:
Bonjour, tout le monde. C’est la septième réunion du Comité spécial sur la mission canadienne en Afghanistan. Nous sommes le mercredi 28 avril 2010.
Nous aurons un timbre à 17 h 15, puis un vote à la Chambre à 17 h 30. Je demande donc aux membres s’il est possible d’aborder les travaux du comité entre 16 h 45 et 17 heures. Nous avons beaucoup de questions à examiner.
Nous avons prévu pour aujourd’hui un groupe de deux témoins, à qui nous souhaitons la bienvenue.
Nous poursuivons notre étude sur le transfert des détenus afghans. Nous avons comme témoins, du ministère de la Défense nationale, M. Gavin Buchan, ancien directeur des affaires politiques de l’Équipe de reconstruction provinciale à Kandahar, et, à titre personnel, le major-général à la retraite Timothy Grant, ancien commandant de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan.
Je crois savoir que vous avez tous deux des exposés préliminaires à présenter et que vous répondrez ensuite aux questions des membres du comité. Nous ferons un ou deux tours de questions.
Je vous souhaite la bienvenue à tous deux. Je vous remercie de votre présence. Nous avons hâte d’entendre vos exposés.
À vous, monsieur Buchan.
Monsieur le président, honorables membres du comité, permettez-moi tout d’abord de me présenter et de vous expliquer brièvement la nature de mon rôle dans le dossier afghan.
J’ai travaillé pendant 18 ans pour l’administration fédérale, dont 15 ans au ministère des Affaires étrangères et trois à la Défense nationale. J’ai travaillé sur le dossier des détenus afghans à trois titres distincts. D’abord, au début de 2005, j’ai été directeur adjoint de la Direction des relations de sécurité et de défense au MAECI. Entre avril 2006 et juillet 2007, j’ai été directeur politique de l’Équipe de reconstruction provinciale du Canada à Kandahar, sauf pendant les mois de mai et juin 2006, où j’ai été remplacé par Richard Colvin. À mon retour d’Afghanistan, j’ai été muté au MDN, où j’ai été directeur de l’unité responsable de la politique sur l’Afghanistan d’octobre 2007 à février 2009.
J’aimerais parler de ces trois affectations dans l’ordre chronologique.
En 2005, j’ai participé à des réunions interministérielles sur les options qui s’offraient relativement au traitement des futurs détenus en Afghanistan. La décision de baser notre régime sur le transfert des détenus aux autorités afghanes a été prise principalement parce que nous nous attendions à ce que la plupart des détenus soient des citoyens afghans pris en territoire afghan. Le fait de transférer les détenus au gouvernement hôte était une question de respect de la souveraineté afghane.
J’aimerais souligner qu’en 2005, les ministères étaient conscients du fait que le système de détention afghan présentait de graves lacunes. Comme le risque existait que les prisonniers soient maltraités, des mesures ont été prises pour réduire ce risque. Le Canada a demandé au gouvernement de l’Afghanistan et obtenu de lui l’assurance qu’il respecterait les normes internationales de traitement et donnerait accès à la fois au Comité international de la Croix-Rouge, le CICR, et à la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan ou CIDHA. Cependant, il est clair aujourd’hui, avec le recul et compte tenu de l’expérience pratique acquise à Kandahar, que ce n’était pas suffisant.
[Français]
Avec l'accord en place, entre février 2006 et avril 2007, nous avons eu peu d'informations quant aux détenus que nous avons transférés. Il a été allégué que, durant cette période, les autorités canadiennes savaient que les détenus transférés aux prisons afghanes étaient soumis à la torture. Cela n'est corroboré ni par le souvenir que j'ai du temps passé à Kandahar, ni par les documents écrits que j'ai passés en revue pour préparer ma présentation d'aujourd'hui.
[Traduction]
Avant avril 2007, mon travail en ce qui concerne les détenus mettait l’accent sur le renforcement des capacités. Je n’avais aucun mandat pour exercer des fonctions de surveillance. Néanmoins, dans le cadre de mes fonctions à Kandahar, j’ai eu des entretiens avec le CICR et la CIDHA. J’ai rencontré des juges, des procureurs, des responsables des prisons et des agents de police afghans. Je me suis également entretenu avec des personnalités politiques, des aînés de villages et des fermiers. J’ai rencontré des fonctionnaires de l’ONU, des représentants d’ONG et des alliés membres de l’OTAN. J’ai même rencontré le Conseil des érudits religieux de Kandahar. Aucun de ces contacts ne m’a permis de recueillir des renseignements indiquant que les détenus transférés par le Canada étaient maltraités ou que les autorités afghanes ne respectaient pas l’accord conclu avec nous au sujet des détenus. Si j’avais obtenu de tels renseignements, je l’aurais signalé à Ottawa et recommandé un plan d’action.
