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Bonjour tout le monde et bienvenue à cette 16
e séance du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Nous avons à l'ordre du jour l'étude de l'état actuel de la protection de la navigation sur les voies navigables canadiennes, y compris leur gouvernance et utilisation et l'application de l'actuelle Loi sur la protection des eaux navigables.
Avant de passer au vif du sujet, je voudrais faire une petite mise au point à l'intention des membres du comité. M. Lewis comparaîtra jeudi pour nous parler de la sécurité ferroviaire, et je vais demander à ce que nous réservions les 10 dernières minutes de cette réunion pour discuter entre nous de l'orientation que nous voulons donner à nos travaux lorsque nous aurons vu son rapport, et je parle ici des réunions futures. Vous aurez également reçu votre sommaire de nos discussions sur la sécurité ferroviaire au comité. Ces documents ont dû vous parvenir par courriel ce matin.
J'ai également eu l'occasion de rencontrer quelques-uns des administrateurs de la Fédération canadienne des municipalités à Brandon pendant la fin de semaine, et ils se sont dits ravis de ce que nous reprenions cette étude. Je pense d'ailleurs que la participation de ces instances à notre étude sera très positive. Plusieurs fois, j'ai entendu l'expression « Il est grand temps ». Je voulais vous le faire savoir. Je parle des eaux navigables.
Cela dit, nous accueillons aujourd'hui Shirley Anne Scharf, directrice générale, et Keith Grady, conseiller principal, qui représentent Infrastructure Canada, John Smith et Steve Burgess qui représentent l'Agence canadienne d'évaluation environnementale, et Ginny Flood et Gilles Belzile qui représentent le ministère des Pêches et des Océans.
Bienvenue à tous. J'imagine que vous avez tous un genre d'exposé à nous faire. Je ne sais pas si vous vous êtes concertés pour déterminer qui allait commencer, mais quoi qu'il en soit, vous avez la parole.
Madame Scharf.
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Je pense que c'est nous qui allons commencer.
Bonjour, monsieur le président et messieurs les membres du comité. Je voudrais d'abord remercier le comité d'avoir invité Infrastructure Canada pour lui permettre de présenter son point de vue sur les propositions visant à moderniser la Loi sur la protection des eaux navigables, la LPEN.
Je suis accompagnée aujourd'hui, comme vous l'avez dit, par Keith Grady, qui est notre conseiller principal en matière d'examen environnemental et d'approbation au niveau ministériel.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous parler des répercussions de cette initiative pour les programmes de financement de l'infrastructure gérés par Infrastructure Canada. C'est dans cette optique que je désire souligner que la modernisation de la loi est pour nous une initiative importante. Infrastructure Canada appuie entièrement les changements proposés à la loi puisqu'ils permettront au ministère d'offrir rapidement aux Canadiens une infrastructure publique moderne, durable et efficace.
[Français]
Dans mon allocution, je parlerai brièvement des programmes dont mon ministère est responsable et de la façon dont la Loi sur la protection des eaux navigables (LPEN) peut influencer l'exécution de ces programmes, particulièrement de la façon dont la LPEN peut parfois retarder l'approbation et la mise en oeuvre aussi bien de projets d'infrastructure dans les collectivités que de projets d'infrastructure de grande envergure.
Je parlerai également des modifications particulières présentées par Transports Canada aux fins d'examen par le comité. Nous sommes d'avis que ces modifications amélioreront l'efficacité et la rapidité du financement fédéral des projets d'infrastructure publique aux termes de ces programmes. Nos deux ministères collaborent étroitement pour répondre aux demandes provinciales et municipales de financement des principales infrastructures de transport.
[Traduction]
Par l'entremise de Chantiers Canada, le gouvernement du Canada s'est engagé à verser un financement de 33 milliards de dollars sur sept ans, de 2007-2008 à 2013-2014, pour les projets d'infrastructure publique qui favorisent la croissance de l'économie, l'assainissement de l'environnement et le renforcement et la sécurité des collectivités. Chantiers Canada comprend un financement de base pour les municipalités et les provinces, ainsi que des programmes de financement comme le Fonds Chantiers Canada.
