Merci beaucoup monsieur le président et membres du comité. Nous sommes très heureux d'être ici aujourd'hui.
Comme vous le constatez, nous sommes trois, et chacun d'entre nous a de bonnes raisons d'être présent. Je suis accompagné de Mme Michelle Wheatley, directrice régionale, Science, région centre et arctique du ministère, qui comprend le bassin des Grands Lacs. Nous savons que cette région fera l'objet de vos questions aujourd'hui. Du point de vue des sciences, Mme Wheatley sera en mesure de répondre à vos questions.
Je suis également accompagné de M. David Burden, qui est le directeur général pour la région centre et arctique, et en tant que tel, il est généralement responsable des programmes du ministère dans cette région.
Je m'appelle, bien sûr, Dave Gillis, et je suis le directeur général du Secteur des sciences, des écosystèmes et des océans. J'assume la responsabilité nationale générale pour les programmes scientifiques liés aux espèces aquatiques envahissantes. Nous sommes heureux d'être ici.
Les espèces aquatiques envahissantes sont un sujet d'importance pour nous. La protection, la prévention et, si nécessaire, la gestion de ces espèces constituent un élément important d'un écosystème en santé, de sorte que cela représente une importante pièce du casse-tête pour nous.
Comme vous l'avez dit, nous avons un exposé. Nous l'avons conçu pour vous présenter d'abord un aperçu général et par la suite pour mettre davantage l'accent sur la région des Grands Lacs, et je pense que cela correspond à vos attentes. Au fil de cet exposé, nous allons éclaircir certaines définitions afin que nous sachions tous de quoi il s'agit lorsque nous parlerons des espèces aquatiques envahissantes, ou des EAE, afin que vous sachiez ce qu'elles sont et comment elles se rendent jusqu'ici.
Je vais vous présenter l'historique du programme du ministère des Pêches et des Océans en ce qui touche les EAE ainsi qu'un bref aperçu des éléments actuels de notre programme. Une fois le contexte établi, nous mettrons alors l'accent sur les Grands Lacs et parlerons plus particulièrement des EAE dans le contexte des Grands Lacs.
Je vais parcourir le tout assez rapidement, monsieur le président, et ainsi nous aurons davantage de temps pour discuter.
Nous allons vous présenter certains termes: les espèces aquatiques envahissantes, ou EAE; et les espèces non indigènes ou ENI. Je vais vous parler davantage de ces deux espèces.
Les espèces non indigènes et les EAE sont semblables, puisqu'il s'agit d'espèces qui ne sont pas originaires d'un endroit où on les retrouve maintenant. Mais elles diffèrent dans le sens que les EAE, c'est-à-dire les espèces aquatiques envahissantes, sont celles que nous considérons comme causant du tort à l'écosystème. Une espèce non indigène peut tout simplement exister dans un certain écosystème — il peut s'agir par exemple d'une espèce ornementale — qui ne cause pas de problème particulier à l'écosystème, tant sur le plan écologique qu'économique.
Cela étant dit, la question n'est pas tranchée pour autant. Des nuances s'imposent. C'est une question d'évaluation des risques, dont nous parlerons un peu plus tard dans le contexte des EAE aujourd'hui, à savoir si une espèce fait partie des espèces non indigènes ou qu'elle figure parmi les espèces envahissantes.
Voici quelques photos des espèces dont nous parlerons aujourd'hui. Il y a les tuniciers, l'achigan à petite bouche, le crabe vert, le gobie arrondi, la moule zébrée et la lamproie marine. Il ne s'agit que d'un petit nombre des espèces que nous considérons comme étant envahissantes.
L'impact écologique de ces espèces varie et dépend en grande partie de la biologie de l'animal et de la façon dont il interagit avec l'écosystème ainsi que par rapport à d'autres usages que nous faisons de l'écosystème, ce qui peut faire en sorte que l'espèce a un impact négatif.
Les espèces envahissantes peuvent devenir un problème pour nous de diverses façons. Elles se répandent chez nous de diverses façons. Le transport maritime peut être l'un des principaux moyens, surtout, bien entendu, pour les espèces envahissantes aquatiques, et c'est sur ces dernières que le ministère déploie ses efforts. Elles sont réglementées par Transports Canada. Nous allons en parler davantage dans quelques minutes.
