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Bonjour à tous et bienvenue à la 35
e séance du Comité permanent des langues officielles. Ce matin, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous procédons à l'étude du bilinguisme au sein de la Garde côtière.
J'aurais quelques éléments à vous soumettre, chers membres du comité. D'abord, il faut se rappeler qu'il y a exactement deux mois aujourd'hui est survenue la tragédie de L'Acadien II. Trois enquêtes sur cette tragédie sont en cours: celles de la Garde côtière et celle du Bureau de la sécurité des transports, qui seront publiques, et celle de la GRC.
Le but de notre rencontre est d'examiner les obligations linguistiques de la Garde côtière. Le Centre de coordination des opérations de sauvetage, qui est géré conjointement par la Garde côtière et la Défense nationale, intervient également dans les opérations de sauvetage. C'est la raison pour laquelle nous avons ce matin un représentant de cet organisme. Mais bien entendu, nous allons mettre l'accent sur la Garde côtière.
J'ai été informé que la Garde côtière a un extrait audio d'une conversation entre Mme Aucoin et la Garde côtière. Par respect pour les familles et les proches, et Mme Aucoin étant la mère de la quatrième victime de cette tragédie, victime dont le corps n'a pas été retrouvé, on m'a demandé de faire l'audition de cette partie à huis clos, avec le consentement des membres du comité, bien sûr.
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Les procédures habituelles du huis clos vont s'appliquer, mais pour l'instant, nous sommes en séance publique et nous le serons également après l'audition de la bande audio.
Ce point étant clarifié, je remercie les membres du comité de leur sensibilité à l'égard des personnes éprouvées dans cet épreuve.
Ce matin, nous recevons Michelle d'Auray, sous-ministre à Pêches et Océans Canada. Elle est accompagnée de M. George Da Pont, commissaire de la Garde côtière canadienne, et du lieutenant-général Marc Dumais, commandant du Commandement du Canada. Sans plus tarder, commençons l'audition des témoins.
Madame d'Auray, je vous souhaite la bienvenue au comité.
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Merci, monsieur le président.
Nous vous remercions de nous donner l'occasion d'être parmi vous ce matin. Nous allons faire quelques remarques préliminaires, chacun notre tour. Je commencerai et je serai suivie du lieutenant-général Dumais, puis du commissaire Da Pont. Nous allons expliquer les rôles et responsabilités de nos différentes composantes, et vous donner un aperçu du fonctionnement des communications pour les opérations de recherche et sauvetage. Pour conclure, avant l'audition de l'enregistrement, je ferai une courte mise en contexte de l'échange entre Mme Aucoin et le répondant du Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage.
Nous avons forcément compris que ce sont malheureusement les suites de l'incident tragique du navire de pêche L'Acadien II qui s'est produit dans la nuit du 28 au 29 mars dernier, lors de la chasse au phoque près du Cap Breton, qui nous amènent devant votre comité aujourd'hui. Dans la foulée de cet incident, des questions ont été soulevées sur les communications en français pendant les opérations de sauvetage.
Permettez-moi d'abord de reconnaître et de souligner à quel point cet incident a été difficile pour les familles et amis des disparus, pour les survivants et leurs familles, ainsi que pour la communauté entière des îles. Je compatis et je suis certaine que mes collègues également compatissent de tout coeur avec eux.
Je dois également vous dire que, comme vous l'avez indiqué monsieur le président, trois enquêtes sur cet incident sont présentement en cours. L'une est menée par la Gendarmerie royale du Canada afin d'évaluer s'il serait justifié de faire une enquête criminelle; une autre est menée par le Bureau de la sécurité des transports du Canada, qui a le mandat statutaire de déterminer les causes et les facteurs ayant conduit à l'accident; enfin, une enquête de la Garde côtière a été ouverte immédiatement après l'incident, afin de vérifier si les politiques et procédures pertinentes ont été suivies.
Nous avons retenu un enquêteur indépendant pour cette enquête, le contre-amiral à la retraite Roger Girouard. Celui-ci est une mine d'expérience et d'expertise. Il a commencé son enquête il y a plusieurs semaines et il compte la terminer et rendre public son rapport cet automne.
[Traduction]
Comme le comité le comprendra, il ne m'est pas loisible de me pencher sur le détail de l'accident pendant la tenue des enquêtes. Une fois que les rapports auront été terminés et publiés, nous serons en mesure de commenter les constatations, les résultats et les recommandations.
Le gouvernement s'est engagé à rendre publiques les conclusions de tous les rapports. Comme l'a indiqué mon ministre, le ministre des Pêches et des Océans, le rapport de M. Girouard sera tout d'abord partagé avec les familles des victimes, puis avec les Canadiens en général.
Mon ministre, le commissaire et moi-même nous sommes engagés à ce que les recommandations du rapport de M. Girouard soient abordées promptement.
[Français]
Du côté de la prestation de services dans les deux langues officielles, je tiens à souligner que mon ministère, qui comprend la Garde côtière canadienne, souscrit pleinement aux lois et obligations en la matière. Avec plus de 10 000 employés situés partout au pays, nous sommes fort conscients de l'importance d'une prestation de services bilingues dans les endroits désignés.