Une vaste gamme de projets et d'activités qui sont admissibles à un soutien aux termes de Chantiers Canada entraînent des répercussions sur les eaux navigables. Par conséquent, ces projets devraient être examinés en vertu de la Loi sur la protection des eaux navigables. À titre d'illustration, dans le cadre du Fonds Chantiers Canada, les projets dans les catégories suivantes sont particulièrement susceptibles d'être assujettis à la loi: infrastructure de l'eau et des eaux usées, par exemple, canalisations de prise d'eau, tuyaux et diffuseurs pour l'effluent, transport en commun, réseau routier national, route locale, transport ferroviaire et maritime à courte distance, et énergie verte, par exemple, barrages hydroélectriques et lignes de transmission et enfin atténuation des dégâts des catastrophes, par exemple, contrôle des inondations.
[Français]
En ce moment, on met en oeuvre le Fonds Chantiers Canada dans l'ensemble du pays. Cela va générer de nombreux projets d'infrastructure, tant dans la catégorie des collectivités que dans celle des projets de grande envergure. Cette mise en oeuvre comprend un plus grand nombre de catégories de projets comparativement aux précédents programmes fédéraux de financement de l'infrastructure. Par conséquent, nous prévoyons une augmentation générale du nombre de projets financés qui seront assujettis à la Loi sur la protection des eaux navigables. Il est donc important de modifier la LPEN afin de réduire et d'éviter les problèmes touchant les programmes actuels d'Infrastructure Canada.
[Traduction]
Par exemple, aux termes du Fonds sur l'infrastructure municipale rurale pour 2004-2011, environ 20 p. 100 des 1 760 projets approuvés jusqu'à maintenant ont une incidence sur la navigation. De la même façon, on a tenu compte de la loi dans environ 25 p. 100 des projets non liés au transport qui ont été approuvés jusqu'à maintenant aux termes du Fonds canadien sur l'infrastructure stratégique. Comme vous pouvez l'imaginer, compte tenu de la géographie du Canada, un grand pourcentage des projets touchant les principales routes du pays doivent également être approuvés en vertu de la loi en raison des ouvrages mineurs de franchissement des cours d'eau.
Je vais maintenant vous décrire certains des défis que pose la LPEN pour l'approbation et la mise en oeuvre de ces types de projets d'infrastructure.
Jusqu'à maintenant, notre expérience indique que les considérations liées à la LPEN peuvent entraîner des incertitudes quant à la réglementation et des retards dans l'approbation et la mise en oeuvre des projets d'infrastructure publique. Il est important que les modifications apportées à la loi le soient rapidement, afin que ces mêmes problèmes ne touchent pas le financement rapide et efficace des projets aux termes de Chantiers Canada.
Un certain nombre de problèmes précis ont pu être observés jusqu'à présent. Le premier est que les promoteurs ne peuvent déterminer si leurs projets sont assujettis à la loi jusqu'à ce que les représentants de la protection des eaux navigables visitent le site et confirment que le plan d'eau touché est navigable. En fonction de la saison, de l'accès au site et de la disponibilité du personnel de la protection des eaux navigables, cette démarche peut prendre un temps considérable.
Les plans détaillés du projet et du site qui sont nécessaires pour confirmer l'application de la loi sont souvent impossibles à obtenir au début de la planification du projet. Par conséquent, le statut de Transports Canada à titre d'autorité responsable de l'examen du projet en vertu de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale peut être vague jusqu'à une étape ultérieure de l'évaluation.
On constate également des retards liés à l'obtention des commentaires des représentants de la protection des eaux navigables au cours de l'examen prévu par la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, ainsi qu'à l'obtention de l'autorisation de la LPEN à la suite de l'approbation aux termes de la loi.
[Français]
Par conséquent, cette incertitude liée à la réglementation et les retards touchant le processus peuvent accroître les coûts du projet si la construction ne peut aller de l'avant comme prévu. De plus, la situation peut entraîner des pressions additionnelles pour Infrastructure Canada, qui doit travailler avec les parties en vue de résoudre ces problèmes et s'assurer que les projets sont approuvés rapidement.
[Traduction]
Transports Canada a établi sept principaux concepts ayant trait aux changements potentiels apportés à la LPEN. Trois des sept concepts seront particulièrement importants pour régler les problèmes mentionnés plus tôt: modifier la définition des « eaux navigables » pour permettre l'exclusion des cours d'eau mineurs en vertu de la LPEN, modifier la définition du terme « ouvrage » pour permettre l'exclusion des ouvrages mineurs en vertu de la LPEN, et éliminer la référence aux quatre ouvrages désignés — ponts, barrages, estacades et levées empierrées — dans la loi, afin de permettre une exemption, dans le cas de ces ouvrages, de l'exigence d'obtenir une approbation en vertu de la LPEN.
