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SINS Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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SUB-COMMITTEE ON THE STUDY OF SPORT IN CANADA OF THE STANDING COMMITTEE ON CANADIAN HERITAGE

SOUS-COMITÉ SUR L'ÉTUDE DU SPORT AU CANADA DU COMITÉ PERMANENT DU PATRIMOINE CANADIEN

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le lundi 25 mai 1998

• 1535

[Traduction]

Le président (M. Dennis J. Mills (Broadview—Greenwood, Lib.)): Je déclare la séance ouverte.

Mme Tremblay est en chemin. La salle doit être libérée pour 17 h 30; nos travaux devront donc être terminés d'ici là.

Monsieur Nicholson, monsieur Pollock, je vous souhaite la bienvenue au comité. Nous étudions le lien entre le sport et l'économie.

Avant de commencer, je tiens à vous dire combien nous sommes ravis et combien nous vous sommes reconnaissants de bien vouloir comparaître devant notre comité, monsieur Pollock. Personne au pays n'a fait autant que vous pour le baseball amateur, le hockey amateur, le hockey professionnel et aujourd'hui le baseball professionnel. Votre expérience, tout ce que vous avez accompli pour l'économie du sport au pays, tout cela est extraordinaire et nous vous remercions d'être venu.

M. Sam Pollock (président-directeur général, Club des Blue Jays de Toronto): Monsieur le président, je vous remercie de vos propos aimables. Nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui pour répondre à l'invitation qui nous a été faite de prendre la parole devant le sous-comité.

Je voudrais d'abord vous présenter mon collaborateur, le vice-président-directeur général des affaires des Blue Jays de Toronto, M. Bob Nicholson. Comme vous le savez sans doute, je suis le président-directeur général du club. Je voudrais aussi vous signaler la présence d'autres associés: M. James Villeneuve, M. Bob Chant, M. Bob Stellick.

[Français]

Je veux remercier tous les gens ici présents de leur sincère invitation.

[Traduction]

Si nous sommes ici aujourd'hui, c'est pour sensibiliser davantage le gouvernement fédéral aux défis inhérents à l'exploitation rentable de l'équipe des Blue Jays de Toronto. Je sais que vous avez entendu d'autres éminents témoins ici et je crois savoir que d'autres comparaîtront encore.

Comme je l'ai dit, nous sommes très honorés d'avoir reçu cette invitation et de pouvoir vous expliquer le fonctionnement des Blue Jays de Toronto et la contribution de l'équipe à la ville de Toronto et au pays.

Comme le président l'a dit, je m'occupe depuis bien plus d'années que je ne voudrais le reconnaître de tous les aspects du hockey mineur et du hockey amateur. Au début de ma carrière, j'ai passé plus de temps dans le hockey amateur que dans le hockey professionnel. Puis, je me suis lancé dans le baseball. Je m'en occupe depuis plusieurs années. J'ai eu l'honneur de devenir le directeur des Blue Jays en 1992, président en 1995 et président-directeur général en juillet de l'an dernier.

Nous voulons vous présenter un message clair quant à la conjoncture économique pour les Blue Jays et les équipes de sport professionnel canadiennes.

J'ajouterai que nous ne sommes pas venus ici pour quémander. Ce n'est pas notre but. Nous voulons vous faire connaître exactement quelle est la situation du baseball des ligues majeures à Toronto. J'ai un bon ami à moi, à Montréal, qui a déjà comparu devant vous. Ils ont des problèmes. Leur situation est différente. Notre exposé d'aujourd'hui porte exclusivement sur les Blue Jays et sur leur situation à Toronto.

Le club fait partie intégrante de la scène sportive canadienne. Les deux décennies de baseball des Blue Jays ne représentent qu'une petite partie de l'histoire du sport au Canada, dont les débuts remontent à plus de 100 ans dans les villes canadiennes. Depuis le coup de circuit historique de Babe Ruth à Hanlon's Point sur l'île de Toronto en 1914, jusqu'à l'arrivée de Rusty Staub, première étoile des temps modernes chez les Expos de Montréal, le baseball fait depuis longtemps partie du paysage canadien. Depuis sa création, l'équipe des Blue Jays a misé sur la tradition du baseball canadien, tout en établissant de nouvelles relations uniques qui lui sont propres.

• 1540

Cependant, nous ne sommes pas venus ici aujourd'hui pour faire du sentiment, mais plutôt pour vous mettre au courant des réalités financières auxquelles nous devrons faire face dans le cadre de l'exploitation d'une concession de baseball professionnel au Canada à l'approche du prochain millénaire.

L'équipe est fière des antécédents de la concession au Canada depuis sa première saison dans la ligue majeure de baseball en 1977, il y a 21 ans. Dès nos débuts, en tant qu'équipe d'expansion, jusqu'à ce que nous fassions partie des grandes équipes des années 80 et 90, notre philosophie a été d'entretenir des rapports avec les collectivités, ce qui nous a permis d'acquérir les partisans les plus fidèles de la ligue majeure de baseball.

Chaque année, en janvier ou au début de février, nous organisons une caravane qui va d'un bout à l'autre du pays, sauf au Québec, car ce territoire appartient aux Expos de Montréal. Ils organisent leur propre caravane et la propre promotion de leur club. Mais nous avons beaucoup de partisans dans l'ouest du pays. Certains de nos joueurs viennent d'ailleurs de cette région. Nous avons d'excellents supporters aussi dans les provinces de l'Atlantique.

Les partisans des Blue Jays nous soutiennent depuis nos débuts, et c'est une caractéristique de notre club. Depuis nos débuts à l'Exhibition Stadium jusqu'au SkyDome aujourd'hui, nous jouissons d'immenses appuis. Aujourd'hui, le nombre de spectateurs continue de se situer dans le premier tiers des équipes de la ligue. Celles qui nous surpassent bénéficient de nouveaux stades bâtis pour elles au cours des cinq ou six dernières années, comme Atlanta. Il s'agissait dans leur cas du stade olympique, devenu Turner Field. Il y a de nouveaux stades à Baltimore et à Cleveland. Il y a le Coors Stadium à Denver, et beaucoup d'autres sont en voie de réalisation.

En 1997, les Blue Jays ont attiré plus de spectateurs—et c'est quelque chose de renversant—que les Yankees de New York pendant leurs 95 ans d'existence, sauf deux. J'ai été renversé lorsque je suis allé au Yankee Stadium l'an dernier—c'est peut-être quelque chose que j'aurais dû savoir—et que j'ai appris que trois fois seulement dans leur histoire les Yankees avaient attiré plus de 2,5 millions de spectateurs, dans une métropole comme New York. Jusqu'en 1957, évidemment, il y avait trois équipes dans la région métropolitaine de New York: les Dodgers à Brooklyn et évidemment les Giants au Polo Grounds.

Autre chiffre intéressant: le nombre de spectateurs assistant aux parties de la ligue majeure en 1997 a dépassé celui de la LNH, de la NBA et de la NFL combinées. Ensemble, ces équipes n'ont pas attiré autant de spectateurs que le baseball des ligues majeures. Nous sommes arrivés au dixième rang des 30 équipes pour l'ensemble du nombre de spectateurs du baseball des ligues majeures en 1997, et nous avons attiré environ 2,6 millions de partisans.

Une autre caractéristique du baseball des ligues majeures, c'est que c'est un sport professionnel abordable pour toute la famille, le prix des billets étant le plus bas de toutes les ligues de sport majeures. C'est un fait incontestable.

Les victoires consécutives des Blue Jays aux séries mondiales de 1992 et 1993 ont rehaussé la réputation de Toronto et du Canada dans toute l'Amérique du Nord. Ce sont ce que nous appelons nos années glorieuses. Jamais une équipe d'un autre pays n'avait remporté les honneurs de la Série mondiale. Le Canada venait de faire sa marque dans l'histoire du sport.

Les Blue Jays sont la principale concession des sports d'été au pays. Grâce à la stabilité et à la vision de ses administrateurs et propriétaires, l'équipe a soigneusement établi et consolidé sa position prééminente sur le marché.

J'aimerais parler un peu de tourisme. Plus de 11 p. 100 de la clientèle des Blue Jays vient de l'extérieur de Toronto. Le tourisme tire donc parti des dépenses additionnelles dans le secteur de l'hôtellerie, de la restauration et des loisirs. Le tourisme permet d'accroître le soutien des partisans locaux et contribue à un secteur important de l'économie canadienne. Des études réalisées au début des années 90 montrent que les Blue Jays contribuent au tourisme plus que toute autre équipe de sport au Canada.

• 1545

En outre, le déménagement au SkyDome en 1989 a contribué à la dynamisation du quartier des affaires voisin. Tous les députés de la région de Toronto et tous ceux qui y sont allés savent ce qui a été réalisé en bordure de l'autoroute Gardiner et dans le secteur riverain, pour l'essentiel depuis la construction du SkyDome. C'est aujourd'hui un quartier animé rempli de restaurants, de boîtes et d'attractions pour les touristes et de beaucoup d'autres choses encore, entraînant d'importantes recettes fiscales supplémentaires pour tous les paliers de gouvernement, détail qui n'échappera sans doute pas aux députés.

Nous avons d'excellents rapports avec la collectivité et nous contribuons largement à l'essor du baseball. Depuis ses débuts, l'équipe des Blue Jays a reconnu ses responsabilités et ses engagements envers les initiatives communautaires louables. La Blue Jays Charitable Foundation, dont la mission est de «contribuer à l'accroissement de la qualité de vie dans la collectivité», est un bon exemple de l'une de nos nombreuses activités de bienfaisance au pays.

Permettez-moi de m'arrêter ici un instant. Vous savez que j'ai beaucoup d'expérience, mais je n'ai jamais vu une organisation recevoir autant de demandes que la nôtre. Avec ses collaborateurs, Bob fait un travail remarquable dans ce secteur. Dans toute la mesure du possible, nous essayons de répondre aux demandes. Évidemment, nous ne pouvons pas acheter des billets pour tout ce qui nous est offert ou acheter des tables pour toutes les manifestations, mais nous apportons largement notre contribution.

La Blue Jays Rookie League Baseball apprend non seulement aux enfants à risque élevé les rudiments du baseball, mais aussi les principes d'un mode de vie sain. L'équipe a également établi un programme complet de cliniques de baseball de la ligue mineure, et fait connaître ce sport aux jeunes amateurs dans tout le pays.

J'aimerais maintenant parler un peu de nos installations. En 1989, le gouvernement de l'Ontario s'est associé à un consortium privé pour bâtir le SkyDome. Ce consortium était formé de 28 compagnies qui ont chacune contribué cinq millions de dollars en contrepartie d'avantages futurs au SkyDome. En 1992, le gouvernement de l'Ontario a vendu le stade à un groupe privé pour soulager la province de toute responsabilité financière suivie.

Chaque année, le SkyDome débourse près de sept millions de dollars en impôt foncier municipal. L'équipe est le principal locataire du stade et, de ce fait, paie indirectement une grande partie de l'impôt foncier municipal de l'installation.

Comme je l'ai déjà dit, il y a beaucoup de concurrence dans le baseball de la ligue majeure. Depuis 1990, on a procédé à la rénovation ou à la construction de nouveaux stades dans huit villes de la ligue majeure, et on prévoit le faire dans 15 autres villes. De fait, je crois qu'il n'y a qu'une seule ville qui attire actuellement moins de spectateurs et où un nouveau stade n'est pas en construction ou en préparation. Ces équipes sont mieux en mesure de soutenir financièrement la concurrence grâce à des baux avantageux et à l'augmentation de leurs recettes.

Pour les villes américaines, les équipes de sport professionnel font partie de l'actif municipal, et l'impôt est fixé en conséquence. Comme nous l'avons indiqué au sous-comité lors d'un témoignage précédent, la facture d'impôt foncier du Centre Molson est plus élevée que celle des 20 équipes de la LNH situées aux États-Unis, combinées. L'impôt foncier payé par le SkyDome est l'un des plus élevés de la ligue majeure de baseball. De fait, sur les 12 nouveaux stades de baseball, neuf ne paient aucun impôt foncier.

Je veux insister sur ces faits. Les villes américaines rivalisent pour obtenir les concessions de sport professionnel. Pour attirer les équipes, ces villes offrent divers incitatifs financiers qui rehaussent la viabilité financière des équipes. Essentiellement, les Blue Jays rivalisent dans un monde d'équipes américaines, car 28 des 30 concessions sont situées aux États-Unis.

Le Canada procède autrement. Les concessions de sport ne sont pas, à tort ou à raison, aussi appréciées pour leur contribution unique à la culture canadienne. Imaginez un peu Montréal sans les Canadiens, Toronto sans les Maple Leafs ou les Blue Jays et Edmonton sans les Oilers. Vous apprécierez alors la contribution de ces équipes à la vie sociale de leur collectivité.

• 1550

Chaque année, le SkyDome débourse près de sept millions de dollars en impôt foncier municipal. L'équipe des Blue Jays est le principal locataire du SkyDome et à ce titre absorbe la plus grande part de ces frais.

Nous y jouons environ 81 matchs par année, quelques matchs de pré-saison, et si nous avons de la chance, comme cela a été le cas en 1992-1993 et d'autres années, nous jouons entre cinq et 12 matchs de la Série mondiale. À cela s'ajoute entre huit et 10 grands concerts par année, moyennement rentables, c'est-à-dire entre 80 000 $ et 100 000 $ par concert.

