:
Monsieur le président, depuis le début de la guerre en septembre 1939 jusqu’à la victoire des alliés en Europe le 8 mai 1945, plus d’un million de Canadiens ont servi leur pays au sein de nos forces armées. Plus de 43 000 d’entre eux ont perdu la vie. Lors de la libération des Pays-Bas, que nous soulignons également cette semaine, 7 600 Canadiens ont péri au cours d’une campagne brutale qui a duré 9 mois. On peut difficilement saisir l’ampleur des sacrifices auxquels cette génération a consenti parce qu’il s’agit d’une époque où le Canada comptait — pensons-y — seulement 12 millions de citoyens. Pourtant, ils ont accepté cette tâche et l’ont accomplie, sans se plaindre, jusqu’à ce qu’elle soit terminée et qu’on leur ait permis de rentrer chez eux et de reprendre leur vie — du moins, ceux qui ont eu la chance de rentrer chez eux.
Ce faisant, après la guerre, ils ont jeté les fondements de sept décennies de paix et de prospérité, et ont également permis à une nouvelle génération d’immigrants des quatre coins de l’Europe et, par la suite, du monde entier de bâtir une vie nouvelle au Canada et de bâtir le Canada lui-même.
[Français]
Pour eux, ce pays était un emblème de la paix et un lieu pour s’échapper des crises et des tourments. À l’époque, et encore maintenant, le Canada offrait la promesse d’un meilleur avenir, plus pacifique et plus prospère. Peut-il vraiment y avoir un exemple plus durable et plus poignant que celui-ci de l’importance du Canada dans le monde?
Les dizaines de milliers de patriotes, les hommes et les femmes qui se sont enrôlés pour servir durant les jours les plus sombres de la guerre, au début des années 1940, ne pouvaient pas savoir que les Alliés finiraient par être victorieux.
[Traduction]
Ils ne pouvaient pas savoir qu’un jour ensoleillé du mois de mai, de longues années plus tard, les soldats canadiens seraient accueillis en héros par des foules d’hommes, de femmes et d’enfants ravis, dans les rues d’Amsterdam, de Rotterdam et de La Haye. Ils savaient seulement qu’ils avaient l’obligation morale de servir, une obligation qu’ils avaient en commun avec les six courageux Canadiens qui ont tragiquement perdu la vie il y a une semaine, pendant qu’ils participaient à l’opération Reassurance.
Monsieur le président, au moment où nous soulignons la libération des Pays-Bas et le Jour de la Victoire en Europe, nous rendons hommage à tous ces grands Canadiens. Nous rendons hommage à leur endurance, à leur force morale et à leur détermination qui ont changé le cours de l’histoire. Nous rendons hommage aux sacrifices qu’ils ont faits.
[Français]
Les Canadiens qui sont allés au front et qui ont servi pendant la Seconde Guerre mondiale n'ont pas seulement vaincu les forces du fascisme, du terrorisme et de l'oppression, ils ont bâti un monde meilleur. Ils ont formé des alliances transatlantiques qui nous protègent encore aujourd'hui et des lieux qui favorisent notre prospérité.
Quand le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, s'est adressé à la Chambre en 2018, il a évoqué l'amitié indéfectible qui existe entre nos deux pays, une amitié tissée pendant la guerre par les actions extraordinaires de Canadiens ordinaires. Nos soldats ont libéré les villes de l'occupation nazie, et les enfants qui les ont acclamés dans les rues s'en souviennent encore. Soixante-quinze ans plus tard, ils s'occupent encore des tombes de nos soldats morts au combat. Leurs enfants et leurs petits-enfants déposent des fleurs au pied des monuments érigés à la mémoire de nos héros canadiens.
[Traduction]
Soixante-quinze années se sont écoulées depuis que nos parents, nos grands-parents et nos arrière-grands-parents, ceux de la plus grande génération, ont répondu à l’appel et ont fait leur part pour bâtir un monde plus prospère, plus sûr et plus libre. Comme l’a dit le , bon nombre d’entre eux ont sacrifié leur avenir pour libérer des gens qui souffraient depuis des années sous une occupation brutale. Ils ont laissé derrière eux famille, amis, enfants, parents et communautés — bref, des gens qui les aimaient beaucoup. Mon grand-père, Wilbur Freeland, et ses deux frères, Carleton et Warren, étaient parmi ces volontaires. Carleton et Wilbur sont revenus à la maison, mais pas Warren.
Aujourd’hui, au moment où notre pays livre une nouvelle bataille contre une pandémie qui n’a pas de frontières, il m’est impossible de suivre un meilleur exemple que cela, et je ne peux pas imaginer de meilleure raison de servir mon pays.
Les derniers survivants de la plus grande des générations, nos aînés, font partie de la génération qui a le plus besoin de notre protection contre la pandémie de la COVID-19. Ils comptent sur nous pour prendre des mesures qui sont bonnes, responsables et justes, même si c’est difficile. Ils comptent sur nous pour abandonner, pour l’instant, le confort et les plaisirs des rassemblements et des interactions sociales habituelles. Ils comptent sur nous pour suivre les directives des professionnels de la santé publique: se laver les mains, éviter les déplacements qui ne sont pas essentiels et rester à la maison, le plus possible, aussi longtemps qu’il le faut.
Je trouve en fait que c’est très simple. Cette génération de Canadiens qui a remporté la victoire en Europe et bâti la paix qui a suivi, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour la protéger. Nous devons léguer aux générations à venir, à nos enfants et à nos petits-enfants, un pays plus prospère, plus libre et plus sûr que celui dont nous avons hérité.
Ils ont fait leur part. Nous devons faire la nôtre.
[Français]
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Au nom de l'opposition officielle, j'ai le plaisir de me joindre à mes honorables collègues pour souligner le 75e anniversaire de la libération des Pays-Bas et du jour de la Victoire en Europe.
[Traduction]
Il y a soixante-quinze ans cette semaine, les canons se sont tus, marquant la fin d’une guerre brutale qui a coûté la vie à des dizaines de millions de personnes. Le silence a été remplacé par les acclamations et les larmes des citoyens descendus dans la rue pour célébrer la capitulation de l’armée allemande et le début d’une ère de paix.
Aujourd’hui, nous nous souvenons du courage de plus d’un million de braves Canadiens et Terre-Neuviens qui ont quitté leur foyer, leur famille et leurs amis pour se battre pour la liberté pendant la Seconde Guerre mondiale. Grâce à leurs services et à leurs sacrifices, ainsi qu’à ceux de nos alliés, nous avons pu vaincre la tyrannie de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, mais le prix à payer a été très élevé. À la fin de la guerre, plus de 45 000 Canadiens et Terre-Neuviens avaient consenti le sacrifice ultime et 55 000 avaient subi des blessures. Tous portaient des cicatrices, visibles ou invisibles, qui allaient durer pour le reste de leur vie.
On dit que la Première Guerre mondiale a fait de nous une nation, mais c’est la Seconde Guerre mondiale qui a consolidé le Canada en tant qu’acteur clé sur la scène internationale. En dépit de notre population relativement peu nombreuse, les soldats, marins et aviateurs canadiens ont fait preuve d’un courage exceptionnel, notamment à Dieppe, à Ortona, à la plage Juno et lors de la libération des Pays-Bas. Au début de 1945, la Première Armée canadienne a aidé à libérer les villes et villages néerlandais de leurs occupants nazis. Après cinq ans d’occupation allemande, les Néerlandais ont accueilli les Canadiens dans leur foyer et ont noué des amitiés durables.
Aujourd’hui, le Canada est la patrie de nombreux fiers Canadiens d’origine néerlandaise. Dans ma circonscription, Barrie-Innisfil, on trouve, tout près de chez moi, Tollendale Village où demeurent beaucoup de Canadiens d’origine néerlandaise qui ont connu cette période de noirceur dans leur pays. Lorsque je rends visite à Tollendale, j’entends les histoires de ce qu’ils ont vécu sous l’occupation allemande. J’entends aussi parler de leur gratitude éternelle envers le Canada et les braves soldats qui sont venus les libérer. Je ne serais pas du tout surpris de voir aujourd’hui des drapeaux canadiens accrochés aux balcons de Tollendale Village pour exprimer cette profonde gratitude.
Cependant, le lien profond qui s’est forgé entre nos deux pays va au-delà du champ de bataille. Pendant le conflit, des membres de la famille royale néerlandaise ont trouvé refuge au Canada. En reconnaissance de notre amitié, les Néerlandais ont envoyé des milliers de bulbes de tulipes au Canada après la guerre, ce qui est devenu une tradition annuelle et l’inspiration pour le Festival des tulipes d’Ottawa, que nous célébrons chaque année en mai.
Comme tant d’autres célébrations, cette année, le Festival des tulipes et la commémoration du 75e anniversaire de la libération des Pays-Bas et du jour de la Victoire en Europe seront très différents.
[Français]
Normalement, nous serions réunis à des cénotaphes communautaires pour rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie et pour nous rappeler que la liberté a toujours un prix. En raison de la pandémie actuelle, cette année, nous allons nous réunir en ligne à l'occasion de services virtuels ou pour faire une pause en vue d'entamer une réflexion personnelle.
[Traduction]
Bien que la crise ait touché les Canadiens d’un océan à l’autre, je sais que l’isolement a été particulièrement difficile pour nos aînés et nos anciens combattants. Je demande aux Canadiens de ne pas oublier de prendre des nouvelles des anciens combattants et des personnes âgées dans leurs communautés. Faites-leur savoir qu’ils ne sont pas seuls, que leur service n’a pas été oublié et qu’ils pourront toujours obtenir de l’aide en cas de besoin. Ce sont eux qui lient notre grande nation.
En ces temps sans précédent, les Canadiens continuent de faire preuve du dévouement, de la bravoure et du patriotisme qui ont défini nos efforts tout au long de la Deuxième Guerre mondiale. Nos professionnels de la santé sont sur la ligne de front chaque jour et se battent pour nous garder en bonne santé et en sécurité. Les membres des Forces armées canadiennes apportent leur aide dans les foyers de soins de longue durée. Les Rangers canadiens soutiennent les communautés nordiques et éloignées, et les unités de la Réserve se tiennent prêtes à aider les Canadiens si nécessaire.
[Français]
Les Canadiens vous sont reconnaissants de votre service. Au nom de l'opposition officielle, je tiens à vous dire merci.
[Traduction]
La semaine dernière, on nous a rappelé le coût énorme du service, alors que six membres des Forces armées canadiennes ont perdu la vie dans un accident d’hélicoptère au cours de l’opération REASSURANCE. Nous adressons nos sincères condoléances aux familles des victimes. Que Dieu les bénisse et les réconforte en cette période difficile.
Aujourd’hui et chaque jour, rendons hommage à nos anciens combattants, à nos courageux militaires, hommes et femmes, et à tous ceux qui continuent à se battre pour un monde plus libre et plus pacifique.
N’oublions jamais.
:
Monsieur le président, vous me permettrez de réserver mes premiers mots à la famille et aux proches de Maxime Miron-Morin, qui est disparu dans l'accident d'hélicoptère des Forces canadiennes dans la mer Ionienne. M. Miron-Morin est de Trois-Rivières, la région qui m'a accueilli il y a quelques années. Mes pensées accompagnent tous les gens de la communauté trifluvienne, de la Mauricie, du Québec et du Canada après la perte dramatique de ces six vies humaines.
Des vies humaines perdues dans un contexte militaire autrement plus dramatique, il y en a eu beaucoup. On en a perdu 7 600 lors de la libération des Pays-Bas, à laquelle les Forces canadiennes et, forcément, pas mal de Québécois ont participé. Le devoir de mémoire auquel nous nous prêtons aujourd'hui doit se perpétuer, dans l'espoir que les conditions qui font en sorte que des êtres humains développent le désir d'enlever la vie à d'autres êtres humains deviennent le plus vite possible chose du passé, tant c'est une aberration dans son essence même.
Les conditions pour que cela se reproduise le moins possible ont été en grande partie rassemblées après la Seconde Guerre mondiale. Il reste encore des conflits toujours pitoyables, d'où la nécessité des forces armées. Par contre, celles-ci peuvent servir à autre chose et jouer un rôle civil dans nos sociétés.
J'aimerais bien sûr dire un mot pour un héros québécois, Léo Major. À lui seul, selon l'histoire, il a libéré une municipalité des forces allemandes aux Pays-Bas. C'est le genre de héros trop peu connu et très réel qui participe à la création d'une identité forte au sein d'une nation.
Ces gens qui se sont battus, certainement pour leur pays, leur nation et les gens auxquels ils s'identifiaient, l'ont souvent fait pour leurs proches et leur famille. Ils l'ont fait pour protéger ceux et celles qu'ils aimaient, et nous devons beaucoup à ces gens. Nous devons beaucoup à ceux qui sont passés avant nous. Nous devons beaucoup aux gens qui ont protégé au prix de leur vie, mais aussi construit la société riche dans laquelle nous évoluons aujourd'hui. Cette société riche a aujourd'hui les moyens d'affronter une crise sanitaire sans précédent.
Il n'est pas innocent de rappeler aujourd'hui que, si nous rendons hommage aux gens qui sont, dans bien des cas, morts depuis longtemps, nous pourrions rendre un hommage bien vivant aux aînés qui sont encore parmi nous, à celles et ceux qui ont effectivement construit cette société riche qui peut aujourd'hui affronter la pandémie. Or les mots ne suffisent pas pour leur rendre hommage.
Nous avons un devoir de mémoire envers celles et ceux qui nous ont précédés, mais nous avons un devoir d'action envers celles et ceux qui sont encore parmi nous. En matière purement sanitaire, nous avons le devoir de faire en sorte que le plus grand nombre de gens qui étaient avec nous avant la crise le soient encore après la crise. Nous devons les amener bien vivants de l'autre côté. Cependant, nous avons aussi une obligation, que nous tardons trop à honorer, celle de soulager les gens les plus vulnérables de notre société d'un poids, d'une charge et d'une anxiété qui deviennent très lourds.
Nous avons cessé de siéger à ce Parlement à la mi-mars. Nous avons par la suite repris nos interventions sporadiquement et de façon virtuelle. Nous sommes au début du mois de mai et nous avons encore le devoir, ensemble — et je ne veux cibler personne, surtout que nous offrons notre collaboration de façon insistante —, d'intervenir maintenant pour nos aînés qui sont bien vivants.
Je répète et ne répéterai jamais assez que nos aînés sont les plus fragiles sur le plan de la santé. À cet égard, la démonstration statistique n'est plus à faire dans le cadre de cette pandémie. Ils sont aussi les plus fragiles en ce qui concerne l'anxiété économique. Ils sont les plus isolés géographiquement. Souvent, dans les régions, ils sont isolés dans des lieux où peu de gens peuvent se rendre. Au Québec, on commence à peine à leur permettre de sortir. Ils sont isolés en raison d'une moins grande maîtrise des technologies de l'information. C'est pourquoi, dans l'Est du pays, nos élus disent qu'il faut rouvrir les bureaux de Service Canada.
Encore une fois, je vais formuler une demande. Elle représente une toute petite fraction des mesures d'aide qui ont été déployées jusqu'à maintenant. Il faut que nous réglions cela maintenant. Je veux voir apparaître un sourire soulagé sur le visage des centaines de milliers d'aînés qui s'impatientent, mais sans l'ombre d'un début de méchanceté. Ils s'impatientent uniquement parce qu'ils ont peur et qu'ils ne savent pas comment faire face à la situation. Je demande que nous donnions un sens réel à la notion d'urgence. Au début, on sent cette urgence. On veut intervenir en fonction de cette urgence. Par contre, chaque jour qui passe, la notion même d'urgence est banalisée, tant et si bien que des mesures d'urgence qui vont arriver à terme dans quelques semaines pourraient ne pas avoir rempli les fonctions pour lesquelles elles avaient été créées.
Depuis que des gens parmi nos ancêtres ont perdu la vie, nous avons rassemblé les conditions pouvant nous offrir une société meilleure. Aujourd'hui, ne laissons tomber aucun des éléments de cette société, que ce soit les pêcheurs de homard de l'Est; les équipes de chercheuses et de chercheurs qui s'emploient hardiment à trouver des solutions à nos problèmes; les très nombreux travailleurs de l'industrie touristique, très diversifiée, qui se demandent comment ils vont réussir à passer l'été, étant donné que les programmes n'existeront plus à ce moment-là; et, bien sûr, nos aînés, à qui nous devons tout.
Le mot « urgence » doit demeurer, avec toute son acuité et tout son sens, au premier rang de nos préoccupations jusqu'à ce que nous soyons certains de n'avoir laissé personne derrière, tout comme l'ont fait nos ancêtres qui ont fait la guerre en ne permettant pas, dans la mesure du possible, qu'un des leurs soit laissé derrière.
Je nous invite donc à faire acte de compassion et de mémoire. Je nous invite à agir rapidement pour le bien des gens que nous aimons et à le faire notamment par respect pour leurs propres ancêtres, qui ont donné leur vie.
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, chers collègues.
[Français]
Je remercie la vice-première ministre de son discours très fort et très clair, ainsi que tous mes collègues qui sont ici dans cette salle.
[Traduction]
Nous sommes réunis aujourd’hui, comme nous le sommes en certaines sombres occasions, où nous pouvons mettre de côté les rancœurs partisanes.
