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Je pense que nous devrions commencer. Nous sommes toujours un peu en retard quand nous nous réunissons ici pour la vidéoconférence. Il faut un peu plus de temps pour se rendre de la Chambre à cet édifice.
Des témoins attendent et je crois que nous devrions commencer. Nous en avons cinq aujourd'hui, il faudrait donc veiller à ne pas dépasser le temps accordé aux questions et aux réponses. Nous serons plus rigoureux que d'habitude.
Permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter à tous la bienvenue au Comité permanent du commerce international. Cette réunion est la 14e tenue par le comité depuis le commencement de cette session.
Nous poursuivons notre discussion et notre étude sur l'Accord proposé de libre-échange Canada-Corée. Nous avons des témoins du Congrès du travail du Canada, de Spiritueux Canada/Association des distillateurs canadiens, de Canadian Association of Mouldmakers et, je l'espère, de Fission Energy par vidéoconférence.
C'est le seul point à l'ordre du jour. Nous commencerons par entendre les témoins, tous les témoins. J'espère que M. Khan participera par vidéoconférence. Sinon, nous commencerons la série de questions sans lui.
Je demanderai à chaque témoin, après les avoir présentés, de faire une brève déclaration préliminaire, puis nous aurons des questions. Nous suivons un format: les questions et les réponses sont limitées à sept minutes par député. Nous espérons nous y conformer. Je vous le rappellerai quand nous commencerons la série de questions.
Monsieur Khan, pouvez-vous m'entendre?
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Bonsoir, mesdames et messieurs du comité. Je vous remercie de nous avoir invité à comparaître devant vous aujourd’hui.
Je suis ici au nom du Congrès du travail du Canada, qui est en quelque sorte la « chambre » du travail au Canada. Le CTC représente plus de trois millions de travailleurs canadiens.
Nous nous réjouissons de pouvoir contribuer à l’étude que vous menez sur les répercussions des négociations en cours entre le Canada et la Corée du Sud portant sur le commerce bilatéral. Nous savons que le gouvernement canadien tiendra compte de vos conclusions et vos recommandations pour décider de sa position dans la poursuite du dialogue sur les échanges commerciaux avec la Corée du Sud. Nous souhaitons contribuer utilement à l’élaboration de votre rapport. Nous en mesurons toute l’importance aujourd’hui, car les négociations ont semble-t-il abouti à une impasse.
Le CTC a trois préoccupations majeures au sujet des négociations entre le Canada et la Corée. Tout d’abord, le modèle commercial envisagé va renforcer, et c’est ce qui nous inquiète, l’image du Canada en tant que producteur de ressources en Amérique du Nord et dans l’économie mondiale et ce, au détriment de son secteur manufacturier, de ses collectivités et de ses services publics. Deuxièmement, nous craignons que cet accord ne soit pas à l’avantage des travailleurs des deux pays, car il fait passer les bénéfices des sociétés avant les besoins et les intérêts des travailleurs canadiens et sud-coréens. Troisièmement, la position pour le moins malheureuse adoptée par le Canada dans le contexte de l’ordre mondial nous préoccupe. Au lieu de comprendre les raisons de l’opposition très ferme et très répandue au commerce néo-libéral et aux politiques d’investissements, le Canada contribue malheureusement au renforcement de l’unilatéralisme américain au détriment du système multilatéral.
En premier lieu, nous nous préoccupons des effets à long terme sur l’économie canadienne et des changements apportés à sa structure. Nous représentons les femmes et les hommes qui travaillent dans le secteur primaire et nos syndicats affiliés œuvrent continuellement pour obtenir des conventions collectives et des politiques gouvernementales qui garantiront de bons emplois sûrs, des emplois respectueux de l’environnement dans ces secteurs. L’industrie manufacturière secondaire, les services publics et les collectivités solides de notre société dépendent souvent, selon nous, des ressources naturelles de notre pays.
Une gestion efficace de nos ressources naturelles permettra d’offrir aux générations futures la justice économique et la prospérité. L’avenir d’un grand nombre de collectivités canadiennes repose sur la stabilité des marchés d’exportation des ressources et des produits agricoles. Cependant, nous sommes très préoccupés par le manque de modération et de vision du Canada dans son empressement à conclure un accord bilatéral de libre-échange avec la Corée, accord qui créera une plus grande inégalité dans le développement.
Vous avez entendu d’autres témoignages mentionner le déséquilibre commercial considérable entre le Canada et la Corée au niveau des produits manufacturés. Le Centre canadien de politiques alternatives a indiqué qu’en 2006, la Corée a exporté vers le Canada l’équivalent de 1,7 milliard de dollars en produits automobiles, ce qui signifie que pour une valeur de 153 $ en produits automobiles exportés par la Corée au Canada, nous exportons seulement un dollar de ces mêmes produits.
Nos industries d’exploitation des ressources, notamment le charbon, la pâte de bois, l’aluminium et le cuivre, représentent la majeure partie de nos exportations vers la Corée. Il est fort probable qu’un accord de libre-échange entre les deux pays assurera, dans la combinaison des produits, une place de choix aux exportations axées sur les ressources naturelles. Si la Corée décidait d’ouvrir le marché de son industrie bovine, les travailleurs manitobains pourraient en profiter. L’exportation des articles en papier serait aussi à l’avantage des travailleurs de Kelowna, mais les autres secteurs enregistreraient de plus fortes pertes d’emplois.
Comme vous l’ont dit les autres témoins, on s’attend à ce que les industries manufacturières, notamment l’électronique, la fabrication des machines, l’assemblage des produits de l’automobile, le textile et l’habillement, entre autres, éprouvent des difficultés. Une étude de Travailleurs canadiens de l’automobile utilisant des hypothèses de la situation réelle prévoit la suppression d’au moins 33 000 emplois.