[Français]
La proposition visant à exempter les cours d'eau mineurs et les ouvrages mineurs sera particulièrement avantageuse pour les projets d'infrastructure comme les canalisations, les égouts et les lignes aériennes de transport d'énergie, puisque l'approbation de ces projets ne sera plus nécessaire si les critères spécifiés sont respectés. Cette mesure permettra d'accélérer le processus d'approbation.
[Traduction]
De plus, la proposition visant à éliminer la référence aux ouvrages désignés dans la loi permettrait d'accélérer l'approbation des ouvrages désignés qui ne nuisent pas considérablement à la navigation, comme les petits ponts, les levées empierrées et les projets de microcentrales hydroélectriques. Le processus d'approbation serait plus rapide puisque ces projets ne seraient pas assujettis à l'ensemble des exigences du processus d'approbation complet prévu dans la loi.
Le temps requis pour exécuter les évaluations environnementales fédérales de ces projets serait également réduit dans certaines circonstances. Cette mesure serait particulièrement avantageuse pour les projets d'infrastructure qui sont assujettis à la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale uniquement en raison de la LPEN.
Infrastructure Canada suggérerait également au comité d'envisager une autre modification à la loi qui favoriserait l'examen et l'approbation, en temps opportun, des projets d'infrastructure publique. Cette modification additionnelle aurait pour effet d'éliminer les exigences actuelles prévues par la loi, selon lesquelles il faut déposer les plans dans un bureau d'enregistrement des titres fonciers et les annoncer dans la Gazette du Canada. Nous sommes d'accord avec Transports Canada pour dire que ces dispositions sont désuètes et qu'elles ne permettent plus de présenter un avis adéquat concernant un projet proposé. Il faut mettre en place une démarche plus souple pour la présentation des avis.
Pour terminer, la modernisation de la LPEN est nécessaire depuis longtemps, et Infrastructure Canada appuie entièrement les modifications proposées. Nous sommes d'avis au ministère que ces changements permettront à Infrastructure Canada et à ses partenaires de financement publics et privés de mettre en oeuvre des projets communautaires d'infrastructure à petite et grande échelle en temps opportun, sans entraîner d'effets négatifs sur la navigation au Canada ou de répercussions considérables sur l'environnement.
[Français]
Enfin, nous espérons que ces changements législatifs seront apportés rapidement afin que Chantiers Canada puisse tirer parti de la modernisation de la LPEN le plus tôt possible.
[Traduction]
Nous sommes impatients d'entendre vos questions et vos commentaires.
Merci.
Commençons donc par la troisième page du dossier, l'évaluation environnementale, l'AE, si on la réduit à sa plus simple expression, est un processus qui sert à prévoir et à évaluer les effets environnementaux éventuels et à proposer des mesures d'atténuation des effets négatifs des projets proposés. En examinant très tôt déjà dans le processus de planification les effets possibles sur l'environnement et en élaborant des mesures d'atténuation, l'AE peut contribuer à réduire les risques et à atténuer la responsabilité à la fois des décideurs de l'État et des promoteurs du projet.
Le processus d'évaluation environnementale est également une véritable occasion, pour la population, de prendre conscience des projets qui s'annoncent dans leurs collectivités, de donner leur avis et de fournir des renseignements, mais également d'influencer les décisions concernant ces projets. En intégrant très tôt les considérations d'ordre environnemental dans le processus de planification et de décision, l'évaluation environnementale est un outil essentiel de promotion du développement durable.
Passons maintenant quelques pages plus loin pour parler de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. C'est cette loi qui prescrit le processus d'évaluation environnementale à suivre par le gouvernement fédéral, une loi qui remonte à 1995 même si les processus d'évaluation environnementale fédéraux existent depuis les années 70 par le biais d'autres instruments.
Pour l'essentiel, la loi exige d'examiner les effets environnementaux des projets proposés avant qu'une administration fédérale puisse décider de donner le feu vert à ceux-ci. Les décisions ainsi prises sont communément appelées les déclencheurs du processus fédéral d'évaluation environnementale.
