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Je vais essayer. Je vous remercie et je tiens à nouveau à m'excuser. Mes vols ont été annulés à cause de la tempête de verglas qui sévit ici. J'aurais beaucoup préféré comparaître en personne devant vous aujourd'hui.
Je pense que le Syndicat des travailleurs et travailleuses canadiens de l'automobile est une organisation bien connue. Nous sommes le plus important syndicat du secteur privé au Canada. Nous représentons environ 265 000 membres qui travaillent dans un grand nombre de différents secteurs, dans l'industrie automobile, mais dans d'autres secteurs également.
Je pense que l'on connaît assez bien aussi nos critiques envers l'accord de libre-échange proposé. Nous avons soutenu que la situation actuelle des échanges entre le Canada et la Corée est très déséquilibrée, il s'agit d'un mode de commerce unilatéral qu'un accord de libre-échange ne fera qu'exacerber. Il est fort probable que les déficits augmentent, particulièrement en ce qui concerne les produits manufacturés à plus forte valeur ajoutée, que nous avons tendance à acheter de la Corée. Nous prévoyons que cela nuira sérieusement à toute une gamme d'industries manufacturières à forte valeur ajoutée au Canada. Et je ne parle pas uniquement de l'industrie automobile. Je sais qu'il y a des représentants de l'industrie automobile présents ici aujourd'hui, mais il est important de reconnaître qu'une vaste gamme de secteurs industriels seront touchés par cet accord, y compris le secteur de l'informatique, de l'électronique, de la fabrication de machines, des produits métalliques, des produits de plastique et de caoutchouc. Ce sont probablement les secteurs les plus à risque.
Nous avons préparé et distribué aux membres du comité une étude qui prévoit que si l'expérience de libre-échange avec la Corée correspond à l'expérience générale que le Canada a connu avec les cinq autres partenaires de libre-échange qu'il a aujourd'hui, c'est-à-dire les États-Unis, le Mexique, Israël, le Chili et le Costa Rica — il y aura probablement environ 33 000 pertes nettes d'emploi au Canada.
Tout récemment, nous avons décomposé ces données sur les pertes d'emploi en fonction des différentes régions du Canada. Il n'est pas étonnant de constater que l'Ontario et le Québec sont les provinces qui perdent le plus grand nombre d'emplois. Plus de 17 000 emplois ont été perdus en Ontario et plus de 8 000 au Québec. Il est toutefois intéressant de constater que dans chaque région du Canada, l'impact net sur l'emploi est négatif, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune région où les emplois modestes créés dans le secteur de l'agriculture et des mines en raison de l'accord de libre-échange suffisent pour compenser les plus importantes pertes d'emploi qui se produisent dans le secteur manufacturier.
Aux fins de la discussion d'aujourd'hui, j'aimerais vous présenter notre perspective sur certaines questions plus récentes qui se rattachent à cet accord de libre-échange. Premièrement, le ministère des Affaires étrangères vient enfin de publier une étude économique qui évalue les répercussions sur l'ensemble de l'économie de l'accord de libre-échange proposé. Deuxièmement, le ministère des Affaires étrangères a également invité les intéressés à réagir à son projet d'évaluation environnementale de l'ALE. Je pense que ces deux documents ont des incidences très importantes en ce qui concerne l'approche du gouvernement envers les négociations avec la Corée, incidences sur lesquelles j'aimerais attirer votre attention.
Je commencerai par l'étude économique. Je tiens tout d'abord à faire valoir un argument. Il est étonnant que ce ne soit que maintenant, après environ 14 séries de négociation avec la Corée et des pressions concertées et évidentes de la part du gouvernement en vue de conclure un accord, que le gouvernement ait en fait effectué une étude des répercussions de l'accord de libre-échange sur l'ensemble de l'économie. À mon avis, c'est faire les choses à l'envers. Cette étude économique a été préparée dans le cadre du processus d'évaluation environnementale. Je pense que nous aurions dû faire une étude économique très soigneuse des répercussions de l'ALE sur l'ensemble de l'économie avant de même entamer des négociations avec la Corée pour nous assurer d'avoir la possibilité d'obtenir des bénéfices nets qui valent les risques et les coûts que nous assumerons.
Je tiens à parler, très brièvement, de la méthodologie de l'étude gouvernementale. Il s'agit d'une démarche analytique qui repose sur un modèle d'équilibre général calculable, un modèle d'analyse économique très controversé. Ce modèle s'appuie sur des hypothèses comme celles du plein emploi et l'hypothèse selon laquelle les travailleurs touchent la même rémunération dans chaque industrie; l'hypothèse selon laquelle l'ensemble du pays se compose d'un ménage représentatif qui partage également l'ensemble du revenu provenant de différentes industries, de sorte qu'il n'y a aucun problème de répartition du revenu; l'hypothèse selon laquelle les Canadiens font preuve d'une loyauté innée envers les variétés de différents produits fabriqués au pays; l'hypothèse selon laquelle les consommateurs coréens réagiront de façon aussi empressée aux réductions de tarif que les consommateurs canadiens et d'autres hypothèses économiques qui sont tout à fait irréalistes.