Les membres du comité qui représentent les collectivités de Sherbrooke, Welland, Niagara, Mississauga, Markham, Owen Sound, de la vallée du Bas-Fraser et de Louisville au Québec, connaissent très bien les effets des fermetures d’usines sur les familles de leurs circonscriptions. Je suis sûre qu’ils sont très bien vu les répercussions des fermetures d’usines dans les collectivités dont ils sont les représentants.
Comme vous le savez, depuis 2002, près de 300 000 emplois ont disparu dans le secteur manufacturier canadien. Un emploi sur les huit emplois qui existaient il y six ans a été supprimé. Selon Statistique Canada, les travailleurs qui trouvent un autre emploi après avoir perdu le leur par suite d'une fermeture d'usine ou d'un licenciement subissent une baisse de revenu annuel moyenne de 10 000 $, soit 25 p. 100 du salaire moyen dans le secteur manufacturier. Les économistes du CTC ont relevé que le nombre total des emplois dans l’industrie minière et le secteur d’extraction de pétrole et de gaz est inférieur au nombre d’emplois qui ont été supprimés dans le secteur manufacturier.
Même si certaines régions du pays ne se heurtent pas aujourd’hui au problème des fermetures d’usines, nous tenons à vous rappeler la faiblesse historique du secteur canadien des biens d’équipement. Si le Canada était plus compétitif dans le domaine des technologies vertes et de la fabrication de biens d’équipement, le boom économique de l’industrie des sables bitumineux serait plus équilibrée et plus durable.
Le secteur des services est également touché. Beaucoup d’emplois sont faiblement rémunérés et visent à soutenir le secteur manufacturier. Il y a un nombre disproportionné de femmes et de travailleurs issus de groupes raciaux. Ces travailleurs sont désavantagés en raison de leur situation d’emploi déjà précaire et le seront doublement, car ce secteur est étroitement lié au secteur manufacturier qui est menacé.
Deuxièmement, nous savons qu’il y a en Corée une opposition au libre-échange et nous sommes conscients des répercussions négatives sur les travailleurs des deux pays. Le Congrès du travail du Canada et la Confédération coréenne des syndicats ont fait récemment une déclaration commune appelant nos gouvernements respectifs à mettre immédiatement fin à ces négociations commerciales. Dans le contexte d’une grave crise du secteur manufacturier, la détérioration désastreuse de la balance commerciale canadienne des produits automobiles ainsi que les risques graves que pose cet accord au secteur agricole coréen, les deux centrales syndicales ont reconnu que les effets sur les secteurs manufacturiers canadien et coréen seront négatifs. Les travailleurs coréens sont confrontés à une situation d’emploi qui sera irrégulière et précaire et qui touche déjà 54 p. 100 de la main d’œuvre. Ce pourcentage ne fera qu’augmenter si l’accord est conclu. Les travailleurs coréens et canadiens proposent que nos gouvernements choisissent plutôt d’engager une vraie consultation avec les syndicats et les intervenants concernés afin d’élaborer une stratégie de développement économique qui bâtira nos sociétés plutôt que de dresser les travailleurs canadiens contre ceux de la Corée.
Troisièmement, nous sommes également préoccupés du fait que le gouvernement canadien ait décidé d’abandonner une politique commerciale indépendante, comme dans les négociations entamées avec la Colombie, et qu’il préconise un accord commercial largement impopulaire dans le monde entier et que l’administration américaine n’arrive pas à faire adopter au Congrès. Il nous semble que le Canada essaie malheureusement de légitimer des accords bilatéraux impopulaires forgés par les États-Unis. Dans le contexte d’un système international multilatéral, cette stratégie nous inquiète.
En suivant le modèle de l’Accord de libre-échange nord-américain, les gouvernements des deux pays essaient de miner l’opposition manifestée par la communauté internationale, par exemple, dans le contexte de l’échec apparent des négociations du Cycle de Doha. Pourtant, le gouvernement canadien continue ses efforts pour contrer cette opposition généralisée et accorder bilatéralement des droits aux investisseurs au détriment des droits des travailleurs et de leurs salaires. Il nous semble que ces négociations visent à imposer des restrictions similaires à celles de l’ALENA au plan des politiques industrielles et à implanter encore plus de droits de propriété intellectuelle dans l’OMC. Nous nous inquiétons que les deux gouvernements, qui suivent le modèle de l’accord non ratifié États-Unis-Corée, veuillent affaiblir les services publics et les filets de sécurité sociale au point où les peuples coréen et canadien ne seront plus protégés contre les effets secondaires douloureux provoqués par un marché totalement libre.
N’ayant pas retenu les leçons de l’ALENA, il est question maintenant de conserver les tristement célèbres dispositions du chapitre 11. Ces dispositions donnent aux corporations le droit de poursuivre en justice les gouvernements qui agissent pour le bien public et de les empêcher à mettre en œuvre des politiques actives dans les domaines social, environnemental et industriel. Ces négociations reposent essentiellement sur un modèle de développement désastreux qui n’aboutira qu’à une concurrence au détriment des droits des travailleurs, des normes du travail et de l’environnement. Ces accords qui accordent des droits excessifs aux sociétés – surtout aux multinationales – et facilitent les transferts de capitaux financiers spéculatifs affaiblissent les droits des travailleurs et conduisent à l’érosion des droits fondamentaux du travail et de la personne.
Voici nos recommandations. Le Congrès du travail du Canada demande un moratoire sur les négociations en cours entre le Canada et la Corée. Nous recommandons que des discussions soient entamées sur un accord commercial équitable tenant compte des droits qu’ont les travailleurs des deux pays à un développement social et économique équitable. Nous demandons aussi au comité de recommander que la politique commerciale du Canada mette de côté les politiques industrielles et sociales durables afin de garantir des emplois convenables conformément aux droits fondamentaux de la convention de base de l’OIT.