Les autres manifestations sont mineures, et le stade est inutilisé le tiers de l'année. La plupart des stades le sont le tiers de l'année, parce que si l'on donne plus de 200 spectacles par année on estime avoir très bien réussi dans ce secteur d'activité.

En 1997, la taxe d'admission de 10 p. 100 imposée sur tous les billets s'est élevée à 4,5 millions de dollars. C'est mon seul reproche. Cela peut être perçu comme quelque chose de mineur, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi la taxe sur les divertissements est supérieure de 2 p. 100 à la taxe de vente de l'Ontario. Cela nous coûte 900 000 $ de plus par année.

La TPS de 7 p. 100 sur tous les billets s'est élevée en 1997 à 3,2 millions de dollars. Bien qu'elle ait entraîné une plus grande équité pour les fabricants, la TPS instaurée en 1991 a eu des conséquences négatives pour les activités du baseball, axées sur les services.

Au nom de ses joueurs, l'équipe des Blue Jays paie un impôt santé de 500 000 $, mais, en raison des restrictions relatives au domicile, notre entreprise ne reçoit pratiquement pas de prestations de soins de santé pour les joueurs et leurs familles.

Les taxes commerciales versées à la ville de Toronto se sont élevées à 500 000 $ en 1997.

En tout, les taxes directes, plus l'impôt foncier payé par le SkyDome, ont atteint 15,7 millions de dollars l'an dernier.

J'aimerais maintenant vous parler un peu de l'évolution de notre situation financière à nous et de la situation financière en général. Dans les années 90, la situation financière de toutes les équipes de sport professionnel au Canada n'a cessé de se détériorer. Les équipes de la ligue majeure de baseball situées au Canada ont été particulièrement touchées.

Nos propriétaires ont fait des efforts remarquables par le passé et nous ont fourni les ressources financières voulues pour permettre à la direction des équipes de rivaliser avec des équipes concurrentes. Au cours de nos 22 ans d'existence, nous sommes demeurés fidèles à cette politique, ce qui est peut-être unique au sein des équipes de sport professionnel au Canada.

Par suite des changements structurels dans le contexte économique, et je suis certain que nous allons en parler plus tard, la situation économique des Blue Jays s'est détériorée. Ce sont des chiffres dont je ne suis pas fier.

Pour l'exercice 1997, les Blue Jays ont essuyé des pertes de plus de 35 millions de dollars. Pour 1998, on prévoit des pertes semblables, principalement à cause de l'écart du taux de change. Il est évident que les concessions sportives, comme toute autre entreprise, ne peuvent essuyer indéfiniment de telles pertes. La tâche ne sera pas facile.

Les cachets des joueurs de la ligue majeure continuent d'augmenter. Nous sommes en compétition dans le baseball. Nous sommes en compétition dans le monde des sports, mais c'est toute l'industrie du spectacle qui est américaine et dominée par les étrangers. Les Blue Jays doivent fonctionner dans ce marché. Nous rivalisons dans un monde où les joueurs sont prêts à déménager si les perspectives financières sont meilleures ailleurs.

Nos partisans, comme tous les partisans, veulent une équipe capable d'affronter les clubs des grands marchés américains. En 1993, pendant nos années glorieuses, le club avait la liste de paie la plus élevée de la ligue majeure. À quelques dollars près, cela n'a pratiquement pas changé aujourd'hui, mais le club se situe maintenant au 12e rang de l'échelle générale des salaires, soit plus de 20 millions de dollars US au-dessous de l'équipe la mieux rémunérée.

Dans la ligue majeure, contrairement aux autres sports, les aptitudes s'acquièrent avec le temps, et les jeunes joueurs doivent gravir les échelons de plusieurs ligues de perfectionnement. Les équipes de baseball de la ligue majeure ont donc plusieurs équipes-écoles et investissent plus de 15 millions de dollars US chaque année dans le perfectionnement et le recrutement. Ce taux est jusqu'à cinq fois supérieur à celui de la plupart des équipes de la LNH et ne se compare même pas à la NBA ou à la NFL, qui, en raison de la nature de leur sport, trouvent leurs joueurs dès la sortie de l'université.

• 1555

Deux des équipes-écoles des Blue Jays sont situées au Canada: l'une à Medicine Hat, en Alberta, et l'autre à St. Catharines, en Ontario. L'an dernier, notre premier choix au repêchage a été un jeune joueur du sud des États-Unis. Nous avons investi une somme considérable pour obtenir le contrat de ce joueur. L'an dernier, il a été placé dans notre équipe de la plus basse catégorie, à St. Catharines, en Ontario.

Voyez la différence: le joueur repêché par une équipe de la Ligue nationale de hockey entrerait tout de suite dans l'équipe ou serait renvoyé pendant un an dans un club de la ligue junior ou dans la Ligue américaine de hockey pendant un an ou moins. Le perfectionnement prend beaucoup de temps et peut demander quatre, cinq ou six ans. Le baseball est ainsi fait.

Pour un club canadien, toutes ces dépenses sont en dollars américains à cause du dépistage. Quand je dis «toutes», ne me prenez pas au mot. Nous faisons beaucoup de dépistage au Canada, mais les dépenses ici sont plus importantes par rapport aux dépenses aux États-Unis, l'ordre de grandeur étant si différent. Nous faisons du dépistage ailleurs dans le monde aussi, comme en Australie, en Corée, et même aujourd'hui dans une certaine mesure en Europe. Ces activités sont minuscules.

Nous subissons même la discrimination du gouvernement américain à ce chapitre, puisqu'il ne nous accorde qu'un certain nombre de visas pour les joueurs canadiens qui se joignent aux équipes américaines.

Le taux de change est une catastrophe pour nous. La chute du dollar canadien est une bénédiction pour le secteur primaire, mais le club est ce que j'appelle un importateur qui sort de l'ordinaire, et il a été durement touché par la chute du dollar. Chaque baisse d'un cent du dollar canadien par rapport au dollar américain se solde par des dépenses annuelles de 600 000 $ pour l'équipe.

Le risque inhérent au taux de change provient de notre situation commerciale, puisque 80 p. 100 des revenus des Blue Jays sont en devises canadiennes et que 83 p. 100 de nos coûts sont en devises américaines. Pour la saison 1998, ce passif attribuable au taux de change représente 25 millions de dollars, ou 71 p. 100 des pertes prévues.

Ces dernières années, ce risque a augmenté considérablement en raison de la chute du dollar canadien. Le taux de change du dollar canadien par rapport au dollar américain a atteint 1,44 $ en moyenne en 1998 par rapport à 1,14 $ en 1992. Ce recul a fait augmenter le risque-devise de plus de 18 millions de dollars annuellement au cours des six dernières années.

Voici un autre exemple. Le 13 mai, la Banque du Canada a annoncé qu'elle ne prévoyait pas augmenter dans un proche avenir les taux d'intérêt canadiens—nous l'avons tous lu. À la suite de cette annonce, le taux de change du dollar canadien par rapport au dollar américain a baissé d'un demi-cent, faisant augmenter les dépenses éventuelles de l'équipe de 300 000 $ par année.

Beaucoup de ceux qui ont lu le journal ce matin ont remarqué que le dollar canadien aujourd'hui est à un cent de son plus bas niveau historique. C'est dur dans un secteur comme le nôtre.

D'aucuns contesteront à juste titre la réalité de ces pertes. Le club est prêt à faire connaître sa situation financière actuelle. Voici nos états financiers vérifiés. Ils illustrent de façon concise la situation financière actuelle de la concession.

Les pertes considérables essuyées par nos propriétaires ne sont pas le fruit de manoeuvres comptables, mais sont une réalité. Autrement dit, le club ne se finance pas par ses dettes. Ce sont des dépenses d'exploitation et structurelles réelles.

Je suis certain que les questions suivantes vont être évoquées plus tard dans nos discussions ici aujourd'hui, et j'ai regroupé, comme vous le verrez dans le document, six mythes que l'on ne cesse de répéter. J'aimerais éclaircir chacun d'entre eux.

Le mythe numéro un, c'est que le club a les goussets bien garnis et que le manque d'argent n'est jamais un empêchement. Depuis 20 ans, les propriétaires soutiennent l'équipe en tant qu'entité commerciale autonome, mais ils ne peuvent continuer d'essuyer indéfiniment des pertes annuelles considérables. On nous rétorque qu'après la construction du SkyDome le club attirait quatre millions de spectateurs. Il est certain qu'il s'agissait là d'une anomalie.

La hausse du nombre de spectateurs ne résoudrait pas aujourd'hui tous nos problèmes financiers. De fait, s'il fallait augmenter notre liste de salaires, cela ne ferait qu'occasionner de plus grandes pertes. Nos difficultés sont beaucoup plus complexes que cela et ne pourront se résoudre uniquement de cette façon.

Les témoignages entendus ici à propos du régime fiscal ont fait couler beaucoup d'encre. Voyons ce qu'il en est.

• 1600

En 1997, le club et le stade que nous avons conçu ont versé plus de 15 700 000 $ en taxes à tous les paliers de gouvernement. Selon une étude réalisée en 1991—comme cela remonte à il y a sept ans, les chiffres seraient encore plus importants aujourd'hui—les Blue Jays engendrent chaque année des recettes fiscales de plus de 61 millions de dollars.

Il faut comprendre que les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour les équipes canadiennes et américaines de sport professionnel. La fiscalité des concessions sportives est différente au Canada et aux États-Unis. Le soutien accru dont bénéficient les concessions américaines continue de les rendre plus concurrentielles que les Blue Jays.

J'aimerais parler de quelque chose que vous avez souvent entendu: que les contribuables ont payé toute la facture du SkyDome et que les Blue Jays ont eu une affaire en or. Rien n'est plus loin de la vérité.

Le SkyDome est le fruit du partenariat entre des intérêts privés et publics. Les recettes provenant du stade sont les moins avantageuses du baseball de la ligue majeure pour ce qui est des recettes secondaires: stationnement, publicité, recettes provenant des suites et des concessions. Quand je dis les moins avantageuses, je veux dire que nous disputons la 29e et la 30e place au Minnesota. Nous sommes même derrière les Expos dans ce domaine.

J'ai aussi lu que les équipes de sport tirent parti de façon disproportionnée des déductions fiscales sur les divertissements. Encore une fois, examinons les faits. Bien que de nombreuses dépenses soient entièrement déductibles, la moitié seulement des achats de divertissement des entreprises canadiennes sont déductibles de l'impôt. Ces déductions ne s'appliquent pas uniquement à l'industrie du sport. De plus, il n'est question ici que des personnes morales; nous ne parlons pas des partisans. Les supporters qui achètent nos billets n'ont droit à aucune déduction.

Nos propriétaires continuent d'appuyer fidèlement les Blue Jays de Toronto. Nous avons essayé de vous présenter les faits et les problèmes auxquels notre équipe et notre secteur font face au Canada. Notre capacité de mener des activités fructueuses a été grandement réduite en raison des changements structurels fondamentaux dans la façon dont les activités du sport professionnel et des loisirs sont menées en Amérique du Nord.

Parmi ces changements structurels on retrouve le niveau d'imposition de plus en plus élevé au Canada par rapport à nos concurrents au sein de la ligue; la hausse des coûts salariaux liés à l'exploitation d'une équipe de la ligue majeure; de nouvelles installations et de nouvelles sources de recettes pour les équipes américaines; et les dépenses reliées au taux de change.

Il faut trouver des solutions à ces problèmes. Nous tenons beaucoup à collaborer avec toutes les parties, quelles qu'elles soient, tous les pouvoirs publics et les entreprises privées, afin de trouver des solutions viables pour assurer le succès à long terme de notre concession.

Chose certaine, il n'y a pas de solution unique aux multiples problèmes que nous vous avons exposés aujourd'hui, mais ensemble nous avons bon espoir de relever le défi.

Monsieur le président, c'est ici que se termine l'exposé des Blue Jays aujourd'hui. Il y a quelques annexes, mais nous serons maintenant heureux de répondre à vos questions.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Pollock.

Madame Tremblay, avec votre permission, j'aimerais commencer aujourd'hui par M. Ianno. Il représente la circonscription de Trinity—Spadina, dans le centre-ville de Toronto, la circonscription des Blue Jays.

Mme Suzanne Tremblay (Rimouski—Mitis, BQ): Je veux bien. Je vais attendre.

M. Tony Ianno (Trinity—Spadina, Lib.): Je vous remercie d'être venus. Je pense que le président a été bien inspiré de faire comparaître les Blue Jays de Toronto au sous-comité où mes collègues travaillent avec acharnement pour étudier le fonctionnement du sport au Canada et comment en particulier le sport amateur profite de ces machinations.

Vous avez dit que le tourisme est très important. Trinity—Spadina est l'une des villes du Canada qui bénéficient largement sur le plan du tourisme de toutes les activités qui ont lieu au centre-ville de Toronto. Bon nombre de chefs de petites entreprises tirent parti des activités entourant les 200 manifestations qui ont lieu au SkyDome ainsi que d'autres initiatives qui auront lieu, sans compter le district récréatif, etc.

• 1605

À la suite de votre exposé, j'ai une ou deux questions à poser. Pourriez-vous nous expliquer ce que vous vouliez dire lorsque vous avez affirmé que le revenu tiré du stade est le moins favorable dans la ligue majeure de baseball?

