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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais profiter de l'occasion pour vous remercier de nous avoir invités à prendre la parole devant le comité aujourd'hui. C'est certainement un sujet qui nous tient beaucoup à coeur.
Je représente le Conseil canadien de développement social. Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas le Conseil, je nous décris toujours comme la vieille dame de la politique sociale au Canada. Nous existons depuis 80 ans. Notre premier mandat date des années 20 et portait sur les enfants pauvres de l'après-guerre. Depuis, notre mandat s'est élargi et nous sommes devenus un important organisme de recherche national non sectaire qui se penche sur les questions de politique sociale et qui a fait des recherches dans le domaine de la pauvreté et de la mesure de la pauvreté.
Comme l'a dit Richard, je crois que vous vous intéressez aux mesures de la pauvreté. On m'a demandé de vous parler un peu d'une étude que nous avons réalisée sur la pauvreté urbaine et je vais donc commencer par décrire le cadre de nos travaux sur le sujet de la pauvreté dans les villes. Ensuite, je me ferai un plaisir de répondre à vos questions concernant la mesure de la pauvreté et les autres aspects du problème. Nous sommes en train de faire une étude pour un comité fédéral-provincial sur la mesure de la pauvreté et je me ferai donc un plaisir de répondre aux questions que vous voudrez poser à ce sujet et sur la façon dont nous mesurons ou nous ne mesurons pas la pauvreté au Canada, selon le cas.
Comme je l'ai dit, on m'a demandé de venir vous parler du travail que nous avons réalisé pendant de nombreuses années sur la pauvreté urbaine au Canada. C'était un processus intéressant, parce que, pendant longtemps, nous n'avions aucun moyen de comprendre la pauvreté au niveau des collectivités. Nous n'avions pas les données voulues. Il y a une dizaine d'années, le Conseil s'est associé à un certain nombre de municipalités et d'organisations communautaires pour acheter des données nécessaires pour commencer à comprendre ce qui se passait au niveau des collectivités. L'étude que nous avons publiée récemment se fonde sur le recensement de 2001 et vous avez de la chance, car les données sur les revenus provenant du recensement de 2006 doivent être publiées en mai, dans quelques semaines.
Le travail que nous avons réalisé à partir du recensement de 2001 commence à révéler la complexité du phénomène de la pauvreté au niveau local. Il était important de le faire il y a 10 ans, car on pensait qu'avec l'évolution de la dynamique et de la composition de la pauvreté, le phénomène de la pauvreté commençait à devenir un énorme problème dans les grandes villes du pays. Le travail que nous avons réalisé ces dernières années à partir du recensement de 2001 le confirme.
Cela ne veut pas dire que la pauvreté n'est pas un problème bien réel et pressant dans les régions rurales du Canada, mais compte tenu de son incidence et de sa gravité, c'est surtout dans les villes que la pauvreté pose un problème au Canada. Il y a de nombreux facteurs, si cela vous intéresse, et nous pouvons parler des raisons du phénomène, mais il est certain que les grandes villes du pays sont celles où les taux de pauvreté sont les plus élevés. Les travaux que nous avons réalisés nous ont permis d'en faire la constatation.
Vous avez sans doute remarqué que, dans de nombreuses villes dans lesquelles on effectue une étude de la pauvreté locale, on peut constater certaines différences. Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que, même si la pauvreté est la plus forte dans les régions urbaines, sa répartition dans les villes est très localisée. Vous avez des villes comme Toronto, par exemple, où la pauvreté commence à s'installer dans les zones suburbaines. La pauvreté est maintenant concentrée dans les banlieues de Toronto. Vous avez également des villes comme Saint John, au Nouveau-Brunswick, par exemple, où les quartiers du centre-ville sont très marqués par la pauvreté. À Vancouver, la dynamique de la pauvreté a nettement changé pendant les années 90 et on commence à voir certaines enclaves de pauvreté; par exemple, les villes de Richmond et Coquitlam où le taux de pauvreté était assez faible ont maintenant un taux de pauvreté beaucoup plus élevé à cause de la concentration de nouveaux immigrants.
Par conséquent, lorsque nous parlons de la pauvreté urbaine au Canada, je crois important de bien comprendre que c'est toujours un phénomène très local qui dépend de la composition des collectivités et des populations particulièrement vulnérables qui vivent dans ces collectivités.
Je voudrais revenir brièvement sur ce que j'ai dit quant au fait que la pauvreté a gagné les banlieues. Nous sommes parfois très influencés par ce que nous entendons dire au sujet des États-Unis où il y a eu, certainement, un évidement des grandes villes et une concentration de la pauvreté dans les villes du Midwest, par exemple. Cette tendance n'a pas été aussi importante au Canada même si nous commençons à la constater dans des endroits comme Toronto et Montréal où l'embourgeoisement des quartiers du centre-ville a chassé les pauvres vers la proche banlieue, ou encore à Richmond et Vancouver où ils s'en vont vers d'autres collectivités.
En fait, cela reflète la composition de la population des collectivités. Notre étude montre en détail — et j'espère que vous pourrez examiner certains des profils que nous avons établis pour certaines villes — les différents taux de pauvreté chez les enfants, chez les aînés, chez les nouveaux immigrants et, dans l'Ouest, la concentration de la pauvreté dans les populations autochtones. C'est très important. Dans les villes comme Calgary et Edmonton où il y a eu une diminution de la pauvreté depuis les années 90, on constate l'apparition de poches de grande pauvreté. C'est certainement le cas chez les Autochtones des villes de l'ouest du pays. J'ai apporté le texte complet du rapport et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Lorsque je pense à certaines des principales conclusions de cette étude, en fait, le Canada n'est absolument pas un pays uniforme. La pauvreté urbaine reflète largement notre diversité et c'est une réalité dont il faut tenir compte pour chercher des solutions. Nous pouvons certainement en parler et il est essentiel de créer des assises et des appuis institutionnels solides, mais les initiatives visant à réduire la pauvreté locale sont vraiment importantes dans ce contexte parce que la nature et le caractère de la pauvreté au niveau des villes et des collectivités varient énormément. Telle était certainement la principale conclusion du rapport sur la pauvreté urbaine.
