Bonjour et merci beaucoup. Je suis vice-présidente principale à l'Agence de la fonction publique du Canada, où je dirige le Secteur du renouvellement de la main-d'oeuvre et du milieu du travail. Je suis très heureuse d'être ici pour discuter de certains domaines d'intérêt clés du comité liés au Plan d'action pour les langues officielles.
Avant de commencer, je tiens à vous remercier pour l'intérêt soutenu que vous portez aux langues officielles. Je voudrais aussi présenter le contexte de notre discussion en décrivant brièvement notre rôle à titre d'organisme central.
[Traduction]
Tout d'abord, il importe de rappeler que notre travail s'inscrit dans le cadre du nouveau régime de gestion des ressources humaines, lancé en 2003, qui continue à s'implanter dans l'ensemble de la fonction publique. Ce changement a suivi l'adoption par le Parlement de la Loi sur la modernisation de la fonction publique.
[Français]
Sous ce nouveau régime, les administrateurs généraux et les gestionnaires hiérarchiques assument désormais la responsabilité principale de la gestion de leurs ressources humaines et disposent pour cela d'une plus grande souplesse. Cela inclut la responsabilité en matière de recrutement, de dotation, d'équité en matière d'emploi, de planification des ressources humaines et, bien sûr, de langues officielles.
Par exemple, en ce qui concerne les langues officielles, chaque administrateur général doit veiller à ce que son organisation respecte tous ses engagements et toutes ses obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles. Dans la pratique, cela signifie que lorsque des lacunes dans les services sont décelées, notamment par les médias, comme cela a été récemment le cas en ce qui concerne la GRC et Air Canada, il incombe à l'administrateur général ou au chef de la direction de corriger la situation de manière compatible avec la loi. Entre-temps, le commissaire aux langues officielles a le pouvoir de faire enquête sur toutes les plaintes déposées.
[Traduction]
L'agence est chargée de surveiller l'application globale de la Loi sur les langues officielles, dans le cadre des diverses activités de contrôle et de vérification. Elle est tout particulièrement responsable de l'application des parties IV, V et VI de la loi, qui portent sur les communications avec le public et les services qui lui sont destinés, la langue de travail et la gestion des ressources humaines.
[Français]
Un de nos rôles clés consiste à aider les organisations fédérales à s'acquitter de leurs obligations en vertu de la loi. Pour cela, nous faisons connaître des pratiques exemplaires et fournissons des outils et d'autres produits de communication. Nous soutenons aussi des réseaux axés sur les langues officielles, ainsi que leurs nombreux champions. Tout cela se fait dans le cadre d'une étroite collaboration avec plusieurs partenaires, notamment nos collègues de Patrimoine canadien et de l'École de la fonction publique du Canada.
En outre, notre travail à l'agence est influencé par le fait que le monde d'aujourd'hui est de plus en plus complexe et interconnecté. Comme vous le savez, la fonction publique, comme tous les employeurs, est aux prises avec des défis d'ordre démographique et un marché du travail très concurrentiel.
Ces pressions ont conduit le greffier du Conseil privé, qui est aussi le chef de la fonction publique, à accorder la priorité au renouvellement. Cela donne à notre travail une nouvelle orientation et une nouvelle dynamique.
Permettez-moi de décrire brièvement les quatre priorités liées au renouvellement.
[Traduction]
La première est la planification intégrée. Elle établit des liens entre la planification des activités et celle des ressources humaines. C'est la pierre angulaire et le moteur du renouvellement, et vise essentiellement à permettre la pleine utilisation des souplesses aux termes de la Loi sur la modernisation de la fonction publique.
[Français]
Elle est aussi destinée à faciliter la réalisation des objectifs liés aux ressources humaines, notamment en ce qui concerne les langues officielles, et ce, en veillant à ce qu'ils fassent partie du processus de planification dès le début.
La deuxième priorité est le recrutement, qui doit nous permettre d'assurer le renouvellement et le maintien des capacités à tous les niveaux, et de continuer à attirer davantage de jeunes Canadiennes et Canadiens bilingues dans la fonction publique.
[Traduction]
Nous devons aussi veiller à ce que les employés comprennent mieux les exigences liées aux postes désignés bilingues. Ils pourront ainsi déterminer la formation linguistique dont ils ont besoin dès qu'ils se joindront à la fonction publique et participer activement à leur perfectionnement professionnel.
