:
Oui, monsieur le président. Merci beaucoup.
Monsieur le président, membres du comité, bonjour.
Je vous remercie d'avoir invité mes collègues et moi à vous parler une fois de plus de l'engagement du Canada en Afghanistan.
[Français]
Comme vous le savez, à cet égard, le Canada a opté pour une approche pangouvernementale. Aujourd'hui, je suis entourée de collègues oeuvrant dans des ministères et organismes qui contribuent de façon importante à notre engagement en Afghanistan.
[Traduction]
J'ai comparu devant ce comité la dernière fois juste avant que vous vous rendiez en Afghanistan. Je suis contente que tout se soit bien déroulé, notamment que vous ayez eu la chance de rencontrer les courageux et dévoués militaires et civils qui font partie de l'équipe du Canada en Afghanistan et de constater de première main leurs efforts, les défis qu'ils doivent relever, leur environnement et les résultats atteints
[Français]
Leur objectif, jour après jour, est de faire progresser les priorités du Canada en Afghanistan, priorités pour lesquelles leurs prédécesseurs et leur pairs ont travaillé si fort. Et oui, les choses changent pour le mieux.
Je dois ajouter que tous les intervenants ont apprécié votre visite et vos remerciements.
[Traduction]
Une voix: Le timbre est en train de sonner.
Mme Greta Bossenmaier: Devrais-je continuer?
Depuis ma dernière comparution devant le comité, le Comité du Cabinet sur l'Afghanistan a présenté deux rapports trimestriels au Parlement. Ces rapports rendent compte des progrès réalisés quant aux six priorités du gouvernement et à ses trois projets de premier plan.
Le dernier rapport trimestriel couvrait la période d'avril à juin et mettait l'accent sur la manière dont les priorités et les projets facilitent la prestation de services de base aux Afghans. Comme le ministre Cannon l'a noté lors de sa dernière comparution, même si la situation en Afghanistan demeure instable et difficile, des améliorations concrètes peuvent être observées dans divers domaines. En voici quelques-unes.
[Français]
jusqu'à 1 800 hectares de terre ont été pourvus d'un meilleur système d'irrigation, grâce aux efforts déployés par le Canada au barrage Dahla;
près de 400 000 enfants de la province de Kandahar ont été vaccinés contre la polio durant les deux campagnes de vaccination;
plus de 15 000 tonnes de nourriture ont pu être distribuées à l'échelle nationale, à plus de 2 millions d'Afghans, grâce notamment au soutien financier du Canada au Programme alimentaire mondial de l'ONU.
[Traduction]
De plus, le Canada a fait des progrès pour ce qui est de fournir de nouvelles mesures de santé à deux groupes très vulnérables, soit les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. En effet, 78 000 femmes reçoivent des suppléments d'acide folique et de fer, et 140 000 enfants, des sachets de micronutriments en poudre.
Grâce à nos efforts ainsi qu'au dévouement des Afghans, davantage de soldats et de policiers travaillent à protéger les communautés afghanes et les intérêts des Afghans. Plus d'enfants, notamment des filles, fréquentent les écoles. Des productions agricoles remplacent la culture de l'opium. La gouvernance de base s'établit et les services essentiels sont mis sur pied.
Comme toujours, nous devons mettre ces résultats dans leur contexte. L'Afghanistan demeure un environnement changeant et difficile.
[Français]
De plus, au cours des derniers mois, plusieurs événements, tant en Afghanistan qu'à l'échelle internationale, ont contribué à la situation actuelle au pays et aux perspectives d'avenir.
À la Conférence de Londres, en janvier, la communauté internationale et le gouvernement afghan ont fixé pour objectifs l'amélioration de la gouvernance, l'établissement d'un lien plus solide entre le gouvernement afghan et son peuple et le renforcement de la capacité du pays, à long terme, de relever des défis en matière de sécurité.
Ce processus s'est poursuivi lors de la Conférence de Kaboul en juin, où l'on a évalué les progrès réalisés depuis Londres, et élaboré des plans concrets pour une amélioration continue.
[Traduction]
De plus, en tant que première conférence internationale de grande envergure organisée par le gouvernement afghan, la Conférence de Kaboul a permis de jeter les grandes lignes d'un plan visant à transférer au gouvernement afghan, d'ici 2014, l'administration de la sécurité. Ce plan a été adopté à Lisbonne en fin de semaine dernière par les chefs d'État du gouvernement de l'Afghanistan, ainsi que les pays qui fournissent des troupes à la FIAS.
