommandations, concernent des pêches économiquement viables et durables. Il n'y a pas d'incitation ni d'intérêt de la haute direction à aller de l'avant pour exploiter ces occasions.
Il y a des années, un nouveau gouvernement s'est amené au pouvoir en disant qu'il allait permettre de débâillonner nos scientifiques. Eh bien, il les a peut-être débâillonnés, mais aujourd'hui la haute direction interdit à ses biologistes de mener des travaux très critiques qui sont absolument essentiels à la gestion des pêches. Nous n'avons pas accès aux biologistes ni au personnel chargé de l'évaluation des stocks. Ainsi, cette année, nous avons proposé un plan de pêche dans la première semaine d'avril et nous ne l'avons eu qu'à la fin de juillet, sans aucun échange sur le contexte général ni aucune consultation avec le personnel d'évaluation des stocks. Nous voici, en pleine saison, à nous débattre avec le problème.
Il nous faut un ministère qui soit fondé sur des principes, dont certains doivent être justes et équitables, et sur un mécanisme de transfert qui soit en fait utilisé, car autrement, nous dressons les groupes d'utilisateurs les uns contre les autres pour essentiellement s'arracher les miettes des possibilités qui restent.
Il y a une expansion sauvage dans la pêche par bateau nolisé, qui n'est pas une pêche publique. Elle attire des gens qui ont beaucoup d'argent et qui arrivent et repartent en avion. Ils ont eu la priorité. Dans notre région, ils prennent plus de poisson que mes flottes des Premières Nations et mes flottes commerciales réunies au cours d'une même année, sans même habiter dans la région ni créer d'emplois pour notre collectivité locale.
Les spécialistes des sciences sociales ont pris la relève et dirigent aujourd'hui le ministère, sans aucune orientation de la part du gouvernement fédéral quant à la vision d'une pêche. Y a-t-il trop de bateaux, pas assez de poisson? Absolument. Mais ce n'est pas trop de bateaux directement dans la pêche commerciale. C'est trop de groupes d'intérêt, aux intérêts divergents, qu'il est impossible de satisfaire tous au niveau que voudrait le ministère.
Le ministère est en conflit d'intérêts. Il gère les rachats en même temps que les occasions, ce qui signifie, essentiellement, qu'il met une flotte en faillite, puis offre le plus faible montant possible parce que les malheureux sont acculés à la faillite.
Les mécanismes de transfert, comme l'Initiative des pêches commerciales intégrées du Pacifique et le Programme de transfert des allocations sont aujourd'hui oubliés, et les intervenants existants se voient privés des poissons. Ce n'est pas de la réconciliation. La réconciliation ne se fait pas au détriment des familles et des pêcheurs individuels qui sont voisins des personnes avec qui ils veulent se réconcilier. Comme M. Edwards l'a dit, cela crée une situation d'urgence dans nos collectivités.
Comme nous...
Je salue la passion des témoins qui viennent de prendre la parole.
Je vous remercie de me permettre de prendre la parole aujourd'hui. Salutations de Prince Rupert. Je m'appelle Brad Mirau, et je suis président et chef de la direction générale d'Aero Trading, une entreprise diversifiée de produits de la mer en Colombie-Britannique.
J'ai grandi dans l'industrie de la pêche commerciale à Prince Rupert. J'ai commencé à travailler sur le bateau de pêche au saumon de mon père à l'âge de huit ans, il y a de cela environ 48 ans. J'ai été matelot de pont puis patron avant de me lancer dans le secteur de la transformation il y a 35 ans.
Nous sommes un transformateur de poissons et de fruits de mer sauvages en Colombie-Britannique, avec deux usines réglementées par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, la première ici à Port Edward, d'où je vous parle, et l'autre sur le fleuve Fraser, à Vancouver. Nous participons à de nombreuses pêches, y compris la pêche au saumon, mais aussi à la plupart des autres pêches sur le littoral. Pour vous donner un peu de contexte, je dirais que nous avons probablement la plus grande flotte indépendante de petits bateaux en Colombie-Britannique.