[Traduction]
Avant de passer à la question de la langue de service, je demanderais au général Dumais de parler de ses responsabilités et du programme fédéral de recherche et sauvetage. Par la suite, le commissaire Da Pont nous parlera de la façon dont les services de recherche et sauvetage bilingues sont assurés.
Monsieur le président, membres du Comité permanent des langues officielles, bonjour.
Je suis le lieutenant-général Marc Dumais. Je suis reconnaissant d'avoir l'occasion de comparaître devant vous ce matin. Dans mon discours d'ouverture, je désire vous informer de mes responsabilités et de la raison pour laquelle je suis ici.
Premièrement, afin de faire écho au commentaire de Mme la sous-ministre de Pêches et Océans Canada, je tiens personnellement et au nom de tous les membres de l'organisation de recherche et sauvetage des Forces armées canadiennes, à offrir mes sincères condoléances aux familles, proches et amis de ceux qui ont perdu la vie dans la tragédie de L'Acadien II.
[Traduction]
Mon affectation actuelle est celle de commandant de Commandement Canada. À ce titre, je suis chargé de diriger toutes les opérations des Forces canadiennes dans l'ensemble du Canada et en Amérique du Nord, à l'exception de la mission de défense aérospatiale du NORAD. Désormais, toutes les missions des Forces canadiennes, soit en défense du Canada ou en portant assistance à l'appui d'une autre autorité fédérale ou provinciale, relèvent de Commandement Canada.
Je relève directement du chef d'état-major de la Défense, le général Hillier, et mon état-major se trouve ici, à Ottawa. Sous ma direction se trouvent six commandants de région dans l'ensemble du pays, et un commandant à Winnipeg fournissant une capacité aéronautique.
[Français]
Comme vous le savez peut-être, le ministre de la Défense nationale dirige le programme de recherche et sauvetage fédéral. Le ministre des Pêches et des Océans est responsable du volet maritime de cette responsabilité, cette dernière étant exercée par l'entremise de la Garde côtière canadienne. En tant que commandant du Commandement Canada, l’une des missions dont je suis responsable est d’assurer l’intervention en recherche et sauvetage des Forces Armées canadiennes dans l’ensemble du Canada.
En ce qui a trait au rôle de recherche et sauvetage, trois des commandants susmentionnés sont aussi responsables de trois régions de recherche et sauvetage des Forces armées canadiennes du Canada. Il s’agit du commandant de la Force opérationnelle interarmées de la région du Pacifique, qui est responsable de la côte ouest, du commandant de la capacité aéronautique, lui aussi basé à Winnipeg, qui est responsable de la partie centrale du pays, et du commandant de la Force opérationnelle interarmées de la région de l’Atlantique, qui est responsable de la côte est.
Donc, afin de résumer la chaîne de commandement en recherche et sauvetage reliée à nos discussions d’aujourd’hui, je dirai que le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage de Halifax coordonne les interventions de recherche et sauvetage des Forces armées et de la Garde côtière canadienne sur la côte est. Ce centre rend compte au commandant de la Force opérationnelle interarmées de l’Atlantique, qui relève de moi, en tant que commandant du Commandement Canada.
Tandis que le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage relève de la structure militaire, il constitue une organisation mixte comprenant à la fois du personnel de la Garde côtière et des Forces armées travaillant ensemble. Le personnel de la Garde côtière est géré par l'entremise de sa propre voie hiérarchique, et les interventions dans le cas d'incidents maritimes sont habituellement gérées par l’organisation de la Garde côtière canadienne. La responsabilité du Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage est de coordonner, entre nos deux organisations, la meilleure intervention possible dans les situations de recherche et sauvetage.
[Traduction]
Donc, en ce qui concerne les missions de recherche et sauvetage, ma responsabilité est le commandement et le contrôle de l'intervention de recherche et sauvetage des Forces canadiennes. Toutefois, dans les Forces canadiennes, d'autres organisations sont chargées de la formation, de l'éducation, de l'avancement professionnel et du positionnement du personnel se trouvant dans les organisations de recherche et sauvetage. C'est ainsi que les individus dans le système de recherche et sauvetage sont gérés par les chefs d'état-major des armées, surtout le chef d'état-major de la Force aérienne et le chef d'état-major de la Force maritime. De plus, le chef du personnel militaire, qui a déjà comparu devant vous, est chargé d'élaborer et de maintenir le cadre stratégique requis pour l'application de la Loi sur les langues officielles dans les Forces canadiennes.
[Français]
Bien sûr, en tant que responsable de la capacité d'exécution de recherche et sauvetage, je dois m’assurer que l’intervention est adéquate. C’est la raison pour laquelle je suis ici aujourd’hui. L'objectif est de répondre à toute préoccupation éventuelle par rapport au niveau de service fourni par les Forces armées à la suite des événements tragiques de L’Acadien II, en regard de la Loi sur les langues officielles.
Je vous remercie, monsieur le président.
Si vous me le permettez, j'aimerais d’abord indiquer que le ministère des Pêches et des Océans et la Garde côtière canadienne souscrivent pleinement à la lettre et l’esprit de la Loi sur les langues officielles et à la mise en pratique de toutes les exigences émanant des règlements et politiques des langues officielles.
Comme mes collègues, j'aimerais offrir mes profondes condoléances aux familles et amis de ceux qui ont été impliqués dans le chavirage de L'Acadien II. La question a été soulevée à une échelle plus large à savoir si la Garde côtière offre des services de recherche et sauvetage bilingues de façon constante. J’aimerais prendre quelques instants pour faire le point là-dessus.
