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Je déclare la séance ouverte. Bienvenue à la 14
e réunion du Comité permanent des pêches et des océans.
Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 26 mai 2020, au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 25 février 2020, le Comité reprend son étude sur l'état du saumon du Pacifique.
La réunion d'aujourd'hui a lieu par vidéoconférence. Les délibérations sont publiques et sont accessibles sur le site Web de la Chambre des communes. Je tiens à souligner que, durant la webdiffusion, on verra la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité.
Les membres réguliers le savent maintenant, mais, en guise de rappel et au bénéfice des témoins qui participent à une réunion virtuelle d'un comité de la Chambre des communes pour la première fois, je tiens à vous rappeler quelques règles.
Pour commencer, l'interprétation dans le cadre de la présente vidéoconférence fonctionnera pas mal comme on le fait déjà durant les réunions régulières du Comité. Vous avez le choix, en bas de votre écran, du parquet, de l'anglais ou du français. Tandis que vous parlez, si vous prévoyez passer d'une langue à l'autre, vous devrez aussi modifier le choix d'interprétation afin qu'il corresponde à la langue que vous parlez. Je vous conseille de prendre une petite pause lorsque vous passez d'une langue à l'autre.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je dise votre nom. Lorsque vous êtes prêt à parler, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro.
Si des membres veulent invoquer le Règlement, ils doivent activer leur micro et déclarer qu'ils invoquent le Règlement.
Si un membre veut intervenir relativement à un rappel au Règlement soulevé par un autre membre, je l'encourage à utiliser la fonction « main levée ». Pour ce faire, il faut cliquer sur « participants » au bas de l'écran. Lorsque la liste s'affiche, vous verrez que, à côté de votre nom, vous pouvez cliquer sur « lever la main ». En tant que président, je saurai ainsi que vous voulez parler, et les noms seront placés en ordre chronologique. Lorsque vous ne parlez pas, vous devez mettre votre micro en sourdine.
L'utilisation des casques d'écoute est fortement recommandée.
Pour terminer, lorsque vous intervenez, veuillez parler lentement et clairement.
Si des problèmes techniques surviennent, comme, par exemple, un problème d'interprétation ou un problème de son, veuillez le dire immédiatement au président, et l'équipe technique s'efforcera de s'en occuper. Il convient de souligner que nous devrons peut-être suspendre la réunion en cas de problème puisque nous devons nous assurer que tous les membres peuvent participer pleinement.
Avant de commencer, je demande à toutes les personnes présentes de cliquer dans le coin supérieur droit de leur écran pour s'assurer que le mode d'affichage est Galerie. De cette façon, vous devriez voir tous les participants en même temps. On s'assure ainsi que tous les participants à la vidéoconférence se voient l'un l'autre.
Je tiens maintenant à souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui.
Nous accueillons Alexandra Morton, biologiste indépendante de la Pacific Coast Wild Salmon Society. Nous entendrons aussi Ken Pearce, de la Pacific Balance Pinniped Society ainsi que Dustin Snyder, directeur des programmes de rétablissement des stocks de la Spruce City Wildlife Association.
Nous accueillons aussi un témoin que nous sommes habitués à voir assis de l'autre côté de la table et pour qui, j'en suis sûr, nous éprouvons tous le plus grand respect. Fin Donnelly est le président du conseil d'administration de la Rivershed Society of British Columbia.
Bien sûr, Mme May, députée de Saanich—Gulf Islands, du Parti vert, se joint à nous aujourd'hui.
Je suis très heureux de vous voir aussi, madame May. Encore une fois, je suis sûr que tous ici présents ont pour vous le plus profond respect.
Nous allons maintenant commencer.
Madame Morton, vous avez six minutes ou moins, s'il vous plaît.
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Je vous parle du territoire des Namgis, ici, sur la route migratoire du saumon sockeye du Fraser, et je tiens à commencer par dire que je suis reconnaissante de la réaction du gouvernement du Canada à la COVID-19. Il n'y a aucun autre pays où je préférerais me trouver à l'heure actuelle.
Pour l'instant, la politique suit le rythme des nouvelles données scientifiques sur un nouveau virus. Cependant, ce n'est pas le cas lorsqu'il est question des migrations de saumon d'importance nationale. Si la pêche était le principal moteur de l'extinction des montaisons de saumon, le fait que la plupart des pêcheries de saumon ont été de plus en plus suspendues au cours des dernières années aurait entraîné une augmentation des montaisons. De plus, dans l'une des régions où il y a le plus d'élevages de la côte, l'archipel de Broughton, le saumon sauvage est en déclin dans les bassins hydrographiques touchés ou non par l'exploitation forestière.
Pour une quelconque raison, le gouvernement du Canada fait fi des avertissements critiques selon lesquels les élevages de saumon sont néfastes pour les montaisons de saumon sauvage. Ces avertissements viennent du Bureau du vérificateur général, de Mona Nemer, la première conseillère scientifique du Canada et de la commission Cohen de Stephen Harper, qui recommandait l'interdiction des élevages de saumon dans les îles Discovery, sauf si la peut démontrer, d'ici le 30 septembre de cette année, que le risque associé à ces élevages est minime. Cependant, elle ne pourra pas le faire.
L'automne dernier, , alors ministre des Pêches, a annoncé que les remontes de saumon rouge étaient à leur plus bas dans l'histoire du pays. Cependant, malgré tout, le 1er mars de cette année, le MPO a accordé aux élevages de saumon la permission d'avoir un nombre illimité de poux du poisson. On peut prévoir que 99 % des jeunes saumons rouges du Fraser sur leur route migratoire ont été infectés par des niveaux de poux du poisson qui, nous le savons, réduiront leur taux de survie. Le saumon sauvage ne réussit tout simplement pas à traverser les élevages de saumon pour retourner à l'océan.
Le 30 juillet, nous avons constaté que le saumon rouge qui tentait de passer par Port Hardy est infecté par quelque 42 poux par poisson en moyenne. Ces poissons font 10 centimètres de longueur et ont 42 poux. Si la tendance se poursuit, il n'y a rien que vous pourrez faire pour accroître leur survie. Vous devez composer avec le problème de la pisciculture du saumon. Les saumons rouges infectés par le pou du poisson cette année sont le cycle dominant. Ce sont les poissons dont les Premières Nations de la région du Fraser et les pêcheries commerciales dépendent, et nous connaîtrons les résultats de cette infection en 2022.
Puis, il y a la situation du réovirus pisciaire, le RVP. Un laboratoire du MPO affirme que le virus est naturellement présent en Colombie-Britannique, qu'il pose un faible risque et qu'il ne faut pas s'inquiéter, mais un autre laboratoire du MPO affirme que c'est un risque important pour le saumon du Pacifique. Les recherches universitaires révèlent qu'il ne s'agit pas d'un virus indigène à la côte de la Colombie-Britannique puisqu'il vient de l'Atlantique. Mais ma recherche révèle que le virus se répand.
En 2018, l'État de Washington a interdit le saumon d'élevage infecté au RVP parce qu'il constitue un trop gros risque pour le saumon sauvage. Par conséquent, les élevages de l'État de Washington sont vides, parce que les entreprises n'ont pas accès à des poissons propres pour peupler leurs enclos. Ici, en Colombie-Britannique, l'industrie a dit à la Cour fédérale du Canada qu'elle serait gravement touchée par l'interdiction d'élever du saumon infecté au RVP. Par conséquent, les responsables des politiques du MPO ont décidé que le virus était indigène et constituait un faible risque. Si vous ne voyez pas là un scandale, c'est parce que vous ne regardez pas.
Les élevages de saumon ont la plus grande incidence sur le saumon sauvage depuis les glaciers, et c'est une situation qu'on peut éliminer totalement. Le seul endroit sur la côte où le pou de mer régresse, c'est dans l'archipel de Broughton, où les Premières Nations ont éliminé plusieurs millions de saumons de l'Atlantique d'élevage.
Voici mes recommandations. Vous devriez créer un directeur du saumon sauvage dans la région du Pacifique. Nous avons besoin d'un représentant au niveau de la haute direction du MPO dont tout le travail consiste à assurer le rétablissement du saumon sauvage, et il faut le faire en partenariat avec les Premières Nations. Vous devriez exiger l'élimination de tous les élevages de saumon de l'océan, en commençant par ceux qui se trouvent sur les principales routes migratoires. On attirerait ainsi d'importants investissements sur terre, parce que l'infrastructure pour cette industrie est déjà là.
De plus, s'il vous plaît, tirez parti du travail scientifique remarquable effectué au sein du MPO qui permet de lire le système immunitaire des poissons, qui permet aux poissons de nous parler, de nous dire à quel endroit nous leur causons du tort et de quelle façon et si nous améliorons ou empirons les choses. Puis, les poissons eux-mêmes guideront leur propre rétablissement.
Si le Canada adopte cette façon de faire, une réconciliation vraiment significative peut commencer. Nous avons commencé immédiatement la lutte contre les changements climatiques en augmentant de façon importante la croissance annuelle des forêts, et tous les pays producteurs de poisson du monde viendront au Canada apprendre comment nous y sommes arrivés.
