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Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir invité.
Je m'appelle Ahmadshah Malgarai, mais certaines personnes me connaissent sous le nom de Pacha, mon nom de code dans les Forces canadiennes. Je suis accompagné aujourd'hui de mon conseiller juridique, M. Amir Attaran.
J'ai été à l'emploi des Forces canadiennes en Afghanistan en tant que civil de juin 2007 à juin 2008. Pendant cette période, j'ai travaillé comme conseiller culturel et linguistique. Je suis né en Afghanistan, comme l'indique mon accent, mais je suis Canadien. Je suis arrivé au Canada en tant que réfugié et j'ai étudié à l'Université Carleton. J'habite à Ottawa depuis.
En Afghanistan, j'ai travaillé dans le périmètre de sécurité de l'aérodrome de Kandahar, qu'on appelle aussi KAF, et à l'extérieur du camp, dans le dangereux district de Panjwai. J'ai aussi été appelé à me joindre à une douzaine de patrouilles. J'ai fait partie de patrouilles qui ont été exposées à des coups de feu et aux détonations d'engins explosifs improvisés. J'ai risqué ma vie pour les soldats canadiens et pour le peuple afghan. J'ai reçu de nombreuses recommandations des militaires canadiens et du gouvernement afghan pour mon travail.
Vu mon expérience personnelle, je sais ce qu'on peut dire et ce qu'on ne doit pas dire pour des raisons de sécurité opérationnelle. Rien de ce que je vais dire aujourd'hui n'est une menace à la sécurité du Canada ou de l'Afghanistan, ni ne compromet la sécurité des soldats avec qui je suis fier d'avoir travaillé. Je suis ici aujourd'hui par solidarité envers les soldats canadiens et le peuple afghan.
J'avais la cote de niveau secret et j'ai travaillé avec plusieurs unités militaires qui s'occupaient des détenus ou qui les interrogeaient. J'ai traduit le contenu d'un grand nombre de documents et de réunions concernant les détenus pour le MAECI, pour la police militaire et pour le Centre de renseignement de toutes sources, qu'on appelle le CRTS. J'ai aussi fourni des services de traduction et des conseils culturels à des Canadiens de haut niveau, comme le commandant de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan, le brigadier-général Guy Laroche, un homme pour qui j'éprouve un grand respect, ainsi que des ministres et des députés en visite en Afghanistan.
J'ai appris en Afghanistan que le Canada transférait souvent des hommes innocents à la Direction nationale de la sécurité, et le faisait parfois alors que leur sécurité et leur vie étaient menacées par la DNS. J'aimerais vous relater certaines situations concernant des détenus. Je ne pourrai pas toujours vous donner des dates et des détails très précis, je m'en excuse, mais les Forces canadiennes ont pris mes notes lorsque j'ai quitté l'Afghanistan.
Aux alentours de juin ou de juillet 2007, les Forces canadiennes ont fait un raid dans des bâtiments à Hazraji Baba, au nord de la ville de Kandahar. Durant la semaine en question, un soldat canadien a tiré, par derrière, une balle dans la tête d'un Afghan de 17 ans qui n'était pas armé. Le fait de tirer par derrière sur un Afghan qui n'était pas armé enfreint les règles d'engagement. Les Forces canadiennes pensaient que l'homme avait un pistolet, mais l'arme en question a été examinée à la base de Bagram et ce n'était pas son arme. En tout cas, après avoir tué cet homme par erreur, les soldats canadiens ont paniqué. Ils ont ratissé le quartier et ils ont arrêté des gens sans raison. Ils ont arrêté une dizaine d'hommes, de 10 à 90 ans. Ils ont tous été amenés à la base de Kandahar, où je les ai interrogés moi-même avec l'unité des interrogateurs tactiques de l'armée.
Aucun des prisonniers n'était un taliban. Leur seul tort était d'avoir été chez eux lorsque les Forces canadiennes avaient tué leur voisin. Mais le Canada a transféré tous ces hommes innocents à la DNS. J'ignore ce qui leur est arrivé.
Je vais vous raconter une autre histoire. En juillet 2007 environ, un détenu qui avait été blessé pendant les combats se trouvait à KAF et devait être transféré à la Direction nationale de la sécurité. Vu ses besoins sur le plan médical, il y a eu une réunion entre deux conseillers en politiques du MAECI, John Davison et Ed Jager, la police militaire, et un colonel de la DNS qui s'appelait Yassin. J'étais là pour servir d'interprète.
