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Je déclare la séance ouverte. Soyez tous les bienvenus.
La réunion d'aujourd'hui a pour objet l'étude des négociations canado-colombiennes en cours en matière de libre-échange — pour ceux d'entre nous qui négocient encore —, l'accent étant mis sur les préoccupations relatives aux effets environnementaux et aux droits humains.
Nous accueillons aujourd'hui comme témoins, du Congrès du travail du Canada, Ken Georgetti et Sheila Katz, de Canada Porc International, Edouard Asnong, président, et Jacques Pomerleau, directeur général, et, courtoisie de Mme Murray, l'expert-conseil en environnement Geoff Garver, pour discuter des aspects environnementaux de l'accord.
Comme à l'habitude, nous allons commencer par entendre les déclarations des témoins. Nous leur avons demandé de limiter leurs déclarations à sept minutes. Ainsi, nous pourrons retourner à l'ordre habituel pour leur poser des questions. Tous les membres devraient pouvoir poser une question.
Je vais demander au président du Congrès du travail du Canada, Ken Georgetti, d'ouvrir le bal.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir invité à contribuer à votre étude sur les impacts en matière d'environnement et de droits de la personne de l'accord de libre-échange projeté — et désormais conclu, faut-il croire — avec la Colombie.
Notre congrès représente 3,2 millions de travailleurs et travailleuses du Canada. Le dossier de la Colombie est celui qui nous intéresse depuis le plus longtemps, parce que les événements qui surviennent là-bas suscitent l'indignation des Canadiens. Nous sommes indignés parce que les droits, la primauté du droit, la justice, l'équité, les droits de la personne et les droits des travailleurs nous tiennent vraiment à coeur.
Notre congrès a écrit de nombreuses fois au gouvernement du Canada durant la dernière année pour l'exhorter à suspendre les négociations avec la Colombie jusqu'à ce que les crises sur les plans humanitaire, humain et syndical aient été pleinement évaluées. Nous sommes déçus, par conséquent, de l'annonce faite en catimini samedi selon laquelle le Canada a choisi d'ignorer le principe élémentaire de prudence, de faire fi de préoccupations importantes et de procéder à la conclusion de cet accord très controversé. Nous faisons remarquer avec un certain courage que l'accord a été annoncé un samedi, quand nul n'est attentif essentiellement.
La Colombie a eu beaucoup de difficulté à convaincre le Congrès des États-Unis du mérite de signer un accord de libre-échange avec elle. C'est pourquoi, en vue de favoriser un pareil accord avec le Canada, on aurait pu croire qu'elle aurait pris soin de manifester une certaine volonté politique de mettre fin aux pires violations des droits de la personne et des droits des travailleurs, qui sont endémiques là-bas. Plutôt que d'affecter ses ressources à régler les véritables problèmes, le gouvernement Uribe a consacré des millions de dollars à une campagne de relations publiques et à du démarchage aux États-Unis et chez nous pour dire à la communauté internationale que la situation s'améliore en Colombie.
À notre avis, il ment. La situation a très peu changé là-bas. En fait, nous craignons qu'elle n'empire, pour la simple raison qu'en négociant un accord commercial avec la Colombie, on valide les mesures et l'attitude du gouvernement de la Colombie à l'égard des travailleurs et qu'on accroît ainsi les attentes et la pratique de l'impunité.
De plus, si l'accord est signé, il aura un impact catastrophique sur la petite et la moyenne entreprise, celle-qui crée le plus grand nombre d'emplois en Colombie. Il s'ensuivra selon nous une croissance du chômage, de la pauvreté et des causes à l'origine de la crise.
Le climat de terreur qui règne chez les syndicalistes limite la capacité des travailleurs de se regrouper en syndicats, de négocier des salaires et d'améliorer les conditions de travail misérables qui sévissent actuellement. Il fournit aux sociétés un bassin de main-d'oeuvre très bon marché et craintive, ce qui à son tour, je suppose, rapportera encore plus à quelqu'un. Le gouvernement de la Colombie prétend que la situation en ce qui concerne le meurtre de syndicalistes s'améliore et il en veut pour preuve que seulement 39 d'entre eux ont été tués en 2007.
Donc, le nombre de morts en 2007 a régressé à 39. Je suppose que c'est vrai. Je n'en sais rien. Toutefois, 97 p. 100 de ceux qui ont commis ces meurtres dans le passé n'ont pas été inculpés, un taux de condamnation qui encourage en fait ce genre de meurtre en toute impunité. En réalité, puisqu'il est question de morts, je vous prierais de noter que cette année, c'est-à-dire en 2008, on dénombre déjà 26 syndicalistes assassinés. C'est là une hausse de 70 p. 100 par rapport à la même période, l'an dernier. Voilà qui en dit long sur l'amélioration du taux de meurtres. Nous ignorions que le meurtre, même d'un seul être humain, était tolérable.
Ce matin, nous avons parlé à nos propres représentants à Genève et à Carlos Rodrigues, président de la CUT, c'est-à-dire de la Centrale unitaire des travailleurs de Colombie, qui assistent à la conférence annuelle de l'OIT là-bas. Ils ont tous signalé la tenue d'une importante session extraordinaire portant sur la Colombie la semaine dernière en vue d'examiner toute la gamme de problèmes auxquels sont confrontés les syndicats en Colombie. Les cas de violation des droits des travailleurs en Colombie continuent de représenter le dossier de l'OIT probablement le plus épineux et le plus vieux. Le gouvernement prétend que des progrès sont réalisés, mais les syndicats colombiens soutiennent que ces améliorations sont inacceptablement insuffisantes pour remédier à la situation réelle qui est grave.