Je sais que le temps passe, mais je voudrais parler un peu de certaines des constatations concernant les enfants, les immigrants et la pauvreté urbaine.
La situation des enfants est intéressante. Notre rapport — et ces données se fondent sur le dernier recensement — indique qu'en 2001, environ une personne sur cinq était pauvre dans les grandes régions urbaines comme Ottawa, Gatineau, Toronto et Vancouver, mais qu'à peu près un enfant sur quatre était pauvre. Ces statistiques n'ont rien d'étonnant, je pense, car le taux de pauvreté chez les enfants est généralement plus élevé que le taux de pauvreté moyen. Quand nous avons examiné la situation dans les villes de tout le pays, le taux de pauvreté infantile le plus élevé était à Montréal et le plus bas, à Vaughan. Il y a d'énormes variations d'un endroit a l'autre, mais il y a des villes où le taux de pauvreté infantile est beaucoup plus bas que le taux moyen ne le laisserait croire, et ces villes se trouvent au Québec.
Ce qu'il y a là d'intéressant — et c'est la raison pour laquelle je vous en parle — c'est que la politique publique peut contribuer à abaisser le taux de pauvreté infantile. Au Québec, bien sûr, des politiques ont été adoptées pour réduire la pauvreté infantile et nous commençons à en voir les résultats.
Par contre, si nous prenons les immigrants, chez qui le taux de pauvreté est généralement plus élevé, ce sont seulement les collectivités où il y a une population importante d'immigrants récents que le taux de pauvreté est très élevé. L'écart entre le taux de pauvreté des citoyens nés au Canada et celui des immigrants, surtout des immigrants récents, peut atteindre 40 p. 100. Là encore, ce sont des villes comme Vancouver, Montréal et Toronto et cela nous ramène à la question de la diversité et des instruments politiques qu'il faudra utiliser pour s'attaquer à ces problèmes très graves.
J'ai été frappée par les écrits sur le sujet lorsque nous avons examiné où… Même chez les partisans de solutions très locales pour lutter contre la pauvreté, nous constatons une véritable explosion de l'intérêt que les groupes communautaires manifestent pour la réduction de la pauvreté un peu partout dans le pays en mobilisant l'opinion publique et en se faisant les champions de cette cause. Je félicite le comité de s'attaquer à ce problème. Tous ces groupes s'entendent pour souligner la nécessité absolue d'une intervention fédérale énergique pour réduire la pauvreté à partir d'assises solides sur lesquelles reposeront des solutions locales.
Nous avons besoin, d'une part, de politiques universelles ou générales visant tous les citoyens et, d'autre part, d'initiatives ciblées comme celles que vous voyez apparaître. Je pense que le comité va devoir en tenir compte dans son examen du rôle que doit jouer le gouvernement fédéral pour s'attaquer à des problèmes comme la pauvreté urbaine au Canada. Sans programmes énergiques comme la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti, sans un régime d'allocations familiales solide, sans un régime fiscal progressif, sans un solide soutien sur le plan de la santé et de l'éducation, toute initiative locale est vouée à l'échec. Il est important de ne pas l'oublier.
Même lorsque vous examinez certaines études expérimentales sur les pratiques exemplaires des autres pays — et nous pouvons en parler — comme les États-Unis, par exemple, qui ont des programmes exemplaires de lutte contre la pauvreté, l'absence d'infrastructure essentielle sur le plan de la santé publique, par exemple, est toujours un signe d'échec. Les États-Unis n'ont pas pu résoudre le problème de la pauvreté en l'absence de fondements essentiels tels qu'un régime public d'assurance-santé, l'accès à un enseignement de haute qualité, la santé publique et le logement. En fait, le logement est un élément essentiel de la pauvreté urbaine et on constate que sur le plan du transport…
Si j'ai bien compris, on nous a demandé de parler davantage des stratégies et des solutions concernant la pauvreté chez les femmes que des faits et des problèmes. Nous vous avons remis un mémoire écrit qui traite de certains des problèmes reliés à la pauvreté chez les femmes ainsi que des défis à relever sur le plan politique.
Nous allons essayer aujourd'hui de mettre en lumière quelques-unes des stratégies ou des solutions possibles pour s'attaquer à la pauvreté chez les femmes, mais avant cela, j'aurais juste deux petites remarques à faire en ce qui concerne la situation.
Premièrement, l'écart entre le revenu des hommes et des femmes et le niveau de pauvreté relativement plus élevé des femmes au Canada sont un phénomène persistant. Il dure depuis longtemps. Cet écart n'a pas vraiment diminué. Les femmes ont plus tendance à être pauvres que les hommes, les enfants sont pauvres dans une très large mesure parce que leurs mères sont pauvres et les femmes célibataires âgées sont particulièrement pauvres en raison de leur situation marginale sur le marché du travail.
D'autres pays industrialisés, notamment en Europe septentrionale, on réussit à réduire dans une large mesure l'écart entre le revenu des hommes et celui des femmes ainsi que le niveau de pauvreté chez les femmes. Ils ont mieux réussi que nous. Nous pensons que les pays européens vous fournissent des bons repères à cet égard. D'après ce que nous avons compris, votre étude portera sur certains d'entre eux.
Nous avons quatre principes fondamentaux, parce que nous pensons que les principes sont importants lorsqu'on se penche sur le problème de la pauvreté.
En ce qui concerne la pauvreté chez les femmes, un taux d'emploi élevé est très important pour que les femmes à faible revenu puissent avoir des emplois durables. C'est essentiel pour réduire la pauvreté. Nous pouvons voir que le bien-être repose sur le travail.