Il y a eu un désaccord pendant leur discussion. Le colonel Yassin disait que la DNS n'accepterait pas un prisonnier malade. Les Canadiens ont insisté, et alors le colonel Yassin a pris son arme, l'a placée sur la table, et a dit: « Prenez mon fusil et tirez-lui une balle. Vous pourrez me donner le corps, et je vais justifier ce qui s'est passé pour vous. » J'ai traduit ce que le colonel de la DNS avait proposé de faire, de tuer le prisonnier.
Le gouvernement canadien dit que les prisonniers ne sont jamais transférés à la DNS s'il y a un risque qu'ils soient maltraités, mais c'est un mensonge. Ce prisonnier a été confié à un colonel de la DNS qui avait proposé de le tuer sous les yeux de la police militaire et des gens du MAECI.
Lorsque le colonel Yassin a fait cette menace de mort, Ed Jager a tout de suite dit: « Je vais faire comme si vous n'aviez pas dit ça et que je ne l'avais pas entendu. » Le fait de prétendre de n'avoir rien entendu ne protégeait pas cet homme, mais c'est ce que le MAECI et la police militaire ont fait. Je n'ai jamais su ce que la DNS avait fait à cet homme.
À l'automne 2007, les Forces canadiennes ont détenu deux beaux-frères qui s'appelaient Abdul Ghafar et Atta Mohamad Azckzai. L'un d'eux était marchand de voitures et l'autre, mécanicien. Ce n'était pas des combattants.
Après qu'on ait emmené M. Ghafar et M. Azckzai à KAF, j'ai reçu un appel d'un garde à la barrière canadienne, qui était contrôlée par l'équipe de l'aérodrome canadien à Kandahar, et qu'on appelait ECP3. La mère de M. Ghafar, une brave femme, qui était âgée, avait demandé à me voir. J'ai été la rencontrer à la barrière. Elle avait apporté un sac de médicaments pour son fils qui, disait-elle, avait récemment reçu des soins au Pakistan pour une maladie du rein. Elle a demandé au garde d'apporter les médicaments à son fils. Elle lui a demandé à genoux, en le suppliant et en lui agrippant les pieds, mais le garde a refusé. J'ai dit à mes supérieurs que de refuser la demande de cette vieille femme démontrait beaucoup d'indélicatesse dans la culture afghane. En tout cas, sans ses médicaments, M. Ghafar est tombé malade. Les médecins à Kandahar l'ont opéré et lui ont enlevé un rein. Et alors le Canada était prêt à le transférer.
Mais comme je vous l'ai dit tantôt, la DNS à Kandahar ne voulait pas de prisonniers malades. Ils ne voulaient pas de M. Ghafar. Alors, le Canada l'a transféré à la DNS de Kaboul à la place. Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé.
M. Atta Mohamad Azckzai a aussi été transféré, mais ça ne s'est pas passé aussi facilement. Lorsque Ed Jager lui a lu l'accord concernant les prisonniers et qu'il a compris qu'il serait transféré à la DNS, M. Azckzai s'est mis en colère. Il a demandé pourquoi on le transférait. M. Jager n'a pas répondu. Mais le colonel Yassin a objecté que M. Jager disait au prisonnier quels étaient ses droits. M. Azckzai a protesté, en disant qu'il avait des enfants, qu'il n'avait pas d'argent pour des pots-de-vin qui l'aideraient à sortir de prison. Finalement, il s'est couché sur le sol et il a dit aux soldats: « S'il vous plaît, tirez-moi une balle dans la tête, au lieu de me transférer à la DNS. » C'est pour dire combien il avait peur de la DNS. Le colonel Yassin a répondu. Il nous a dit: « Quand Azckzai sera dans mon bureau, il va parler. » Il menaçait clairement d'infliger des mauvais traitements à ce prisonnier gênant.
Je vais vous parler d'un dernier cas. Pendant l'été 2007, je travaillais avec les Forces canadiennes au village de Kalantar, dans le district de Dand, dans la région de Kandahar. Une femme qui semblait réellement désespérée m'a abordé. Son mari avait été arrêté quelques jours plus tôt et il avait été transféré à la DNS, et maintenant la DNS demandait de l'argent pour le libérer. C'est normal pour la DNS de demander des rançons pour des prisonniers. Si la rançon n'est pas payée, la DNS menace la famille. Les Afghans savent que ce genre de chose se produit. Malheureusement, cette femme était trop pauvre. Elle ne pouvait pas donner d'argent à la DNS pour acheter la liberté de son mari. Pire encore, comme son mari était en prison et ne travaillait pas, elle n'avait pas d'argent pour acheter de la nourriture pour ses quatre enfants.