Nous avons décrit et critiqué de façon détaillée ces hypothèses dans une lettre adressée à M. Hildebrand, le négociateur en chef pour les produits auprès du ministère des Affaires étrangères. Nous nous ferons un plaisir de communiquer cette lettre à tous ceux qui voudraient en connaître les détails.
Les modélisateurs ont fait des hypothèses particulièrement inacceptables en ce qui concerne l'industrie automobile. Ils ont fait en particulier une hypothèse cruciale mais très peu fondée. Ils ont présumé que 65 p. 100 de la production automobile de Hyundai et de Kia qui est destinée au marché canadien sera transférée, au cours de la période visée par l'accord de libre-échange, à des usines d'assemblage que la compagnie est en train de construire aux États-Unis. On en déduit donc qu'étant donné que Hyundai et Kia, en théorie, approvisionneront le Canada à partir des États-Unis avec lequel nous avons un accord de libre-échange, bien entendu, les répercussions de l'accord de libre-échange avec la Corée sur l'industrie automobile seront très faibles.
Cette hypothèse est tout à fait fausse. Cette hypothèse de 65 p. 100 repose sur une analogie avec l'expérience des constructeurs d'automobiles japonais qui dans certains cas, mais pas tous, ont transféré une grande partie de leur production en Amérique du Nord. Mais la situation économique du Japon était très différente. Le Japon avait des coûts de main-d'oeuvre beaucoup plus élevés que la Corée et voulait éviter les barrières commerciales que les Américains étaient en train d'ériger. Par ailleurs, les entreprises japonaises fonctionnent à beaucoup plus grande échelle que les entreprises coréennes, ce qui leur permet de produire un plus grand nombre de véhicules en Amérique du Nord tout en offrant une gamme complète de véhicules à vendre.
Nous avons entendu à maintes reprises cet argument invoqué de façon non officielle par les négociateurs du gouvernement, mais c'est la première fois que nous prenons connaissance de cette hypothèse par écrit, et nous sommes très préoccupés par ces incidences. Si les négociateurs fédéraux croient, à tort, que 65 p. 100 de la production de Hyundai et de Kia sera transférée en Amérique du Nord de toute façon, cela pourrait représenter une énorme erreur de stratégie dans leurs négociations avec la Corée. On part du principe que l'accord de libre-échange n'aura pas vraiment de répercussions sur l'industrie automobile, parce que l'ensemble de la production sera transférée en Amérique du Nord de toute façon, et si les négociateurs croient à tort que les concessions qu'ils font dans le cadre des négociations portant sur le secteur économique ne sont pas si importantes, alors ils n'en tireront pas plein avantage à la table de négociation.
Nous pourrions traiter de façon plus détaillée des aspects concernant les hypothèses irréalistes sur lesquelles se fondent ce modèle et également ses résultats, parce que même compte tenu de ces hypothèses irréalistes, le modèle même sous-estime les avantages de l'accord de libre-échange. Il prévoit une augmentation du PIB du Canada découlant de l'accord de libre-échange de 0,1 p. 100 échelonné sur une période de plusieurs années — probablement 10 ans — donc il s'agit d'une conséquence infime sur notre économie, qu'il serait impossible de mesurer, et selon d'autres hypothèses, il est possible que l'impact soit négatif plutôt que positif.
Monsieur le président, permettez-moi de prendre un instant pour vous parler du rapport d'évaluation environnementale, à propos duquel le ministère des Affaires étrangères a également demandé des commentaires. À notre avis, ce rapport renferme lui aussi de grandes lacunes. L'évaluation environnementale ne tient aucun compte d'au moins deux très importants aspects des incidences environnementales de nos échanges avec la Corée. Tout d'abord, elle exclut l'impact environnemental de l'utilisation par la Corée d'une quantité accrue de ressources canadiennes, y compris des ressources énergétiques comme le charbon, que nous expédierons en Corée en plus grande quantité après la conclusion d'un accord de libre-échange, ce qui est tout à fait inacceptable. Par exemple, il existe aujourd'hui en Corée une gigantesque centrale thermique alimentée au charbon, la centrale de Poryong, la deuxième source en importance au monde d'émissions de CO2. Après la conclusion d'un accord de libre-échange, nous fournirons une plus grande quantité de charbon à la Corée, à cette centrale et à d'autres installations, et nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les incidences environnementales d'une telle chose simplement parce que la centrale se trouve en Corée.
Deuxièmement, l'étude ne tient également aucun compte des émissions résultant de l'expédition de marchandises dans les deux sens entre la Corée et le Canada après l'adoption d'un accord de libre-échange, donc nous sommes très insatisfaits de cette évaluation environnementale, de même que du modèle économique. Nous conseillerions au gouvernement de mettre fin aux négociations avec la Corée, de procéder à une analyse économique véritable, plus réaliste, secteur par secteur, de l'accord de libre-échange afin de déterminer précisément quels en seront les avantages possibles et d'effectuer parallèlement une évaluation environnementale en bonne et due forme.
Je terminerai donc ici, monsieur le président. Je tiens à vous remercier à nouveau de la souplesse dont vous avez fait preuve et je suis tout disposé à répondre à vos questions.