Je tiens à souligner que je me trouve aujourd’hui sur le territoire traditionnel des peuples algonquins et à exprimer ma gratitude. Une fois de plus, meegwetch.
J’ai l’énorme privilège de faire partie des amis proches de deux des Canadiens qui ont participé au combat pour la libération des Pays-Bas il y a 75 ans.
Je tiendrai une réunion communautaire virtuelle sur Zoom vendredi soir. J’ai invité l’une de ces personnes extraordinaires à se joindre à la réunion pour parler aux membres de ma communauté qui y participeront. Normalement, nous l’aurions fait en personne.
Je voudrais vous parler un peu du major retraité Charles Goodman. Il a servi le jour J. Il a participé à la libération des Pays-Bas. Heureusement, notre ministère de la Défense nationale lui porte une attention particulière. Le ministère des Anciens Combattants l’a amené avec le groupe qui s’est rendu aux Pays-Bas pour célébrer le 70e anniversaire.
Chic Goodman est l’un de ceux qui ont libéré le camp de concentration de Westerbork. Anne Frank y a déjà été internée. C’était en quelque sorte un lieu de transit. Les gens étaient redirigés depuis Westerbork. Anne Frank est morte à Auschwitz.
Cette libération reste dans la mémoire de tout le monde.
Quand j’étais enfant, un ami de la famille, aujourd’hui décédé, faisait partie de la résistance hollandaise. Je voudrais prendre un moment pour rendre hommage aux Néerlandais qui, sous l’occupation nazie, ont vécu dans les circonstances les plus cruelles et les plus dangereuses, n’ont pas cessé d’abriter des Juifs, ont continué à se battre dans la résistance et sont morts en luttant contre les nazis.
Un ami de notre famille, Chris van Wiengarten, vivait à La Haye. Enfant, j’étais fascinée par les histoires dans lesquelles il racontait qu’il se cachait dans le grenier familial. Il y avait un placard avec une fausse façade dans laquelle ils cachaient l’argenterie de la famille. Bien sûr, les nazis sont venus un jour et ont découvert qu’il y avait un faux mur. Ils l’ont traversé, ont trouvé l’argenterie familiale, mais n’ont pas traversé un second faux mur où ils auraient trouvé l’escalier menant au grenier.
Le peuple néerlandais a fait preuve d’un courage et d’un héroïsme extraordinaires que je veux également célébrer aujourd’hui.
Chic Goodman, qui a maintenant plus de 90 ans, se joindra à la réunion communautaire virtuelle vendredi soir pour partager avec certains électeurs son expérience de la guerre et, Dieu merci, son expérience de la paix.
Ironiquement, aujourd’hui est l’anniversaire de la mort de mon autre ami très proche qui a combattu avec les Forces canadiennes pour libérer les Pays-Bas. Le 6 mai 2014, il y a six ans aujourd’hui, nous avons perdu Farley Mowat. Comme beaucoup d’entre vous le savent, Farley était membre du Hastings and Prince Edward Regiment. Il a écrit deux livres sur la guerre. Le premier est The Regiment, qui est un hommage à l’histoire de régiment « Hasty P ». Le second est And No Birds Sang, qui est l’histoire de la campagne d’Italie. Ces lectures nous montrent que nous ne devrions plus jamais aller à la guerre. Plus jamais.
Farley n’a jamais écrit sur ce qu’il a fait avec les services de renseignement derrière les lignes ennemies juste avant la fin de la guerre. Il a rencontré en secret un commandant allemand qui était prêt à être persuadé qu’il y avait un problème. Lapopulation civile des Pays-Bas était affamée. Les gens en étaient réduits à manger des bulbes de tulipes et des chevaux. Il y avait un risque très immédiat de famine, alors même que les forces alliées se rapprochaient et étaient prêtes à libérer les Pays-Bas.
Lors de cette rencontre, Farley Mowat, un jeune officier, a réussi à préparer le terrain avec un autre officier pour arriver à présenter au commandement supérieur un plan selon lequel les Allemands resteraient en retrait si des bombardiers canadiens, britanniques et américains effectuaient des largages de nourriture préétablis sur des itinéraires prescrits, afin de larguer de la nourriture dans des endroits où, autrement, les Néerlandais mourraient de faim avant d’être libérés. C’est une histoire extraordinaire. Farley ne l’a jamais écrite. Mais l’opération Chowhound, comme ils l’ont appelée, est issue de l’appel frénétique que le prince Bernhard a lancé au général Eisenhower. Eisenhower a dit: « Je ne peux rien faire », mais les Canadiens ont monté cette opération, et je pense qu’elle mérite d’être mentionnée.
C’est une journée pour souligner l’héroïsme, une journée pour souligner le sacrifice.
[Français]
Aujourd'hui, je veux rendre hommage à tous nos anciens combattants. Je veux aussi rendre hommage aux gens qui sont morts cette semaine.
[Traduction]
Nous avons perdu six courageux Canadiens dans l’écrasement du Cyclone.
[Français]
Nous célébrons le 75e anniversaire de la libération des Pays-Bas. Nous rendons grâce à Dieu pour cette libération et pour le courage de tous les soldats, dont les militaires des pays qui ont combattu avec courage les forces nazies.
[Traduction]
Je voudrais conclure en réaffirmant les propos du et en reprenant les points soulevés par notre .
Parmi nous aujourd’hui, c’est cette génération qui est la plus vulnérable à la COVID-19. Nous ne pouvons pas lui tourner le dos. La situation est urgente. Je sais qu’on prend des mesures, mais il faut en faire davantage.
[Français]
Je veux souligner les paroles du chef du Bloc québécois, parce que je suis tout à fait d'accord avec lui: nous devons en faire plus pour nos aînés.
[Traduction]
Aujourd'hui, je veux remercier ces gens que je connais.
Merci, Chic, merci, Farley, et merci, Chris, des gens qui ont marqué ma vie et qui sont les vrais héros d'une époque qu'il nous sera donné, je l'espère, de ne jamais revoir. Nous allons entreprendre la période post-pandémie avec le même courage dont nous avons fait preuve après la guerre. Nous allons prendre soin les uns des autres. Nous allons rebâtir nos économies. Que nous ayons besoin d'un plan Marshall ou de nouveaux accords de Bretton Woods, nous allons travailler ensemble.
Merci à tous. Meegwetch. Dank u wel.
:
Je vous remercie, monsieur le président. Je vais partager mon temps de parole avec deux de mes collègues.
J'aimerais commencer en remerciant mes concitoyens de Laurier—Ste-Marie. Je suis fier de pouvoir les représenter à la Chambre.
Je suis très heureux d'être ici parmi vous afin de continuer les travaux importants du Parlement et de ses comités, tout en respectant les directives de santé publique et de distanciation physique.
Je vais vous parler brièvement de nos industries créatives, culturelles et patrimoniales, de nos organismes sportifs ainsi que du secteur des médias.
Comme vous pouvez l'imaginer, ces organismes et ces entreprises font face, comme plusieurs autres, à une crise majeure qui découle de la COVID-19, la plus importante crise de notre histoire récente. Nous tous et toutes, en tant qu'élus au sein de notre démocratie et au nom de la population canadienne, avons un rôle à jouer pour aider nos créateurs et le milieu sportif à traverser cette épreuve et à en ressortir grandis et plus forts.
Bien sûr, ce sera un défi que de s'assurer que ces organismes et les professionnels qui les animent sortent de la crise pour retrouver leurs publics et leurs partisans, mais je sais que nous pouvons y arriver si nous y mettons toutes et tous du nôtre.
Le 26 avril dernier, les artistes du Canada entier ont fait ce qu'ils savent faire le mieux: créer, nous émouvoir et nous inspirer. Ils se sont rassemblés virtuellement et nous ont donné un concert mémorable, Stronger Together, Tous ensemble. Ils ont mis un baume sur le confinement. En même temps, ils nous ont aidés à nous sentir un peu moins seuls, plus connectés, plus solidaires.
Le confinement et l'économie sur pause sont une nouvelle réalité, et comme vous, tous les Canadiens et les Canadiennes, nous sommes en mode apprentissage. Nous devons faire de notre mieux et le maximum en cette période de grande incertitude. D'ailleurs, nos artistes et nos athlètes le font. Leur esprit d'initiative, leur résilience et leur solidarité sont une source d'inspiration pour nos travaux aujourd'hui. Essayons d'agir comme eux et pour eux.
Au Canada, nous reconnaissons que le secteur culturel, dans toute la diversité de ses expressions, le secteur muséal et le milieu sportif sont une force pour le développement de nos communautés et de notre identité. Cela nous assure une société canadienne forte, active et en santé.
En plus d'être un facteur économique clé, la culture est un pilier qui garde nos communautés soudées et unies. Nous en avons besoin plus que jamais en ces circonstances difficiles. Malheureusement, le milieu des arts, de la culture, du patrimoine et du sport, une partie inhérente et essentielle de nos communautés et de notre culture canadienne, est durement touché par la pandémie.
Les dirigeants et les dirigeantes de ces entreprises créatives et d'entreprises et organismes sportifs nous rapportent des pertes financières majeures en raison des mesures mises en place, qui sont nécessaires pour assurer la santé de la population canadienne. Par exemple, tous les événements en personne, tels que concerts, festivals et performances diverses, ont été annulés. La production de films et d'émissions de télévision est sur pause, les musées ont cessé leurs activités et plusieurs entreprises enregistrent des baisses importantes de leurs revenus publicitaires, entre autres.
Nous pouvons nous attendre à ce que l'industrie créative du Canada subisse des pressions financières croissantes. Sur un mois, ces pertes sont estimées à 4,4 milliards de dollars et environ 26 000 emplois. Sur trois mois, elles sont estimées à 13,2 milliards de dollars et environ 81 000 emplois. Certaines entreprises seront capables de se remettre de ces pertes avec l'aide du gouvernement ainsi qu'avec des prêts et l'appui du secteur privé. C'est exactement pour rassurer et maintenir ce joyau florissant qu'est notre secteur culturel et sportif que nous avons agi rapidement face au défi et à l'urgence. Nous répondons présents au moment où nos athlètes et nos artistes ont le plus besoin de nous.
[Traduction]
Comme vous le savez peut-être, dès que les mesures de confinement ont été annoncées au Canada, j'ai tenu un point de presse virtuel pour rassurer l'ensemble du secteur culturel et sportif. Je tenais à lui assurer que le financement public serait maintenu, peu importe les circonstances.
Le travail et le mandat de Patrimoine canadien demeurent inchangés. Nous sommes ici pour soutenir les secteurs des arts, de la culture et du sport. Nous nous sommes assurés que les fonds liés aux subventions et aux contributions soient toujours versés et nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour établir la meilleure voie à suivre.
Le gouvernement du Canada déploie aussi de grands efforts pour mettre en œuvre son plan d'intervention économique à l'égard de la COVID-19. Ce plan comprend des mesures de soutien direct pour tous les Canadiens touchés, y compris ceux appartenant au milieu des arts, de la culture et du sport. Il inclut la Prestation canadienne d'urgence, accessible aux travailleurs qui ont perdu une partie ou la totalité de leurs revenus à cause de la pandémie. La prestation est offerte à des employés salariés, des employés contractuels et des travailleurs autonomes qui n'auraient pas droit à l'assurance-emploi.
Je souligne qu'après avoir reçu l'avis de gens de l'industrie, nous avons annoncé que les redevances ne seraient pas incluses dans le calcul du revenu d'emploi admissible aux fins de la prestation. Ayant moi-même publié trois ouvrages, je comprends très bien pourquoi. Les artistes et les créateurs ne devraient pas être pénalisés par le travail qu'ils ont fait il y a des mois.
En plus des prestations d'urgence, des crédits et des exemptions que nous avons mis en place pour l'ensemble de la population et des entreprises canadiennes, nous avons adopté des mesures ciblées pour les secteurs de la culture et du sport. Le 17 avril, le a annoncé la création d'un fonds de soutien d'urgence de 500 millions de dollars pour les organismes culturels, patrimoniaux et sportifs, en reconnaissance de leur importance au sein de notre société. L'aide sera versée aux organismes qui subissent ou qui subiront des pertes de revenus en raison de la COVID-19. Nous faisons tout notre possible pour maintenir les liens avec nos partenaires et les organismes que nous soutenons afin de répondre à leurs préoccupations les plus urgentes.
Le fonds fournira un soutien financier qui s'arrimera aux autres mesures mises en place en réponse à la COVID-19 pour les salaires et les coûts fixes. Il sera administré par Patrimoine canadien avec l'appui de ses partenaires, notamment le Conseil des arts du Canada. Nous travaillerons de concert avec les secteurs de la culture, du patrimoine et du sport pour préciser les modalités de ce soutien financier. De plus, le Conseil des arts du Canada versera aussi un financement anticipé de 60 millions de dollars pour aider les organismes culturels et les artistes bénéficiaires de subventions à répondre à leurs engagements immédiats.
En outre, notre gouvernement a investi 3 millions de dollars dans plusieurs organismes par l'intermédiaire de l'Initiative de citoyenneté numérique de Patrimoine canadien pour contrer l'information fausse et trompeuse sur la COVID-19, ainsi que le racisme et la stigmatisation qui découlent de la crise. Ce soutien permettra de financer des activités, par exemple des outils de sensibilisation et des ateliers en ligne, pour aider la population canadienne à accroître sa résilience et à faire preuve d'un esprit critique à l'égard de la désinformation sur la COVID-19. Les projets financés rejoindront la population à l'échelle nationale et locale, en ligne et hors ligne, dans les communautés autochtones et minoritaires, dans les deux langues officielles.
Nous offrons également du soutien aux radiodiffuseurs. Le gouvernement du Canada a renoncé aux droits de licence de la partie 1 pour l'exercice 2020-2021, ce qui équivaut à une aide financière de 30 millions de dollars pour les radiodiffuseurs.
Par ailleurs, un comité d'experts indépendant présentera des recommandations à l'Agence du revenu du Canada sur la mise en œuvre des mesures fiscales visant à appuyer le journalisme écrit annoncées dans le budget de 2019. Le comité d'experts a été mis sur pied, et nous avons apporté plusieurs modifications aux mesures fiscales dans le but de mieux satisfaire aux besoins du milieu de l'édition et du journalisme. Par exemple, les éditeurs de nouvelles et les médias qui reçoivent du soutien de la part du Fonds du Canada pour les périodiques seront admissibles au crédit d'impôt pour la main-d'œuvre journalistique canadienne.
Enfin, la plus grande part des 30 millions de dollars que notre gouvernement a investis dans la campagne nationale de sensibilisation à la COVID-19 ira à des médias canadiens, des services de télévision et de radio, des journaux, des périodiques et des médias numériques. Les recettes générées par cette campagne apporteront une bouffée d'air frais à nos médias.
Nous, la population canadienne, affrontons l'un des plus grands défis de notre histoire. Nous voyons chez nos artistes, nos créateurs, nos athlètes et notre milieu du sport amateur de nombreux exemples de solidarité. Ensemble et avec eux, nous réussirons à relever ce défi.
Tout comme un écosystème, le milieu culturel et sportif est riche grâce à sa diversité, mais aussi fragile. Ensemble, continuons à le protéger.
:
Merci, monsieur le président.
Kwe. Tansi. Ulaakut.
[Français]
Bonjour.
[Traduction]
J'aimerais souligner que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel du peuple algonquin.
En date du 5 mai, il y a 161 cas confirmés de la COVID-19 dans des réserves des communautés des Premières Nations et 16 cas dans des communautés inuites de la région du Nunavik.
Je tiens aussi à prendre un instant pour parler d'une situation qui a été rendue publique il y a quelques jours par rapport à un résultat positif obtenu à Pond Inlet. Heureusement, on a confirmé plus tôt cette semaine qu'il s'agissait d'un faux positif, au grand soulagement de nombreux Canadiens. La leçon à tirer de cette situation, c'est que nous devons demeurer vigilants, car nous savons que les conditions préexistantes que présentent les membres de ces communautés les rendent extrêmement vulnérables. La vigilance est essentielle, surtout dans le contexte d'une pandémie que nous ne comprenons pas encore pleinement.
[Français]
Afin d'aider les communautés autochtones à se préparer à réagir à la COVID-19, notre gouvernement a octroyé directement plus de 740 millions de dollars pour les besoins des communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis en matière de santé publique.
À jour, plus de 59,8 millions de dollars ont été utilisés pour l'achat d'équipement pour le personnel médical, ainsi que pour soutenir les mesures de préparation menées par les communautés elles-mêmes. Ce montant est en plus des investissements faits lors du budget de 2019, dans lequel notre gouvernement a octroyé 79,86 millions de dollars pour la préparation aux urgences sanitaires. Ces investissements ont permis le développement d'un réseau de coordonnateurs régionaux et le renforcement des capacités des communautés des Premières Nations pour faire face notamment aux urgences sanitaires et aux pandémies.
Service aux autochtones Canada continue de maintenir une réserve d'équipement de protection individuelle et de désinfectants pour les mains pour les remettre aux communautés des Premières Nations en situation d'urgence sanitaire. Cette réserve est mise à la disposition des communautés des Premières Nations qui pourraient avoir besoin d'équipement de protection individuelle pour garantir la sécurité des travailleurs de la santé et d'autres personnes appuyant la prestation des services de santé en situation d'urgence sanitaire, comme la présente pandémie de la COVID-19.