M. Sam Pollock: Il faut que je revienne en arrière, au moment où le SkyDome a été construit. Le gouvernement de l'heure n'était pas disposé à construire un stade à Toronto uniquement avec l'argent des contribuables, et il a insisté pour que le secteur privé finance en partie le projet. Vingt-huit sociétés et entreprises de Toronto ont contribué cinq millions de dollars chacune, pour un total de 140 millions de dollars, pour ériger le SkyDome, de concert avec le gouvernement. Je pense qu'on a commencé à parler du SkyDome dès 1980. Le dossier a reçu le feu vert en 1983, et la construction a commencé vers 1987.

De nombreux aspects doivent être pris en compte. Chose intéressante, le projet original de construction du SkyDome se chiffrait à 184 millions de dollars. Et combien pensez-vous qu'a coûté le SkyDome? Il a coûté 184 millions de dollars. Où est allé le reste de l'argent? Il a servi à construire un hôtel et un centre de conditionnement physique. Il a servi à ériger l'infrastructure, à payer les dépassements de coûts et à financer des tas d'autres projets.

Certains membres de ce consortium ont été en mesure d'acquérir les droits de commercialisation du stade. Le SkyDome avait besoin d'autres revenus pour se financer. C'est un stade dont le fonctionnement coûte cher. Je m'explique. L'année dernière, dans la ligue majeure de baseball, les Indiens de Cleveland, qui ont un nouveau stade depuis environ quatre ans, le stade Jacobs Field, ont empoché 30,3 millions de dollars de la location de loges, des boutiques, de la publicité et du stationnement. Nous avons recueilli 3,5 millions de dollars.

Si l'on englobe ce que j'appelle les anciens stades qui vont disparaître au cours des prochaines années, la moyenne se situe à 14,5 millions de dollars environ. Nous ne recevons rien pour les loges, ni pour le stationnement. Nous recevons une petite fraction des revenus tirés des boutiques et de la publicité. C'est ainsi que les choses ont été organisées au SkyDome en 1989, et c'est la raison pour laquelle nos revenus sont si bas.

Nous avons de très bons rapports avec les propriétaires du SkyDome, mais en soi, le SkyDome n'est pas rentable. Au mieux, il fait ses frais. Le SkyDome est donc une entreprise qui vivote.

M. Tony Ianno: Il y a une autre chose qui m'inquiète. Vous avez dit que le budget total des salaires s'élève à 50 millions de dollars. Nous savons que la majeure partie de cet argent est dépensé aux États-Unis. Qu'entendez-vous faire pour développer des talents canadiens dans vos équipes-écoles pour que l'on puisse limiter les sommes qui sortent du Canada?

M. Sam Pollock: C'est une très bonne question. Premièrement, au moins 40 p. 100 des salaires des joueurs restent ici au Canada. Il s'agit de la portion imposable de leur revenu.

Comme je l'ai dit, nous avons deux équipes-écoles au Canada. Nos deux clubs de perfectionnement sont ici au Canada. À l'heure actuelle, il y a dans l'organisation cinq joueurs canadiens. D'ailleurs, nous avons un éclaireur canadien permanent, M. Bill Byckowski, qui travaille à partir de Toronto. Nous sommes vraiment à la recherche de talents. Nous avons des joueurs de Fort McMurray et de Medicine Hat. Nous sommes très intéressés. En fait, nous avons eu deux joueurs de Toronto, Rob Butler et Rich Butler. Nous avons perdu l'un d'entre eux à la suite du repêchage lié à l'expansion l'année dernière.

• 1610

M. Bob Nicholson (vice-président-directeur général, Affaires, Club des Blue Jays de Toronto): Vous avez mentionné les 40 p. 100. Les joueurs sont imposés, et leur revenu est réparti selon le nombre de jours où ils ont joué au Canada. À l'heure actuelle, les pourcentages sont approximativement de 41 p. 100 au Canada et de 59 p. 100 aux États-Unis. Par conséquent 41 p. 100 de leur revenu est imposé au Canada. Et, bien sûr, le fait de vivre ici périodiquement au cours de la saison les amène également à dépenser en sol canadien.

Il y a un défi lié au dépistage au Canada. Lorsque le repêchage amateur n'englobait pas le Canada, nous étions mieux en mesure de former des joueurs et de les intégrer à notre organisation. Maintenant que tous les joueurs canadiens sont inclus dans le repêchage du baseball amateur, c'est plus difficile pour nous. Nous pouvons les former, mais ils peuvent quand même être repêchés par des équipes américaines.

M. Tony Ianno: Comme vous le savez, il y a un plafond salarial au basket-ball. L'association a-t-elle envisagé d'adopter un tel plafond?

M. Sam Pollock: J'ai l'expérience du basket-ball, ayant déjà travaillé dans la NBA. Je me suis associé à un groupe qui a posé sa candidature pour obtenir une franchise. Je le dis le coeur léger. Je n'ai pas du tout d'amertume face au fait que nous ne l'avons pas obtenue. Le plafond salarial de la NBA est très fragile. En fait, il se peut fort bien que, pour la première fois dans l'histoire de la NBA, il y ait une grève cet été.

Dans la NBA, les exceptions au plafond salarial sont tellement nombreuses que c'en est presque ridicule. Lorsque nous préparions notre soumission pour cette franchise, nous avons constaté que six équipes de la NBA avaient embauché un avocat dont la seule et unique fonction était de trouver des moyens de contourner le plafond salarial, car le fait de renouveler le contrat de ses propres joueurs ne comptait pas. Voilà à quoi se résume le sérieux problème de la mise sous contrat des joueurs dans la NBA.

La NFL a imposé un plafond salarial. Un certain pourcentage des revenus sont versés aux joueurs. Je crois que c'est 63 p. 100 des revenus qui leur sont versés.

Au baseball, il y a eu plus de grèves que dans n'importe quel autre sport. Et la dernière a sans doute été la pire, parce qu'elle a eu lieu en août. Pour la première fois dans l'histoire du baseball, on a dû annuler la Série mondiale. Parmi tous les syndicats oeuvrant dans le sport, je n'en connais pas un qui soit suffisamment bien organisé ou, à tout le moins, ouvert à des changements structurels. Cependant, je dois avouer que depuis un an ou deux, depuis la dernière convention collective, les choses semblent aller mieux.

En fait, c'est leur travail. Ça ne sert à rien de se plaindre, car si nous étions à leur place je suppose que notre perspective serait différente. Il a été pratiquement impossible jusqu'ici d'adopter une telle mesure.

Dans la ligue majeure de baseball, les équipes détiennent les droits sur un joueur pour ses trois premières années comme professionnel. Il y a un salaire minimum. C'est 170 000 $ cette année, et il passera à 200 000 $ l'année prochaine. Et ensuite les problèmes commencent. Les trois années suivantes, c'est pratiquement comme s'il y avait un double système d'agents libres, car nous sommes assujettis à un processus d'arbitrage qui est tout à fait indépendant des clubs.

Je peux vous donner l'exemple de trois joueurs qui jouent à l'heure actuelle pour notre club et qui ont gagné chacun 500 000 $ l'année dernière. Cette année ils étaient admissibles au processus d'arbitrage, et ils s'en sont prévalus. Nous avons négocié avec eux avant les audiences d'arbitrage. Les sommes que nous leur proposions étaient certainement dans une fourchette intermédiaire. Ces joueurs ont renouvelé leur contrat à 1,5, 1,8 et 2,4 millions de dollars respectivement. Si nous étions allés en arbitrage, nous n'aurions pas fait mieux, et peut-être pire. Ensuite, après six ans, les joueurs peuvent devenir des agents libres sans restriction.

Ce ne sont pas tant les joueurs que leurs agents qui ont inséré des clauses de non-échange dans les équipes canadiennes, ce que nous ne prisons pas du tout. Comme je l'ai dit, cela n'est pas encore devenu très répandu. Ce sont plus ou moins des cas isolés, car les villes canadiennes sont très appréciées des joueurs de baseball, tant Toronto que Montréal. Les joueurs aiment jouer ici, et ils sont bien traités.

• 1615

[Français]

Mme Suzanne Tremblay: D'abord, monsieur Pollock, vous allez me permettre de faire une parenthèse pour vous remercier des belles années que vous nous avez données avec les Canadiens de Montréal. Il y a des jours où je me dis qu'il doit s'ennuyer des salaires qu'il donnait à Henri Richard et à Jean Béliveau.

Les Blue Jays sont-ils une compagnie à capital-actions?

M. Sam Pollock: Non, ce n'est pas une compagnie à capital-actions. C'est une compagnie privée. Deux compagnies détiennent des actions, l'une à 90 p. 100 et l'autre à 10 p. 100. Pour le SkyDome, c'est une affaire différente. Une compagnie détient 40 p. 100 des actions, une autre en a 10 p. 100, une autre encore en a 6,5 p. 100 et une fiducie en détient 37,5 p. 100.

Mme Suzanne Tremblay: J'ai ici un document intitulé Major League Losers dans lequel on dit que le SkyDome a été vendu.

M. Sam Pollock: Puis-je expliquer cela?

Mme Suzanne Tremblay: Oui, s'il vous plaît.

M. Sam Pollock: En 1992, le gouvernement de l'Ontario voulait se retirer du SkyDome parce qu'il éprouvait de la difficulté dans l'exploitation du SkyDome. À l'époque, le gouvernement de l'Ontario avait investi environ 400 millions de dollars dans le SkyDome et il l'a vendu pour 150 millions de dollars. Actuellement, l'investissement net du gouvernement de l'Ontario dans le SkyDome se chiffre à environ 250 millions de dollars. Le gouvernement a décidé qu'il ne voulait plus être propriétaire du SkyDome. Il a posé certaines garanties. Par exemple, si le stade est à nouveau vendu, le gouvernement pourra récupérer la moitié de l'argent de cette transaction-là.

[Traduction]

On leur a donné des actions à dividendes différés assorties d'une échéance. Essentiellement, c'est le gouvernement de l'Ontario de l'époque, qui n'était pas le même qu'aujourd'hui, qui a décidé, lorsque le SkyDome a été construit, qu'il ne voulait plus conserver cet actif immobilier.

J'ai négligé de mentionner une chose dans mon exposé de tout à l'heure. Le gouvernement fédéral n'a pas engagé d'argent dans le SkyDome, mais le CN, qui était alors une société d'État, a loué le terrain pour la somme d'un dollar par année. C'est ainsi que le gouvernement fédéral a participé au projet, quoique indirectement.

[Français]

Mme Suzanne Tremblay: Les Blue Jays sont-ils propriétaire d'une partie du SkyDome?

M. Sam Pollock: Non.

Mme Suzanne Tremblay: Vous payez un loyer?

M. Sam Pollock: Nous payons un loyer.

Mme Suzanne Tremblay: Vous payez un loyer.

M. Sam Pollock: Nous payons 7,5 p. 100 pour les 1 500 premières personnes et, par la suite, 10 p. 100. Et, comme je l'ai dit auparavant, il y a les loges, le parking et la moitié des concessions et de la publicité.

• 1620

Mme Suzanne Tremblay: Qui sont les personnes, les entreprises ou les organismes qui acceptent de payer les salaires faramineux que vous payez et de perdre 20 millions de dollars par année? Qui sont ces âmes charitables?

M. Sam Pollock: Les propriétaires?

Mme Suzanne Tremblay: Qui sont les âmes charitables qui acceptent cela?

M. Sam Pollock: Ce ne sont pas réellement des âmes charitables. C'est simplement une façon de parler. Madame Tremblay, regardez le tableau intitulé «Jays Profit and Loss». Pour répondre à votre question, Inter-Brew, qui détient 90 p. 100 des actions des Blue Jays, est propriétaire d'une brasserie ici, au Canada. L'autre 10 p. 100 appartient à la CIBC. Cette organisation est indépendante et a un conseil d'administration de six directeurs qui suivent le club.

La différence entre le dollar canadien et le dollar américain est encore plus marquée cette année, comme vous le voyez dans le document, et c'est un gros problème.

[Traduction]

Nous avons bien des choses à faire. Bien sûr, nous devons d'abord nous attaquer à ce que j'appelle notre perte d'exploitation. Nous avons beaucoup d'idées, et la meilleure façon de s'y prendre, c'est d'augmenter nos revenus.

Notre contrat avec le SkyDome doit être renouvelé cette année. Toutefois, cela ne nous réconforte pas tellement, parce que nous sommes conscients de la situation du SkyDome. Nous estimons avoir droit à certains égards, et eux sont tout à fait disposés à discuter avec nous et à tenter de nous accommoder, mais il y a une limite à ce qu'ils peuvent faire, parce qu'eux-mêmes, je le répète, font à peine leurs frais. Quand on examine la situation, on comprend pourquoi.

[Français]

Mme Suzanne Tremblay: Ne pensez-vous pas, monsieur Pollock, qu'il aurait été bon que les Blue Jays et les Expos soient dans la même ligue?

M. Sam Pollock: Oui, c'est une très bonne idée, et c'est une proposition que M. Brochu et moi-même allons suivre. Mais, premièrement, nous devons étudier la question du maintien des Expos à Montréal, parce que si plusieurs choses ne surviennent pas d'ici la fin de juin de cette année, il sera impossible pour les Expos de rester à Montréal. L'été dernier et au cours de l'automne, il y a eu de grandes discussions dans le baseball dans le but de changer l'alignement des ligues. Beaucoup de propositions ont été faites dans le but de placer Montréal et Toronto dans la même division. L'an dernier, plus de 40 000 spectateurs ont assisté à chacune des trois parties jouées entre Montréal et Toronto. Cette année, ce sera encore mieux parce que deux parties seront jouées à Toronto et deux à Montréal. Il serait très intéressant que les deux équipes soient placées dans la même section.