Merci beaucoup de m'avoir permis de comparaître aujourd'hui.
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Pour commencer, je tiens à vous remercier de tout cœur de m'avoir invité. J'estime qu'il s'agit d'un honneur de représenter les plus de 300 000 Britanno-Colombiens qui sont préoccupés par le déclin rapide des stocks de saumons. Je vais mettre l'accent sur le déclin du saumon quinnat, du saumon coho et de la truite arc-en-ciel. Toutes les études que j'ai utilisées sont fondées sur la situation dans le détroit de Georgie et la mer des Salish.
Pour ce qui est de mes antécédents, j'ai participé à la pêche commerciale à la palangre du flétan et à la senne du saumon de 1962 à 1967 sur l'un des principaux bateaux exploités sur la côte à l'époque. Mon travail m'a permis de payer mes études à l'Université de la Colombie-Britannique. Je suis un fervent pêcheur sportif. J'ai pêché sur la plupart des fleuves et rivières de la Colombie-Britannique, tant le saumon que la truite arc-en-ciel, et je suis très actif dans le domaine de la pêche sportive en eau douce et en eau salée. Mes petits-fils font partie de la quatrième génération de la famille qui s'adonne à la pêche sportive. Mon fils a pêché à la senne pendant neuf ans sur le Queens Reach, l'un des principaux bateaux de pêche sur la côte, et il travaille maintenant pour le MPO à Nanaimo, sous la direction de Wilf Luedke.
Depuis 40 ans, notre famille a un camp de chasse à Canoe Pass à l'embouchure du fleuve Fraser, et nous sommes très au fait de ce qui se passe dans la vallée du bas Fraser.
Passons maintenant au sujet qui intéresse la Pacific Balance Pinniped Society, soit les pinnipèdes sur la côte de la Colombie-Britannique et leurs répercussions sur les jeunes saumons quinnat, les saumoneaux coho et les petites truites arc-en-ciel qui migrent et les adultes qui reviennent. Notre mission est de rétablir l'équilibre des pinnipèdes pour aider le retour de notre saumon.
Nos données scientifiques à l'appui viennent dans un premier temps de Brandon Chasco et de la National Oceanic and Atmospheric Administration, la NOAA. Mentionnons aussi notre Fondation du saumon du Pacifique et son projet de survie marine dans la mer des Salish. M. Carl Walters, de l'Université de la Colombie-Britannique, est un ardent défenseur de notre groupe, tout comme Ben Nelson, lui aussi de l'UBC.
Je cite aussi des articles publiés dans le Columbia Basin Bulletin et des données de Peter Olesiuk, employé à la retraite du MPO, qui a fait tous les dénombrements touchant les pinnipèdes, et notre plan de gestion intégré des pêches, le PGIP. Il est trop volumineux pour que je le passe en revue ici. Il a été présenté au MPO il y a environ deux ans et demi pour composer avec ce problème, et nous faisons très peu de progrès au sein du MPO.
Je tiens à remercier tout spécialement Mel Arnold de participer au dossier. Il nous a beaucoup aidés à faire avancer les choses.
Pour ceux qui ne sont pas au courant, je vais rapidement fournir certaines statistiques sur les pinnipèdes. Les données viennent des publications de Peter Olesiuk. La population des phoques au début des mesures de protection prises en vertu de la Marine Mammals Protection Act en 1972 — et tout cela est lié au détroit de Georgie — s'élevait à 7 000 bêtes. Il y en a actuellement 48 000. En 1972, il y avait environ 10 000 otaries de Steller et, à l'échelle de la côte, il y en a maintenant 48 000. Pour ce qui est des otaries de Californie, j'ai seulement une estimation, puisqu'il n'y a pas d'études détaillées accessibles, et on parle de 20 000.
La consommation de saumoneaux par les pinnipèdes est notre principal intérêt. La consommation, comme on l'affirmait dans le cadre du projet de survie marine de la mer des Salish de la Fondation du saumon du Pacifique est de 30 à 45 % des saumoneaux; c'est moins pour le saumon quinnat et plus pour le saumon coho. M. Chasco, de la NOAA et les études de King Salmon Forever révèlent que les pinnipèdes consomment jusqu'à 80 % des saumoneaux de saumon quinnat. Ces études révèlent un taux de consommation d'environ 27 millions de jeunes saumons quinnat par année et de 10 millions de jeunes saumons coho par année. Il n'y a pas de données accessibles sur les petites truites arc-en-ciel qui migrent, même si les stocks ont chuté de façon marquée au cours des 15 dernières années et, comme en témoignent les montaisons sur les rivières Thompson et Chilcotin, les montaisons sont quasiment réduites à néant.
Si cette consommation était réduite de 50 % et à la lumière des taux de survie à long terme historiques des adultes de 3 à 5 %, qui s'élèvent actuellement à 1 % en raison des immenses populations des pinnipèdes, de quelle façon cela pourrait-il aider au rétablissement des populations de saumon quinnat et coho? Par exemple, j'ai utilisé une moyenne des études précitées et utilisé un taux de consommation de 60 %.
Voici les chiffres: 27 millions de saumoneaux quinnat, multipliés par 60 %, équivalent à 16 200 000 survivants de plus, multipliés par 3 % des adultes survivants, ce qui donne 486 000 saumons quinnat de plus, et cela n'est que pour le système du détroit de Georgia.
Si on applique le même calcul aux 10 millions de saumoneaux coho qui partent chaque année, cela représente le retour de plus de 300 000 adultes de plus.
En ce qui concerne la consommation de saumons quinnat adultes, les seules études actuelles que j'ai pu trouver ont été publiées par le Washington Department of Fish and Wildlife. Les résultats sont les suivants: de trois à cinq adultes qui retournent sont mangés chaque jour dans le fleuve Columbia. Puisqu'ils se trouvent jusqu'à 5 000 otaries dans le fleuve Columbia, cela ajoute de 15 000 à 25 000 adultes par jour.
Je n'arrive pas à trouver d'études sur la consommation à même le fleuve Fraser pour les phoques ou les otaries, mais selon mon estimation, la consommation adulte des phoques dans le fleuve Fraser pourrait être la suivante: 5 000 phoques dans le fleuve multiplié par deux saumons quinnat par semaine égalent 10 000 par semaine.
La même logique s'appliquerait aux saumons coho et aux truites arc-en-ciel adultes dans les fleuves.
Je vais rapidement mettre en lumière quelques études additionnelles qui appuient ces chiffres...
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Merci, monsieur le président.
Aujourd'hui, je vais parler de l'état du saumon en Colombie-Britannique, en me fondant sur mon expérience concernant le saumon quinnat de printemps et d'été dans le mi-Fraser ou le haut Fraser. Malheureusement, je suis ici aujourd'hui pour vous dire que ce n'est pas un problème nouveau. Les résidents du haut Fraser ont vu les populations de saumon devenir de simples souvenirs pendant près de 20 ans.
Les populations de saumon qui ont déclenché la commission Cohen, les évaluations du COSEPAC et la politique concernant le saumon sauvage continuent de diminuer. Le ministère a presque abandonné notre secteur, nous laissant avec de vieilles données scientifiques, un manque de données et une pénurie de personnel et de ressources. Cela a entraîné un manque de saumon, situation dont de nombreuses personnes au ministère sont inconscientes.
Étrangement, le glissement rocheux de Big Bar n'a pas eu que des inconvénients. Même si le glissement a enfoncé un clou de plus dans le cercueil des stocks du haut Fraser, l'avantage, c'est qu'il y a maintenant une conversation qui se passe. En plus de la fermeture de la pêche au saumon quinnat dans de nombreuses collectivités côtières, le reste de la province et le ministère dans son ensemble remarquent maintenant ce que les gens des localités ici disent depuis des années: le saumon disparaît.
Le ministère, les Premières Nations, la province et la collectivité doivent travailler ensemble pour faire avancer cette question. Aucune organisation ne pourra le faire seule. C'est une question complexe, et il n'y a pas de solution miracle. Le saumon disparaît petit à petit.
On devra prendre des engagements à long terme qui comprendront un plan de recouvrement et des cibles de conservation, autrement nous verrons des populations disparaître. Je signale aussi que certaines populations dans le haut Fraser sont déjà disparues. Malheureusement, dans certains cas, l'existence de ces populations n'était connue que de certaines personnes, et elles étaient très peu nombreuses. Maintenant, elles ont disparu. Nous ne saurons jamais si elles présentaient, d'une façon ou d'une autre, un profil génétique unique ou spécial.