En outre, des élections parlementaires ont été tenues en Afghanistan durant le trimestre visé par le dernier rapport. Les résultats officiels ont d'ailleurs été annoncés en début de journée. Bien que la communauté internationale ait pu constater les irrégularités et les cas de fraude commise durant le processus électoral, les efforts déployés par la Commission électorale indépendante et la Commission de traitement des plaintes concernant les élections afin de cerner et gérer ces problèmes marquent un pas de géant pour les institutions électorales de l'Afghanistan. Dans les prochaines semaines, un nouveau parlement entamera ses travaux au nom du peuple afghan — une autre étape importante vers l'amélioration du gouvernement démocratique en Afghanistan et un élément clé des efforts visant à instaurer la stabilité et une paix durable.
Par ailleurs, au cours des derniers mois, même si la situation au chapitre de la sécurité est certes demeurée difficile, l'arrivée de nouvelles troupes américaines a contribué à faire avancer les choses. Ce déploiement a permis de réorienter les opérations des Forces canadiennes dans les districts clés de Panjwayi et de Dand.
Si le leadership de l'un des kandaks de l'ANA, ou bataillons, formés et encadrés par les Forces canadiennes a été transféré en appui de l'établissement de nouveaux kandaks ailleurs, deux nouveaux kandaks de l'ANA sont arrivés dans la zone des opérations du Canada en septembre. Ils sont présentement formés et encadrés par les Forces canadiennes.
Monsieur le président, il est vrai que le progrès a mis du temps à se faire sentir. Le changement s'est fait graduellement. Mais malgré le conflit persistant, et malgré tous les obstacles, nous réussissons à progresser.
[Français]
La semaine dernière, les ministres ont annoncé que le nouveau rôle du Canada en Afghanistan s'inspirera des importants progrès réalisés dans les domaines de la sécurité, de la diplomatie, des droits humains et du développement.
Le nouveau rôle du Canada après 2011, un rôle sans combat, sera centré sur Kaboul et visera quatre grands domaines, soit: investir dans l'avenir des enfants et des jeunes Afghans au moyen de programmes d'éducation et de santé; renforcer la sécurité, la primauté du droit et le respect des droits de la personne, notamment en déployant jusqu'à 950 formateurs militaires et du personnel de soutien pour les forces de sécurité afghanes; favoriser la diplomatie régionale et contribuer à la prestation d'aide humanitaire aux Afghans.
[Traduction]
Notre soutien au développement et notre aide humanitaire seront offerts grâce à des partenaires de confiance qui mettront en oeuvre les programmes reflétant les priorités du gouvernement afghan. Nous nous pencherons sur les besoins essentiels en matière de sécurité alimentaire et de mesures d'urgence grâce à l'aide alimentaire, à la préparation en vue de catastrophes, au déminage et à l'éducation.
[Français]
De plus, les droits des femmes et des jeunes filles seront une priorité transversale dans tous ces programmes.
[Traduction]
Bref, le Canada continue de progresser en Afghanistan, mais le travail n'est pas terminé. L'objectif demeure le même: aider les Afghans à se bâtir un pays plus sûr, stable et autonome, qui n'est plus un refuge pour les terroristes.
Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président, merci d'avoir accepté la suggestion.
J'aimerais remercier les témoins d'être des nôtres aujourd'hui.
Comme vous le savez, nous voulons rédiger un rapport dans lequel nous ferons des recommandations sur le rôle non militaire du Canada en Afghanistan, en plus d'examiner l'autre aspect concernant la formation.
Le a signalé l'autre jour que la corruption était, selon lui, le problème numéro un — chose que nous reconnaissons au comité depuis quelques années maintenant. Nous constatons aussi que le gouvernement a maintenant fait part de son intention de réduire le montant de l'aide accordée à l'Afghanistan.
Alors, comment s'y prendre pour procéder au renforcement des capacités, faire respecter la primauté du droit et régler certaines de ces questions si la corruption est bel et bien le principal problème? Une fois de plus, je vous fais remarquer que la corruption ne figurait pas parmi les quatre objectifs présentés par les trois ministres à la conférence de presse du 16 novembre. Comment allons-nous remédier au problème particulier de la corruption.
Par ailleurs, quels sont les objectifs et les priorités du groupe de travail et que propose-t-il au comité relativement à certaines des autres questions, comme le barrage Dahla? Allons-nous, oui ou non, être en mesure de terminer ce travail à temps? Si la réponse est non, quels sont les obstacles?
Enfin, en ce qui concerne les trois projets de premier plan, pouvez-vous faire le point sur la situation?
Je vais laisser le reste de mes 10 minutes à M. Dion.