Nous vous remercions de prendre en considération nos points de vue et nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président et membres du comité. Bonjour.
Au nom de la Confédération des syndicats nationaux, je vous remercie pour cette invitation à témoigner de nos préoccupations sur la négociation d'un accord de libre-échange avec la Corée.
Deuxième centrale syndicale en importance au Québec, la Confédération des syndicats nationaux représente plus de 300 000 travailleuses et travailleurs qui oeuvrent dans l'ensemble des secteurs d'activité économique, au Québec principalement. Nous sommes présents dans le secteur public et privé. La CSN est membre de la Confédération syndicale internationale et siège à la Commission syndicale consultative auprès de l'OCDE, qu'on connaît davantage sous l'appellation anglaise TUAC.
Autant en raison de sa composition que de ses affiliations internationales, la CSN est grandement préoccupée par tous les aspects entourant le commerce et la négociation d'accords commerciaux. La CSN n'est pas contre les échanges commerciaux. Nous savons que l'économie québécoise dépend en grande partie de la vigueur de ses exportations. Par contre, nous avons de sérieuses réserves sur les processus en cours. Alors que les négociations multilatérales dans le cadre de l'OMC, le Cycle de Doha, peinent à aboutir, on assiste à une multiplication des accords bilatéraux.
Nous sommes aussi particulièrement critiques face à des ententes du type de celui de l'ALENA, où l'élimination des tarifs s'accompagne de dispositions qui limitent l'action des gouvernements en matière de réglementation, et qui réduisent leur capacité à soutenir des entreprises locales ou à exiger des contenus locaux.
Outre de ne pas contraindre les marges de manoeuvre des gouvernements, nous croyons que toute disposition touchant l'investissement devrait insister sur la responsabilité sociale des entreprises en matière de respect des normes du travail, ainsi qu'exiger la mise en oeuvre et l'application des principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales.
La CSN a toujours défendu la nécessité que les accords commerciaux reconnaissent la primauté des droits sociaux, des droits de la personne et du travail, notamment le respect des normes fondamentales du travail sur le droit commercial et le droit des entreprises.
Loin d'être une entrave au commerce, nous croyons que ces droits doivent, au contraire, en constituer les fondements. L'ouverture des marchés doit avoir pour but d'améliorer nos conditions de vie et de favoriser la création d'emplois de qualité pour nous, mais aussi pour les populations des pays avec lesquels nous signons ces ententes.
Nous sommes donc particulièrement sensibles aux préoccupations émises par la Confédération coréenne des syndicats, affiliée comme nous à la CSI à l'égard des négociations en cours entre nos pays respectifs, et de ses effets possibles sur leurs conditions de travail et le respect de leurs droits syndicaux. Dans ce traité de libre-échange, le Canada favorise la conclusion d'accords complémentaires de coopération touchant l'environnement et le travail. Le gouvernement a déjà signalé son intention de poursuivre dans cette voie avec la Corée.
Malheureusement, au-delà de cette intention affichée, nous avons peu d'information quant à l'avancée des discussions sur ces questions. Nous sommes particulièrement soucieux de la nature que prendra un éventuel accord de coopération sur le travail. L'expérience nous a appris qu'il ne suffit pas d'obliger les pays signataires d'un accord à respecter les principes et droits fondamentaux du travail de l'OIT dans leurs lois du travail pour que ces droits deviennent réalité. Force est de constater que ce type d'accord, notamment l'ANACT, a montré des limites évidentes. La violation des droits des travailleurs et travailleuses demeure présente alors que plusieurs droits syndicaux, comme la liberté d'association et le droit à la négociation collective, sont exclus de la procédure de plainte.
Bref, les lacunes en matière de plaintes et de règlement des différends ainsi que de sanctions sont manifestes. Nous ne pouvons ignorer les problèmes qu'un manque de vigilance quant au respect des droits sociaux et syndicaux pourrait poser. Selon le dernier rapport sur la violation des droits syndicaux produit par la Confédération syndicale internationale, des progrès ont certes été réalisés mais beaucoup reste à faire en Corée. Les manquements au respect des libertés syndicales demeurent nombreux : répression antisyndicale contre les syndicats des employés de la fonction publique de Corée, licenciement arbitraire de syndicalistes, assauts violents contre des grévistes, etc.
Le gouvernement doit veiller à ce que la législation du travail reflète les droits fondamentaux de l'OIT. Il doit aussi s'assurer de leur mise en oeuvre et exiger que des mesures soient déployées pour les faire respecter. De plus, il doit prévoir la possibilité d'engager des procédures légales en cas de litige et l'imposition de sanctions sévères en cas de violation. Nous sommes aussi particulièrement inquiets de la position que prendra le gouvernement canadien à l'égard des zones économiques spéciales.
Selon le rapport de la Confédération syndicale internationale mentionné précédemment, la Loi sur les zones économiques spéciales de juillet 2003 inclut des clauses préférentielles concernant les entreprises étrangères qui investissent dans ces zones, en les exemptant de nombreuses réglementations nationales sur la protection de l'environnement et sur les normes du travail. Cette disposition laisse augurer de nouvelles violations des droits des travailleurs. Les syndicats coréens se sont d'ailleurs fortement opposés à cette loi, notamment parce qu'elle facilitera l'embauche d'une main-d'oeuvre irrégulière et pratiquement sans protection.
Comment seront traitées les importations en provenance de ces zones? Quelles seront nos exigences en matière de respect des droits sociaux?