[Français]
La troisième priorité est le perfectionnement des employés. Il s'agit d'un engagement destiné à favoriser le leadership à tous les niveaux et à garantir que les employés font un travail stimulant dans un milieu favorable. J'entends par cela que nous devons créer un environnement dans lequel les employés peuvent améliorer leurs compétences linguistiques avant d'avoir commencé à occuper un poste bilingue, et non après.
Enfin, notre dernière priorité est l'infrastructure habilitante.
[Traduction]
Nous travaillons fort en vue d'établir les bons systèmes et processus qui permettront d'assurer une planification, un recrutement et un perfectionnement efficaces — tout ce dont je viens de parler.
Ce que je viens de décrire, c'est le contexte dans lequel nous fonctionnons — notre terrain de jeu, si on veut.
[Français]
Notre terrain est caractérisé par un milieu en constante évolution où les administrateurs généraux disposent de pouvoirs considérables en matière de gestion de leur personnel.
En fin de compte, notre rôle consiste à fournir aux organisations assujetties à la loi le soutien dont elles ont besoin pour s'acquitter de leurs obligations en matière de langues officielles.
Nous exécutons ce mandat en remplaçant progressivement une approche axée sur des règles et des processus par une autre, fondée sur des valeurs telles que le respect, l'inclusivité et l'équité.
[Traduction]
Nous avons oeuvré en vue de transformer les attitudes et comportements des fonctionnaires pour créer un milieu de travail plus favorable à l'utilisation des deux langues officielles. Nous avons aussi encouragé les gestionnaires à collaborer avec leurs employés afin d'ancrer plus solidement le bilinguisme dans le milieu de travail.
[Français]
Passons maintenant au plan d'action lancé en 2003 avec un financement de 751 millions de dollars échelonné sur cinq ans.
Jusqu'ici, l'agence a reçu 12 millions de dollars, qui ont servi à renforcer son rôle de centre d'excellence en matière de langues officielles. Cela nous a notamment permis premièrement d'améliorer notre capacité à élaborer des politiques sur les langues officielles en vue de fournir une orientation claire aux organisations; deuxièmement, de simplifier et de moderniser des instruments de politique destinés à préciser les rôles et les responsabilités des organisations en insistant sur les résultats; troisièmement, de soutenir les organisations grâce au partage de pratiques exemplaires, à la conception d'outils d'autoévaluation et à diverses activités de sensibilisation et de promotion; quatrièmement, d'assurer un meilleur contrôle de la situation des langues officielles dans l'ensemble de la fonction publique par le biais de vérifications et de rapports.
[Traduction]
J'aimerais maintenant citer quelques exemples d'activités que nous avons entreprises.
L'automne dernier, l'agence a lancé une campagne d'information sur les langues officielles, dans le cadre d'un partenariat avec huit ministères, organismes et sociétés d'État. La campagne d'information est destinée à permettre aux employés de mieux comprendre dans quelle mesure la loi s'applique à eux. Un autre objectif clé est de motiver tous les employés à mettre en place des environnements de travail entièrement bilingues — parce qu'ils en reconnaissent la valeur et parce qu'ils le veulent pour eux mêmes et pour les Canadiennes et les Canadiens.
Plusieurs produits dynamiques et hauts en couleur son associés à la campagne: des affiches, des bannières, des signets et des messages clés, portant tous un nouveau logo accrocheur. Je dois vous avouer que je trouve les produits fort agréables et que nous en avons reçu une excellente rétroaction.
[Français]
Dans le cadre du plan d'action, l'Agence a aussi produit plusieurs fiches d'information sur les langues officielles que les organisations peuvent utiliser pour rappeler à leur personnel ses obligations en vertu de la loi.
[Traduction]
Nous avons également créé un Forum sur les bonnes pratiques, un événement annuel organisé avec nos partenaires de Patrimoine Canada et du Conseil du réseau des champions des langues officielles.
[Français]
L'automne dernier, nous avons tenu notre 3e forum, qui a connu un franc succès. Plus de 300 personnes de diverses régions du pays y ont participé. Nous commençons déjà à préparer celui de l'an prochain.
[Traduction]
Toujours dans le cadre du plan d'action, nous avons ajouté à notre réserve des outils destinés à aider des organisations à respecter toutes les dispositions de la loi.