Deuxièmement, la politique sociale doit tenir compte de la famille et assurer l'égalité entre les sexes. Ce sont des facteurs fondamentaux pour promouvoir la sécurité et le bien-être des femmes.
Troisièmement, l'inclusion sociale et l'égalité des chances requièrent, tant pour les femmes que pour les hommes, une protection sociale adéquate, accessible, financière et durable. Je pense que cela rejoint ce que Katherine vient de dire.
Quatrièmement, les femmes devraient participer à la conception, à la mise en oeuvre et à la supervision des programmes sociaux qui touchent leur vie et leurs moyens de subsistance. Comme vous le savez bien, ces programmes sont très souvent conçus par des hommes.
Compte tenu de ces quatre principes, il y a cinq propositions multidimensionnelles qui pourraient, selon nous, contribuer à réduire la pauvreté des femmes.
La première consiste à réviser le seuil de pauvreté ou le seuil de bas revenu afin qu'il reflète mieux les réalités de la vie des femmes. Comme Richard l'a mentionné plus tôt, ainsi que Katherine, nous avons une publication à ce sujet, particulièrement en ce qui concerne les femmes. Je pense qu'elle a été remise au comité. Nous pensons qu'il est important d'établir un seuil de pauvreté composite pour établir les objectifs de réduction du taux de pauvreté.
La deuxième proposition est une réforme de l'aide sociale et de l'assurance-emploi. Elle se fonde sur le modèle du Caledon Institute. Nous supposons que vous l'avez. Nous voulons simplement nous en faire l'écho et vous dire pourquoi nous pensons que c'est un modèle utile.
La troisième proposition consiste à promouvoir les politiques visant à accroître la participation des femmes au marché du travail, en se fondant particulièrement sur l'expérience européenne et les recherches européennes.
La quatrième proposition vise à améliorer les prestations de retraite telles que la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti et le RPC. Ces régimes constituent la principale source de revenu de retraite des femmes, ce qui n'est pas le cas pour un bon nombre d'hommes.
La cinquième proposition consiste à modifier l'aide au logement et les subventions. Nous croyons possible de les modifier pour améliorer le logement des femmes âgées et des femmes en général.
Je vais aborder certaines de ces questions, pour vous les expliquer un peu et nous pourrons ensuite en discuter ensemble.
Pour ce qui est du seuil de pauvreté composite, nous pensons que c'est possible. Vous connaissez certainement l'indice des Nations Unies. D'autres pays européens ont établi un indice composite de la pauvreté. L'avantage de ce type d'indice est qu'il ne tient pas compte uniquement du revenu. Les recherches qui ont été faites sur le sujet en Angleterre montrent que lorsque vous utilisez d'autres indices, vous obtenez des résultats différents. Un indice composite vous permet probablement d'obtenir un portait plus fidèle de la pauvreté. Dans le cas des femmes, il est certain que la question du revenu laisse de côté un grand nombre d'autres problèmes, car cela se base très souvent sur les données du ménage ou de la famille et pas seulement sur les données individuelles. Cela n'indique pas comment les ressources sont utilisées au sein de la famille. Il arrive très souvent que les femmes soient défavorisées à ce niveau-là.
Par conséquent, un indice composite est important comme nous le soulignons dans notre rapport. Nous précisons comment nous pensons qu'il faudrait l'établir.
La réforme de l'aide sociale et de l'assurance-emploi est un modèle qui a été proposé par le Caledon Institute. C'est un système à trois niveaux, comme vous le savez sans doute. Le premier niveau est un soutien du revenu de base pour toute personne à la recherche d'un emploi. Le deuxième niveau est davantage axé sur les services administrés par les provinces. Le troisième niveau est destiné aux personnes handicapées qui vous en diront certainement plus long à ce sujet le moment venu.
Nous pensons que c'est un bon système pour deux raisons. La première est que cela confère au gouvernement fédéral la principale responsabilité des transferts de revenu et du soutien du revenu. Ce niveau de gouvernement est beaucoup mieux en mesure que les provinces d'assumer cette responsabilité, surtout en ce qui concerne l'aide sociale. D'autres pays l'ont fait.
Deuxièmement, nous pensons que cela répartit clairement les pouvoirs et les responsabilités des différents niveaux de gouvernement. C'est une distinction que le gouvernement actuel a soulignée et que nous appuyons.
En troisième lieu, il y a les politiques visant à favoriser la participation au marché du travail. Selon des études européennes récentes portant sur les politiques qui favorisent cette participation, que ce soit au niveau des normes, ou de la discrimination, de l'équité, etc., ainsi que sur les divers types de mesures de soutien, les femmes sont largement plus nombreuses que les hommes à se prévaloir de ces programmes en Europe et elles finissent par avoir un taux d'emploi nettement plus élevé que les hommes. Nous pensons donc qu'il faudrait développer davantage ce genre de programmes au Canada.
Nous pensons aussi que les services de garde d'enfants sont un élément important, car sinon les mères monoparentales ne peuvent pas vraiment aller sur le marché du travail. Il ne faut pas oublier non plus à ce propos — car on présente souvent des arguments présentant les avantages que cela apporte aux enfants — que c'est aussi un avantage sur le plan de la productivité de la main-d'oeuvre. Il ne faut donc pas l'oublier.
En quatrième lieu, il y a les améliorations à la Sécurité de la vieillesse, au Supplément de revenu garanti et au RPC. Je n'entrerai pas dans les détails, mais si vous le désirez, nous pourrons le faire pendant la discussion. Nous pensons qu'il y a plusieurs façons d'améliorer ces programmes pour aider les femmes afin de rendre la SV et le SRG plus accessibles à certaines femmes qui n'y ont pas droit actuellement, de même que pour élargir un peu plus l'accès au RPC. Un des inconvénients est que, pour les femmes qui quittent le marché du travail pour s'occuper de quelqu'un d'autre qu'un enfant, par exemple, pour prendre soin d'un parent âgé, le RPC ne prévoit pas les mêmes dispositions que pour les mères qui doivent s'occuper d'un enfant.