Une voix: Bonne chance.
Des voix: Oh, oh!
M. Bryon Wilfert: Et veuillez répondre le plus brièvement possible, s'il vous plaît.
Merci.
:
En ce qui concerne le renforcement des capacités, sachez que nous ne pouvons pas fournir d'aide budgétaire; en effet, nous n'offrons aucune aide budgétaire directe. Par contre, nous avons fourni plusieurs ressources humaines, en l'occurrence des conseillers techniques, pour renforcer les capacités au sein de divers ministères, notamment les ministères de l'Agriculture, de l'Éducation et des Finances.
Pour ce qui est de respecter les priorités du gouvernement afghan et de renforcer les capacités, nous avons travaillé par l'entremise du fonds d'affectation spéciale de la Banque mondiale, à savoir le Fonds d'affectation spéciale pour la reconstruction de l'Afghanistan. Par conséquent, nous reconnaissons que le renforcement des capacités passe par une collaboration avec le gouvernement afghan afin de répondre aux priorités, et c'est ce que nous faisons. Malheureusement, les mécanismes de surveillance financière ne sont pas encore en place; voilà pourquoi nous travaillons très étroitement avec les Afghans au sein des divers ministères, par l'entremise du fonds d'affectation spéciale.
Relativement aux projets de premier plan, nous sommes sur la bonne voie et nous n'avons aucune raison de croire que nous n'arriverons pas à terminer la réfection du barrage Dahla, y compris la reconstruction du système d'irrigation, le renforcement des capacités auprès des organismes locaux chargés de l'utilisation de l'eau et la participation accrue de la population locale à ce projet. De plus, nous avons beaucoup fait pour renforcer les capacités dans le domaine de l'agriculture, notamment la création de fermes expérimentales et la rotation des cultures, et nous n'avons aucune raison de croire que nous n'atteindrons pas cet objectif d'ici décembre 2011.
En ce qui a trait à la construction des 50 écoles, un autre projet de premier plan, là encore, nous croyons être en bonne voie de le mener à bien. Nous avons terminé la construction de 27 écoles. Dans le cas d'autres écoles, les travaux sont très avancés. Ce projet de premier plan comporte d'autres engagements, comme la formation des enseignants, l'établissement du programme scolaire et, je le répète, le renforcement des capacités au sein du ministère de l'Éducation. Nous y sommes presque.
Par contre, le projet de premier plan visant à éradiquer la polio ne sera pas terminé dans les délais établis, et ce, pour bien des raisons. Nous avons augmenté la couverture de vaccination — 7,2 millions d'enfants ont été immunisés; de plus, nous administrons un programme permanent et, d'après ce qui a été déclaré, nous continuerons de le faire par l'entremise de partenaires. Bref, nous n'atteindrons pas l'objectif d'éradication de la polio, mais nous continuerons de travailler là-dessus. C'est, en partie, à cause de l'infection transmigratoire du virus qui provient du Pakistan. L'ACDI a travaillé avec d'autres donateurs et a sollicité leur aide pour régler le problème de polio au Pakistan.
Voilà donc où nous en sommes avec les projets de premier plan.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis un peu déçu du rapport qui nous est présenté aujourd'hui. Je reconnais le collègue du Bureau du Conseil privé qui était ici la dernière fois. Si je me souviens bien, on avait demandé d'avoir beaucoup plus d'explications, on voulait que ce soit plus explicite. Or je constate qu'on remâche les rapports trimestriels. On nous rappelle Kaboul et Lisbonne.
Je trouve que le Bureau du Conseil privé s'entête à porter des lunettes roses. En effet, on retrouve les mêmes termes qu'on entend depuis des années. On parle du retour des petites filles à l'école, c'est vraiment formidable. Il est question des soldats et des policiers qui protègent la communauté afghane, on écrit que la gouvernance s'établit très bien, que les services essentiels sont mis sur pied, on mentionne les productions agricoles.
J'ai eu accès à d'autres renseignements qui nous disent le contraire de ce qu'on peut lire dans ce rapport. Cela provient d'une étude du Center for Strategic and International Studies. On y trouve des tableaux qui proviennent de l'OTAN et de l'ONU. Je ne les ai pas fabriqués. Ils ont été présentés à des majors-généraux des forces afghanes.
On y voit que la guerre est en complète escalade, la courbe monte. Tout cela est en couleur. On peut lire les mots Time is running out, ce qui veut dire qu'on est en train de manquer de temps. Si je regarde les cartes d'Afghanistan en 2005, en 2007, en 2009, je vois la tache jaune — qui illustre le contrôle taliban — qui s'agrandit. On est en train de régresser, on est en train de perdre cette guerre. Pourtant, on ne lit que de bonnes choses dans le rapport.