J'aimerais dire quelque chose au sujet de la pêche, de l'habitat, et des écloseries. Même si nous savons que la pêche a été réduite dans un effort pour aider ces stocks, selon de nombreux rapports, ces stocks en péril et menacés dans le haut Fraser montrent une tendance à la baisse qui continuerait même en l'absence de pêche. Les données sur les saumons marqués avec des fils de fer codés ici datent de plus de 20 ans, et on sait qu'elles sont incomplètes et ne satisfont pas aux exigences d'un stock indicateur; pourtant, on continue de les utiliser pour prendre des décisions. L'information génétique sur le haut Fraser est également lacunaire et doit être mise à jour. Pour terminer sur ce point, les résidents du haut Fraser ne se sont pas vu offrir l'occasion de prendre part aux pêches depuis plus de 10 ans. Nos Premières Nations locales n'ont que rarement, voire jamais, l'occasion de pêcher, depuis de nombreuses années. Malgré tout, la pêche sportive est pratiquée dans l'environnement maritime, et la pêche des Premières Nations se fait dans le mi-Fraser pour ces stocks.
L'habitat est une question délicate. Même si la province gère le territoire, le fédéral gère le poisson. L'habitat devra faire l'objet d'une collaboration. Dans le haut Fraser, de nombreuses zones ne nécessitent aucun travail sur l'habitat. Toutefois, ces zones sont vulnérables à la dégradation riveraine. Après la récolte du bois d'une zone, ou si un incendie a fait des ravages, il n'y a pas de stratégie provinciale pour faire croître une forêt saine et résiliente qui pourrait non seulement assurer un avenir économique solide, mais nous aider à atteindre ces cibles de conservation également. Cette conversation doit se tenir avec toutes les parties prenantes. Même l'agriculture peut avoir des répercussions énormes sur la santé des zones riveraines.
Enfin, par rapport aux écloseries, les types nécessaires pour la reconstitution des stocks ne sont pas les écloseries ordinaires qui produisent des tonnes de poisson. Je parle des écloseries de conservation qui utilisent des modèles d'amélioration stratégique, y compris des relâchements à diverses étapes de vie. La réaction instinctive, soit celle de produire le plus de poissons possible, comme dans le cas de l'installation de Willow River proposée et annulée, n'est plus la solution.
La création d'une grande écloserie dans le haut Fraser ne sera plus logique sur le plan financier ou pratique. Les stocks sont si bas que je crois que nous aurions besoin de plusieurs petites installations. Grâce aux investissements et aux conseils du MPO, les partenaires de la collectivité et des Premières Nations seront en mesure de faire progresser les installations et de tirer profit du financement supplémentaire afin d'accroître ces programmes.
Je peux fournir quelques chiffres récents et un exemple rapide pour expliquer pourquoi une grande installation ne fonctionnera plus. Lorsque l'installation de Willow River a été annulée, la rivière Holmes voyait revenir plus de 4 000 saumons quinnat. Depuis 2003, les retours n'ont surpassé que deux fois 2 000 saumons, atteignant parfois aussi peu que 200 retours. C'était avant Big Bar. L'an dernier, en raison de Big Bar, cette rivière a vu revenir moins de 30 poissons. La rivière Chilako a déjà abrité plus de 1 000 saumons quinnat, et elle eu a du mal au cours des dernières années à dépasser les 2 chiffres, avec un retour record de 12 l'an dernier. Enfin, la rivière Endako, que la Spruce City Wildlife et le Carrier Sekani Tribal Council tentent de reconstituer ensemble, a fait l'objet d'une évaluation de l'habitat selon laquelle elle pouvait soutenir le retour de plus de 1 000 saumons; pourtant, la moyenne s'est située à 30 au cours des cinq dernières années. Les installations majeures ne peuvent pas fonctionner avec ces petits chiffres. C'est trop tard pour agir.
Bien sûr, Big Bar a une fois de plus décimé ces stocks déjà vulnérables. Les changements climatiques modifient les débits de nos rivières, ainsi que la qualité, la quantité et la température de l'eau. Les incendies ont retiré de grandes portions de forêts nécessaires pour freiner les sédiments et absorber l'eau de pluie et la fonte des neiges. Il faudra améliorer la surveillance de ces situations et la rendre plus conforme si nous ne voulons pas nous retrouver à l'avenir devant une autre situation comme celle de Big Bar où, encore une fois, elle passera inaperçue et où, encore une fois, les stocks souffriront.
La surveillance actuelle des stocks consiste en un dénombrement des poissons dans certains cours d'eau associé à la cartographie du déclin. C'est un excellent modèle pour gérer l'extinction. Je souligne qu'il n'est pas trop tard pour reconstruire, mettre à jour les données scientifiques et apporter ces changements afin d'aider ces poissons à se repeupler, mais nous devons travailler avec les poissons et ensemble, non pas contre eux et non pas les uns contre les autres. Chaque année gaspillée rendra le problème plus difficile à régler et beaucoup plus coûteux.
J'aimerais profiter de l'occasion pour vous remercier tous d'être présents aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de me donner l'occasion de présenter un exposé au Comité permanent concernant l'état du saumon du Pacifique. Je m'appelle Fin Donnelly, et Iyim Yewyews est mon nom squamish. Je suis président du conseil d'un organisme de bienfaisance sans but lucratif appelé le Rivershed Society of British Columbia, que j'ai fondé en 1996 après avoir traversé pour la première fois à la nage tous les 1 375 kilomètres du fleuve Fraser, un des meilleurs fleuves à saumon au monde.
Le Fraser est un fleuve du patrimoine canadien et de la Colombie-Britannique, un des cours d'eau les plus diversifiés de l'Amérique du Nord, qui couvre 10 des 14 zones biogéoclimatiques de la Colombie-Britannique, et il abrite le quart des Britanno-Colombiens. Il alimente les deux tiers de l'économie de la Colombie-Britannique et est connu comme le cœur et l'âme de la Colombie-Britannique.
Nous considérons le Fraser comme le cours d'eau le plus résilient de la planète, le saumon, les gens et les économies florissant dans des collectivités alimentées par le fleuve. Notre mission est de conserver, de protéger et de restaurer les 34 bassins du fleuve Fraser. Nous appelons cette mission le CPR du bassin hydrographique — conserver, protéger et restaurer.
Nous ne pouvons avoir de saumons sains et de migrations de saumon si nous n'avons pas de bassins hydrographiques sains. Actuellement, le Fraser est menacé par des effets cumulatifs: un climat changeant; la surconsommation des ressources; la destruction de l'habitat attribuable à l'étalememt urbain et à l'extraction des ressources; la perte de la biodiversité; la pollution excessive; l'absence de réglementation, de surveillance et d'application de la loi; la réduction du financement pour la mission CPR du bassin hydrographique; et les répercussions des fermes salmonicoles en parcs à filet.
Vu l'inaction du gouvernement par rapport à la mission CPR du bassin hydrographique, le saumon du fleuve Fraser est en mode survie. Nous croyons que le gouvernement fédéral doit prendre des mesures audacieuses et investir dès maintenant dans cette mission. Il doit travailler avec le gouvernement de la Colombie-Britannnique, les gouvernements autochtones, les scientifiques et les universitaires, les organisations de conservation comme la nôtre, les pêcheurs et les groupes de travailleurs, les collectivités côtières et d'autres pour conserver, protéger et restaurer l'habitat du saumon.
J'aimerais reconnaître les mesures prises par le ministre relativement au glissement rocheux dévastateur à Big Bar et le remercier d'en avoir fait une priorité. J'aimerais également remercier le gouvernement fédéral d'avoir fourni les ressources nécessaires pour faire face à l'urgence de Big Bar. Cependant, il reste des enjeux clés si la tendance à la baisse des retours de saumon sauvage du Pacifique doit être renversée.
Le gouvernement fédéral doit s'engager à prendre des mesures audacieuses maintenant avant qu'il ne soit trop tard. La situation difficile à laquelle le saumon sauvage de la côte Ouest fait face n'est rien de nouveau. Je me rappelle que, en 2009, moins de 600 000 saumons rouges sont retournés, le gouvernement ayant prédit un retour de deux à quatre millions de poissons.
Nous voici, plus de 10 ans plus tard. Vous venez d'entendre des représentants officiels. Ils ont reconnu que le saumon quinnat et la truite arc-en-ciel du Fraser soulèvent de graves préoccupations, et ils ne s'attendent pas à ce que 2020 soit une grande année pour les pêches. L'an dernier, pendant que tout le monde avait les yeux tournés vers Big Bar, nous avons connu le pire retour de saumon rouge du Fraser qui ait jamais été enregistré.
Il est clair que les gouvernements fédéraux passés ont laissé tomber le saumon sauvage du Pacifique. Au moins cinq grandes commissions ont été créées au cours des 30 dernières années pour se pencher sur la disparition du saumon sauvage de la côte Ouest ou les répercussions sur celui-ci, la dernière étant la commission Cohen, qui a nécessité un investissement de 35 millions de dollars et produit 75 recommandations, dont un bon nombre des recommandations sévères ne sont toujours pas pleinement ou adéquatement mises en œuvre.
Certains témoins ont affirmé que le ministère ne fonctionne plus. Même si je ne me prononcerai pas sur la question, je dirai que le ministère reflète la volonté et le leadership politiques. Les membres du Comité sont mis au courant des problèmes auxquels le saumon sauvage de l'Ouest fait face, et je suis sûr que vous accepteriez tous la plupart des solutions nécessaires. Avez-vous le courage politique d'apporter les recommandations sévères qui s'imposent dans votre rapport et, en tant que députés du Parlement et députés de différents partis, pouvez-vous faire front commun pour vous assurer que le gouvernement les met en œuvre?