Enfin, en ce qui concerne le logement, nous n'entrerons pas dans les détails là non plus, mais nous pensons qu'il y a deux aspects importants à considérer. L'un est qu'il faut aller plus loin sur le plan des allocations logement. Pour le moment, presque toutes les subventions au logement sont reliées aux logements sociaux. Elles ne sont pas accordées à leurs occupants. Il faudrait également essayer de permettre aux femmes à faible revenu d'avoir davantage accès aux prêts hypothécaires.
Je vais m'arrêter là. Merci, monsieur le président.
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Je sais que le comité désire parler de la définition de la pauvreté, mais je vais seulement dire quelques mots à ce sujet, car je pense que c'est une diversion.
Je vais vous donner un exemple pour vous expliquer pourquoi j'attache peu d'importance à la définition de la pauvreté. Au Canada, une personne âgée qui n'a pas une pension de son employeur dispose d'un revenu d'environ 15 000 $: environ 6 000 $ de la Sécurité de la vieillesse, en moyenne 5 000 $ du Régime de pensions du Canada, plus 3 000 $ ou 4 000 $ du SRG. Ce n'est pas beaucoup. À peu près la moitié des Canadiens prennent leur retraite sans régime de pension. Ces chiffres représentent la moyenne: la moitié des gens se situent en dessous et la moitié au-dessus. De plus, 82 p. 100 des célibataires qui prennent leur retraite sans pension ont un revenu inférieur à 20 000 $. Sommes-nous tous d'accord pour dire que ces personnes se trouvent dans une situation difficile? Sont-elles pauvres? Cela dépend de votre définition.
Prenons le cas d'une célibataire âgée du Québec disposant d'un revenu moyen d'environ 17 000 $. Certaines de ces personnes ont des pensions, d'autres n'en ont pas. Je prends les chiffres de la dernière année pour laquelle je peux obtenir des données comparables, c'est-à-dire 2000. Le taux de pauvreté chez les femmes célibataires au Québec est de 65 p. 100 avec un revenu de 17 000 $ si l'on prend le seuil de faible revenu avant impôt. Si j'avais comparu devant le comité il y a 15 ans, nous aurions dit que le taux de pauvreté était de 65 p. 100. Mais nous avons fait certains progrès. Le SFR après impôt donne un taux de pauvreté de 38 p. 100 pour les mêmes personnes. Le revenu n'a pas changé. Si l'on se sert de la mesure du faible revenu après impôt, on obtient un taux de pauvreté de 21 p. 100. Si on utilise la MPC, qui a été créée par les fonctionnaires du gouvernement fédéral, le taux de pauvreté est de 5 p. 100.
Par conséquent, nous avons réalisé d'importants progrès. Le taux de pauvreté est tombé de 64 p. 100 à 5 p. 100 sans que nous ayons dépensé un seul sou. Bien entendu, ces changements dans le taux de pauvreté n'ont aucune répercussion sur le bien-être ou sur le niveau de vie de ces femmes. Ce qui influe sur le niveau de vie des aînés pauvres, ce ne sont pas les discussions sur les mesures de la pauvreté, mais les programmes mis en oeuvre.
Par conséquent, au cours des 25 dernières années, qu'avons-nous fait qui ait pu exercer une influence sur le revenu de ces femmes? La Sécurité de la vieillesse a été indexée aux prix uniquement depuis 1984 et ce changement a été le seul. Pour ce qui est du SRG, j'aurais dit la même chose il y a trois ans, mais il a été augmenté de 36 $ par mois il y a deux ans. C'est la seule augmentation qui ait été apportée au SRG, le principal programme pour les personnes âgées à faible revenu, depuis 25 ans.
Les prestations du RPC ont un peu augmenté en raison du taux de participation accrue des femmes et de l'augmentation du taux de participation en général. Néanmoins, le montant maximum que verse le RPC est de 10 000 $ et la moyenne est de 7 000 $. Pour les femmes, elle est de 5 000 $ par année et non pas par mois.
Nous avons apporté quelques changements du côté de l'impôt. Nous avons augmenté le crédit en raison de l'âge et le crédit pour revenu de pension et nous avons mis en place le partage des revenus de pension. Aucune de ces mesures n'a la moindre influence sur le sort des femmes dont nous parlons. Nous reconnaissons tous, je pense, que ces personnes ne sont pas des contribuables.
Nous avons relevé le plafond des REER — nous avons trouvé de l'argent pour le faire — de 5 000 $ à 20 000 $ par année au cours des 25 dernières années. Je suppose que cela n'aura pas beaucoup d'influence sur ces statistiques.
Je vais parler des programmes, mais avant cela, j'ai remis au comité un poème intitulé « La pauvreté, c'est… » écrit par des enfants de North Bay. Ce ne sont pas des économistes. Ils ne parlent pas du revenu avant impôt ou après impôt. Ils parlent de ce qu'est vivre dans la pauvreté pour un enfant. Vous remarquerez qu'ils ne parlent pas de malnutrition ou de logement, mais d'exclusion sociale. C'est ce qu'ils voient. Si le comité désire se pencher sur la pauvreté, il devrait se pencher sur le problème de l'exclusion sociale.
À mon avis, les mesures anti-pauvreté que le gouvernement a prises ne donnent pas de résultats parce qu'elles ciblent les pauvres. Elles sont conçues, mises en oeuvre et administrées par une élite qui n'a aucun contact avec la pauvreté et qui ne comprend pas comment vivent les gens pauvres. Je fais moi-même partie de cette élite et je sais qu'il y a beaucoup de choses que j'ignore.
Nous encombrons nos efforts anti-pauvreté de règlements et de tracasseries administratives parce que notre paranoïa nous incite à croire qu'ils sont peut-être trop généreux ou que les pauvres en abusent. Nos efforts pour cibler ces personnes conduisent seulement à un resserrement des critères d'admissibilité, à des mesures dissuasives qui aident les gens tout en les empêchant d'avancer. Pratiquement tous nos programmes de soutien qui s'adressent aux personnes à faible revenu imposent un lourd tribu à leurs bénéficiaires.