Avant de conclure, cependant, j'aimerais vous toucher quelques mots de l'accord prétendument accessoire en matière de main-d'oeuvre. Notre gouvernement se vante de présumées améliorations dans les accords de coopération en matière de main-d'oeuvre qu'il a récemment conclus avec la Colombie, parce qu'il a convaincu les deux parties de respecter les principales normes du travail de l'OIT et parce que l'accord comporte des dispositions prévoyant des amendes pouvant totaliser 15 millions de dollars par année pour les atteintes aux droits des travailleurs. À notre avis, ce ne sont que de belles paroles en vue de détourner l'attention des véritables problèmes. Le Canada et la Colombie, en tant que membres de l'Organisation internationale du travail, sont déjà obligés, par lois et par traités, de maintenir et de faire respecter les principales normes du travail, telles qu'énoncées dans le préambule des règlements constitutifs de l'OIT ainsi que dans la déclaration de 1998 relative aux droits fondamentaux et aux principes s'appliquant au monde du travail.
Sans vraiment entrer dans le détail, j'aimerais simplement vous poser, avec beaucoup de sérieux, trois questions. Tout d'abord, où est l'appui public au Canada pour cet accord? Je ne le vois pas. Je n'entends personne dans la rue le défendre. Pourquoi faut-il le conclure avec autant de hâte?
Ensuite, quel en est l'avantage pour les travailleurs canadiens, les Canadiens ou les travailleurs colombiens?
Enfin, comment le gouvernement du Canada, réélu sur la foi de promesses de mesures anti-corruption et de reddition de comptes, peut-il tolérer les conditions qui règnent actuellement en Colombie? Si le régime colombien avec lequel nous traitons ne respecte pas la vie humaine, vous attendez-vous vraiment à ce qu'il respecte les accords commerciaux, de simples mots couchés sur le papier? Je n'y parviens pas. Le simple fait de se poser ces questions signifie qu'il faut absolument rejeter et repenser l'accord.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Honorables membres du comité, Canada Porc International est l'agence de développement des marchés extérieurs de l'industrie porcine canadienne. C'est une initiative conjointe du Conseil canadien du porc et du Conseil des Viandes du Canada. L'agence compte parmi ses membres les associations nationale et provinciales de producteurs de porcs, ainsi que les établissements d'emballage de porc sous inspection fédérale et les maisons de commerce international.
Nous vous remercions de nous donner l'occasion de présenter notre point de vue sur les négociations en cours entre le Canada et la Colombie pour la conclusion d'une entente de libre-échange.
Jusqu'à tout récemment, le Canada a été le principal fournisseur étranger de porc aux Antilles, en Amérique centrale et en Colombie. Au cours des ans, nous avons réussi à faire reconnaître par la Colombie notre système d'inspection des usines et de certification des exportations. En pratique, tous les établissements canadiens sous inspection fédérale peuvent exporter vers la Colombie.
Dernièrement, notre commerce a été sérieusement mis à mal par une série d'ententes de libre-échange conclues par les États-Unis, au point où ceux-ci nous ont remplacés comme principal fournisseur en Amérique centrale et en Colombie.
En 2006, les exportations canadiennes de porc en direction de la Colombie ont atteint un sommet de 3 245 tonnes, pour une valeur de 3,4 millions de dollars. Si les importations totales de porc par la Colombie sont en hausse, nos exportations vers celle-ci ont diminué en 2007 à 2 520 tonnes, d'une valeur de 3 millions de dollars.
[Traduction]
La situation s'améliore rapidement en Colombie, tout comme la demande de produits du porc. Malheureusement, à moins que le Canada ne conclut une entente de libre-échange avec la Colombie plutôt rapidement, notre industrie se verra probablement exclue de ce marché. Les consolidations tarifaires colombiennes s'appliquant au porc, telles que soumises à l'OMC, varient entre 70 et 108 p. 100. Les tarifs d'usage appliqués varient plutôt entre 20 et 30 p. 100. L'entente entre les États-Unis et la Colombie prévoit leur élimination presque complète sur cinq ans. Nos concurrents américains bénéficieront donc d'un énorme avantage.
L'industrie porcine canadienne a déjà laissé savoir aux négociateurs canadiens qu'il lui fallait une entente comparable à celle que les Américains ont obtenu pour lui permettre de rester compétitive sur le marché colombien. Comme la majorité d'entre vous le sait, notre industrie vit actuellement une période très difficile, et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un marché significatif comme la Colombie. Par conséquent, notre industrie appuie les négociations en cours et souhaite ardemment la conclusion à très court terme d'un accord avantageux avec la Colombie. Nous croyons comprendre que votre comité étudie l'état des négociations courantes, l'accent étant mis sur la façon dont sont prises en compte dans les accords commerciaux les préoccupations relatives aux effets environnementaux et aux droits de l'homme.
Nous avons jeté un coup d'oeil à l'entente américano-colombienne et y avons noté des engagements assez sérieux en termes de normes du travail et de protection environnementale reconnues internationalement. À notre avis, il devrait être assez facile de négocier les mêmes engagements dans le cadre d'un accord de libre-échange canado-colombien.
Je vous remercie de votre attention.
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Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs du comité.
C'est pour moi un plaisir et un honneur de comparaître devant le comité aujourd'hui.
Je suis ici essentiellement pour vous faire une brève déclaration axée sur mon expérience, de 2000 à 2007, en tant que conseiller principal auprès de la Commission nord-américaine de coopération environnementale établie dans le cadre de l'ALENA. Je ne connais pas très bien les détails des négociations canado-colombiennes simplement parce qu'il n'y a pas beaucoup d'information diffusée à leur sujet. J'aurais aimé qu'il y en ait plus.
La raison d'être d'un accord accessoire en matière d'environnement dans le cadre de l'ALENA, comme de tout autre accord accessoire, est de faire en sorte que tout le commerce est soumis aux mêmes règles, y compris en matière d'environnement, de manière à ce que les pays n'aient pas recours à des lois environnementales ou à des mesures faibles d'exécution pour tirer des avantages économiques du commerce. Sans des règles uniformes, on court à la catastrophe.