[Traduction]
En date du 5 mai, soit hier, nous avons envoyé 731 commandes d'équipement de protection individuelle, y compris du désinfectant pour les mains, des masques N95, des écrans faciaux et des gants, aux communautés des Premières Nations. Cinq commandes sont en cours. Cela représente plus de 167 850 blouses et plus de 202 000 masques chirurgicaux qui s'ajoutent à l'équipement fourni par les provinces et les territoires. Nous continuons à répondre rapidement aux demandes et à les examiner dans un délai de 24 heures.
Je tiens à souligner que de nombreuses communautés et de nombreux fournisseurs de services adaptent leurs activités afin de respecter les règles de distanciation physique. Certains organismes autochtones nationaux, comme la Thunderbird Partnership Foundation et le First Peoples Wellness Circle, ont créé des ressources sur la COVID-19 accessibles à tous en ligne.
Nous avons versé des fonds au First Peoples Wellness Circle pour l'aider à créer une plateforme en ligne à l'intention de son réseau d'équipes multidisciplinaires locales de mieux-être mental, qui offre actuellement des services dans 344 communautés. C'est là une des mesures de soutien que nous avons adoptées. Nous avons aussi augmenté le nombre d'intervenants en cas de crise en poste à la Ligne d'écoute d'espoir pour le mieux-être, qui reçoit maintenant plus de 100 appels ou messages par clavardage par semaine au sujet de la COVID-19. L'auto-isolement et la distanciation physique pratiqués pour protéger les membres de la famille présentant un risque élevé de tomber malade peuvent avoir un effet réel et important sur la santé mentale. Nous le reconnaissons et nous collaborons avec nos partenaires dans le but de soutenir les mesures axées sur la santé mentale, en particulier celles destinées aux jeunes.
[Français]
L'aide aux jeunes autochtones constitue également un secteur prioritaire. Le ministère collabore avec ses partenaires autochtones, dont des organismes de jeunesse, pour soutenir et promouvoir les ressources autochtones destinées aux jeunes.
[Traduction]
Par exemple, Échanges Racines canadiennes a lancé un fonds d'appui communautaire dans le but d'appuyer des mesures de soutien locales visant le bien-être mental des jeunes pendant la pandémie de la COVID-19. De même, We Matter, un organisme autochtone dirigé par des jeunes qui se consacre à la promotion de la vie et à la transmission de messages d'espoir et de résilience, a créé des trousses d'outils destinées aux jeunes, aux enseignants et aux travailleurs de soutien pour venir en aide aux jeunes et à ceux qui les appuient.
[Français]
Nous sommes conscients que les étudiants au niveau postsecondaire font face à une situation sans précédent en raison de la COVID-19. Le a annoncé le 22 avril un financement à hauteur de près de 9 millions de dollars destinés aux étudiants de niveau postsecondaire et aux nouveaux diplômés, y compris les étudiants autochtones.
Nous savons néanmoins que plusieurs étudiants autochtones font face à des situations particulières et uniques, que ce soit en lien avec la stabilité financière, les occasions d'emploi ou simplement la possibilité de poursuivre leurs études comme prévu. C'est pourquoi un montant supplémentaire de 75,2 millions de dollars sera octroyé spécifiquement pour soutenir les étudiants de niveau postsecondaire des Premières Nations, Inuits et Métis pendant qu'ils font face à la COVID-19. Ce montant s'ajoute au financement déjà existant des programmes d'aide financière pour les étudiants autochtones au niveau postsecondaire. Ce soutien pourra servir, entre autres, à couvrir les frais liés à l'achat d'équipement informatique à mesure que les cours migrent en ligne, à permettre l'inscription aux cours, à couvrir les dépenses liées à la nourriture, à la pension alimentaire, au logement et au transport et, en cas de retard de l'obtention d'un diplôme, à couvrir une année universitaire supplémentaire et les dépenses connexes.
En fin de compte, cette aide est destinée à garantir que les étudiants autochtones de niveau postsecondaire pourront poursuivre ou commencer leurs études comme prévu, malgré les obstacles causés par la COVID-19.
[Traduction]
Nous prenons également des dispositions pour soutenir les entreprises appartenant à des Autochtones pendant la crise. Le gouvernement du Canada offrira une aide financière pouvant atteindre 306,8 millions de dollars pour prêter main-forte aux PME autochtones par l'entremise du réseau d'institutions financières autochtones, qui offre des solutions de financement à ces entreprises. Selon les estimations, cette mesure aidera 6 000 entreprises autochtones à traverser ces moments difficiles et, je l'espère, apportera la stabilité dont elles ont besoin pour survivre.
Les entreprises autochtones, y compris les sociétés appartenant à l'État et les partenariats autochtones, peuvent désormais bénéficier elles aussi de la Subvention salariale d'urgence du Canada, qui les aidera à retenir le personnel et à réembaucher les employés mis à pied, ainsi qu'à surmonter les défis actuels. Les sociétés autochtones appartenant à l'État qui sont assujetties à l'impôt ont déjà droit à la subvention salariale.
Le gouvernement a également mis en place un Programme de crédit aux entreprises visant à verser un soutien supplémentaire de 40 milliards de dollars par l'entremise de la Banque de développement du Canada et d'Exportation et développement Canada, qui collaborent avec les prêteurs du secteur privé pour coordonner l'offre de solutions de financement adaptées aux entreprises individuelles. Des entreprises autochtones pourraient également avoir recours à ces solutions.
Vous vous souviendrez sans doute que, le 18 mars, le gouvernement canadien a octroyé 305 millions de dollars pour créer un Fonds de soutien aux communautés autochtones fondé sur les distinctions, qui vise à répondre aux besoins immédiats liés à la COVID-19 des collectivités autochtones et des populations autochtones en milieu urbain. Ce financement fait lui aussi partie du Plan d'intervention économique du Canada à l'égard de la COVID-19, et s’ajoute au soutien fondé sur les besoins en matière de gestion des urgences et de la santé des Premières Nations et des Inuits.
Dans le cadre du Fonds de soutien aux communautés autochtones, nous tâchons d'aider les membres des Premières Nations vivant hors réserve et les populations autochtones en milieu urbain. Nous avons récemment achevé des processus fondés sur des propositions visant à distribuer 15 millions de dollars aux organisations qui fournissent des services essentiels aux Premières Nations hors réserve et aux populations autochtones en milieu urbain. Jusqu'à maintenant, 94 propositions soumises par des organisations du nord au sud et d'est en ouest ont bénéficié du fonds. Cela comprend le soutien accordé aux centres d'amitié, qui continuent malgré la pandémie leur important travail d'aide aux communautés autochtones en milieu urbain. Nous savons que les centres d'amitié jouent un rôle fondamental en apportant un soutien essentiel fort diversifié, allant de la livraison d'aliments à des familles, des jeunes et des personnes âgées à la réponse aux demandes d'aide, en passant par les services de santé mentale et de soutien culturel aux communautés autochtones en milieu urbain.
Alors que nous répondons à la pandémie de la COVID-19 et nous adaptons aux nouvelles données, nous demandons aux communautés autochtones et à nos partenaires de continuer à évaluer les besoins en constante évolution des Autochtones. Nous les invitons à communiquer avec la personne-ressource du ministère dans leur région pour que nous puissions les aider à soutenir les membres de la communauté.
Monsieur le président, je voudrais prendre le temps qu'il me reste pour offrir à nouveau mes plus sincères condoléances aux Forces armées canadiennes. Nos pensées et nos prières accompagnent les militaires qui ont perdu la vie lors de l'accident d'hélicoptère dans la mer Ionienne, ainsi que leurs familles. Le Canada est éprouvé tandis que nous essayons tous de comprendre ce tragique accident.
Permettez-moi de conclure en disant que le gouvernement a conçu et appuyé les mesures que j'ai décrites tout à l'heure afin d'apporter un soutien direct et rapide à tous les Canadiens en réponse à cette crise sans précédent. Ces mesures offrent plus particulièrement une aide financière rapide aux peuples autochtones du Canada, quel que soit leur lieu de résidence. Nous travaillons avec nos partenaires dans l'intérêt de tous les Canadiens.
Meegwetch. Nakurmiik. Merci. Thank you.
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Merci, monsieur le président.
La pandémie de la COVID-19 est une crise sans précédent. Plus de 3 millions de personnes ont été infectées à l'échelle mondiale, dont plus de 60 000 au Canada. Tragiquement, plus de 4 000 Canadiens sont décédés de cette maladie. Bien entendu, la santé et la sécurité de toutes les Canadiennes et de tous les Canadiens demeurent notre priorité absolue. Nous recherchons sans relâche des solutions qui ralentiront la propagation de ce virus mortel. La pandémie a touché les grandes et les petites entreprises partout dans le monde presque du jour au lendemain, et elle continue d'avoir un effet dévastateur sur l'économie mondiale.
Heureusement, notre gouvernement a pris des mesures énergiques pour atténuer l'incidence de la crise sur les Canadiens en offrant une aide directe de plus de 140 milliards de dollars aux particuliers, aux familles et aux entreprises. Il s'agit de l'un des plans les plus complets du G7.
Cela fait maintenant huit semaines que le a donné un premier aperçu de la réponse du Canada à la pandémie de la COVID-19. Ce plan vise à limiter la propagation du virus dans notre pays et à protéger les citoyens, les familles, les entreprises et l'économie.
[Traduction]
Au cours des deux derniers mois, le gouvernement a élaboré et mis en œuvre des politiques qui ont élargi et amélioré le plan d'intervention d'urgence du Canada. Aucun Canadien ne devrait devoir choisir entre protéger sa santé et nourrir sa famille. Le gouvernement a conçu et lancé une série de mesures, dont la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU, afin de verser une aide directe et rapide aux Canadiens en réponse à la COVID-19. Cette prestation, qui fournit 2 000 $ aux personnes qui ont perdu leur emploi, a permis d'aider plus de 7,5 millions de Canadiens. Ces mesures contribueront à répondre aux besoins en liquidités des ménages canadiens et à permettre aux Canadiens de combler leurs besoins essentiels pendant cette période difficile, comme le logement et l'épicerie.
Monsieur le président, j'aimerais décrire certaines de nos mesures clés à la Chambre et aux Canadiens.
[Français]
Les familles ressentent les répercussions sociales et économiques de la COVID-19 dans leur vie quotidienne. Les parents se préoccupent de pouvoir nourrir leur famille et ils essaient de trouver des moyens créatifs pour jouer le rôle d'enseignant et d'animateur auprès de leurs enfants. Il s'agit d'une période difficile pour beaucoup de familles et nous devons continuer à aider les parents et à investir dans nos enfants.
Ce mois-ci, les familles qui touchent l'Allocation canadienne pour enfants, ou ACE, recevront une somme supplémentaire allant jusqu'à 300 $ par enfant, afin qu'elles puissent faire face aux pressions supplémentaires imposées par la COVID-19. Comme vous le savez, l'ACE est un paiement mensuel non imposable versé aux familles admissibles pour les aider à financer le fait d'élever des enfants de moins de 18 ans.
Depuis son instauration en 2016, l'Allocation a eu une incidence positive sur les revenus des familles. Il s'agit d'une aide qui met l'accent sur les familles qui en ont le plus besoin, car les familles à faible ou moyen revenu touchent des paiements plus élevés. Cette année, les familles admissibles recevront automatiquement ce montant supplémentaire ponctuel de l'ACE dans leur paiement du mois de mai. Les personnes qui reçoivent déjà l'ACE n'ont pas à présenter une nouvelle demande pour obtenir cette bonification ponctuelle.
Cette mesure représente un soutien supplémentaire de près de 2 milliards de dollars pour les familles du pays. Elle aidera les familles à faire face au coût élevé des soins de leurs enfants pendant cette période difficile. Ce n'est que l'une des nombreuses mesures que le gouvernement a mises en place pour aider les familles à surmonter cette crise.
[Traduction]
En plus de ce montant supplémentaire ponctuel de l'ACE, nous avons versé aux personnes et aux familles ayant des revenus faibles ou modestes un paiement complémentaire spécial par l'intermédiaire du crédit pour la taxe sur les produits et services. Cette mesure a permis de verser une prestation moyenne de près de 400 $ pour les personnes seules, et près de 600 $ pour les couples. Dans ma circonscription d'Ottawa-Vanier, ce supplément a aidé des familles en ces temps très difficiles.
Nous sommes également conscients que les Canadiens pourraient avoir du mal à produire leurs déclarations de revenus cette année. C'est pourquoi notre gouvernement a également reporté au 1er juin la date limite de production des déclarations de revenus des particuliers.
C'est un moyen de plus d'alléger le fardeau des Canadiens en cette période où la pression est grande.
Nous avons appris que les étudiants de niveau postsecondaire subissent les répercussions économiques de la COVID-19. De nombreux étudiants se préparaient à commencer un emploi d'été ou un travail dans le cadre d'un programme coopératif, et ils se demandent maintenant comment ils vont payer leur loyer et assumer leurs frais de subsistance de base. Les nouveaux diplômés ont du mal à trouver un emploi valorisant. C'est pourtant un moment charnière de leur vie. Nous devons tout mettre en œuvre pour assurer l'avenir de la prochaine génération.
Afin que les étudiants de niveau postsecondaire aient l'assurance de pouvoir poursuivre leurs études à l'automne, le gouvernement propose des mesures importantes pour les aider. Le gouvernement est là pour les soutenir pendant cette période difficile, que ce soient des étudiants qui comptaient sur leur emploi d'été pour payer leurs frais de scolarité, ou de nouveaux diplômés qui prévoyaient commencer leur carrière. C'est pourquoi j'ai eu le plaisir de prendre la parole à la Chambre, la semaine dernière, au sujet du plan de 9 milliards de dollars visant à aider les étudiants et les nouveaux diplômés à survivre aux prochains mois.
En raison de la COVID-19, il n'y a pas autant d'emplois pour les étudiants que l'année dernière. Sans travail, il peut être difficile de payer les frais de scolarité ou les nécessités quotidiennes. Nous avons proposé la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, qui verserait aux étudiants 1 250 $ par mois de mai à août, et un montant supplémentaire à ceux qui ont des personnes à charge ou un handicap.
Par ailleurs, nous créons jusqu'à 160 000 emplois et offrons d'autres occasions pour les jeunes dans des secteurs qui ont besoin d'un coup de pouce supplémentaire en ce moment, ou qui sont en première ligne de la pandémie. Si les étudiants préfèrent faire du bénévolat et contribuer à la lutte contre la COVID-19, ils pourront avoir droit à une bourse d'une valeur de 1 000 à 5 000 $ dans le cadre de la nouvelle Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.
[Français]
Nous aidons également les entreprises à payer leurs employés même si elles ne peuvent pas ouvrir leurs portes. La Subvention salariale d'urgence du Canada est une subvention salariale de 75 %, jusqu'à concurrence de 847 $ par semaine, destinée aux employeurs de toutes les tailles et de tous les secteurs qui ont subi une diminution de leurs revenus bruts se chiffrant à au moins 15 % en mars et 30 % en avril et en mai. Nous avons créé cette subvention afin de prévenir de nouvelles pertes d'emplois et, surtout, afin d'encourager les employeurs à réembaucher les travailleurs qu'ils ont dû mettre à pied à cause de la COVID-19.
[Traduction]
Nos gestes risquent aussi d'avoir des répercussions profondes. Ainsi, il y aura plus de travailleurs qui conserveront leur emploi, et plus d'employeurs qui seront dans une meilleure posture après la crise, lors de la reprise économique.
[Français]
La pandémie de la COVID-19 a eu un effet profond sur les Canadiennes et les Canadiens des quatre coins du pays. Tous les secteurs de l'économie et toutes les régions du Canada en ont subi les conséquences. Le gouvernement continuera d'évaluer les répercussions de la COVID-19. Nous sommes prêts à prendre d'autres mesures au besoin, et nous continuerons à le faire pour appuyer les Canadiens tout au long de la pandémie. Nous veillerons à ce que notre économie demeure résiliente pendant cette période difficile.
Nous nous en sortirons ensemble et, lorsque cette crise aura été résorbée, nous serons mieux placés pour rebondir ensemble et continuer à bâtir un pays plus fort, un pays où chacun peut réussir.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais partager mon temps avec mes collègues, le député de Chicoutimi—Le Fjord, et le député de Moose Jaw—Lake Centre—Lanigan.
C'est avec un sentiment de profonde gratitude que je prends la parole à la Chambre aujourd'hui. Je suis reconnaissante d'avoir le privilège de servir mes commettants de Port Moody—Coquitlam, d'Anmore et de Belcarra en cette période sans précédent. Je suis heureuse d'être ici, à la Chambre, où la dignité, les rêves, la vie et l'espoir des gens sont façonnés par les lois que nous édictons au sein de cette grande institution démocratique. Je suis fière d'être Canadienne plus que jamais, car je vois les gens de notre pays et de mon milieu mettre en action leur compassion, leur générosité et leur résilience en cette période où les besoins sont criants. Je suis touchée d'avoir l'honneur de servir mon pays dans l'adversité.