Manifestement, l'eau de ballast et la fixation à la coque des navires lors de salissure marine sont des moyens parmi tant d'autres par lesquels ces espèces envahissantes entrent au Canada. Parallèlement, la navigation de plaisance et commerciale, par exemple quand on déplace un bateau de plaisance d'un lac à un autre ou d'une partie du pays à une autre, peut accidentellement introduire des espèces où elles ne s'y trouvaient pas auparavant.
Le commerce des espèces vivantes peut constituer un autre vecteur d'introduction intéressant, et cela peut se produire de diverses façons. Par exemple des pêcheurs peuvent utiliser des appâts vivants. Ils peuvent se déplacer d'une zone à une autre, et au terme de leur pêche, ils relâchent les appâts vivants, peut-être sans savoir qu'il pourrait s'agir d'une espèce envahissante pour cet écosystème.
Il y a également le commerce des poissons d'aquarium et des jardins d'eau, qui font en sorte que des plantes et des animaux vivants sont achetés pour des raisons décoratives, et il y a également les poissons vivants vendus dans les marchés de nos grandes villes, entre autres. Il existe également un autre vecteur d'introduction qui ne saute peut-être pas immédiatement aux yeux, mais il y a l'acquisition d'espèces pour des raisons pédagogiques. Certaines entreprises fournissent ces animaux, certains d'entre eux vivants ou viables, et si on n'assure pas une surveillance, cela peut également devenir un vecteur d'introduction.
Bien sûr, il arrive que des personnes introduisent des poissons sciemment et sans autorisation dans un lac ou un cours d'eau. Bien sûr, c'est ce qui se produit avec l'achigan à petite bouche que nous mentionnerons plus tard. Des changements apportés à des cours d'eau, la construction de canaux et des travaux de dérivation font en sorte que de l'eau se retrouve où il n'y en aurait habituellement pas. Il s'agit manifestement d'un important vecteur d'introduction, ou cela peut le devenir en ce qui a trait aux espèces aquatiques.
J'ai mentionné le transport maritime et Transports Canada. Notre rôle consiste à offrir des conseils à Transports Canada sur la façon dont ce ministère peut mieux gérer les règlements en matière de transport maritime et y avoir recours pour réduire la possibilité d'introduire une espèce envahissante en raison d'un changement d'eau de ballast. Le travail que nous faisons avec ce ministère est fructueux. Nous avons récemment mené des études pour démontrer que des règlements améliorés peuvent réduire le risque d'introduction de nouvelles espèces dans les Grands Lacs par les eaux de ballast. Alors je pense qu'il s'agit d'un bon exemple où la formulation de conseils et les suivis en matière de gestion peuvent faire la différence.
Prochaine diapositive, on présente ici un bref historique du programme de lutte contre les EAE au ministère des Pêches et des Océans. J'ai commencé en 2002, mais nos activités de lutte contre les EAE remontent à bien plus longtemps. Le programme de lutte contre la lamproie marine, qui est un programme qui vous intéresse plus particulièrement, a débuté en 1955, et des activités diverses ont eu lieu depuis cette date. Plus récemment, en 2002, le Conseil canadien des ministres des pêches et de l'aquaculture a mis sur pied un groupe de travail sur les EAE. Sous ses auspices, un plan d'action canadien a été développé pour contrer les risques des espèces aquatiques envahissantes. Ce plan a été approuvé par le conseil en 2004 et sert d'élément de base pour orienter les discussions et l'aide sous forme de programmes à tous les niveaux en ce qui a trait aux EAE.
Le MPO a reçu du financement pour établir un programme de lutte général contre les EAE en 2005. Ce financement était initialement temporaire, il a été renouvelé et est offert de façon continue depuis 2010. Ce financement particulier nous a permis de rajouter 2 millions de dollars de plus par année au financement que nous avions antérieurement pour le programme de lutte contre la lamproie marine, qui s'élevait à 6 millions de dollars. Ainsi nous recevons 8 millions de dollars, ou un peu plus, pour le programme de lutte contre la lamproie marine. C'est un programme relativement important. Nous recevons également 2 millions de dollars par année pour toutes les autres initiatives concernant les EAE. Alors voilà nos niveaux de ressources pour notre programme national de lutte contre les EAE.