La CEC, c'est-à-dire la Commission de coopération environnementale, était une idée audacieuse au début des années 1990. Elle marquait en réalité la première fois — du moins en Amérique du Nord — que des gouvernements décidaient de libéraliser la scène commerciale et environnementale de manière à renforcer les liens de coopération et d'accroître les possibilités de participation du grand public. Les plus grandes innovations dans cette série d'accords étaient le caractère censément musclé de l'accord accessoire en matière d'environnement, un processus de dépôt de plaintes par les citoyens et un mécanisme de règlement des litiges de gouvernement à gouvernement.
J'ai déposé auprès du comité un article détaillé, que je viens tout juste de publier dans The Environmental Forum aux États-Unis, qui fait état du non-fonctionnement de ces mécanismes.
Je tiens à vous raconter cependant une petite histoire qui, selon moi, illustre ce qui s'est passé dans le cadre de l'ALENA, et il faudrait que vous en teniez compte lorsque vous examinerez d'autres accords commerciaux et d'autres accords accessoires en matière d'environnement.
La CEC a reçu, en 2003, une plainte d'un certain Angel Lara García, qui habitait à côté d'une petite usine de fabrication de pièces de chaussure. Tout ce qu'il savait — parce qu'il était analphabète, aveugle et presque sourd — était que les odeurs qui émanaient de cette usine les rendaient, lui et sa famille, malades. Il en a eu assez de l'inaction des autorités mexicaines et il a fini par apprendre qu'il pouvait demander à la commission nord-américaine d'essayer de documenter le non-respect des normes.
Nous avons déposé un document en 2003 et notre rapport détaillé d'enquête en novembre dernier. Habituellement, les gouvernements sont censés permettre la publication — parce que l'accord prévoit un vote en vue d'autoriser la publication de ces rapports — dans les deux mois. Il a fallu attendre jusqu'au 30 mai 2008. Il a fallu six mois dans ce dossier, et quand la CEC a voulu communiquer avec M. Lara García, elle a appris qu'il était mort en avril, pendant qu'il attendait les résultats de l'enquête. Voilà comment les choses se déroulent actuellement à la CEC. Ce ne sont que retards sur retards, un manque d'attention sérieuse aux questions environnementales et, malheureusement, un manque d'engagement à l'égard de ces très importantes questions.
Malheureusement, il ne s'agit pas d'un cas isolé. Les quatre dernières enquêtes factuelles, dont trois sont survenues au cours des deux dernières années, ont pris en moyenne six mois avant qu'ait lieu le vote pour autoriser la publication. Je rappelle que la période prévue est de deux mois.
Je suis très gravement préoccupé par la CEC et j'estime qu'il est très important que le comité prenne le temps de s'informer sur ce qui se passe dans le cadre de cet accord, la plus vieille expérience en matière d'environnement et de commerce, avant d'aller trop vite, de signer trop vite d'autres accords.
La CEC s'est-elle avérée efficace comme moyen de protéger l'environnement? Un examen des 15 années presque d'existence de la CEC fera ressortir beaucoup d'information sur l'environnement nord-américain — et je fournirai volontiers au comité les coordonnées de certains rapports importants de la Commission — mais si on l'évalue en fonction de son potentiel, j'estime que la CEC n'a pas été très efficace et que la faute en revient essentiellement aux trois gouvernements qui en assurent la surveillance.
Son budget maintenu à 9 millions de dollars depuis 1995 est insuffisant. Il n'y a pas eu d'augmentation, de sorte qu'en réalité, on peut parler d'une réduction. Elle a manqué d'imagination et de créativité pour faire respecter un accord qui permet la coopération dans un nombre sans limite de dossiers concernant l'environnement nord-américain et à un moment où les problèmes environnementaux se multiplient. Rien dans l'accord ou dans le programme de la CEC ne porte sur l'empreinte écologique démesurée de l'Amérique du Nord. Les aspects les plus innovateurs de la CEC, comme je l'explique dans l'article qui a été mis à la disposition du comité, ont été minimisés ou sont restés lettre morte.
La CEC n'a pas que de mauvais côtés. Elle a aidé le Mexique à abolir en accéléré l'utilisation de DDT et elle a produit beaucoup de rapports intéressants dont, à nouveau, je peux vous fournir les coordonnées. Toutefois, elle a aussi connu des ratés. Par exemple, la CEC a produit un rapport montrant la façon dont les couloirs commerciaux à la frontière entraînent beaucoup de pollution atmosphérique.
Je tiens à souligner la façon dont selon moi on pourrait améliorer les futurs accords accessoires. Tout d'abord, il est essentiel de rejoindre le public et les intéressés et de donner à tous une place à la table. Voilà ce qui était différent dans l'accord de l'ALENA, et je crains bien que c'est cet aspect dont on s'est écarté dans les accords de libre-échange récemment conclus par les États-Unis et le Canada. La CEC a eu un succès limité, en dépit de son programme ambitieux.
Le Comité consultatif public mixte, qui a été créé en tant que principal organe de mise en oeuvre de l'accord, n'a pas réussi à rejoindre une grande partie de la population nord-américaine. Les pays ont fait tout ce qui était imaginable pour affaiblir le processus de plainte du grand public. Si l'accord Proulx est le modèle, ce que je suppose, les faibles engagements selon lesquels les parties à l'accord n'affaibliront pas les lois environnementales ou leur exécution pour s'attirer des avantages économiques du commerce sont décevants. Il n'y a pas dans l'accord de coopération environnementale de mécanisme permettant à l'accord Proulx de faire véritablement participer la société civile.
Revenons à mon exemple de M. Lara Garcia. Au moins, à la CEC, il pouvait déposer une plainte et obtenir un examen indépendant et objectif. Aux termes de l'accord Proulx, il ne peut que soumettre la question à un bureaucrate.