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Très bien. Merci beaucoup.
Tout d'abord, les fabricants de pièces d'automobile sont les fournisseurs de pièces, de produits et de services pour les véhicules neufs. Nous ne faisons pas partie du marché secondaire. C'est un aspect très important à souligner.
Je fais moi-même partie de l'industrie depuis 1964. Pour certains d'entre nous, hommes des cavernes, c'était avant le Pacte de l'automobile. J'ai vécu la mise en oeuvre du Pacte automobile à General Motors et j'ai vécu la mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis et de l'Accord de libre-échange nord-américain avec ITT, et j'ai travaillé très activement en ce sens. En fait, nous considérons que ces accords ont tous été très bénéfiques pour l'industrie automobile au Canada.
Mais ce ne sera pas le cas de l'accord de libre-échange Canada-Corée. Donc nous tenons essentiellement à favoriser le libre-échange lorsque cet échange est équitable, mais nous devons nous assurer qu'il s'agit d'un accord équitable.
En ce qui concerne l'évaluation environnementale dont on a déjà parlé, nous ne considérons pas qu'il s'agit d'une très bonne évaluation. Elle comporte de nombreuses incertitudes et on ne peut pas se fier à ses résultats. À titre d'exemple, on indique à la page 30 que toute augmentation des importations coréennes ne ferait essentiellement que remplacer d'autres produits importés de la même catégorie. En fait, nous ne croyons pas que ce soit le cas. C'est une déclaration très téméraire qui est complètement fausse. L'une des études faite par l'Association canadienne des constructeurs de véhicules, que mon collègue a présentée, indique que le Canada et la Corée fabriquent bien des véhicules similaires, donc la Corée remplacera les véhicules fabriqués au Canada et non les autres véhicules.
Par ailleurs, aux pages 11 et 12, on utilise des données qui remontent à 1990. À l'époque, la valeur de l'industrie des pièces d'automobile était de 12 milliards de dollars; aujourd'hui, elle est de plus de 32 milliards de dollars. Depuis, trois générations de véhicules automobiles se sont succédé. À l'époque, les véhicules polluaient 13 fois plus qu'aujourd'hui. Donc, les données qui remontent à 1990 sont complètement périmées.
À la page 18, le rapport part du principe que les produits coréens proviendront des activités coréennes aux États-Unis. Comme on l'a déjà dit, cela ne serait le cas que si l'on maintenait le tarif douanier. Mais si on élimine le tarif, alors on est libre d'en choisir la provenance. Et on présume que les entreprises coréennes sont semblables aux entreprises japonaises. Cela témoigne d'une méconnaissance incroyable du marché nord-américain. Lorsque les entreprises japonaises sont venues ici dans les années 1980, nous avions trois grandes entreprises qui occupaient 80 p. 100 du marché. À l'époque, Volkswagen était le plus grand importateur. Aujourd'hui, les trois grandes entreprises occupent environ 50 p. 100 du marché, Toyota arrive en deuxième place, et le marché est tout à fait différent de celui qui existait à l'époque, parce qu'il y a une énorme concurrence.
Ce que nous apprennent nos foires de l'auto, c'est que les Coréens conçoivent des véhicules plus gros, plus luxueux, en fait le même type de véhicules que nous fabriquons à l'heure actuelle au Canada. L'élimination des tarifs va être extrêmement nuisible aux fabricants canadiens.
Les usines que les Coréens ont construites se trouvent dans le Sud-Est des États-Unis. Nous prévoyons que leur production passera d'environ un quart de million d'unités à environ trois quarts de million d'unités d'ici 2012. Ces emplacements ne présentent aucun avantage pour les travailleurs canadiens parce qu'ils sont situés trop loin. En fait, certains fabricants canadiens en profiteront, mais ils devront construire des usines dans le Sud-Est des États-Unis. Mais comme nous l'avons déjà dit, l'accord de libre-échange Canada-Corée n'a absolument rien à voir avec une telle situation. Cela se fera à cause de l'ALENA, et non à cause d'un accord avec la Corée.
Aucune des prévisions de l'évaluation n'aura de conséquence pour les fournisseurs d'équipement automobile — c'est-à-dire nous —, elles n'en auront que pour les fabricants de véhicules. Mais je peux vous dire que la situation des fabricants d'équipement influe sur celle des fournisseurs. Pour nous, le chiffre magique, c'est 10 heures de route par camion. Nous pouvons approvisionner les endroits qui se trouvent à 10 heures de route, et cela signifie que nous pouvons approvisionner l'Ohio, le Kentucky, en d'autres mots, Honda, Toyota et Nissan. Nous ne pouvons pas approvisionner le Sud-Est des États-Unis; nous devrons y construire de nouvelles usines.
Par le passé, la Corée a prouvé qu'elle était capable d'imposer d'importantes barrières non tarifaires. Jusqu'à ce qu'elle nous prouve qu'elle a éliminé ces barrières non tarifaires, nous ne devrions pas signer d'accord de libre-échange avec elle.
Le Canada doit cesser de jouer les boy-scouts. Le marché canadien est un marché que la Corée veut pénétrer. Pour pénétrer le marché, elle devra faire ses preuves et montrer qu'elle peut être un pays qui favorise les échanges commerciaux libres et justes, tout comme nous. D'ici là, nous ne devrions pas signer l'accord.