Je crois savoir que le comité est au courant du fait que des messages ont été envoyés par l’ambassade de Kaboul au sujet des détenus entre février 2006 et mars 2007. Ayant par la suite passé en revue les documents relatifs à cette période — je précise bien « cette période » —, j’ai pu constater qu’ils n’ajoutaient rien de significatif à ce que nous savions déjà en 2005. Ils confirmaient simplement le risque d’abus auquel étaient exposés les détenus en Afghanistan. Aucun de ces documents ne contenait des renseignements précis sur le traitement des détenus transférés par le Canada. Aucun ne donnait des renseignements spécifiques sur les installations auxquelles le Canada transférait les détenus. Et, ce qui est plus important, aucun de ces messages de l’ambassade ne recommandait d’apporter des changements de fond à la politique concernant les détenus.
Il est possible qu’il y ait d’autres documents dont je ne connais pas l’existence. Il est possible que des événements se soient produits sans que je sois au courant, pendant que je faisais partie de l’équipe de reconstruction provinciale.
[Français]
Toutefois, à ma connaissance, la première allégation d'abus des détenus transférés par le Canada est apparue dans le contexte des articles de presse publiés en avril 2007. Ces articles contenaient de multiples allégations de torture qui auraient eu lieu à l'établissement de la Direction nationale de la sécurité, la DNS,
[Traduction]
en anglais, la NDS...
[Français]
dans la ville de Kandahar.
[Traduction]
Ces allégations ont été prises très au sérieux, tant à l’administration centrale que sur le terrain, et un échange de vues énergique a eu lieu sur ce qu’il convenait de faire. Une intervention rapide a également été mise en œuvre. Dans les 48 heures, j’ai été envoyé avec un collègue du Service correctionnel du Canada pour mener une enquête préliminaire sur l’établissement concerné de la DNS.
Durant cette visite, deux allégations d’abus m’ont été communiquées directement. Des démarches ont alors été faites aux échelons les plus élevés. Le CICR et la CIDHA ont été avisés et, dans les dix jours suivants, un nouvel accord a été conclu avec le gouvernement de l’Afghanistan. Cet accord supplémentaire a donné aux surveillants canadiens le pouvoir d’effectuer des visites sans donner d’avis préalable et de s’entretenir sans témoins avec les détenus. Dans le cadre de cet accord, le gouvernement afghan s’engageait en outre à enquêter sur les allégations et à engager des poursuites sur leur base et à apporter plusieurs autres améliorations importantes.
L’accord supplémentaire du 3 mai 2007, bien qu’il établisse un régime beaucoup plus robuste, n’est pas une panacée. Sa mise en œuvre intégrale n’est pas une tâche facile. Toutes les visites de surveillance passent par des rues de Kandahar qui mènent à un lieu facile à prévoir qui est observé de près, et parfois attaqué, par les insurgés. Chaque déplacement met en danger la vie des membres de l’équipe de surveillance et des membres de l’équipe de sécurité. On puise dans les ressources très limitées de l’équipe de reconstruction provinciale, ressources qui ne sont alors plus disponibles pour les patrouilles destinées à faire avancer les projets canadiens ou à établir des contacts avec les villageois des districts. Tout appel de surveillance implique des compromis. Toutefois, dans l’ensemble, l’accord supplémentaire compte parmi les plus fermes de l’OTAN en ce qui concerne le traitement des détenus.
[Français]
Par contre, sa mise en oeuvre intégrale a soulevé quelques difficultés qui m'ont été révélées en novembre 2007, après mon retour à Ottawa. À ce moment-là, comme le sait le comité, des allégations convaincantes de torture avaient causé la suspension des transferts. Il a fallu plusieurs mois, une augmentation considérable de la surveillance et un engagement intensif auprès de la DNS pour être à nouveau convaincus que les détenus que nous transférions ne couraient pas de risques considérables d'abus.