Ces questions nous touchent d'autant plus que nous sommes fortement présents dans le secteur manufacturier — agroalimentaire, papier, forêts, fonderies, produits métalliques, électronique, chantiers maritimes, etc. — et que celui-ci traverse présentement d'importantes difficultés. Il enregistrait d'importantes pertes d'emplois au cours des dernières années, et la saignée se poursuit. Depuis 2002, 135 000 emplois ont été perdus, ce qui représente un emploi sur cinq dans ce secteur. Seulement pour l'année 2007 qui vient de se terminer, on parle de 38 100 emplois manufacturiers de moins.
Évidemment, certains secteurs sont plus touchés que d'autres. C'est notamment le cas des industries forestière et du textile. Certains diront que les emplois perdus dans le secteur manufacturier ont été compensés par des emplois dans le secteur des services. C'est vrai, mais ces emplois sont souvent de moins bonne qualité, c'est-à-dire précaires, faiblement rémunérés, sans ou avec peu d'avantages sociaux et non syndiqués. Il ne faut pas oublier que depuis quelques années, le secteur du commerce, gros et détail, a remplacé le secteur de la fabrication comme premier bassin d'emplois au Québec, et la tendance ne semble pas prête à se renverser.
La montée de l'inquiétude de ceux qui se considèrent les perdants de la mondialisation ne doit pas être prise à la légère. Il ne suffit pas de dire que les emplois perdus sont récupérés ailleurs. La perte d'emplois est d'abord et avant tout vécue par des personnes bien réelles qui se retrouvent au chômage, sans grande possibilité de retrouver un emploi avec d'aussi bonnes conditions. C'est présentement le drame de milliers de travailleurs au Québec. La tendance à la baisse des emplois dans la fabrication va se poursuivre avec le ralentissement attendu aux États-Unis et la montée du dollar canadien, qui oscille maintenant autour de la parité avec le dollar américain.
C'est dans ce contexte particulièrement difficile que le Québec doit aussi combler des retards en matière de productivité, notamment dus à un manque d'investissement en machinerie et équipement et à des lacunes dans la formation de la main-d'oeuvre. Depuis le début des années 2000, les exportations de biens du Québec progressent à un rythme plus que modéré, soit 1 p. 100 par année entre 2000 et 2006, ce qui représente une performance nettement en-dessous de celle enregistrée dans les années 1990, soit 8 p. 100 par année.
Or, comme c'est le cas pour l'ensemble du Canada, la balance commerciale du Québec vis-à-vis de la Corée est fortement déficitaire. Nous ne croyons pas qu'un accord de libre-échange avec ce pays viendra renverser cette tendance, au contraire. Au-delà de ce qui semble maintenant une profession de foi envers les vertus du libre-échange, il nous apparaît que des incertitudes importantes persistent quant aux effets positifs qu'aura un tel accord sur notre économie, nos emplois, nos revenus et nos conditions de travail.
Sans entrer ici dans une guerre de chiffres, les études d'impact économique de cet accord ne prêtent guère à l'optimisme. Évidemment, la CSN est particulièrement sensible à celle réalisée par les travailleurs canadiens de l'automobile, qui prévoit des pertes importantes pour le Québec.
En conclusion, la CSN demande qu'aucun accord précipité ne soit conclu. Plusieurs éléments nous incitent à croire que les retombées positives pour les travailleurs et les travailleuses d'un accord de libre-échange avec la Corée ne seront pas au rendez-vous. Le gouvernement a la responsabilité, avant d'aller plus loin, d'évaluer plus à fond les conséquences possibles d'un tel accord sur l'emploi, les conditions de travail et la répartition des revenus. Il doit aussi nous fournir un portrait beaucoup plus clair des incidences sur l'économie en général, sur les différents secteurs d'activité, ainsi que sur les répercussions sur les différentes provinces canadiennes. De plus, la CSN lui demande d'exercer la plus grande vigilance en matière de droits sociaux et d'innover à cet égard en soumettant la violation des normes fondamentales du travail à des sanctions et des pénalités qui seraient vraiment dissuasives.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Spiritueux Canada est la seule association commerciale nationale qui représente les intérêts des entreprises canadiennes qui fabriquent et commercialisent des spiritueux. Au nom du secteur canadien des spiritueux, nous sommes heureux de l'occasion qui nous est donnée de prendre la parole ici devant vous pour vous faire part de notre point de vue sur les négociations en cours entre le Canada et la Corée du Sud visant un éventuel accord de libre-échange.
Permettez-moi d'abord de vous dire que nos sociétés membres appuient fermement le projet d'un ALE entre le Canada et la Corée. La Corée est elle-même un important marché de boissons alcoolisées et présente un grand intérêt stratégique du fait qu'elle peut jouer un rôle de porte d'entrée ou de tremplin pour toute la région.
En volume, la consommation totale d'alcool en Corée est à peu près égale à celle des États-Unis, soit environ 10 fois celle de l'ensemble du marché canadien. Les principales boissons alcoolisées produites en Corée sont la bière et un alcool nommé soju, mais les grandes marques internationales de whisky sont également très présentes.
À sa base, le secteur canadien des spiritueux est composé de fabricants de première ligne. Nos membres achètent des produits agricoles tels que le seigle, l'orge et le maïs principalement chez les producteurs locaux canadiens et transforment ces céréales en alcools de haute qualité, appréciés par des consommateurs avisés partout dans le monde.
Tout cela peut paraître assez simple, mais en réalité l'expérience, la technologie, les investissements, le savoir et la détermination qui entrent dans cette activité à la fois science, art et magie, ont de quoi étonner.