En tant que transformateurs, nous existons, comme nos pêcheurs, grâce à un accès fiable à une ressource saine et durable. Ce simple accès est une question de vie ou de mort pour nous. L'industrie de la pêche peut sembler très simple à première vue — la pêche et l'alimentation —, mais il y a tellement de facteurs, dont certains sont notre affaire et d'autres nous échappent, qui rendent notre industrie complexe et difficile à gérer ou à prédire. Je ne pense pas qu'un seul intervenant de l'industrie de la pêche commerciale s'attende à y avoir accès lorsque la vraie conservation est en jeu. J'ai participé à de nombreuses tables au fil des ans et je n'ai jamais entendu les pêcheurs commerciaux ou les entreprises réclamer l'accès lorsque nous avons connu de vrais problèmes de conservation.
Des problèmes comme le climat, les éléments nutritifs des océans, l'habitat, les fermes piscicoles, la gestion de la rareté des stocks, les prédateurs, la surpêche passée et même la sous-pêche ne sont que quelques-uns des défis auxquels l'industrie est confrontée de nos jours. La seule façon de nous assurer que les stocks de poissons restent en santé est de disposer d'un plan à long terme adapté, de mesures de protection comme de bonnes données scientifiques solides, d'une évaluation des stocks et d'une politique de gestion transparente qui soit juste pour tous les groupes d'utilisateurs.
Je profite de mon propos sur l'état du saumon pour vous faire part de certains des principaux changements que j'ai observés dans ma carrière.
Nous avons construit notre usine de Port Edward en 1986. Nous avons connu une croissance rapide de la production et, pendant des années, nous avons fonctionné 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Nous avons employé plus de 150 personnes, dont 80 % provenant des collectivités autochtones des environs de Prince Rupert, de Lax Kwa'laams, de Metlakatla et de Kitkatla. Aujourd'hui, nous employons moins de la moitié de ce nombre.
De nombreux emplois sont déjà perdus dans le secteur du saumon, et je soupçonne que beaucoup d'autres disparaîtront si nos prises de saumon continuent de fléchir. Les conséquences sont désastreuses pour toute l'infrastructure qui a été construite sur le littoral au fil des ans. Bon nombre des pêcheurs et des entreprises existent parce qu'ils sont axés sur la coexistence de pêches multiples. Retirer une pêche, c'est comme couper une patte de chaise, ce qui provoque inévitablement son effondrement. Nous avons déjà connu de nombreuses fermetures d'usines en Colombie-Britannique, et je soupçonne que ce n'est pas fini. Malheureusement, les régions les plus durement frappées seront les petites collectivités du littoral, où il y a déjà moins de possibilités d'emploi.
Tout au long de ces épisodes exaltants qu'a connus le secteur de la pêche, il y a eu un sentiment indéniable d'optimisme, d'accomplissement et de camaraderie qu'il a été agréable d'éprouver. Ces mêmes sentiments ont même déteint sur le MPO et sur son personnel à l'époque. Bref, l'industrie était beaucoup plus prévisible et cohésive, et il était très agréable d'en faire partie. Aujourd'hui, malheureusement, les relations dans notre industrie sont tendues, et la perte de confiance est mesurable.
J'aimerais ajouter que, pendant cette longue période de recul du saumon et de l'accès en Colombie-Britannique, j'ai souvent rendu visite à des amis qui ont des usines dans le Sud-Est de l'Alaska. Il y avait beaucoup de similitudes entre nos opérations et nos prises et, de fait, nous nous partageons beaucoup de stocks de poissons du fait de notre grande proximité géographique. Aujourd'hui, les similitudes ont presque disparu.
En se promenant sur les quais de Prince Rupert ou d'autres collectivités côtières de la Colombie-Britannique, on tombe sur moins de bateaux de pêche, dont bon nombre sont en piètre état. La rentabilité n'est pas suffisante pour bien entretenir les bateaux. On rencontre également de nombreux pêcheurs de saumon de plus en plus blasés, accablés par des années de lutte pour leur survie. Ils se sentent déconnectés du processus décisionnel et des communications de base du MPO.