[Traduction]
Dans le contexte afghan, nous ne pourrons jamais éliminer complètement le risque de torture. Toutefois, lorsqu’il est appliqué dans son intégralité, l’accord supplémentaire constitue un bon moyen de dissuasion et, le cas échéant, de détection des violations. De ce fait, il a grandement contribué à modifier le fonctionnement de la DNS à Kandahar, ce qui a profité non seulement aux détenus transférés par le Canada, mais aussi aux autres détenus confiés à la DNS.
J’aimerais conclure sur une note personnelle. Depuis les audiences du comité en novembre dernier, j’ai de sérieux doutes. On a affirmé qu’au cours de la période qui a précédé mars 2007, les autorités canadiennes savaient que nous envoyions des détenus à la torture. J’étais le représentant du MAECI sur le terrain. C’est moi qui rencontrais les représentants locaux de la CIDHA et du CICR. Toutefois, c’est seulement en avril 2007 que j’en suis venu à la conclusion que notre accord sur les détenus ne fonctionnait pas. Je me suis donc demandé si j’avais omis de tenir compte de renseignements que j’aurais dû voir. Si tout le monde était au courant, qu’avais-je manqué? L’examen des documents auquel j’ai procédé en prévision de cette réunion m’a un peu rassuré. Je n’ai rien trouvé dans le dossier jusqu’en mars 2007 qui indiquerait que des détenus transférés par le Canada étaient victimes d’abus, rien qui modifiait sensiblement ce que nous savions en 2005, lors de la conclusion de l’accord initial. De plus, le dossier montre très clairement que lorsque des allégations sérieuses ont été faites en avril 2007, des mesures fermes ont rapidement été prises.
Sur la base de l’expérience acquise en travaillant sur ce dossier, je sais qu’il y a d’importantes leçons à tirer de ces événements, des leçons qui méritent d’être examinées pour qu’on en tire parti à l’avenir. Cependant, dans l’ensemble, j’ai pu observer le travail d’un groupe dévoué de civils et de militaires qui ont fait de leur mieux pour s’assurer que les détenus étaient traités d’une façon humaine conforme aux obligations internationales du Canada. Ils l’ont fait dans des conditions difficiles et souvent dangereuses. De plus, dans l’esprit des meilleures traditions canadiennes, ils ont, chaque fois qu’ils ont été confrontés à des problèmes, fait tout leur possible pour les régler. Ce fut pour moi un privilège de travailler à leurs côtés.
Je vous remercie.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
Je m’appelle Tim Grant. Du 1er novembre 2006 jusqu’au 1er août 2007, j’ai été commandant de l’effectif militaire canadien faisant partie de la mission en Afghanistan. Mes fonctions comprenaient des responsabilités nationales ainsi que d’autres responsabilités liées à mon rôle de commandant des opérations terrestres de combat de l’OTAN dans la province de Kandahar.
Comme vous l’ont dit d’autres témoins, les pertes militaires ou civiles ainsi que le traitement des détenus étaient considérés comme des secteurs possibles d’échec stratégique de la mission canadienne. De ce fait, j’ai accordé beaucoup d’importance à ces deux sujets dès mon arrivée et pendant toute la durée de mon affectation.
Parmi les premiers documents que j’ai lus à mon arrivée à Kandahar, il y avait les ordres permanents de la Force opérationnelle concernant le traitement des détenus. Pour nous, c’était la bible à appliquer entre la capture et le transfert ou la libération. J’ai veillé à ce que tous mes subordonnés lisent ce document et en comprennent le contenu.
À mesure que nous en apprenions plus sur l’environnement de nos opérations, nous apportions des mises au point à ces ordres permanents en fonction des leçons apprises. Je suis donc persuadé que les bonnes personnes prenaient les bonnes décisions, au bon moment et au bon endroit.
Je dirais, pour situer le contexte, qu’en novembre 2006, le groupement tactique s’était acquitté de l’opération Medusa. L’opération avait réussi, mais nous avions subi d’importantes pertes. Les compagnies étaient essentiellement déployées dans la région de Panjwai, entre les centres de district de Zhari et Panjwai. Dire que les soldats vivaient dans des conditions spartiates est probablement en dessous de la vérité. Beaucoup de ces jeunes gens et jeunes femmes avaient passé plus d’un mois sans douches, sans eau courante pour les toilettes et sans lessive, s’alimentant uniquement de conserves. De plus, ces postes avancés étaient souvent attaqués par les insurgés.