Il serait utile de débuter en disant que le Règlement sur les langues officielles stipule que la Garde côtière doit offrir des services de recherche et sauvetage bilingues à ses bureaux ou installations où il y a, au courant de l’année, une demande d’au moins 5 p. 100 de la part du public pour des services en anglais ou en français. De même, le règlement stipule expressément que l’on doit assurer des services bilingues dans la région de recherche et sauvetage de Halifax. Je désire assurer le comité que nous répondons à ces exigences.
[Traduction]
Les navigateurs se servent la plupart du temps de leur radio pour enclencher le système SAR. Dans un nombre limité de situations, ils utilisent des systèmes de signalisation automatisés pour communiquer. Toutefois, dans la majorité des cas, les navigateurs effectuant un appel radio s'adresseront au centre le plus près, parmi les 22 centres des services de communication et de trafic maritimes de la Garde côtière. Neuf de ces centres offrent des services bilingues, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Tous les postes de ces 9 centres sont désignés bilingues au niveau BBB. L'un d'entre eux est situé à Terre-Neuve, deux dans la région des Maritimes, quatre dans la région du Québec et deux dans la région du Centre et de l'Arctique.
Si l'un de nos centres des SCTM non bilingues reçoit un appel, une communication conférence est aussitôt établie avec un centre bilingue. Lorsqu'un des centres des SCTM reçoit un appel d'un navire, la communication est entretenue avec l'interlocuteur pendant que l'information essentielle est immédiatement transmise au Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage, au CCCOS, correspondant dont le général Dumais vient de parler, ou à l'un des deux centres secondaires de sauvetage maritime, dirigé par la Garde côtière.
Comme le général Dumais l'a indiqué, tous les CCCOS sont dotés de personnel du MDN et de la Garde côtière, et assurent un accès aux services dans les deux langues officielles en tout temps. Les centres secondaires de la Garde côtière offrent aussi l'accès à des services bilingues de niveau B; il en existe deux, un situé à Québec et l'autre à St. John's, à Terre-Neuve.
« Accès » signifie ici que, dans les cas où le service bilingue n'est pas disponible au centre, les appelants sont immédiatement placés en appel conférence avec le MRSC de Québec, là où le service en français est toujours disponible. Bien que cela fasse partie de la pratique opérationnelle normale des centres, je désire souligner que cela se produit très rarement. Parmi les 950 000 appels placés chaque année aux centres de sauvetage, il y a appel conférence avec le MRSC de Québec environ 10 fois.
Nous intervenons dans environ 8 000 incidents de recherche et sauvetage par année. Sur près de 3 000 vies à risque dans ces incidents, nous en sauvons 2 900 — ou 97 p. 100.
Une fois qu'un CCCOS a reçu une demande d'aide, on organise une intervention aussi rapidement que possible. Tous les modes d'assistance disponibles sont utilisés, y compris tous les navires de passage. Il peut s'agir, par exemple, de navires commerciaux, de navires de pêche ou de bateaux de plaisance, se trouvant à proximité du lieu de l'incident.
[Français]
Notre succès en tant qu'organisme de services est en grande partie assuré en établissant et en entretenant des liens solides avec les communautés desservies, que ces communautés s'expriment en français ou en anglais. C'est d'une importance primordiale pour nous et c'est la raison pour laquelle nous sommes déterminés à remplir nos obligations découlant de la Loi sur les langues officielles.
J'invite maintenant Mme d'Auray à conclure.
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Merci, monsieur Da Pont.
Comme je l'ai indiqué au début de ma présentation, nous avons noté que certaines questions avaient été soulevées dans les jours suivant le naufrage de L'Acadien II quant à la langue dans laquelle nos répondants ont communiqué avec la mère de Carl Aucoin, le marin dont la dépouille n'a malheureusement pas encore trouvée.
Nous avons, comme je l'ai indiqué, apporté les enregistrements d'échanges de Mme Aucoin et avions prévu vous les faires écouter. Le samedi 29 mars, les recherches pour retrouver M. Aucoin ont été réduites, ce qui veut dire qu'on a mis un terme à l'effort actif de recherche. Les plongeurs avaient passé énormément de temps à essayer de retrouver la dépouille de M. Aucoin et, après une période assez prolongée, l'effort de recherche a été réduit. C'est alors devenu une opération dirigée par les forces policières locales.
Avant que la recherche ne soit réduite, le coordonnateur du Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage de Halifax a demandé à la Sûreté du Québec de communiquer avec la famille du pêcheur pour l'informer du changement de situation. C'est une pratique opérationnelle normale, en de telles situations, de demander aux représentants locaux sur les lieux de communiquer avec les familles. La Sûreté du Québec a plus tard confirmé qu'elle n'avait malheureusement pas effectué cet appel et s'en est excusée auprès des membres de la famille.