Voici donc mes recommandations concernant de futurs accords commerciaux. Il faudrait qu'ils prévoient des commissions ou des mécanismes indépendants qui peuvent fournir une information honnête et objective sur le lien entre le commerce et l'environnement; nous avons besoin d'intermédiaires impartiaux en matière d'information, plutôt que de plus d'agents politiques qui manipulent les médias et mettent uniquement l'accent sur la promotion du commerce. Nous avons besoin de programmes qui permettent de suivre et de régler les impacts environnementaux du commerce et, à cette fin, il faut les doter de fonds suffisants et prévoir des suivis. Il va falloir déployer beaucoup plus d'efforts en vue d'obtenir la participation des provinces, puisqu'elles ont une compétence partagée en matière environnementale et qu'elles sont essentiellement responsables d'une grande partie de l'exploitation des ressources qui font l'objet de commerce. Il faut prévoir des mécanismes beaucoup plus utiles pour que la société civile ait accès à de véritables tribunes de discussion, de débat et de participation.
Enfin, je vous exhorte à faire une étude plus sérieuse de l'expérience de l'ALENA et à élargir le débat de manière à y inclure les bons et les mauvais côtés de cet accord, tant sur le plan de l'environnement que du travail.
Je vous remercie.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Le porte-parole du CTC a fait observer tout à l'heure, dans sa déclaration, qu'on avait annoncé la conclusion des négociations d'un accord de libre-échange avec la Colombie un samedi, quand nul ne suit l'actualité. Or, j'aimerais lui dire que des personnes en ont effectivement pris note. La question a été soulevée à nouveau à la Chambre aujourd'hui. C'est une préoccupation grave.
Notre comité s'est rendu en Colombie, comme bon nombre d'entre vous le savent, plus particulièrement à Bogota où il a rencontré des représentants du gouvernement. Nous étudions cet accord particulier de libre-échange avec la Colombie depuis quelque temps déjà, quelques mois, nous avons entendu toute une brochette de témoins et avons affecté des deniers publics à cette question, dans le cadre d'un mandat que nous nous sommes donné en matière de droits de la personne et d'environnement qui a été accepté par tous les membres du Comité.
En tant que contribuable canadien, que pensez-vous du fait qu'avant que notre comité ait présenté ses recommandations, avant le dépôt de son rapport, le gouvernement a mené à terme les négociations? J'aimerais aussi connaître l'opinion du CTC à ce sujet.
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps avec mon collègue.
Madame et messieurs, bonjour. Je manque un peu de motivation cet après-midi, surtout après ce qu'on a entendu en fin de semaine. Il semble que l'accord de libre-échange avec la Colombie sera réglé dans plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Nous avons voyagé et rencontré des gens, et nous devions déposer un rapport contenant des recommandations. Travaille-t-on pour rien? Je m'excuse de vous recevoir au sujet d'un dossier qui est quasiment réglé. Toujours est-il qu'à un moment donné, il y aura une loi de mise en œuvre, et l'on prendra alors les décisions qui s'imposent.
Il y a des éléments importants. On a rencontré des groupes qui étaient totalement en désaccord sur cet accord de libre-échange. Il y avait des gens, principalement dans le commerce... Même si certaines personnes n'étaient pas en faveur de l'accord, dans l'ensemble, on l'appuyait. La plupart des gens émettaient de sérieuses réserves, compte tenu de la vraie nature du gouvernement au chapitre de la protection de droits de la personne.
On savait qu'il fallait inclure à cet accord des éléments importants. J'ai fait valoir qu'il était temps de changer le genre de nos accords pour y intégrer les droits de la personne et des travailleurs, de même que le respect de l'environnement. Il ne s'agit pas de conclure simplement des accords complémentaires ou parallèles. D'ailleurs, le mot parallèle le dit: ce sont deux lignes qui ne se touchent jamais. On nous dit qu'il va y en avoir, mais de quelle nature exactement? On dit que ça ressemble à l'accord avec le Pérou. On va devoir prendre des décisions en fonction de ça.
Mon collègue a des préoccupations au sujet de l'agriculture, et du porc en particulier. Il a quelques questions à ce sujet. Je vais donc lui laisser la parole.
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L'accord vise à permettre à d'importantes transnationales qui ont leur siège au Canada de brasser des affaires en Colombie. Il leur pave la voie. Ces sociétés vont travailler avec un régime qui, si quelqu'un lui met des bâtons dans les roues, les tue. Il les qualifie de guérilleros et leur attribue toutes sortes de qualificatifs. Cependant, les sociétés vont se servir des autorités colombiennes pour faire disparaître toute dissidence, que ce soit sur le plan environnemental ou du travail, de manière à maximiser leurs profits au mépris des règles.
Comme ma collègue l'a dit, ce que nous craignons, c'est que tous ces accords commerciaux dans le domaine de l'environnement et du travail entraînent des appels d'offres, et ce genre de processus tire toujours les coûts à la baisse, pas à la hausse.
Je remarque, quand il est question de la rémunération des dirigeants entre autres, qu'ils se votent toujours des augmentations, pas des diminutions. Toutefois, quand vient le temps de verser des salaires aux travailleurs ou de tenir compte de l'environnement, les sociétés ou multinationales canadiennes vont là où elles ont les conditions les plus avantageuses. En matière d'environnement et de travail, les meilleures conditions consistent à faire baisser les coûts, non pas à les augmenter. C'est ce qui va se produire en Colombie. Les travailleurs de Colombie seront moins payés et, à cause de cela, les travailleurs du Canada perdront leurs emplois, tout comme ces 2 500 travailleurs de GM qui viennent de perdre leur emploi parce que la société pourra faire exécuter ses commandes, non seulement au Mexique, au Vietnam et en Chine, mais désormais en Colombie également.