Notre produit le plus représentatif est le whisky canadien. Le Canada a la chance d'être l'une des quatre régions du monde qui produisent un whisky de qualité internationale. Sur la scène mondiale, nos principaux concurrents sont le bourbon des États-Unis et les whiskies très distinctifs que produisent l'Écosse et l'Irlande.
Par tradition et par obligation juridique, le whisky canadien doit être distillé et vieilli au Canada, ce qui crée de nombreux emplois dans le secteur manufacturier local et engendre d'importantes retombées économiques.
Le secteur canadien du spiritueux possède d'importantes usines de fabrication, de vieillissement et d'embouteillage partout au pays, notamment à Lethbridge, Hay River et Calgary en Alberta; Gimli au Manitoba; Amherstburg, Brampton, Grimsby et Windsor en Ontario; et à Montréal, Dorval et Valleyfield au Québec.
L'industrie canadienne des spiritueux est un secteur résolument tourné vers le marché international; 70 p. 100 de la production globale et 80 p. 100 du whisky canadien sont livrés et consommés à l'extérieur du Canada.
Le secteur des spiritueux est aussi un secteur de marque. Les consommateurs nous connaissent surtout en raison de certaines de nos marques les plus prestigieuses — des noms tels que Crown Royal, Canadian Club, Canadian Mist, Gibson's, Schenley et Wisers. Ces marques de whisky canadien sont de véritables emblèmes pour le Canada et témoignent partout dans le monde de la qualité des produits fabriqués ici.
J'ai amorcé mes propos en disant que j'approuvais l'idée d'un accord de libre-échange entre le Canada et la Corée. Permettez-moi maintenant de préciser quels éléments d'un éventuel ALE nous paraissent indispensables pour obtenir notre soutien. Premièrement, la reconnaissance de la protection du whisky canadien et du rye whisky à titre d'indications géographiques et/ou de produits distinctifs exclusifs au Canada, et deuxièmement, le libre accès au marché coréen pour les whiskies canadiens dès la ratification de l'accord.
La Corée impose actuellement un tarif douanier de 20 p. 100 sur les importations de spiritueux canadiens, ce qui empêche les whiskies canadiens de faire une concurrence efficace et de conquérir leur part du marché des boissons alcoolisées. En revanche, le Canada a éliminé ses tarifs à l'importation sur tous les whiskies et autres « alcools bruns » lors des Négociations commerciales multilatérales du Cycle d'Uruguay. Signalons aussi que les whiskies américains ont obtenu des concessions semblables lors du récent accord de libre-échange conclu entre les États-Unis et la Corée. Les whiskies canadiens ont besoin d'un accès équivalent au marché pour pouvoir faire une concurrence honnête aux whiskies américains vendus en Corée.
Nous tenons à profiter de cette occasion pour témoigner de la gratitude de nos membres à l'égard des agents de commerce canadiens du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, des ambassades canadiennes, des missions diplomatiques et des consulats partout dans le monde, ainsi qu'à l'égard des fonctionnaires de Agriculture et Agroalimentaire Canada et du ministère des Finances pour tous les efforts qu'ils font pour ouvrir de nouvelles perspectives commerciales par des accords de libre-échange comme ceux qui sont actuellement en cours de négociation avec le Pérou, la Colombie et les Antilles.
Je vous remercie de votre attention.
Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions
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Merci, monsieur le président.
Premièrement, je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole devant le Comité permanent du commerce international.
Ayant reçu un court préavis, vendredi dernier, j'ai préparé quelque chose sur le libre-échange entre le Canada et la Corée du Sud et ses effets sur l'économie canadienne.
Tout d'abord, permettez-moi de me présenter. Je suis marié; j'ai deux enfants et la grande chance d'avoir quatre petits-enfants. Je suis un mouliste qualifié avec 36 ans d'expérience. Je suis actuellement employé en tant que président de Platinum Tool Technologies. J'ai trois associés, qui sont aussi des artisans qualifiés.
Platinum Tool a été fondée le 17 août 1999. En huit ans et demi, l'entreprise est devenue le principal fabricant nord-américain de moules dans le secteur de l'éclairage automobile. La compagnie compte aujourd'hui 52 employés et occupe une surface de 16 400 pieds carrés pour la fabrication et 4 000 pieds carrés pour l'ingénierie et l'administration. Je célébrerai à la fin de ce mois mon premier anniversaire de président de Canadian Association of Mouldmakers.
J'ai apporté des tableaux pour tout le monde aujourd'hui, mais ils n'ont pas été distribués. Dans ce livret, les tableaux, les chiffres et les faits indiqués après proviennent des plus récentes données disponibles.
La dernière fois que le Canada a eu une balance commerciale excédentaire de 197 millions de dollars avec la Corée du Sud était en 1997. Au cours des neuf années qui ont suivi, jusqu'à la fin de 2006, le Canada a enregistré une balance commerciale déficitaire d'une moyenne annuelle de 97,45 p. 100 avec la Corée du Sud. De 1997 à 2006, le déficit commercial du Canada avec la Corée du Sud a accusé une augmentation astronomique de 11 661 p 100. Sur les 10 dernières années seulement, nous avons accumulé un déficit commercial de 23 milliards de dollars avec la Corée du Sud.
Combien d'emplois canadiens doivent être sacrifiés pour la Corée du Sud? Quand cela s'arrêtera? Quel déficit commercial avec la Corée du Sud les Canadiens doivent accumuler avant que nous nous acquittions de nos obligations? Devons-nous atteindre un certain montant?