Par conséquent, et c'est fort regrettable, Mme Aucoin a été informée du changement de situation de recherche par des reportages médiatiques. Le lendemain, le dimanche 30 mars, elle a communiqué avec le Centre des services de communication et de trafic maritime de la région du Québec afin de se renseigner. On lui a fourni le numéro 1-800 du Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage de Halifax, avec lequel elle a communiqué le lendemain. Cette fois, c'est le coordonnateur des forces armées aéronautiques qui a répondu à l'appel. Le coordonnateur a répondu à l'appel en français, et oui, c'est un anglophone de niveau EBB qui a répondu. Comme vous allez l'entendre, Mme Aucoin voulait savoir si les efforts de recherche pour retrouver son fils avaient été interrompus et elle a, de fait, été informée que la GRC était maintenant responsable du dossier. On lui a également donné un numéro de téléphone pour joindre la GRC.
Plus tard ce même jour, la tante de M. Aucoin a communiqué avec le Centre des opérations de la Garde côtière à Halifax pour demander des renseignements supplémentaires sur la réduction des recherches. Le directeur intérimaire des services maritimes, qui est bilingue, l'a rappelée et a fourni de l'information supplémentaire. Le lendemain, le lundi, il s'est rendu aux Îles-de-la-Madeleine, où il est resté un certain temps, devenant la principale personne ressource pour toutes les communications subséquentes avec les membres des familles éprouvées.
Vous allez donc entendre l'échange entre Mme Aucoin et son répondant. Comme nous l'avons indiqué, nous avons obtenu la permission de Mme Aucoin de vous faire entendre cette communication. J'aimerais l'en remercier. Il ne reste donc qu'à écouter cet enregistrement.
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Merci, monsieur le président.
Je veux bien vous saluer tous les trois, mais je pense personnellement qu'il était inutile de recevoir la sous-ministre de Pêches et Océans et le responsable de la Défense nationale aujourd'hui, étant donné que lors de ma motion, j'ai demandé à ce que les gens de la Garde côtière viennent nous parler de la situation du français. Je comprends également, quant à rester dans l'eau, qu'on essaie un peu de noyer le poisson. Chose certaine, sans parler du contenu de la conversation entre Mme Aucoin et les gens de Pêches et Océans Canada, je répète que je suis extrêmement inquiet de voir que les gens de la Garde côtière, même en situation d'urgence, enregistrent les propos des gens qui veulent avoir des réponses, sans les informer que leurs propos sont enregistrés. Je pense qu'on devra se pencher sérieusement là-dessus.
Moi aussi j'étais là-bas, et j'ai moi aussi vécu des moments assez éprouvants avec les familles lorsque je me suis rendu, au nom de notre chef et de l'opposition officielle, partager en toute dignité cette épreuve avec les familles et les gens des Îles-de-la-Madeleine. Je suis arrivé là le vendredi précédent, donc je n'ai pas l'intention de vous parler seulement de L'Acadien II.
En passant, je pense que l'enquête devrait être indépendante. Quand la Garde côtière enquête sur elle-même, même si elle a retenu quelqu'un de l'extérieur, je n'appelle pas cela une enquête indépendante, et j'espère qu'on fera toute la lumière sur cet incident. Le Parti libéral du Canada souhaite une vraie enquête indépendante.
Cependant, je suis très inquiet. On nous présente des statistiques, mais je ne crois pas qu'il soit indiqué de le faire lorsqu'on parle de sauvetage et d'individus. S'il n'y avait qu'une seule personne qui mourait ou une seule famille éprouvée qui ne pouvait pas avoir de services dans sa propre langue, ce serait déjà trop.
Monsieur Da Pont, plusieurs pêcheurs et chasseurs me disent qu'ils sont obligés d'établir des liaisons avec d'autres collègues, d'autres pêcheurs, pour avoir des services en français. Pouvez-vous m'assurer que tout est vraiment bilingue sur le plan des appels? Il semble que ce que vous me dites et ce qui se passe sur le terrain soient deux choses distinctes.
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Vous avez posé deux ou trois questions différentes.
Les services offerts dans les centres des Services de communication et de trafic maritimes sont bilingues, de niveau B. Je crois que vous me demandez si ce niveau est suffisant dans le cas des opérations de recherche et sauvetage. Nous pensons qu'il l'est parce que dans le cadre de ces opérations, peu de questions feront partie de la communication. On n'a reçu qu'une plainte au cours des cinq dernières années concernant les services offerts par les centres, et des problèmes linguistiques n'ont jamais été mis en cause.
Votre autre question concerne la famille. J'accepte le fait que dans le cas qui nous occupe, la communication n'était pas acceptable. Cependant, dans un cas comme celui-là, c'est normalement la police sur le terrain qui se charge de la communication pour la partie la plus délicate. C'est ce qu'on avait prévu, mais malheureusement, cela n'a pas été fait. Il y a eu un bris dans le processus, et je l'accepte.
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Plusieurs éléments me reviennent à l'esprit. D'abord, ceux qui sont habilités à faire de la recherche et sauvetage, ce sont des gens de la Défense nationale, de la Garde côtière. Ce ne sont pas des gens de la Sûreté du Québec qui font la recherche en mer. Vous comprenez aisément que si vous déléguez à une autre partie le soin d'expliquer à une famille que les recherches sont abandonnées, une série de questions seront soulevées. On demandera pourquoi on abandonne, ce qu'on a fait, combien de temps cela a duré, quelles mesures ont été prises, quels seront les nouveaux moyens.