C'est pourquoi nos membres n'ont pas confiance dans ces accords commerciaux qui nous obligeront à faire plus pour moins et à donc moins bien nous en sortir sur le plan économique. Ce n'est pas ce que le Canada devrait tirer comme avantage des accords commerciaux passés avec d'autres pays.
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Ce que dit le lien de confiance, maintenant que j'ai eu le temps de l'examiner, c'est qu'il existe des mécanismes pour faire en sorte que les pays font respecter leurs lois environnementales et offrent un niveau élevé de protection de l'environnement. Toutefois, le fait est que ces mécanismes sont beaucoup plus faibles que ce qui est prévu dans l'ALENA, des dispositions que j'estime déjà peu exigeantes.
Que peut-on faire si l'on craint que son pays ou un autre ne fasse pas respecter ses lois environnementales? À la CEC, on peut déposer une plainte et obtenir un rapport objectif et indépendant, une enquête factuelle détaillée. Que peut-on obtenir aux termes du modèle péruvien qui, je le présume, est identique à celui-ci? On peut déposer une question auprès d'un bureaucrate, auprès du coordonnateur national. Il n'y a pas d'examen indépendant ni d'analyse rigoureuse. J'ai vu de quoi ont l'air ces rapports. Je suis sûr que vous en avez tous vus. Ils ne sont pas très rigoureux.
Au niveau national, que peut-on faire? Sous le régime de l'ALENA, si le Canada estime que le Mexique tire un avantage commercial en n'appliquant pas constamment ses lois, il peut lancer un processus d'arbitrage exécutoire et surveiller les mesures d'exécution. Que prévoient ces accords? On peut avoir des consultations, et tous sont censés s'entendre.
Comparez cela à ce que peut faire un investisseur dans le cadre de ces accords. L'investisseur, aux termes de l'ALENA et de ces accords, peut porter plainte contre le gouvernement du Canada. Si l'investisseur colombien fait un investissement au Canada et qu'il estime avoir été traité injustement, il peut poursuivre le gouvernement du Canada en vue d'obtenir des dommages-intérêts de plusieurs millions de dollars. De tels jugements ont déjà été rendus, soit dit en passant, et ce sont les contribuables canadiens qui ont défrayé les dommages-intérêts. L'investisseur a le droit de choisir un des juges et de demander une audience complète sur la preuve. Voilà qui fait paraître plutôt faible le processus indépendant de plaintes du citoyen, qui est déjà mieux que ce que vous avez approuvé.
Il n'y a tout simplement pas d'équilibre, selon moi.
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C'est vrai, et j'ai obtenu ma réponse, et je vais m'en contenter parce que c'est celle à laquelle je m'attendais.
Monsieur Georgetti, je vous suis reconnaissant de votre honnêteté à cet égard.
La question est compliquée. L'État de Colombie, selon n'importe quelle norme, était il y a 10 ans un État non viable où régnait la violence, où une énorme guerre civile faisait rage, qui suscitait de graves préoccupations environnementales, où se commettaient de graves atteintes aux droits des travailleurs et où sévissait une corruption presque endémique. Si l'on compare cela à la situation actuelle, à dire vrai, que cela nous plaise ou non, il est à des années-lumières de ce qu'il était. Ce n'est pas le fait d'un parti politique en particulier. Ce sont des organismes comme la Banque mondiale qui affirment que l'État de Colombie a emprunté la bonne voie, que sa société est réformée.
Est-il acceptable que 27 ou 37 — quel que soit le nombre — dirigeants syndicaux soient assassinés? Absolument pas. Bien sûr que c'est inacceptable. Toutefois, n'est-ce pas nettement préférable aux 600 qui ont été tués en 2002. Ce qui se passait alors était scandaleux par rapport à la voie qu'a maintenant empruntée le pays.
J'aimerais commenter ce qu'ont dit les producteurs de porc, parce que nous avons observé que le libre-échange assorti d'accords exécutoires n'entraîne pas un changement institutionnel. Il permet de créer des emplois et d'ouvrir des portes dans des pays qui ont désespérément besoin d'emplois et de débouchés économiques. Et le pays qui signe le premier accord est celui qui est le mieux placé pour commercer avec cet État sur une base constante et dans le cadre d'un partenariat d'égal à égal. Actuellement, bien que cela ne soit peut-être pas important pour tous les membres du comité ici présents, notre industrie du porc est en crise, et nous avons besoin de tous les débouchés que nous pouvons trouver.
Que voyez-vous comme perspective d'avenir dans votre seule industrie du porc? Je ne parle pas des autres parties du secteur agricole, parce que c'est un bon accord en matière d'agriculture. Toutefois, en ce qui concerne le secteur du porc, quelles possibilités vous offre-t-il?
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Par ailleurs, monsieur le président, je m'inscris en faux contre le commentaire voulant que la somme de 15 millions de dollars constitue en quelque sorte l'amende imposée pour l'assassinat d'un leader syndical. Cela est tout à fait inexact. Le montant de 15 millions de dollars indiqué dans l'entente sur la main-d'oeuvre correspond à l'amende applicable pour le non-respect des règles. Ce n'est pas une amende imposée à quelqu'un qui... La vie humaine n'a pas de prix. Il est tout à fait inacceptable que l'on induise les gens en erreur de la sorte au sein de ce comité.
Selon ce qui est prévu dans l'entente, les amendes imposées, qu'il s'agisse de 15 millions de dollars, de 5 millions de dollars ou de 2 000 $, sont versées dans un fonds pour le renforcement des capacités qui servira à faciliter le règlement des conflits de travail et à transmettre, lorsque cela est nécessaire, aux Colombiens de l'information sur les ententes commerciales et la réglementation en la matière.