C'est la même chose en ce qui a trait aux lieux de combat. Sur un des tableaux, on voit que tous les lieux de combat en Afghanistan s'étendent continuellement. Il y a aussi tout l'Afghanistan et la capacité de contrôle des talibans et des insurgés qui sont en pleine expansion.
De plus, j'ai le nombre d'incidents, d'attaques par mois, depuis des années. Par exemple, on est passé de 630 en 2008 à 1 369 incidents, attaques cette année. Pour les incidents de dispositifs explosifs de circonstance, c'est semblable. On peut voir une pointe, dont la courbe monte verticalement, dans un des tableaux.
J'ai un autre rapport de l'OTAN. Je suis allé à Varsovie. Voici les problèmes dénotés par l'OTAN. Cette organisation utilise les expressions suivantes: aptitudes au commandement insuffisantes, fort taux d'analphabétisme et d'attrition, infrastructures limitées, petit nombre de bases opérationnelles avancées, aptitudes restreintes au soutien au combat et au soutien logistique, manque d'institutions développées, moyens logistiques inadaptés, manque de transparence en matière de finances, d'équipement et de personnel, et un perpétuel manque de ressources pour la mission de formation.
J'attire votre attention sur le fort taux d'analphabétisme. Il y a eu des fiascos là-bas, d'ailleurs. Par exemple, on a envoyé une section d'Afghans faire une opération. Ceux-ci étaient tellement mal pris qu'ils ont dû demander l'appui des services aériens. Il a donc fallu des frappes aériennes pour les sortir d'où ils étaient. Tout le monde avait une carte, mais personne n'était capable de la lire. Ça n'allait pas bien.
De plus, la corruption dans les forces de sécurité afghanes est épouvantable. Il y a des disparitions de carburant et d'armes. Les Américains livrent des armes aux forces armées afghanes et on retrouve ces armes entre les mains des talibans quand on capture ceux-ci. On en retrouve même dans les bazars au Pakistan. Ça ne va pas bien. Pour l'équipement, c'est la même chose. Il y a aussi un très haut taux de toxicomanie.
Pour ma part, je n'ai pas le goût de poser de questions. J'ai déjà interrogé un général qui était venu nous parler d'un sujet et je disais que ce qu'il nous disait était faux. Je préfère ne pas poser de questions; je ne peux que déplorer qu'on n'ait pas tenu compte de ce qu'on avait demandé la dernière fois. On n'est toujours pas assez précis et on a encore des lunettes roses.
Je vais demander à mon collègue s'il souhaite poser une question sur un sujet qui lui tient à coeur.
:
Ma question s'adresse à Mme Bossenmaier.
On a généralement invoqué la question des droits des femmes, de la promotion des femmes, et ainsi de suite, pour justifier cette mission. Cela a été un élément qui a été invoqué très souvent.
Ce qui me frappe dans la copie de la déclaration que vous nous avez soumise, c'est que le sujet est presque totalement évité. On mentionne pourtant, à la page 3, que plus d'enfants, notamment des filles, fréquentent les écoles. À la fin de ce rapport de six pages en tout, il y a deux petites lignes: « De plus, les droits des femmes et des jeunes filles seront une priorité transversale dans tous ces programmes. » Ce sont les seules allusions. Il n'y a pas de chiffres ni de statistiques, il n'y a rien.
Comment expliquer que cette question des droits des femmes soit presque absente d'un rapport visant à justifier le prolongement de la mission canadienne en Afghanistan? Est-ce attribuable à la constatation qu'on fait graduellement? C'est-à-dire que le gouvernement Karzaï s'est rapproché des points de vue des talibans sur ces questions. En fait, la situation des femmes a probablement récemment reculé dans le pays.
Voilà ma question, monsieur le président.
:
Monsieur le président, j'ai à faire quelques commentaires.
[Traduction]
Mes collègues voudront peut-être aussi commenter.
Les droits des femmes et les questions touchant les femmes en Afghanistan ont été adressés, selon moi, dans toutes nos initiatives, ou du moins la majorité, et toutes nos priorités: par exemple, l'augmentation de la sécurité en Afghanistan et nos efforts en ce sens afin que cela ait un effet positif sur le peuple afghan, mais également, en particulier, sur les Afghanes.