Pour être plus précis, ces déclencheurs sont de quatre ordres. Il s'agit des décisions prises par une administration fédérale soit de donner le feu vert à un projet comme promoteur, soit d'offrir au promoteur du projet une aide financière, soit de vendre, de céder ou de louer des territoires domaniaux nécessaires au projet, soit encore de délivrer des licences, permis ou autres autorisations réglementaires. Ainsi, comme nous le verrons plus tard, certaines autorisations données sous couvert de la Loi sur la protection des eaux navigables déclenchent automatiquement une évaluation environnementale obligatoire.
L'évaluation environnementale fédérale est ce que nous appelons un processus d'auto-évaluation. Cela signifie que l'autorité fédérale qui a une décision à prendre au sujet du projet est également tenue de faire réaliser une évaluation environnementale. Avec ce système, environ 8 000 évaluations environnementales sont effectuées chaque année par plus de 30 ministères, agences et autres organismes fédéraux ainsi que par 41 sociétés d'État. Il s'agit d'une très large palette de projets allant de la construction de sentiers de randonnée dans les parcs nationaux à d'importants projets du secteur des ressources naturelles, par exemple, mines ou ouvrages hydroélectriques.
En vertu de la loi, il peut y avoir trois types différents d'évaluations, chacun correspondant au risque d'effets environnementaux négatifs importants. La très grande majorité des évaluations, plus de 99 p. 100, prennent la forme d'un examen préalable.
Un autre niveau d'évaluation est celui de l'étude approfondie qui est réalisée pour un nombre plus restreint de projets. Ces études prennent en compte, dans l'évaluation, d'autres facteurs et elles donnent davantage la possibilité à la population d'y participer. Le processus fait intervenir des décisions de la part du ministre de l'Environnement, et cela à certaines étapes clés de la réalisation.
Enfin, les commissions d'examen permettent un examen indépendant, assorti d'audiences publiques, pour les projets susceptibles d'avoir des effets environnementaux négatifs importants ou des projets qui suscitent l'inquiétude dans la population.
À la page six, nous disons quelques mots au sujet de la coopération entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Les provinces et les territoires ont eux aussi leurs propres exigences en matière d'évaluation environnementale. Il existe déjà des ententes bilatérales et des ententes ponctuelles, par projet, pour assurer la coordination des processus. Il s'agit ici, lorsqu'une évaluation environnementale est déclenchée à la fois au provincial et au fédéral, d'avoir un processus concerté de manière à ce qu'il n'y ait qu'une seule évaluation environnementale qui corresponde aux besoins des deux ordres de gouvernement. Ce type d'arrangement concerne entre 150 et 300 projets par an. Quelques exemples d'examens récemment terminés sont fournis à la page six, mais il y en a d'autres.
Ces processus concertés donnent généralement de bons résultats, mais nous intervenons dans les travaux sous couvert du Conseil canadien des ministres de l'Environnement afin d'élaborer des initiatives à la fois à court et à long terme qui permettraient d'améliorer à la fois la rapidité et la coordination de nos examens conjoints.
Je voudrais maintenant vous dire rapidement quelques mots au sujet de notre organisme, l'Agence canadienne d'évaluation environnementale.
Nous faisons partie du portefeuille de l'Environnement, tout en étant un organisme distinct et indépendant d'Environnement Canada. Parmi nos autres rôles, nous fournissons des conseils et un soutien au ministre de l'Environnement pour ce qui concerne les responsabilités qu'il assume en vertu de la loi, par exemple, au sujet de la pertinence des rapports d'études approfondies fournis par des autorités compétentes.
La loi nous donne également certaines fonctions administratives essentielles, par exemple gérer les commissions d'examen et leur apporter un soutien administratif, ou encore administrer le programme d'aide financière au participant.
Nous avons aussi un rôle important à jouer en tant que coordonnateurs fédéraux de l'évaluation environnementale pour les études approfondies et celles qui font intervenir une administration provinciale. Il n'est pas rare que plusieurs ministères aient des décisions à prendre, ce qui les fait intervenir dans l'évaluation environnementale de tel ou tel projet, et à ce moment-là le rôle de coordination est extrêmement important.