Il y a d'autres éléments de cet accord commercial qui n'ont été soulevés par personne à ma connaissance. Il est question ici de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud; de pays du tiers monde dans certains cas. Il y a plusieurs applications possibles: le travail des enfants est interdit; les travailleurs peuvent se syndiquer. Personne ne prétend que la situation est idéale en Colombie mais, d'après ce que je puis comprendre, la Colombie est beaucoup plus avancée que cela. On exagère vraiment la situation.
Nous nous sommes rendus là-bas. Il y a 1 000 entreprises canadiennes qui font des affaires en Colombie. Le secteur manufacturier serait le premier bénéficiaire de cette entente. Le groupe suivant à en bénéficier serait les Colombiens eux-mêmes, et non les Canadiens; l'entente serait profitable pour les Colombiens. C'est pour nous l'occasion de continuer à appuyer un État qui est sur la bonne voie en l'aidant à se sortir du bourbier de guerre civile et de représailles dans lequel il se trouve.
Je suis vraiment indigné quand j'entends certains parler d'autres objectifs. C'est une situation dont nous avons été témoins à maintes reprises. En instaurant un régime de libre-échange, on bâtit une économie. On donne de l'emploi aux gens. On leur procure de l'espoir et des possibilités nouvelles. On instaure le respect pour les droits de la personne, les institutions démocratiques et la primauté du droit.
J'ai entendu bien des discours de nos collègues d'en face et, en toute franchise, je pense que le moment est venu de leur rendre la pareille.
J'estime que le but visé est de favoriser le respect des droits de la personne, de la primauté du droit, de la démocratie et du processus judiciaire. À ma connaissance, il n'y a aucun autre objectif recherché.
J'ai trois questions pour M. Garver.
Je vous remercie pour votre exposé.
Je lisais le communiqué de presse dans lequel le gouvernement soutient que cet accord fera en sorte que la croissance économique pourra s'accompagner de progrès en ce qui a trait à la protection de l'environnement. Je vais considérer qu'il s'agit là d'un énoncé de principe du gouvernement à l'égard de cette entente de libre-échange avec la Colombie et qu'il s'engage ainsi envers la réalisation de progrès véritables en matière de protection environnementale.
Vous nous avez dit très clairement que les mécanismes de l'ALENA ne fonctionnent pas très bien et que l'on note dans ce contexte de la part du gouvernement un engagement moindre, un financement réduit, des retards et une participation publique moins soutenue. Nous avons également appris que la situation était encore pire au Pérou où l'on déplore l'absence complète de mécanisme indépendant. De toute évidence, les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tous.
J'aimerais que vous me parliez un peu du processus d'évaluation environnementale. Nous savons que les investisseurs canadiens sont actifs dans le secteur des mines et des pipelines, qui peuvent être de grands générateurs d'emplois. Mais en ma qualité d'ancienne ministre de l'Environnement, je sais pertinemment qu'en l'absence d'un processus très efficace d'évaluation environnementale pour s'assurer que les impacts sur l'environnement sont bien compris et atténués, il peut s'agir d'activités très néfastes à ce point de vue.
C'est donc ma première question. Pourriez-vous nous parler du processus d'évaluation environnementale dans le cadre de l'ALENA et nous dire si vous pensez qu'il pourrait s'améliorer ou se détériorer dans le contexte d'un mécanisme parallèle à l'accord de libre-échange avec le Pérou?
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Je conviens de l'importance cruciale des évaluations des incidences environnementales, lesquelles sont devenues de plus en plus, au fil des 30 dernières années, une caractéristique fondamentale des lois sur l'environnement dans de nombreux pays du monde. Ces évaluations sont essentielles pour informer dès le départ les décideurs des enjeux environnementaux de manière à ce qu'ils puissent prendre des dispositions optimales du point de vue environnemental.
En signant ces ententes, chaque pays s'engage à assurer des niveaux élevés de protection et à procéder à des évaluations semblables. Encore là, je m'inquiète du fait que la validité de ces dispositions est assujettie à celle des mécanisme mis en place pour les appliquer.
Si, par exemple, des problèmes se posent avec le processus d'évaluation environnementale en Colombie, je n'arrive pas à voir quelles dispositions des ententes les plus récemment conclues permettraient d'assurer la mise en oeuvre de ces mesures.
Nous savons qu'il est possible d'inclure des clauses de la sorte dans l'entente, des clauses significatives qui vont procurer des solutions concrètes, car c'est un résultat que nous pouvons constater avec le processus de règlement des différends. Il est possible d'instaurer des dispositifs plus pertinents, plus indépendants...
C'est une question de responsabilisation. Dans quelle mesure ces pays seront-ils prêts à rendre des comptes à l'égard de leurs processus d'évaluation des incidences environnementales?
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Monsieur le président, je veux tout d'abord remercier nos témoins pour leur présence.
Je dois vous dire d'entrée de jeu, monsieur Georgetti, que je suis bien évidemment très surpris que vous n'ayez pas eu vent de tout le soutien dont bénéficient les ententes de libre-échange d'une manière générale. Il y a assurément un soutien marqué de la part de nos entreprises canadiennes, dans le secteur de l'agriculture. Parmi vos membres, il n'y a peut-être pas beaucoup d'agriculteurs ou de personnes qui travaillent en agriculture, mais il y en a sans doute dans l'industrie agro-alimentaire, ou tout en moins dans des entreprises dérivées. Je peux toutefois vous dire, à la lumière de notre visite en Colombie, qu'il est parfois étonnant de voir d'où vient le soutien pour un accord de libre-échange.
Je pense que c'est dès notre première journée là-bas que nous avons quitté Bogota pour nous rendre à Sincelejo. Nous y avons rencontré différents représentants, dont ceux des Nations Unies. Je me souviens tout particulièrement d'un groupe de huit ou neuf personnes déplacées, des femmes à une exception près.