En ce qui concerne le travail dans le domaine de l'éducation que nous avons accompli, vous avez déjà entendu au comité les statistiques concernant le nombre de jeunes filles dans les écoles en 2001 comparativement au nombre actuellement. Nos efforts dans ce domaine — encore une fois, l'amélioration des possibilités d'études pour tous les Afghans — ont eu un effet important sur les Afghanes.
Pour ce qui est de l'accent que nous mettons et de nos efforts dans le domaine de la santé et de la santé maternelle, en particulier, encore une fois, cela améliore les perspectives de santé de tous les Afghans, mais, pour les femmes, il y a des avancées importantes.
Nous avons parlé du microfinancement dans nos rapports trimestriels en ce qui concerne le nombre de microprêts accordés aux Afghans. Encore une fois, la majorité, ou une grande partie, de ces prêts ont été remis à des femmes pour qu'elles aient plus de possibilités d'un point de vue économique.
Donc, je dirais qu'un large éventail d'initiatives et de programmes là-bas visaient les femmes et ont en fait produit des résultats pour les femmes. Ma collègue de l'ACDI pourrait vouloir fournir de plus amples renseignements, parce que son agence s'occupe beaucoup de programmes visant les femmes.
:
Je crois que Mme Bossenmaier a bien répondu à la question, mais les données sont assez impressionnantes. Au sujet des microcrédits, 66 p. 100 ont été accordés à des femmes. Nous avons reçu les résultats des effets que cela a eus.
Pour ce qui est de l'éducation, en particulier,
[Français]
un tiers des 6 millions d'élèves sont des filles et ont accès à l'éducation alors qu'il n'y en avait aucune en 2001. Ce n'est pas seulement une question de donner accès à l'éducation aux filles, mais aussi une question de cibler toute la formation des enseignants pour les femmes. Maintenant, 30 p. 100 des enseignants sont des femmes et ça permet aux filles d'aller à l'école.
On a aussi fourni du transport. On parle toujours de la question de la sécurité des filles: on a assuré le transport des filles pour qu'elles se rendent à l'école.
[Traduction]
En ce qui concerne la santé, nous avons ciblé, entre autres, les soins obstétricaux de l'hôpital Mirwais. Les statistiques concernant l'analphabétisme des femmes et les soins de santé pour les femmes sont assez impressionnantes. Je peux vous dire que nous avons réussi à améliorer les statistiques sur la mortalité infantile.
Je crois pouvoir dire de manière assez sûre que nous améliorons en fait le sort des femmes dans la province de Kandahar et le reste du pays en formant des enseignants et en mettant en place non seulement 50 établissements d'enseignement, mais également 4 000 centres d'apprentissage communautaires, des programmes d'alphabétisation et des programmes de formation professionnelle.
Nous avons affirmé que, dans l'avenir, un élément de notre approche pour tous nos programmes, dont l'accent sera largement mis sur les enfants et les jeunes, l'éducation et l'aide humanitaire, insistera précisément sur le sort des femmes. Je m'en voudrais de ne pas ajouter que grâce à une bonne portion des 35 millions de dollars remis par le Canada pour la préparation des élections et la mise en place des institutions, nous avons formé les candidates qui tentaient de se faire élire au Parlement, et 70 p. 100 y ont participé.
Nous avons aussi fourni aux femmes parlementaires les éléments que nous tenons pour acquis ici, dont des bureaux, des téléphones et la capacité de vraiment participer au processus parlementaire. Nous avons assez bien réussi à cibler les femmes dans nos programmes en matière de développement économique, d'éducation et de santé et nous continuerons de le faire au fil du temps. Je vous fournirai des détails avec plaisir.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence ici aujourd'hui.
Nous avons beaucoup de sujets à discuter, mais très peu de temps pour le faire. Par conséquent, je rassemblerai différents sujets en même temps, si vous me le permettez.
Sachant que nous avons assez bien rempli, selon moi, notre rôle de combattant jusqu'à présent, bien que je comprenne que nous sommes en transition, à mon avis, toute personne sensée serait d'accord pour dire qu'il est essentiel que le Canada reste en Afghanistan et poursuive la formation et son engagement là-bas si nous voulons mener à bien cette transition.
Il y a deux ou trois sujets. Je parlerai en premier de la culture de l'opium par rapport aux autres cultures. Étant donné toute la corruption dont nous avons entendu parler, j'aimerais établir un lien entre cela et ce que nous devons faire, à savoir que les gens ne dépendent plus des drogues, qu'il ait des revenus stables et tout le reste. À quel point est-ce important de faire un lien entre cela et la poursuite de la mission de formation pour que les autorités afghanes puissent en fait régler ce problème et s'occuper, par exemple, de la question des droits de la personne? Cela fait le tour de la question. J'imagine que nous sommes encore au tout début de la transition vers une véritable agriculture viable à long terme et de la correction des problèmes concernant les droits de la personne. Je me demande simplement le lien qui existe entre cela et le maintien de notre présence, dans un rôle de formateur, jusqu'à la fin de la mission.