La portée de ces programmes est limitée de façon à réduire leur coût. Cette limitation, qui se fonde sur la méfiance et les soupçons, crée des inégalités, des critères d'admissibilité complexes fondés sur le revenu et des règles que personne ici présent ne connaît en détail, ce qui crée des taux d'impôt marginal qui dépassent souvent 100 p. 100.
La plupart des programmes dont je parle ont des équivalents pour les Canadiens qui, comme nous, sont à l'aise, des programmes moins exigeants, auxquels nous consacrons plus d'argent et qui sont plus généreux.
Si j'ai quelques minutes, je voudrais passer rapidement en revue une série de programmes grâce auxquels nous pourrions améliorer le bien-être des aînés qui ont un faible revenu. Je ne vois pas l'intérêt de discuter quant à savoir si cela leur permettrait ou non de dépasser le seuil imaginaire de la pauvreté.
La Sécurité de la vieillesse. Très rapidement, tout le monde ici présent sait-il que le montant des prestations de Sécurité de la vieillesse que vous touchez si vous êtes un immigrant dépend du pays d'où vous venez? En général, vous obtenez plus d'argent si vous venez d'un pays industrialisé que d'un pays d'Asie du Sud ou d'Asie de l'Est.
Le RPC. Si vous avez un faible revenu, vous touchez le RPC. Il est récupéré sur votre SRG. La récupération et la rétroactivité du RPC posent des problèmes. Cela fait huit ans que j'en parle. Ce sont surtout les femmes qui sont admissibles au RPC. Le gouvernement sait qui elles sont et où elles vivent. Elles ont droit au RPC, mais elles ne le touchent pas. Lorsqu'elles font une demande tardive, elles ne touchent pas leurs prestations rétroactivement même s'il s'agit d'un programme contributoire.
Le SRG. La récupération est de 50 p. 100. La nouvelle exclusion de 3 500 $ est une mesure positive. Mais pourquoi est-ce seulement pour le salaire? Pourquoi n'est-ce pas pour les gains? Pourquoi peut-on exclure 3 500 $ de salaire, mais pas les revenus d'un travail autonome? Là encore, c'est limitatif. On essaie d'imposer des restrictions.
L'allocation de veuve. Si vous êtes une célibataire âgée de 60 à 64 ans, ayant un faible revenu, vous pouvez obtenir une allocation relativement très généreuse par rapport à la SV ou au SRG si vous êtes veuve, mais pas si vous êtes célibataire, séparée ou divorcée. À quoi cela rime-t-il? Sil le conjoint décède le jour qui précède votre divorce, vous y avez droit. S'il meurt le lendemain, vous n'y avez pas droit.
Vingt-quatre pour cent des travailleurs du secteur privé ont un régime de pension offert par l'employeur. Dans le secteur privé, 18 p. 100 des travailleurs ont un régime de pension intéressant. La population canadienne va augmenter et nous savons que le nombre de gens qui bénéficient d'un régime de pension va en diminuant. Il y aura beaucoup plus de gens. La Sécurité de la vieillesse s'élève à 6 000 $. Le RPC à 10 000 $, mais la moyenne est de 7 000 $ et de 5 000 $ pour les femmes. Le SRG représente 3 000 $ à 4 000 $. Plus votre revenu d'autres sources est élevé, plus le SRG diminue.
Quatre-vingt-deux pour cent des gens qui prennent leur retraite sans pension ont un revenu inférieur à 20 000 $.
Me reste-t-il deux minutes? Je vais être très rapide.
L'assurance médicaments. La franchise et la quote-part sont beaucoup plus élevées pour les régimes publics que pour les régimes de l'employeur. Les régimes publics, c'est-à-dire ceux qui sont administrés par les gouvernements, ont des formulaires, des listes des médicaments couverts. Les régimes offerts par l'employeur qui couvrent la plupart d'entre nous n'ont pas cette liste. Si un médecin vous prescrit un médicament, vous êtes couvert.
L'assurance-emploi. Les prestations ont été réduites du tiers au cours des 15 ou 20 dernières années et de moitié pour les pauvres. Plus vous êtes pauvre, moins vous avez de chance d'être admissible aux prestations.
Les prestations de maternité. L'assurance-emploi, que touchent environ la moitié des nouvelles mamans, remplace 55 p. 100 du salaire jusqu'à concurrence de 400 $ par semaine avec un délai de carence de deux semaines. Les régimes offerts par l'employeur remplacent 93 p. 100 du salaire, il n'y a pas de délai de carence de deux semaines et aucun plafond. Voyez ce que fait le Québec avec son programme d'assurance parentale. C'est un excellent programme. Il n'est pas parfait, mais c'est un énorme pas dans la bonne direction. Le programme de prestations à la disposition des personnes à faible revenu est, encore une fois, beaucoup plus limitatif, ciblé et moins généreux que le programme pour les Canadiens qui sont « appréciés ».
Le Bon d'études canadien. C'est une merveilleuse idée. Cela doit permettre aux Canadiens à faible revenu d'investir dans un REEE. La dernière fois que j'ai vérifié les statistiques, le taux de participation était de moins de 10 p. 100. C'est de l'argent mis gratuitement à la disposition des personnes à faible revenu.
Prêts d'études et Bourses du millénaire. Nous allons donner de l'argent aux gens. Rendons ces subventions imposables et certaines provinces les récupéreront sur leurs prêts aux étudiants.
Savoir en banque. C'est un projet pilote pour inciter les Canadiens à faible revenu à épargner. Le ministère des Finances a décidé, après coup, qu'il ne pouvait pas vivre sans que cet agent soit imposable, ce qui veut dire qu'il est récupéré sur la prestation pour enfants et le SRG.