Mesdames et messieurs, vous avez entendu assez de témoignages pour recommander clairement les mesures que le gouvernement doit prendre afin de s'attaquer aux problèmes qui touchent le saumon sauvage de la côte Ouest. Des témoins ont mentionné que l'organe politique du gouvernement doit donner à l'appareil bureaucratique une chance de s'en tirer au moyen de ressources, d'un soutien et d'un leadership audacieux.
Un témoin a affirmé clairement que le gouvernement doit intervenir, et il a présenté un cadre connu et clair, comme vous venez tout juste de l'entendre, pour la récolte, l'habitat et les écloseries. Premièrement, nous devrions favoriser les taux de récolte fondés sur la science et orientés vers la conservation, intervenir en cas de pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et enquêter sur les activités menées dans les eaux internationales qui touchent notre saumon sauvage du Pacifique. Deuxièmement, nous devrions investir massivement dans la restauration et la protection de l'habitat. Le Fonds de restauration et d'innovation pour le saumon de la Colombie-Britannique — FRISCB —, le fonds pour la restauration côtière et d'autres programmes sont un bon début, mais ils ne permettent pas de régler le problème. Troisièmement, nous devrions régler les problèmes associés aux écloseries industrielles et aux élevages de saumon en cage en filet et passer immédiatement à un élevage en parc clos terrestre sécuritaire et efficient.
La RSBC appuie ces recommandations et demande au gouvernement d'investir massivement dans la conservation, la protection et la restauration des bassins hydrographiques. Pour protéger le saumon pendant son cycle de vie entier, les gouvernements doivent investir dans la cause plutôt que dans les symptômes et restaurer les bassins hydrographiques, protéger la migration des saumons et créer un habitat permanent.
Quel que soit le cadre utilisé, le gouvernement doit agir maintenant. Je vous prie de prendre des mesures qui s'imposent pour que le saumon sauvage de la côte Ouest ne subisse pas le même sort que la morue de la côte Est et d'investir pour que nos bassins hydrographiques soient les plus résilients de la planète et que le saumon, les gens et l'économie prospère dans les collectivités des bassins hydrographiques.
[Français]
Merci à tous.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie également les témoins de leur présence aujourd'hui. Les membres du Comité apprécient vos témoignages d'expert.
Je veux commencer par Mme Morton.
Madame Morton, vous avez mentionné la commission Cohen et l'archipel Broughton. La commission Cohen a formulé 75 recommandations. Les recommandations 18 et 19 énoncent clairement que le ministre des Pêches et des Océans doit interdire la salmoniculture en filet dans les îles Discovery d’ici le 30 septembre 2020 — c’est cette année, le mois prochain —, à moins « d'être convaincu que cette pratique pose tout au plus un risque minime de préjudice grave pour la santé du saumon rouge du Fraser en migration ».
Dans votre déclaration préliminaire de ce matin, vous avez affirmé qu'il est impossible pour le de prendre cette décision. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi le ministre ne sera pas capable de prendre cette décision?
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Selon moi, une loi sur l'aquaculture doit d'abord et avant tout déplacer l'industrie vers les terres. Ensuite, les exploitants seront libres de prendre de l'expansion. Ils n'auront pas de problèmes de poux de mer ni de faible teneur en oxygène. Ils n'auront pas de problèmes de prolifération d'algues.
La Norvège exerce de très fortes pressions sur l'industrie afin qu'elle se déplace vers les terres. De fait, elle se prononce sur toutes les demandes d'élevage en parc clos terrestre présentées par l'industrie, car elle tente de sauver l'industrie d'elle-même. Au Canada, une loi sur l'aquaculture devrait simplement déplacer l'industrie vers les terres. Créons une industrie remarquable et durable dont nous pouvons être fiers.
L'industrie a eu 20 ans pour s'occuper du problème des poux de mer, et rien ne prouve qu'elle peut le régler. L'an dernier, il y en avait pour 80 millions de dollars en bateaux, et on a affirmé qu'on maîtrisait la situation, mais, ce printemps, 37 % des élevages dépassaient la limite de 3 poux par saumon d'élevage qui avait été fixée il y a 15 ans par le gouvernement dans le but de protéger le saumon sauvage. L'industrie ne peut tout simplement pas contrôler les poux de mer, ni ici ni ailleurs.
Une loi sur l'aquaculture devrait protéger l'industrie et la déplacer sur les terres dans des parcs clos. Honnêtement, si les trois entreprises norvégiennes qui élèvent des saumons ici, actuellement, ne veulent pas le faire, tournons-nous vers les Canadiens. Il y a peut-être des Canadiens qui veulent entrer dans cette industrie. La côte de la Colombie-Britannique ne compte aucune pisciculture appartenant à des Canadiens, mais peut-être que certains veulent en exploiter.
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La Spruce City Wildlife Association a établi un partenariat avec le Programme de mise en valeur des salmonidés — PMBD — dès la création du programme. À un certain moment, le financement a été réduit, ce qui avait entraîné la fermeture de l'écloserie Penny, ainsi que de l'écloserie du Centre de recherche de la rivière Quesnel qui se trouvait dans cette région. Actuellement, il ne reste que Spruce City.
Pour l'instant, nous recevons du financement au titre du Fonds de restauration et d'innovation pour le saumon de la Colombie-Britannique. Toutefois, outre ces fonds, nous ne recevons aucun financement du PMVS. Nous bénéficions des services d'un conseiller communautaire qui est extrêmement dévoué à notre cause, car nous sommes la seule écloserie de la région. Malheureusement, quand nous avons besoin de conseil en matière d'écloserie, de mise à niveau ou de ce genre de chose, nous devons toujours nous adresser à des ressources de l'extérieur de la région, simplement parce que cette expertise n'est pas disponible ici. Nous ne disposons pas de ces ressources.
Et où en sommes-nous du point de vue des stocks locaux? Bien franchement, nous sommes à sec. Outre le fait qu'il n'y a aucun programme en ce moment, seule une fraction des ruisseaux de la région sont surveillés, et c'est un peu le genre de situation où, quand les gens ont quelque chose à perdre, il est vraiment facile de les faire participer et de les mobiliser. Depuis que nous avons tout relancé dans l'écloserie, il y a environ quatre ou cinq ans, avec Spruce City, c'est très intéressant et vraiment agréable de pouvoir dire aux gens qu'il y a du saumon dans la région et que les saumons passent à côté de la ville. Avant cela, encore une fois, nous avons eu tellement de pertes et les stocks ont tellement diminué qu'il n'y en a tout simplement pas assez pour que les gens les voient et se rendent compte qu'il reste encore quelque chose à perdre.
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Non. Dans l'archipel Broughton, les Premières Nations n'ont jamais conclu d'accords financiers et elles ont maintenant le pouvoir de retirer les piscicultures. Elles le font. Nous aurons l'occasion de voir ce qui arrivera quand on retirera ces exploitations — nous serons le premier endroit au monde à le faire.
J'ai des nouvelles de nombreuses nations. Elles ont peut-être signé des ententes il y a des années, mais je pense qu'aucune n'en a signées qui prévoyaient qu'elles allaient perdre leur saumon sauvage: « Nous allons nous occuper de vous — vous aurez du saumon d'élevage —, mais vous allez perdre votre saumon sauvage ». Les nations, et probablement presque tout le monde, pensaient que nous pouvions avoir les deux: le saumon d'élevage et le saumon sauvage. Toutefois, ce n'est pas ce qui se passe, ni ici, ni en Norvège, en Écosse, en Irlande, aux îles Féroé ou au Chili — en fait, le Chili n'a pas de saumon sauvage —, ni dans l'Est du Canada.
L'industrie ne coexiste pas avec le saumon sauvage nulle part dans le monde, alors nous ne pouvons prendre exemple sur aucun endroit quant à la façon d'aller de l'avant à cet égard.
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Il s'agit de la plus grande pêcherie de hareng de la côte, sans quota ni permis. Durant l'occupation des piscicultures de saumon de l'archipel Broughton par les Premières Nations, en 2017-2018, des caméras GoPro ont été installées dans toutes les piscicultures, de même qu'à Campbell River et sur la côte Ouest.
D'énormes populations de hareng se trouvent dans les piscicultures et aux alentours, et ceux-ci semblent se nourrir des fines des aliments en granulés qui sont distribuées par les bras mécaniques. Il y a aussi des conséquences sur les algues, car il s'agit d'une industrie agricole qui produit d'énormes quantités d'azote et de phosphore.
Quand j'étudie le déplacement des virus qui passent des piscicultures au milieu sauvage, je constate que l'empreinte de ces exploitations est énorme. Toutes sortes de zooplanctons s'alimentent des déchets des piscicultures. Les jeunes saumons le font aussi. Les oiseaux se mettent de la partie... On peut contracter le RVP par les excréments de goélands. Il s'agit d'un terrain d'élevage et nous savons qu'il faut mettre les terrains d'élevage dans des environnements clos.