:
Simplement au sujet du barrage Dahla, 80 p. 100 des gens de Kandahar vivent le long de ce barrage et des effluents du réservoir.
Nous sommes en bonne voie de respecter nos échéanciers. Nous avons enlevé le limon accumulé dans les canaux. Nous avons travaillé avec les collectivités locales afin de déterminer les terres qui leur appartiennent le long des effluents du système d'irrigation et de remettre en état ces terres.
Nous avons également donné beaucoup de formation sur les nouvelles méthodes agricoles et les nouvelles cultures sur la ferme Tarnak, avec l'Université de Guelph et d'autres partenaires afghans et canadiens, pour promouvoir la culture de la grenade et d'autres aliments. Il y a donc un gain net en ce qui concerne ce que nous faisons pour la remise en état des terres et le rétablissement des cultures.
Je ne sais pas quoi dire de plus. C'est assez important. Il s'agit, en gros, de rétablir la corne d'abondance, comme Mme Bossenmaier l'a appelé, non seulement de Kandahar, mais aussi de la région et de tout le pays. Cela pourrait créer des possibilités qui pourraient, en théorie, ramener les gens à l'agriculture traditionnelle.
:
Merci. D'après mon heure, il me reste deux minutes.
Le président: Eh bien, je voulais dire...
M. Paul Dewar: Monsieur le président, ce que nous avons établi, c'est qu'avant que le gouvernement annonce la prolongation de la mission militaire la semaine dernière, il y avait un plan, auquel nous avons accès et qui avait été présenté en août dernier, selon lequel nous allions avoir 550 millions de dollars pour cette mission strictement civile. Maintenant, nous avons établi qu'il y a eu une réduction pour ce programme, de sorte que plutôt que d'avoir 550 millions pour une mission strictement civile, nous n'aurons que 300 millions.
Je suppose que ce que je tentais de savoir, c'est qu'est-ce que le gouvernement et le cabinet demandaient aux fonctionnaires de faire? Nous ne pouvons pas obtenir de renseignements, et c'est dommage. La question que je devrais peut-être poser est la suivante: allons-nous moins investir dans la diplomatie? Je n'en ai pas entendu parler. Si c'est le cas, en quoi cela consistera? C'est l'une de vos initiatives, mais je n'ai pas entendu parler du montant d'argent et de ce que vous ferez exactement. Pourrions-nous définir cela?
:
Merci, monsieur le président.
Madame Bossenmaier et amiral Davidson, je veux vous remercier vous, et par votre entremise, remercier tous les gens que vous représentez, de l'excellent travail que vous faites en Afghanistan. J'ai eu le privilège de visiter le pays avec le comité en juin dernier, et nous avons eu un bon aperçu du travail que le Canada effectue en Afghanistan. Je n'ai jamais été aussi fier d'être Canadien que lorsque j'ai vu le travail que nos courageux jeunes hommes et femmes font, tant du côté civil que du côté militaire, pour rendre l'Afghanistan plus démocratique et le monde plus sûr. Je me suis senti fier, et je me sens beaucoup plus en sécurité aujourd'hui, car j'ai été témoin des progrès qui sont faits pour améliorer la stabilité de la région.
Madame Bossenmaier et madame Ducros, vous avez parlé du projet du Canada de soutenir les femmes qui veulent être élues au gouvernement. Lorsque je me trouvais là-bas, j'ai appris que, lors de la dernière élection législative, le Parlement comptait 27 p. 100 de femmes, ce qui se compare avantageusement au Parlement du Canada. Une proportion de 50 p. 100 serait préférable, mais nous y arriverons. Pourriez-vous nous donner plus de détails sur ce en quoi consiste exactement le projet et sur la façon dont vous soutenez les femmes qui veulent être élues en Afghanistan? Pourriez-vous nous dire les résultats des élections qui ont été annoncés aujourd'hui?
:
Oui. Merci beaucoup de cette question.
Nous avons mené divers projets. Le PNUD a élu un organisme global qui s'est occupé de préparer les élections; certains projets visaient donc à renforcer la capacité de la CEI et à mettre en poste, par exemple, des femmes qui s'occupent de faire des fouilles, pour que les femmes soient en mesure d'aller voter, d'avoir accès aux campagnes de sensibilisation et de se rendre dans les isoloirs indépendants, pour que les femmes puissent voter avant le jour de l'élection.