[Français]
Cela comprend le Tableau de bord de gestion des langues officielles, qui est très en demande. À l'aide d'une technologie de pointe, cet outil offert dans Internet donne aux utilisateurs un aperçu du programme des langues officielles dans leur organisation. Il leur permet de repérer facilement les tendances et de s'informer sur la conformité de leur organisation dans des domaines clés, et il les aide même à préparer des rapports sur mesure.
[Traduction]
Un autre outil intéressant, l'ABC des profils linguistiques au bout des doigts, aide les gestionnaires, ainsi que les spécialistes des ressources humaines et des langues officielles, à déterminer de manière objective et uniforme des profils linguistiques des postes bilingues. Il permet aux gestionnaires de mieux satisfaire aux exigences des politiques et directives en matière de langues officielles.
[Français]
Nous avons reçu une excellente rétroaction sur ces nouvelles initiatives, notamment celle du commissaire aux langues officielles, dans son dernier rapport annuel.
Finalement, j'aimerais souligner les améliorations remarquables de la part des cadres supérieurs et des superviseurs de l'administration publique centrale pour satisfaire aux exigences linguistiques de leurs postes.
Au 31 mars 2006, près de 93 p. 100 d'entre eux avaient satisfait aux exigences linguistiques de leur poste. C'est une augmentation marquée par rapport à l'année précédente, pour laquelle ce pourcentage était d'environ 85 p. 100. En 2002, il était de 81 p. 100.
[Traduction]
Nous sommes très encouragés par cette tendance positive, qui témoigne du fait que le renforcement des capacités bilingues au sein des organisations fédérales se poursuit.
Comme vous le voyez, la fonction publique, avec le soutien de l'agence, prend d'importantes mesures en vue de se renouveler et de se maintenir.
Cela conclut mon mot d'ouverture.
[Français]
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions après que mes collègues auront parlé.
:
Bonjour, monsieur le président.
Bonjour à tous les membres du comité. C'est un plaisir d'être ici. Je suis la vice-présidente d'Apprentissage individuel de l'École de la fonction publique du Canada. Je suis ici avec mon collègue M. Sylvain Dufour, qui est responsable du centre de formation. Je suis aussi la championne des langues officielles à l'école, ce qui est un nouveau poste pour moi.
Je ferai une courte présentation détaillée sur nos succès par rapport au Plan d'action pour les langues officielles. À la page 2, on peut lire que l'objectif d'aujourd'hui est de partager nos succès et de donner un résumé du nombre de personnes qui ont reçu de la formation et de notre budget.
À la page 3, on décrit le mandat de l'école. Le mandat de l'école est de favoriser l'apprentissage d'une langue seconde. Nous sommes responsables de trois éléments clés: les services offerts aux fonctionnaires seulement, la langue de travail et les services aux citoyens, ainsi que la formation statutaire et non statutaire.
Nous sommes aussi responsables de l'administration des examens et des tests de classement diagnostics, de même que de la création de produits utiles à la formation linguistique des adultes qui fréquentent l'École de la fonction publique.
[Traduction]
L'École de la fonction publique du Canada gère la formation linguistique à partir des politiques établies par nos collègues à l'agence.
[Français]
À la page 4, où il est question de contexte, on constate qu'il y a eu une demande fortement accrue de formation linguistique au moment du lancement du plan d'action. En avril 2004, les nouvelles directives ont eu un impact sur la formation linguistique. Les nouveaux échéanciers pour tous les cadres ont aussi entraîné une augmentation de la demande de formation linguistique, ainsi qu'une augmentation des heures de formation linguistique et de l'utilisation du niveau CBC.
À la page 5, on peut voir que ceci a engendré jusqu'à plus de 100 nouvelles demandes de formation par mois. Aussi pour vous donner une idée du contexte, les demandes de formation linguistique étaient en croissance constante.
[Traduction]
Il y a des exigences supplémentaires pour améliorer les produits et les services en général. Lors de la création du plan d'action pour les langues officielles, la plupart de nos produits étaient basés sur le matériel que l'on utilise en classe. Il s'agissait surtout de documents en format papier qui se retrouvaient dans des classeurs — cette approche était fort limitée.
En ce qui concerne le plan d'action, l'école a reçu entre 2003-2004 et 2005-2006, 36,1 millions de dollars pour combler ses besoins croissants en matière d'exigences linguistiques, et plus particulièrement pour réduire les listes d'attente. À l'époque, il y avait un nombre accru de gens qui attendaient de recevoir une formation linguistique en raison des causes que j'ai soulevées tout à l'heure, soit, notamment, les heures de formation et la modification de la formation exécutive.