Je vous remercie.
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Si bien qu'à l'heure actuelle, par exemple, grâce à l'accord de libre-échange au Canada, il se fabrique au Canada un véhicule et demi pour chaque véhicule vendu au pays. Il s'agit d'un fait très significatif.
L'ACCV ainsi que ses entreprises membres appuient pleinement et publiquement tous les accords de libre-échange signés par le Canada, mais sachant ce que nous savons actuellement, nous ne pouvons pas appuyer celui qui fait aujourd'hui l'objet de négociations avec la Corée du Sud, et ce, pour une raison principale. La Corée reste fermée à toute concurrence étrangère dans le secteur des biens manufacturés. Depuis que l'interdiction absolue d'importer des véhicules finis a été levée, le gouvernement de la Corée a eu recours à toutes sortes de barrières non tarifaires très complexes et récurrentes pour que son marché reste fermé.
Au Canada, contrairement à la situation en Corée du Sud, l'accès au marché nord-américain n'est pas limité aux entreprises qui fabriquent leurs produits au pays. Les importations de véhicules de l'Europe, du Japon et de la Corée continuent d'atteindre des niveaux quasi record, soit près des quatre millions d'unités en 2006. Par conséquent, l'Amérique du Nord se trouve dans une position unique et constitue une région majeure de la production d'automobiles, puisque beaucoup plus de véhicules sont vendus dans notre marché que de véhicules sont produits ici. Par comparaison, la Corée et le Japon exportent respectivement deux millions et cinq millions de véhicules neufs, chaque année.
Si l'Amérique du Nord continue d'accepter des niveaux sans cesse plus élevés de véhicules importés dans un marché de la vente constant ou décroissant, la production locale finira par s'en ressentir, à moins qu'il soit possible de contrebalancer le phénomène par des ventes à l'étranger de véhicules fabriqués ici.
Étant donné les graves pressions qui s'exercent sur le secteur de l'automobile en Amérique du Nord, nos membres cherchent sans cesse de nouvelles avenues permettant d'augmenter leurs ventes et la production dans leurs usines. Malheureusement, les possibilités du Canada dans le marché sain et vibrant de la Corée du Sud sont limitées par les gestes protectionnistes du gouvernement.
Les interventions des Coréens visant à réduire la concurrence étrangère dans le secteur de l'automobile ont mené directement à deux protocoles d'entente conclus avec les États-Unis dans les années 1990. Dans chaque cas, les gouvernements ont accepté d'éliminer certaines barrières non tarifaires précises et d'encourager le commerce bilatéral.
Le gouvernement coréen a effectivement éliminé les barrières visées par les protocoles, mais en a ensuite créé d'autres pour que son marché reste fermé aux produits importés. Si nous suivons la voie proposée par le projet d'accord de libre-échange Canada-Corée du Sud, les résultats seront semblables.
La position du Canada sur la question du commerce avec la Corée est le plus souvent mal interprétée ou laissée pour compte, de sorte que les réelles préoccupations formulées par le secteur de l'automobile ne sont pas prises au sérieux. Nous exprimons notre frustration après 20 ans de vains efforts pour accéder au marché coréen de l'automobile.
J'aimerais également aborder brièvement certains des mythes ayant été perpétués au sujet de l'ACCV et de la position de l'industrie automobile.
Le premier mythe est que le projet d'ALE n'aura aucune retombée économique négative parce que les véhicules coréens seront assemblés ici.
Vous avez entendu cette affirmation directement du ministre Emerson et des négociateurs commerciaux principaux la semaine dernière. Cette affirmation est fondée sur des renseignements erronés et une analyse très incomplète. Selon l'analyse du gouvernement, il n'y aura pas d'augmentation des ventes de véhicules importés fabriqués en Chine au Canada, et le volume réel d'importation de véhicules de la Corée diminuera de façon significative, grâce à l'assemblage aux États-Unis.
Il est vrai que Hyundai a une usine aux États-Unis depuis près de deux ans et qu'une usine Kia est en construction en Georgie. L'usine de Hyundai est pleinement opérationnelle, mais ne peut produire qu'un quart des véhicules en circulation, de sorte que l'entreprise continue d'importer un nombre quasi record de véhicules construits en Corée dans le marché canadien. Les autres fabricants coréens, comme Kia, n'agiront pas différemment.
Par conséquent, l'ACCV et d'autres entreprises du secteur privé s'attendent à ce que les niveaux d'importation de la Corée du Sud ne diminuent pas avec la construction d'usines d'assemblage de véhicules de marque coréenne aux États-Unis et que les niveaux d'importation augmentent en fait en raison de l'accord de libre-échange.
Cette situation a de nombreux impacts économiques. L'élimination des barrières tarifaires avantagera encore davantage les importateurs, à hauteur de 1 300 à 1 600 $ pour chaque véhicule, ce qui mènera probablement à l'accélération des importations. Les véhicules construits en Corée du Sud et vendus au Canada font concurrence directe aux produits fabriqués au Canada, ce qui réduit la production nationale de véhicules, de pièces et de composantes.