Pourtant, à quelques kilomètres seulement au nord, à Ketchikan, en Alaska, on tombe sur une grande flotte de bateaux de pêche au saumon magnifiquement entretenus, et des centaines de jeunes pêcheurs enthousiastes pour leur avenir. Ils peuvent compter sur de nombreux programmes gouvernementaux ou aides par le gouvernement pour l'achat de bateaux et de permis ou pour l'amélioration de leur équipement.
Il faut également noter qu'un grand nombre des bateaux amarrés en Alaska sont en fait des bateaux de pêche canadiens qui ont été vendus à des pêcheurs américains parce que nos pêcheurs n'ont pas su en tirer leur subsistance.
Il y a 30 ans, nous pensions pouvoir rivaliser avec l'Alaska pour la production de saumon, mais aujourd'hui nous ne sommes plus que l'ombre de ce que nous avons été. La question est de savoir pourquoi. Pourquoi avons-nous abouti ici en Colombie-Britannique, aux prises avec un recul des montaisons et une réduction de l'accès, tandis que l'Alaska continue de bénéficier d'une prospérité économique de plusieurs milliards de dollars grâce à ses pêches et, une chose encore plus importante, que ses stocks de poisson semblent plus en santé et plus durables que les nôtres? Je ne connais pas la réponse, mais se pourrait-il que l'Alaska investisse plus dans l'évaluation des stocks et la science, qu'il ait un régime de gestion plus transparent, qu'il n'ait pas de fermes salmonicoles et qu'il ait de meilleurs taux de récolte pour les montaisons? Ce sont quelques points à prendre en compte dans la formulation d'un plan pour notre avenir.
Je ne veux pas m'en prendre uniquement au MPO. En toute justice pour lui, il faut dire qu'il a beaucoup de pain sur la planche. Une foule de ses employés travaillent très fort, mais au fil des ans, il a assumé trop de responsabilités de nature politique, et il est en conflit d'intérêts. La flottille de pêche s'en ressent.
En terminant, j'aurais quelques suggestions à formuler.
Notre industrie, malheureusement, devra peut-être reconnaître que, à court terme, nous avons peut-être trop de bateaux de pêche au saumon pour des stocks ou un accès réduit. Le temps nécessaire à la reconstruction dépasse peut-être la capacité d'attente des pêcheurs, auquel cas il y aurait lieu d'offrir aux pêcheurs de racheter leur permis de pêche au saumon à prix équitable. Mais ne les obligeons pas à brader leur permis pour voir qui est le plus désespéré. Permettons-leur de prendre leur retraite avec une certaine dignité. Je reprends les paroles mêmes du gouvernement.
J'aimerais aussi voir un contrôle des populations de prédateurs, comme les phoques et les otaries. La question est controversée, mais, selon certains rapports que j'ai vus, ces prédateurs consomment plus de produits de la mer que l'ensemble du secteur commercial.
J'aimerais voir plus de programmes de mise en valeur du saumon, comme en Alaska. Il ne m'apparaît pas logique que nous n'améliorions pas nos stocks. J'aimerais au moins voir une bonne étude à ce sujet.
J'ai des aspirations et de l'espoir pour la pêche au saumon à long terme. J'espère qu'un jour nous pourrons nous promener sur nos quais et rencontrer une jeune cuvée de pêcheurs dynamiques, et que nous arriverons à avoir une excellente pêche au saumon. C'est arrivé ailleurs dans le monde. La pêche est une industrie dynamique. Nous devrions pouvoir la reconstruire et remettre les choses sur la bonne voie.
Merci.
:
Bonjour. Merci de l'occasion de m'adresser au Comité.
Nous croyons savoir que vous nous avez invités en raison de notre travail dans la pêche au saumon, y compris au site de l'éboulement de Big Bar, sur le Fraser. Nous y voyons un exemple des solutions novatrices pour appuyer les efforts de conservation et de rétablissement du saumon du Pacifique.