J'aimerais profiter de cette occasion pour remercier les professionnels de la santé et le personnel de l'hôpital Eagle Bridge pour les sacrifices qu'ils font tous les jours. J'aimerais remercier les premiers intervenants et les travailleurs essentiels de ma circonscription, qui assurent notre sécurité, nous nourrissent et préservent une certaine normalité pour nous en cette période d'instabilité. Je vous remercie tous de vous exposer au risque en première ligne pendant que vous prenez soin de nous. Vous êtes les héros de cette guerre contre la COVID-19.
J'aimerais également remercier plus particulièrement tous ceux qui ont fait preuve d'une initiative formidable en organisant des campagnes de financement pour les banques alimentaires au moyen de concerts et de galas virtuels. J'aimerais remercier l'organisme Share Family & Community Services et d'autres sociétés et groupes de ma circonscription de continuer à répondre aux besoins en nourriture et en sécurité des sans-abri, des personnes âgées et des familles vulnérables. J'aimerais remercier les personnes et les groupes d'avoir pris la peine de fabriquer des masques maison et d'en avoir fait don aux travailleurs de la santé et aux personnes âgées.
Il y a un autre groupe démographique de Canadiens vulnérables qui rencontrent en ce moment des difficultés sans précédent, à savoir le milieu des affaires. Avec toutes ces fermetures, ces pertes de revenus et ces difficultés à payer le loyer et les factures de services publics, qui s'ajoutent aux déceptions attribuables aux lacunes des prestations d'urgence, auxquelles certains propriétaires d'entreprise ne sont pas admissibles… Je comprends que le processus nécessite du temps, mais la situation est décourageante depuis des semaines. J'aimerais donc remercier Michael Hind et la Chambre de commerce des Tri-Cities d'avoir admirablement bien réussi à informer les propriétaires d'entreprise des différentes prestations gouvernementales, et d'avoir su les encourager. À ceux qui ont répondu à la campagne d'achat local, qui vise à aider les entreprises en milieu urbain à survivre à la pandémie, je vous remercie de donner espoir à nos entrepreneurs. Le Canada a besoin que ses entreprises survivent à la crise.
Malgré ces difficultés, il y a aussi eu des moments de célébration. Je veux féliciter la Dre Mary Anne Cooper, une résidente de Port Moody qui a reçu le prix communautaire de B.C. Achievement. Nous nous réjouissons de ses contributions remarquables à notre patrimoine local et à nos espaces verts, ainsi qu'à sa défense des intérêts des personnes âgées.
J'aimerais également féliciter Novo Textiles, une entreprise de ma circonscription de Coquitlam qui a réussi, sans financement gouvernemental, à rééquiper son usine afin de fabriquer des masques chirurgicaux. L'entreprise approvisionne maintenant en masque la Provincial Health Services Authority de la Colombie-Britannique, Alberta Health, les entreprises de transformation du poisson de la Nouvelle-Écosse, l’équipe de recherche et sauvetage de la Colombie-Britannique et le Port de Vancouver. Prochainement, l'entreprise fabriquera des masques N95 à l'aide d'une machine canadienne et d'un tissu fabriqué en Suisse dont les puissantes propriétés antivirales et antibactériennes peuvent tuer les bactéries à leur contact.
Cet exemple de réussite et les histoires similaires qui commencent à surgir d'un bout à l'autre de notre pays démontrent non seulement les efforts qui sont déployés pour lutter contre la COVID-19, mais aussi l'esprit d'entreprise, d'innovation et de pionnier qui est au cœur de l'identité canadienne. Je suis tellement fière qu'une telle chose se passe ici, dans ma propre circonscription. C'était un honneur de contribuer à accélérer le processus de transition de Novo Textiles pour que l'entreprise devienne un des premiers fabricants de masques N95 au Canada.
Pour continuer à rendre hommage à nos Canadiens, j'aimerais souhaiter un joyeux mois du patrimoine à tous les membres des communautés néerlandaises, asiatiques et juives, et célébrer leur histoire, leur culture et leurs contributions qui enrichissent et renforcent notre pays.
Cette semaine, nous soulignons également la Semaine de la santé mentale. Je suis très heureuse d'entendre que de nombreux sujets sensibles à ce chapitre ont été abordés à la Chambre. La pandémie de la COVID-19 a mis à l'épreuve de nombreux volets de notre condition humaine. Elle a plus particulièrement eu des répercussions sur notre santé mentale individuelle et collective. La situation a apporté son lot de chocs, de changements, de deuils et de réflexions.
Pour ma part, je n'avais pas vraiment réalisé jusqu'à ce que je me rende à l'Aéroport international de Vancouver pour prendre un avion et que je voie l'aéroport vide. Je me suis alors rendu compte de la situation dans laquelle nous nous trouvons réellement et de la fragilité de notre économie. Je n'ai pas vu les gens et les foules qui s'y trouvent habituellement, et qui témoignent d'une industrie en santé. Les temps sont durs.
J'ai récemment discuté avec une organisation à but non lucratif, Not 9 to 5, qui revendique la sensibilisation à la santé mentale et le soutien à l'industrie de l'accueil. Parmi les nombreuses industries qui ont été touchées par des fermetures attribuables à la COVID-19, l'industrie de l'accueil est peut-être une des plus vulnérables. Elle compte certainement pour une part importante de ma circonscription ainsi que de la Colombie-Britannique.
Selon la Commission de la santé mentale du Canada, la toxicomanie, l'insécurité socioéconomique et le chômage sont des facteurs de risque élevé de suicide et de comportement suicidaire. D'après l'organisation Not 9 to 5, l'industrie d'accueil était déjà aux prises avec une grave crise de santé mentale avant même l'arrivée de la pandémie du coronavirus. Or, nous pourrions maintenant assister à une hausse des taux de suicide, compte tenu des difficultés supplémentaires causées par l'isolement et l'anxiété attribuables à la pandémie.
Voilà qui me révèle la présence d'une grande pandémie généralisée. L'accueil est une industrie, mais l'ensemble des Canadiens vivent une période sans précédent de traumatisme, de peur, d'anxiété et d'impuissance, avec tous les défis que représentent les pertes financières, l'isolement, la peur du virus lui-même et l'incertitude quant à l'avenir. Je sais que bon nombre de personnes n'ont pas eu l'occasion de faire leur deuil et d'accepter ce qui se passe en ce moment. Je ne sais même pas à quoi la situation va ressembler d'ici quelques semaines, voire quelques mois.
C'est dans un moment comme celui-ci que je trouve important que nous, les parlementaires, et surtout le gouvernement, qui a les moyens d'agir, évaluions vraiment les répercussions à long terme de la crise sur le plan de la santé mentale. Nous devrions peut-être voir la situation comme une occasion de redéfinir la façon dont les Canadiens perçoivent la santé mentale, et la façon dont nous y réagissons. Nous ne devrions peut-être pas nous en remettre entièrement aux provinces à ce chapitre. Nous devrions plutôt proposer un cadre fédéral qui régirait non seulement les interventions immédiates, mais aussi les solutions à long terme.
Je demande à tous les députés, de toutes allégeances confondues, de réfléchir à la forme que pourrait prendre un tel cadre. L'objectif est non seulement d'aider les Canadiens à traverser cette pandémie, mais aussi de définir un parcours à long terme où les soins de santé mentale seraient accessibles et feraient partie du quotidien, au même titre que les soins de santé physique.
En 2006, le gouvernement conservateur a proposé un projet de loi sur la santé mentale. Nous avons reconnu la nécessité de surveiller les initiatives de santé mentale, mais c'était il y a 14 ans. Nous devons revoir la santé mentale et passer à l'étape suivante. Il n'y a pas de meilleur moment que maintenant. Et si la nécessité est mère de toute invention, laissons-la commencer aujourd'hui son travail, compte tenu du besoin de surveillance et de financement des soins de santé mentale que nous observons, et en partenariat avec toutes les instances gouvernementales et les organisations de première ligne.
Nous sommes aujourd'hui frappés par une autre pandémie parallèle à celle de la COVID-19: la pandémie de violence familiale. En 2018, environ le tiers de tous les crimes violents signalés à la police ont été commis par des partenaires intimes.
La COVID-19 a créé un scénario parfait pour que la violence familiale monte en flèche. Tri-City Transitions est un refuge pour femmes battues et un fournisseur de services pour les familles et les victimes de violence familiale au sein de ma circonscription. Je me réjouis que ma collectivité compte une organisation semblable, qui offre des programmes pour répondre aux besoins immédiats et pour assurer le rétablissement à long terme, et qui est au service de la collectivité depuis 45 ans. J'ai parlé avec Carol Metz, qui travaille depuis de nombreuses années au refuge. Lors d'une discussion sur Zoom, elle a déclaré que le refuge a ouvert 20 nouveaux dossiers depuis que la pandémie de la COVID-19 a provoqué un éloignement social et des fermetures. Les familles sont tendues sur le plan relationnel, et même les relations les plus solides sont mises à l'épreuve.
Elle a souligné la nécessité d'offrir des programmes à plus long terme pour aider les femmes, qui représentent 80 % des victimes de violence conjugale. Or, elle a également précisé qu'il fallait des programmes pour aider les agresseurs à composer avec les problèmes qui provoquent leur colère, leur violence et leur comportement abusif.
Même si le gouvernement a déclaré que les fonds sont versés dans les comptes bancaires des refuges et des centres d'aide aux victimes d'agression sexuelle, nous ignorons les détails entourant la distribution de l'aide, de sorte qu'il n'y a aucun moyen de déceler les lacunes. Il est temps d'examiner plus en détail la violence familiale et de nous attarder à ces questions, sans quoi nous aurons toute une génération de familles souffrant de troubles de stress post-traumatique et de toutes sortes de traumatismes. Il faut briser le cycle. Nous devons dès maintenant atténuer les effets au moyen de solutions qui passent non seulement par une aide immédiate, mais aussi par un travail de rétablissement à court et à long terme.
Je me réjouis de voir les initiatives que le gouvernement a entreprises pour sensibiliser la population, mais il faut aller plus loin. Les services de conseils s'inscrivent dans une démarche qui doit être cohérente du début à la fin, et j'espère que certains de ces services seront offerts à long terme afin d'aider les gens à trouver la stabilité dans le cadre de ces relations.
Alors que nous avançons vers l'avenir, j'espère qu'au cours de la présente Semaine de la santé mentale, tous les députés réfléchiront sérieusement à ce que les soins de santé mentale devraient être aujourd'hui et pour la prochaine génération.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, c'est un honneur de siéger à la Chambre aujourd'hui pour faire état des préoccupations des citoyens de Chicoutimi—Le Fjord en ces temps incertains.
Le Parlement n'avait jamais fermé auparavant; c'est une première. Alors que le pays était en crise, les citoyens se tournaient vers leurs leaders. Malheureusement, pendant plusieurs semaines, c'était l'impasse avec le gouvernement et on ne pouvait pas faire avancer leurs dossiers.
J'ai vécu cela en tant qu'entraîneur. Quand on s'entoure de gens qui pensent juste comme soi, on peut rarement innover et s'améliorer. C'est pour cela que nous avons fait tellement d'efforts pour être ici. Nous aurions préféré y être plusieurs jours par semaine, mais nous prendrons ce que nous avons.
J'ai passé la période des questions à soulever plusieurs dossiers qui touchaient autant des particuliers que des entreprises. Je comprends que la situation actuelle est exceptionnelle, que nous avançons tous ensemble dans l'incertitude et que le gouvernement agit du mieux qu'il peut pour aider la population dans le besoin. Par contre, j'aimerais que le gouvernement coopère davantage avec les députés de l'opposition conservatrice, car je pense que nous pourrions contribuer à trouver des solutions positives à la crise de la COVID-19. Le gouvernement aurait tout avantage à travailler avec nous pour le bien des Canadiens sans utiliser le temps des parlementaires pour tomber dans des enjeux partisans comme le contrôle d'armes à feu d'honnêtes propriétaires.
Cela dit, dans un esprit de collaboration, je désire soulever quelques problèmes aux programmes habituels du gouvernement. Nous espérons bonifier ces programmes pour aider une plus grande partie de la population. Je pense que les parlementaires pourraient être les plus grands alliés du gouvernement dans cette bataille contre la COVID-19. Nous sommes les personnes qui écoutent les problèmes des citoyens et des entreprises et nous les aidons à trouver des solutions.
Avec Service Canada, des mesures ont été mises en place pour mieux nous soutenir en tant que parlementaires. Du côté de l'Agence du revenu du Canada, c'est plus difficile, entre autres parce que la ligne parlementaire a été fermée. Présentement, plusieurs personnes tombent entre deux chaises et nous sommes les seuls à pouvoir leur venir en aide. Nous comprenons que le gouvernement annonce des programmes rapidement sans avoir nécessairement tous les détails afin de réagir le plus vite possible. Par contre, plusieurs citoyens restent oubliés.
Je comprends que nos fonctionnaires travaillent d'arrache-pied ces derniers temps, mais je pense qu'ils devraient avoir le droit de faire certaines interprétations des règlements qui sont vagues. Je pense entre autres à ceux qui ont été poussés vers l'assurance-emploi en raison des blocages sur les voies ferrées et à ceux plus prévoyants que la moyenne qui se sont placés en confinement avant le 15 mars. Ils n'ont pas droit à la PCU comme la majorité des gens.
Pour ce qui est des particuliers, je suis outré que le gouvernement ait apporté une aide aussi généreuse aux étudiants, ceux-là mêmes qui travaillent dans nos services essentiels en période estivale. Ce sont les personnes les moins vulnérables à la COVID-19, pourtant ce sont elles qu'on encourage le plus à rester chez elles. On nivelle vers le bas au lieu d'offrir des incitatifs au travail. C'est sûr que certains commerces connaîtront des difficultés et ne pourront pas réengager leur personnel habituel. Il faut absolument ajouter un incitatif au travail. Par exemple, pourquoi ne pas offrir davantage de prêts et bourses à ceux qui travaillent durant l'été? C'est le genre de politique qui minimisera l'aide aux jeunes et récompensera ceux qui ont travaillé dans nos fermes, dans nos commerces ou même dans nos soins de premières lignes.
J'encouragerais aussi le gouvernement à travailler avec les provinces pour bonifier l'aide aux aînés au temps de la COVID-19. Ces personnes âgées sont en isolement forcé et sont les plus vulnérables face au virus. Plusieurs doivent s'acheter des appareils électroniques, installer Internet pour rester connectées avec leur famille et commander leur épicerie en ligne pour leur propre sécurité. Cette crise leur occasionne plus de dépenses. Est-ce qu'une aide sera envisagée pour eux?
Mon attention se tourne maintenant vers les entreprises. Le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes est un bon programme, mais beaucoup trop contraignant. Pourquoi ce programme ne vient-il pas en aide aux entreprises en démarrage qui viennent de commencer, à ceux qui malheureusement n'ont pas eu la chance de verser 20 000 $ en salaire cette année, à ceux qui gèrent leur entreprise avec un compte-chèques pour particulier, à ceux qui paient leurs employés en T4A ou en contrat de service, et à ceux qui se paient en dividende ou en partage de revenus? Il y a plusieurs manières de gérer une entreprise au Canada. Je suis convaincu que le est bien au fait de cela.
De nombreuses entreprises tombent entre deux chaises, alors qu'il serait facile de leur octroyer un prêt de 40 000 $ remboursable. Ce n'est pas un programme difficile à bonifier. C'est un programme qui peut faire la différence dans la survie d'une entreprise.
En parlant de survie d'entreprise, plusieurs espéraient obtenir la subvention salariale d'urgence pour garder leurs employés au travail et faire rouler l'économie. À mon avis, ce programme laisse deux énormes vides.
Premièrement, pourquoi les entreprises avec un lien de dépendance n'ont-elles pas droit à cette aide? C'est un non-sens. On s'ingère littéralement dans la gestion de nos entreprises canadiennes. Qu'elles aient un lien de dépendance ou non, elles ont besoin d'aide.
Deuxièmement, pour les employés avec un lien de dépendance, on demande de tenir compte de la moyenne salariale entre janvier 2020 et mars 2020. De nombreuses entreprises du secteur touristique ou des entreprises liées au camping ont plusieurs employés saisonniers qui ne travaillent pas entre janvier et mars. Pour eux, selon cette règle, le montant de subvention est nul.
Enfin, l'aide d'urgence au loyer commercial me laisse un peu perplexe. Comment le gouvernement compte-t-il faire pour s'ingérer dans un bail de location entre deux entreprises et forcer un propriétaire à accepter une réduction de loyer de 25 %? C'est un jeu dangereux auquel joue le gouvernement. Soit il aide le locataire à hauteur de 50 % ou 75 %, soit il offre des prêts aux propriétaires en attendant qu'ils soient payés par les locataires. Cependant, forcer un propriétaire à réviser son contrat à la baisse remet complètement en question l'état de droit. C'est un nœud coulant qui peut glisser très vite. J'inviterais donc le gouvernement à faire preuve de prudence sur cet enjeu et à revoir la structure de ce programme.