En outre, s'il n'existe pas de concurrence directe grâce aux produits canadiens, ce qui est inhabituel aujourd'hui, il y aura concurrence directe avec les véhicules produits aux États-Unis ou au Mexique et dont le contenu est en grande partie canadien.
Sans l'accès au marché clos de la Corée et en raison de la production réduite au pays, le Canada sera perdant dans les décisions sur les investissements, et selon les meilleurs renseignements dont nous disposons actuellement, aucun assembleur coréen ne prévoit investir au Canada pour compenser ces pertes. Vous vous souviendrez peut-être que Hyundai a fermé ses installations au Québec, les seules au Canada, en 1994.
Malheureusement, l'analyse économique du gouvernement ne traite pas de ces impacts économiques à long terme, et c'est pourquoi nous avons de la difficulté à croire que l'industrie automobile et l'économie canadienne en général ne souffriront pas de l'accord de libre-échange proposé.
Le deuxième mythe est que les constructeurs coréens n'importent que des petits véhicules qui ne font pas concurrence aux modèles produits au Canada.
Les marques coréennes sont bien connues dans le secteur traditionnel de la petite voiture, mais aujourd'hui, les Coréens vendent au Canada autant de VUS et de cross-utilitaires que de petites voitures. Malgré la production aux États-Unis de l'un des VUS les plus populaires, le Santa Fe, Hyundai et Kia importent cinq petits VUS et cross-utilitaires différents qui font concurrence à plusieurs véhicules construits au Canada. Il faut également tenir compte des mini-fourgonnettes et des petites voitures importées de la Corée du Sud.
Bientôt, contrairement à ce que semblent croire nos négociateurs, on prévoit qu'ils vont ajouter des camionnettes et des véhicules au diesel à leur gamme de produits et qu'ils seront ainsi en position de concurrencer directement tous les véhicules produits au Canada.
Le troisième mythe est que les constructeurs canadiens cherchent des protections parce que leurs usines ne sont pas compétitives et produisent des véhicules de mauvaise qualité.
L'ACCV est fière de dire qu'elle représente des entreprises dont les usines sont régulièrement primées pour leur qualité et leur productivité par des tiers comme J. D. Power et Harbour Consulting. Sur une plus vaste échelle, les véhicules vendues par les sociétés membres de l'ACCV se classent toujours très haut dans les évaluations de qualité et sont égaux ou supérieurs à la concurrence coréenne. Nos sociétés membres ne cherchent pas de protection; toutefois, nous cherchons à être appuyés afin d'éliminer les gestes protectionnistes des autres gouvernements et, ainsi, établir un accord de libre-échange équitable.
Selon le mythe no 4, les constructeurs automobiles japonais et européens font des affaires d'or en Corée, seuls les Nord-Américains ont des problèmes.
En réalité, aucun constructeur automobile étranger, quel que soit son pays d'origine, n'a accès au marché coréen de l'automobile, puisque ce marché est le plus difficile d'accès parmi ceux de tous les pays de l'OCDE. En 2006, les ventes de véhicules importés en Corée, tous fabricants confondus et de toute provenance, y compris l'Europe, le Japon et l'Amérique du Nord, ont atteint les 4 p. 100 environ, alors qu'au Canada, les importations représentent environ 85 p. 100 du marché, et la moyenne de l'OCDE est beaucoup plus élevée que cela, c'est-à-dire 48 p. 100. Peu importe la comparaison effectuée ou les statistiques utilisées, la Corée est un marché fermé pour tous les constructeurs automobiles, et c'est pourquoi l'Union européenne a également de la difficulté à mener des négociations avec la Corée au sujet d'un accord de libre-échange.
Selon le cinquième mythe, les consommateurs coréens préfèrent d'autres modèles de véhicules que ceux que produisent et vendent les constructeurs nord-américains.
En réalité, le marché coréen de l'automobile est presque identique à celui du Canada, où les petites et moyennes voitures, les fourgonnettes et les petits et moyens véhicules utilitaires forment plus de 75 p. 100 du chiffre d'affaires. Les Coréens achètent en fait plus de grosses voitures et d'utilitaires de taille moyenne que les Canadiens. Bien des modèles, dans ces créneaux, sont fabriqués au Canada et ne sont vendus en Corée qu'en petits nombres. Au Canada, les marques nord-américaines occupent 55 p. 100 du marché. En Corée, ces mêmes marques n'ont pas même 2 p. 100 du marché, et ce, peu importe où elles sont fabriquées.
Qu'est-ce que tout cela vient faire dans le contexte de la négociation d'un ALE entre le Canada et la Corée? La réponse est simple. Il y aura des retombées sur les décisions d'investissement et les emplois au Canada. Aujourd'hui, dans le secteur de l'automobile, les entreprises tentent de maximiser la production dans leurs usines respectives, pour conserver leur place sur le marché mondial. Dans la plupart des cas, les produits devraient être construits n'importe où dans la structure multinationale de l'entreprise, et vendus partout dans le monde.