Compte tenu de l'état de notre emblématique saumon du Pacifique, il a besoin de notre aide, et il est juste que les États-Unis et le Canada aient uni leurs forces pour travailler en partenariat au rétablissement du saumon et des pêches dans l'Ouest, y compris sur le Fraser, historiquement l'une des grandes rivières à saumon du Pacifique dans le monde entier.
Cela fait 10 ans que nous travaillons exclusivement à des solutions pour le passage des poissons partout dans le monde. Nous croyons que l'amélioration des passages est la chose la plus importante que nous puissions faire aujourd'hui pour assurer l'avenir des poissons partout dans le monde. La mission de Whooshh consiste à fournir aux gestionnaires des pêches du monde entier un ensemble d'outils entièrement nouveaux qui permettront de gérer le passage des poissons à meilleur prix, de reconnaître l'impact du changement climatique, de tenir compte de la grande variété des niveaux d'eau et de reconnaître que les options traditionnelles disponibles n'ont pas fonctionné assez bien et ne sont pas faciles à changer, pour donner aux espèces indigènes les meilleures chances de réussir leur fraie le plus rapidement possible.
L'importance du Fraser dans l'écosystème de la mer des Salish de l'Ouest pour les épaulards qui peuplent ses eaux, pour les Premières Nations des deux côtés de la frontière et pour les pêcheurs sportifs et commerciaux qui comptent sur de solides rendements pour leur subsistance, nous rappelle chaque jour l'importance de notre mission. Comme entreprise, nous nous attaquons non seulement à un problème d'une énorme complexité, qu'il faudra régler rapidement pour toute l'humanité. Big Bar met en lumière ce qui peut être fait et la rapidité avec laquelle il faudra le faire lorsque les décisions seront prises, les nouvelles technologies adoptées, les ressources dégagées et les intervenants et les entrepreneurs regroupés pour assurer la sécurité, la rapidité, l'efficacité et l'efficience du passage des poissons.
Le siège social de Whooshh Innovations est à Seattle, dans l'État de Washington, sur les eaux de Puget Sound, à environ cinq heures et demie de route de l'éboulement de Big Bar, en Colombie-Britannique. Le 15 avril 2020, le MPO a passé un contrat avec Whooshh pour assurer le passage de quatre espèces de salmonidés, avec notre portail de passage afin de leur permettre de poursuivre leur migration en amont en juin 2020.
Notre portail de passage Whooshh permet une migration plus volitive et plus naturelle, sans manipulation ou sans échelle à poisson, qui stresse les poissons avant qu'ils atteignent leurs frayères et qui diminue leur fertilité. Ce n'est pas notre canon à saumon de départ, qui oblige à charger le poisson manuellement dans le système; c'est une solution plus élégante et automatisée.
Le portail de passage recueille également des données sur chaque poisson qui passe par le système, soit 18 images de chaque poisson sous trois angles différents. Nos technologies de reconnaissance permettent de mesurer et de classer automatiquement les poissons en une fraction de seconde. Elle permet aux poissons choisis de migrer au-delà des barrières, naturelles ou artificielles, quelle qu'en soit leur hauteur.
Le système de Big Bar comprend six tubes de cinq dimensions différentes adaptés à toutes les tailles des quatre espèces de salmonidés. Chaque tube mesure environ 150 mètres. La capacité du portail de passage permet le passage de dizaines de milliers de poissons par jour, soit environ 30 à la minute. Le système demandé et déployé à Big Bar est saisonnier, mais des déploiements annuels, à long terme et permanents sont souvent recommandés.
On ne saurait exagérer l'ampleur du défi à relever à Big Bar. Les rapides que vous voyez dans les photos peuvent sembler d'une hauteur gérable de deux à trois pieds, mais, sur place, on voit bien qu'ils sont de 10 à 15 pieds de haut et que l'eau coule plus vite que tout ce qu'on a vu jusque-là. Quand l'eau dévale à cette vitesse, il est tout de suite évident que le passage naturel des poissons n'est pas une option. L'effort de pointe que le poisson peut déployer n'est tout simplement pas suffisant.