Quand j'ai vu les enfants, ils avaient l'air malade parce que leur mère avait dû les nourrir avec de l'herbe et des feuilles pendant quatre jours. Quand notre patrouille a quitté le village, je ne sais pas ce que la famille est devenue.
Je sais que j'ai dépassé le temps qui m'est accordé, mais j'aimerais encore aborder une question: pourquoi les responsables canadiens ont-ils passé sous silence les mauvais traitements infligés par la DNS ou, comme M. Jager, ont-ils fait semblant de ne pas les voir?
Lorsqu'il a témoigné, le brigadier-général Thompson a dit que la DNS était « un partenaire très valable » et que le Canada « avait agi à partir des renseignements qu'il avait reçus de la DNS ». C'est faux, malheureusement. J'ai vu des membres des services de renseignement canadiens envoyer à la DNS les détenus qui ne leur disaient pas ce qu'ils voulaient entendre. Si l'interrogateur pensait qu'un détenu mentait, il l'envoyait à la DNS pour d'autres interrogatoires, à la mode afghane. Autrement dit: mauvais traitements et torture.
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Lorsque le brigadier-général Thompson a dit que la DNS était notre partenaire en matière de renseignement, il avait raison. Mais cela signifie que les militaires laissaient la DNS s'occuper des mauvais traitements et de la torture.
Je m'en suis plaint auprès du commandant du CRTS, et j'en ai subi les conséquences pendant que je négociais l'abandon de deux commandants talibans. Un membre des Forces canadiennes, je crois, a dévoilé mon nom et mon identité réels aux talibans. Peu de temps après, les talibans ont envoyé des menaces, des lettres à ma famille parce que j'étais un traître qui aidait les Forces canadiennes. Les membres de ma famille ont dû quitter l'Afghanistan et trouver asile dans un autre pays, par crainte pour leur propre vie.
Je vais m'arrêter là. Ce que je vous ai raconté montre comment le transfert des détenus à la DNS n'a fait qu'accroître l'appui de la population aux talibans. Le CRTS pensait que la DNS était un bon partenaire pour le renseignement, et le gouvernement canadien devait être d'accord. En tout cas, quand je me suis plaint auprès du représentant officiel du gouvernement du Canada à Kandahar, Elissa Golberg, ça n'a rien changé.
Aujourd'hui, les talibans sont plus forts, et les soldats canadiens sont plus en danger qu'avant. Ça montre bien l'ineptie des accords de transfert de détenus négociés par le gouvernement canadien. Ces accords ont nui à des Afghans innocents et à des soldats canadiens.
Merci de m'avoir écouté, monsieur le président.
[Traduction]
Merci.
Vous allez avoir besoin des écouteurs pour l'interprétation.
[Français]
Tout d'abord, monsieur, permettez que je vous appelle Pacha, parce que je trouve que c'est un beau nom.
Je voudrais vous féliciter de votre courage. Je vous avoue que, depuis le témoignage de Richard Colvin, je n'ai pas entendu de témoignage si percutant. J'insiste sur ce que mon collègue libéral, M. Wilfert, a souligné. Il a dit que vos lettres de recommandation étaient irréprochables. On les a, ici, sur la table, tout le monde les a eues. À peu près tout le monde que vous avez côtoyé, y compris le général Ménard — qui occupe un poste stratégique —, l'armée américaine, des recherchistes, bref, tout le monde concède que vous avez été d'une très grande utilité. J'espère donc que personne, ici ou ailleurs, ne va remettre en question ce que vous avez dit. Je crois ce que vous avez dit. Si vous n'aviez pas ces lettres, on pourrait toujours se demander ce que vous avez fait et si ce que vous disiez est vrai, mais vous étiez au coeur de l'action et vous avez donc été témoin de tout ce que vous avez dit.