J'ai bon espoir que le gouvernement libéral prendra en compte mes suggestions. Après tout, les problèmes soulevés ici ne se retrouvent pas simplement dans Chicoutimi—Le Fjord, mais bien partout au pays. Bien que ce soit la chose à faire, ces programmes coûteront extrêmement cher au Canada et nous ne pouvons pas nous permettre d'endetter les prochaines générations. Nous avons déjà un système de taxation peu compétitif avec le reste de l'Amérique du Nord. Notre système fiscal est lourd et peu efficace. Je me permets donc de mettre le gouvernement en garde contre l'augmentation de toute taxe qui étoufferait davantage nos citoyens et nuirait à la reprise économique.
En vue d'un plan de relance, j'invite le gouvernement libéral à accélérer les projets d'infrastructure, à rendre l'investissement au Canada plus facile et, surtout, à favoriser les projets privés de ressources naturelles, qui sont de l'ordre de 200 milliards de dollars et qui sont à l'étude présentement au Canada, comme le projet de GNL Québec dans ma circonscription.
Avant la crise de la COVID-19, GNL Québec recevait environ 64 % d'appui dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean. C'est un projet d'envergure vert qui est prêt à être construit dès 2021 et qui donnera certainement un coup de pouce à l'économie canadienne.
Dans ma région, nous avons été moins touchés par la COVID-19, alors que le monde revoyait ses habitudes sanitaires. C'est une occasion rêvée de décentraliser les investissements dans les grands centres pour les diriger vers les régions. Avec des programmes plus flexibles et adaptés aux réalités plus rurales, les régions pourront avoir un rôle de chef de file dans la reprise de l'économie canadienne.
Si une autre vague ou une autre catastrophe sanitaire devait s'abattre un jour, les régions, qui jouissent d'une position isolée, pourraient permettre de maintenir une économie solide en cas de paralysie dans les grands centres. J'encourage donc le gouvernement à faire preuve d'audace et à favoriser l'investissement en région. C'est à ce moment-là que nous pourrons atteindre notre plein potentiel économique et que nous pourrons rembourser rapidement cette dette énorme qui pèse sur notre pays.
La crise de la COVID-19 est une crise sans précédent du XXIe siècle. Nous comprenons que le gouvernement est dans une situation difficile. Je tiens aujourd'hui à lui tendre la main afin qu'il puisse faire preuve d'ouverture et de flexibilité en adoptant certaines des propositions que j'ai mises en avant. Je suis convaincu que cela aidera beaucoup de personnes et d'entreprises, et que ces pistes de relance permettraient de relever le pays rapidement.
Je vous remercie de m'avoir accordé ce temps de parole. Cela a été un privilège de partager la préoccupation de mes concitoyens en cette période historique.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Comme l'ont dit un grand nombre de mes collègues avant moi, je suis extrêmement heureux d'être ici aujourd'hui, bien que nous soyons présents en nombre très réduit à la Chambre. Je me souviens de la première fois où je me suis levé en cette chambre pour formuler des commentaires, il y a plus de 16 ans. J'étais intimidé, ébahi. Je ne savais pas exactement ce que j'allais dire et comment je réussirais à articuler mes paroles. Je me souviens de m'être levé et d'avoir vu de nombreux sièges vides devant moi.
Je voulais dire à tous les députés ici présents que même après 16 ans, j'ai manifestement toujours la capacité d'attirer les foules.
Des députés: Ha! ha!
M. Tom Lukiwski: Je tiens donc à remercier les personnes présentes aujourd'hui.
Monsieur le président, nous vivons dans un monde des plus étranges. Je pense que tout le monde ici le sait. Personne ne peut le nier. C'est presque comme si le monde était à l'envers.
Qui aurait prédit, il y a deux mois à peine, le genre de monde dans lequel nous vivons aujourd'hui? Qui aurait prédit, il y a deux mois, que nous vivrions dans un monde entièrement confiné, un monde où les gens ne peuvent pas sortir de chez eux, où le gouvernement leur demande de rester à la maison, et où ils ne peuvent se rendre chez un voisin pour prendre une tasse de café, inviter leurs petits-enfants en visite et assister à des funérailles? Personne n'aurait pu le prévoir.
Qui aurait prédit, il y a deux mois, que littéralement des dizaines de millions de gens perdraient leur emploi du jour au lendemain? Qui aurait prédit, il y a deux mois à peine, que plus de trois millions et demi de gens auraient contracté ce virus mortel à ce jour? On dénombre les morts dans la plupart des démocraties et des pays industrialisés, et, en fait, dans toutes les régions du monde. Les gens continuent de mourir de la COVID-19. Qui l'aurait prédit? La réponse est « personne », bien entendu.
Qu'a fait notre pays, qu'ont fait les autres pays pour lutter contre cette pandémie? Je dois dire qu'en général, la plupart des pays dont j'ai entendu parler ont accompli un travail exceptionnel. Ils ont instauré des protocoles sanitaires pour aplatir la courbe de la pandémie et pris des mesures économiques pour tenter d'aider leurs citoyens. Ils ont fourni de l'aide financière à ceux qui ont perdu leur emploi et offert rapidement du soutien aux entreprises qui ont dû fermer leurs portes.
Ces initiatives économiques, qui n'étaient pas seulement nécessaires, se sont avérées efficaces. Le problème, c'est à quel coût pour l'économie? Au Canada, le déficit atteindra environ 250 milliards de dollars pour cette année seulement, et ce chiffre va croissant alors que le gouvernement poursuit ses dépenses. Cet apport financier était-il nécessaire? Oui. Mais que se passera-t-il dans deux mois? Le jour où nous devrons rendre des comptes n'est pas encore arrivé, mais ne saurait tarder.
Je veux passer le reste du temps qui m'est accordé ici pour simplement réfléchir quelques instants à ce que le gouvernement a fait pour tenter de se préparer, du point de vue économique, à la situation dans laquelle nous nous trouvons maintenant, et pour établir des comparaisons avec le gouvernement précédent, dont j'ai fait partie pendant neuf ans. Je peux vous dire qu'en dépit des affirmations du gouvernement, qui assure que ses initiatives l'ont financièrement mis dans une bonne position fiscale lui permettant de traverser la tempête que nous connaissons aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Oui, il est vrai que le ratio entre la dette nette et le PIB est de 30 % ou d'un peu plus. Le gouvernement continue de brandir ce chiffre comme un exemple montrant que l'économie se porte bien alors qu'il dirige le pays.
Je conviens que l'économie semble avoir le vent dans les voiles, mais ce que le gouvernement ne dit pas et ne rappelle pas à la population, c'est que la dette du Canada s'est accrue de plus de 70 milliards de dollars au cours des quatre premières années de son mandat, soit de 2015 à 2019. N'importe quel économiste ou analyste financier vous dira que c'est pendant les années de vaches grasses que les gouvernements doivent mettre de l'argent de côté pour les mauvais jours. Ils devraient rembourser la dette et économiser en prévision d'une récession, d'un impondérable ou d'une calamité quelconque.
À l'heure actuelle, il ne fait pas que pleuvoir; il tombe des cordes. À mon avis, le gouvernement, en dépit de ses rodomontades, n'était absolument pas préparé, du point de vue économique et fiscal, à affronter la situation où nous nous trouvons aujourd'hui.
Comment nous remettrons-nous sur pied? C'est une question que je veux poser au gouvernement au moment opportun. J'admets que ce n'est pas le moment. Prenons un instant pour comparer la situation dans laquelle le gouvernement se trouve avec certaines initiatives que le gouvernement conservateur précédent a prises de 2006 à 2015. Quand j'ai été élu la première fois, en 2004, mon parti était en situation minoritaire, mais nous avons été portés au pouvoir en janvier 2006. Je peux rappeler aux députés qu'au cours des deux premières années de son mandat, le gouvernement conservateur a remboursé 40 milliards de dollars de la dette tout en faisant passer la TPS de 7 à 5 %.
En 2008-2009, une récession a frappé le pays et le reste du monde. Cette récession mondiale a été provoquée par la crise des prêts hypothécaires à risque qui a vu le jour aux États-Unis. Notre gouvernement, admettant qu'il fallait intervenir, a emprunté 50 milliards de dollars afin de l'investir pour stimuler l'économie, principalement dans le cadre de projets d'infrastructure prêts à aller de l'avant dans les diverses régions du pays. Que s'est-il passé? L'initiative a fonctionné. Notre économie s'est sortie de la récession avant celle de tous les autres pays du monde. Quand nous avons remis les rênes du pouvoir en 2015, nous avions renoué avec l'équilibre budgétaire.
C'est la responsabilité et la retenue fiscales, deux thèmes que le gouvernement actuel ne comprend pas vraiment, à mon avis.
Je ferais remarquer aux députés qu'au cours des quatre premières années que nous avons passées dans l'opposition après les élections de 2015, nous avons continuellement demandé au quand le gouvernement atteindrait l'équilibre budgétaire, une question à laquelle il a toujours refusé de répondre. Je suis certain que ce n'est pas parce qu'il ne voulait pas répondre, mais parce qu'il ne savait pas quoi répondre. Il ne pouvait dire quand le gouvernement présenterait un budget équilibré.
Réfléchissez-y juste un instant. Le ministre des Finances du Canada, qui est sans doute la personne la plus influente et la plus puissante du pays à l'exception d'une seule autre personne, ne pouvait pas répondre à une question simple: quand votre budget sera-t-il équilibré? Si ce n'était pas suffisamment déplorable à l'époque, alors que l'économie allait relativement bien, que répondrait aujourd'hui le à cette question aujourd'hui? Comment pourrait-il y répondre?
Selon moi, le gouvernement ne dispose que de deux options dans l'avenir, alors que nous espérons sortir de la crise sanitaire et de la pandémie de la COVID-19. Il peut faire deux choses: réduire les dépenses ou augmenter les impôts. Mon collègue qui est intervenu avant moi a déjà indiqué qu'il ne conviendrait tout simplement pas de hausser les impôts maintenant en raison des répercussions négatives que pareille mesure aurait sur l'économie canadienne. Voilà qui nous laisse la première option, soit celle de réduire les services gouvernementaux. Or, je n'ai jamais vu de gouvernement moins susceptible d'agir ainsi que le gouvernement siégeant du côté opposé au mien aujourd'hui.
Je m'adresse aux députés du côté opposé pour leur demander de réfléchir longuement et attentivement à la question. Quelles initiatives doivent-ils envisager? Que feront-ils non seulement pour que l'économie canadienne se rétablisse, mais aussi pour que nous commencions à rembourser notre immense dette. Ce ne sont pas moi, mes enfants, ni même mes petits-enfants qui devrons la rembourser. Si le gouvernement se trouve dans cette situation navrante, c'est en partie de sa faute.
Les Canadiens méritent mieux, monsieur le président.
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Je vous remercie, monsieur le président.
D'abord, je vous annonce que je vais partager mon temps de parole avec mes honorables collègues de et de .
Je vais vous avouer bien humblement que je suis surprise de me retrouver ici, pour une troisième fois depuis le début de la crise, à reparler de la situation précaire des aînés. Nous nous réunissons aujourd'hui dans des circonstances toujours aussi exceptionnelles et dramatiques. Au risque de me répéter, j'espère seulement que cette fois-ci sera la bonne et que le gouvernement répondra enfin aux demandes répétées des aînés.
Je me sens investie du devoir de défendre ceux et celles qui ont contribué au Québec et même au Canada d'aujourd'hui. Les gens de 65 ans et plus sont nés entre les années 1930 et 1950, des moments de grands bouleversements et de grands changements partout. Ces gens ont contribué, pour certains, à la Révolution tranquille et à ses suites. Ils ont vécu la naissance et le développement de l'État-providence.
Maintenant, ils en voient le revers. Ils ont payé toute leur vie pour contribuer à cette société solidaire, mais finalement, il n'y a pas assez d'argent pour eux. Ces gens sont nos parents, nos grands-parents et même nos arrière-grands-parents. Le rythme fou et effréné de cette vie dite moderne a fait en sorte que nous nous sommes lentement éloignés d'eux. Plusieurs sont seuls, vraiment seuls.
Je suis encore jeune et, quand je regarde la situation actuelle, je ne veux pas vieillir dans un monde comme cela, où une ingratitude institutionnalisée favorise une certaine déshumanisation. Je ne parle pas du personnel soignant et des proches aidants, au contraire. Ils en sont eux aussi les victimes. J'aimerais qu'on leur redonne un peu de dignité. Ils ont manifestement besoin de nous et de mesures immédiates et directes de notre part.
La crise actuelle est source de difficultés économiques sévères pour les aînés. Certains semblent penser que l'arrêt de l'économie n'affecte pas les aînés puisqu'ils ne sont plus des travailleurs, mais c'est inexact. D'abord, un bon pourcentage d'entre eux travaillent, surtout les femmes âgées, ce qui illustre, à mon avis, l'urgence des mesures demandées. En effet, s'ils reçoivent un revenu de pension et qu'ils sentent l'obligation de travailler, de toute évidence, leur revenu de soutien ne doit pas être suffisant.
Ensuite, leurs revenus de placements, soit les économies qu'ils ont amassées en vue de leur retraite pour justement ne pas avoir besoin de travailler ou de recevoir le Supplément de revenu garanti, se sont écroulés. La plupart d'entre eux ont un revenu fixe, leur pension, mais le coût de la vie augmente pour tout le monde, qu'il s'agisse du coût des loyers, de l'épicerie, des médicaments ou des services.
En 1975, la pension de vieillesse couvrait 20 % du salaire industriel moyen. Aujourd'hui, c'est 13 %. Le résultat est que la pension de vieillesse ne permet souvent même pas de sortir de la pauvreté. Augmenter le revenu des aînés va non seulement leur permettre d'avoir un niveau de vie décent, ce qu'ils méritent depuis longtemps, mais cela va aussi les aider à faire face à la crise actuelle. Le Bloc québécois faisait de cette demande une priorité bien avant cette crise en demandant une bonification du Supplément de revenu garanti.
Lors de la campagne électorale, le gouvernement semblait sensible à ce problème et s'était engagé à hausser de 10 % les prestations de la Sécurité de la vieillesse. Si elle avait été appliquée, cette mesure aurait sûrement changé énormément les choses dans cette crise. En comité, vendredi dernier, Mme Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ, invitait le gouvernement à respecter enfin cet engagement. Cependant, cet engagement se limitait aux gens âgés de 75 ans, ce qui est insensé. Ne faisons pas de discrimination fondée sur l'âge en créant deux classes d'aînés. Les aînés ont aussi des besoins. Ils ne sont pas tous en CHSLD ou dans des résidences de luxe. L'âgisme ne favorise pas la bientraitance des aînés.
Un premier constat s'impose donc: les aînés sont également très affectés par la crise actuelle, non seulement sur le plan économique, mais aussi dans l'organisation même de leur quotidien, avec le confinement et l'isolement. Ils n'ont plus d'aide de leur famille ou pour le maintien à domicile, par exemple.
Un autre élément dont j'aimerais parler est le fait que la crise économique qui émane de la pandémie de la COVID-19 va malheureusement mettre plusieurs entreprises en situation précaire. Les travailleurs et, surtout, les retraités de ces entreprises seront encore une fois les plus touchés. Ils risquent de perdre leur fonds de pension ou d'en perdre une grande partie.
C'est pourquoi le Bloc québécois propose, depuis bien avant cette crise, des mesures pour protéger les revenus de placements en temps de chute boursière. D'ailleurs, vendredi dernier, en comité, Mme Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ, défendait la mesure mise en avant par le Bloc québécois à la Chambre, soit celle de définir les retraités comme créanciers principaux et prioritaires en cas de faillite, en modifiant la Loi sur la faillite et l'insolvabilité et la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.
Cela m'amène au deuxième constat: même les retraités ayant un régime de retraite ne sont pas à l'abri des conséquences financières possibles de la COVID-19.
Même s'il nous faut être lucides face à la situation et admettre nos problèmes, l'heure n'est pas à la partisanerie, et, de toute façon, ce n'est pas notre habitude. Je réitère donc notre volonté de collaborer avec le gouvernement pour trouver des solutions maintenant. Des revenus décents auraient au moins pu aider les aînés à répondre eux-mêmes à la crise, à mieux planifier leur confinement, à rester en contact avec leur famille et leurs amis grâce à Internet, notamment, et à se procurer des biens essentiels en ligne. Cette sécurité économique et l'impression de ne pas être complètement seuls auraient beaucoup réduit ce stress dont ils n'ont pas besoin à cette étape de leur vie.
Nous saluons le fait que le gouvernement accueille et entende nos propositions. Nous voulons contribuer le plus possible en exerçant notre rôle de parlementaires. Notre rôle et notre tribune sont exceptionnels, et nous avons le devoir de les utiliser à bon escient.
Le troisième constat est que le contexte actuel exacerbe un problème qui nous affligeait depuis longtemps. C'est triste qu'il ait fallu une crise sanitaire pour que le gouvernement agisse et pour que nous prenions tous conscience collectivement de la situation des aînés et de leur entourage.
Après avoir fait ces trois constats, l'inaction est difficile à défendre. L'inaction était difficile à défendre avant la crise et maintenant, les délais sont difficiles à défendre. Sachant que de l'aide est arrivée relativement rapidement pour différents segments de la population, chaque journée où aucune aide n'est apportée à ceux et celles qui sont les principales victimes de cette crise sanitaire rend le gouvernement plus indigne de sa responsabilité.