Il nous incombait d’empêcher ces insurgés, qui ne portaient pas d’uniforme, de réinfiltrer la région où les agriculteurs locaux essayaient de cultiver leurs champs. Ces agriculteurs étaient justement ceux que nous cherchions à protéger. Cette tâche est en fait devenue plus difficile à mesure que nous réussissions à repeupler la région au début de 2007. Les questions tactiques posées par les soldats sur le terrain étaient un moyen vital d’obtenir les renseignements nécessaires aux décisions à prendre pour protéger la population de l’influence et de la menace des insurgés.
Certains se sont demandé pourquoi nous prenions des prisonniers. Permettez-moi de vous donner un peu de contexte, car cela semble avoir manqué jusqu’ici.
Je vais vous présenter trois brefs scénarios. Premièrement, des soldats entrent en contact avec l’ennemi, des coups de feu sont échangés, les deux parties se battant pour leur vie, ce qui entraîne la capture d'insurgés. Deuxièmement, prenons le cas d’un convoi qui saute sur un engin explosif improvisé: des Canadiens sont tués ou blessés et on constate qu’un Afghan blessé par la déflagration et en train de recevoir des premiers soins est en possession d’une arme. Troisièmement, une attaque de haute précision est déclenchée contre une fabrique de bombes où des individus sont trouvés en possession d’explosifs. Tous ces cas sont réels et, dans chaque cas, les soldats canadiens examinent les conditions et les indices avant de décider de prendre des prisonniers.
Une fois qu’un individu est considéré comme une menace, il est détenu. Les détenus passent par un processus administratif, sont examinés par un médecin, puis sont envoyés dans une installation de détention établie sur le terrain d'aviation de Kandahar. Là, les détenus subissent d’autres examens médicaux et administratifs destinés à vérifier les renseignements recueillis sur le terrain.
Enfin, deux décisions sont prises: d’abord, y a-t-il des motifs de transfert et, ensuite, est-il indiqué de les transférer? Des décisions de ce genre étaient en moyenne prises chaque semaine.
J’espère que vous vous rendez compte de l’importance critique qu’il y avait à soutenir nos soldats sur le terrain en établissant un système permettant de retirer rapidement et en toute sécurité les insurgés et d’autres suspects du champ de bataille. Pour moi, cette tâche avait pour premier objectif de protéger nos hommes et nos femmes, les détenus eux-mêmes et, bien sûr, le peuple afghan.
Comme vous le savez, la décision de transférer les détenus incombe au commandant. Autrement dit, elle m’incombait. Je savais combien il était important de déterminer s’il y avait de bonnes raisons de croire que le détenu risquait sérieusement d’être torturé ou autrement maltraité s’il était remis aux autorités afghanes. Je comprenais que c’était ma responsabilité de me tenir au courant des conditions dans lesquelles les détenus étaient transférés. Je surveillais le trafic de communications, je lisais les messages électroniques et je parlais à ceux que j’estimais capables de m'aider à prendre des décisions.
Ce n’était pas une affaire ponctuelle. J’accordais constamment beaucoup d’attention à cette question. Il n’y a pas de doute que l’information provenant de l’ambassadeur et de l’ambassade était importante, mais je m’entretenais aussi avec nos alliés, avec la Croix-Rouge, avec la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan et avec les Nations Unies. J’ai eu recours à toutes les sources possibles d’information, y compris des juristes spécialisés, pour prendre des décisions éclairées.
Avant avril 2007, personne ne m’avait jamais fait part de préoccupations concernant les transferts. M. Colvin ne l’a jamais fait, même s’il a eu souvent l’occasion de m’en parler. Je me suis entretenu avec le représentant local de la Croix-Rouge dans les trois semaines qui ont suivi mon entrée en fonction et régulièrement par la suite. Aucun rapport faisant état de préoccupations de la Croix-Rouge n’a jamais été porté à mon attention. Je suis pourtant persuadé que de tels rapports m’auraient été transmis s’ils avaient existé, compte tenu de mes relations positives, ouvertes, franches et fréquentes avec les représentants de l’organisation.
Lorsque les allégations ont été faites en avril, des mesures ont rapidement été prises afin d'en vérifier la véracité et de déterminer ce qu’il convenait de faire pour remédier au problème au besoin. En fin de compte, la décision de transférer des détenus n’a jamais été prise à la légère ou sans contexte.