• 1625

Mme Suzanne Tremblay: Vous avez déjà un stade au centre-ville comme celui que veulent les Expos. Pourquoi les Blue Jays ont-ils autant de difficultés? M. Brochu est venu nous dire que s'il y avait un stade au centre-ville, cela réglerait ses problèmes. Vous, vous en avez un au centre-ville.

M. Sam Pollock: Il y a beaucoup de différence. Premièrement, je suis certain qu'un stade au centre-ville de Montréal serait une très bonne chose. Je suis né à Montréal, j'ai passé presque toute ma vie à Montréal et je connais la ville. Si on construit un stade près du Centre Molson ou près du centre-ville, ce sera une attraction nouvelle, avec de nouvelles activités différentes, comme c'est le cas dans les villes où il y a un nouveau stade. Cela va augmenter l'intérêt des amateurs. D'après moi, la ville de Montréal a recommencé à vivre, et je suis certain qu'il y a une possibilité que cela se réalise. Mais M. Brochu a aussi dit qu'il ne voulait pas de dettes.

[Traduction]

Il voulait un stade sans dette et doté d'un bail comme celui des équipes américaines.

Si nous avions une situation de ce genre, c'est-à-dire si nous avions un bail comme beaucoup d'équipes américaines, et si le SkyDome était en mesure de nous accorder un tel bail, cela nous donnerait au moins 11 ou 12 millions de dollars de plus par année. Cela supprimerait tous les problèmes opérationnels que nous avons actuellement, et il ne nous resterait plus que le problème encore important, que nous qualifions de structurel, du taux de change.

Je parle maintenant en mon nom personnel, car je crois que je suis plus vieux que la plupart des gens ici présents. Je me rappelle bien qu'il y a un peu plus de 20 ans le dollar canadien valait plus que le dollar américain. Croyez-moi, j'aimerais revoir cela aujourd'hui, quoique la plupart de mes collègues et de mes amis dans le secteur des ressources frémiraient à cette idée.

Le président: Monsieur O'Brien.

M. Pat O'Brien (London—Fanshawe, Lib.): Merci, monsieur le président.

Monsieur Pollock, vous avez énoncé très clairement à notre intention les quatre problèmes structurels auxquels vous êtes confrontés. Tout cela est très fascinant à entendre, mais je suppose que la raison d'être de notre comité est d'examiner ce que le gouvernement fédéral pourrait peut-être faire pour aider le sport amateur et le sport professionnel au Canada.

Je me demande si vous pourriez traiter de cette question. Vous avez dit tout à l'heure que vous n'êtes pas vraiment venu ici la main tendue, mais si vous aviez une liste de voeux quant aux intentions du gouvernement fédéral, quels seraient les deux ou trois premiers éléments de cette liste?

M. Sam Pollock: Monsieur O'Brien, premièrement, je conviens que votre question est très valable. Nous avons été invités à comparaître devant le comité, et nous sommes ravis de le faire, et nous estimons qu'il était important pour nous d'exposer la situation exactement telle qu'elle existe.

Nous ne sommes pas venus ici armés d'idées préconçues. Nous savons que tout cela relève en grande partie des autorités provinciales ou municipales, mais nous voulions exposer notre cause, comme 120 autres groupes—ou je ne sais pas trop combien l'ont fait ou le feront—parce que nous estimons que le baseball professionnel, le baseball des ligues majeures, tel qu'il existe à Toronto—et il n'y a que deux équipes des ligues majeures au Canada—est dans une certaine situation. Nous ne sommes pas comme le hockey de la LNH. Notre situation n'est pas la même que celle du basket-ball de la NBA. Les seules équipes auxquelles nous pouvons nous comparer sont ces 10 équipes qui doivent fonctionner...

Je ne veux assurément pas qualifier la LNH de ligue américaine, quoique la réalité est que 24 des 30 équipes de cette ligue se trouvent là-bas. Mais au baseball il n'y en a que deux, et bien sûr il n'y a que deux équipes de la NBA dans notre pays.

• 1630

Ne sachant pas quel sera l'aboutissement de votre démarche, nous ne sommes pas venus ici aujourd'hui armés de réflexions quelconques sur cette question particulière; et nous ne voulons pas non plus nous lancer dans un débat de ce genre. Ce que nous avons essayé d'expliquer dans ce rapport, c'est que nous voulons travailler avec tout le monde. Ces questions n'intéressent pas seulement le gouvernement. Nous devons aussi cultiver notre propre jardin, mais nous voulions que vous sachiez dans quelle situation difficile nous nous trouvons aujourd'hui.

M. Pat O'Brien: Je le comprends et vous en remercie. Je pense que vous avez très bien exposé votre situation.

Je me demande, monsieur Pollock, si vous pourriez nous parler du problème du taux de change, qui est tellement grave pour toutes les équipes professionnelles au Canada. Je pense que c'est la NBA qui a fait savoir que les équipes obtiennent une certaine aide de la ligue. Le baseball majeur fait-il quoi que ce soit pour aider les Blue Jays ou les Expos à s'attaquer à ce problème?

M. Sam Pollock: Premièrement, je voudrais vous donner une idée de l'ampleur du problème.

Actuellement, nos pertes attribuables au taux de change sont d'environ 29 millions de dollars. Nous récupérons environ 4 millions de dollars des ligues majeures de baseball, au moyen de propriétés, etc. La perte nette est donc d'environ 25 millions de dollars. Je crois que le programme de taux de change pour une équipe de la Ligue nationale de hockey est de l'ordre de 5 à 7 millions de dollars, et c'est peut-être la même chose pour le basket-ball de la NBA. Équipe pour équipe, nous sommes dans une situation d'environ 80 contre 20.

L'écart s'explique évidemment en grande partie par le fait que notre masse salariale est plus élevée, mais la presque totalité des 15 millions de dollars de dépenses de perfectionnement sont en devise non canadienne. Voilà le véritable problème.

Je sais qu'on posera la question: «Pourquoi ne pas répercuter cette somme sur vos prix?», et je ferais donc aussi bien d'y répondre tout de suite. Le fait est que nous ne pouvons pas le faire. Je reconnais que nous n'avons pas fait beaucoup d'efforts de ce côté-là dans le passé; nous n'avons pas vraiment essayé de répercuter ces dépenses dans nos prix. Dans le cas d'un spectacle mettant en vedette Pavarotti, par exemple, quand il vient chanter un seul soir, bien sûr que le prix reflète les dépenses. Les billets coûtent 75 $ ou 80 $. Mais nous, nous faisons dans le divertissement familial.

Il y a à peu près 1500 ou 1600 billets de loges privées et environ 4500 sièges réservés à l'équipe. Si on les élimine, les abonnements coûtent 25 $, 20 $, 13 $ et 4 $. L'augmentation est de 2,50 $ pour les sièges à 25 $. Pour répercuter la totalité des dépenses sur les prix, il faudrait vendre les billets 55 $, et je ne pense pas que la clientèle paierait une telle somme.

M. Pat O'Brien: Non.

M. Sam Pollock: Par ailleurs, il y a une pratique assez répandue dans les sports au Canada—et j'ai remarqué que deux ou trois équipes de la LNH s'y attaquent d'une manière différente—et c'est que nous absorbons simplement la totalité des taxes dans le prix de notre billet. Il sera très difficile de poursuivre cette pratique à l'avenir.

M. Pat O'Brien: J'ai une dernière question, monsieur le président. C'est au sujet d'une question que mon collègue, M. Ianno, a soulevée tout à l'heure au sujet du talent canadien.

Je crois que c'est vraiment triste de voir un Larry Walker, qui est peut-être le meilleur joueur de baseball polyvalent des ligues majeures, et qui se trouve à venir de la Colombie-Britannique, obligé de quitter les Expos parce que ces derniers ne peuvent pas se permettre de lui payer son salaire. Cela arrive également dans d'autres sports. Quelle est la solution, pour que les Expos, en particulier, ne deviennent pas une classe de perfectionnement pour les équipes qui sont capables de payer de gros salaires? Entrevoyez-vous une solution?

M. Sam Pollock: Je n'ai pas vraiment de solution à offrir. Je ne veux pas parler au nom des Expos, quoique j'étais un grand partisan des Expos avant de devenir administrateur des Blue Jays. C'est tragique de voir un type comme Larry Walker, qui est certainement l'une des grandes vedettes de ce sport, se retrouver au Colorado.

• 1635

Encore une fois, on assiste ou on a assisté à un problème de financement d'équipe. Je ne veux pas adresser de critiques à qui que ce soit, mais on peut dire essentiellement que les anciens propriétaires des Expos de Montréal ont décidé, après bien des années, qu'ils ne voulaient plus s'occuper de baseball.

M. Brochu fait sans doute un travail admirable en réunissant autour de lui un groupe de personnalités qui souhaitent garder les Expos à Montréal. Cette ville a eu des équipes de première valeur. Je ne sais pas si M. Brochu a réussi à attirer des capitaux pour combler les pertes. L'argent s'est peut-être fait rare. Il y a certainement eu des investissements de la part de la ville de Montréal et des différents fonds de placement de la province de Québec.

Nous n'avons pas connu le problème de la cession de joueurs canadiens ou étrangers à une autre équipe. Il arrive qu'une équipe doive effectuer des changements pour une raison ou une autre. Je suis dans le sport depuis des années, et j'ai eu l'occasion de me rendre compte qu'une équipe de championnat bien établie est toujours tentée de s'imaginer, pendant au moins un an, qu'elle va toujours rester identique. Mais ce n'est jamais le cas; il faut toujours faire des changements et recommencer la course au championnat.

Je suis optimiste. Je crois qu'il y a eu cinq ou six joueurs canadiens repêchés l'année dernière, comme l'a dit Bob. Malheureusement, nous n'avons pas de droit de préemption sur ces joueurs. L'année dernière, l'un des Canadiens les plus prometteurs a été recruté par Baltimore. Nous faisons de notre mieux, comme les Expos, mais il est impossible de cacher un joueur. Tout le monde connaît les joueurs; toutes les équipes ont des agents recruteurs. En tout cas, disons que nous ne voulons pas perdre des gens comme Larry Walker.

M. Pat O'Brien: Certainement pas.

Le président: Merci beaucoup, monsieur O'Brien.

Monsieur Riis.

M. Nelson Riis (Kamloops, NPD): Sam, vous êtes un homme heureux. Aujourd'hui, vous me rappelez Clint Eastwood, car j'ai du mal à croire que vous puissiez rester aussi décontracté après les révélations que vous avez faites.

M. Sam Pollock: En tout cas, mes propriétaires ne sont pas décontractés.

M. Nelson Riis: Je m'en rends bien compte. Au cours des années 90, la situation financière de toutes les équipes des principaux sports professionnels au Canada s'est constamment dégradée.

Vous avez indiqué que les Blue Jays ont perdu 35 millions de dollars l'année dernière et que selon toute probabilité ils en perdront autant cette année. Votre tableau a montré qu'à chaque fluctuation du taux de change vous perdez de l'argent. D'après les prévisions actuelles, le taux de change ne devrait pas évoluer considérablement dans un avenir prévisible.

Vous avez certainement raison de dire qu'il n'y a pas de solution unique au problème, mais ce que vous décrivez ressemble à une sorte de trou noir ou de hara-kiri financier verse lequel nous nous dirigeons dans le domaine du sport professionnel.

Je crois que tout cela va bien au-delà des échanges de plaisanteries ou de bons mots. À moins qu'un changement fondamental ne survienne, vous prévoyez que les sports professionnels ne pourront pas se maintenir au Canada.

Nous ne pouvons sans doute pas faire grand-chose en ce qui concerne le taux de change, qui constitue effectivement un facteur crucial, mais vous reconnaîtrez avec moi que nous sommes en présence d'une crise financière dans le sport professionnel, n'est-ce pas?

M. Sam Pollock: Je n'aime pas utiliser les mots «crise» ou «panique», mais vous n'êtes pas loin de la réalité. Il y a de toute évidence un problème réel.

M. Nelson Riis: Puis-je vous dire comment je vois ce problème?

M. Sam Pollock: Oui.

M. Nelson Riis: Je vous disais tout à l'heure que j'ai un fils qui suit le sport professionnel de beaucoup plus près que moi. Il est beaucoup plus brillant que son père. Je lui ai demandé quelle question je devrais vous poser aujourd'hui. Il m'a dit que votre équipe se comporte bien sur le marché nord-américain, que vous réussissez bien, en particulier sur le plan financier. C'est le point de vue de mon fils, et je le respecte, mais je crois qu'il se trompe.

• 1640

M. Sam Pollock: Il se trompe effectivement en ce qui concerne les finances. J'espère qu'il a raison pour le reste.

Je peux vous dire ceci: si j'avais pu vous apporter les journaux parus il y a un mois, vous auriez pu y lire une histoire différente sur les prouesses de notre équipe. Je sais bien qu'une hirondelle ne fait pas le printemps, mais j'espère que nous allons rester sur le chemin de la victoire.