Tout ce que la personne de la Sûreté du Québec pourra dire à la famille, c'est que la recherche est abandonnée, that's it, that's all, parce qu'elle-même n'en saura pas beaucoup plus. Comprenez que j'aimerais que vous puissiez aussi vous interroger sur ce que ça veut dire réellement lorsqu'on délègue. Si on délègue un pouvoir, c'est une chose, mais si on délègue simplement une communication, faut-il que l'information qui sera révélée soit pleine et entière? Dans ce cas-ci, elle n'aura sûrement pas été pleine et entière.
Possiblement, la famille l'aurait su avant plutôt que de l'apprendre par les médias. J'ai eu l'occasion de parler avec Mme Aucoin quelques minutes après l'audition qu'on a entendue tout à l'heure. Cette personne était choquée, déçue et en crise parce que les recherches étaient abandonnées. Dans ce sens, je vous fais part de cet élément parce que ce n'est pas évident de simplement dire qu'on délègue une communication et que ça s'arrête là. À mon avis, il faudrait aller plus loin que cela.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord, au nom du Nouveau Parti démocratique et en mon propre nom, offrir mes sympathies aux familles des pêcheurs qui ont péri sur L'Acadien II. En tant que député d'Acadie—Bathurst, dans le nord-est du Nouveau-Brunswick, je sais qu'un grand nombre de pêcheurs partent en mer tous les jours. On a eu la malchance d'en perdre plusieurs. Je peux comprendre la situation des familles, d'autant plus qu'on vient de vivre une tragédie à Bathurst. En effet, sept jeunes et un professeur ont perdu la vie en janvier dernier.
Par contre, il faut se souvenir de la raison pour laquelle nous tenons cette réunion aujourd'hui, c'est-à-dire l'étude du bilinguisme au sein de la Garde côtière canadienne. Les questions sur L'Acadien II ont déjà été posées, et j'aimerais qu'on se penche maintenant sur le bilinguisme. Vous nous avez remis ce matin une retranscription exacte de la conversation qui a eu lieu entre la mère de M. Aucoin et la Garde côtière. Vous êtes d'accord?
On vous a demandé de comparaître pour nous parler du bilinguisme à la Garde côtière. Or, on peut lire ce qui suit dans la version française de la retranscription:
Mother - Bonjour vous parlez français?
Le document que vous nous avez remis n'est pas français: c'est une traduction d'un document anglais. Ce simple fait démontre un vrai manque de respect envers les langues officielles. Vous avez osé vous présenter devant le Comité des langues officielles avec un document dont la version française ne comprend même pas le mot « mère » et où l'identification de l'officier n'a pas été traduite. J'aimerais que vous en preniez note.
Par ailleurs, monsieur Da Pont, vous avez parlé de services offerts lorsque le nombre le justifiait, et vous avez mentionné un pourcentage de 5 p. 100. Vous avez dit, je crois, qu'à St. John's, à Terre-Neuve, le nombre n'était pas suffisant et que les gens devaient appeler à partir du Québec. Est-ce exact?
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Comme l'individu en question est un membre des Forces canadiennes, je vais répondre, monsieur le président.
Oui, elle a dû parler en anglais. Je n'excuse pas cet employé. C'est un anglophone. Il l'a admis au début de la conversation. Il satisfait aux normes linguistiques du poste et de la fonction. On n'essaie pas de juger la qualité de son français. En vertu de la Loi sur les langues officielles, on doit pouvoir communiquer avec les gens dans la langue de leur choix.
L'employé traitait d'un sujet extrêmement délicat avec une personne qui était vraiment touchée par cette tragédie. Je crois qu'il a fait un vaillant effort pour communiquer l'information et expliquer que c'était maintenant la GRC qui s'occupait du dossier. J'admets qu'il a éprouvé certaines difficultés, mais en fin de compte, il est arrivé à communiquer avec la dame d'une façon relativement sympathique et à lui donner des explications.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, madame d'Auray et monsieur Da Pont.
Monsieur Dumais, il va de soi que nous réitérerons nos condoléances aux gens qui ont vécu cette épreuve. Il n'y a nul doute que l'audition de l'enregistrement de la discussion de Mme Aucoin nous montre à quel point, lors d'événements comme ceux-là, la possibilité de s'exprimer et d'être compris dans sa langue est fragile. On comprend très bien la situation dans laquelle ces gens devaient se trouver.
Lors des funérailles, notre gouvernement a été représenté par le , Lawrence Cannon. J'ai discuté avec plusieurs personnes des Îles-de-la-Madeleine, et cet événement est encore très présent. Je comprends très bien M. Blais quand il nous parle de l'émotion qu'il a éprouvée, comme toutes les personnes qui ont vécu ce contexte. Raison de plus pour que nous nous assurions, dans notre pays où les deux langues officielles doivent être respectées partout, de les respecter lors d'événements sérieux comme celui-là.
Je voudrais revenir sur la délégation à la Sûreté du Québec. D'abord, de qui est venu le mandat à la Sûreté du Québec pour que celle-ci fasse l'annonce? Est-il venu de la Gendarmerie royale du Canada? On sait qu'entre les corps policiers... Cela s'est-il fait par écrit? Y a-t-on apporté des correctifs depuis? On s'est aperçu qu'il y avait un problème et je comprends qu'on ne donne pas ce genre de mandat tous les jours, mais Mme d'Auray nous a parlé tout à l'heure du constat qui a été fait. Des correctifs ont-ils été apportés?