La plupart de nos sociétés membres assemblent leurs produits ailleurs puis les importent au Canada pour les vendre. De la même façon, leurs usines canadiennes construisent des produits qui seront vendus ailleurs. Tous ces produits fabriqués au Canada sont actuellement vendus dans de nombreux marchés du monde, y compris en Corée du Sud. Toutefois, en raison des restrictions du marché, les ventes sont très peu nombreuses.
Si les constructeurs canadiens n'ont pas accès aux marchés étrangers, leurs mandats de production seront confiés à d'autres pays — c'est aussi simple que cela. Un ALE avec la Corée n'engendrera pas un libre-échange équitable avec un accès sans condition et ne contribuera qu'à accroître les importations sans offrir en contrepartie un marché étranger sur lequel écouler nos produits.
Comme je l'ai dit, le gouvernement coréen a réussi, jusqu'à présent, par un usage créatif des barrières non tarifaires, à bloquer l'entrée de son marché aux produits fabriqués à l'étranger. Nous pensons que cette stratégie se poursuivra à moins qu'un incitatif très fort soit mis en place pour forcer l'ouverture.
C'est dans cette perspective que nous demandons aux négociateurs canadiens de garder à l'esprit les trois priorités suivantes du secteur de l'automobile:
Ne pas offrir une élimination rapide des mesures tarifaires en retour de promesses d'accès au marché coréen ou pour toute autre modalité de l'ALÉ.
Insister pour que le gouvernement coréen élimine définitivement les barrières non tarifaires, n'en crée pas de nouvelles et prenne les mesures nécessaires pour réellement ouvrir son marché à la concurrence étrangère.
Continuer d'interdire l'importation de véhicules d'occasion, parce que la levée de l'interdiction risquerait d'avoir de graves répercussions pour l'environnement, la sécurité et l'économie du Canada et que ces répercussions n'ont pas encore fait l'objet d'études.
Certains ont dit, à plusieurs reprises, que le Canada devrait copier l'accord de libre-échange que la Corée négocie avec les États-Unis, ce qui est très inquiétant pour notre secteur, tant au Canada qu'aux États-Unis. Les signaux politiques provenant des États-Unis ne nous permettent pas de savoir avec certitude quand cet accord sera ratifié. Qui plus est, le programme d'élimination de tarif annoncé par KORUS, qui prévoit l'élimination immédiate des tarifs sur les petits véhicules, aurait des effets disproportionnés sur l'industrie automobile au Canada en raison de la nature de nos activités de production et de la segmentation des ventes.
Pour terminer, monsieur le président, je veux rappeler à tous la position très précaire de notre secteur au Canada à l'heure actuelle. En novembre, les ventes canadiennes étaient inférieures de 5 p. 100 au niveau de 2006. On s'attend à ce qu'elles soient encore plus faibles en 2008. Aux États-Unis, la crise du papier commercial provoque un phénomène semblable. Les ventes cette année sont inférieures de 2,5 p.100 par rapport à 2006 et on n'attend pas de reprise en 2008. On annonce des baisses de production au premier trimestre de 2008, ce qui aura des répercussions sur les usines d'assemblage et les fabricants de pièces du Canada. C'est sans compter les autres baisses de production annoncées pour 2008, qui ont déjà entraîné l'élimination de deux quarts de travail dans nos usines les plus productives et fortement ralenti la fabrication de pièces, ce qui, évidemment, se traduit par des mises à pied.
Monsieur le président, je serai heureux de répondre à toutes les questions des membres du comité. Merci.
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D'abord, cela aurait des conséquences lourdes et nuisibles sur la vente de nouveaux véhicules, car ces voitures coréennes sont relativement neuves.
Ensuite, ce serait contraire à certains des objectifs écologiques qu'on demande à notre industrie d'atteindre — à savoir réduire la pollution causée par les gaz à effet de serre.
Par conséquent, comme cela s'est passé en Nouvelle-Zélande il y a quelques années, on assisterait ici à un afflux massif de véhicules presque neufs. Cela nous empêcherait de renouveler notre parc automobile et de tirer partie de la nouvelle technologie écoénergétique ainsi que des autres avantages pour l'environnement des nouveaux véhicules.
En gros, on aggraverait nos problèmes environnementaux. On pourrait même dire qu'on assisterait à une espèce de dumping environnemental de véhicules d'occasion ici et que cela nuirait à ce que nous nous efforçons de réaliser.
Il s'agit là d'un très gros désavantage de l'ouverture de notre marché aux véhicules d'occasion. Il y en a un autre aussi, bien entendu, c'est l'effet très négatif de cela sur la valeur résiduelle des véhicules déjà achetés. Les consommateurs y perdraient beaucoup.
Par conséquent, on n'a pas encore étudié de manière assez poussée les nombreuses répercussions qu'entraînerait l'entrée dans notre pays de ces véhicules d'occasion. On n'en a tenu compte ni dans l'évaluation environnementale, ni dans l'analyse économique.