Nous avons également reçu de l'argent pour simplifier les outils afin de mieux servir nos clients et de créer de nouveaux outils pour améliorer les compétences linguistiques. En 2006-2007, nous avons reçu une somme supplémentaire de 12,4 millions de dollars pour régler le problème des arriérés et des demandes éventuelles.
Pour ce qui est des résultats globaux, je suis ravi de vous dire que, après quatre ans, la formation linguistique a été fournie à plus de 2 179 fonctionnaires. Cela représente 200 personnes de plus que ce que l'on envisageait. La formation linguistique a également été offerte à 64 personnes ayant des troubles d'apprentissage. De plus, les listes d'attente pour une formation linguistique sont passées de 1 000 à 85 demandes.
[Français]
À la page 7, il est question des bénéfices à long terme des investissements dans la formation linguistique. Je suis très contente de dire que toute la paperasse et les documents sont maintenant disponibles sous forme de produits très interactifs sur le site Internet. Ça donne beaucoup plus de flexibilité. Ça donne également la possibilité de partager les outils et les compétences partout au Canada.
[Traduction]
Cela nous a permis d'adapter nos outils et notre rayonnement pour aider les gens présentant des besoins d'apprentissage partout au pays.
L'École a utilisé le financement pour moderniser ses méthodes d'enseignement global. Grâce au plan d'action, nous en avons appris beaucoup sur l'apprentissage des adultes. Nous avons mis l'accent sur les troubles d'apprentissage, pour aider les gens qui, après plusieurs essais, n'arrivaient toujours pas à apprendre l'autre langue officielle. Le financement nous a notamment permis de perfectionner ces techniques.
Nous avons désormais 33 nouveaux outils en ligne. Nous avons reçu une excellente rétroaction de la part du secteur privé et des organisations internationales qui examinent les techniques de formation linguistique pour adultes.
[Français]
En conclusion, plus de fonctionnaires ont été formés que prévu, notamment les fonctionnaires ayant des difficultés d'apprentissage.
Le financement du Plan d'action pour les langues officielles a permis d'augmenter l'accès aux produits d'apprentissage linguistique.
[Traduction]
Comme je l'ai déjà mentionné, nous avons bon nombre d'outils interactifs qui sont automatisés et numérisés, et nous pouvons ainsi les partager facilement avec le reste du pays.
Lorsque j'ai commencé à travailler à l'École de la fonction publique, j'ai été ravi d'apprendre que l'on n'allait plus mettre l'accent sur un apprentissage du français ponctuel qui aurait lieu dans une salle de classe. À la place, l'accent serait mis sur le fait de donner les outils aux gens afin qu'ils développent un réseau de soutien qui leur permettrait de continuer à préserver leur formation linguistique lorsqu'ils retourneraient dans leur milieu de travail. Cela signifie que, à long terme, ces gens sont munis d'une culture — au sein de leur organisation et dans leur vie privée — dans laquelle les langues officielles jouent un rôle primordial. Il ne s'agit plus d'un expérience ponctuelle.
J'aimerais également souligner que plusieurs universités ont manifesté de l'intérêt pour la qualité de nos outils. Elles souhaiteraient créer un partenariat avec nous et utiliser certains de ces outils pour permettre aux jeunes diplômés d'avoir des compétences linguistiques qui les rendraient plus compétitifs.
Je serais ravi de répondre à vos questions.
[Français]
Je serais très heureuse de répondre à vos questions. Merci.
:
D'accord. Vous me prenez légèrement par surprise.
D'abord, merci beaucoup de m'avoir invitée à partager avec vous ce matin les réalisations du ministère de la Justice dans le cadre du Plan d'action pour les langues officielles.
Mon nom est Andrée Duchesne. Je suis avocate-conseil et gestionnaire au ministère où je m'occupe particulièrement du secteur Justice en langues officielles au sein du bureau de la Francophonie, Justice en langues officielles et Dualisme juridique, un nom que nous n'avons pu raccourcir pour des raisons évidentes.
Mon secteur est responsable, en particulier, de la coordination de la mise en oeuvre de l'article 41 de la Loi sur les langues officielles au sein du ministère, mais également des initiatives du ministère qui portent sur l'accès à la justice dans les deux langues officielles. C'est cette dernière initiative qui découle directement du Plan d'action pour les langues officielles et qui fera l'objet de ma présentation de ce matin.