Le Conseil canadien des ministres des pêches et de l'aquaculture a également créé un comité plus officiel, soit le Conseil national sur les espèces aquatiques envahissantes, en 2007. Ce conseil existe toujours aujourd'hui, et c'est une des principales tribunes pour le dialogue entre les divers ordres de gouvernement. Tous les ordres de gouvernement ont des problèmes à cet égard et peuvent tous contribuer à faire face aux espèces aquatiques envahissantes au Canada.
Les quelques prochaines diapositives vous donneront un bref aperçu de ce à quoi ressemblent les programmes de lutte contre les EAE au Canada. Je les ai regroupées par rubrique et bien sûr chacune de ces rubriques, si vous le souhaitez, pourrait faire l'objet d'autres questions et d'enquêtes qui pourraient aller au-delà de la séance d'aujourd'hui, et bien sûr nous pourrions faire en sorte que d'autres représentants viennent vous parler de certaines de ces rubriques lors d'une réunion ultérieure.
La première rubrique porte sur la recherche et les avis scientifiques. Il s'agit manifestement d'activités que nous menons pour mieux comprendre les espèces envahissantes bien sûr, mais également pour voir quelles espèces pourraient être potentiellement envahissantes et perturber les écosystèmes au Canada. Nous visons à mieux comprendre leur biologie et à savoir si elles pourraient s'établir au Canada ou si elles ont le potentiel de le faire et, le cas échéant, quelles en seraient les conséquences.
Nous démultiplions le financement pour ce travail. En effet, nous travaillons avec d'autres organismes scientifiques et plus particulièrement, nous avons établi un partenariat avec le réseau CRSNG, qui est un réseau constitué d'universitaires, qui est financé par le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada, et qui nous permet de faire des recherches plus particulièrement sur les espèces aquatiques envahissantes. Il s'agit du Réseau canadien des espèces aquatiques envahissantes. Nous engageons des fonds pour aider et augmenter le financement fourni par le CRSNG dans ce secteur, de sorte que cela produit un effet démultiplicateur important. De cette façon, nous pouvons affecter beaucoup de ressources pour s'attaquer à ces problèmes.
L'évaluation des risques constitue également une autre composante importante pour nous. En fonction de nos connaissances, établies à partir de données recueillies par nous-mêmes et celles que nous pouvons obtenir d'autres organismes scientifiques, nous examinons les diverses espèces pour déterminer leur potentiel d'établissement au Canada et de perturbation de nos écosystèmes, et nous établissons les conséquences si jamais cela se produisait.
Nous examinons cette question d'un point de vue écologique, mais le ministère a également la capacité de travailler autrement et des travaux en cours nous permettent également de tenir compte de l'aspect socio-économique. Ce sont deux éléments qui servent de base aux analyses. Nous avons analysé 23 espèces jusqu'à ce jour, et nous travaillons maintenant à l'établissement de nouveaux outils qui nous permettront de faire un tri plus rapide afin de parfaire plus rapidement nos connaissances sur les menaces posées par une espèce envahissante qui s'établirait au Canada.
Le ministère s'adonne également au dépistage précoce et à la surveillance. Un des volets de notre programme permet de financer des activités dans des régions pour cibler des espèces clés, comprendre leur cheminement, surveiller leurs lieux de prédilection, déterminer si elles se propagent ou non et voir leurs effets sur l'écosystème, le tout nous permettant de déterminer où elles sont et ce à quoi pourrait ressembler l'avenir, de sorte que nous pouvons prendre de meilleures décisions de gestion.
Plus récemment, nous avons fait du travail sur l'élaboration de politiques et de lois en vue d'établir un train de mesures réglementaires qui complétera les outils à notre disposition à l'heure actuelle pour la gestion, le contrôle et la prévention des espèces aquatiques envahissantes.
Certaines provinces sont manifestement intéressées par ces questions, certaines disposent de lois provinciales, mais nous songeons à l'établissement d'un train de mesures réglementaires qui permettrait d'augmenter les pouvoirs des autorités provinciales en vue de mieux gérer les questions ayant trait aux EAE.