La prestation fiscale pour enfants. C'est un merveilleux programme et une merveilleuse initiative si vous êtes un travailleur pauvre. Mais vous savez sans doute ce que les assistés sociaux en pensent, quel effet cela a eu sur eux et comment on s'est servi d'eux pour envoyer de l'argent aux provinces.
La prestation fiscale pour le revenu gagné. Ce n'est pas une mauvaise idée. Vous pouvez la toucher si vous-même ou votre conjoint avait été étudiant pendant trois mois au cours de l'année écoulée. Pourquoi faisons-nous cela? Je ne comprends pas.
La garde d'enfants. Il y aurait beaucoup à faire en ce qui concerne la garde d'enfants.
Le logement social… En ce qui concerne l'aide sociale, qui n'est pas une responsabilité fédérale, nous pourrions faire mieux.
Merci pour votre attention.
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Nous avons examiné les initiatives prises par les autres pays afin d'avoir une idée de ce qu'ils faisaient. En fait, ils n'ont pas vraiment mis l'accent sur les femmes, mais ils ont établi des indices composites. Nous avons ensuite examiné les recherches faites sur le revenu des femmes, au niveau familial et individuel. À partir de cela, nous avons établi quatre indicateurs que nous avons jugés importants, du moins d'après nos recherches, car cela fournit…
L'intérêt des indices composites qui ont été établis, particulièrement en Europe, est que certains d'entre eux montrent que la pauvreté touche des gens différents selon l'indicateur utilisé. Cela confirme, je crois, ce que Richard a dit quant au fait que cela dépend de ce que vous incluez dans votre définition.
Nous avons estimé que pour les femmes, en particulier, il y avait quatre sortes d'indicateurs: l'éducation, car leur niveau d'éducation est souvent influencé de façon très différente que dans le cas des hommes; les indicateurs de santé, car l'espérance de vie, la mortalité maternelle, la violence, etc., influent sur la capacité de travailler des femmes; la qualité du logement et ce genre de mesures a déjà été établi, surtout pour ce qui est des normes de logement; les indicateurs d'emploi, la participation au marché du travail, la durée de l'emploi et ce genre de facteurs ainsi que le soutien familial.
Une chose étonnante qui persiste encore est la suivante. Je n'ai malheureusement pas vu les études réalisées au Canada, mais des études ont été faites dans la plupart des pays européens et plusieurs autres pays du monde au sujet de l'écart dans les revenus au sein d'une même famille. Pour diverses raisons, les femmes à faible revenu sont particulièrement désavantagées à cet égard. Il nous semble donc important d'avoir des indicateurs reliés à ce qui se passe au sein de la famille, au genre de soutien que les femmes reçoivent, à l'indépendance dont elles jouissent pour ce qui est de leurs sources de revenu, etc.
Voilà le genre d'indicateurs qu'il nous a semblé possible de réunir. Ces divers indicateurs ont déjà été testés dans une certaine mesure pour d'autres groupes dans d'autres pays. C'est donc une possibilité.
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Pourrais-je ajouter brièvement quelque chose?
Ce que je trouve intéressant en Europe, c'est qu'un certain nombre de pays ont adopté une série d'indicateurs pour déceler la pauvreté et la privation matérielle. En fait, je pense qu'une des difficultés ou qu'un des obstacles que nous avons au Canada… parce que, bien sûr, cela fait des années que nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord sur le fait que le SFR, par exemple, n'est pas vraiment un seuil de faible revenu. Je dois dire comme Richard que c'est, en fait, une diversion. Toute mesure est limitée par ce qu'elle cherche à mesurer. Les mesures visent à révéler certaines choses et il n'y aura jamais une mesure parfaite de la pauvreté. Il faut bien comprendre que nous avons peut-être besoin de mesures différentes pour repérer différentes choses importantes.
Le SFR dont on dit beaucoup de mal est, en fait, une mesure historique très importante. Il a été, pendant de nombreuses années, un moyen très crédible et très rigoureux de repérer les faibles revenus et les inégalités de revenu au Canada. Nous n'avons pas de mesures de la privation matérielle, par exemple, et c'est ce dont Glenn a parlé.
En Europe, les seuils de pauvreté relative ont été complétés par une série d'indices de privation et on tient compte des deux. L'Irlande a opté pour cette solution et a créé une mesure combinée. Si vous prenez l'Angleterre, quand elle a annoncé qu'elle allait largement réduire la pauvreté infantile d'ici 2020, elle a mis en place trois mesures de revenu différentes pour suivre les progrès réalisés. Certaines de ces mesures étaient davantage ciblées vers les résultats des programmes tandis que d'autres visaient les revenus et les inégalités dans les revenus, deux éléments importants.
On a tort de croire, je pense, que nous avons besoin d'une mesure unique et le comité pourrait peut-être réfléchir de façon constructive à une série de mesures pour que nous puissions avancer sur ce plan très important.
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Merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous faire vos exposés ce matin.
Comme vous le savez, nous nous attaquons aux responsabilités du gouvernement fédéral concernant la pauvreté au Canada. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de se demander vraiment s'il y a de la pauvreté et à quoi elle ressemble; je pense que nous en avons une assez bonne idée. Comme l'a dit M. Shillington, nous avons passé des années à essayer de définir la pauvreté sans vraiment commencer à nous y attaquer. En fait, il a très bien fait valoir qu'on a plutôt cherché à définir la pauvreté de façon à nier son existence plutôt qu'à chercher vraiment à y remédier.
Katherine, vous avez parlé des solutions locales aux problèmes particuliers des différentes régions du pays.
Glenn et Drummond, de l'Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux ont parlé du fait que les enfants pauvres, que nous avons laissé tomber complètement, je pense, font toujours partie de familles pauvres et que, dans la plupart des cas, ce sont des mères pauvres qui essaient de prendre soin de ces enfants.