[Traduction]
Le plan d'action pour les langues officielles comporte trois parties. Les initiatives dans le domaine de la justice entraient dans le cadre du développement communautaire.
Conformément au plan d'action, Justice Canada reçoit un financement pour respecter les obligations juridiques du gouvernement en vertu de la mise en oeuvre de la Loi sur la réduction de textes législatifs et de la décision de la Cour fédérale dans l'affaire sur les infractions à une loi. Nous avons reçu 27 millions de dollars sur cinq ans pour ces initiatives. De plus, le ministère a reçu 18,5 millions de dollars sur cinq ans pour mettre en oeuvre des mesures ciblées qui visent à améliorer l'accès à la justice dans les deux langues officielles.
Les mesures ciblées comprennent, notamment, le financement de plusieurs projets menés à bien avec l'aide de partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux; un financement stable pour les sept associations provinciales d'avocats francophones et leur fédération nationale; la mise en place d'un mécanisme de consultation avec les communautés de langues officielles en situation minoritaire; et la création d'outils afin de former les conseillers juridiques du ministère de la Justice sur les droits linguistiques.
Mon exposé mettra l'accent sur ces dernières mesures. Je vous expliquerai comment on les a mises en oeuvre ainsi que l'incidence à court terme qu'elles ont eues en matière d'accès à la justice dans les deux langues officielles.
[Français]
Je dirai quelques mots d'abord, si vous me le permettez, au sujet du Fonds d'appui à l'accès à la justice dans les deux langues officielles. L'objectif premier du fonds d'appui est de contribuer à un accès amélioré au système de justice dans les deux langues officielles, tout en reconnaissant le partage des compétences dans le domaine de l'administration de la justice et la diversité des mesures constitutionnelles, législatives et administratives relatives aux langues officielles devant les tribunaux.
Plus spécifiquement, le fonds d'appui vise à accroître la capacité des intervenants à élaborer des solutions innovatrices aux questions de justice liées à l'accès à la justice dans les deux langues officielles, ainsi qu'à sensibiliser la communauté juridique et les communautés de langue officielle en situation minoritaire à l'exercice de leurs droits et aux questions liées à l'accès à la justice dans les deux langues officielles.
La nature et la portée des objectifs du fonds d'appui reflètent la réalité selon laquelle l'administration des tribunaux est largement de compétence provinciale et que la sensibilisation des communautés est une démarche d'abord communautaire. Ainsi le ministère se donne un rôle catalyseur, largement ciblé vers un accroissement de la capacité des intervenants impliqués dans le domaine de l'accès à la justice dans les deux langues officielles.
Dès 2003, le ministère de la Justice a donc créé le Fonds d'appui à l'accès à la justice dans les deux langues officielles. C'est par le biais de ce levier financier que le ministère a appuyé les sept associations provinciales de juristes d'expression française et leur fédération nationale, afin de leur permettre de se doter d'une capacité d'agir. Le ministère verse annuellement du financement de base à ces organismes pour qu'ils puissent jouer pleinement leur rôle de sensibilisation, d'information auprès des communautés de langue officielle en situation minoritaire, et pour qu'ils puissent participer à l'épanouissement de ces communautés.
Un des résultats les plus visibles du financement de base a été la mise en place d'une stabilité administrative pour les associations de juristes d'expression française et de leur fédération nationale. Ces organismes peuvent se concentrer sur des activités concrètes via leur mandat, comme la prestation de sessions de formation en français juridique, l'élaboration d'outils jurilinguistiques et des activités de sensibilisation pour la communauté juridique, mais également pour les membres des communautés de langue officielle.
En outre, le financement de base a permis aux associations de juristes de bâtir des réseaux de partenariats dans divers milieux. D'une part, les associations participent aux activités des tables de concertation des comités régionaux, provinciaux et fédéraux. Cette participation les met en communication avec des intervenants communautaires, juridiques et gouvernementaux. D'autre part, les associations sont davantage en mesure de travailler avec les gouvernements provinciaux et territoriaux sur des questions d'accès à la justice dans les deux langues officielles.
Finalement, le financement de base accordé aux associations de juristes d'expression française et à leur fédération nationale leur a donné une plus grande visibilité auprès des communautés, de leurs membres et des gouvernements. Les associations sont maintenant devenues des ressources importantes pour leur communauté et des partenaires crédibles pour les gouvernements provinciaux et territoriaux.