Plutôt que de s'inspirer de nos critiques pour agir souvent trop tard, le gouvernement ne voudrait-il pas nous faire participer directement? Peut-être saurions-nous ainsi agir à temps. Si le gouvernement manque de temps ou de créativité, il peut profiter de la force du groupe et demander l'aide des autres partis.
Il y a des solutions. L'augmentation des revenus de retraite a été maintes fois expliquée par notre formation et elle reçoit l'appui d'organismes comme la FADOQ. D'ailleurs, cette augmentation a été promise par le Parti libéral lors de sa campagne électorale. Il ne reste maintenant qu'à la mettre en place.
Parce que les aînés ne sont pas qu'un poids économique, mais une force grise, parce qu'ils ont le droit de vieillir dans la dignité, agissons.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis heureux de vous retrouver. Je m'étais quasiment ennuyé de vous. Je suis content de vous revoir aujourd'hui.
Je vais commencer par saluer le travail des travailleurs des services essentiels de ma circonscription, qui font un travail magnifique et qui doivent aller travailler, même si quelquefois il y a des incitatifs à rester chez soi, comme la Prestation canadienne d'urgence. Je trouve que ce sont des gens courageux qui mettent leurs priorités au bon endroit.
Avant de commencer dans mon discours, je vais faire un petit aparté.
Plusieurs personnes de ma circonscription ont appelé à mon bureau pour avoir des informations sur la PCU. Parmi eux, il y avait un monsieur qui travaillait au noir. Il trouvait complètement injuste que les gens qui ne déclarent pas leurs revenus n'aient pas accès à la PCU. Je lui ai fait un peu la leçon en lui disant que, quand il va à l'hôpital et qu'il profite des services publics, ce sont les taxes et les impôts qui financent ces services.
Je trouve assez ironique d'avoir entendu tout à l'heure, en réponse à certaines questions, des députés d'en face dire qu'on allait permettre aux entreprises inscrites dans des paradis fiscaux de bénéficier des mesures que le gouvernement met en place. Disons que cela vient briser un peu la pédagogie que j'ai faite avec ce citoyen qui travaille au noir. J'ai même l'impression que cela vient encourager le travail au noir. De toute façon, il y a quelqu'un de mieux placé que moi, mon collègue de Joliette, qui pourra vous en faire la démonstration tout à l'heure.
À la même période l'an passé, si j'avais dit à quelqu'un qu'on allait traverser une des pires crises sanitaires que le Canada ait connue, probablement que personne ne m'aurait cru. C'est cela, le propre d'une crise. Tant que ce n'est pas concret, on n'y porte pas attention. Nous sommes en train de vivre concrètement cette crise que certaines personnes avaient annoncée en parlant d'une pandémie possible de SRAS. Elles nous avaient déjà donné une indication de ce que cela pouvait être.
Je pense à ce qu'on a fait un peu plus tôt en soulignant le 75e anniversaire de la libération des Pays-Bas. Devant une crise ou une guerre, on a quelquefois la réaction de se dire « plus jamais ça ». On veut que ça ne se reproduise jamais.
Je vais partir de cela pour voir quel pourrait être le rôle de la science dans la présente crise. Je suis le porte-parole en innovation et en sciences pour ma formation politique.
Disons brièvement que nous, les décideurs publics, nous avons une obligation morale. Il nous faut faire en sorte que la crise d'aujourd'hui ne se reproduise pas. Cette crise a des effets directs assez problématiques. Pensons uniquement aux personnes âgées qui, comme ma collègue en a fait état tout à l'heure, sont un peu laissées à elles-mêmes par la force des choses, puisqu'on doit mettre en place des mesures sanitaires. Comment va-t-on arriver à régler cette situation? Assurément, le financement des soins de santé aura un rôle à jouer. J'y reviendrai.
Je voudrais revenir sur ce qu'a été l'orientation de mon parti politique depuis le début de la présente législature.
Le Bloc québécois s'est inscrit dans la coopération avec le gouvernement. Cela nous a valu certains succès, en particulier dans le dossier de l'aluminium. Or j'ai l'impression qu'il faut donner un second souffle à cette idée de collaboration. Dans la perspective de la sortie de crise, notre parti pourrait apporter sa contribution, comme il l'a fait lorsqu'il a été question de mettre en place la PCU en soumettant ses idées.
J'aimerais réfléchir avec vous et faire part de quelques points au gouvernement au sujet d'une stratégie de sortie de crise.
Une crise se déroule en deux temps. Dans le premier temps de cette crise que nous vivons, le gouvernement a agi en mode réactif, c'est-à-dire qu'il a éteint des feux. C'est ce qu'il a fait, entre autres, par la mise en place de la PCU et de la Subvention salariale d'urgence. Il fallait parer au plus urgent. Dans le second temps de la crise — et c'est là que ce sera intéressant pour nous —, on tombera dans un mode plutôt analytique ou prospectif, pour utiliser des grands mots. Pour faire court, on va chercher à « comprendre », à « prévenir », à « anticiper », et on va proposer des solutions concrètes applicables.
En ce sens, on ne peut pas faire l'économie d'une réflexion sérieuse sur le travail de la recherche, puisque, effectivement, c'est à partir de la recherche qu'on peut arriver à endiguer quelque chose comme la pandémie actuelle.
Je vois donc deux grandes perspectives de sortie de crise. Il faudra arriver à développer des mécanismes nous permettant de contrôler les maladies infectieuses, mais il y a aussi une autre perspective assez intéressante, celle qui va de pair avec le redémarrage économique. Qu'est-ce qu'on retiendra de la crise? Peut-être qu'une chose abstraite comme les changements climatiques pourra prendre une dimension concrète. Dans le cadre du redémarrage économique, il faudra utiliser nos ressources scientifiques pour trouver des façons de prévenir d'éventuelles crises incontrôlables, comme celle du réchauffement climatique.
Il y a donc ces deux grandes dimensions, mais j'ai quand même une certaine crainte, parce que, tout à l'heure, au sujet de la sortie de crise, nos amis du Parti conservateur ont parlé de la dette publique. Je suis conscient qu'il y a une augmentation de la dette publique en période de crise, mais il ne faudrait pas que le gouvernement fédéral revienne à ses bonnes vieilles habitudes, qui consistent à couper dans les transferts aux provinces. C'est ce qui a donné naissance au déséquilibre fiscal, qui s'est traduit par un sous-financement chronique des soins de santé. Nous en subissons aujourd'hui les conséquences, au Québec. Ce sous-financement a donné lieu à des services déficients dans certains centres pour personnes âgées. Il faudra donc y porter une attention particulière. C'est vrai que les ressources ne sont pas illimitées et qu'il faut veiller à des finances publiques saines, mais il ne faudrait pas retomber dans le déséquilibre fiscal et revenir à un sous-financement des soins de santé.
Il y a un deuxième élément assez important à considérer en ce qui concerne la sortie de crise. J'ai peur que le gouvernement décide d'investir massivement, comme il l'a déjà fait un peu, dans les hydrocarbures. Les sables bitumineux ne sont plus une source d'énergie rentable. Ce serait donc une erreur flagrante, à mon avis, de vouloir sauver les sables bitumineux en sortie de crise, tandis qu'il y a d'autres secteurs économiques très intéressants. Je pense notamment au secteur forestier, qui est très prometteur. Ce serait une bonne stratégie d'investir dans le secteur forestier en sortie de crise. Pensons aux constructions en bois et à l'utilisation de la biomasse forestière. Ce sont des secteurs très porteurs qui ne sont pas uniquement propres au Québec. Ils peuvent relancer également l'économie de la Colombie-Britannique. Il y a tout un pan de la recherche qui est consacré à l'industrie forestière pour permettre une transition énergétique un peu plus harmonieuse. Si le gouvernement décide de prendre cette direction, nous allons certainement collaborer avec lui. Il y a donc cette possibilité d'une sortie de crise sur le plan économique.
Il me reste une minute et je n'ai pas encore abordé le point essentiel de ma présentation. Il y a aussi une occasion qui se présente relativement aux soins de santé. Aujourd'hui, j'ai fait part à la d'une initiative québécoise concernant une biobanque qui permettrait le séquençage du virus de la COVID-19. J'espère que le gouvernement sera également au rendez-vous pour soutenir cette initiative, qui a déjà l'aval du gouvernement du Québec.
En terminant, j'aimerais réitérer que nous sommes prêts à collaborer avec le gouvernement fédéral s'il s'engage à harmoniser la sortie de crise avec la lutte contre les changements climatiques, ce qui ne va pas de pair avec des coupes dans les soins de santé. Si c'est le cas, le Bloc québécois sera au rendez-vous.
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Monsieur le président, plusieurs mesures économiques d'urgence ont été adoptées jusqu'à maintenant, mais il en reste d'autres à prendre. Pensons à nos aînés, aux pêcheurs de homards, aux chercheurs et aux travailleurs de l'industrie touristique, de la culture, des médias, de l'agriculture et du secteur forestier.
Au Bloc québécois, nous nous attendons à ce que le gouvernement présente une mise à jour économique avant l'été. Nous ne parlons pas du budget, que nous attendons à l'automne avec une vision pour la relance. Si nous souhaitons une mise à jour maintenant, c'est que nous voulons un portrait de la situation, de la conjoncture actuelle et de l'ensemble des mesures d'urgence qui ont été adoptées à la pièce.
Nous nous attendons aussi à ce que le gouvernement nous fasse part de ses intentions pour l'été. Prolongera-t-il les mesures d'urgence? Les prolongera-t-il pour des secteurs particuliers, comme le tourisme? Le disposant de certains pouvoirs, nous lui demandons de faire part de ses intentions à la Chambre.
À ce sujet, on assiste à un début de reprise des activités économiques, mais cette reprise risque d'être lente. Des restaurants vont continuer de préparer leurs repas à emporter et ouvriront peut-être bientôt leur salle à manger, mais seulement les samedis et les dimanches. Ils vont commencer à réembaucher leurs employés, mais à temps partiel. Ce sera la même chose chez les hôteliers, qui connaîtront eux aussi un début de reprise à temps partiel. Ce sera pareil pour les PME et pour le secteur manufacturier.
On peut donc s'attendre à une reprise timide, avec des travailleuses et des travailleurs à temps partiel. D'une part, c'est un signe encourageant puisqu'il indique le début d'un retour à une nouvelle normale. D'autre part, cela crée une nouvelle inquiétude puisque le travailleur à temps partiel risque de ne pas gagner assez pour payer ses factures, mais trop pour continuer à recevoir la Prestation canadienne d'urgence. Je demande donc au gouvernement d'adapter ses programmes d'urgence pour prendre en compte la nature à temps partiel de cette reprise. La santé de l'économie en dépend.
Voilà pourquoi nous demandons une mise à jour économique au gouvernement avant l'été.
À l'automne, ce sera le temps de la relance. Il est à souhaiter que le pire de la crise soit alors passé. Ce sera le début de la nouvelle normale. C'est pourquoi le Bloc québécois attend du gouvernement qu'il dépose un budget à notre retour à la Chambre, à l'automne, pour y présenter sa vision de cette relance. Une relance, c'est l'occasion de mettre en place les bases de l'économie de demain. C'est le temps d'imaginer le futur que l'on veut. C'est le temps de regarder vers l'avant.
Je veux ici reprendre une expression de l'économiste autrichien Joseph Schumpeter: la destruction créatrice. Les économistes emploient cette expression pour expliquer que les crises économiques constituent l'occasion de jeter les nouvelles bases de l'économie de demain.
Sans aucunement diminuer tout le drame que cette crise produit, elle représente aussi l'occasion de développer une vision de l'économie de demain, laquelle ne devrait pas s'accrocher à des industries du siècle dernier qui sont appelées à disparaître, avec ou sans pipeline. L'économie de demain, c'est embrasser la transition écologique et encourager nos entreprises de ce secteur qui peuvent briller partout sur la planète. La Terre doit prendre ce virage pour répondre à la crise environnementale. Sur ce plan, le Québec a tout pour réussir.
L'économie de demain, c'est épauler les entreprises technologiques émergentes et le secteur de l'innovation et de la recherche. Cela veut aussi dire répondre présent pour l'industrie de l'aérospatiale qui, au Canada, produit les appareils les moins polluants de la planète. Une fois encore, le Québec a tout pour embrasser ce virage. Nous verrons si l'État, qui est géré par le voisin, sera à la hauteur de la tâche.
La relance, c'est aussi s'assurer d'avoir une agriculture de proximité qui est viable et une économie forte partout en région. Cela passe notamment par un accès universel à Internet haute vitesse. Comme pour l'électricité à une autre époque, il est temps qu’Internet haute vitesse soit considéré comme un service essentiel.
La relance, c'est encourager notre culture et nos artistes. C'est aussi reconnaître le rôle de nos médias locaux et régionaux. À l'époque des fausses nouvelles et des théories du complot, l'information de qualité doit aussi être considérée comme un service essentiel.
Il faudra aussi repenser notre fiscalité. À ce sujet, le rapport du groupe d'experts sur la finance durable nous fournit ici matière à réflexion. Il faudra s'y pencher.
La présente crise a levé le voile sur le sous-financement du système de la santé. À l'origine, Ottawa s'était engagé à couvrir la moitié des coûts du système de santé. Aujourd'hui, son apport ne représente qu'environ 20 % du total, et ne cesse de diminuer d'une année à l'autre. Il est temps que cela change. Il faudra être prêt à réagir à la prochaine crise sanitaire et, pour cela, il faut renforcer notre système de santé.
La crise actuelle nous rappelle aussi à quel point le système fiscal est injuste. Tout le monde paie sa part, sauf les grandes banques de Toronto et les multinationales qui recourent aux paradis fiscaux. Maintenant, en temps de crise, elles demandent l'aide de l'État, mais le reste du temps, elles sont aux abonnés absents. Il faut que cela change.
Nous aurons un déficit de 250 milliards de dollars. Ainsi, chacun devra contribuer et le recours aux paradis fiscaux pour échapper à son devoir fiscal n'aura tout simplement plus sa place.
À ce sujet, dans une entrevue accordée à Gérald Fillion, le fiscaliste André Lareau, un spécialiste en matière de paradis fiscaux, rappelle que 350 milliards de dollars canadiens sont répartis dans seulement 12 paradis fiscaux. Les entreprises utilisent les paradis fiscaux pour des activités de financement d'opérations et de propriété intellectuelle.
M. Lareau rappelle que le gouvernement est au courant de tout l'argent canadien qui se trouve dans les paradis fiscaux, mais qu'il ne fait rien. Il ajoute aussi que, vu le déficit actuel, il serait temps de donner un grand coup de barre. Selon lui, si l'on ne saisit pas cette occasion pour changer les choses, on ne les changera jamais. Il est grand temps que le gouvernement rende illégal ce qui est immoral.
Après la crise de 2008, les pays membres de l'OCDE ont créé un groupe de travail pour s'attaquer aux paradis fiscaux, soit le BEPS. Nous souhaitons que la présente crise soit celle où l'on va rendre illégale l'utilisation des paradis fiscaux. La France, le Danemark et la Pologne n'aideront pas les entreprises qui profitent des paradis fiscaux. La Belgique, l'Italie, le Royaume-Uni et l'Union européenne se penchent actuellement sur la question. Ici, il n'y a rien qui bouge.
Comme je l'ai dit plus tôt aujourd'hui, Le Journal de Montréal a même écrit « Les entreprises utilisant des paradis fiscaux pourront finalement toucher l'aide fédérale ». Après avoir laissé entendre qu'il y aurait un resserrement à cet égard, le est revenu sur sa décision. Cela est inacceptable.
En matière de lutte contre les paradis fiscaux, le Canada est à la traîne comparativement aux pays de l'OCDE, même en ce qui a trait à l'utilisation illégale des paradis fiscaux.
La a beau se péter les bretelles en disant que son agence en fait plus, les chiffres ne tiennent pas la route. Par exemple, le milliard de dollars annoncé pour lutter contre les fraudeurs inclut le salaire versé à la personne qui est embauchée pour remplacer celle qui prend sa retraite. C'est vraiment n'importe quoi; ce n'est pas de l'argent frais. Cela n'a rien à voir avec ce qui est fait aux États-Unis ou en Europe.
Le gouvernement a aussi adopté une attitude laxiste relativement aux compagnies de carte de crédit. Elles ont la belle vie et elles font ce qu'elles veulent. Au Canada, les frais d'interchange sont 10 fois plus élevés qu'en Europe et en Australie. Le gouvernement doit agir au plus vite. Visa et MasterCard accaparent une trop grande part du bénéfice de nos commerces. Pendant la crise, les gens utilisent massivement ces cartes de crédit. Il y a urgence d'agir.
Aujourd'hui encore, ma nation demeure à la remorque du bon vouloir d'Ottawa. La marge de manœuvre est ici. En temps de crise, le gouvernement central est le mieux positionné pour mener les mesures d'urgence et de relance. Le Bloc québécois est satisfait des différentes mesures prises jusqu'à maintenant. Le Bloc est aussi fier d'avoir pu y contribuer, à sa façon, afin de mieux répondre aux besoins des Québécoises et des Québécois. Cependant, cela ne change rien au fait que l'administration de ma nation dépend du bon vouloir de son voisin.