La situation dans le secteur de la fabrication des moules n'est pas plus brillante. Les importations de moules sud-coréens au Canada ont augmenté de 3 885 p. 100 à la fin de 2006, soit 13 millions de dollars, alors qu'elles s'élevaient à 345 000 $ en 1997. Durant les cinq ans entre 1997 et 2001, les importations de moules sud-coréens au Canada ont augmenté de 80 p. 100 par année, jusqu'à 17 millions de dollars. Cependant, au cours des cinq années qui ont suivi, c'est-à-dire de 2002 à 2006, ces importations ont augmenté de 86 p. 100 de plus par année, pour dépasser légèrement les 13 millions de dollars annuellement.
La dernière fois que le secteur canadien de la fabrication de moules avait un excédent commercial avec la Corée du Sud était en 2002, cet excédent s'élevait à 1 680 000 $. À la fin de 2006, le déficit commercial du Canada avec la Corée du Sud était de 2 111 000 $ dans le secteur des moules.
Au cours des 12 mois précédents, de décembre 2005 à novembre 2006, les exportations de la Corée du Sud au Canada s'élevaient à 3 830 000 $. Durant la même période, les exportations canadiennes de moules étaient de 1 664 000 $ et enregistraient une diminution de 43 p. 100 ou un déficit commercial de 2 165 000 $ avec la Corée du Sud pour cette année.
La totalité des exportations sud-coréennes de moules vers le Canada étaient à la neuvième place pour la période se terminant en novembre 2006. Au cours de l'année suivante, ces mêmes exportations avaient augmenté de 5 228 000 $ pour l'année finissant au mois de novembre 2007.
Les plus récentes données sur les 12 mois de 2006 à 2007 indiquent que l'excédent commercial de la Corée du Sud a augmenté de 87,6 p. 100, c'est-à-dire un déficit commercial de 4 578 000 $ pour le Canada. À la fin de novembre 2007, la Corée du Sud est toujours à la neuvième place des pays exportateurs de moules au Canada.
Entre-temps, les exportations canadiennes de moules vers la Corée du Sud pour l'année finissant en novembre 2007 ont totalisé 649 000 $. Au cours de cette période, les exportations canadiennes vers la Corée du Sud représentaient le plus fort pourcentage de diminution, 61 p. 100, chez les 10 plus grands pays exportateurs de moules au Canada. On a vu à l'année finissant en novembre 2100 une augmentation du déficit commercial de 77,9 p. 100 pour l'ensemble du commerce des moules avec la Corée du Sud et une différence nette de 4 578 000 $.
Si j'avais pu consacrer plus de temps à faire des recherches sur l'Accord de libre-échange Canada-Corée, j'aurais eu encore plus de points négatifs à vous présenter. Vous aurez l'occasion de consulter vous-mêmes les faits et les chiffres.
Pour le secteur manufacturier, et plus particulièrement le secteur de fabrication des moules, cet accord n'offre rien de positif. Nous avons perdu suffisamment d'emplois pour la démocratie en Corée du Sud. Le moment est venu de conclure un accord qui profite à tous les Canadiens. Les pays asiatiques nous ont mis sur les genoux, pourtant nous nous relevons et nous nous défendons au moyen de la technologie, de l'innovation et d'une main-d'oeuvre spécialisée.
Parlons de juste échange, pas de libre-échange. Appliquons les règles de la réciprocité au niveau des tarifs douaniers imposés aux importations et exportations coréennes. Le résultat net sera un échange juste. Quel avenir l'Accord proposé de libre-échange Canada-Corée offre-t-il à mes petits-enfants et aux générations qui les suivront? Les accords commerciaux conclus avec n'importe quel pays devraient viser la prospérité économique des petites et moyennes entreprises, car elles sont à la base de l'économie canadienne. Le Canada a été bâti par l'entreprenariat. Nous nous devons d'entretenir le rêve de l'entrepreneuriat.
Je vous remercie.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de participer à cette réunion aujourd'hui.
Mon invitation à cette réunion m'est arrivée que tard, hier dans l'après-midi. Je vous prie de m'excuser, car je n'ai pas eu la possibilité de préparer un exposé officiel. Mais, je veux vous donner, à vous et au groupe présent aujourd'hui, quelques renseignements sur les développements récents de notre entreprise.
Fission Energy Corporation est une petite compagnie d'exploration minière basée au Canada. On travaille dans l'exploitation des ressources en uranium et dans un complexe minier dans le bassin d'Athabasca au nord de la Saskatchewan. Certains d'entre vous savent peut-être que cette région est celle qui produit le plus d'uranium au monde.
Je viens de retourner de Corée du Sud, il y a environ 11 jours, après avoir été très bien accueilli par un groupe de compagnies formant un consortium. Ce groupe est dirigé par la compagnie Korea Electric Power Corporation. Le consortium s'est engagé récemment à acheter des actions de notre compagnie et à dépenser 15 millions de dollars sur trois ans en échange d'une participation de 50 p. 100 dans notre projet dans le bassin d'Athabasca.
La raison pour laquelle il est important que je vous dise cela est que nous sommes une petite entreprise qui dépend du capital risque. Bien que le flux de capitaux vers l'extérieur du Canada est prouvé, des capitaux étrangers sont aussi investis dans des compagnies comme la nôtre qui dépendent du capital-risque.
Le fait qu'une des plus grandes sociétés de services publics, Korea Electric Power Corporation, fasse ce type d'investissement est un événement unique. Cela encourage aussi d'autres sociétés similaires à venir ici pour étudier la possibilité d'investir dans des entreprises minières canadiennes comme la nôtre. Évidemment, nous accueillons cela favorablement et nous sommes optimistes quant aux relations que nous pouvons établir avec d'autres sociétés coréennes, telles que KEPCO et ses associés.
Il est important de dire, du point de vue des petites entreprises, que ce sont elles qui créent beaucoup de nouveaux emplois au Canada. Notre compagnie compte probablement aujourd'hui environ 15 employés. Nous pouvons doubler ou tripler ce chiffre au cours des deux prochaines années grâce aux investissements des sociétés coréennes voulant assurer la disponibilité à l'avenir des ressources en uranium dont elles ont besoin pour leurs centrales électriques.