Nous ne permettons pas aux oiseaux sauvages d'atterrir dans les fermes d'élevage de poulet parce que nous craignons la propagation de la grippe aviaire. C'est la même chose pour les piscicultures. Elles amplifient la maladie, et il faut simplement les mettre dans des parcs clos.
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Merci, monsieur Hardie, de poser la question.
Il est certainement bon de revenir de ce côté de la table. C'est assez particulier de remettre ce genre de choses après un certain temps, mais je suis conscient du caractère sérieux du sujet.
Je tiens également à remercier Mme Morton de ses commentaires au sujet de la façon dont le gouvernement fédéral a géré le coronavirus au pays. J'espère que la même attention sera accordée au saumon sauvage du Pacifique.
Pour ce qui est de la question des pinnipèdes, je ne suis pas biologiste. Je crois que vous devriez vous fier aux meilleures données scientifiques disponibles pour dicter la voie à suivre. J'ose espérer que nous nous concentrerons sur les problèmes causés manifestement par l'activité humaine.
J'ai parlé de deux cadres pendant mon exposé. Le premier concerne la conservation, la protection et la restauration des bassins hydrographiques. Je pense que nous devrions mettre l'accent sur la conservation, la protection et la restauration des terres ainsi que des bassins hydrographiques que les saumons fréquentent et qui leur servent d'habitat. L'autre cadre concerne la pêche, l'habitat et les écloseries.
Quant à la question de savoir si le gouvernement va décider de tuer des animaux, je crois que cela attirera l'attention de la communauté internationale de défense des animaux et que l'enjeu politique qui en découlera sera très difficile à traiter, comme nous avons pu l'observer sur la côte Est. C'est malheureux de commencer à tuer d'autres animaux pour protéger certaines valeurs de notre communauté.
J'aimerais que le gouvernement adopte une orientation inverse et qu'il se penche sur la source du problème, soit l'habitat des animaux et leur situation dans le but d'accroître la production et d'améliorer les possibilités pour le saumon de croître sur la côte Ouest.
Je parlerais bien en français, mais j'ai dû me connecter au poste anglais et je sais que cela embête tout le monde. Je tiens à remercier mes collègues du Bloc québécois de me donner cette possibilité.
J'aimerais commencer avec vous, monsieur Snyder, en raison du point que vous avez soulevé au sujet de l'habitat. Plus précisément, je crois que nombre de Canadiens seraient choqués d'apprendre que les feux de forêt qui ont sévi en Colombie-Britannique n'ont absolument pas donné lieu à des efforts de reboisement. Cela me préoccupe particulièrement. Je sais qu'avec la rive fort escarpée le long des affluents de la rivière Thompson et du fleuve Fraser — et nous observons le même phénomène sur la rivière Bonaparte —, chaque fois qu'il pleut, il y a des débris des feux de forêt survenus il y a quelques années. Je ne sais pas comment le saumon pourrait vivre parmi tout cela.
J'aimerais simplement savoir si vous avez espoir qu'un ordre de gouvernement déploie des efforts considérables pour replanter sur ces pentes des arbres qui conviendraient à l'écosystème et contribueraient à restaurer les stocks de saumon.
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Les différences de données que nous observerions ne sont pas uniquement fondées sur la population, puisque nos populations étaient beaucoup plus grandes à l'époque, mais le saumon est vraiment unique en ce qui a trait à ses capacités de vagabondage. Lorsque les saumons remontent, il est vrai qu'ils retournent à leur frayère natale; toutefois, s'ils le font avec des réserves limitées, si je peux m'exprimer ainsi, s'ils manquent de réserves, ils iront ailleurs. Ce qu'ils font à ce moment-là, c'est en quelque sorte répandre leur génétique ailleurs.
À l'heure actuelle, à Big Bar, des spécialistes recueillent le stock des géniteurs en raison des possibles améliorations d'urgence. Toutefois, ils constatent que, au fur et à mesure qu'ils testent la génétique de certains de ces poissons, la certitude n'est pas aussi absolue. Nous finissons par être, disons, certains à 40 % que le poisson provient d'une certaine frayère, ou certains à 18 %. Lorsque les pourcentages sont aussi bas, on ne peut plus parler de certitude.
Ce n'est pas tout. En ce qui concerne le programme de micromarques magnétisées codées comme indicateur de stock, celui-ci aide à évaluer le nombre de poissons qui reviennent ou l'endroit où ils ont été pêchés. À l'heure actuelle, lorsque la population est très petite, les poissons peuvent se déplacer ensemble. Ils ne s'aventureront pas nécessairement aussi loin. Ils n'ont pas besoin de chercher un grand habitat. Lorsqu'il y a un grand nombre de poissons— disons que 100 000 poissons retournent dans la région —, ces poissons vagabonderaient ailleurs et, en migrant vers l'océan, ils pourraient couvrir différentes zones.
Par exemple, à l'heure actuelle, on n'observe peut-être pas de stocks du haut Fraser dans les prises en milieu marin. Toutefois, ces stocks s'y trouvent peut-être. Le nombre de poissons est seulement très bas. Par exemple, vous ne pouvez pas prendre de poissons s'ils sont disparus, et cela ne veut pas dire que vous n'avez pas eu une incidence sur eux à un autre moment.
J'espère que cela répond à votre question.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous les témoins du travail important qu'ils font pour protéger, conserver et sauver notre saumon sauvage.
Je vais commencer par mon ancien collègue et bon ami, Fin Donnelly. Je vous remercie du travail que vous faites, en tant qu'ancien député, à la Rivershed Society of British Columbia.
Monsieur Donnelly, vous avez entendu très clairement le besoin de restauration. Vous avez parlé de conservation, de protection et de restauration. Au cours de la dernière ronde, nous avons entendu parler du Fonds de restauration et d'innovation pour le saumon de la Colombie-Britannique. Les demandes ont totalisé 340 millions de dollars, mais seulement 70 millions de dollars ont été approuvés. Manifestement, le fonds est victime de sa popularité. Le besoin est immense. Devant le Comité, nous avons entendu des membres des Premières Nations parler du rejet de leurs demandes. Ils ont dit que s'ils n'étaient pas financés, au même titre que des groupes qui longent le fleuve Fraser et qui sont situés sur la côte de la Colombie-Britannique, leur saumon sauvage se retrouverait dans une situation désastreuse et son extinction serait imminente.
Pouvez-vous nous dire à quel point il est important pour le gouvernement de redoubler d'efforts à l'échelle fédérale? De quel type d'investissement avons-nous besoin à l'heure actuelle, particulièrement dans le contexte de la COVID et des plans de reprise des activités liées à la COVID, puisque nombre de ces travaux pourraient être faits maintenant dans le respect des exigences en matière de distance physique?
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Merci, monsieur Johns, de poser la question, et merci du bon travail que vous faites comme représentant de la côte Ouest du Canada
La question est primordiale. Nous devons agir maintenant. Le gouvernement fédéral doit prendre des mesures. Comme je l'ai mentionné dans mon exposé, il faut prendre des mesures audacieusesmaintenant. Si nous n'agissons pas et si le gouvernement fédéral n'agit pas maintenant, nous serons sur le point de perdre notre saumon sauvage de la côte Ouest ainsi que notre mode de vie. Les types d'investissements dont nous avons besoin doivent le refléter. Puisque nous parlons d'argent, nous avons entre autres parlé d'un investissement immédiat de 500 millions de dollars pour le seul bassin versant du Fraser, sur les 10 prochaines années, ce qui ferait donc 50 millions de dollars par année. Même cet investissement est modeste.
Vous avez mentionné le Fonds de restauration et d'innovation pour le saumon de la Colombie-Britannique. C'est un bon début, avec 142 millions de dollars sur cinq ans, mais ce n'est pas suffisant. Vous venez de mentionner les besoins dans les différentes collectivités. Les collectivités des Premières Nations et d'autres collectivités veulent restaurer leurs bassins versants, mais qui n'ont pas pu le faire. Il faut accroître le financement.
Actuellement, l'occasion de remettre les gens au travail se présente avec la COVID. Il y a eu de graves problèmes économiques à l'échelle internationale et au Canada, en particulier sur la côte Ouest. Cela nous donne la possibilité de collaborer avec le gouvernement provincial et de nous concentrer sur la conservation, la protection et le rétablissement du bassin versant, et sur sa sécurité, pour protéger nos bassins versants, investir et, avec un leadership audacieux, pour montrer aux Canadiens qu'il s'agit d'un grave problème et que nous le prenons au sérieux. C'est similaire à Big Bar. Nous avons besoin de ce type d'investissement pour aller de l'avant.