Nous devons accepter des décisions qui ne nous satisfont pas. On n'a qu'à penser au sous-financement de notre système de santé: Ottawa se retire, et ce sont nos aînés et nos malades qui en font les frais. On peut aussi penser à l'accès Internet haute vitesse: comme Ottawa laisse carte blanche à Bell et à Rogers, nos régions en font les frais et ne développent pas leur plein potentiel. Enfin, on peut penser à nos agriculteurs, à nos artistes, à nos aînés et à nos médias.
J'ai parlé de l'attitude laxiste du gouvernement relativement aux cartes de crédit ou à l'utilisation légale des paradis fiscaux. En 2020, nous ne sommes toujours pas maîtres chez nous.
Cela étant dit, je récapitule. Nous demandons au gouvernement de présenter, d'ici l'été, une mise à jour économique, afin que nous puissions connaître ses orientations et avoir un portrait global de la situation. En ce qui a trait à la vision de la relance, nous nous attendons à ce que le gouvernement présente un budget lors du retour à la Chambre à l'automne prochain.
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Je vous remercie beaucoup.
Je partagerai mon temps avec ma distinguée collègue, la députée du Nunavut.
Nous avons déjà dit que les gens éprouvent des difficultés dans la présente crise et que dans l'immédiat, nous devons nous concentrer sur trois choses: nous devons fournir de l'aide financière aux gens, veiller à ce qu'ils aient un endroit sécuritaire où vivre et faire en sorte que les gens aient un emploi à réintégrer.
Nous parlons maintenant d'un retour potentiel au travail. Pour retourner au travail, les gens ont besoin de trois choses. Ils doivent savoir que leur travail est sécuritaire, qu'ils ne seront pas infectés ou ne tomberont pas malades au travail et qu'ils ne transmettront pas l'infection à leurs êtres chers quand ils retournent à la maison. Ils doivent être en sécurité. De plus, il est indispensable que tous les travailleurs canadiens disposent de congés de maladie payés. Si un travailleur est malade et doit rester à la maison, il ne devrait pas être obligé de faire un choix impossible entre rentrer au travail et risquer de transmettre une infection à ses collègues ou rester à la maison et ne pas savoir comment il paiera les factures. Les Canadiens ne devraient plus devoir faire ce choix impossible. Enfin, nous devons veiller à ce que les enfants soient en sécurité et que leurs parents puissent retourner travailler en sachant qu'ils peuvent confier leurs enfants à un service de garde.
Les conservateurs ont essentiellement proposé de rendre les gens si désespérés qu'ils doivent aller travailler et qu'ils sont prêts à travailler dans des conditions dangereuses, et ce, en leur enlevant leurs prestations pour qu'ils retournent au travail. C'est dangereux et irresponsable. Ce n'est pas la manière de remettre les gens à l'œuvre. Pour les ramener au travail, il faut que le milieu de travail soit sécuritaire afin que les travailleurs ne se mettent pas en danger. Ce n'est pas en poussant les gens au désespoir qu'on y parviendra.
Pendant que nous parlons de la sécurité des travailleurs, nous avons des exemples vraiment troublants de ce qu'il se passe dans les milieux de travail qui ne sont pas sécuritaires. Je veux parler de Hiep Bui, qui travaillait à l'usine de transformation de viande de Cargill, à High River, en Alberta. Elle a contracté la COVID-19 et en est morte. Cette immigrante du Vietnam de 67 ans manque énormément à son conjoint. L'usine où elle travaillait est le site d'une des plus importantes éclosions de la COVID-19 en milieu de travail au Canada. Plus de 900 travailleurs y ont été déclarés positifs à ce jour. Le fait est que les travailleurs ne devraient pas risquer leur vie en allant au travail.
[Français]
Lundi, cette usine a rouvert ses portes après deux semaines de fermeture. Les travailleurs, les travailleuses et leur syndicat ont exprimé des inquiétudes quant à l'incapacité de contenir une épidémie dans l'usine et à la crainte que la maladie ne continue à se propager. Il s'agit d'un problème national. Le virus s'est propagé à d'autres usines aussi. Nous avons besoin d'un plan national pour assurer la sécurité des travailleurs et des travailleuses.
[Traduction]
L'usine de Cargill n'est pas la seule installation de transformation alimentaire où les travailleurs s'exposent à un risque. Nous avons parlé à des dirigeants syndicaux et au président du Syndicat des travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce, qui ont demandé au d'exercer le pouvoir dont dispose le gouvernement fédéral pour garantir la salubrité des aliments tout en assurant la sécurité des travailleurs. À cette affirmation selon laquelle le gouvernement pourrait utiliser son pouvoir pour assurer la sécurité tant des aliments que des travailleurs, le premier ministre a répondu « non », ajoutant que notre responsabilité, son travail consiste à protéger les aliments, pas les travailleurs. C'est tout simplement inexplicable. Comment un milieu de travail peut-il réussir une inspection sur la salubrité des aliments si les travailleurs tombent malades en grand nombre? Si les travailleurs sont malades et que les conditions de travail ne sont pas sécuritaires, alors les aliments ne sont manifestement pas sécuritaires non plus.
Hier, le premier ministre a annoncé l'octroi de financement à des centres de transformation alimentaire, ce qui est une bonne initiative; par contre, aucun plan n'est prévu pour assurer la sécurité des travailleurs. Ici encore, il y a une lacune. Les travailleurs veulent travailler et pouvoir contribuer à l'économie, mais ils veulent aussi être en sécurité. Si ces usines reçoivent des fonds du gouvernement fédéral, ce dernier a la responsabilité de veiller à ce que les employés qui y travaillent soient en sécurité.
Le gouvernement ne peut pas attendre la prochaine éclosion pour tirer la sonnette d'alarme. Il doit réagir maintenant.
[Français]
Il est très important que les Canadiens et les Canadiennes disposent d'un approvisionnement alimentaire sûr, mais il ne peut y avoir de sécurité alimentaire sans sécurité des travailleurs et des travailleuses. La vie des travailleurs et des travailleuses doit être la priorité absolue. La vie d'aucun travailleur ne devrait être sacrifiée.
[Traduction]
La Nouvelle-Zélande a mis en place un plan national pour que tous les milieux de travail disposent d'un plan de sécurité relativement à la COVID-19 afin que les travailleurs soient en sécurité. Le gouvernement fédéral doit maintenant collaborer avec les provinces et les territoires, les syndicats, les travailleurs et les entreprises pour faire de même au Canada. Chaque travailleur doit savoir qu'il a le droit de refuser de travailler en cas de danger et que le gouvernement le soutient. En outre, je veux m'assurer que le gouvernement promette qu'aucun travailleur qui refuse de travailler dans des conditions non sécuritaires ne se verra refuser la Prestation canadienne d'urgence.
En plus d'être capables de retourner dans un milieu de travail sécuritaire, où ils peuvent être certains d'être en sécurité, les travailleurs ont besoin plus que jamais de congés de maladie payés. J'admets que par le passé, le concept de congé de maladie payé était différent. Je me souviens que le fait de se présenter au travail alors qu'on ne se sentait pas bien était une source de fierté, un exemple de force, et je faisais fi de mon état. Il faut toutefois changer de mentalité. Aller au travail avec des symptômes alors qu'on risque d'infecter un collègue ou des gens au travail, ce n'est pas la chose à faire. Or, bien des gens n'ont pas le privilège de simplement rester chez eux quand ils se sentent malades. Ils sont confrontés au choix impossible d'aller travailler et de potentiellement tomber malade ou d'infecter quelqu'un, ou de rester à la maison et de ne pas pouvoir payer les factures parce qu'ils ne sont pas payés pour rester à la maison.
Le gouvernement offre quelques congés payés, mais ce n'est pas suffisant et ce ne sont pas tous les travailleurs qui peuvent s'en prévaloir. Ce que je demande, ce que les néo-démocrates demandent, c'est de permettre au moins à tous les travailleurs de bénéficier de 10 jours de congés de maladie payés. Si on prend une semaine de travail, y compris les fins de semaines, cela accorderait aux travailleurs plus de 14 jours pour se reposer, se soigner, se rétablir et retourner au travail.
Le gouvernement fédéral doit s'engager à travailler avec les provinces et les territoires pour élaborer un plan à cet égard afin que tous les travailleurs puissent rester à la maison tout en payant les factures s'ils sont malades. Personne ne devrait être obligé à faire un choix impossible.
[Français]
Nous savons que ce ne sont pas tous les employeurs qui seront en mesure de payer les congés de maladie, à cause de la crise actuelle. Nous devrions envisager d'étendre le système d'assurance-emploi et d'autres aides pour y parvenir à court terme. Le système d'assurance-emploi doit également être modifié, afin qu'il couvre tous les travailleurs et toutes les travailleuses. Nous ne pouvons pas forcer les gens à faire un choix impossible entre travailler en étant malades ou payer leur loyer.
[Traduction]
Enfin, pour retourner au travail, les parents ont besoin de savoir que leurs enfants sont entre bonnes mains. La crise actuelle montre à quel point les services de garde sont essentiels. L'économie ne peut fonctionner si les parents ne travaillent pas, et ils ne travaillent pas sans services de garde.
Nous avons constaté que, à bien des égards, ce sont les femmes qui subissent principalement les contrecoups de la pandémie. Elles sont plus susceptibles d'avoir perdu leur emploi au cours des deux derniers mois en raison de la COVID-19. Statistique Canada a publié son rapport de mars sur l'emploi, lequel montre que 6 emplois perdus sur 10 étaient occupés par une femme. En outre, les femmes travaillent dans des domaines à risque élevé, comme dans les hôpitaux, les établissements de soins de longue durée et les épiceries.
[Français]
Sans services de garde, davantage de femmes seront contraintes de quitter le marché du travail. De nombreux centres de services de garde d'enfants sont en difficulté, et plusieurs ont été fermés. Certains ont perdu du financement essentiel. Sans un engagement fédéral en matière de services de garde, il sera très difficile pour les gens de retourner sur le marché du travail.
[Traduction]
Nous demandons au gouvernement fédéral de mettre en place une garantie de financement pour les garderies, afin que celles-ci puissent continuer à fonctionner et à employer du personnel et qu'elles puissent rouvrir leurs portes. Dans le cadre de la reprise, nous devons également mettre sur pied un programme universel de garderies accessibles. Nous savons que les répercussions de cette pandémie se sont fait sentir de façon particulièrement disproportionnée chez les femmes. Nous avons donc l'obligation de réagir en faisant des investissements dans les garderies, des investissements qui permettront aux femmes de participer au marché du travail et de s'assurer qu'il y a des services de garde disponibles pour que les parents puissent retourner au travail.
Je viens de parler de ce qu'il faut pour que les travailleurs retournent au travail. Encore une fois, je veux être clair. Les travailleurs veulent retourner au travail, mais pour ce faire, ils ont besoin de trois choses: ils doivent savoir que leur lieu de travail est sûr; ils doivent avoir accès à des congés de maladie payés; et ils doivent savoir que leurs enfants sont en sécurité et que des services de garde sont disponibles.
Certaines personnes vont sans aucun doute parler d'encourager le travail en supprimant des prestations comme la PCU. Le seul effet que cela aura, c'est de rendre les travailleurs désespérés, tellement désespérés qu'ils seront prêts à mettre leur vie en danger, tellement désespérés qu'ils seront prêts à accepter des bas salaires, sans avantages sociaux, des avantages comme des congés de maladie payés.
[Français]
Le paiement de la Prestation canadienne d'urgence de 2 000 $ par mois équivaut à 12,50 $ l'heure pour un travailleur à temps plein. C'est moins que le salaire minimum de la plupart des provinces. Si les travailleurs et les travailleuses gagnent moins que cela au travail, la solution consiste à augmenter les salaires, et non à diminuer ou à retirer la Prestation canadienne d'urgence.
[Traduction]
Nous devons rendre les lieux de travail sécuritaires, nous devons accorder des congés de maladie payés aux travailleurs et nous devons rendre les garderies accessibles.
Les Canadiens veulent retourner au travail. Assurons-nous que lorsqu'ils le feront, leur sécurité et leur santé seront assurées.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Je suis passionnée et forte, et je pense que cette passion et cette force m'ont été transmises en grande partie par ma famille, mais aussi par les électeurs que je représente.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais mentionner deux ou trois choses.
Je porte souvent ces boucles d'oreilles, fabriquées par une jeune femme du Nunavik, qui étudie en vue d'obtenir un diplôme et qui doit s'occuper de jeunes enfants. L'appui que je lui offre lui permet de poursuivre ses études. Mon bracelet en peau de phoque provient d'un événement organisé par Canadian Roots Exchange, qui a réuni des centaines de personnes, autochtones et non autochtones, de partout au pays. Je porte aussi un bracelet HopePact de la campagne We Matter, qui fait la promotion du partage de messages positifs entre les jeunes. Les peuples autochtones font souvent face à des taux de violence et de suicide dévastateurs. Cette plateforme a pour but de véhiculer des messages positifs. En lien avec hier, je porte une robe rouge pour manifester mon appui et ma solidarité envers nos femmes et filles autochtones disparues et assassinées, FFADA, ainsi que pour promouvoir cette cause. Je porte des bottes en peau de phoque ou kamik, que vous ne voyez pas. Elles viennent d'Arviligjuaq. Ces symboles sont vraiment importants et, à mon avis, ils reflètent directement les défis auxquels nous sommes trop souvent confrontés en tant que peuples autochtones, mais aussi la beauté et la force qui en découlent.
Lorsque je me promène, et surtout ici à la Chambre des communes, j'aime à penser que je représente plus que ce que vous me voyez parfois défendre.
La COVID-19 et le fait de vivre cette pandémie ont largement contribué à mettre en lumière toutes les inégalités vécues dans la circonscription que je représente, partout au Nunavut et dans l'Inuit Nunangat, dans les collectivités qui comptent une majorité d'Autochtones. Cette pandémie fait ressortir des enjeux qui se posent souvent, surtout ici à la Chambre des communes, et dont nous savons qu'ils continuent d'être problématiques.
Ce qui est décourageant, c'est que beaucoup de problèmes auraient pu être évités si des mesures avaient été prises pour que les électeurs que je représente ne soient pas aussi frustrés, stressés ou effrayés. Il y a tellement de questions sans réponse, madame la présidente.
Nous vivons ces inégalités dans notre territoire depuis des décennies et cela fait longtemps que nous aurions dû agir. Quand je parle d'action, je parle de droits fondamentaux de la personne. Je parle des aspects fondamentaux que représente le fait d'être un être humain, de vivre dans ce pays et d'être Canadien. Je parle de l'accès à l'eau potable toute l'année. Je parle de la capacité de se nourrir et de nourrir sa famille. Je parle d'un endroit sûr où vivre. Je ne devrais pas avoir à parler de cela ici en 2020, en tant que représentante de tout un territoire. Si nous voulons réussir à sortir de cette pandémie, le gouvernement fédéral doit s'occuper davantage de ces droits fondamentaux de la personne dans la circonscription que je représente.
Ce qui est frustrant, c'est que du financement a été promis, mais qu'il n'a pas été versé au territoire. Des demandes ont été faites à trois reprises. Quelqu'un a demandé, lors d'une réunion du comité des finances, quand le territoire pourrait s'attendre à voir cet argent. J'ai également posé la question au comité dont je fais partie. Je pose la question pour la troisième fois, mais elle reste toujours sans réponse.
Heureusement, aucun cas positif n'a encore été confirmé chez nous. Un cas avait été signalé dans le territoire, à Pond Inlet, mais il s'est révélé être un faux positif. Pond Inlet fait déjà face à d'importants problèmes d'infrastructures liées à l'eau et à l'accès à une eau potable propre. Ces problèmes remontent à octobre, bien avant cette pandémie.
J'aimerais vraiment féliciter le gouvernement du Nunavut, le directeur de la santé publique et Pond Inlet d'avoir réagi aussi rapidement et d'avoir déjà mis un plan en place, ainsi que d'avoir utilisé les ressources et l'équipement limités dont ils disposent pour réagir aussi bien.
Comme je l'ai également mentionné... et j'espère que je n'aurai pas à le faire encore trop longtemps, mais je n'ai pas l'intention d'abandonner avant que ce soit réglé. Pour un grand nombre des électeurs que je représente, les nombreux Nunavummiut, principalement des Inuits, ainsi que dans l'ensemble de l'Inuit Nunangat, dans les quatre régions, le logement est un problème majeur. C'est le manque de logements, mais aussi les logements qui sont infestés de moisissures. Je reçois sans cesse des photos, et c'est absolument épouvantable de voir dans quelles conditions vivent ces personnes. Nous savons que le problème subsiste, et nombreux sont ceux à la Chambre des communes qui le reconnaissent.
Malheureusement, le dernier budget fédéral a fait en sorte que cette année, il y a encore moins de logements que les années précédentes. Les besoins étaient déjà criants, mais malgré cela on continue de nous enlever des choses.
Les taux de maladies respiratoires sont très élevés dans la circonscription que je représente. Le taux de tuberculose chez les Nunavummiut continue d'être 290 fois plus élevé que chez les non-Autochtones. Je crois que c'est encore pire au Nunavik. La tuberculose pose un problème dans tout l'Inuit Nunangat, et nous continuons de voir... Je ne sais même pas si je peux parler d'« effort raté », parce que je ne connais même pas le niveau d'effort déployé.