En ce qui concerne votre question sur la formation des candidates, il y a eu quelques projets. L'un d'eux portait sur la formation des candidates, sur la façon de formuler des messages et de se présenter, sur ce qu'il faut faire pour être élu, et sur qui il faut cibler. Comme je l'ai déjà dit, nous avons réussi à former 70 p. 100 des candidates. Je devrais dire que c'est également ce qu'a fait remarquer Staffan de Mistura, un représentant de la MANUA, qui a remercié le Canada par écrit de la contribution qu'il a apportée pour l'accès des femmes au système, tant en leur permettant de voter qu'en leur donnant de la formation.
Durant la préparation de l'élection, nous avons mené d'autres projets. Ils consistaient notamment à donner aux femmes la possibilité de travailler si elles devaient être élues. Il y avait différents groupes de projets, mais ils ont joint un très grand nombre de candidates au moyen de différents mécanismes. Nous avons mené également une campagne de sensibilisation partout au pays. Je serai ravie de donner au comité des précisions sur ce que nous avons fait dans le cadre de ce projet.
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Je veux ajouter deux ou trois points. J'ajouterais une remarque à ce que Françoise a répondu tout à l'heure. Entre autres, nous avons mis à la disposition du ministre de la Justice afghan un spécialiste technique de la rédaction législative, un spécialiste des droits des femmes et de la loi islamique, pour qu'il puisse leur faire appel dans le cadre de son travail.
En ce qui concerne la formation de la police nationale afghane, le Canada a présentement 50 formateurs de policiers en Afghanistan. Je peux vous donner une liste très précise du type de choses qu'ils font à l'heure actuelle.
Ils donnent aux membres de la police nationale afghane de la formation de premiers intervenants, car ce sont les premiers intervenants après un attentat mettant en cause des engins explosifs improvisés, ou EEI. Ils donnent de la formation sur les fouilles et le menottage, les fouilles de bâtiments et de véhicules, la mise en place et le maintien de postes de contrôle pour les véhicules. Ils montrent aux gens comment faire de la reconnaissance dans les postes de police des villes et des districts. Ils donnent de la formation aux policiers sur la réparation de véhicules. De plus, ils ont contribué à l'amélioration des postes de police satellites et du quartier général de la police nationale afghane. Ils ont également donné de la formation en premiers soins.
Je crois que votre question touche également à certains des problèmes qui demeurent, et il est certain qu'ils sont nombreux. L'un d'eux, c'est le taux d'attrition des membres de la police nationale afghane. Nous collaborons avec eux pour trouver des moyens de réduire le taux d'attrition. Entre autres, nous les payons directement pour améliorer la satisfaction que leur apporte l'emploi qu'ils ont.
Nous contribuons également à l'amélioration des postes de police, car les policiers ont tendance à passer beaucoup de temps dans les postes. Dans certains cas, le poste est presque une deuxième maison, et nous tentons donc d'améliorer le milieu de travail.
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Merci beaucoup de l'information.
Allons au fond des choses. Je ne crois pas que personne ici ne remette en cause la qualité du travail que nos militaires et notre personnel civil font en Afghanistan avec un immense courage. On ne doute pas que plusieurs de vos programmes fonctionnent bien, donnent des résultats. La question est de savoir si on est devant un panier percé. C'est ce qui arrive, c'est là qu'est le désaccord entre les Canadiens.
Par exemple, on bâtit des écoles. Or si la culture ambiante là-bas est hostile au fait que les petites filles aillent à l'école, même si on les bâtit, qu'arrive-t-il à ces écoles au bout d'un certain temps? C'est ce se demandent que les Canadiens.
Vous dites qu'on leur apprend à maîtriser des cultures du sol, etc. Par ailleurs, l'ONU nous dit que la culture du pavot a repris de plus belle. Alors, qu'est-ce que cela nous donne de faire ça si, de toute façon, l'essentiel de leurs revenus va aller vers le narcotrafic.
C'est la même chose en ce qui a trait à tout ce qu'on leur enseigne pour le fonctionnement des institutions, le système juridique, etc. On nous dit de toutes parts qu'il y a une culture d'impunité, qu'on cherche encore le premier criminel de droits humains qui va être traduit en justice en Afghanistan. C'est ça, le débat.
Donc, nous faire la longue liste de tous vos programmes ne peut pas sécuriser les Canadiens.