Pour vous donner un exemple, Mme Tara Martin, de l'Université de la Colombie-Britannique, réalise un travail qui montrera que nous devrons investir au moins 350 millions, de dollars seulement dans l'estuaire du Fraser, pour éviter qu'un grand nombre d'espèces ne disparaissent au cours des prochaines années. Et il s'agit seulement de l'estuaire. Si nous incluons la vallée du Fraser, qui est une autre partie importante de l'habitat du saumon du bas Fraser, nous pourrons facilement arriver à 500 millions de dollars pour les cinq à dix prochaines années, seulement pour le bas Fraser, sans mentionner les régions dont a parlé M. Snyder, dans le haut Fraser et dans beaucoup de régions des environs ainsi que des conditions océaniques dont a parlé Mme Morton. Nous avons en ce moment la possibilité de travailler avec des partenaires, d'investir dans la conservation, la protection et le rétablissement du bassin versant et de traiter ces graves menaces.
Monsieur Johns, je conclurai en disant que vous pouvez inviter les membres de notre comité à intégrer des mesures audacieuses dans leurs recommandations au gouvernement, pour le bien du saumon sauvage du Pacifique, et à vraiment travailler de concert pour encourager le gouvernement à faire ce qu'il faut faire. Nous avons étudié cela jusqu'à l'épuisement au cours des 30 dernières années. Il est temps de prendre des mesures avant de perdre notre saumon sauvage de la côte Ouest et notre mode de vie.
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Oui, les gens perdent confiance dans le gouvernement fédéral canadien, dans ce dossier, car M. Trudeau comprend parfaitement qu'il y a un problème avec l'élevage de saumons. Il comprend que les gens n'en veulent pas, il a donc fait la promesse électorale de mettre fin à cette industrie d'ici 2025. Il a ensuite nommé une ministre de la côte Est, qui, je pense, ne se rend pas bien compte de la gravité de la situation ici, en Colombie-Britannique. Elle a commencé par dire, non, il n'était pas question d'y mettre fin; il s'agissait d'avoir un plan pour y mettre fin.
Hier, lors d'une interview à la radio, elle semble avoir changé d'avis. J'ai simplement l'impression que le gouvernement ne sait pas s'il craint plus les trois entreprises d'élevage de saumons en Colombie-Britannique ou les Canadiens qui considèrent ces saumons sauvages comme un trésor national, une sécurité alimentaire... beaucoup de choses.
C'est une mauvaise situation, et je me demande si le Canada a besoin de deux ministres. C'est un grand pays avec deux grandes côtes aux besoins très différents, fréquentées par des espèces très différentes. Je pense vraiment que nous avons besoin d'une ministre de la côte Ouest, compte tenu de la situation, ici, en Colombie-Britannique, ou du moins d'une personne au niveau de la direction régionale, dont la vie entière est consacrée à comprendre ce qui se passe avec ces poissons.
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Merci de poser la question. Ce programme est extrêmement important.
La Spruce City Wildlife Association en a tiré profit dans le passé. Cependant, il y a eu d'importantes réductions dans ce domaine, je crois, en 2012, et un grand nombre de ces ressources ont été retirées du haut Fraser. Tout notre personnel chargé de l'habitat est maintenant établi à Kamloops.
Encore une fois, nous avons un conseiller communautaire, là-bas, qui serait le seul employé chargé du PMVS entre Kamloops et la fin du bassin versant du Fraser. Regardez sur une carte; il s'agit d'une partie assez importante de la province et nous avons un seul employé chargé du PMVS. Dans la région qui va du lac Williams à Valemount-Vanderhoof, il dirige le programme Au fil de l'eau. Ce monsieur parcourt donc beaucoup de kilomètres.
Cela dit, oui, il y a bien des années, la Spruce City Wildlife Association a reçu des fonds. Nous avons reçu du soutien de ces gens, et nous avons participé à des projets d'habitat. Cependant, l'équipe de restauration des ressources établie à Kamloops est débordée. Elle doit s'occuper d'une très grande région. Même si nous voulions ou avions réellement besoin de son aide en ce qui concerne les projets d'habitat, il y aurait une longue file d'attente pour obtenir cette aide.
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Je vous remercie de poser la question, monsieur Hardie.
Tout d'abord, je ne suis pas biologiste. Je voudrais commencer par dire que mes commentaires sur les écloseries sont inspirés de ce que j'ai appris en lisant les recherches du ministère et d'autres ressources.
Vous avez soulevé la question de la diversité et de la fragilisation de la biodiversité des stocks. La capacité de ces saumons à résister aux maladies et aux autres répercussions les rend compétitifs dans l'environnement. D'après ce que je comprends et ce que j'ai lu, le modèle d'écloserie industriel utilisé aux États-Unis ne s'est pas avéré efficace et s'est avéré extrêmement coûteux si l'on mesure l'investissement par poisson.
M. Snyder, entre autres, a mentionné — et il peut évidemment en parler davantage —, au sujet des écloseries, des écloseries communautaires, car beaucoup de ces écloseries en Colombie-Britannique, où nous avons choisi un modèle très différent, sont des centres d'enseignement, des centres de soutien communautaire. Ce sont des lieux où le programme de mise en valeur des salmonidés peut fonctionner et permettre de travailler avec les collectivités et les salles de classe. Ce sont d'excellents endroits pour construire des infrastructures dans les collectivités, pas seulement pour le saumon, mais pour les gens aussi, dans les collectivités. Je pense que le gouvernement devrait envisager ce type d'installations et examiner les répercussions et les effets qu'elles auraient.
Encore une fois, il s'agit d'essayer d'arrêter de maintenir les saumons sous respirateur artificiel... ou les truites arc-en-ciel. Je pense que c'est ce que nous devons faire; ensuite, nous devons nous concentrer sur des investissements audacieux dans l'habitat et sur certaines des causes profondes, dans nos bassins versants, là où vivent ces saumons, y compris l'océan.
C'est sur ces dossiers que le gouvernement devrait se concentrer. Encore une fois, je le répète: conserver, protéger et restaurer. Nous devons nous concentrer sur la protection de l'habitat du saumon, sur la restauration des endroits qui ont été touchés, et nous avons aussi besoin d'une éthique de la conservation pour toute la Colombie-Britannique et la côte Ouest — en fait, pour tout le Canada et le monde entier — afin de faire la transition dont nous parlons, vers un bassin versant résilient et un mode de vie résilient.
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Oui, tout à fait. Je crois que ce dont nous avons besoin, surtout dans le haut Fraser, ce sont des écloseries axées sur la conservation. Le but ne devrait pas être de rassembler autant de poissons de la même taille que possible et de les relâcher exactement tous en même temps. Je crois que nous devons adopter une approche plus naturelle, pour faire en sorte non seulement que la population augmente, mais aussi que nous ne nuisons pas à la diversité, surtout compte tenu du faible volume de certaines populations.
Il y a eu des tentatives dans certaines régions, qui envisagent de relâcher le poisson en plusieurs étapes. Cela supposerait de les relâcher, de creuser de faux nids de frai ou de salmonidés dans le fleuve, de planter quelques œufs embryonnés pour qu'ils puissent se développer naturellement sans craindre les prédateurs, puis de relâcher une certaine quantité d'alevins à jeun ainsi que des alevins et des saumoneaux.
Il y a toutes sortes de choses que nous pouvons faire dans une installation pour renforcer une approche plus naturelle. Souvent, nous élevons le saumon dans un environnement qui n'a pas l'air naturel. Nous utilisons d'énormes cuves en aluminium. Il est possible d'y intégrer une partie de leur habitat, par exemple en peinturant l'intérieur de diverses couleurs. Autant que possible, il faudrait éviter de déranger les poissons au moment de faire cela.
Lorsque vous nourrissez les poissons à la main — et nous l'avons fait au cours des deux ou trois dernières années —, ils finissent par devenir vos animaux de compagnie, en quelque sorte. Ils s'habituent à vous. Je me penchais au-dessus de la cuve lorsque les poissons attendaient leur nourriture, et ils remontaient tous à la surface. Ils étaient très excités, parce qu'ils savaient que c'était l'heure de dîner. L'année dernière, cependant, nous avons utilisé des distributeurs automatiques, et jusqu'au moment d'être relâchés, aucun de ces poissons ne voulait s'approcher de moi. J'étais un peu triste, mais je savais que c'était préférable pour eux.
C'est le genre de petits détails que nous devons intégrer aux écloseries axées sur la conservation. Ce n'est pas en relâchant le plus grand nombre de poissons possible que nous allons obtenir les résultats que nous voulons, comme l'a dit M. Donnelly, et cela a été démontré dans beaucoup d'installations.
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Oui, j'y suis déjà allé. Je l'ai déjà vue.
Génial. Merci d'être revenue devant le Comité.
Je vais maintenant m'adresser à M. Pearce.
Monsieur Pearce, croyez-vous, d'après ce que nous avons entendu des autres témoins... Un certain nombre d'entre eux ont dit que, pour assurer l'efficacité d'une gestion axée sur l'écosystème, où nous gérons toutes les populations... C'est une stratégie type de gestion de la population faunique, que tous les gouvernements provinciaux utilisent pour gérer leur faune terrestre. Cependant, le gouvernement du Canada, avec sa loi sur la protection des mammifères marins, met les mammifères marins à l'écart et les exclut de son approche de gestion axée sur l'écosystème.