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Comme l'a indiqué Mme la sous-ministre, il n'y a là rien d'anormal pour ce genre de tragédie mais, normalement, dans un tel cas — je parle de l'aspect aérien et du Secrétariat national de recherche et de sauvetage —, on travaille en collaboration et en communication étroites avec les familles impliquées, qu'il s'agisse d'un écrasement d'avion ou d'un autre problème de ce genre.
Dans ce cas-ci, je ne sais pas exactement qui a décidé de déléguer cette communication à la Sûreté du Québec, mais c'est une procédure plus ou moins normale puisque l'étendue géographique était immense. De plus, il s'agissait d'une situation maritime. On se doit de déléguer à un organisme professionnel, comme la police locale, le pouvoir de communiquer en notre nom.
Je ne veux pas parler pour la Garde côtière, mais à un moment donné, peu après l'incident, elle a délégué un individu pour faire la liaison directe avec la famille afin d'éviter les problèmes de communication. Chaque cas est différent, mais je vous assure que dans toute situation, les gens font de leur mieux pour être sensibles à une situation extrêmement émotionnelle et difficile pour tous les participants et tous ceux qui sont affectés directement. C'est un peu triste que la communication n'ait pas eu lieu dans les plus brefs délais, mais jusque-là, on se servait de ces gens pour communiquer avec les familles. Il y a simplement eu un bris inattendu, et les gens se sont excusés. C'est malheureux, mais c'est ce qui s'est produit.
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M. Blais disait plus tôt que ça ne pouvait pas se faire de façon strictement platonique, par une annonce. Évidemment, il faut qu'une discussion ait lieu au préalable. On a besoin de connaître le contexte pour expliquer les raisons. Je ne sais pas si des correctifs ont été apportés, mais il est clair que ça va devoir se faire de cette façon: c'est trop important.
Vous nous parlez du Centre conjoint des opérations de sauvetage, et il y a des gens des Forces canadiennes au comité. On avait convoqué les gens de la Garde côtière canadienne, mais on voit qu'il fallait aussi entendre d'autres témoins.
J'aimerais que vous m'expliquiez comment fonctionne ce centre. L'appel a été reçu par une personne des Forces canadiennes. Or, je croyais que c'était davantage le rôle des gens de la Garde côtière. Comment fonctionne un centre de ce genre, dans lequel des partenaires sont impliqués?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être parmi nous ce matin. Je vais poser mes questions strictement à deux personnes, soit MM. Dumais et Da Pont.
Monsieur Dumais, sauf votre respect, la prochaine fois que vous remettrez des documents au Comité permanent des langues officielles, il faudrait voir à ce qu'ils soient présentables. Le problème n'est pas simplement qu'ils sont incompréhensibles: ils sont bourrés de fautes. Avec un niveau de langue de ce genre, un jeune de 6e année échouerait à l'école. On parle du gouvernement fédéral, et vous êtes ici au Comité permanent des langues officielles. Ce document que vous nous avez remis est une honte. J'espère que la prochaine fois, le message va finalement passer. Je ne suis peut-être pas fort en français, mais pour ce qui est de ce document, c'est sacrément faible.
On a dit que le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage satisfaisait aux besoins. On a affaire à des francophones, mais dans l'Ouest, je ne suis pas convaincu que la proportion de francophones et d'unilingues francophones soit si élevée.
Monsieur Da Pont, vous avez dit que ça satisfaisait aux besoins.
Monsieur Dumais, vous dites que ça répond aux besoins de la fonction, mais vous qui êtes francophone, dites-moi, sans aller dans le détail, si vous avez réussi à comprendre quelque chose de sensé dans cet échange. Malgré toute la bonne volonté dont a pu faire preuve l'officier chez vous, avez-vous été capable de comprendre le moindre propos pouvant aider cette personne, qui était relativement calme malgré cette situation extrêmement difficile? Avez-vous compris quelque chose?
:
J'espère que vous n'avez pas compris le texte tel quel, car il est bourré de fautes de français. Je ne peux pas lire ce texte. Il s'agit quand même du Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage. Au cours d'une opération de sauvetage, les gens ne sont pas sous la terre, ils sont en plein milieu de la mer, et on essaie de trouver des façons de les aider, pas seulement ceux qui sont disparus, mais également leurs familles.
Prenez l'exemple du système 911. Les gens vont essayer d'assister la personne jusqu'à l'arrivée des secours, sachant qu'elle peut être en détresse, en situation de crise. Mais ce n'est pas ce qu'on a fait dans ce cas-ci. On a essayé de se débarrasser des gens. D'après ce que j'ai entendu, c'est ce que les gens ressentent.
Vous allez encore me dire qu'il s'est produit des erreurs. À un moment donné, les gens s'aperçoivent-ils d'eux-mêmes qu'ils ne sont pas en mesure d'assister adéquatement ceux qui sont en détresse et leurs familles, et de leur dire qu'ils s'occupent de la situation, qu'ils vont retrouver la personne? Tout ce qu'on fait, c'est leur donner un numéro de téléphone. Même s'ils sont en détresse, on dit aux citoyens de composer un numéro de téléphone et on espère qu'ils se feront servir et obtiendront des réponses. Le gouvernement du Canada, la Garde côtière, la Défense nationale, dans des situations semblables, ne sont pas capables d'assister les citoyens du début à la fin.