Nous avons toujours voulu aligner sur le terrain une équipe compétitive et intéressante. C'est pourquoi vous remarquerez sur notre tableau que nous avons augmenté la rémunération des joueurs au cours des deux dernières années, mais particulièrement depuis un an, pour nous assurer une plus grande compétitivité. Nous avons engagé l'année dernière un lanceur exceptionnel destiné au temple de la renommée; c'est Roger Clemens. Nous avons augmenté substantiellement notre budget de rémunération parce que nous voulions présenter une équipe compétitive et intéressante sur le terrain.

Nous n'avons pas bien réussi l'année dernière, et nous espérons que cette année, comme je l'ai dit... Le soleil s'est montré beaucoup plus, et le climat du baseball a ressemblé au beau temps que nous avons connu en mai au Canada, du moins dans l'Est, et nous espérons que cela va continuer, ce qui nous sera très utile, c'est indiscutable.

J'ai lu des pages et des pages, comme vous avez dû le faire également, monsieur Riis, sur la vigueur de notre économie, et il semble effectivement y avoir une amélioration de la situation. Tout le monde semble reprendre du poil de la bête, etc. On entend toujours dire qu'il y a des chômeurs, mais de façon générale l'humeur est à la hausse.

On nous dit également qu'il faudrait que le dollar canadien se renforce. Il y a quatre ou cinq mois, j'ai lu de nombreuses analyses où l'on invoquait un dollar canadien à 80c. Je ne pense donc pas que nous allons rester éternellement avec un dollar à 69c.

Comme je l'ai dit, je sais bien que notre économie dépend essentiellement des ressources, et je sais ce que cela signifie pour les industries minières, pétrolières, forestières et les activités de ce genre, mais...

M. Nelson Riis: C'est très généreux de votre part, et je vous remercie de vous soucier des autres secteurs d'activité, mais nous avons déjà un certain nombre de sujets sur la table. L'un d'entre eux consiste à déterminer l'importance de ces questions pour des gens comme vous. Je suppose qu'on s'entend pour dire que la situation n'est pas mauvaise. Comme vous l'avez dit, l'humeur est à l'optimisme, mais si je considère votre exposé d'aujourd'hui—et nous avons recueilli d'autres témoignages semblables—les choses sont bien différentes.

M. Sam Pollock: En effet, et c'est précisément pour cela...

M. Nelson Riis: Vous devriez nous dire exactement quelle est la gravité de la situation, car si nous demandons à nos collègues d'apporter des changements fondamentaux, comme nous le ferons sans doute, il va falloir qu'on leur fasse saisir la gravité de la situation.

M. Sam Pollock: En venant ici aujourd'hui, nous disions que le but de notre comparution était de vous présenter la situation telle qu'elle existe aujourd'hui. Nous pensons que nous n'en sommes qu'au début d'une période très éprouvante.

Par ailleurs, nous avons bien du travail à faire. Une fois que votre comité aura terminé ses audiences et reçu un grand nombre de mémoires, vous allez commencer à réunir vos conclusions, et nous allons faire la même chose. J'espère que nos conclusions nous permettront de combler ce fossé et vous aideront à faire le point de la situation.

Nous espérons avant tout que le dollar canadien va se ressaisir. Je ne parle pas d'un retour à la parité, mais chaque chute d'un cent constitue pour nous un véritable désastre.

M. Nicholson pourra vous dire que lorsque nous avons présenté notre budget en novembre dernier, nous avions prévu 1,38 $ pour la saison en cours. Lors de la réunion du conseil d'administration qui s'est tenue cinq ou six jours plus tard, le taux de change avait déjà glissé. On nous a conseillé de ne rien précipiter en affirmant que tout cela n'irait pas bien loin. Vous avez vu pourtant ce qui s'est passé. Nous avons dû rajouter 7c., et la différence est maintenant de 700 points de base.

• 1645

Je ne suis pas venu ici pour pleurer sur un thème particulier. Mais les chiffres ne mentent pas. Le taux de change n'est pas responsable de tout, mais c'est un facteur important. Les sports ne fonctionnent plus comme autrefois, cela ne fait aucun doute, et je peux le dire sans détour.

M. Nelson Riis: Comme vous l'avez dit, nous avons eu le témoignage des Expos, et la semaine dernière les journaux faisaient leurs manchettes avec notre équipe locale de hockey; on commence à voir apparaître l'image d'une situation financière très sérieuse. Si vous comptez sur un redressement du taux de change comme bouée de sauvetage, je ne suis pas certain que l'avenir soit prometteur.

M. Sam Pollock: Soyez certain que je ne suis pas un rêveur. J'ai trop d'expérience pour cela. Mais je peux vous dire une chose en toute sincérité. Un soir de la semaine dernière, j'étais en train de réfléchir ou de méditer, et je me suis dit qu'il fallait que je débarrasse mon esprit de mes pensées obsessionnelles concernant les Blue Jays de Toronto pour voir les choses de façon objective.

J'en suis venu à penser à Montréal et à me demander ce que deviendrait Montréal si le club des Canadiens n'existait plus. On entend toujours parler des «Habitants», des «Flying Frenchmen», comme Vézina, Morin, Joliat, Béliveau, Richard et Lafleur. Les Canadiens de Montréal sont le coeur même de Montréal, du Québec et du Canada. Je me suis demandé ce qu'il résulterait de leur disparition.

Ensuite j'ai pensé à l'histoire glorieuse de toutes ces équipes, comme les Maple Leafs de Toronto, les Oilers d'Edmonton et les Blue Jays de Toronto, qui ont remporté deux championnats mondiaux. C'est assez inquiétant, car, comme vous, je cherche des réponses, et le tableau n'est pas très encourageant.

On ne peut pas se contenter d'espérer que la courbe va repartir à la hausse. Il faut trouver des solutions.

Je crois qu'on peut trouver des compromis partout. Il faut augmenter nos revenus. Il faut trouver de nouvelles sources de revenu. Si notre dollar continue sur sa lancée, le sport va coûter de plus en plus cher. Je ne veux pas dire que le billet d'entrée va passer à 55 $, car les amateurs ne le supporteraient pas, je le sais bien. Je suis heureux que vous abordiez ce sujet, car tout va bien lorsqu'on accumule les bénéfices, mais lorsqu'une équipe subit des pertes importantes... Comme je l'ai dit, ces chiffres ne tiennent pas compte de la dépréciation, ni de l'amortissement, ni des frais d'intérêt, ni des facteurs de cette nature; ce sont des chiffres bruts.

Évidemment, il y aurait des mesures à prendre avec les équipes de baseball des ligues majeures. Il y a des domaines que nous n'avons pas encore explorés. Nous pouvons toujours nous demander de quoi nous sommes responsables. Est-ce de 10 p. 100, de 20 p. 100 du tableau d'ensemble? Nous avons peut-être laissé glisser la situation en espérant qu'elle allait s'améliorer par la suite, mais nous n'avons jamais imaginé la dégradation qu'on peut constater aujourd'hui.

Je peux donc vous dire, en pesant mes mots, que le sport professionnel au Canada est confronté aujourd'hui à de graves problèmes. Il ne faut pas s'y tromper.

Le président: Monsieur Borotsik.

M. Rick Borotsik (Brandon—Souris, PC): Merci, monsieur le président.

Tout d'abord, soyez le bienvenu, monsieur Pollock, et je vous remercie de votre franchise. Vous avez été très franc dans vos commentaires et dans votre présentation de la situation financière. C'est très important pour nous, car, comme l'a dit M. Riis, notre sous-comité a pour tâche de bien comprendre ce que représente le sport professionnel au Canada.

Nous reconnaissons tous avec vous que le sport professionnel, que ce soit les Canadiens de Montréal—dont j'étais, du reste, un fervent partisan avant que je déménage à Calgary—ou les Blue Jays ou les autres équipes de sport professionnel, est très important, non seulement d'un point de vue financier et économique, mais également sur le plan psychologique pour le public canadien.

Je me suis également intéressé aux Jets de Winnipeg lorsqu'ils ont quitté cette ville, et je connais tous les problèmes qu'éprouve une ville qui perd une équipe professionnelle.

• 1650

J'ai quelques questions à vous poser. Vous avez indiqué quatre postes déficitaires, et j'ai fait quelques calculs rapides: 15 millions de dollars pour les impôts; 30 millions de dollars pour les revenus des arénas—vous avez signalé qu'un nouvel aréna construit à partir de revenus d'autres sources y avait contribué pour 30 millions de dollars... je ne me souviens plus de l'équipe concernée; et 25 millions de dollars pour le taux de change, ce qui donne un total d'environ 65 millions de dollars. Si l'on apportait des correctifs dans ces quatre domaines, on rajouterait 65 millions de dollars aux finances des Blue Jays de Toronto.

Sur ces trois points, à savoir le taux de change, les revenus des arénas et les taxes, il y en a deux sur lesquels vous exercez une certaine maîtrise. Le premier, ce sont les taxes, et j'aimerais avoir votre avis à ce sujet.

Et à ce propos, monsieur Pollock, je sais bien que vous n'êtes pas venus ici avec la main tendue, et je ne veux pas lire dans les journaux des manchettes du genre: «Les Blue Jays de Toronto demandent des allégements fiscaux.»

M. Sam Pollock: Non.

M. Rick Borotsik: Non, il n'en est pas question. Je vous le dis sans détour.

Mais il y a deux éléments sur lesquels on peut agir. Ce sont tout d'abord le domaine fiscal, dans une certaine mesure, et les revenus des arénas. Vous pouvez agir dans ces domaines par vos propres activités, par la négociation—et vous avez parlé du SkyDome—en obtenant un meilleur bail. Nous connaissons tous le problème des baux et les pressions que vous pouvez exercer dans ce domaine. Il est certain que sans les Blue Jays le SkyDome perdrait des revenus importants.

En ce qui concerne les deux autres domaines sur lesquels vous pouvez agir, soit la fiscalité et les revenus des arénas, est-ce que vous pourriez nous aider à mieux comprendre la situation d'ensemble au Canada?

J'aimerais avoir des précisions concernant les revenus des arénas. Vous avez dit que dans les grandes villes américaines une bonne partie des capitaux nécessaires à la construction des arénas ont été fournis par l'État, les municipalités ou les comtés.

M. Sam Pollock: Oui.

M. Rick Borotsik: Est-ce que vous pouvez me donner... Je ne veux pas qu'on dise que vous êtes venus mendier ici.

M. Sam Pollock: Non.

M. Rick Borotsik: J'aimerais que vous me disiez comment le Canada pourrait vous aider en ce qui concerne ces deux sources de revenu. M. Nicholson a peut-être une idée lui aussi.

M. Sam Pollock: Oui. Je pense que nous pouvons répondre tous les deux.

Tout cela tient à l'état d'esprit qui s'est développé dans les sports professionnels depuis sept ou huit ans. Je vais vous donner un exemple. Il y a dix ans, les Blue Jays—et Bob le sait très bien—ont négocié un bail à Dunedin, en Floride, où nous nous entraînons au printemps. À l'époque, les Phillies étaient à Clearwater et les Cardinals à St. Petersburg, dans des installations semblables aux nôtres. Il y a quatre ans, la ville de Tampa, dans le comté de Hillsborough, a décidé de faire venir les Yankees. C'est à environ 15 minutes de voiture du stade de Dunedin. Elle a fait construire un stade digne des ligues majeures. Et naturellement, l'année dernière, Tampa et St. Petersburg ont obtenu leur franchise de la ligue majeure.

De ce fait, le nombre de spectateurs à Dunedin a diminué fortement, et tandis que les Yankees gagnent environ 1,5 million de dollars avec leur entraînement de printemps, nous en perdons environ un million à Dunedin. En outre, le loyer du stade a augmenté. C'est un million de dollars que nous allons devoir passer par pertes et profits. Il y a d'autres éléments du même genre, mais voilà un premier exemple.

Au Canada, on a une conception différente des arénas. Je connais très bien le Saddledome, que vous connaissez aussi, qui a été construit pour les Olympiques de 1988. Vous connaissez aussi la situation à Edmonton.

À l'autre extrémité de l'échelle, il y a eu deux arénas financées par des fonds privés au Canada, une à Montréal et une à Toronto, qui a commencé avec le basket-ball et qui est maintenant utilisée de façon conjointe. Je ne peux pas parler de ces installations ni de ce qu'elles vont faire; j'ai suffisamment de pain sur la planche pour ne pas avoir à me préoccuper de leur sort, mais il reste que si nous voulons obtenir un meilleur bail avec le SkyDome, il faudra que celui-ci augmente ses revenus par ailleurs.

Aujourd'hui, de nombreuses installations sportives sont en concurrence, comme ce nouveau centre d'Air Canada, mais il y a aussi l'amphithéâtre du CNE.

• 1655

M. Rick Borotsik: Monsieur Pollock, il reste que ce qui coûte le plus cher lorsqu'on construit une aréna, c'est évidemment l'intérêt à payer sur les immobilisations.

M. Sam Pollock: Oui.

M. Rick Borotsik: On nous dit—et vous n'êtes pas le seul à le dire—que dans les villes américaines une bonne partie du capital et des intérêts sont pris en charge par les gouvernements, et non pas par les propriétaires des installations. Est-ce bien exact?