L'une de mes collègues du comité, Mme Murray, leur a alors posé directement la question: « Est-ce qu'un accord de libre-échange avec le Canada aurait un effet défavorable ou favorable sur les personnes déplacées? » Voici la réponse exacte qu'elle a obtenue: « Oui, ce serait avantageux pour nous; sans l'ombre d'un doute. » J'avais alors pris note de cette réponse; je n'ai pas le papier avec moi, il est dans mon bureau.
Ces personnes déplacées ont peut-être eu la vie sauve, mais je vous laisse imaginer l'enfer qu'elles ont vécu... Les époux de la plupart de ces femmes auxquelles nous avons parlé avaient été assassinés par les caïds de la drogue ou par des gens de ce milieu. On menaçait de les tuer s'ils ne quittaient pas leurs terres, et c'est ce qui est arrivé. Alors ces femmes ont dû partir.
Je voulais faire valoir que des personnes qui ont eu à subir ce genre d'épreuves dans leur vie...
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Non, je ne pense pas. Les observations formulées par M. Miller sont révélatrices à cet égard. Ce n'est pas simplement parce que vous avez fait un voyage-éclair à Bogota, en Colombie, pour assister à une mise en scène du gouvernement local quant aux événements récents... Cela n'a rien à voir avec la réalité. Si vous voulez vraiment connaître la situation là-bas, vous devriez vous rendre sur place pour parler directement aux Colombiens, sans mise en scène gouvernementale.
Ces ententes qui ont été conclues, tous ces accords signés par des gouvernements de droite, confèrent davantage de privilèges à des entreprises qui n'ont pas la capacité de prendre en considération les droits de la personne ou les autres droits individuels. Ces entreprises sont là pour faire de l'argent. Une partie d'entre elles y réussissent bien, alors que d'autres n'y parviennent pas. Pour les entreprises prospères, c'est le seul aspect qui importe.
À Shenzhen, en Chine, j'ai rencontré un jeune garçon de 15 ans qui avait perdu une main parce que son gestionnaire, formé à l'école de la libre entreprise, s'était posé une seule question. Qu'est-ce qui coûte le moins cher: soigner la main du garçon ou l'amputer? L'amputation était moins coûteuse, et c'est la seule chose qui semble intéresser ces entreprises.
Jour après jour, nous devons négocier avec des entreprises de ce type. Nous savons qu'il faut leur imposer des limites. Il faut obtenir des garanties à la table de négociation. Même si elles sont pleinement conscientes que les agissements causant des torts aux individus sont répréhensibles, si vous n'apportez pas les précisions requises à la table de négociation, elles ne feront pas le nécessaire parce qu'elles en sont tout simplement incapables. Si ces ententes sont problématiques, c'est parce que certaines des parties en cause croient que les entreprises peuvent être socialement responsables. C'est impossible. Elles n'ont pas la structure requise. Il faut les discipliner au moyen d'une structure syndicale ou gouvernementale.
Malheureusement, certains des gouvernements qui concluent de tels accords croient qu'ils peuvent renoncer à tous leurs droits et en confier la responsabilité à des entreprises, alors que celles-ci sont incapables d'être à la hauteur.
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Je conviens qu'il y a évidemment place à l'amélioration, n'empêche que c'est encourageant de constater les progrès qui ont été réalisés jusqu'à maintenant.
J'ai une autre question. Dans votre déclaration liminaire, vous nous avez demandé pourquoi nous ne recueillons pas les témoignages des représentants des grandes entreprises favorables à cet accord. Permettez-moi de vous lire un courriel non sollicité que m'a envoyé un Britanno-Colombien. Le courriel avait pour objet: « L'accord commercial avec la Colombie profitera aux travailleurs, aux employés et aux syndicats de Colombie » et se lisait comme suit:
Par la présente, je tiens à exprimer mon appui à l'accord de libre-échange Canada-Colombie actuellement sur la table des négociations. Je suis entièrement favorable à la mise en oeuvre de cette entente, et ce, le plus tôt possible, puisque celle-ci est susceptible de générer de nombreux avantages pour les citoyens des deux pays. J'ai parcouru la Colombie de long en large, des grands centres urbains jusqu'aux petites régions rurales et éloignées des Andes et le long des côtes des Antilles et du Pacifique. J'ai eu l'occasion de discuter avec des gens de toutes les couches de la société, que ce soit des agriculteurs, des marchands ambulants, des militaires, des policiers ou des entrepreneurs prospères. D'après mon expérience, je crois fermement qu'un accord de libre-échange profitera grandement aux travailleurs, aux coopératives que j'ai visitées et aux entreprises, autant de la Colombie que du Canada. Il permettra de poursuivre les progrès qui ont été réalisés depuis la première fois que j'y suis allé en 2001. Depuis lors, j'y suis retourné tous les ans pour y vivre pendant plusieurs mois; je parle donc en connaissance de cause. Cette entente engendrera non seulement des retombées économiques, mais renforcera aussi les droits et ouvrira de nouveaux débouchés pour les travailleurs et un plus grand nombre de marchés pour certaines des petites entreprises que j'ai vues. Si on continue de fermer la porte au commerce, on appuiera ces segments de la société responsables du climat dangereux et hostile qui règne dans ce pays. Bien entendu, on signale toujours des cas de violence, d'enlèvement, d'extorsion et de corruption, mais leur nombre a beaucoup diminué au cours des huit dernières années. En libéralisant les échanges commerciaux, on se trouve à aider le gouvernement actuel démocratiquement élu à apporter les changements dont son pays a besoin. S'il y a des gens au Canada qui s'opposent à cet accord, je suis certain que ce sont des représentants d'entreprises qui ne connaissent pas la situation qui sévit dans les rues, les villages et les tours à bureau partout en Colombie, de Santa Marta, en passant par Medellin et Bogota, jusqu'à Pasto dans le Sud. Ce sont des gens qui n'ont pas vu ni vécu les conditions réelles dans lesquelles vivent les gens qui ont perdu leur maison et leur exploitation agricole, passées aux mains de la guérilla des FARC ou de la mafia qui contrôle les divers cartels de drogue. Les personnes qui s'élèvent contre cet accord commercial n'ont pas vu l'énergie qu'ont ces gens désireux de travailler honnêtement et équitablement et qui ont maintenant accès à plus d'emplois grâce aux investissements qui aident la Colombie à devenir une société plus ouverte et sécuritaire. Le Canada peut poursuivre ces progrès et, ainsi, tirer parti de ces possibilités commerciales.