Richard, vous avez parlé de l'exclusion sociale. Vous avez vécu une expérience, à St. Christopher House, à Toronto, où vous avez été directement en contact avec des gens qui vivent dans la pauvreté. Je pense que vous avez écrit un merveilleux article dans le Toronto Star, à un moment donné.
Vous avez également mentionné un poème, qui a d'abord été publié par ISARC, en Ontario, intitulé La pauvreté, c'est…. En fait, je l'ai dans mon site Web, si vous voulez vérifier. C'est une merveilleuse description des défis quotidiens des enfants qui sont confrontés au problème de la pauvreté.
Pourriez-vous nous dire le plus rapidement possible quel devrait être le rôle du gouvernement fédéral, à votre avis?
Nous pouvons commencer par Katherine et faire un tour de table.
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Je peux lancer la discussion sur le sujet.
Je pense qu'il y a plusieurs pays d'Europe… Le comité n'ignore pas que les pays scandinaves en général sont très en avance sur nous à cet égard tout en ayant une forte croissance économique. Ils servent de modèles tant au niveau économique qu'au niveau de la politique sociale. Également, l'Angleterre, en tout cas sous le gouvernement Blair, a pris des mesures très énergiques pour s'attaquer à un grand nombre de ces problèmes, avec plus ou moins de succès, mais elle a quand même expérimenté et obtenu un certain succès.
Wendy Thomson, une des personnes qui a dirigé cette initiative en Angleterre, vit maintenant à Montréal où elle travaille à l'Université McGill. Il serait peut-être utile de lui parler pour avoir une meilleure idée de ce qui s'est passé là-bas. Je suis certain qu'elle est au courant de ce qui se passe actuellement et cela vous permettrait de vous en faire une meilleure idée.
D'autres initiatives de ce genre ont été prises en France et aux Pays-Bas. La France a connu beaucoup de difficulté à cause de ses programmes de sécurité du revenu qui sont très généreux et elle essaie donc de réintégrer les gens dans le marché du travail. Un des programmes qui ont eu un succès relatif là-bas porte sur l'emploi des femmes, surtout les femmes d'âge mûr.
Un des problèmes dont vous avez parlé est qu'il n'y a non seulement les personnes âgées de 55 à 64 ans, mais les femmes plus jeunes qui peuvent toujours apporter une contribution importante à l'économie, ce qui évite un transfert de revenu. C'est peut-être nécessaire pour les 60 à 64 ans et je suis d'accord avec ce que Richard a dit tout à l'heure et si l'allocation était élargie aux femmes célibataires, etc., cela réglerait sans doute le problème pour cette cohorte.
En général, je dirais que la plupart des pays du nord de l'Europe ont des régimes d'aide sociale qui, dans l'ensemble, ne sont pas tellement meilleurs que le nôtre, mais dont la clientèle est beaucoup moins nombreuse que chez nous. C'est grâce à d'autres genres d'initiatives, surtout les initiatives visant le marché de l'emploi et les autres types de transferts de revenu pour la famille et la garde des enfants grâce auxquels les gens n'ont pas besoin de l'aide sociale, y compris les gens dont vous parlez.
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Je n'ai pas de solution miracle. Comme je l'ai dit tout à l'heure, je ne pense pas que nous ayons une solution unique pour mesurer la pauvreté. Une mesure ne suffira pas à la tâche. Quant à la question de savoir si nous avons besoin d'une mesure nationale, je dirais qu'il est très important d'avoir une série de mesures nationales qui pourront servir à évaluer le bien-être des gens qui vivent à Corner Brook ou à Prince George. Dans un pays comme le Canada, je crois important d'avoir des normes et des mesures, comme le taux de chômage, le PIB, etc., qui soient applicables d'un bout à l'autre du pays.
Je pense que nous avons besoin de mesures du revenu relatives comme le SFR et nous pourrons débattre du pour et du contre de la méthodologie choisie, mais c'est important. Cela permet de repérer les faibles revenus et les inégalités de revenus. Je dirais toutefois que nous devons continuer à mettre au point une série de mesures de la privation, qu'il s'agisse de la MPC ou d'une liste de… Par exemple, la Nouvelle-Zélande a mis au point, au cours de la dernière décennie, un indice très intéressant du niveau de vie dans le cadre de son rapport social. Il permet de faire une évaluation plus directe de l'accès aux biens et services de base, un peu comme certaines des mesures que nous avons pour le logement.
Pour faire suite à ce qu'a dit Glenn, cela permet d'évaluer plus directement la situation réelle des gens. Je pense que ce serait extrêmement utile, en tout cas dans le contexte d'une politique ou d'un programme, et qu'il serait possible d'établir ce genre de mesures au niveau provincial ou communautaire.
J'ai parlé tout à l'heure du Royaume-Uni. Ce pays a fait un investissement important dans la compilation et l'évaluation des données au niveau local. Il a un site Web extraordinaire, son site Web sur les statistiques des quartiers dont je peux donner l'adresse au greffier. On y fournit, pour 32 000 collectivités du Royaume-Uni, ce qui est extraordinaire, des renseignements détaillés sur les conditions de vie locales et les privations matérielles en les comparant — en indiquant leur situation ou leur classement — avec d'autres collectivités du Royaume-Uni. C'est ce que les Britanniques appellent un « swingometer » ce que je trouve amusant. Une personne peut trouver une quantité incroyable de renseignements dans ce site Web. Il a toutefois fallu que le gouvernement national prenne cette décision au sujet de la pauvreté, en fasse une priorité et investisse dans la collecte et l'évaluation des données pour obtenir, 10 ans plus tard, ces données extrêmement utiles.
Je recommanderais une série de mesures. Le Canada doit envisager de créer un indice de privation ou un indice du niveau de vie, ce qui serait extrêmement utile.
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Je vais répondre, car j'ai fait quelques recherches pour le sénateur Kirby et dans le cadre de mon emploi salarié, j'ai beaucoup travaillé sur la question de l'assurance médicaments.