M. Sam Pollock: Eh bien, aux États-Unis, on vend pendant des années des obligations garanties par le gouvernement. Les arénas sont très nombreuses, évidemment, et ce mode de financement présente des avantages et des inconvénients. Il y a eu récemment quelques faillites, mais un demi pour cent sur les taxes d'hôtel, un demi pour cent sur les locations de voitures et les recettes de ce genre... Il y a eu toutes sortes de formules de ce genre. C'est une véritable lutte entre les comtés, les États et les villes des différentes régions des États-Unis. La lutte la plus féroce concerne la NFL, car les villes et les États se font littéralement la guerre pour obtenir une équipe.

M. Rick Borotsik: Voilà qui m'amène à ma question suivante, monsieur Pollock, et je voudrais l'aborder dès maintenant, car le président est sur le point de me couper la parole. Il ne me laisse jamais le temps de m'exprimer, mais je ne lui en veux pas; tel est le sort du cinquième parti à la Chambre.

Nous sommes en train de parler de la situation actuelle du sport professionnel au Canada. Nous avons perdu les Jets, et il est question du départ possible des Oilers et de leurs difficultés actuelles. Pourtant, cette situation n'est pas spécifique au Canada. De nombreuses équipes quittent une ville américaine pour aller dans une autre ville américaine, invoquant le plus souvent des pertes pour justifier leur départ, ou la construction d'une nouvelle aréna ou d'installations nouvelles dans une autre ville américaine. La situation n'est pas spécifique au Canada.

Cleveland n'a plus d'équipe de football de la NFL, car son équipe est allée jouer dans un nouveau stade.

M. Sam Pollock: Oui, mais je crois que tout cela est bien révélateur. Prenons le cas de Cleveland. Pourquoi est-ce que l'équipe de Cleveland est partie pour Baltimore? Parce que l'État du Maryland lui a construit un beau stade, si bien que les Browns sont partis pour Baltimore. Ils s'appellent désormais les Ravens. Du jour au lendemain, toute la population de Cleveland s'est mise à pousser les hauts cris.

Et qu'est-ce qui s'est passé? L'année prochaine, on va construire un beau stade dans le centre-ville de Cleveland. On a rasé l'ancien stade municipal, et on va construire ce beau stade de Cleveland, et les spectateurs vont se battre pour y aller.

Mais les déménagements ne sont pas très nombreux. Pour parler toujours de la NFL, les Colts de Baltimore ont déménagé à Indianapolis. Dans la NBA, le seul déménagement dont je me souvienne ces dernières années est celui des Jazz de la Nouvelle-Zélande-Orléans, qui ont déménagé dans l'Utah. Pour le baseball des ligues majeures, je ne me souviens que d'un seul déménagement de franchise. Les déménagements ont été très peu nombreux. En fait, le baseball y est très hostile, à moins d'un cas de force majeure.

Il y a deux affaires en cours actuellement. L'une concerne le Minnesota, et une autre, éventuellement...

M. Rick Borotsik: Je veux simplement dire, monsieur Pollock, que la situation n'est pas particulière au Canada. Des déplacements se produisent aux États-Unis pour les mêmes raisons.

M. Sam Pollock: Oui, mais il y en a très peu.

M. Rick Borotsik: Est-ce que toutes les équipes américaines sont rentables?

M. Sam Pollock: Non.

M. Rick Borotsik: Donc, même avec toutes ces concessions, certaines équipes américaines de baseball perdent de l'argent.

M. Sam Pollock: Les équipes qui perdent de l'argent sont celles qui n'ont pas de stade. C'est cela que je veux dire, et je suis heureux que vous abordiez la question, monsieur Borotsik.

Vous verrez ici que les différents clubs... et je pourrais vous les nommer. Commençons par le bas de la page, où on trouve les budgets de rémunération en début de saison.

Baltimore a un nouveau stade, Camden Park.

Les Yankees, non. On parle d'un nouveau stade, mais voyons les choses en face: les Yankees ont des revenus de télévision de 50 millions de dollars actuellement, et c'est beaucoup plus que les autres équipes.

Cleveland a un nouveau stade. Atlanta aussi, de même que les Rangers du Texas.

Continuons. Je laisse de côté les Cardinals.

Les Mariners de Seattle ont un stade en construction. Pour les Red Sox de Boston, on est en train de préparer les plans, de même que pour les Mets de New York. Le Colorado a un nouveau stade. Houston est en train de construire un nouveau stade, de même que San Francisco. À San Diego, on envisage un nouveau stade. Anaheim a fait des rénovations de 95 millions de dollars. Les White Sox ont le nouveau stade le plus proche du centre-ville, construit un an après le SkyDome. Philadelphie envisage d'en construire un nouveau. les Devil Rays de Tampa ont un nouveau stade, et les Marlins de la Floride en auront un bientôt. Le club de Kansas City a été vendu, mais la ville va construire un nouveau stade. Milwaukee a un stade en construction. L'Arizona inaugure un stade tout neuf cette année. Vous connaissez le problème du Minnesota. Detroit a un stade en construction, de même que Cincinnati. Pour Pittsburgh et Montréal...

• 1700

Il n'y a donc que deux équipes qui n'ont pas de nouveau stade.

M. Rick Borotsik: Ces stades nouveaux ou en construction appartiennent-ils tous à la municipalité, au comté ou à ville?

M. Sam Pollock: Dans tous ces cas, il y a eu soit une émission d'obligations, soit une taxe de l'État, ou une formule du même genre. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'avec les deux équipes de New York des mesures vont devoir être prises. L'emplacement des équipes de New York pose un problème beaucoup plus sérieux, car tous les districts se battent pour savoir si ces équipes doivent rester dans le Bronx, aller à Manhattan, ou ailleurs.

Le président: Bien, monsieur Borotsik.

M. Rick Borotsik: Je reviendrai tout à l'heure.

Le président: Parfait.

Madame Phinney, et M. Provenzano.

Mme Beth Phinney (Hamilton Mountain, Lib.): Merci, monsieur le président.

J'aimerais que l'on parle non plus de pertes, mais de dépenses qui pourraient vous rapporter.

Samedi dernier, je suis allée voir une partie de cette nouvelle ligue qui vient d'être lancée pour les jeunes de 16 ans. Il y a eu quelques matches dans ma circonscription la fin de semaine dernière. Les jeunes sont américains et canadiens. Les Canadiens jouent principalement pour obtenir des bourses universitaires—ils espèrent qu'on va les remarquer et qu'ils seront recrutés par une grande équipe.

Pouvez-vous nous dire combien vous dépensez, le cas échéant, dans le domaine du sport amateur, et pouvez-vous nous indiquer quel genre de contrats vous passez avec des jeunes de ce genre? L'un d'entre eux me signalait que s'il ne réussit pas en sport, on lui donnera de quoi finir ses études lorsqu'il aura cessé de jouer. S'il ne joue que pendant trois ou quatre ans, il sera payé quand même, à condition qu'il signe à l'âge de 16 ans.

J'aimerais avoir votre avis à ce sujet. Combien dépensez-vous chaque année au niveau du sport amateur, et est-ce que vous encouragez les jeunes de cet âge?

M. Sam Pollock: Je vais vous répondre brièvement, et j'inviterais Bob à compléter ma réponse.

Tout d'abord, il y a de très nombreux joueurs au niveau collégial aux États-Unis, et on nous interdit de leur donner de l'argent. Nous ne pouvons pas commanditer les équipes de sport amateur, car il y a un repêchage pour l'ensemble des joueurs.

C'est ainsi que les choses se passaient pour le hockey il y a trente ans. Toutes les équipes canadiennes de hockey amateur étaient commanditées, et tous les joueurs étaient retenus d'avance. Ensuite, on a considéré que cette formule n'était pas bonne. On l'a remplacée par une nouvelle formule, qui permet à la LNH de financer, par l'intermédiaire de ses équipes, celles de la Ligue canadienne de hockey, de la Ligue américaine de hockey aux États-Unis, etc. L'argent est distribué par l'intermédiaire des équipes.

En ce qui concerne le baseball, comme je l'ai dit, la plupart de ces joueurs, sinon la totalité d'entre eux, sont dans les écoles secondaires ou les collèges. Évidemment, l'essentiel des joueurs talentueux viennent de la Floride, de la Californie et des États du Sud, où on peut jouer au baseball toute l'année. C'est un facteur déterminant. Bien sûr, comme au hockey, où un grand nombre de joueurs viennent désormais d'Europe, un bon nombre de joueurs de baseball viennent de la République dominicaine, de Porto Rico et d'Amérique du Sud.

Bob, voulez-vous dire quelques mots là-dessus?

M. Bob Nicholson: Volontiers.

Je pense que notre investissement le plus important concerne certaines équipes professionnelles que nous avons au Canada, comme Sam l'a signalé, mais nous avons aussi financé un certain nombre d'associations amateurs de baseball d'un peu partout dans le pays, et certains tournois locaux, tant en Ontario qu'ailleurs au Canada. J'imagine que ces investissements représentent de 200 000 $ à 300 000 $ par année dans ces secteurs.

Cela ne comprend pas vraiment les choses comme les cliniques d'entraînement que nous organisons. Parfois, nous n'essayons pas vraiment de déterminer la valeur financière d'une activité ou d'identifier toutes les dépenses qui y sont reliées. Nos dépisteurs parcourent le pays pour voir les jeunes joueurs dans leur localité. Nous avons aussi un certain nombre de camps de baseball. Ce sont les activités de ce genre qui ne sont peut-être pas comprises dans nos chiffres d'investissement.

Pour ce qui est des bourses, nous avons dans le baseball un programme de bourses pour recruter des joueurs à la sortie de l'école secondaire. À cause du nombre élevé de joueurs qui arrivent dans le système sans nécessairement aboutir au plus haut échelon du sport professionnel et qui recevront leur congé à un moment donné, pour éviter qu'ils ne pensent avoir dû sacrifier leurs études pour avoir une chance de jouer chez les professionnels, les équipes de baseball peuvent offrir un programme de bourses. Les équipes financent elles-mêmes individuellement les joueurs pour leur permettre de retourner aux études et d'obtenir leur diplôme universitaire après leur carrière dans le baseball.

• 1705

Mme Beth Phinney: Merci.

Le président: Monsieur Provenzano.

M. Carmen Provenzano (Sault Ste. Marie, Lib.): Monsieur Pollock, votre exposé contenait des détails très intéressants, notamment les salaires que les 30 équipes des ligues majeures paient à leurs joueurs. Vous nous avez donné la liste de paie des équipes les jours de l'ouverture de la saison pour montrer que les Blue Jays étaient au 11e ou au 12e rang sur ces 30 équipes, la liste de paie des Blue Jays représentant maintenant à peu près 20 millions de dollars de moins que l'équipe en première place, les Orioles de Baltimore, qui ont une liste de paie d'environ 70 millions de dollars.

M. Joe Comuzzi (Thunder Bay—Nipigon, Lib.): C'est l'équipe au dernier rang. Je m'excuse. Je voulais parler du classement.

M. Carmen Provenzano: Si je peux revenir à ce que je disais, parce que je voulais aboutir quelque part... Je ne voudrais surtout pas donner l'impression de chercher l'affrontement, monsieur Pollock, mais j'ai un peu de mal à faire certains liens. L'équipe au troisième rang a une liste de paie de 60 millions de dollars, ce qui veut dire une baisse de la liste de paie de 10 millions de dollars entre la première et la troisième équipe. Ensuite, quand on arrive à la dernière équipe, les Expos de Montréal, on a 9,2 millions de dollars. Cela voudrait dire que la liste de paie des Blue Jays de Toronto représente 39 millions de dollars de plus que celle des Expos de Montréal.

On nous a dit que le sport dans les ligues majeures fonctionne comme une entreprise. Peu importe le sport, que ce soit la LNH, la NBA ou le baseball des ligues majeures, au niveau des ligues majeures, c'est une entreprise. C'est censé en être une. Lorsqu'il y a de tels écarts entre les listes de paie, on peut dire toutes sortes de choses à propos de la raison d'être de ces écarts et des résultats qu'obtiennent les équipes qui paient moins bien leurs joueurs. Je ne suis pas certain de savoir où vous voulez en venir. On dirait que vous voulez excuser les Blue Jays parce qu'ils ont une liste de paie de 48,4 millions de dollars, et, d'après moi, ce n'est pas logique.

Ce que je veux dire, c'est que si le propriétaire d'une équipe des ligues majeures n'est pas prêt à considérer son équipe comme une entreprise, c'est une chose qui dépasse de beaucoup le mandat de notre comité. Ce que nous voulons bien savoir, ou du moins ce que je veux moi-même savoir à titre de membre du comité, c'est ce qui se passe lorsqu'une équipe essaie vraiment de fonctionner comme une entreprise sans payer des salaires exorbitants qui vont nuire à sa viabilité financière parce qu'elle perdra constamment de l'argent, et s'il y a des différences énormes entre les équipes qui jouent au Canada et celles qui jouent aux États-Unis. C'est cela que nous devons entendre.

Le fait que les Blue Jays ne seront peut-être pas une équipe viable l'année prochaine ou dans dix ans à cause des pertes qu'ils subissent, et vous avez signalé que cela tient peut-être à bien d'autres facteurs, n'intéresse pas vraiment notre comité, du moins pas d'après moi. Ce que nous voulons savoir, c'est s'il existe des différences flagrantes sur lesquelles nous pourrions nous concentrer pour égaliser les chances pour les équipes canadiennes. Nous avons déjà entendu parler de la différence de valeur du dollar canadien. Qu'y a-t-il d'autre?