Les deux dernières rubriques des activités en cours au ministère sont bien sûr la prévention et l'atténuation, la lutte et la gestion. La prévention devrait figurer en premier lieu parce que, d'un point de vue avantages-coûts, nous savons tous qu'il est beaucoup plus rentable de faire en sorte qu'une espèce envahissante ne s'établisse pas, plutôt que de lutter contre elle après coup. Les évaluations de risque nationales que nous faisons constituent un outil clé pour nous permettre de recenser les menaces qui sont à l'extérieur de nos frontières mais qui pourraient se diriger vers le Canada, et elles nous permettent de déterminer nos activités de prévention afin qu'elles soient le plus efficaces possible.
Il existe des espèces envahissantes au Canada, et dans certains cas nous avons participé aux activités d'atténuation, de lutte et de gestion. Le programme de lutte contre la lamproie marine, dont je vais vous parler dans quelques minutes, est le seul qui permet la gestion continue d'une espèce envahissante, et il est financé au Canada depuis les années 1950.
Le ministère mène également d'autres activités pour développer des techniques d'atténuation qui peuvent être utiles dans certaines circonstances. Nous menons un programme de trois ans pour éradiquer la propagation de l'achigan à petite bouche dans le lac Miramichi. Voilà un autre exemple. Comme par le passé, nous menons des activités d'atténuation, de lutte et de gestion ayant trait au crabe vert et au tunicier.
Après cet aperçu de notre programme national, passons aux Grands Lacs. Nous savons que les Grands Lacs sont en fait une mer intérieure d'eau douce partagée avec nos voisins du sud, les États-Unis. Il s'agit d'un système hydrique des plus importants: 22 p. 100 de l'eau douce du monde est renfermée dans ces lacs. Le plus petit des cinq Grands Lacs est quand même le 14e le plus important au monde. Il s'agit donc de plans d'eau très importants. Quarante-deux millions de personnes, Canadiens et Américains, vivent dans le bassin des Grands Lacs; 30 p. 100 des Canadiens y vivent et 98 p. 100 des Ontariens.
Les secteurs des pêches commerciales et récréatives représentent une valeur de 7 milliards de dollars. Ce secteur inclut la pêche commerciale et la pêche récréative pour la consommation personnelle, mais aussi un très important sous-secteur de la pêche récréative qui inclut les exploitants de bateaux nolisés. Ce sous-secteur représente d'importants revenus également.
Le lac tombe sous une compétence partagée, comme je l'ai déjà dit, entre le Canada et les États-Unis. Y sont impliqués l'Ontario ainsi que huit États américains.
En ce qui concerne les espèces envahissantes dans les Grands Lacs, vous vous souviendrez que j'ai défini ce qu'étaient les espèces non indigènes. Au dernier compte, et ceci pourrait changer, environ 182 espèces non indigènes ont été introduites dans les Grands Lacs depuis le début du XIXe siècle. Certaines espèces sont très bien connues et ont eu une importante incidence sur les lacs. J'ai déjà parlé de la lamproie marine et des moules zébrées, mais il y a également le gobie arrondi, une espèce de petit poisson.
Il y a également d'autres espèces que nous examinons de près même si elles n'ont pas encore été introduites dans les Grands Lacs. Parce qu'elles n'y sont pas encore, nous les étudions pour comprendre les risques qu'elles pourraient poser sur notre écosystème lorsqu'elles arriveront. Il y a plusieurs espèces de la carpe asiatique et du poisson à tête de serpent que nous surveillons de près actuellement.
Il y a ici quelques diapos de ces espèces et de ce que nous faisons. Il y a par exemple le programme de lutte contre la lamproie marine, comme je l'ai mentionné, et qui est le seul à être financé en continu pour le moment. Cette espèce est native de l'océan Atlantique et de ses mers attenantes, mais elle s'est adaptée aux Grands Lacs.
Lorsque la voie maritime a été ouverte, dans les années 1920, il y a eu un impact important sur la pêche commerciale du lac. Le Canada et les États-Unis se sont dotés d'un programme conjoint de gestion de la lamproie marine. Le Canada y contribue 8,1 millions de dollars par année. Cette contribution, conjuguée à celle des Américains, nous a permis de réduire la population des lamproies marines dans les Grands Lacs de 90 p. 100, avec une incidence positive sur les activités récréatives et commerciales. Nous oeuvrons par toutes sortes de moyens. Il y a les lampricides, des poisons toxiques pour cette espèce seulement, et puis il y a des obstacles physiques où l'on piège et on recueille ces lamproies.