Pour ceux qui travaillent sur place, les Canadiens peuvent être fiers de tout le travail rendu possible par les longues journées, la collaboration et la prévoyance des partenaires du projet. L'éboulement rocheux de Big Bar est une énorme tranche d'une falaise de 200 pieds qui a glissé et s'est renversée sur la largeur de 180 pieds de la rivière à ce point-là. Techniquement, le problème est plus difficile que celui de Hell's Gate, qui exige les solutions technologiques dernier cri et une réflexion novatrice. L'objectif de tout le monde est d'assurer le passage cette année et chaque année à venir.
Nous espérons que le portail du passage de Whooshh modifiera la carte, et permettra la prise de décisions en temps réel en matière de gestion des pêches. Il vise à protéger le passage des poissons contre les effets des changements climatiques, comme le réchauffement de l'eau et la variation des niveaux d'eau sous l'effet des inondations ou des sécheresses; à prévenir la propagation d'espèces envahissantes, grâce au passage sélectif des poissons; et à offrir une solution plus intelligente avec des données plus complètes et plus à jour pour la prise de décisions en matière de gestion des pêches, notamment en voyant quand les blessures causées par les pinnipèdes ont une incidence sur les poissons qui poursuivent leur montaison.
Pourquoi faire tout cela? Parce que l'impact de ne pas déployer ces solutions rapidement se ferait sentir pendant des décennies, sinon des siècles. Si nous n'avons rien appris d'autre en cette ère de COVID, nous pouvons toujours tirer parti de ce que nous avons déjà appris. Il est beaucoup moins coûteux d'agir rapidement et de façon agressive et de recueillir des données en temps quasi réel que de tarder et d'être confronté à un avenir incertain et à l'absence de solutions certaines. Chez Whooshh, il y a des années que nous avons envisagé de meilleurs résultats pour les espèces indigènes, et nous sommes heureux de contribuer aujourd'hui à apporter à Big Bar des solutions technologiques à la fine pointe.
Merci.
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Je peux y aller si vous voulez.
Essentiellement, il n'y a pas de véritables consultations. Je pense que c'est dans tous les secteurs qui ont été mentionnés.
En fait, nous avons eu une réunion d'urgence avec les Premières Nations de notre région hier. M. Edwards y a participé et nous avons discuté du fait que le conseil de gestion des ressources aquatiques n'est plus fonctionnel en raison de [Difficultés techniques]. Les intervenants de la région croient toujours aux principes directeurs et pensent que nous devrions peut-être nous les approprier et les appliquer nous-mêmes.
Le processus de consultation a été une imposture. En gros, j'ai assisté à un processus pendant lequel j'ai vu des gestionnaires lire le journal parce qu'ils savaient à quel point tout cela était inutile. Les recommandations qui seront formulées importent peu. Une fois que la haute direction en est saisie, la partie est déjà jouée.
Dans le cadre du plan pour la COVID que nous avons présenté en avril, nous avons travaillé avec les Premières Nations, les collectivités locales et les acheteurs, et nous nous sommes demandé comment arriver à quelque chose, compte tenu de la situation à laquelle nous faisons face sur les marchés mondiaux et de la difficulté des déplacements des gens de ces collectivités. Tout cela se situait dans le contexte de la COVID. Nous n'avons rien trouvé, absolument rien.
Même au cours des dernières semaines, j'ai dû téléphoner au bureau de la ministre, aux députés fédéraux et provinciaux, à tout le monde, juste pour avoir une discussion avec nos gestionnaires locaux, parce que nos gars utilisent les mauvais leurres et qu'on ne leur permet pas de changer.
Il faut reconnaître certaines de ces choses. L'industrie de la pêche ici a déjà perdu des plumes. La flotte...
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Eh bien, au lieu de réduire complètement les prises en Alaska ou de construire plus de barrages sur le Columbia, le Canada a réduit ses prises pour accommoder les États-Unis qui, en échange, ont versé 30 millions de dollars américains pour atténuer les répercussions.