Le Nunavut ne dispose malheureusement que de sept ventilateurs. Pour ce qui est des questions de santé plus urgentes, celles qui pourraient nécessiter une intervention chirurgicale même mineure, un accouchement par exemple, la plupart du temps, les gens doivent quitter le territoire. Pouvez-vous imaginer donner naissance à votre premier enfant sans pouvoir être entourée de votre famille et de vos amis, parce que vous ne pouvez même pas accoucher dans la collectivité où vous vivez?
Les services de santé font cruellement défaut depuis longtemps. Nous avons besoin de plus de précisions sur la façon dont le gouvernement fédéral fera venir sur le territoire des fournitures clés, comme de l'équipement de protection individuelle, et sur le moment où il le fera. Je sais que les besoins sont pressants partout au pays, mais je vois aussi une occasion de lancer des initiatives nous permettant de travailler avec nos couturières. Nous pouvons promouvoir des initiatives qui contribuent au bien-être de la collectivité, à ce sentiment d'appartenance.
Nous attendons depuis des semaines des réponses critiques concernant des ressources et des services de la part de plusieurs ministres. Comme je l'ai déjà dit, les réponses concrètes se font toujours attendre. Bien souvent, les Nunavummiut et les Inuits sont forcés de s'adapter à une façon de penser ou de faire du Sud, alors que leur accès aux ressources et aux services est déjà très limité. Souvent, cela n'a même pas de sens pour eux, la culture de l'humilité en étant absente.
Comme je l'ai déjà mentionné, les évacuations médicales d'urgence et les problèmes de santé graves font en sorte que des personnes sont envoyées à l'extérieur du territoire. À l'heure actuelle, la circonscription que je représente est assujettie à l'une des politiques de voyage les plus restrictives, sinon la plus contraignante. Toutes les chirurgies qui peuvent être mises en attente le sont maintenant. Nous devons nous assurer que lorsque notre vie reprendra, selon la nouvelle normalité, il n'y aura pas d'arriérés de cas et nous n'aurons pas de personnes qui souffriront de maladies graves parce qu'elles ont dû attendre une chirurgie ou un suivi. Nous devons nous assurer qu'il y a un plan pour les personnes qui ont survécu à cette pandémie.
Il y a beaucoup de temps d'attente pour obtenir les résultats des tests qui sont effectués. Heureusement, les électeurs de la circonscription que je représente sont très patients, parce que la situation est frustrante. Il y a déjà les logements dont j'ai parlé, qui sont surpeuplés, et le manque d'accès à la nourriture et à l'eau qui sont problématiques. Comment pouvons-nous demander aux Canadiens de se conformer à certaines règles alors que ces services et ces ressources ne sont même pas là au départ?
En temps normal, les Nunavummiut de certaines collectivités en particulier plus que d'autres, et notamment pendant la fonte printanière, sont aux prises avec un approvisionnement en eau potable défaillant à longueur d'année. C'est le moment où les avis d'ébullition de l'eau sont les plus nombreux. C'est le moment où les infrastructures font défaut en raison des conditions particulières qui prévalent dans le Nord.
Comment pouvons-nous demander aux membres d'une collectivité de s'assurer qu'ils se lavent constamment les mains et veiller à ce qu'ils désinfectent et gardent leur maison propre, alors qu'ils n'ont même pas les infrastructures nécessaires pour accéder à de l'eau potable?
J'ai également eu l'occasion de parler en comité du service Internet dans les collectivités que je représente, qui n'est pas très bon, pour dire les choses poliment. Je ne sais pas si je pourrais participer à un Parlement virtuel à partir de la circonscription que je représente. Je ne peux pas affirmer avec certitude que je pourrais le faire. Le volume de mégabits par seconde et ce genre de choses laissent grandement à désirer dans certaines collectivités.
Nous parlons bien souvent des répercussions individuelles. Ce dont nous ne parlons pas, ce sont des enjeux plus larges. En raison de la faiblesse de la bande passante, lorsque quelqu'un présente une demande d'identité ou de permis de conduire au gouvernement du Nunavut, la demande est envoyée ici à Ottawa et le document est renvoyé dans nos collectivités. Il y a des gens qui attendent des mois. Certains des électeurs que je représente communiquent avec moi parce qu'ils attendent parfois depuis plus d'un an une pièce d'identité.
Comment ces personnes auront-elles accès aux nombreuses choses qui dépendent de ces documents? Il y a tellement de choses pour lesquelles cette information est nécessaire. Ce n'est là qu'un aperçu de la réalité concernant un service aussi important, qui devrait être accessible, mais qui ne l'est pas. Par ailleurs, comment allons-nous pouvoir demander aux gens de travailler à partir de chez eux avec une aussi mauvaise connexion? Comment allons-nous pouvoir demander aux enfants qui fréquentent l'école d'accéder à des ressources en ligne? Voilà le genre de choses dont on ne tient pas pleinement compte, selon moi, surtout pour la circonscription que je représente. Même s'il semble s'agir d'un aspect secondaire, l'effet d'entraînement que cela suscite, compte tenu du lien qui existe avec tant d'autres enjeux dans ma circonscription, est bien présent, malheureusement.
Prenons l'accès aux services bancaires, en ligne ou non. Je fais affaire avec la même banque depuis un certain nombre d'années. Je n'ai accès à ses services que par téléphone, parce qu'il n'y a pas de succursale de cette banque dans la ville d'où je viens. La succursale la plus proche se trouve à 40 minutes en avion et le billet coûte environ 800 $. Cela n'a aucun sens. L'accessibilité est essentielle, et il s'agit d'une lacune flagrante dans la circonscription que je représente.
Des annonces ont été faites, comme celle de 25 millions de dollars pour le programme Nutrition Nord, qui ne s'attaque pas du tout à la cause profonde de l'insécurité alimentaire dans ma circonscription. Il y a déjà tellement de problèmes qui se posent au sujet de ce programme. Lorsque vient s'ajouter à cela une pandémie, cela ne fait qu'aggraver davantage la situation pour la circonscription et les électeurs que je représente.
Comme je l'ai mentionné, le gouvernement du Nunavut attend toujours les 30,8 millions de dollars promis sur les 42 millions de dollars demandés. J'espère avoir une réponse bientôt. Je vais continuer d'exercer des pressions jusqu'à ce que cela se produise. Nous attendons toujours d'autres renseignements sur le soutien offert par les subventions territoriales et la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, en lien direct avec l'aide que peuvent obtenir nos étudiants.
Il y a encore beaucoup de lacunes dans les prêts aux petites entreprises. La PCU est parfois inaccessible pour les électeurs que je représente. De nombreux bijoutiers-joailliers, sculpteurs, musiciens, artistes, artisans et beaucoup d'autres personnes sont laissés-pour-compte dans ma circonscription. C'est la même chose partout au pays. De nombreux artistes et artisans autochtones tombent entre les mailles du filet.
Cela étant dit, j'aimerais essayer de mettre les choses en perspective en faisant un parallèle avec la course. Si nous étions tous sur la ligne de départ et qu'on nous disait: « Faites un pas en avant si vous avez grandi dans un logement sécuritaire et confortable qui n'était pas surpeuplé. » Je ne bougerais pas. Si on nous disait « Faites un pas en avant si vous n'avez jamais été touché par le suicide. » Je ne bougerais pas. Si on nous disait « Faites un pas en avant si vous avez les moyens de nourrir votre famille. » Je serais toujours à la même place, alors que les autres coureurs seraient déjà bien en avance sur moi.
C'est de cet écart dont je veux parler. C'est cet écart que nous devons combler.
Aidez-moi à placer mes électeurs sur un pied d'égalité pour qu'ils puissent jouir dans la vie des mêmes occasions que tous les autres Canadiens.
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Madame la présidente,
gilakas' la. Je tiens à reconnaître le territoire traditionnel du peuple algonquin.
Notre nation et le monde, nos façons d'être, en fait notre humanité, sont mis à l'épreuve dans le cadre de cette intervention à la COVID-19. Nous vivons depuis quelque temps dans des circonstances sans précédent, et notre intervention aura de profondes répercussions au cours des années à venir. Je pense que nous comprenons tous la gravité de la responsabilité que nous avons à la Chambre de faire les choses correctement. Nous sommes de tout cœur avec les personnes qui souffrent de ce virus. Nous reconnaissons les sacrifices que font les gens pour protéger ceux qui risquent le plus de succomber à cette maladie. Nous ne pensons plus à ce que nous pouvons faire pour nous-mêmes, mais à ce que nous pouvons faire pour autrui.
Nous nous devons également de féliciter le gouvernement qui, avec le soutien de ses fonctionnaires, a pris des mesures sans précédent pour établir de nombreux programmes de secours d'urgence, de la PCU au CUEC, en passant par les programmes de santé mentale et bien d'autres. Les programmes d'urgence aident beaucoup, et avec l'aide de la Chambre, le gouvernement a créé de nouveaux programmes conçus en fonction des besoins.
Cela dit, nous nous heurtons encore à des problèmes. Le bureau de ma circonscription, comme ceux de tous les députés, a reçu des appels de beaucoup de gens, y compris des aînés, qui ont encore du mal à joindre les deux bouts et qui ont besoin de l'aide du gouvernement. Les petites entreprises ont de la difficulté à satisfaire aux critères du CUEC, et il y a des problèmes au sujet des loyers et de ce qui constitue un revenu viable.
De plus, après deux mois de mesures extrêmes de distanciation sociale, les résidants de Vancouver Granville, comme tous les Canadiens, souhaitent un retour à la normale. En attendant le vaccin, nous essayons d'imaginer ce que sera la vie pendant la transition entre l'intervention d'urgence et la nouvelle normalité. Nous envisageons le commencement de la fin, si l'on peut dire.
De toute évidence, la distanciation physique et une bonne hygiène sont des habitudes que nous avons acquises en vivant avec la COVID-19. Dans certains cas, il faudra les institutionnaliser, surtout dans les milieux de vie collective. Dans le cas des établissements de soins de longue durée, le gouvernement devrait établir des normes nationales que les provinces devront respecter pour obtenir une partie du soutien financier destiné aux aînés. De plus, il faudrait normaliser la rémunération, les avantages sociaux et les horaires des préposés aux services de soutien à la personne.
Pour ce qui est du moment et du degré d'élimination des restrictions, nous devons évidemment continuer de nous laisser guider par la science et par nos experts en santé. Ne faisons pas les erreurs commises par certains autres gouvernements. Nous ne sauverons pas les emplois et l'économie en sacrifiant des vies.
Comme la pandémie a évolué différemment dans les régions du Canada à cause de sa diversité géographique et politique, il ne sera pas nécessaire que les provinces et les territoires établissent des plans identiques pour rouvrir leurs économies. Toutefois, au sein de notre système de fédéralisme coopératif, le gouvernement fédéral pourra en assumer la coordination. Nous sommes tous reliés les uns aux autres, et notre Constitution protège le droit à la mobilité. Il nous faut encore des tests et des modes de suivi plus efficaces pour tout le pays. Au fur et à mesure que le suivi électronique et la recherche des contacts se généraliseront, nous devrons tenir compte des droits à la protection de la vie privée et de la façon dont nous utilisons les données. Il faudra probablement réglementer ces choses.
Il y a beaucoup d'éléments à considérer dans la planification de notre stratégie économique post-COVID. En vertu de la nouvelle norme, et même après la levée des restrictions, il est peu probable que les gens recommencent simplement à vivre comme avant, du moins pas avant que l'on ne trouve un vaccin. Même si, en étant optimistes, l'économie redémarre à 90 %, les circonstances ne seront plus les mêmes. La pandémie a produit des répercussions financières à plus long terme. On prévoit que le ratio de la dette fédérale au PIB sera de 48,4 % en 2020-2021. Notre économie survivra, mais ce n'est certainement pas idéal, surtout si l'on tient compte de la dette des provinces, des municipalités et des communautés autochtones. Nous devrons établir des outils fiscaux pour appuyer les gouvernements provinciaux et autres au-delà des mécanismes actuels de transfert et de stabilisation.
D'autres mesures fiscales pourraient être nécessaires. Certains proposent d'augmenter la TPS. Une chose est certaine: le niveau actuel des dépenses ne nous soutiendra pas pendant cette période de transition.
En outre, certaines personnes suggèrent de nouvelles façons d'aider les Canadiens, comme l'établissement d'un revenu de subsistance garanti, et d'autres pays envisagent aussi de le faire.
Il est certain que toutes les entreprises ne survivront pas, malgré les mesures d'urgence. Nous devrons choisir les industries et les entreprises auxquelles fournir un soutien supplémentaire et dans quelles circonstances nous l'accorderons. Nous devrions fournir des produits et des services essentiels et si nous intervenons, ce devrait être principalement au moyen de placements à échéance non déterminée.
J'espère que le déposera bientôt le budget de 2020. Nous avons besoin de projections pour discuter de notre plan.
Tous les jours, à Vancouver et ailleurs, je le sais, nous faisons du vacarme à 19 heures pour manifester notre soutien aux travailleurs de première ligne. Quand j'entends ce bruit, je ne peux m'empêcher de penser à la valorisation et à la rémunération de leur travail. Nous les remercions parce que nous dépendons d'eux, mais cette gratitude ne se reflète pas dans leurs salaires. Il faut vraiment que notre société applique un système de valeurs différent pour récompenser le travail accompli. Il est grand temps d'y réfléchir et d'agir.
Oui, nous appuyons tous la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour en faire partie, mais cette pandémie nous a montré que notre aide devrait viser avant tout la classe ouvrière et les personnes les plus vulnérables. On juge les sociétés en fonction de la façon dont elles traitent leurs membres les plus vulnérables. Si les membres de notre société s'entraidaient vraiment, si nous offrions d'excellents soins de santé à tous, surtout aux aînés et aux personnes les plus vulnérables, des soins de santé qui leur procureraient la sécurité, les soins et l'attention qu'ils méritent chaque jour, ces personnes n'auraient probablement pas autant souffert pendant cette crise. Si nous ne reconnaissons pas cela maintenant, quand le reconnaîtrons-nous? Si nous pouvons aider ces gens pendant une pandémie, pourquoi ne pas les aider de façon permanente?
Heureusement, et sans oublier la victime de la baie Alert, dans ma nation, il n'y a pas eu d'éclosion importante de COVID dans les communautés autochtones du Canada, mais cela pourrait changer. Nous devons demeurer vigilants et soutenir les communautés autochtones qui prennent des mesures pour protéger leurs membres de la COVID-19. Nous devons affirmer leur droit inhérent de le faire.
L'isolement cause aussi de plus en plus de troubles de santé mentale, surtout dans les communautés éloignées. La pandémie ne fait que souligner la nécessité d'une véritable réconciliation et d'un cadre de reconnaissance des droits afin que nous puissions nous attaquer adéquatement au surpeuplement, au manque d'infrastructures et à la pauvreté et que nous parvenions à favoriser une bonne gouvernance.
En élaborant notre plan socioéconomique post-pandémie, il faut que nous visions aussi à relancer l'économie, comme le font certains pays exemplaires comme l'Allemagne. Le premier ministre dit souvent que l'environnement et l'économie vont de pair. La vérité, et ce que ce virus nous démontre, c'est que l'environnement, dont nous faisons tous partie, oriente l'économie, et il continuera de le faire de façon plus spectaculaire avec la hausse des températures climatiques.
Les photos des dauphins qui s'ébattent dans les canaux de Venise sont peut-être prématurées, mais la planète semble guérir. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas relancer l'économie, bien au contraire. Cela nous amène cependant à réfléchir au type d'économie que nous allons relancer. Cela nous amène aussi à réfléchir à la façon dont nous mesurons le bien-être et le succès des membres de notre société. Ils ne dépendent pas uniquement de la croissance du PIB.
On fonde toujours la mesure du niveau de vie d'un pays sur son PIB par habitant. Apparemment, plus le pourcentage par habitant est élevé, meilleur est le niveau de vie de la population. Cependant, comme je l'ai lu dans un article publié récemment, les résultats du PIB mesurent très mal le bien-être social d'une population. En tant qu'outil économique, il ne fait que poser des hypothèses sur le niveau de vie de base, qui varie d'une nation à une autre sur le plan socioéconomique. De plus, un niveau de vie élevé ne reflète pas nécessairement le niveau de bien-être des membres de la société. Il faut que nous repensions tout cela.
En examinant cette crise sous l'angle des relations internationales, nous constatons qu'elle survient à un moment où la démocratie subit des pressions, où l'ordre fondé sur des règlements internationaux est remis en question et où le pouvoir change complètement. À bien des égards, la COVID-19 crée une véritable tempête internationale. Lorsque le vaccin sera enfin disponible, le Canada pourra faire preuve de leadership et insister pour qu'il soit mis à la disposition des populations qui en ont le plus besoin.
Dans nos fonctions de députés à la Chambre, nous avons beaucoup à faire. Je suis convaincue qu'en travaillant ensemble, nous accomplirons de grandes choses dans le cadre de notre intervention à cette pandémie. Nous agirons avec bienveillance et compassion. Comme le dit toujours Bonnie Henry, notre extraordinaire administratrice de la santé publique en Colombie-Britannique, restez calmes, soyez compatissants et tenez-vous en sécurité.
Gilakas'la.