En ce qui concerne les décisions relatives aux investissements, il ne fait aucun doute que si nous n'avons pas accès à des marchés comme celui de la Corée... Nous avons dépensé à peu près 85 p. 100 des 10 milliards de dollars réalisés par nos sociétés membres afin d'améliorer la productivité et la qualité de nos usines et pour mettre sur pied les systèmes de fabrication les plus souples possible, et cela, pas seulement pour continuer à exporter des véhicules vers notre principal marché, les États-Unis, mais aussi pour tirer partie de ce qui se passe ailleurs dans le monde. Au Canada, contrairement à la situation dans le reste du monde, nous faisons partie d'un marché déjà établi et pourtant, à la croissance très limitée, celui de l'Amérique du Nord. Or, lorsque nous nous tournons vers ces autres marchés, tels ceux de la Corée, de la Chine, de l'Inde et d'autres pays encore, en comparaison, notre croissance est supérieure à 10 p. 100. Par conséquent pourquoi ne chercherions-nous pas à profiter de notre situation ici et ne produirions-nous pas des véhicules destinés à ces autres marchés?
Si nous ne sommes pas en mesure de bénéficier au maximum de nos usines au Canada, cela aura des conséquences sur le plan des investissements. On peut ainsi penser que faute de tirer le maximum de nos usines, ces dernières ne recevront plus de commandes à l'échelle internationale et n'attireront plus d'investissements.
Je conviens de l'importance d'analyser tous les rapports. Nous pouvons nous échanger des rapports jusqu'à la Saint Glin Glin et écouter quatre économistes nous présenter cinq opinions différentes. En fait, des témoins nous ont dit, de manière catégorique qu'il y a des tas de problèmes dans la méthodologie et dans le fondement théorique, particulièrement dans l'étude des TCA. Cette étude pose comme hypothèse que tout changement commercial découle d'ententes de libre-échange et ne tient aucun compte de la croissance du PIB, des taux d'intérêt, des taux de change et du développement de la Chine et de l'Inde. Elle suppose que le Canada n'a d'échanges avec aucune autre nation, de sorte que toute augmentation des importations se fait nécessairement aux dépens de la production intérieure. Elle ne tient pas compte de ce qui caractérise à l'heure actuelle les échanges entre le Canada et la Corée, comme le tarif.
Ian Burney, principal négociateur des ententes commerciales bilatérales, disait jeudi dernier que cette étude suppose une perte de 12 000 emplois dans les secteurs de l'électronique et de l'informatique, alors que ces biens circulent déjà en franchise entre le Canada et la Corée. Il est donc illogique de supposer que 12 000 emplois seront perdus dans ce secteur. En outre, l'étude ne tient aucunement compte de l'agriculture, de toute idée de gain d'efficience à long terme et ne se soucie aucunement du bien-être des consommateurs.
C'est pourquoi, comme je vous le disais, il y aura des tas de gens qui vont réussir à trouver dans votre rapport plus de trous qu'il n'y en a dans le fromage suisse. Pour votre part, vous allez vouloir revenir critiquer le nôtre. Le fait est que nous devons travailler ensemble. Comme M. Fedchun l'a dit, nous devons être de bons scouts — j'ai trois filles, alors nous pouvons aussi faire comme les guides — et travailler ensemble. Nous croyons au commerce équitable et au libre-échange.
Au sujet de l'augmentation de la valeur du dollar canadien au cours des cinq derniers mois, nous avons entendu l'opinion des secteurs manufacturiers de tout le pays — je représente une circonscription de l'intérieur de la Colombie-Britannique où nous constatons les avantages réels de l'initiative de la porte de l'Asie pacifique — ainsi que du secteur des forêts. M. Woo, qui a comparu à titre de président de la Fondation Asie Pacifique du Canada, nous a dit que cette entente était bonne pour l'ensemble du pays. Un autre témoin à titre personnel, Joan Baron, qui est membre de la Chambre de commerce du Canada en Corée a mentionné que ce pays a un marché de l'automobile d'un million de véhicules par année qui offre des possibilités énormes à la condition que notre industrie soit prête à s'adapter pour répondre aux exigences coréennes.
Voici ma question. Comme les autres monnaies importantes ont également pris de la valeur par rapport au dollar américain, est-ce que l'industrie de l'automobile ne devrait pas diversifier ses marchés d'exportation? Quelle suggestion feriez-vous aux fabricants canadiens pour réorienter leur stratégie afin d'exporter en Corée? À supposer que cette question vous intéresse.
J'ai devant moi le rapport de la Bibliothèque, qui indique qu'en 2006, les États-Unis absorbaient 96 p. 100 des exportations canadiennes de véhicules motorisés, une proportion qui demeure à peu près constante depuis le début des années 1990. Donc si vous voulez investir et élargir votre part du marché, c'est la même règle que pour vos investissements personnels: il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Le Canada se laisse distancer pour ce qui est des accords commerciaux, et j'aimerais savoir ce que vous suggérez pour élargir nos marchés, à la condition que cette question vous intéresse, vous et les représentants de l'industrie.
Je cède la parole aux témoins et s'il me reste ensuite quelques minutes, j'aimerais permettre à mon collègue M. Miller de poser lui aussi quelques questions.
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Merci de votre question, monsieur Julian.