J'ajouterai quelques mots sur le financement de projets. C'est le deuxième volet du Fonds d'appui à l'accès à la justice dans les deux langues officielles. C'est un volet qui vise à sensibiliser les communautés de langue officielle en situation minoritaire ou à accroître la capacité d'un organisme de répondre aux besoins des communautés en matière d'accès à la justice dans les deux langues officielles. Depuis la mise en oeuvre du fonds d'appui, le ministère a reçu 183 demandes de financement de projets. Ces projets, à titre d'exemple, incluent des ateliers pour juristes, l'élaboration de modèles d'actes juridiques, des ateliers de terminologie juridique, des programmes de sensibilisation pour les jeunes qui sont axés sur des carrières dans le domaine de la justice en français.
Le ministère encourage les bénéficiaires à obtenir un appui financier, ou autre, de sources additionnelles pour ses projets. Jusqu'à maintenant, au moins 50 p. 100 des projets ont reçu un appui de cette sorte. Le ministère assure, depuis le début du fonds d'appui, un suivi serré des projets, et cela lui a permis de développer un lien de confiance avec les bénéficiaires. Dès le lancement du fonds d'appui, nous avons tenu des sessions d'information avec nos partenaires, dans le but de partager l'information pertinente sur les critères de sélection, d'admissibilité, les objectifs, le processus à suivre pour faire une demande de financement. De plus, nos analystes au ministère sont disponibles en tout temps pour répondre rapidement aux demandes des bénéficiaires.
Le processus de traitement des demandes mis au point par notre ministère vise à traiter les demandes de financement rapidement. Il s'écoule en moyenne 24 jours entre la date de révision d'une demande et la date de remise d'une décision formelle.
[Traduction]
Permettez-moi de vous parler brièvement du mécanisme de consultation.
Nous avons créé un certain nombre de comités consultatifs. Il s'agit du comité consultatif sur la justice dans les deux langues officielles, du sous-comité sur l'accès à la justice dans les deux langues officielles et du groupe du travail FPT sur l'accès à la justice dans les deux langues officielles.
Le mandat du comité consultatif est d'e servir de liaison entre le ministère de la Justice et les intervenants en langue minoritaire, qu'il s'agisse de groupes juridiques ou officiels. Le comité est composé de six membres du ministère et des organisations qui représentent les communautés de langues officielles. Au cours des réunions, les membres ont l'occasion de discuter des besoins, des préoccupations et des voies à explorer afin de parvenir à un accès à la justice dans les deux langues officielles. Des intervenants ont indiqué que la collaboration entre le ministère et les organisations qui siègent au comité consultatif leur ont permis de comprendre les besoins des communautés de langues officielles en situation minoritaire. Ça leur permet également de mieux cerner ce que le ministère de la Justice peut faire en ce qui concerne les problèmes liés à la gestion de la justice dans les deux langues officielles.
Le sous-comité d'accès à la justice traite précisément de l'accès à la justice dans les deux langues officielles. Le sous-comité est composé de 30 à 40 participants, qui représentent le ministère, des organisations représentant les communautés de langues officielles, des centres linguistiques, des facultés de droit et des représentants de la francophonie pour les provinces et les territoires. On s'attend à ce que les membres coordonnent leurs activités, partagent des renseignements, et ciblent les besoins de création de nouveaux outils. Le sous-comité se réunit une fois par an.
Les membres du sous-comité le perçoivent comme un forum de discussion efficace dans lequel les intervenants travaillant dans le système juridique et les associations communautaires peuvent apprendre à se connaître les uns et les autres et à faire du réseautage. Les réunions ont permis jusqu'à présent de partager des renseignements sur l'accès à la justice dans les deux langues officielles, sur les besoins des collectivités concernées, sur les activités en cours et les possibilités à venir. Le ministère profite du sous-comité pour parler à ses membres des activités menées par le fond de soutien et pour leur permettre de prendre part à la gestion et à la planification des travaux futurs du fond de soutien pour l'accès à la justice dans les deux langues officielles.
J'aimerais vous parler brièvement du groupe de travail FPT sur l'accès à la justice dans les deux langues officielles.
Le groupe de travail FPT est composé de représentants du ministère et des gouvernements provinciaux et territoriaux. Il a été créé pour permettre aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux de coordonner leurs efforts et de partager des renseignements en ce qui concerne à l'accès à la justice dans les deux langues officielles. À l'exception de l'Île-du-Prince-Édouard, toutes les provinces et territoires sont représentés dans le groupe du travail. Même si l'Île-du-Prince-Édouard ne participe pas aux réunions, elle souhaite être tenue au courant de ce qui se passe.