Cela favorisera le développement de régions isolées situées dans le nord du pays qui ont besoin des capitaux qu'elles ne trouvent pas forcément dans les établissements traditionnels, banques ou autres institutions financières conservatrices au Canada. Nous sommes très favorables à la possibilité de voir des compagnies internationales, et certainement les sociétés coréennes, venir nous aider à développer ces projets. Pour nous, l'ouverture des marchés sera très bénéfique. Nous profitons certainement du capital-risque additionnel que nous voyons arriver de la Corée du Sud.
Des groupes internationaux continuent de constater que le Canada possède beaucoup de ressources naturelles et des sociétés telles que KEPCO sont au premier plan pour aider des entreprises comme la nôtre à développer des projets qui démarrent. Nous espérons que cela aboutira au développement et à la découverte de nouvelles mines, donc à la création d'emplois et à l'augmentation de l'assiette de l'impôt, surtout dans les régions isolées que j'ai mentionnées. D'autres compagnies suivent l'exemple de KEPCO et étudient les possibilités d'investissement de capital-risque ici au Canada. Nous espérons voir encore plus de capitaux investis dans notre pays.
Fission accueille favorablement la coopération avec des sociétés coréennes et appuie le libre-échange. Jusqu'à présent, nous sommes très satisfaits de notre expérience. C'est une expérience très courte, mais je crois qu'elle s'élargira considérablement au cours des prochaines années. En tant que petite entreprise canadienne, nous espérons voir beaucoup plus de développements de ce genre.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous présenter mon point de vue aujourd'hui.
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Très bien, merci. Ce que je voulais dire en fait, c'est que des travailleurs autres que ceux de l'industrie de la transformation des aliments bénéficieront aussi de l'accord.
Monsieur Monayhan, vous avez dit souhaiter un accord de libre-échange avec des règles du jeu équitables. J'ai entendu parler de la suppression des tarifs douaniers, etc. Il semble donc que vous êtes favorables à l'accord, mais avec cette condition, et si elle pouvait y être incluse...
On vous a demandé si vous agrandiriez votre entreprise et si cette expansion vous permettra... Et il semble que vous ne pouvez pas ou ne voulez pas agrandir votre entreprise. Par ailleurs, si des règles du jeu équitable sont instaurées, des entreprises telles que la vôtre en tireraient avantage, et je pense que c'est quelque chose de positif.
M. Westcott et M. Khan, j'aimerais que chacun de vous réponde à ma question. Encore une fois, nous parlons des tarifs douaniers; autour de cette table, au cours des dernières semaines, nous avons entendu parler de la diversification de nos marchés d'exportation, compte tenu surtout du cours élevé du dollar canadien et de ses effets... Car les États-Unis sont notre plus gros partenaire commercial.
Tout d'abord, est ce qu'un accord de libre-échange avec la Corée traitera de la diversification? En plus de cela, est-ce que la pénétration du marché coréen par vos entreprises et industries vous ouvrira d'autres marchés en Asie?
Pourriez-vous me donner chacun une réponse, s'il vous plaît?
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Pour revenir sur ce qu'a dit M. Westcott. J'étais en Corée, à Séoul, il y a 10 jours, pour fêter la signature de notre transaction et j'ai eu l'occasion de goûter les spiritueux qui nous ont été offerts. Je peux vous dire que ce serait formidable d'avoir plus de spiritueux canadiens là-bas pour la consommation.
À notre avis, la pénétration dans le marché coréen va certainement nous aider à aller dans d'autres pays. Quand des compagnies comme la nôtre, particulièrement les petites entreprises, font des transactions dans des pays comme la Corée, elles se font une réputation.
La Corée achète actuellement de l'uranium au Canada. Les États-Unis sont certainement l'un des plus gros marchés pour l'uranium canadien. Mais, quand une petite société comme la nôtre permet d'élargir ce marché à des pays comme la Corée, la société est sous les feux de la rampe, si j'ose dire, et cela encourage des petites entreprises à offrir leurs produits et services dans des marchés beaucoup plus grands.
Donc, en ce qui concerne l'ouverture de nouveaux marchés et le libre-échange, tout ce qui élimine les barrières tarifaires aura un effet extrêmement positif sur nos entreprises. La Chine et d'autres pays cherchent d'autres sources d'approvisionnement sûres en uranium, par exemple, et ils se tournent beaucoup vers l'Australie. Nous sommes allés au Kazakhstan. Ce pays s'intéresse aussi à ce qui se passe au Canada.
La pénétration de notre entreprise dans le marché coréen nous a fait remarquer. D'ailleurs, les Japonais nous connaissent déjà dans notre secteur et ils commencent aussi à s'agrandir. Tout ce qui laisse présager de bonnes perspectives commerciales dans ces pays asiatiques, la Corée en particulier, nous ouvre un énorme marché. Nous savons que le potentiel d'expansion existe, surtout dans des industries qui en Amérique du Nord ont été quelque peu limitées par des questions politiques et environnementales. Dans le reste du monde, ces technologies ont été acceptées, jugées sûres et à même de produire l'énergie nécessaire.
Pour nous, la pénétration dans ce marché est un facteur très important. D'autres sociétés canadiennes vont aussi en profiter au fur et à mesure qu'elles atteignent leurs objectifs de production et qu'elles seront jugées capables de fournir d'autres ressources recherchées.
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Bonjour. Bienvenue à tous à ce comité du Commerce international.