Jusqu'à très récemment, ce n'était pas nous qui avions la responsabilité de la gestion de la conduite des évaluations environnementales. Il existe maintenant une nouvelle initiative, qu'on appelle l'initiative des grands projets concernant les ressources naturelles, qui a pour but d'améliorer le processus réglementaire global pour les grands projets de ce genre. Suite à cela, notre agence assume dorénavant un rôle de gestion des évaluations environnementales pour ces grands projets, ce qui représente environ 200 évaluations par an.
Je voudrais maintenant passer au rapport qui existe entre ce processus et la Loi sur la protection des eaux navigables.
Toute décision rendue en vertu de la Loi sur la protection des eaux navigables relativement à un projet, c'est-à-dire un ouvrage, déclenche la tenue d'une évaluation environnementale obligatoire. Notre loi, la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, est ainsi en rapport avec la Loi sur la protection des eaux navigables à plusieurs égards.
Tout d'abord, la Loi sur l'évaluation environnementale oblige à prendre en compte les effets environnementaux avant toute décision concernant un projet. En second lieu, elle attache des conditions aux approbations données en vertu de la LPEN afin d'assurer l'atténuation de tels effets si nécessaire. Enfin, elle relie les approbations données par Transports Canada aux résultats de l'évaluation environnementale. Plus précisément, en raison de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, Transports Canada peut donner une autorisation à tout projet qui n'est pas susceptible de produire des effets environnementaux négatifs importants. Au cas contraire, si ce projet est susceptible de produire des effets négatifs mais si ces effets peuvent être justifiés dans les circonstances, Transports Canada peut quand même donner son autorisation. Dans ce dernier cas toutefois, la décision doit être approuvée par le gouverneur en conseil.
La page neuf donne la liste des approbations qui peuvent être accordés dans le cadre de la LPEN et qui font office de déclencheurs pour la tenue d'une évaluation environnementale obligatoire. Il s'agit en particulier des articles 5 et 6 qui concernent les ouvrages à construire ou à aménager sur, sous, au-dessus ou à travers des eaux navigables, et des articles 16 et 20 qui concernent l'enlèvement des épaves d'une voie navigable.
Il faut signaler également—j'ai d'ailleurs déjà dit que très souvent, il y a plus d'un seul ministère en cause — plus souvent, la LPEN s'applique à des éléments d'un projet associé à une proposition d'aménagements plus importants. Ainsi, un pont conduisant à une mine, la construction d'une route ou d'un terminal maritime peuvent présenter une composante intéressant les eaux navigables en plus d'autres problématiques plus importantes.
Enfin en ce qui concerne les changements qu'on propose d'apporter à la loi, j'ai dit au début de mon exposé que chaque année, environ 8 000 évaluations environnementales fédérales sont ainsi déclenchées. En 2003, la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale a été modifiée et d'autres initiatives ont été mises en oeuvre dans le but de nous permettre de mieux cibler nos efforts sur les projets les plus susceptibles d'avoir des effets sur l'environnement. Les changements qu'on propose d'apporter à la LPEN auraient pour effet que les ouvrages mineurs et les projets réalisés sur les plans d'eau mineurs n'exigeraient pas d'approbation aux termes de la LPEN, de sorte qu'ils ne déclencheraient pas d'évaluation environnementale.
D'après ce que nous avons appris, on peut raisonnablement s'attendre à ce que les projets de ce genre n'aient pas d'effets marqués sur l'environnement. Par conséquent, l'initiative ainsi proposée au sujet de la LPEN serait conforme a ce que nous faisons de notre côté pour axer davantage les évaluations environnementales sur les projets qui risquent plus de produire des effets importants et réduire ainsi le nombre d'évaluations environnementales concernant les projets de moins d'importance.
J'aimerais également faire remarquer qu'il faudrait néanmoins se demander si les changements ainsi proposés ne risqueraient pas d'avoir pour effet qu'un projet majeur ne soit pas assujetti à une évaluation environnementale parce qu'il serait considéré comme un ouvrage mineur sous l'angle de son effet sur la navigation. En prévoyant un dispositif qui donnerait la latitude nécessaire dans les cas de ce genre, on éliminerait cette possibilité. Par contre, cela devrait selon nous se produire que dans des cas exceptionnels. C'est en effet quelque chose qui, selon nous, ne devrait pas se produire souvent. En règle générale, lorsqu'il s'agit d'un projet majeur, le processus d'évaluation environnementale est automatiquement déclenché par un autre instrument que la LPEN. Cela dit, à mesure que le processus qui vous occupe ici se déroulera, il conviendrait selon nous d'accorder une certaine attention à cette question.