Le groupe de travail a donné la chance aux provinces et aux territoires de prendre part à l'accès à la justice dans les deux langues officielles. Il s'agit du forum principal par le biais duquel les provinces et les territoires peuvent cibler leurs besoins — qui sont souvent similaires — en matière d'accès à la justice dans les deux langues officielles. Ils peuvent également discuter des meilleures pratiques et créer des solutions communes. Grâce aux discussions qui ont lieu au sein du groupe de travail, il y a souvent des occasions de pouvoir travailler ensemble sur certaines questions.
[Français]
Notre troisième volet porte sur le développement d'outils à l'intention des conseillers juridiques du ministère.
:
Je peux certainement tenter de le faire, avec plaisir.
Comme je l'ai expliqué, le fonds d'appui est le moteur financier du travail que fait le ministère pour soutenir les communautés de langue officielle. Ce fonds est vraiment consacré à l'amélioration de l'accès à la justice dans les deux langues officielles. Ça signifie que nos partenaires sont de deux ordres: gouvernementaux et non gouvernementaux.
Un des gestes les plus concrets du fonds d'appui a consisté à fournir du financement de base aux associations de juristes d'expression française à l'extérieur du Québec, de même qu'à leur fédération nationale. Ces groupes ont évidemment pris leur rôle très au sérieux. Ils se sont mis à la tâche et ont fait énormément de travail en collaboration avec les autres groupes communautaires à vocation non juridique. Ils ont réussi à s'intégrer dans leurs communautés respectives et à devenir des partenaires importants. Ils ont également commencé à travailler de façon beaucoup plus efficace et active avec les gouvernements provinciaux dans le domaine de la justice. Ce fut le cas en Saskatchewan, au Manitoba de même qu'en Ontario, où il existe une relation très spéciale entre Justice Ontario, l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario et les groupes communautaires. Ça a permis à ces groupes de se stabiliser et de se doter d'une capacité administrative, mais aussi à d'autres groupes communautaires de bénéficier de leur capacité d'action.
Pour ce qui est des projets, un de ceux qui nous semblent présentement parmi les plus prometteurs est le développement de la promotion des carrières en justice en français à l'extérieur du Québec. Ce projet a été piloté par l'Association des juristes d'expression française, mais il prend maintenant une envergure nationale. Tout ça a comme but d'offrir à nos jeunes Canadiens bilingues une formation dans le domaine de la justice, de façon à ce que le système de justice soit en mesure de répondre à des demandes de service dans les deux langues officielles.
J'aimerais aussi souligner une réalisation qui concerne vraiment les provinces et territoires avec lesquels nous travaillons. Je parle ici du Groupe de travail fédéral-provincial-territorial sur l'accès à la justice dans les deux langues officielles, de toutes les mises en oeuvre conjointes avec Justice Ontario, l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario et l'Institut de développement professionnel en langue française, destiné aux procureurs de la Couronne bilingues.
Quand nous avons commencé à travailler avec nos collègues provinciaux et territoriaux, il nous est clairement apparu que les procureurs de la Couronne bilingues étaient isolés. Ils n'avaient accès ni à de la formation ni à du perfectionnement, de sorte qu'il leur était très difficile d'offrir des services en français à ceux qui demandaient de subir un procès en matière criminelle dans la langue officielle de leur choix. Depuis trois ou quatre ans, nous travaillons très fort. Je dois vous dire qu'à l'heure actuelle, le taux de réussite des poursuivants qui suivent cette formation une fois par année est très élevé. Ce sont là des réalisations très concrètes de notre fonds d'appui.
Comme je le disais plus tôt, je vous invite à consulter l'évaluation sommative du fonds sur le site Internet du ministère.
Est-ce que ça répond à votre question?
J'aimerais simplement dire que j'ai oublié de vous présenter à mon collègue, Kelly Collins. J'en suis désolée. Kelly m'accompagne aujourd'hui.
En ce qui concerne votre dernière question, oui, bien entendu nous avons sans doute des statistiques à ce sujet. Malheureusement, nous ne les avons pas avec nous en ce moment, mais je pourrais les transmettre ultérieurement au greffier.