Ma question portera directement sur les questions de la formation. Si mes informations sont bonnes,
[Traduction]
Nous investissons — l'OTAN investit — 12 milliards de dollars par année dans la formation. Ces 12 milliards représentent plus que le budget du gouvernement afghan. Donc, si c'était une question d'argent, j'imagine que se serait déjà réglé.
Le fait que nous formons des gens qui ne restent pas très longtemps suscite beaucoup de préoccupations. Certains se joignent aux talibans. De plus, ils ne veulent pas vraiment se battre. Après tout, nous parlons de gens qui ont été capables de vaincre l'Union soviétique. S'ils étaient vraiment prêts à vaincre les talibans, ils n'auraient pas besoin d'autant de formation.
[Français]
On parle d'un pays où les jeunes sont capables de démonter une kalachnikov et de la remonter.
Quel est le taux de rétention en ce moment pour les militaires afghans que nous formons? Pour avoir 10 Afghans qui restent au combat, combien faut-il en former?
:
Merci, monsieur le président.
Malheureusement, il y a des gens formés qui ont été des insurgés et qui se sont infiltrés, mais ils sont très peu nombreux et se sont des cas isolés; on ne doit pas se baser sur ces exemples pour juger ce que nous tentons d'accomplir au moyen de la formation.
Je comprends votre question: étant donné que ces gens se sont battus contre les Soviétiques et qu'ils ont gagné, pourquoi devons-nous les former? Ce qui s'est passé, et ce que nous menons essentiellement, c'est une contre-insurrection. Une très petite portion de la population se bat. Elle se bat en ayant recours à des mécanismes comme des EEI, des embuscades, etc.
Ce que nous tentons de faire pour ce qui est du renforcement des capacités et de la capacité institutionnelle en Afghanistan, c'est de créer une force armée professionnelle qui a la capacité de contrôler son propre pays à long terme et aussi la capacité de mobiliser ses propres forces. En d'autres termes, nous devons former les gens de façon à ce qu'ils puissent s'occuper eux-mêmes de la formation. Nous devons leur donner des compétences dans des domaines comme la lutte contre les EEI. Aujourd'hui, c'est une compétence très complexe, de sorte que l'enseigner et fournir l'équipement nécessaire coûtent très cher.
Nous devons leur donner des compétences sur la façon de planifier des missions à grande échelle. Si l'on veut mener une contre-insurrection, il faut envoyer des gens sur le terrain et défendre le terrain. Cela signifie qu'on doit faire le guet au coin de la rue. On n'est pas l'insurgé. On ne lutte pas en étant caché. On est bien en vue au coin de la rue pour assurer la sécurité des gens. Ce sont des compétences différentes. Il faut être capable de fonctionner en groupe, de se soutenir mutuellement, d'apprendre à communiquer, et d'apprendre comment faire appel à des appuis aériens. Il doivent apprendre à coordonner tous les différents éléments de la force pour obtenir les résultats escomptés. C'est un travail très complexe.
On examine les Forces canadiennes et la complexité de notre propre travail. Nous tentons de produire une force moderne, et il n'est pas possible de produire une force moderne qui a beaucoup d'expérience en peu de temps.
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C'est vrai qu'ils se sont concentrés sur les IED, mais
[Traduction]
Je pense qu'il est important de noter que la raison pour laquelle ils le font — avoir recours à cette méthode plus souvent —, c'est qu'ils ne peuvent pas combattre sur le terrain contre les effectifs qui s'y trouvent. Retournons à 2006, année où le Canada s'est engagé dans la province de Kandahar. Nous sommes arrivés avec un seul groupement tactique, ce qui, à l'époque, représentait la plupart des forces présentes dans la province de Kandahar. Nous avons participé à l'Opération Medusa. À ce moment-là, les insurgés avaient commencé à se rassembler. Ils avaient l'avantage du nombre. Il n'y avait pas eu de présence importante de l'OTAN ni même du gouvernement afghan, en fait, dans la région. Par conséquent, ils avaient commencé à se regrouper.
Quand nous avons traversé cet oued pour les attaquer, quand l'armée canadienne a fait cette traversée, elle y est allée avec 40 hommes de l'Armée nationale afghane, soit l'équivalent d'un peloton. Aujourd'hui, des milliers d'hommes de l'Armée nationale afghane sont à nos côtés, sur le terrain. Pour cette raison — l'augmentation des effectifs —, les insurgés ne sont plus capables de rester là et de se battre. Donc, oui, les IED sont une arme de prédilection. Les insurgés ne restent pas sur place pour se battre. Mais il s'agit d'incidents isolés. Si on compare les incidents et leur complexité avec la situation qui prévalait auparavant, ce serait aussi un facteur à considérer.