Enfin, je signale également que les dispositions modernes d'exécution qu'on propose d'ajouter à la loi seraient utiles pour l'évaluation environnementale, étant donné que la Loi sur l'évaluation environnementale repose sur des instruments prévus par d'autres lois, ce qui permet de faire en sorte que les mesures d'atténuation nécessaires soient mises en oeuvre.
Voilà qui termine mon exposé, monsieur le président.
Je vous remercie.
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Je ne pourrais vous donner de chiffres précis pour Pêches et Océans parce que je n'ai pas ce chiffre en tête, mais je pourrais par contre vous le faire parvenir.
Selon la façon dont nous sommes structurés actuellement, il y a au ministère un centre d'expertise pour les évaluations environnementales concernant les grands projets, c'est-à-dire les grands projets de mise en valeur des ressources naturelles, les projets d'infrastructure ou encore les projets qui ont des impacts considérables pour le développement économique, les questions autochtones, les considérations fédérales-provinciales et tous les autres éléments de ce genre.
Par ailleurs, on vient de nous accorder 41 ETP supplémentaires dans le cadre de l'initiative d'amélioration de la filière réglementaire, une initiative mieux connue sous le nom de Bureau de gestion des grands projets. Cela nous aidera à mieux nous occuper des grands projets.
Depuis quelques années, nous procédons également à la modernisation de tout notre programme, ce qui fait, par exemple, que nous avons intégré de nouveaux processus d'examen du risque: quelle est la nature du risque et quelle est l'importance des impacts sur l'environnement. Nous essayons de travailler en étroite collaboration avec les promoteurs de manière à atténuer les impacts et donc faire en sorte que les promoteurs ne demandent pas d'évaluation environnementale, étant donné que nous n'aurions ainsi pas à donner une autorisation.
D'après ce que je sais, Transports Canada songe également à adopter davantage cette formule de gestion du risque. Le ministère continue toutefois à respecter les préoccupations en matière environnementale sans aucunement abaisser la barre, mais en mettant davantage l'accent sur l'importance des impacts en déterminant si ceux-ci peuvent ou non être atténués.
Mais pour répondre à votre question, nous avons des employés dans toutes les régions, sauf que je ne peux pas vous donner de chiffre, mais je pourrais assurément vous le communiquer.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Avant de poser ma question, je voudrais un éclaircissement sur un point qui a été évoqué pendant le tour de questions de M. Volpe. Je ne pense pas que nous allions à contre-courant, mais le témoin a laissé entendre que le personnel du ministère a dit privilégier un remaniement complet du projet de loi plutôt qu'un processus qui se limiterait au plus facile.
Lors de la réunion en question, monsieur le président, j'avais précisément parlé de cela. Vous noterez que Marc Grégoire est le sous-ministre adjoint chargé de la sûreté et de la sécurité, et je ne pense pas qu'il ait directement parmi ses attributions le programme d'infrastructure administré par M. Grady et Mme Scharf. Je lui avais donc demandé ceci, et j'aimerais citer ma question, je lui ai demandé: « Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que l'adoption de ces six amendements accélérera largement la mise en place de la législation nécessaire pour répondre à certains des besoins d'infrastructure de notre pays? » Et M. Grégoire a simplement répondu:« Oui ». je pense qu'il est un peu injuste d'opposer ce qu'il a dit alors à ce que nous entendons aujourd'hui.
Ce que M. Julian vient de dire me met un peu mal à l'aise. Certes, chaque fois qu'il parle de choses comme celle-là, la solution qu'il propose immanquablement consiste à ajouter des postes à l'organigramme au lieu d'améliorer l'efficience et de simplifier les processus. Si j'ai bien compris, on voudrait aller de l'avant avec certains amendements afin que les crédits réservés à l'infrastructure puissent être rapidement mis à disposition et que les infrastructures nécessaires puissent être construites pendant les sept années que durera le programme.
J'aimerais maintenant axer la discussion sur le processus d'évaluation environnementale, parce qu'à mon avis, c'est cela qui suscitera le plus de préoccupations: en l'occurrence, ne sommes-nous pas ici en train de massacrer tout le processus d'évaluation environnementale? Si nous allons de l'avant avec les amendements proposés par le gouvernement, n'y a-t-il pas un risque que tout le processus d'évaluation environnementale s'en trouve dilué ou affaibli?