Il n'y a qu'une flotte qui a perdu du poisson ou qui a subi les impacts, et c'était la flotte des ligneurs de la côte Ouest. Nous nous attendions à recevoir ces fonds. De concert avec les Premières Nations, par l'entremise du conseil de gestion des ressources aquatiques dont M. Edward a parlé, nous avons présenté il y a 10 ou 12 ans un plan détaillé sur la façon de dépenser cet argent et de ne pas simplement annuler les permis une fois ceux-ci rachetés. Il était question de les mettre de côté dans l'espoir d'un avenir meilleur, avec une possibilité de les délivrer de nouveau. De l'argent était disponible pour des améliorations, des données scientifiques et toutes sortes d'autres choses.
Plutôt que d'écouter ce que la région avait à dire, le ministère a demandé l'avis des utilisateurs qui n'étaient pas touchés, ce qui revient à demander à l'Île-du-Prince-Édouard ce qu'elle devrait faire avec l'argent auquel ont droit les pêcheurs de la côte sud de la Nouvelle-Écosse. C'est ce qui a été fait, et c'est ce qui se fait encore. On demande aux pêcheurs d'autres régions ce qui devrait être fait avec cet argent, et il est évident que ceux-ci disent « donnez-nous-le », parce que tout le monde a besoin d'argent.
Il nous faut un plan global, une vision, puis nous devons faire ces investissements, en particulier en faisant la promotion de la Loi sur les pêches comme étant la loi environnementale numéro un, qui ne traite pas seulement de l'habitat dans les rivières, mais aussi des conditions dans les océans.
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Ce sera difficile de vous répondre en quelques minutes, mais je vais essayer.
Essentiellement, le processus des conseils, l'idée d'une collaboration communautaire entre les Premières Nations, les pêcheurs de la collectivité et les collectivités non autochtones, sont au cœur de l'idée de créer ces entités, afin de s'assurer qu'il y a une bonne structure de gestion générant des avantages socioéconomiques pour la collectivité.
En ce qui concerne l'argent dont Mme Scarfo a parlé, nous avons eu recours au conseil de gestion des ressources aquatiques pour mettre en place un plan très complet. Nous avons rencontré la ministre Shea à cinq reprises. Par la suite, nous avons appris par l'entremise d'un procès intenté par les ligneurs de la zone G — au moment où l'argent a été versé aux mauvaises personnes — que le ministère avait déjà pris une décision avant même d'entamer le processus de consultation. Il avait déjà été décidé de donner l'argent à d'autres intérêts et de ne pas l'utiliser pour atténuer les dommages sur la côte Ouest.
Nous demandons maintenant que le conseil de gestion des ressources aquatiques garde cet argent en fiducie pour les pêcheurs commerciaux et les collectivités de la côte Ouest. Nous avons demandé au Cabinet de se pencher sur cette question. Nous avons dit que c'était essentiel pour appuyer les collectivités qui sont dans une situation catastrophique, comme l'a dit Mme Scarfo.
Pour ce qui est de l'aide en cas de catastrophe, c'est ce que j'ai fait en 1999. J'ai passé trois mois à essayer d'obtenir un fonds de secours pour l'effondrement des stocks de saumon rouge du Fraser, ce qui a été refusé et a mené à une grève de la faim de 59 jours, puis à un examen consultatif. J'ai déjà été témoin de cela, et c'est très frustrant de voir la même chose se produire encore et encore.
Nous avons des ressources et des possibilités. Elles sont tout simplement ignorées par la structure de pouvoir en place dans la région du Pacifique.
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Le poisson se déplace de l’Alaska jusqu’aux États de Washington, de l'Oregon et de la Californie. Ce sont les stocks que nous pêchons. Nous ne pêchons pas le poisson de l’Alaska. Les habitants de l’Alaska pêchent du poisson canadien qui remonte jusque dans notre région, alors pour rétablir la situation, nous pêchons une partie du poisson de ces États quand il passe chez nous.
La pêche en Alaska se porte bien. Dans l’État de Washington et en Oregon, certains stocks sont préoccupants. On ne peut pas nier qu’il y a des problèmes partout. Cependant, cette industrie bénéficie de programmes d’écloseries massifs, d'investissements énormes et d'excellentes occasions pour les flottilles.