De plus, votre témoignage, selon moi, contredit complètement le témoignage du général Hillier. Ce dernier nous a dit, à la table des témoins, que les prisonniers qui étaient capturés avaient été capturés après des combats extrêmement dangereux et violents, avec des échanges de tirs. Il a affirmé que la plupart d'entre eux, seulement ceux qui étaient arrêtés, avaient des résidus d'explosifs sur les mains. Pour lui, c'était suffisant pour dire qu'il s'agissait de terroristes. Il nous a aussi dit que tous ceux qui étaient agriculteurs et tous ceux qui étaient innocents, des gens ordinaires, étaient relâchés immédiatement. Iriez-vous jusqu'à dire que le général Hillier n'a pas dit la vérité devant nous?
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Merci pour l'invitation.
Je crains que mon intervention ne soit pas très pertinente pour vous parce que j'ai quitté l'Afghanistan en août 2005. J'ai été là-bas de septembre 2002 à août 2005. J'ai été la première diplomate canadienne affectée à temps plein à la question de l'Afghanistan, et j'étais seule la première année. Il n'y avait aucun moyen de communiquer avec Ottawa à ce moment-là; je me rendais donc à Islamabad pour déposer mes rapports par l'intermédiaire du Haut-commissariat du Canada. Ensuite, comme vous le savez, l'ambassade a ouvert ses portes en août 2003, et le premier ambassadeur résident est entré en poste. J'étais conseillère en politiques, administratrice générale de la mission et responsable en l'absence de l'ambassadeur. Nous étions une très petite équipe de quatre personnes: l'ambassadeur, le gestionnaire de programme de l'ACDI, le fonctionnaire consulaire et moi.
J'ai beaucoup voyagé, surtout la première année. Aucune restriction en matière de déplacements ne m'était imposée. Il m'arrivait même de me demander si les gens savaient que j'étais là parce que j'allais où je voulais, quand je le voulais. On m'avait dit avant de partir que je devais recueillir les opinions de « monsieur tout le monde », ce qui voulait dire que je devais m'éloigner de certains cercles officiels et voyager dans l'ensemble du pays.
Ma responsabilité principale, et le thème sur lequel je devais faire rapport à Ottawa, c'était la réforme du secteur de la sécurité. Cela comprenait l'armée, la police, le système de justice, l'action antidrogue, la démilitarisation, les équipes provinciales de reconstruction, etc. Je devais aussi rendre compte de la situation concernant l'évolution politique, la constitution, les élections, la formation des partis politiques et, bien sûr, les droits de la personne. Les points de référence sur lesquels je m'appuyais pour rédiger mes rapports étaient l'Accord de Bonn, les décisions de la Loya Jirga, les décrets présidentiels et le point de vue de la société civile à Kaboul et dans les provinces.
J'étais aussi chargée de liaison politique auprès de notre attaché militaire et des agents de liaison de la GRC qui se trouvaient à Islamabad mais qui étaient aussi affectés au dossier de l'Afghanistan.
Un autre aspect du travail consistait à organiser tous les programmes des visites, notamment à prendre des notes et à rédiger des rapports sur les visites du ministre de la Défense, du ministre des Affaires étrangères, des hauts fonctionnaires, du premier ministre et de la gouverneure générale, à deux reprises.
Pour vous donner une idée de mon expérience, j'ai déjà travaillé pour l'ACDI: en Asie du Sud-Est, au Bangladesh, en Colombie, en Équateur et au Pakistan. Dans le domaine des affaires étrangères, j'ai travaillé sur différents dossiers: la transition économique et démocratique en Russie, l'aide fournie par le Canada pour cette période de transition; la Bosnie; la reconstruction de l'ex-Yougoslavie; et les Balkans. C'est avant que j'aille en Afghanistan.
Ce que j'ai appris, et l'Afghanistan vient certainement le confirmer, c'est que dans ces États fragiles, comme on les appelle, ou États en déroute, et dans les pays en transition et qui se relèvent d'un conflit, la diplomatie n'est pas monnaie courante, comme vous pouvez l'imaginer. La plupart du temps, les principes de la primauté du droit n'existent pas. En fait, je ne me souviens pas d'avoir constaté qu'ils existaient dans ces pays en transition de la façon dont nous les décrivons. Ils ont recours à la violence pour régler leurs différends, et bien sûr la corruption s'installe très rapidement. Les droits de la personne sont sérieusement négligés.
Depuis que je suis revenue, j'ai reçu de nombreuses demandes pour participer à des émissions et pour accorder des entrevues; je me suis laissé convaincre il y a quelques semaines, et j'ai accordé une entrevue sur les ondes de CBC. J'imagine que c'est la raison pour laquelle vous m'avez invitée. Je tiens à préciser que j'ai accepté d'accorder cette entrevue radiophonique pour la seule et unique raison que je voulais soutenir d'une certaine façon Richard Colvin, parce que je n'ai vu personne le défendre vraiment. En fait, j'ai l'impression qu'il a été plutôt calomnié.