Il y a également d'autres espèces de poissons à la prochaine diapo. Il y a plusieurs espèces de moules, qui sont arrivées probablement dans l'eau de ballast. Ces moules ont eu plusieurs effets sur les Grands Lacs. Ces moules sont une espèce filtreuse ultra efficace qui retire toutes sortes de solides de l'eau. Ceci peut avoir un impact négatif sur les espèces qui préfèrent l'eau trouble ou positif sur les espèces qui préfèrent des eaux très claires.
Mais il y a d'autres effets également. Les moules concurrencent des espèces indigènes qui filtrent également l'eau, et nous avons déjà perdu plusieurs espèces de moules indigènes qui n'ont pas su soutenir la concurrence. Les moules peuvent recouvrir tout le bas-fond d'un lac et étouffer les espèces indigènes. Et ensuite, il y a bien entendu le problème très commun de la surmultiplication au point où elles obstruent les tuyaux et canalisations ainsi que toute autre infrastructure submergée, ce qui représente des coûts importants pour l'industrie. Il va falloir gérer cet impact.
Le gobie arrondi est un petit poisson qui nous est parvenu, nous croyons, dans l'eau de ballast des navires internationaux. Il s'est également répandu à l'aide du commerce de l'appât vivant. C'est un petit poisson qui sert aussi d'appât. Il livre concurrence aux espèces indigènes mais il sert également de nourriture à certaines de ces espèces. Donc, l'équation est assez compliquée, mais tout cela illustre bien la complexité de lutte contre les espèces envahissantes. Une fois qu'une espèce est arrivée dans notre écosystème, elle peut avoir toutes sortes d'effets sur celui-ci.
Il y a de nombreuses autres espèces non indigènes, certaines qui ne se retrouvent pas actuellement dans le système des Grands Lacs, et qui, nous espérons, n'y arriveront jamais. Il y a plusieurs espèces de carpes asiatiques que nous surveillons de près, notamment deux espèces en particulier. Ces espèces se sont répandues depuis les États du Midwest américain et se sont rapprochées de la côte américaine et du système des Grands Lacs au cours des dernières années. Ce sont des espèces qui poussent très vite et atteignent des dimensions impressionnantes. Elles consomment des quantités industrielles de nourriture aux niveaux trophiques inférieurs, chaque espèce ayant sa préférence alimentaire, mais toutes ces espèces confondues peuvent enrayer toute une biomasse alimentaire. Elles livrent une concurrence féroce aux espèces indigènes en termes d'espace, de nourriture, et de reproduction. Vous avez peut-être vu des vidéos sur YouTube ou aux nouvelles d'une de ces espèces de carpe qui, lorsqu'elle est dérangée par un bateau par exemple, saute hors de l'eau, ce qui peut poser un risque pour les pêcheurs dans les petites embarcations. C'est une caractéristique de l'espèce en question.
Le poisson à tête de serpent est une autre espèce qui vient, je crois, de l'Extrême-Orient, mais je ne mettrais pas ma main au feu. On le retrouve actuellement dans les États de l'est des États-Unis. C'est un prédateur vorace de dimension assez importante. Il mange d'autres poissons et il est coriace. Les plus petits spécimens peuvent migrer par voie de terre ferme d'une région humide en voie d'assèchement à une autre, ils peuvent survivre assez longtemps hors de l'eau. Ils ont un appareil de respiration assez particulier qui leur permet de respirer de l'air pendant assez longtemps, parfois quelques jours. Là encore, c'est un migrateur persévérant, et bien équipé pour se propager d'une région à l'autre. On ne le trouve pas encore en eaux canadiennes.
Monsieur le président, voilà pour notre bref aperçu. J'espère que ça vous a donné une bonne idée d'ensemble des programmes du ministère. Nous ne nous sommes pas attardés sur nos autres domaines de travail afin de nous concentrer sur les Grands Lacs, car c'est là l'objet de votre étude. Mais nous serons heureux de répondre à toute question.