Je suis d'avis que, pour reconstituer les stocks, il faut établir une stratégie, s'y engager et investir. Nous avons sabré ces programmes au fil des ans.
Pour ce qui est des permis locaux, nous devions augmenter le nombre de pêcheurs dans certaines régions, mais cette initiative a échoué, parce que nous avons empêché les gens de se bâtir un avenir dans l’industrie et de s'engager volontairement dans plusieurs de ces régions. Dans certains cas, on ne nous permettait même pas de nourrir les stocks de géniteurs, parce qu'ils seraient devenus des poissons d’écloserie et non des poissons sauvages. Il y a une incohérence entre la politique concernant le saumon sauvage...
Entretemps, je pense qu’il faut régler la question de l’allocation, parce qu'il nous faudra bien plus de quatre ans pour reconstituer les stocks de saumons. Il faudra beaucoup plus de temps que cela.
Il y a les problèmes d’allocation. De plus, certains groupes, comme celui de la pêche récréative, veulent continuer à prendre de l’expansion. La pêche récréative s'est accrue de façon exponentielle à plusieurs reprises au cours des dix dernières années. Les Premières Nations s’attendent à ce que la réconciliation leur ouvre des débouchés viables. Dans l’industrie commerciale, nous constatons que très peu de gens réussissent à atteindre la viabilité économique. L'industrie commerciale n’est pas une activité économique fiable, et cela créera un grave problème au fil des années.
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Je dirais que oui. De plus, pour rebondir sur ce que mon collègue a déclaré, si vous n’avez pas de personnel sur le terrain, vous ne disposez pas de l’information nécessaire et, sans information, il n'est pas possible de gérer les pêches, ce qui revient essentiellement à abdiquer sur ce plan.
Nous en avons eu un exemple cette semaine. Nous savons que la montaison du fleuve Fraser est un véritable désastre. Les essais de pêche sont la seule technique permettant de faire le point sur la situation dans le fleuve Fraser avant que le poisson n’y pénètre. La technique consiste à dépêcher des bateaux commerciaux et à comparer les prises dans certaines zones tests pour dénombrer les poissons, suivant un modèle qui a évolué sur une centaine d'années. Si leur nombre est en augmentation, il faut déterminer à quelle partie de la remontée on a affaire. On prélève des échantillons d’ADN sur les prises et on appose des microplaques magnétisées codées.
Sans ces essais de pêche, on ne peut gérer les pêches. Or, ces essais de pêche dans le fleuve Fraser ont été suspendus au début de l’année, même si nous savons qu’il y a un problème important, nous n’observons plus ce qui se passe dans l’eau. De plus, la pêche au saumon rose a été abolie dans certains secteurs. Nous avions l’habitude d’envoyer une flottille d'observation pour dire que, s’il y avait du poisson, nous pouvions continuer à pêcher, sinon, nous fermions et ça s'arrêtait là. C'est ce qui s'est passé.
Pour ce qui est des essais de pêche, je dois dire qu'en ce qui nous concerne, il y a une différence entre le saumon quinnat et le saumon rouge. Comme le premier obéit à un cycle de six ans, les données que recueille la flotte commerciale sont très importantes. Les pêcheurs récréatifs récoltent maintenant plus de poissons que les Premières Nations et les pêcheurs commerciaux réunis, ce que nous savons grâce à la déclaration volontaire des prises débarquées ou échantillonnées. Les données sur lesquelles nous nous appuyons sont ponctuelles et proviennent d’une petite partie des pêcheries. Il s'agit essentiellement des données de la flotte commerciale et de données historiques remontant à l'époque où nous avions de grandes pêches.
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Nous en sommes donc à la dernière réunion de celles que nous avions prévues pour juillet et août, en vertu de l'Ordre de renvoi de la fin juin. Cela étant, que va-t-il se passer maintenant?
Pour le moment, tout le monde suppose que la Chambre reprendra la session le 21 septembre, en attendant qu’on nous dise éventuellement le contraire. Nous ne savons pas si tel sera le cas ou non. On ne nous a pas annoncé le plan. Nous ne savons pas si nous reviendrons à l’horaire normal des comités à ce moment-là, ou si nous devrons trouver une plage horaire, à l’avenir.