Au cours de cette entrevue, je n'ai fait mention ni des partis au pouvoir, ni des partis politiques et je n'ai cité aucun nom. J'ai été d'ailleurs tout à fait étonnée — dans ma grande naïveté à communiquer avec les médias — de constater, au téléjournal du soir, que cette entrevue ait soulevé autant de passion et soit autant politisée.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mme Olexiuk, je suis d'accord avec ce que vous dites. En tant que secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères, je dois constamment traiter avec des bureaucrates et je peux me porter garant de ce que vous venez de déclarer aujourd'hui, c'est-à-dire qu'ils font ce qu'il y a de mieux pour le Canada de façon non partisane. Je tiens donc à vous remercier au nom du Canada et de mes collègues.
La question ici est très importante, madame Olexiuk. Le Canada s'est rendu en Afghanistan, et il est très important de souligner que, pendant le temps que vous avez passé là-bas, vous avez publié bon nombre de rapports. Vous avez soulevé un certain nombre de questions concernant les droits de la personne alors que l'intervention du gouvernement n'en était qu'à ses tous débuts. Bien entendu, vous dites, et je vous crois, que vous avez agi de façon non partisane. À l'époque, ce sont mes collègues d'en face qui formaient le gouvernement au pouvoir, dont un des plus hauts placés au sein de ce caucus est assis juste devant moi. D'aucuns seraient bien intéressés de connaître ce qu'il savait. Aujourd'hui, il est venu à la Chambre des communes pour parler de la CPI, du Code criminel, et du fait que le gouvernement était au courant.
Ma question pour vous, compte tenu des rapports que vous avez publiés, est, mais qu'avez-vous dit aux grands dirigeants du gouvernement, selon vous? En avez-vous discuté de quelque façon que ce soit? C'est une accusation importante qu'il a faite. Il a porté cette accusation sans toutefois admettre qu'il devrait faire face aux mêmes accusations avec ce que vous venez de dire, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas tenu compte de vos rapports concernant les violations des droits de la personne.
Vous pouvez peut-être nous dire si vous avez eu des discussions avec les ministres des Affaires étrangères à cette époque — MM. Pettigrew et Bill Graham? Jusqu'où se sont rendues ces discussions, et dans quelle mesure le gouvernement libéral et les membres de l'opposition ici présents étaient-ils au courant des problèmes de violation dont vous avez fait mention? Que savaient-ils à ce sujet? Nous le saurons tôt ou tard. Nous voudrions que vous nous disiez dans quelle mesure, selon vous, le gouvernement de l'époque connaissait les problèmes de violations des droits de la personne.
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Ce qui veut donc dire que le gouvernement, même s'il savait que les droits de la personne avaient été violés, n'a pris aucune mesure à l'égard des détenus. Je voudrais que ce soit clair, monsieur le président.
Des voix: [Note de la rédaction: inaudible]
M. Deepak Obhrai: Vous avez eu l'occasion de faire valoir votre opinion; laissez-moi exprimer la mienne.
Je veux que ce soit très clair. Il sera dit au compte rendu que le gouvernement savait que les droits de la personne des détenus n'étaient pas respectés. Et selon notre témoin d'aujourd'hui, celle-ci affirme que le gouvernement n'a pris aucune mesure pour que mon collègue d'en face, qui était alors un des hauts placés du cabinet, qui devrait aussi faire face à des accusations, comme vous l'avez si bien dit...
J'essaie de comprendre pour amener cette chose... Je comprends.
Vous avez fait un excellent travail en venant nous dire comment c'était à l'époque. Vous avez dressé un très bon portrait de ce qu'était la situation durant cette période, d'autant plus que, jusqu'à maintenant, aucun ministre des Affaires étrangères du gouvernement libéral, ni qui que ce soit d'autre du parti, n'a eu le courage de venir ici et de nous parler des violations aux droits de la personne des détenus alors que le parti était au pouvoir. Vous êtes la première personne à venir témoigner en ce sens, et je tiens à ce que ce détail soit très bien noté, monsieur le président.
Ceci étant dit, j'aimerais savoir, selon vous, quels étaient les désavantages des ententes de 2005, c'est-à-dire les ententes de transfert?