Même si j’étais particulièrement conscient des points d’échec stratégiques et si j’étais informé de l’action des soldats canadiens sur une base quotidienne, je savais que mes responsabilités de commandant allaient au-delà des hommes et des femmes en uniforme. J’ai établi de solides relations avec les autres membres de l’équipe pangouvernementale. Elle comprenait les membres de la GRC qui entraînaient la police, les agents du Service correctionnel du Canada qui travaillaient dans les prisons et le personnel de l’Agence canadienne de développement international qui aidait certaines des régions les plus dénuées de la province. De plus, j’avais des contacts avec les organisations internationales, y compris la mission d’assistance des Nations Unies et l’Agence de développement international des États-Unis, pour ne nommer que ces deux. Les problèmes et les défis étaient évidents pour tous et nous y étions tous soumis. Par conséquent, nous nous entraidions, et nous recevions régulièrement des directives et des conseils de nos chefs à Ottawa.
J’ai également établi de bonnes relations de travail avec les ambassadeurs Sproule et Lalani. Il n’y a pas de doute qu’ils dirigeaient l’effort canadien en Afghanistan. Ils représentaient le gouvernement du Canada dans le pays. J’appuyais donc leurs efforts. De leur côté, ils m’aidaient à mieux comprendre l’environnement politique et de sécurité de l’Afghanistan, qui est complexe et toujours en évolution, ainsi que le comportement des principaux joueurs représentés à Kaboul.
Toutefois, la personne sur laquelle je comptais le plus pour comprendre la dynamique politique à Kandahar, c’est l’homme assis à mes côtés. Gavin était le directeur politique de l’équipe de reconstruction provinciale. Je ne dis pas cela parce qu’il est présent aujourd’hui. Je crois vraiment qu’il avait une vision particulièrement éclairée de tous les aspects politiques de la situation dans la province.
La signature de l’accord supplémentaire a constitué un événement important de mon commandement. Tout le long de l’élaboration de l’accord, mes adjoints et moi-même avons collaboré étroitement avec l’équipe pangouvernementale et la hiérarchie militaire. Nous avons révisé les ordres permanents de la Force opérationnelle et avons confirmé le rôle de tous les membres de l’équipe avant, durant et après les transferts.
Vous avez entendu parler des relations spéciales qui existent entre les Forces canadiennes et les dirigeants des forces de sécurité afghanes, y compris la police, l’armée, la police frontalière et la Direction nationale de la sécurité ou DNS et le gouverneur. Je reconnais volontiers que nous avions de bonnes relations, et je ne m’en excuse pas. J’ai favorisé des relations étroites avec les organisations avec lesquelles nous collaborions pour combattre les insurgés. La vie de mes soldats en dépendait. J’avais des réunions hebdomadaires de sécurité avec les généraux afghans et le gouverneur pour discuter des problèmes communs. J’ai trouvé ces contacts extraordinairement utiles, mais il ne s’agissait pas de réunions fermées, placées sous le sceau du secret militaire. J’ai insisté pour que mon conseiller politique et les cadres supérieurs de l’équipe de reconstruction provinciale, y compris Gavin, soient présents. Je me suis d’ailleurs servi de ces rencontres pour montrer aux Afghans que militaires et civils pouvaient et devaient travailler ensemble.
Bref, j’ai eu la chance de faire partie d’une équipe de professionnels dévoués qui ont fait tout leur possible pour agir dans les règles. Chacun connaissait son rôle et ses responsabilités et s’en acquittait avec une compétence exceptionnelle. J’étais vraiment fier de chacun des membres de l’équipe.
:
Bienvenue au major-général Grant et à M. Buchan.
J'ai en main une chronologie des événements touchant le dossier des détenus afghans, date par date. Je me suis arrêté à la période où vous, major-général Grant, étiez là. Quant à vous, monsieur Buchan, vous connaissez très bien la question, vous êtes allé en Afghanistan, mais vous avez aussi travaillé aux Affaires étrangères, donc j'estime que vous serez peut-être en mesure de répondre à mes questions.
Je commence par la date du 4 décembre 2006. Je vais lire la citation en anglais parce que, malheureusement, le document est en anglais.
Une voix: Malheureusement?
M. Claude Bachand: Malheureusement, oui.
On dit:
[Traduction]
Un rapport venant de Kaboul fait état de la crainte des alliés de l’OTAN que les détenus puissent « disparaître sans laisser de traces » après leur transfert aux autorités afghanes et du risque qu’ils « soient torturés ».
[Français]
Monsieur Grant ou monsieur Buchan, avez-vous vu ce rapport de 2004 des gens de l'OTAN qui se disaient préoccupés par cette question?