Je pourrais peut-être commencer par poser la question à M. Smith.
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Monsieur le président, j'espère que lorsqu'un collègue intervient pendant mon tour, mon temps de parole n'est pas amputé d'autant.
Je voudrais revenir à ce que disait M. Julian à la fin de son intervention parce que nous aussi, nous avons des préoccupations à ce sujet. C'est bien agréable de vous revoir ici, monsieur Julian, vous nous avez manqué.
Je voudrais vous donner un exemple concernant ma propre circonscription. Je pense que ma circonscription est l'une de celles qui connaît la plus forte croissance qui soit au Canada, dans le Nord de l'Alberta, parce qu'on y trouve des sables bitumineux et d'autres projets de mise en valeur.
Je me plais à penser que je suis un grand écologiste. J'ai passé beaucoup de temps dans la nature car j'ai chez moi une ligne de pièges et cela m'occupe un peu. Il y a également chez moi des cours d'eau qui pourraient être considérés je crois comme mineurs, et c'est quelque chose qui me préoccupe. Je ne voudrais pas qu'une compagnie pétrolière, je serai franc avec vous... et je ne pense pas que quiconque chez les conservateurs aimerait sacrifier quoi que ce soit au nom du développement, et certainement pas l'environnement. Je sais que moi, je ne le voudrais pas, et je ne pense pas non plus que mes collègues ici le veuillent.
Même si nous voulons simplifier et améliorer les choses, éliminer les doubles emplois, nous ne voulons pas pour autant sacrifier quoi que ce soit. Et il est certain que nous ne voulons pas sacrifier notre environnement ou l'intégrité de notre pays.
Il y a donc chez moi ce petit ruisseau, le ruisseau Grégoire c'est son nom, qui se jette dans la rivière Christina, laquelle se jette à son tour dans un cours d'eau patrimonial, la rivière Clearwater, qui se jette dans l'Arctique. Tout au long, il y a énormément de barrages de castor. Le cours d'eau est navigable, mais il ne l'est que par tronçons de quelques mètres étant donné l'abondance des barrages de castor. Alors je vous pose la question, considéreriez-vous cela comme un cours d'eau mineur?
Les réponses que je reçois aujourd'hui ne sont pas très bonnes.
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J'ai deux ou trois questions. Je veux dire que je présenterai un point de vue opposé à celui de M. Jean.
Lorsque je vois que les ministères ne tiennent pas le type de débat ouvert qui devrait se faire sur ces questions, parce que ce qui est proposé a des conséquences graves, je m'inquiète que les ministères semblent se refermer afin d'éviter le genre de débat qui devrait avoir lieu sur cette question.
Il est clair que se débarrasser d'une partie de l'évaluation environnementale peut présenter certains avantages... parce que c'est de cela dont nous parlons, non pas moderniser une partie importante de l'évaluation environnementale, mais s'en débarrasser. Il y a aussi des inconvénients graves. J'aurais aimé voir aujourd'hui un débat entre les ministères sur les conséquences de cela, mais c'est peut-être quelque chose que l'on peut faire à huis clos, et non pas à cette table, parce que je comprends certainement que les bureaucrates font face à des pressions du gouvernement actuel.
J'aimerais revenir au problème concernant les évaluations et poursuivre les observations de M. Maloney concernant le retrait de la référence aux quatre ouvrages désignés. Pour ces quatre projets mentionnés, pourquoi n'étudions-nous pas une proposition de modifications mineures à ces quatre ouvrages désignés, plutôt que de les exclure de la loi?
Deuxièmement, comment se passent les évaluations environnementales qui ont lieu aujourd'hui? C'est un peu la même question sur les processus qu'a posée M. Jean.
Troisièmement, je reviens à la question des cours d'eau mineurs, qui me trouble, parce qu'en Colombie-Britannique nous avons, je pense, de nombreuses voies navigables qui correspondraient à la définition de voies navigables mineures, mais où il y aura des conséquences importantes aux modifications. Alors j'aimerais que chaque ministère me dise quelles ont été leurs discussions concernant les cours d'eau mineurs et comment ces eaux seraient définies.
Voilà mes trois questions. Merci, monsieur le président.