Vous avez soulevé une question fort importante. J'aimerais revenir sur ce que j'ai dit dans mes remarques liminaires lorsque je parlais de l'importance d'une bonne planification dans les ministères. S'ils songent véritablement à leurs besoins et aux gens, aux compétences et aux talents dont ils ont besoin pour faire affaires, alors ils peuvent commencer à créer des stratégies de recrutement efficaces et étudier plus précisément les besoins linguistiques de la main-d'oeuvre.
Je crois que nous devrions vraiment chérir la diversité dans la fonction publique. Lorsque je parle de diversité, je songe à l'équité en matière d'emploi, mais également à la diversité qui provient des régions du Canada qui nous offre plusieurs perspectives. Alors, comme vous dites, nous devons faire preuve d'ouverture et être inclusif lorsque nous représentons la population canadienne.
Comme ministère, dans votre recrutement, vous pourriez créer un processus dans lequel vous seriez très ouverts pour accueillir les gens qui sont unilingues dans une langue officielle ou une autre. Une fois qu'ils sont embauchés, il faudrait que le gestionnaire qui les a recrutés travaille avec eux dès le premier jour afin de cibler leurs besoins et de voir comment on va incorporer la formation en langue seconde.
Ce que j'aimerais vous dire c'est que, afin de permettre aux gens d'avancer dans la fonction publique — et c'est ce que les gens souhaitent — il faut commencer très tôt avec la formation en langue seconde, car c'est quelque chose d'essentiel. Surtout, si l'on veut accéder à un poste plus élevé, il faut avoir obtenu un certain niveau.
:
Vous soulevez une question très intéressante.
Il faudrait même commencer plus tôt, à mon avis. En tant que fonctionnaire, chaque fois que nous avons la possibilité de nous adresser à une auditoire, nous devrions encourager l'apprentissage des deux langues officielles du Canada le plus tôt possible, chez les plus jeunes, même à l'école. Dans le cadre de nos forums sur les méthodes exemplaires, le commissaire lui-même en a parlé. Il nous a dit qu'il profite de ses nombreuses invitations dans des écoles secondaires et dans d'autres écoles pour lancer ce message très important.
Quant aux universités, la fonction publique est le plus gros employeur du Canada. C'est elle qui embauche la plus vaste gamme de diplômés au pays et nous pouvons exercer une énorme influence sur les collèges et universités. Je ne sais pas s'il existe des méthodes officielles pour cela, mais pour ma part, j'ai participé à un groupe qui comprenait des directeurs des programmes de maîtrise en administration publique. Ce groupe a déclaré qu'il serait très utile que ces programmes comprennent des cours quelconques de français. Je ne peux pas vous parler de discussions officielles dont je serais au courant, si ce n'est qu'il semble logique d'encourager les étudiants, surtout dans les programmes qui alimentent généralement la fonction publique, par exemple les programmes d'administration publique ou la maîtrise en administration des affaires.
J'estime qu'il est également important pour les étudiants que nous menions des campagnes de sensibilisation par le truchement d'ambassadeurs de la fonction publique. Des sous-ministres se rendent dans à peu près toutes les grandes universités du Canada pour faire la publicité de la fonction publique. Ce qui serait bien, ce serait que les étudiants eux-mêmes réclament de rencontrer ces représentants de la fonction publique. Ils pourraient constater que le français est également très utile et être incités à apprendre cette langue, dans leur perspective de consommateur étudiant.
J'ajouterais qu'il est également important que les gens acceptent une certaine part de responsabilité. Si une personne veut faire carrière dans la fonction publique et franchir les échelons hiérarchiques, elle doit se rendre compte que la connaissance des deux langues officielles sera un atout pour son perfectionnement et sa progression dans la fonction publique. Elle devra pour cela s'investir dans cet apprentissage. C'est ce que j'ai fait moi-même lorsque j'étais étudiante, avant même de joindre les rangs de la fonction publique. J'ai toujours trouvé qu'il était intelligent d'apprendre une deuxième langue. Au Canada, notre société est de plus en plus consciente de ce que, dans le contexte de la mondialisation, l'apprentissage d'une deuxième ou d'une troisième langue est un investissement judicieux dans l'éducation.
Je vois donc la question sous un angle plus holistique. C'est une bonne chose que le Canada comprenne l'intérêt commercial qu'il y a à parler plus de langues et que ceux qui s'intéressent à travailler dans la fonction publique commencent par nos deux langues officielles. Il est important de s'entretenir avec les universités et d'encourager à la fois les étudiants et les enseignants dans cette voie.