Si nous pouvions revenir à une approche de gestion axée sur l'écosystème pour toutes les espèces de la chaîne alimentaire, de combien parlons-nous? Quel objectif devons-nous nous fixer pour rétablir un semblant d'équilibre? De combien de phoques parlons-nous, de combien d'otaries? Que recommanderiez-vous?
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Merci, monsieur Hardie.
Je vais m'adresser à M. Snyder et, bien sûr, à notre vieil ami, M. Donnelly.
C'est bon de vous revoir, monsieur Donnelly.
Beaucoup de choses ont été dites sur les écloseries. Monsieur Snyder, vous avez dit qu'une grande écloserie ne serait peut-être pas efficace dans votre région, mais que de petites écloseries communautaires, peut-être... Monsieur Donnelly, vous serez probablement d'accord vous aussi. Il y a aussi les chenaux de ponte.
Pouvez-vous faire des commentaires, donner l'opinion de vos groupes et organismes respectifs et des gens avec qui vous travaillez? Si, pour rétablir les stocks, les écloseries font partie de la solution, où pouvons-nous aménager plus de chenaux de ponte afin que les poissons élevés en écloserie aient un meilleur accès aux chenaux de ponte naturels améliorés, quand ils vont revenir, s'ils reviennent?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Pearce.
Tout d'abord, j'aimerais vous remercier, monsieur Pearce. Il est toujours intéressant de recevoir des gens qui ont de l'expérience sur le terrain, en l'occurrence des pêcheurs. Je suis très sensible à la situation du phoque au Québec, tout comme mes amis des îles de la Madeleine.
J'aimerais parler des obstacles qui peuvent se présenter. Le projet d'exploitation de phoques que vous suggérez est assez ambitieux. Selon les données scientifiques, ce serait effectivement l'une des solutions à appliquer dans le cas du saumon.
À quels obstacles pourriez-vous devoir faire face? Comme je l'ai dit, c'est un projet ambitieux. Les pêcheurs sont-ils prêts? Il y a aussi toute la question du marché et de l'aspect international. Pourriez-vous me décrire globalement comment vous voyez les choses?
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Merci de la question. Je peux vous répondre très facilement.
Premièrement, pour l'exploitation, c'est vraiment simple. Nous avons toute l'infrastructure en place, des pêcheurs au chômage et de gros bateaux. Nous avons discuté avec les représentants de plusieurs usines de transformation, dont l'une sur l'île de Vancouver, Hub City Fisheries. Son dirigeant siège au conseil.
Il y a deux marchés. Dès le départ, le marché asiatique a réagi de façon très positive, en particulier les marchés chinois et japonais. À partir du produit, on obtient des peaux, de la viande et de l'huile, mais le marché est fermé présentement, à cause de la COVID. Nous avons fouiné dans le secteur commercial, et bingo: les pêcheurs commerciaux de crevettes et de crabes ont besoin de cinq millions de livres d'appâts pour la pêche commerciale à l'appât. Nous avons parlé à des gens de plusieurs Premières Nations qui ont utilisé ce type d'appât, et ils nous ont dit qu'il est formidable.
À mon avis, c'est la simplicité même, parce que l'infrastructure est déjà en place pour cela. Il suffit qu'on nous donne le feu vert, et nous pourrons à nouveau rétablir l'équilibre, puis évaluer la situation.
J'espère avoir répondu à votre question.
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Madame Morton, je vous remercie encore une fois du travail important que vous faites pour protéger les saumons sauvages des eaux de la Colombie-Britannique.
Nous avons parlé de la Commission Cohen et d'une partie de ses recommandations. Présentement, selon le modèle actuel, le MPO est responsable de la réglementation et de la promotion du secteur. Le juge Cohen a été très clair: il y a un conflit. Maintenant, la ministre dit qu'elle va prendre des mesures relativement aux 75 recommandations de la Commission Cohen, y compris la recommandation numéro 19, qui supposerait de fermer toutes les piscicultures de l'archipel Broughton qui auraient une incidence quelconque sur les stocks de saumon sauvage. Comme Mme Morton l'a dit, nous n'avons pas les données pour cette année, mais, selon les données scientifiques des années précédentes, nous pouvons montrer et expliquer qu'il y a des conséquences graves sur les saumons sauvages en migration.
Madame Morton, pouvez-vous nous parler de la Commission Cohen et nous dire si vous croyez que le gouvernement donne véritablement suite aux 75 recommandations? Peut-être pourriez-vous aussi nous donner une note sur la mise en œuvre des recommandations?
Au total, 23 millions de dollars de fonds publics canadiens ont été dépensés pour la Commission Cohen, et je crois que le juge Bruce Cohen a fait du bon travail pour ce qui est d'étudier ce que nous savons des saumons sauvages et des mesures qui s'imposent. Il a dit que, si nous voulons sauver le saumon rouge du Fraser — la Commission portait uniquement sur le saumon rouge du Fraser —, alors il va falloir fermer les piscicultures de saumon des îles Discovery d'ici septembre de cette année, sauf celles qui posent tout au plus un risque minime.
Le MPO ne m'a posé aucune question au sujet de l'infestation par le pou du poisson cette année. Il n'avait personne sur le terrain. Le juge Bruce Cohen a aussi dit qu'il est très probable que le gouvernement se soit fait prendre dans le filet de l'industrie piscicole, vu le nombre de réglementeurs qui passent de l'un à l'autre; travaillant tantôt dans l'industrie, tantôt au MPO, puis de nouveau dans l'industrie. Ce sont les mêmes personnes. Le MPO est devenu une composante de l'industrie salmonicole.
La Commission Cohen a été créée en 2009 en réaction aux faibles stocks de saumon, et les stocks sont présentement encore plus bas qu'à cette époque. S'il fallait donner une note au gouvernement pour les mesures prises à la suite de la Commission sur le retour du saumon, alors il n'obtiendrait pas la note de passage, parce qu'au bout du compte, la seule chose qui importe, c'est que les saumons reviennent, et ce n'est pas arrivé, tout simplement. Un nouveau creux s'annonce cette saison, encore une fois.
Je ne suis pas sûre que les gens comprennent vraiment ce qui se passe, parce qu'ils entendent dire depuis longtemps que les stocks de saumon diminuent. Mais cela mène à l'extinction, et nous en sommes tout près. Mes collègues qui travaillent dans le haut Fraser l'ont eux-mêmes constaté.
C'est un échec. On n'a pas suivi les recommandations, ni rétabli les migrations de saumon de la province.
Au cours des quelques derniers mois, j'ai eu l'occasion de visiter une écloserie de saumon dans le système de l'Okanagan. L'écloserie a permis de rétablir les stocks de saumon rouge dans le système hydrographique de l'Okanagan, qui alimente le fleuve Columbia. Les stocks ont été rétablis pour la première fois depuis des décennies, voire depuis plus d'un siècle. À présent, les poissons arrivent à compléter leur migration jusqu'au lac Okanagan. L'écloserie a été construite sur un petit cours d'eau, à Penticton. Quand j'ai visité, ils m'ont montré ce qu'ils appellent une écloserie en boîte. C'était une écloserie fermée dans un conteneur d'expédition Sea-Can de 20 pieds.
Vous avez dit que les grandes écloseries ne sont pas une bonne solution. Croyez-vous qu'il serait possible d'utiliser de petites écloseries, ou même des écloseries portables, qui pourraient être placées sur les cours d'eau qui, comme vous l'avez dit, ont seulement une dizaine de retours chaque année, afin de rétablir les stocks? Serait-ce une solution? Je sais que l'État de Washington, aux États-Unis, les utilise, mais le MPO ne semble y voir aucun intérêt, ou alors hésite à les utiliser au Canada.
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Je connais bien ces écloseries, et l'Alliance des nations de Okanagan fait de l'excellent travail avec elles. Je recommanderais cependant d'apporter quelques modifications à ces écloseries, surtout puisqu'on les utiliserait pour des stocks très menacés. Par exemple, notre écloserie a une alimentation de secours, et nous avons prévu des redondances pour toute la filtration et toutes les pompes.
Il faut aussi dire que le climat est un peu différent ici. L'année dernière, il a fait presque -47°C pendant toute une semaine. Il faut pomper énormément d'eau dans ces boîtes de conserve pour éviter que l'eau ne gèle quand il fait -47°C.
Je dirais donc que, oui, il y a du potentiel, mais il faudrait apporter quelques modifications et bien choisir l'emplacement; par exemple, on pourrait en installer à Prince George, et les géniteurs seraient amenés puis renvoyés, au lieu d'en installer dans une région vraiment reculée, parce que, s'il y a une interruption de courant, ce pourrait être très difficile d'y aller lorsqu'il y a dix pieds de neige, en février, par exemple.