En général, l'assurance médicaments pose un problème dans les Maritimes. Les gens des Maritimes qui sont en âge de travailler n'ont aucune assurance médicaments. En fait, certaines provinces sont heureusement en train d'y remédier. Je crois que c'est le cas de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve. Un grand nombre des autres provinces ont un régime d'assurance. Les provinces des Prairies ont un régime raisonnable, mais la franchise est extrêmement élevée. Un régime public prévoit une franchise de 800 000 $ alors que la vôtre est, je crois, de 60 $ ou peut-être même moins.
Par conséquent, nous avons un programme qui est beaucoup moins généreux pour les pauvres et c'est la norme. C'est ce que nous faisons pour les prestations de maternité, la garde d'enfants et tout le reste. Les programmes pour les pauvres sont moins généreux.
Le gouvernement fédéral a lancé une initiative pour la couverture des médicaments onéreux, mais c'est uniquement pour cette catégorie de médicaments. C'est pour les médicaments qui coûtent 4 000 $ à 5 000 $ et, comme vous le savez, c'est une question de vie ou de mort.
Par conséquent, nous avançons sur ce plan-là. Voici ce que je ferais, et j'ignore si c'est dans votre champ de compétence. Des formulaires sont rattachés à tous ces régimes d'assurance médicaments et je dirais que, dans chaque province, le formulaire pour le régime d'assurance administré par le gouvernement devrait être le même que pour les régimes offerts par l'employeur. J'ai toujours aimé m'en prendre à ce genre de choses et les Canadiens peuvent comprendre pourquoi nous ne voulons pas d'une médecine à deux vitesses. Nous n'en voulons pas afin que nous partagions tous le même programme. Mais nous ne le faisons pas pour les soins dentaires.
J'ai une dernière brève remarque à faire. Le poème au sujet des enfants porte sur la participation aux journées du hot dog ou aux sorties scolaires. À partir de quel âge un enfant canadien à faible revenu se rend-il compte qu'il a un faible revenu? Je suppose qu'il s'en rend compte très rapidement. S'il ne le sait pas encore lorsqu'il est à la maternelle ou en 1ère année, c'est là qu'il l'apprend quand il s'aperçoit qu'il ne peut pas participer aux sorties de sa classe ou qu'il ne peut pas suivre des cours de peinture.
Ai-je utilisé son temps? Je suis désolé.
Quelqu'un ici a déclaré que toutes les mesures de la pauvreté sont relatives en ce sens que le panier de consommation que nous avons aujourd'hui est différent du panier de consommation au Pakistan, et différent du panier de consommation que nous avions il y a 20 ans. En fait, le plus important à mes yeux, et personne n'en a parlé, est l'ajustement du marché de consommation, si vous acceptez ce principe, pour refléter le niveau de vie des Canadiens en général. Si notre niveau de vie augmente de 20 p. 100, le seuil de pauvreté est-il relevé ou cela n'a-t-il aucune influence? Certains diront que cela ne devrait avoir aucun effet. D'autres diront qu'au contraire, comme nous sommes plus riches, nos obligations envers les enfants sont plus importantes.
Une question cruciale, étant donné que c'est une question politique, est celle de savoir si cet ajustement doit être automatique ou ponctuel. Les seuils de faible revenu sont dits « relatifs » parce qu'ils sont révisés de temps en temps. C'est ce qui les rend relatifs. S'ils ne sont pas révisés, ils ne sont pas relatifs. Ils deviennent une mesure absolue de la pauvreté si le niveau de vie ne change pas avec le temps.
Les seuils de faible revenu sont entrés en vigueur vers 1968. Ils sont révisés tous les sept ou huit ans. Comme vous le savez bien, ils ne l'ont pas été depuis 1992 et c'est une des raisons pour lesquelles la pauvreté est en diminution si nous nous servons du SFR pour mesurer la pauvreté, même si on nous dit qu'il ne faudrait pas le faire. C'est parce que ces seuils n'ont pas été révisés. Si vous le faisiez, je vous garanti que le taux de pauvreté grimperait.
Statistique Canada a décidé de son propre chef, du moins à ma connaissance, de ne pas réévaluer ce seuil. Il a décidé de transformer une mesure relative de la pauvreté en une mesure absolue de la pauvreté.
RHDSC a créé la mesure du panier de consommation pour mesurer la pauvreté, à la demande des ministres des Services sociaux des provinces, parce que ces derniers estimaient que les SFR étaient trop généreux. Je peux vous montrer les documents où c'est écrit. Cela visait à tenir compte du niveau de vie des personnes à faible revenu et non pas du niveau de vie général. Cela fait partie du contrôle exercé. Ce n'est donc pas une mesure relative de la pauvreté, mais une mesure de la pauvreté pour les pauvres. Tout changement à ce panier doit être approuvé par les ministres des Services sociaux des provinces qui établissent les barèmes de l'aide sociale. C'est un merveilleux système pour eux. Ils peuvent contrôler les barèmes de l'aide sociale ainsi que le seuil de pauvreté avec lequel ces barèmes sont comparés.
La question est de savoir qui doit procéder aux ajustements? Personne n'a vraiment beaucoup parlé de la mesure de faible revenu — la moitié de la médiane — qui constitue la norme internationale pour un pays industrialisé. La semaine dernière, on vous a dit qu'il n'y avait pas de norme internationale. Je ne suis pas d'accord; il s'agit de la mesure de faible revenu. Le problème est que cette mesure ne fait l'objet d'aucun ajustement géographique.
Par conséquent, si je devais établir une mesure de la pauvreté, je recommanderais d'adopter la moitié de la médiane en faisant quelques ajustements raisonnables pour tenir compte des différences géographiques dans le coût du logement, comme pour la mesure du panier de consommation. Je recommanderais que les ajustements ne soient pas ponctuels, n'aient pas à être approuvés par les ministres des Services sociaux, mais qu'ils soient apportés annuellement. C'est ce que je préférerais.