M. Sam Pollock: Tout d'abord, je vais faire de mon mieux pour répondre à votre question parce que je pense que vous avez posé à peu près six questions en tout.

Premièrement, nous ne voulons certes pas nous excuser de notre liste de paye. Nous pouvons régler cela tout de suite. Nous n'essayons nullement d'excuser notre liste de paye.

Deuxièmement, comme je l'ai déjà dit, nous avons été invités à témoigner devant votre comité pour expliquer la situation qui existe maintenant, pas ce qui se faisait il y a cinq ans ou ce qui se fera dans vingt-cinq ans. Si l'on parle de pertes régulières, si vous considérez que des pertes deux années de suite sont des pertes régulières, eh bien voilà. Mais la tendance s'établit au cours d'un certain nombre d'années.

• 1710

Comme l'a dit M. Riis, ce que nous envisageons maintenant, c'est une situation en évolution, une situation qui a déjà évolué, et nous voulons savoir où cela va nous mener à l'avenir. Pour ce qui est du côté commercial, c'est une question qui nous préoccupe beaucoup et je pense que c'était assez évident à divers moments de notre exposé. Nous comprenons que les choses ne peuvent pas continuer ainsi ni pour nous, ni pour d'autres équipes au Canada, et peut-être la situation est-elle moins grave dans certains cas.

Nous n'avons pas les solutions parfaites maintenant et vous ne les avez pas non plus parce que vous n'avez pas encore entendu tous les témoins, mais vous les entendrez plus tard. Il y a bien des choses qu'on pourrait faire. Je crois cependant que certains problèmes sont très présents et très difficiles à résoudre et que les équipes professionnelles canadiennes de ligues majeures américaines ont un sérieux problème. Au baseball, 28 des 30 équipes sont des équipes américaines et c'est la même chose pour le baseball et la NBA. Dans la LNH, il y a six équipes canadiennes sur trente, ce qui fait 24 équipes aux États-Unis. Par conséquent, si vous pensez qu'il n'y a pas de problèmes, je pense que vous jouez à l'autruche.

Comme je l'ai dit, nous sommes venus à votre comité, et j'imagine que d'autres sont venus pour la même raison, mais nous vous avons expliqué les faits tels qu'ils sont. Nous avons du travail à faire, c'est évident, mais je pense que nous vous avons donné matière à réflexion. À vous de décider ce que vous allez en faire. Je suis cependant heureux de répondre à vos questions et heureux de vos critiques. Ce ne sont peut-être pas des critiques, mais je suis heureux de les entendre. Nous prenons note de tout cela. Selon nous, il faut faire quelque chose. Vous pouvez voir que certaines équipes qui ont une liste de paye moins élevée vont maintenant jouer dans de nouveaux stades pour recueillir des recettes plus élevées et elles vont devenir des équipes à liste de paye plus élevée.

J'aurais pu vous apporter un autre tableau aujourd'hui pour montrer ce que les diverses équipes ont dépensé ou promis de dépenser à l'avenir. Vous verriez que nous sommes près du bas de cette liste. Nous n'avons pas pris d'engagements jusqu'en l'an 2000, 2001 et plus tard. Nos engagements pour les deux ou trois prochaines années sont très modestes parce que nous ne voulons pas être ambivalents. Nous ne voulons pas durer seulement 1, 2 ou 3 ans. Cela fait 22 ans que nous existons et nous espérons continuer d'exister et je pense que nous continuerons effectivement d'exister pendant longtemps. Nous faisons face cependant à une situation à laquelle nous devons nous attaquer. Je comparaîtrai peut-être de nouveau devant votre comité dans un an pour dire que nous sommes exactement dans la même situation, mais j'espère que non.

D'après nous, notre organisation a eu beaucoup de succès dans un grand pays, dans une grande province, dans une grande ville. Et je peux vous dire que nous avons beaucoup de partisans. Nous en avons beaucoup. Nos partisans sont parmi les meilleurs. Même si l'attrait du SkyDome n'est plus ce qu'il était au début, nous attirons encore 2,6 millions d'amateurs par année. Nous en aurons plus si nous avons une équipe gagnante. Nous en aurons un peu moins, peut-être 100 000 de moins, si nous n'avons pas tellement de succès. De toute façon, nous avons beaucoup de partisans. En outre, comme je l'ai déjà dit, nous avons des propriétaires engagés qui ont appuyé le club en y investissant, non pas avec une dette en banque.

Bob et moi et toute l'équipe d'administration avons beaucoup à faire pour que les choses s'améliorent. J'ignore pour l'instant quel genre de rôle votre comité peut jouer. Mais vous en aurez peut-être vous-même une meilleure idée une fois que vous aurez entendu tout le monde et que vous aurez pu faire la part des choses entre tous les intervenants.

• 1715

Il y a bien des problèmes à l'heure actuelle, malgré l'attitude tout à fait optimiste des Canadiens. Nous savons que nous avons de graves problèmes dans les hôpitaux et dans le domaine de l'enseignement et que tout le monde veut obtenir quelque chose. Le gouvernement essaie de maintenir l'équilibre et je pense qu'il s'en tire assez bien.

Le président: Monsieur Pollock, je dois vous interrompre parce que nous avons quelques autres membres qui voudraient participer à la discussion. Ils ont des questions spéciales à vous poser et nous allons essayer de donner la parole à tout le monde aujourd'hui. L'heure avance.

Monsieur Grose.

M. Ivan Grose (Oshawa, Lib.): Merci, monsieur le président.

Monsieur Pollock, comme je ne suis pas très bon danseur, je vais aller droit au but. Si je n'admirais pas vos réalisations, je ne prendrais même pas la peine de poser cette question. Il existe une différence sociale entre le Canada et les États-Unis avec laquelle nous devons composer. Nous ne pouvons pas avoir de pique-niques dans les stationnements au Canada et celui nuit aux présences. Ce n'est pas une chose que nous faisons. Nous ne pouvons pas avoir d'obligations municipales au Canada vu que c'est illégal. Même si c'était permis, je pense qu'on pourrait attendre longtemps avant que les contribuables municipaux appuient une émission d'obligations pour construire un stade ou pour aider une équipe sportive professionnelle.

Voici ma question. Visons-nous trop haut? Serait-il tellement horrible d'être une ligue mineure par rapport à un colosse comme les États-Unis?

M. Sam Pollock: J'imagine qu'il y a deux écoles de pensée là-dessus. Je pense que la grande majorité des Canadiens sont des gens très fiers, comme vous l'êtes vous-même certainement. Pour ma part, je n'aime pas me laisser surpasser par qui que ce soit. Le Canada est un grand pays. Il n'a jamais été un pays de deuxième ordre. Nous faisons partie du G-7 et nous en sommes tous très fiers. Je rejette donc cette hypothèse.

Nous avons une grande institution au Canada appelée la Ligue de football canadienne. Cette ligue a décidé de rester canadienne et cela a été extrêmement difficile pour elle. J'espère bien qu'elle réussira.

Bob est le président de l'équipe de football des Argonautes de Toronto. Cette équipe est très fière d'avoir remporté la Coupe Grey deux années de suite. Je ne veux pas faire de déclaration intempestive, mais je ne pense vraiment pas que moi ou mes compatriotes voulions être deuxième en quoi que ce soit.

M. Ivan Grose: Je voudrais ajouter une seule chose.

Le président: Allez-y.

M. Ivan Grose: Je voudrais faire une analogie qui m'est venue parce que je fais partie du Comité des transports. Ce comité a tenu des audiences sur le service voyageurs. Tout le monde veut les trains pour voyageurs, mais personne ne s'en sert.

D'après moi, c'est de là que vient le problème. Je suis très fier de ce que les Blue Jays ont fait. Je suis très fier des gens qui ont eu tellement de succès avec les Blue Jays et je ne vois vraiment pas comment ils auraient pu faire mieux. Vous ne pouvez cependant pas continuer à perdre 35 millions de dollars par an. Personne ne peut essuyer de telles pertes.

M. Sam Pollock: Je suis tout à fait d'accord avec vous à ce sujet, mais je ne pense pas vraiment qu'on puisse comparer VIA rail et les Blue Jays. Les chemins de fer sont devenus surtout un moyen de transport pour les marchandises et nos ressources naturelles. Elles ne servent plus tellement au service voyageurs. Le CN, et je voudrais bien avoir acheté beaucoup plus d'actions du CN que je ne l'ai fait, et le CP se portent extrêmement bien et nous nous en réjouissons pour eux.

Ce n'est pas comme si personne ne voulait de nous. Nous attirons 2,6 millions de partisans. Nous essayons.

Je vais vous expliquer le problème. Prenons le cas de Toronto. Si vous allez voir les Blue Jays au SkyDome, vous paierez 25 $. Si vous allez au parc Fenway, vous paierez aussi 25 $, mais vous connaissez la vieille histoire: ce sera 25 $US.

Nous faisons partie de l'industrie du divertissement. Il ne faut pas s'y tromper. Il ne faut pas considérer seulement les joueurs. En dollars relatifs, notre liste de paye serait en haut de la liste pour le baseball majeur.

Nous devons trouver le moyen... et quand je dis «nous», je veux parler des Blue Jays de Toronto et de tous mes autres associés qui s'occupent des sports professionnels et des ligues majeures au Canada. Nous avons de fières équipes. Pendant bien des années, l'équipe de Montréal a été reconnue comme l'une des grandes équipes sportives. Les Maple Leafs ont eu beaucoup de succès. J'ai déjà parlé des Argonautes.

• 1720

Les Expos ont eu des années extraordinaires. Je peux vous dire qu'ils ont très bien réussi, mais ils ont connu des expériences malheureuses chaque année pour des raisons financières. Comme je l'ai déjà dit, leur structure financière a changé depuis sept ou huit ans et cela a été très malheureux.

Nous devons faire face à la réalité et nous allons le faire. Je crois cependant que cela ne peut pas vouloir dire seulement un an, deux ans ou trois ans.

Le président: Monsieur Comuzzi.

M. Joe Comuzzi: Monsieur le président, je vous suis très reconnaissant de m'avoir invité à être ici cet après-midi et je tiens, bien sûr, à souhaiter la bienvenue à notre invité.

J'étais en train de me verser de l'eau quand M. Grose a dit que nous devrions peut-être nous contenter d'une équipe triple-A et j'ai été tenté un instant de renverser le pichet d'eau sur sa tête, même si je suis d'accord avec lui sur bien d'autres points.

Pour passer à quelque chose de plus banal, monsieur le président, je sais qu'il y avait une partie cet après-midi, mais je n'arrive pas à savoir comment la partie s'est terminée.

M. Sam Pollock: J'ose à peine le dire. Nous avons téléphoné au bureau et ma secrétaire m'a dit que nous étions en train de gagner. Je lui ai demandé de combien et elle n'en était pas certaine. Elle savait qu'il n'y avait pas eu beaucoup de coups de circuit. J'ai dit que j'espérais que tous les coups de circuit étaient pour nous. C'était à 15 h 5, sans doute vers la sixième ou la septième manche.

M. Joe Comuzzi: Je n'ai pas pu savoir le résultat. Je m'excuse de mon retard. Si nous gagnons trois parties contre Boston, nous sommes dans la course.

M. Sam Pollock: Nous avons gagné deux parties sur trois contre Cleveland, mais le plus important, c'est que Cleveland vient à Toronto la fin de semaine prochaine. Si vous voulez parler du tourisme, c'est une équipe qui fait venir beaucoup de partisans à Toronto. Nous vendons beaucoup de billets quand Cleveland vient parce que cela représente un trajet de moins de quatre heures.

M. Joe Comuzzi: Cela commence à devenir excitant et c'est une bonne chose pour vous. Cela pourrait résoudre l'un des problèmes que nous essayons tous les deux de rectifier.

M. Sam Pollock: Ce serait certainement utile.

M. Joe Comuzzi: Il semble y avoir certaines choses sur lesquelles nous n'avons pas voix au chapitre, monsieur le président, comme l'aréna, le taux du bail, le SkyDome, et ainsi de suite. Cependant, une chose qu'on a signalée aujourd'hui c'est que la plupart des joueurs viennent à Toronto pour six ou sept mois et rentrent ensuite chez eux. J'imagine qu'une exception serait Paul Molitor. Ces joueurs paient malgré tout leur pleine part de l'impôt santé de l'Ontario et c'est peut-être une chose sur laquelle nous pourrions peut-être insister. Il semble y avoir une certaine iniquité étant donné notre liste de paye énorme et l'impôt santé de 3 p. 100 que nous sommes obligés de payer. Ce n'est qu'un problème.

C'est plutôt une question qui s'adresse à vous, monsieur le président. Le taux de change nous pose un problème. Le dollar est descendu jusqu'à 68c. environ. Il n'y a pas de raison pour que le dollar canadien se situe à environ 68c., étant donné notre situation financière, la valeur de nos ressources naturelles et les excédents que nous commençons à connaître et qui vont en engendrer d'autres. Je pense que nous avons une idée. Nous continuons de penser au Canada que nous pouvons avoir un taux d'intérêt de deux points inférieurs à celui des États-Unis, ce qui a des répercussions désastreuses sur notre profitabilité.