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Absolument. Il y a un intérêt direct à protéger l'accès à un mode de vie, effectivement. Les divers intérêts vont aussi influencer les solutions prises en considération. Je crois qu'il faut mettre l'accent sur... C'est aussi pourquoi, encore une fois, nous insistons sur la conservation, la protection et le rétablissement du bassin versant. Nous n'allons pas trouver les meilleures solutions seulement en regardant les symptômes. Nous devons étudier les causes profondes.
Selon nous, les écloseries doivent faire partie de la solution. Comme M. Snyder l'a dit, je crois que des écloseries scientifiques et axées sur la conservation peuvent jouer un rôle dans la solution, mais il suffit de regarder ce qui se passe au sud de la frontière, en Californie, dans l'État de Washington et dans l'Oregon, pour voir que cela n'est pas une solution depuis les années 1970. Si on prend en considération les 30 ou 40 dernières années, on constate que la mise en œuvre de ce type de solutions n'a pas donné de résultat.
Nous devons faire autrement au Canada. Une véritable occasion s'offre à nous, pas seulement dans le fleuve Fraser et dans le nord du fleuve Columbia, mais aussi dans la rivière Skeena, dans le fleuve Nass et dans d'autres grands bassins versants que vous avez mentionnés, monsieur Hardie. Nous devons prévenir les dégâts causés par le grand nombre de projets industriels. Nous devons travailler plus intelligemment et faire mieux. Nous devons protéger les habitats. Nous devons restaurer les parties endommagées des habitats, et nous avons aussi besoin d'une éthique de la conservation.
L'écosystème est la meilleure solution pour régler le problème, et c'est la moins chère. Si nous pouvons aider de quelque façon que ce soit, ce sera surtout en déployant des efforts pour rétablir l'écosystème, pour le protéger et pour le laisser faire son travail.
La question...
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C'est une excellente question, monsieur Hardie. Merci de la poser.
Lorsque j'étais député et porte-parole du NPD en matière de Pêches et Océans, en 2017, j'avais posé cette question au ministre des Pêches de l'époque et à sa chef de cabinet, Mme Blewett, et la réponse avait été que, même si nous avions vu le drapeau du pays qui avait lancé ses filets gigantesques tout près des eaux canadiennes, dans les eaux internationales au large de nos côtes, nous ne pouvions pas identifier le pays parce que nous n'avions pas de soutien à la table du G7 ou du G8. Donc, la solution audacieuse serait de dénoncer ces pays qui pêchent des quantités massives de nos poissons. Notre pays doit dénoncer les pêches illicites, non déclarées et non réglementées dans nos eaux.
Nous savons aussi que, même dans les eaux canadiennes, nous pourrions améliorer la récolte en employant des méthodes sélectives, comme dans le fleuve Fraser et dans bien d'autres bassins versants également. Il y a beaucoup de solutions que nous pourrions étudier en ce qui concerne les récoltes, sans parler des habitats et des écloseries.
Si le Comité doit avoir un seul impératif, je dirais que ce serait d'agir immédiatement. Des mesures audacieuses s'imposent. La plupart des témoins que vous avez entendus ont déjà mentionné qu'il existe un cadre de travail ou l'ont expliqué.
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Merci, monsieur Bragdon.
L'Initiative du bassin versant du Fraser a été lancée par la Rivershed Society of British Columbia, et notre but est d'encourager les gouvernements fédéral et provincial ainsi que les gouvernements des Premières Nations à faire des investissements importants. Pour l'instant, le projet est suspendu jusqu'à ce que nous puissions obtenir de nouveaux investissements.
La Rivershed Society fait aussi partie de la BC Watershed Security Coalition, et nos activités sont très axées sur la province, alors nous ne nous limitons pas au fleuve Fraser; nous cherchons à encourager les gouvernements fédéral et provincial à investir dans la sécurité des bassins versants.
J'ai mentionné plus tôt dans mon témoignage que la crise de la COVID-19 donne aux gouvernements la possibilité d'établir des partenariats pour remettre les gens au travail. Beaucoup d'emplois dans le domaine de la restauration peuvent se faire en respectant la distanciation sociale, alors ce serait possible d'investir rapidement pour que les gens puissent retourner au travail.
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Merci, monsieur Fast. Je suis moi aussi content de vous revoir. Merci de la question.
Dans mon exposé, j'ai parlé de l'importance de la conservation, de la protection et du rétablissement des bassins versants et de la prise de mesures audacieuses. Le gouvernement fédéral doit prendre des mesures audacieuses dès maintenant. Je crois que c'est l'essentiel. Au sujet du cadre de travail dont beaucoup d'autres témoins ont parlé, j'ai insisté sur les récoltes, les écloseries et les habitats. Je crois que nous devons faire des investissements audacieux dans les habitats.
Vous avez parlé des pêches à récolte sélective. Selon moi, beaucoup de nations et de régions de la côte Ouest sont prêtes à mettre en œuvre des solutions de pêche sélective, par exemple les bourdigues ou d'autres choses du genre. Je crois que le gouvernement fédéral pourrait faciliter cela dès aujourd'hui. Il pourrait mettre cela en œuvre dans les pêches à l'essai, même dans le bas Fraser.
L'important, comme je l'ai souligné plus tôt dans mon exposé, c'est que votre comité s'entende sur la plupart des solutions. Je crois que vous pourriez vous entendre sur la plupart des solutions. Si je dis cela, c'est parce que la force vient de l'unité. Si les membres de votre comité, qui ont des valeurs et des approches différentes et qui viennent de différents partis, s'unissent et parlent d'une même voix, le gouvernement pourra difficilement faire fi des recommandations que vous formulerez dans votre rapport.
Je vous demanderais donc, monsieur Fast, d'aller de l'avant et, avec les membres du Comité, de prendre des mesures courageuses pour sauver les saumons sauvages de la côte Ouest. C'est ce dont nous avons besoin.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins.
Merci beaucoup. J'essaierai d'être brève.
Aux témoins, je vous montre une nouvelle fonction. J'appelle cela « baisser le micro »; nous avons tendance à oublier de remettre le son.
Je veux poser une brève question à M. Donnelly. Je suis tout à fait d'accord avec vous, monsieur Donnelly, en ce qui concerne l'unité. S'il y a bien une question qui transcende les lignes de partis, c'est celle de sauver le saumon sauvage. Ce poisson fait vraiment partie de notre vie, ici, en Colombie-Britannique.
Pour ce qui est de la hiérarchie des priorités... Vous venez tout juste de dire que vous croyez que nous pouvons arriver à un consensus. Je ne vais pas vous demander sur quels points vous croyez qu'il n'y a pas consensus — c'est délicat —, mais je vais vous demander ceci: quelles seraient selon vous les mesures audacieuses et prioritaires les plus importantes que tous les députés présents à notre table virtuelle pourraient endosser à 100 %?
Je crois que nous pouvons en arriver à un consensus sur le cadre. Ainsi, en termes simples, notre organisme parle de conserver, protéger et restaurer le bassin versant. Je crois que les Canadiens tiennent à conserver le mode de vie de la côte Ouest. Ils veulent que le saumon de la Colombie-Britannique vive encore longtemps. Comme plusieurs témoins l'on déclaré, nous sommes au bord du précipice. Nous devons protéger les bassins hydrographiques, l'habitat du saumon. Nous devons faire des travaux de restauration dans ces régions. Que ce soit le bas Fraser, le haut Fraser, le rivière Skeena, la rivière Bulkley, la rivière Nass ou sur l'île, nous devons restaurer là où nous avons causé des dommages en raison de projets industriels ou d'habitats humains. Nous savons maintenant que les investissements dans les bassins versants auront des retombées positives non seulement pour le saumon, mais aussi pour les gens. Je crois que,pour les membres du Comité, ces régions sont très importantes et représentent un bon emploi de l'argent des contribuables.
Une autre question très importante est que les Canadiens veulent que les membres du Comité et du gouvernement agissent prudemment lorsqu'il est question de leur argent et des investissements. Le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle auprès des gouvernements provinciaux, des gouvernements autochtones, du secteur privé, de l'industrie de la pêche, des pêcheurs et des organismes communautaires. Il serait possible de tirer parti des investissements du gouvernement fédéral et de les septupler grâce aux investissements de contrepartie ou aux investissements d'autres entités. Je crois que c'est là...
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Absolument. Merci de votre question, madame May.
Comme je l'ai mentionné, Rivershed fait partie de la BC Watershed Security Coalition. Nous avons fait une enquête dans le secteur, et les représentants de 145 projets ont dit d'une seule voix qu'ils pourraient aisément mettre en oeuvre, dans un délai de trois à six mois, pour plus de 20 millions de dollars de projets, seulement pour ces projets, si un petit investissement était fait. Il s'agit du genre d'action rapide que le gouvernement pourrait mettre en oeuvre avec des organismes communautaires, les organismes autochtones et les municipalités qui sont prêts.
On peut planter des arbres et faire des travaux de restauration dans plusieurs bassins hydrographiques de la Colombie-Britannique avec de petits montants, des montants ciblés. Alors, bien évidemment, vous auriez à examiner de quelle façon vous pourriez faire un investissement important pour le pays.