Supposons que l'appel à votre centre soit venu d'une personne en grande détresse. C'est quand même le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage. Comment la communication se serait-elle déroulée? Aurait-elle ressemblé à celle-ci?
:
Merci, monsieur le président.
Premièrement, je prends la responsabilité des documents en question. Ils émanent de mon bureau.
Deuxièmement, au sujet des centres de coordination et des besoins au chapitre du bilinguisme, il faut bien comprendre qu'il s'agit de centres de sauvetage. Leur première responsabilité est de sauver des vies. C'est leur mission. Bien sûr, selon la Loi sur les langues officielles, on doit fournir des services dans les deux langues officielles.
Comme l'a indiqué M. Da Pont, à notre connaissance, il n'y a eu aucun cas où l'incapacité de communiquer dans la première langue a influé de façon négative sur le résultat de la mission.
:
Je vais vous lire ce qui est écrit dans
L'Acadie Nouvelle du 27 mai 2008:
Il veut aussi savoir si la loi qui oblige la Garde côtière à offrir en tout temps des services de recherche et sauvetage dans les deux langues officielles avait été respectée.
Vous voyez que depuis le début, on tourne autour de cette question. À la suite de ces événements, vous avez certainement fait ce qu'on appelle un examen de conscience pour voir ce qui s'était passé.
Je m'adresse à M. Dumais ou à M. Da Pont. Peut-être M. Da Pont pourra-t-il mieux me répondre. Ce n'est pas que je ne veux pas que M. Dumais me réponde. Vous devez vous préparer aux cas de détresse. Jugez-vous que le bilinguisme est suffisant dans ces cas-là? Je dis « suffisant » dans une perspective de sauvetage et détresse. Il peut être suffisant pour savoir si un bateau s'en vient, mais on s'en fiche, ce n'est pas ce dont je parle. Je parle des cas de détresse et de sauvetage.
Vous, monsieur Da Pont, comment voyez-vous cela?
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Merci pour votre question.
Selon moi, jusqu'à maintenant, c'est suffisant. Je me fonde ici sur ce que le général Dumais et moi-même avons déjà indiqué: au meilleur de nos connaissances, nous n'avons jamais eu à faire face à une situation de recherche et sauvetage où des problèmes linguistiques ont aggravé les choses. Ainsi, du point de vue de l'opération de recherche et sauvetage en tant que telle, non.
Je veux également souligner que, comme dans le cas de toute autre organisation, notre niveau de service fait l'objet d'examen et de vérification de temps à autre, régulièrement, afin de déterminer si le niveau de service dispensé est adéquat. En général, les examens se sont auparavant révélés positifs.
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Je vais maintenant poser une question un peu plus précise à M. Dumais.
Vous êtes responsable des bureaux qui sont là-bas, ce qu'on appelle le centre conjoint. On a rouvert le Collège militaire royal de Saint-Jean pour qu'il y ait maintenant beaucoup plus de francophones, qu'ils puissent travailler en français et avoir aussi accès aux postes que vous avez aujourd'hui.
Avez-vous, vous-même, détecté des faiblesses? C'est le temps de le dire au comité. Dans une perspective de sauvetage et détresse, avez-vous vu quelque chose sur le plan linguistique? Envisagez-vous des améliorations qui, d'après votre expérience, pourraient être faites? Naturellement, on peut toujours dire qu'il manque du personnel, qu'il n'est pas assez payé et qu'il n'a pas assez de congés, mais avez-vous senti des faiblesses? Tout cela a dû vous causer un cas de conscience. Un lien a-t-il manqué? On sait qu'un lien a manqué à la Sûreté du Québec, mais on n'en parlera pas. Le Québec s'occupera de ses problèmes. Mais je veux savoir s'il y a eu un problème.
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Merci monsieur le président.
Comme je l'ai dit, je regrette sincèrement la façon dont Mme. Aucoin a appris la nouvelle. Cela n'aurait pas dû arriver ainsi. Je suis tout à fait d'accord pour dire que ce n'est une façon pour personne d'apprendre ce genre de nouvelles. Je ne l'aurais jamais prétendu.
Lorsque j'ai dit que, selon moi, les exigences étaient respectées, je parlais de l'opération de recherche et sauvetage proprement dite. Dans le cas présent, nous parlons manifestement des communications qui ont suivi l'événement. Comme nous l'avons dit, c'était regrettable. Nous avons déjà expliqué comment cela s'est passé. Manifestement, lorsque Mme Aucoin a téléphoné au Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage, son interlocuteur ne savait pas que la Sûreté du Québec n'avait pas en fait communiqué avec elle.
Plusieurs facteurs doivent être pris en considération, et il semble que l'interlocuteur ne disposait pas de ces renseignements à ce moment-là.
Tout à l'heure, monsieur Dumais, vous disiez que selon vous, la conversation avait été assez bonne et que la dame avait été obligée de passer du français à l'anglais parce qu'elle sentait qu'elle n'était pas comprise. Vous ne pouvez pas dire qu'il n'y a pas de problème. On parle avec une personne qui a des émotions. Imaginez si la personne n'avait pas compris l'anglais: comment aurait-elle compris le français cassé? La dame comprenait l'anglais puisqu'elle a tenu une partie de la conversation en anglais.