Je vous prierais donc de déposer le plus rapidement possible cet accord de libre-échange en vue de son adoption à la Chambre. Celui-ci a le potentiel d'accroître les changements positifs qui se produisent à l'heure actuelle et de renforcer les liens qui existent entre les entreprises canadiennes et colombiennes.
Je vous prie, Monsieur, d'agréer mes sincères salutations.
Williams Lake (Colombie-Britannique)
Si cela vous intéresse, je serais heureux de vous la distribuer.
Merci, monsieur le président.
Je voulais simplement vous en faire part. On ne m'a pas demandé de le faire. Je sais que certaines personnes — dont moi — s'inquiètent du fait que la situation est loin d'être parfaite. Toutefois, je crois qu'en donnant de l'espoir à des gens, comme ceux que nous avons vus là-bas, et d'autres...
L'homme qui venait de l'île de Vancouver et qui s'est établi en Colombie il y a cinq ans — il travaillait dans l'industrie forestière — encourage les Colombiens à tenir compte de l'environnement dans l'exploitation forestière et les sensibilise au fait qu'il y a des questions environnementales et sociales. Les entreprises canadiennes contribuent à faire de la Colombie un pays prospère et sécuritaire.
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Je pense que les accords de libre-échange offrent d'importantes protections environnementales qui vont de pair avec une libéralisation accrue du commerce.
Pour ce qui est des progrès, malheureusement, je vois cet accord de libre-échange — s'il s'apparente à celui conclu avec le Pérou, compte tenu de ce que nous avons vu au chapitre de l'environnement — comme un pas en arrière. Quand on regarde l'Europe avec son intégration économique, on constate que les mêmes règles s'appliquent à la grandeur de l'Europe. Cela marque une importante évolution. Il a fallu beaucoup de temps — soit 50 ans — pour y arriver.
Je crains que nous fassions fausse route avec ce type d'accord. Je ne vois tout simplement pas les possibilités qui s'offrent à nous. Et si vous prenez l'ALENA comme point de départ, je considère que c'est réellement un pas en arrière. Nous nous éloignons des « règles de jeu équitables ».
Si nous voulons lutter à armes égales, je pense qu'il est important de considérer ces accords dans un contexte global. Il faut savoir où nous allons. Est-ce que tous ces petits accords seront rassemblés pour permettre un grand marché intégré en Amérique? Le cas échéant, de quel type de régime environnemental s'agit-il? Nous avons besoin d'une véritable harmonisation environnementale, et je ne crois pas que ce soit possible dans ce cas.
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Je voulais simplement serrer la main de nos témoins, mais je le ferai plus tard.
Monsieur le président, suite à la discussion qui a eu lieu la semaine dernière sur l'AELE, les députés avaient cru comprendre que nous accorderions la priorité à notre étude sur l'accord de libre-échange avec la Colombie et qu'ensuite, nous essaierions d'organiser des séances sur l'AELE aux fins de l'étude article par article. Cela dit, nous avions décidé qu'il était possible d'ajouter des séances supplémentaires si nous souhaitions discuter de l'AELE.
D'après ce que j'avais compris — et corrigez-moi si je me trompe —, nous nous réunissions aujourd'hui afin de déterminer un moment qui conviendrait à tous, parce que de toute évidence, il est difficile de faire concorder les horaires de chacun. Par conséquent, je suis un peu étonné qu'on ait déjà prévu une séance. De plus, étant donné que l'accord de libre-échange Canada-Colombie a été signé et négocié au cours du week-end, cela nous fait encore plus réaliser l'importance de terminer notre étude. De surcroît, nous nous sommes rendus à Bogota, et je considère que nous le devons aux contribuables et, bien entendu, aux témoins qui ont comparu devant le Comité.
Je voulais simplement discuter des travaux du Comité et insister pour que celui-ci accorde la priorité à son étude sur la Colombie. Par la suite, si le temps nous le permet, nous pourrions procéder à l'étude article par article.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, je sais que l'opposition aimerait retarder le processus et trouver une raison pour ne pas progresser dans ce dossier. C'était évident la semaine dernière. Mais en toute honnêteté, il y a toujours eu un double processus. Il y a eu deux processus parallèles tout le long. L'équipe de négociation sur la Colombie travaillait parallèlement à notre étude sur la Colombie.
Celle-ci visait à déterminer si nous allions être d'accord ou non à propos du résultat final, et non pas à déterminer le résultat final. Nous ne sommes pas des négociateurs commerciaux pour le compte du gouvernement du Canada; nous sommes le comité du commerce international et notre rôle est différent.
Notre étude sur la Colombie allait nous permettre de savoir si nous étions en faveur d'un accord de libre-échange avec ce pays. Par conséquent, je considère qu'il est très irrespectueux de prendre l'AELE en otage. Nous avons de bonnes raisons d'aller de l'avant avec l'AELE. Celui-ci n'a rien à voir avec l'accord Canada-Colombie, et il n'y a pas lieu de faire un lien entre les deux.
Monsieur le président, je pense que nous devrions conclure nos discussions sur l'AELE. Si nous continuons de nous acharner sur la Colombie — et c'est ce que fait l'opposition ici —, je crois que nous allons nuire à tout le processus.