Quand la Chambre siégera, nous ne savons pas si nous pourrons nous voir deux fois par semaine, comme nous le ferions normalement. Nous savons que le temps et la disponibilité du personnel et des ressources sont limités pour des réunions virtuelles, comme nous en avons eues deux fois en juillet et deux fois en août.
De plus, il nous faudra savoir par quoi nous commencerons à notre retour. Allons-nous poursuivre l’étude sur le saumon et la terminer avant de passer à autre chose? Personnellement, je préférerais terminer ce qui a été entrepris. Cela semble être une étude d'envergure, et nous entendons d’excellents témoignages.
J’aimerais vraiment la terminer et présenter le rapport à la Chambre le plus tôt possible, plutôt que tout laisser en plan pour passer à autre chose et y revenir plus tard. J’aimerais que les choses se déroulent ainsi, mais je suis à l'écoute des membres du Comité.
Monsieur Hardie.
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Je ne vois plus personne lever la main.
Je sens qu'il y a consensus sur la poursuite et le parachèvement de l’étude sur le saumon, avec trois ou peut-être quatre réunions de plus à la clé, dont une avec les fonctionnaires. J’aime l’idée de faire revenir les fonctionnaires après avoir entendu tous les témoins, parce que nous pourrions peut-être contredire leurs positions du début ou leur présenter ce que nous aurons entendu jusque-là, avant de rédiger le rapport.
À propos des dates de réunion, je suggérerais de garder un œil sur le moment où nous pourrons arrêter le calendrier. Une fois que nous saurons ce qui va se passer avec la Chambre, nous présenterons notre demande sans tarder, avant les autres comités. De cette façon, nous pourrions passer devant tout le monde. Nous tiendrons les membres du Comité au courant de tout ce que nous entendrons dire à propos des dates éventuelles de réunions et des plages horaires disponibles, afin que nous nous entendions sur ce qui nous convient.
Est-ce que tout le monde est d’accord sur cette façon de voir les choses?
Avec les témoins, nous verrons qui est disponible et à quel moment ils seront disponibles en fonction des dates de nos réunions. Comme je l’ai dit, enchaînons les réunions si nous avons besoin de trois ou quatre séances de plus, avant de passer à autre chose. Je crains que, si nous laissons cela trop longtemps de côté, nous ne perdions de vue certaines des recommandations que nous souhaitons faire au ministère.
Monsieur Arnold.
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Merci à toutes et à tous.
Je pense que nous allons agir dans le sens de ce que vous avez dit, monsieur Arnold, et prévoir des réunions les 22, 24 et 29 septembre. Cela nous donnera l’occasion de discuter avec les équipes de direction et avec d'autres pour voir si cela convient et si nous pouvons obtenir ces dates. Si nous voulons en ajouter d'autres en cours de route, ce sera possible. Comme quelqu’un l’a dit, cela nous donnera l’occasion de refaire le plein d’énergie, je suppose, et d’examiner une partie des témoignages que nous avons déjà avant d’entendre d’autres témoins ou d’obtenir les noms que nous voulons inscrire sur la liste de témoins.
Puisqu’il n’y a rien d’autre, nous allons en rester là.
Madame Vohl, nous allons essayer de présenter une demande pour nous assurer d’avoir du temps pour les 22, 24 et 29 septembre... virtuellement, si c’est nécessaire; je suppose que nous ne le saurons pas avant que tout le monde ait terminé ce à quoi ressemblera le Parlement le 21 septembre, quand nous reviendrons. J’espère que si par hasard tout le monde est à Ottawa, très bien, mais sinon, nous aurons déjà reçu notre demande pour les 22, 24 et 29 septembre. Je vais en rester là.
Y a-t-il d’autres commentaires?
Puisqu’il n’y en a pas, je vais dire au revoir à tout le monde. La participation de tous a été excellente.
Merci à Mme Vohl, aux analystes et aux interprètes de leur excellent travail.
Merci à tous. Nous communiquerons avec vous.