Admettrez-vous qu'il y a un problème du côté des langues officielles? On l'a toujours reconnu. Au ministère de la Défense nationale, c'est maintenant reconnu. À la Garde côtière, on a un problème. Admettez-vous qu'il y a un problème, d'autant plus que certains cours ne se donnent que dans une langue?
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Monsieur Da Pont, quand on se trouve en situation de stress, avez-vous remarqué qu'on revient à sa langue maternelle? Vous parlez un bon français, mais vous avez parlé surtout en anglais. Vous parlez les deux langues et c'est tout à votre honneur.
Je me mets à la place des familles et surtout à celle des pêcheurs. Qu'on se comprenne bien: ce n'est pas seulement la question de L'Acadien II qui est en cause. Je me demande pourquoi on a cessé les recherches et qu'on a laissé aller L'Acadien II. J'aimerais aussi savoir pourquoi on a cessé de plonger, alors que la plongeuse voulait continuer. Mme d'Auray a parlé des plongeurs; on pourrait en parler un peu plus. Mais j'ai promis qu'on allait discuter du volet des langues officielles.
Certains pêcheurs disent qu'ils doivent faire des liaisons, quand ils sont en haute mer, avec le troisième, le quatrième et le cinquième bateau. Ils ne sont pas capables de parler en anglais. Ce n'est pas un péché: le Canada a deux langues officielles. Vous êtes une institution fédérale et vous devez offrir des services dans les deux langues. La question ne concerne pas uniquement le centre des opérations. Malheureusement pour nous, chaque fois qu'on reçoit un rapport du commissaire aux langues officielles, les deux pires ministères sont Pêches et Océans et la Défense nationale, à cet égard. Mme d'Auray est plus sensible à la question francophone. Je la connais, elle va sûrement travailler là-dessus.
Vous ne pouvez pas me dire que tous les opérateurs de la Garde côtière couvrant tous les quarts de travail sont bilingues. Les pêcheurs n'iront certainement pas vous voir, parce qu'ils doivent travailler avec vous tous les jours. Je les comprends. Notre travail, comme députés, c'est aussi de poser des questions pour aider à les aider. N'essayez pas de me faire croire que tous les opérateurs sont bilingues, monsieur Da Pont. C'est plus que de l'anecdote. On a trop d'exemples qui démontrent le contraire.
Qu'allez-vous faire, à part dire d'appeler à Québec? Quand je suis en haute mer dans la région de Halifax ou du Cap-Breton et que je pose une question à quelqu'un de Québec, cette personne ne sait pas ce qui se passe là-bas. Le personnel à Québec n'est pas aussi concerné et ne dispose pas des mêmes éléments pour répondre à ma question.
Qu'allez-vous faire pour changer cette situation et donner un visage un peu plus humain? Je suis également très inquiet au sujet de la transcription de la conversation. Je comprends pourquoi Mme Aucoin était dévastée.
Comment va-t-on faire pour s'assurer que le personnel, au lieu de dire d'appeler à Québec... On ne peut pas simplement se dire que le Québec est français et le reste du Canada, anglais. Que va-t-on faire pour que vous respectiez vraiment la Loi sur les langues officielles?
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Monsieur le président, chers invités.
Je trouve horrible ce qu'on a entendu ce matin. Cette tragédie s'était déjà produite depuis un grand nombre nombres d'heures lorsque Mme Aucoin a communiqué avec les responsables canadiens.
On ne peut même pas parler de vos qualités, mais le français qu'on a utilisé avec Mme Aucoin était de piètre qualité; c'était du balbutiement. Dans une situation de crise, s'il vous plaît, faites preuve d'empathie, sortez de vos souliers de commissaire. Vous êtes un père. Supposons que votre fils ou votre fille soit en état de stress. Vous voudriez que les gens puissent vous répondre de façon cohérente, quand vous êtes dans un état de tristesse profonde.
Ce n'est pas un niveau B qu'il faut, mais un niveau C, afin que les gens qui sont en première ligne puissent répondre adéquatement.
Il faut aussi prendre en considération l'accompagnement. Il ne s'agit pas simplement de dire que l'information a été transmise pour ensuite passer au prochain appel. Il faut aussi offrir de l'accompagnement aux gens, avoir l'information en main, de façon à ne pas les laisser en attente. Ça n'a aucun sens.
J'ai été enseignant. Lorsqu'un élève avait été oublié, qu'on ne l'avait pas fait monter dans l'autobus, soyez assuré que l'information donnée aux parents était passablement plus concise et que les démarches visant à les rassurer étaient nombreuses. Dans le cas présent, on parle du décès probable d'une personne, de recherches, et ainsi de suite. Le français est de piètre qualité. Il faut qu'un niveau C soit exigé.
Si je ne me trompe pas, vous avez dit dans le cadre du Comité des comptes publics que les 22 centres étaient bilingues. Or, j'apprends maintenant que neuf le sont. Il faut être en mesure de répondre dans les deux langues à tous les citoyens partout sur le territoire. J'espère que c'est clair. Je ne vous demanderai même pas votre avis là-dessus. Je vous suggère d'aller voir vos responsables. De notre côté, nous allons faire notre travail et nous assurer que la qualité du service dans de telles situations sera améliorée. Merci.
Merci, monsieur le président.