Je pense que si nous voulons appuyer les Blue Jays, les Expos, les Maple Leafs de Toronto, le Canadien, l'équipe de Calgary et celle de Vancouver, et si nous insistons pour payer les joueurs au Canada en devises américaines, nous avons la responsabilité de nous assurer que notre dollar n'a pas la valeur d'une devise du tiers monde et que l'on maintient la parité entre le dollar américain et le dollar canadien. Il n'y a pas de raison pour que nous, les législateurs, soyons satisfaits d'un dollar de 68c. Cela a vraiment des répercussions considérables sur le succès de ces équipes.

Je termine ici mes commentaires. J'aimerais que M. Pollock ou M. Nicholson commentent ce que j'ai dit.

Le président: Monsieur Comuzzi, juste avant votre arrivée, M. Pollock a mentionné qu'il y a quelques mois à peine, certains grands économistes du Canada disaient qu'il n'y avait absolument aucune raison pour que notre dollar ne prenne pas de la valeur.

M. Joe Comuzzi: Est-ce qu'il y a enfin quelqu'un qui est d'accord avec moi aujourd'hui?

M. Sam Pollock: J'ai lu avec intérêt ce matin que M. Thiessen fera une déclaration mercredi. Certains—et je suis du nombre—espèrent qu'il nous donnera des nouvelles encourageantes. Il n'y a peut-être jamais rien qui soit définitif, et peut-être que dans d'autres parties du monde, on commencera à reconnaître que le Canada reste un bon endroit où investir et que nous pouvons tirer des investissements étrangers. Si les États-Unis n'augmentent pas encore davantage leurs taux d'intérêt, et ils ne l'ont pas fait à la dernière réunion du Federal Reserve Board, il est tout à fait possible que nous puissions voir une amélioration dans ce domaine.

• 1725

Je ne pense pas cependant que nous puissions nous concentrer uniquement sur le taux de change. Je pense que nous devons regarder la réalité en face. Est-ce qu'il y a quelque chose dans la situation actuelle qui met en danger la survie des équipes canadiennes—si vous voulez—dans les ligues de classe internationale? Voyez-vous ce que je veux dire?

Le président: Monsieur Pollock, je veux vous poser une question, et je vous la pose parce que personne d'autre n'a réussi à bâtir plus d'équipes championnes, au niveau professionnel dans ce pays, depuis de très nombreuses années. Pourquoi les autorités américaines accordent-elles autant de respect et d'appui au sport professionnel, alors que dans notre pays, nous avons presque peur d'appuyer les sports professionnels?

M. Sam Pollock: Eh bien, je dois dire que la principale raison, à mon avis, vient du fait qu'il y a des villes, des comtés et des États qui se demandent ce qu'un sport donné peut leur rapporter. Ils se demandent quelle sorte de recettes, en taxes ou autrement, un sport peut leur rapporter.

Au Canada, je n'arrive pas à croire que le départ des Jets de Winnipeg et des Nordiques de Québec n'a pas laissé un grand vide dans ces villes. Il est peut-être préférable de percevoir la moitié des taxes qu'on pourrait percevoir que de n'en percevoir aucune. Voyez-vous ce que je veux dire? Et c'est compréhensible. Par Dieu, c'est compréhensible. Les gens disent qu'ils ont de plus grandes priorités, qu'il y a des gens en chômage, des hôpitaux et des établissements d'enseignement à financer. Chaque chose a sa place tout de même. Je pense qu'en tant que citoyen, administrateur et législateur, nous devons tous réfléchir à cette question et c'est pourquoi j'ai trouvé tellement merveilleuse la formation de ce comité, car vous pouvez y entendre toutes ces choses, voir quels sont les faits, et déterminer s'il s'agit d'un mythe ou d'un fantasme.

Quelles que soient vos conclusions, il y aura eu beaucoup de bon dans cette consultation, monsieur. Les gens seront mieux renseignés. Ce ne sera pas la fin du monde, quelles que soient vos conclusions, mais je pense que la situation pourra être beaucoup plus saine si nous pouvons maintenir vos équipes de ligues majeures dans une bonne situation financière et nous pourrons tous en être fier.

Les gens d'Edmonton étaient fiers lorsque leur équipe a gagné la coupe Stanley, tout comme les gens de Toronto et de Montréal l'étaient lorsque leurs équipes l'ont gagnée, et les partisans des Blue Jays de Toronto l'étaient également lorsqu'ils ont gagné le championnat. Et j'espère que cela se produira également à Vancouver et ailleurs, où il y a des équipes canadiennes. Pendant longtemps, le Canada avait seulement deux équipes dans la ligue nationale de hockey, soit celles de Toronto et de Montréal. Nous avons vu cette situation changer au cours des 28 dernières années. Vancouver a eu son équipe de hockey en 1970 et ensuite, je suppose que c'était le tour des Expos et des autres équipes dans les années qui ont suivi.

Le président: Merci, monsieur.

Mme Tremblay, suivie de M. Ianno.

[Français]

Mme Suzanne Tremblay: Monsieur Pollock, quand il n'y avait que six équipes dans la Ligue nationale de hockey, on avait du bon hockey. Aujourd'hui, les gens disent que le hockey n'est pas aussi intéressant, que l'augmentation du nombre d'équipes a dilué la performance des équipes, etc. On fait une grosse place aux joueurs qui viennent de l'étranger parce qu'on n'est pas capable d'en avoir ici. Pendant la grève de 1994, aucune ville des États-Unis n'a vu son revenu baisser. Même si les équipes de baseball étaient en grève, les villes ont continué à prospérer. À Québec, les gens placent leur argent ailleurs. Ils vont voir les juniors et d'autres sortes de spectacles. C'est cela, le problème.

• 1730

Cela a une limite, à un moment donné, mais M. Brochu nous a dit, lorsqu'il est venu ici, que la masse salariale des joueurs se chiffrait à au-delà de un milliard de dollars. Et cela ne va pas s'arrêter. Ils nous ont dit que cela va doubler d'ici 2002. Vous allez être obligé de revenir pour nous demander de vous aider encore une fois. Ce n'est plus possible. Quand est-ce que cela va s'arrêter? Cela n'a pas de bon sens.

M. Sam Pollock: Ce n'est pas seulement une question de salaires.

[Traduction]

Il y a toutes sortes de gens dans l'industrie du divertissement. Je veux dire par là que les sports en font partie.

Vous avez parlé d'une ligue à six équipes,

[Français]

une ligue de seulement six équipes. J'ai connu ces moments-là.

[Traduction]

Supposons qu'il y ait 1 000 joueurs de hockey et qu'on répartisse les meilleurs joueurs entre six équipes, c'est très différent de la situation où l'on doit les répartir entre 30 équipes. Je pense qu'il y a aujourd'hui beaucoup plus de meilleurs joueurs de hockey que jamais, mais ils sont répartis entre 30 équipes au lieu de 6.

Je me souviens avoir eu des équipes dans la région de Hull-Ottawa.

[Français]

Ces équipes étaient meilleurs que certaines équipes qui évoluent aujourd'hui dans la Ligne nationale de hockey.

[Traduction]

Mais c'est une époque différente. Les temps ont changé. Tout a changé.

Je me souviens du temps où l'équipe de baseball d'Atlanta faisait partie de la ligue du Sud. Tous les principaux sports ont connu une expansion depuis 30 ans. Il y a certainement des joueurs de talent, mais ils sont répartis entre un plus grand nombre d'équipes. C'est ce qui est différent aujourd'hui.

Je suis d'accord avec vous. La vie continuera certainement même s'il n'y a pas de sports, mais continuera-t-elle d'une façon que les gens aimeront? Nous avons tous été jeunes et il y a bien des années j'étais jeune moi aussi. Nous avons tous pratiqué un sport ou un autre quand nous étions jeunes et il a été prouvé, je pense, que lorsque les enfants pratiquent des sports, ils ne sont pas en train de faire autre chose.

À mon avis, les sports font une partie intégrante de la société canadienne et nous y réussissons très bien. Je le répète, j'aimerais que nous puissions continuer de progresser comme dans le passé, mais nous devons reconnaître que beaucoup de choses ont changé et que nous devons changer aussi. Lorsque je dis «nous», je veux parler de tout le monde.

Le président: Monsieur Ianno.

Ce sera la dernière question, et nous lèverons ensuite la séance.

M. Tony Ianno: Albina veut poser aussi une question.

Le président: Très bien, je suis désolé, je n'avais pas remarqué.

M. Tony Ianno: Au sujet de la question de M. Comuzzi, avant qu'il parte...

M. Joe Comuzzi: ...

[Note de la rédaction: Inaudible] ...

M. Tony Ianno: Non, je pense qu'il faut seulement mettre les choses dans le contexte approprié. Un faible dollar rapporte quand même quelque chose, quand on tient compte du fait que 40 p. 100 de notre PIB vient des exportations et du commerce. Plusieurs petites entreprises commencent à faire du commerce au Canada et acquièrent une visibilité parce qu'elles cherchent des débouchés à l'étranger. Le faible dollar canadien nous rapporte donc énormément d'activité économique, crée des emplois, etc.

Lorsqu'on tient compte du fait qu'une différence d'un demi-cent rapporte 300 000 $, selon vos chiffres, combien vaudrait une différence de 5c., 3 millions de dollars?

Le président: C'était 600 000 $.

M. Sam Pollock: Bob peut vous en parler.

M. Bob Nicholson: Vous avez raison.

M. Tony Ianno: J'ai raison. Merci, monsieur le président.

Une différence de 5c. signifie 3 millions de dollars. Dans ce cas—si l'on tient compte du nombre de billets vendus, cela signifierait que si le dollar prenait de la valeur et que l'activité économique diminuait, du côté des exportations, et de plusieurs petites entreprises de la région métropolitaine de Toronto—je pense que les ventes de billets diminueraient probablement en raison de la diminution de l'activité économique.

Je ne veux donc pas trop insister... l'argent n'est pas une solution magique. Comme je l'ai dit au début de la question, que je sache, pour toute l'activité économique que vous suscitez dans nos collectivités, le travail bénévole, etc., le tourisme qui aide beaucoup de petites entreprises, je pense qu'il faut respecter un certain équilibre. Oui, ce serait bien...

• 1735

J'insiste pour dire que notre dollar remontera, à cause des caractéristiques fondamentales de notre pays. Quand vous allez à l'étranger, vous constatez combien il est peu coûteux de vivre au Canada et à Toronto. Je pense que l'avenir sourira à notre dollar, au moment voulu. Mais il faut également considérer la viabilité économique des Canadiens, afin qu'ils puissent consacrer aux Blue Jays une partie de leur budget de divertissement. C'est ce que je voulais dire.

Monsieur Pollock, s'il vous plaît.

M. Sam Pollock: Je voudrais clarifier une chose. Je ne suis pas venu ici pour me battre au sujet du dollar canadien, parce que j'ai de bons amis dans l'Ouest du pays, dans l'Est aussi, d'ailleurs, qui tiennent aux industries primaires et je comprends qu'il faut arriver à un équilibre pour tous. Nous voulions simplement montrer l'effet qu'il a sur nous. Et ce n'est pas tout. Ici, il y a peut-être 12 façons de voir les choses mais il n'y a pas 12 portions de tarte égales. C'est certainement une partie importante de la tarte, mais ce n'est pas la seule.

Je suis content que vous ayez soulevé cette question, parce que je ne voulais pas partir en laissant cette mauvaise impression. Il ne s'agit pas simplement d'une critique au sujet de la valeur relative du dollar canadien et du dollar américain.

Le président: C'est précisément ce genre de discussion qui a mené il y a de nombreuses années à l'Accord canado-américain sur l'automobile et je soupçonne qu'un jour, il faudra trouver une formule complexe pour le sport au Canada, dans le même genre.

Albina.

Mme Albina Guarnieri (Mississauga-Est, Lib.): Non, ça va.

Le président: Mais non, Albina, allez-y.

Mme Albina Guarnieri: En fait, monsieur le président, j'aimerais laisser M. Ianno avoir le dernier mot, parce que vous êtes resté là si patiemment depuis deux heures, et parce que vous nous avez offert votre sincérité et vos lumières.

Peut-être que nos témoins pourraient revenir, parce que j'ai l'impression que leur témoignage suscitera encore beaucoup de questions.

M. Rick Borotsik: Amenez Roger Clemens avec vous, la prochaine fois.

Des voix: Oh, oh!

Le président: Mais Albina...

Mme Albina Guarnieri: Veuillez revenir, s'il vous plaît.

Le président: Je vous en prie, si vous avez une question...

Mme Albina Guarnieri: Ça va, la séance a été suffisamment longue.

Le président: M. Nicholson et M. Pollock, votre expérience et votre témoignage aujourd'hui ont été très utiles à notre analyse. Merci beaucoup à vous deux d'être venus.

Des voix: Bravo!

M. Sam Pollock: Bob et moi-même voulons remercier tous les membres du comité de nous avoir consacré de leur temps et de leur intérêt. Nous ne nous attendions pas à un tel nombre. Nous l'apprécions grandement.

Le président: Parlons-en, du nombre de députés présents. Il y avait plus de députés ici aujourd'hui qu'en combinant les joueurs de la NHL et de la NBA, et je suis certain que nous vous en sommes redevables, monsieur Pollock.

Des voix: Oh, oh!

[Français]

M. Sam Pollock: Merci et à la prochaine.

[Traduction]

Le président: La séance est levée.