La méthodologie que nous avons utilisée dans notre étude est foncièrement différente du modèle informatique d'équilibre général utilisé par le gouvernement en l'occurrence et qu'il a utilisé dans le passé pour justifier d'autres accords de libre-échange auxquels adhérait le Canada. Notre approche à nous se fonde sur des données historiques. Au lieu de faire des hypothèses au sujet du fonctionnement du marché et des conditions d'équilibre, comme le plein emploi, par exemple, nous avons simplement regardé le bilan historique des accords de libre-échange, par exemple leurs répercussions sur les exportations et les importations, et nous avons présumé que le cas de la Corée serait analogue.
Je crois même que c'est une évaluation très prudente car nous n'avons jamais signé d'accord de libre-échange avec un pays asiatique qui est l'incarnation même du dirigisme économique de l'État. Je pense que notre expérience avec la Corée sera probablement pire que ce que nous avons connu par le passé, mais notre modèle repose sur l'hypothèse qu'il aura des conséquences équivalentes à la moyenne des cinq autres accords de ce genre.
Si on regarde l'histoire des accords de libre-échange, on constate qu'ils ont eu une incidence beaucoup plus importante sur le commerce que celle qui pourrait être attribuée à la simple réduction des tarifs. Les tarifs ne sont pas énormes; ils sont seulement de 5, 6 ou 7 p. 100 et même plus bas dans certains secteurs. Ils ne peuvent donc pas expliquer les changements radicaux qu'ont engendrés les traités de libre-échange ailleurs, ce qui donne à penser qu'un changement structurel s'est opéré dans les stratégies commerciales, la connaissance des marchés et la capacité d'exporter vers un nouveau marché, peu importe l'importance du tarif qui était en vigueur. C'est ce qui explique l'incidence majeure de tels accords dans les domaines de l'informatique et de l'électronique qui, au départ, étaient assujettis à des tarifs très faibles, voire nuls. C'est tout simplement parce que le changement structurel du commerce bilatéral, stimulé par l'Accord de libre-échange, entraîne une multiplication des échanges commerciaux par rapport à la présence antérieure du partenaire commercial sur notre marché.
Dans notre étude sur le secteur de l'automobile, nous avons inclus l'automobile dans le secteur plus vaste du matériel de transport, mais nous avons fait des modélisations séparées pour les véhicules et les pièces d'automobile. Nous prévoyons en tout 4 000 pertes d'emplois. Et face à un accord de libre-échange, certains investisseurs vont réagir un peu comme le PDG de Ford Canada le laissait deviner.
Les études menées par le MAECI, Industrie Canada et l'Université de Toronto reposent toutes sur l'hypothèse qu'un accord de libre-échange n'aura pas le moindre impact sur les investissements dans le secteur de l'automobile au Canada, ce que je trouve très irréaliste.
Quant à nous, nous nous sommes fondés sur des données historiques et avons présumé que les mêmes conséquences se produiraient dans le cas de la Corée. C'est une méthodologie tout à fait différente de celle qu'on a utilisée dans les études commandées par le gouvernement.
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Bonjour. Je vous remercie d'être avec nous à ce comité.
Dans un premier temps, j'aimerais aussi féliciter le Syndicat des travailleurs et travailleuses canadiens de l'automobile pour l'étude qu'il a produite.
J'ai lu votre étude sur les répercussions d'un accord bilatéral d'échange Canada-Corée, et il est clair et chiffré. On voit très clairement les conséquences de cette entente bilatérale. La semaine dernière, nous avons rencontré M. Burney, un fonctionnaire du gouvernement, et M. Emerson, qui nous ont dit que le Syndicat des travailleurs et travailleuses canadiens de l'automobile avait produit une étude qui n'était pas valable. Ils prévoyaient même que l'industrie automobile pourrait exporter davantage et acquérir de nouveaux marchés pour arriver à une entente, comme vous le demandez.
En somme, vous demandez des ententes commerciales plus équitables et mieux équilibrées. On exporterait des automobiles en Corée, on en importerait autant, et l'échange serait équitable. Tout ce que vous demandez est très justifié.
Selon vous, l'intention est-elle là? Y a-t-il possibilité que vous vous asseyiez avec le gouvernement et ses fonctionnaires pour en arriver à des études similaires ou, du moins, avoir une même grille d'analyse des conséquences de cette étude, des répercussions économiques de l'entente Canada—Corée?
J'ai été heureux également d'apprendre qu'il y avait eu beaucoup de pression de la part du gouvernement pour que notre entente Canada—Corée soit remise en question dans l'éventualité d'une entente Canada—États-Unis—Corée. J'aimerais entendre ce que vous avez à dire à ce sujet. Vous nous avez dit, et c'est ce que nous croyons, qu'il n'était pas évident qu'une entente entre le Canada et les États-Unis était sur le point d'être signée, contrairement à ce que le gouvernement nous a dit la semaine dernière.
Vous exposez également dans votre document qu'il y a actuellement une stratégie Harper-Emerson. On n'a pas signé d'entente de libre-échange depuis plus de cinq ans. On veut absolument signer une entente bilatérale pour en faire un exposé politique et démontrer qu'on fait quelque chose et qu'on est actif sur le plan international, sans nécessairement mesurer les effets que cela peut avoir sur l'industrie manufacturière.
J'aimerais vous entendre tous les trois à ce sujet.