Je vous ai entendu manifester des inquiétudes. Elles sont légitimes et je vous encourage à défendre votre situation. Comme vous le savez, nous avons eu de nombreuses pertes d'emploi ici, dans le secteur manufacturier. Mme Lamoureux l'a mentionné en ce qui concerne le Québec. Vous avez mentionné pour votre part que dans tout le Canada, on parle de 300 000 pertes d'emploi. Seulement au Québec, près de 50 p. 100 des emplois dans ce secteur ont été perdus. Le gouvernement avait la possibilité d'intervenir en imposant de mesures de sauvegarde au Québec pour protéger nos entreprises comme le textile, le meuble, les bicyclettes. Il n'est pas intervenu. Des projets de loi ont été déposés à la Chambre, par exemple le projet de loi C-411, pour établir des normes de commerce international en ce qui concerne le dumping, établir des normes comme en Europe, comme aux États-Unis. On a voté contre ce projet de loi.
Donc, vos inquiétudes sont justifiées parce que lorsqu'on signe une entente, lorsque c'est fait, on constate que c'est fait et on perd des emplois. À partir de là, le gouvernement laisse les choses suivre leur cours. Je pense que les informations que vous nous donnez aujourd'hui, il est important que les membres du comité puissent les recevoir. C'est essentiel parce que si on signe une entente, on perd nos emplois — vous le dites —, et le secteur manufacturier, par la suite, c'est terminé.
Le 4 décembre 2007, le ministre du Commerce international s'est présenté ici. Il nous a dit qu'il n'y aurait pas de signature d'entente s'il n'y avait pas de preuves et d'analyses économiques confirmant qu'une entente Canada-Corée engendrerait des bénéfices. On a tenu des audiences — ça fait pratiquement trois ou quatre mois qu'on le fait —, on a rencontré l'industrie automobile, et tout le monde nous a dit qu'on a un déficit commercial important avec la Corée, comme M. Moynahan nous l'a indiqué. On parle de 2 milliards de dollars ou 2,5 milliards de dollars durant des années.
Devrait-on tout simplement fermer les livres? Si on veut une entente juste, équitable, qui respecte les droits des travailleurs, les conditions de vie des travailleurs, etc., je crois que ce sera très difficile. Selon vous, quels sont les enjeux par rapport à cette entente Canada-Corée? Est-ce possible d'avoir une entente juste et équitable qui tienne compte de nos réalités et qui nous permette d'atteindre un équilibre commercial?
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Nous sommes la deuxième société canadienne à signer un accord avec la Korea Electric Power Corporation. Une autre entreprise canadienne a signé un accord comparable quelques mois auparavant, et je pense qu'il va y en avoir d'autres qui vont profiter de cette porte ouverte.
L'un des attraits, c'est de faire entrer des capitaux étrangers au Canada, dans la mesure où les investisseurs tirent profit de la vente de biens et services chez nous. S'ils récupèrent ainsi leur capital et le réinvestissent dans nos entreprises canadiennes, c'est très avantageux pour nous. Je pense que nous ne sommes que la première vague d'entreprises minières à en profiter.
Certaines des plus grandes entreprises, non seulement en Corée mais également au Japon et en Chine, comme je l'ai déjà dit, sont à la recherche de débouchés encore plus importants au Canada. Comme nous le savons, il y a actuellement comme une dichotomie dans l'industrie au Canada. Il y a le secteur manufacturier et le secteur des ressources, et pendant que nous perdons du terrain dans le secteur manufacturier, nous en gagnons dans le secteur des ressources.
C'est là où se trouve l'équilibre en ce moment. Dans les domaines du pétrole et du gaz, de l'énergie et des secteurs connexes, nous aurions avantage à conclure de nouveaux accords avec la Corée.
Certains membres du consortium qui font partie du groupe venu investir ici ont manifesté un vif intérêt à l'idée d'accroître leur rôle au Canada en ouvrant des bureaux, en dépensant de l'argent et en mettant sur pied d'autres projets au Canada en plus de ceux que nous avons déjà lancés. Je pense que ce type d'occasion va se multiplier à l'avenir.
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C'est une bonne question. En fait, KEPCO détient actuellement 20 centrales nucléaires. Elle cherche à faire connaître sa technologie dans le monde, à offrir ses centrales nucléaires à la collectivité internationale. Elle s'entretient avec des pays comme le Canada. Elle cherche à offrir ses services ici pour nous vendre ses produits. Elle a un produit unique et concurrentiel qui pourrait être avantageux pour des pays comme le nôtre.
Les centrales nucléaires pourraient constituer une source d'énergie sûre pour exploiter nos sables bitumineux à moindre coût.
Les entreprises comme KEPCO cherchent à tisser des liens avec des pays comme le Canada. Cela ouvre la porte à beaucoup d'autres pays aussi. Elle souhaite exporter sa technologie au Cambodge, au Vietnam et en Australie.
Cette entreprise génère des revenus annuels de 29 milliards de dollars et compte 31 000 employés. À ce titre, elle est bien plus grande que bon nombre de nos sociétés canadiennes. C'est l'une des 10 installations les plus grandes au monde. Quand une entreprise de cette envergure aborde une petite entreprise comme la nôtre, ce peut être assez emballant.
Les débouchés sont exceptionnels. Nous ne sommes que la façon pour elle de mettre le pied dans la porte pour chercher d'autres occasions d'affaires. Elle s'intéresse à l'hydroélectricité, au charbon et à d'autres ressources qui pourraient générer de nouvelles possibilités au Canada.
Dans le monde asiatique, tout particulièrement, tout est une question de relations. Quand les asiatiques établissent des relations, ils cherchent à explorer d'autres possibilités. Je crois donc que ce n'est que le début, qu'il y en a beaucoup d'autres qui vont faire leur entrée dans cette arène.