Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous allons poursuivre notre étude de la contribution fédérale pour diminuer la pauvreté au Canada.
Je voudrais remercier nos témoins pour leur patience. Comme vous le savez peut-être, nous avons eu quelques votes à la Chambre et nous venons de les terminer.
Je voudrais souhaiter la bienvenue à l'honorable Shawn Skinner, ministre des Ressources humaines, du Travail et de l'Emploi au gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. Bienvenue, monsieur le ministre. Nous avons hâte d'entendre ce que vous avez à nous dire aujourd'hui. Il y a aussi Lynn Vivian-Book, sous-ministre adjointe, Revenu, Emploi et Services à la jeunesse, au ministère des Ressources humaines, du Travail et de l'Emploi ainsi que Aisling Gogan, directrice, Stratégie de la réduction de la pauvreté.
Je vous souhaite la bienvenue à tous. Veuillez m'excuser si j'ai un peu écorché votre nom. Vous aurez certainement l'occasion de rectifier cela.
Monsieur le ministre, je crois que vous allez faire une déclaration, ainsi qu'une des personnes qui vous accompagnent, à raison de 10 minutes chacun. Nous vous demandons de ne pas parler trop vite pour nos interprètes. Il faut qu'ils puissent vous suivre.
Je vous cède la parole, alors allez-y.
:
Merci beaucoup, monsieur Allison. Je tiens à vous remercier de nous avoir invités à prendre la parole devant votre comité, aujourd'hui. Lynn, Aisling et moi-même avons témoigné devant trois comités différents du gouvernement fédéral, mais il s'agissait de comités sénatoriaux. C'est la première fois que nous avons l'occasion de nous adresser à un comité permanent de la Chambre des communes et nous vous en sommes reconnaissants.
Comme vous l'avez dit, je suis accompagné de deux personnes que je voudrais vous présenter. Il y a Lynn Vivian-Book. Elle est sous-ministre adjointe du Revenu, de l'Emploi et des Services à la jeunesse et elle est aussi chargée de l'initiative de la réduction de la pauvreté et des personnes handicapées. Je suis également accompagné de Aisling Gogan, la directrice de notre stratégie de réduction de la pauvreté. Je vous remercie de nous permettre à tous les trois de prendre la parole devant vous.
Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador s'est engagé, au cours des élections de 2003, à faire passer la province de Terre-Neuve-et-Labrador du statut de province où il y a le plus de pauvreté à celui de province où il y a le moins de pauvreté d'ici 2014. Il s'agissait donc d'une stratégie décennale et d'un engagement sur 10 ans.
Dans notre discours du Trône de 2005 et dans notre budget de 2005, nous nous sommes engagés à élaborer une stratégie détaillée de réduction de la pauvreté à l'échelle de tout le gouvernement. Nous l'avons fait. Dans notre dernier budget, d'avril 2008, notre investissement annuel dans des nouvelles initiatives dépasse maintenant 100 millions de dollars pour notre stratégie de réduction de la pauvreté. Il ne s'agit pas de fonds existants qui ont été recyclés, mais bien de nouvelles initiatives.
Notre stratégie de réduction de la pauvreté s'intitule « Reducing Poverty: An Action Plan for Newfoundland and Labrador » et elle a été publiée en juin 2006. Elle énonce des principes directeurs, des buts et des objectifs pour notre stratégie décennale à long terme. Nous y prenons notamment l'engagement de publier régulièrement un rapport des résultats et de la progression de la stratégie et à consulter régulièrement les membres de nos collectivités de Terre-Neuve-et-Labrador.
Je tiens à souligner à votre comité que nous avons adopté une définition très large de la pauvreté. Notre définition comprend l'exclusion sociale. Par conséquent, nous ne parlons pas seulement d'argent. Nous voulions que notre définition de la pauvreté tienne compte de choses telles que la capacité de participation dans la collectivité, le niveau d'instruction, l'accès à un logement décent, l'accès à des biens et services essentiels ainsi que l'accès aux soins de santé et l'état de santé de la personne.
Notre approche est globale, pangouvernementale et intégrée. Nous avons un excellent comité de direction, qui est supervisé par un comité formé de neuf ministres du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. Plus de la moitié des ministres de notre Cabinet sont membres du comité ministériel de réduction de la pauvreté.
Une initiative de prévention et une intervention précoce figurent parmi les principales mesures visant à rompre le cycle de la pauvreté. Nous avons donc trois principaux objectifs. Comme je l'ai dit, nous avons une initiative de prévention, nous cherchons également à réduire la pauvreté et, en troisième lieu, nous voulons éliminer la pauvreté. Notre stratégie repose donc sur des initiatives et des interventions pour prévenir, réduire et éliminer la pauvreté.
Je voudrais également vous dire que notre stratégie de réduction de la pauvreté est une stratégie largement orientée vers l'action. Elle s'appuie sur des données probantes. Nous surveillons nos progrès et nos résultats, mais nous agissons également en prenant des initiatives. Nous ne voulions pas nous contenter de parler de ce qu'est la pauvreté, de sa définition, de l'endroit où se situe le seuil de pauvreté ou de savoir qui se trouve au-dessus ou au-dessous de ce seuil. Nous avons pensé que ce genre de débat s'éterniserait et nous tenions à commencer à nous attaquer au problème. Au cours de nos discussions avec nos partenaires des collectivités, ces derniers nous ont dit que nous devions veiller à agir contre la pauvreté au lieu de parler de la pauvreté.
Je voudrais parler du rôle que doit jouer le gouvernement fédéral, selon nous, dans notre stratégie de réduction de la pauvreté. Notre gouvernement est déterminé à agir dans les domaines dans les domaines de sa compétence afin de réduire la pauvreté, mais nous croyons que nous avons besoin de nombreux partenaires pour assurer le succès de notre stratégie. Le gouvernement fédéral est un des partenaires avec lesquels nous nous sommes engagés à coopérer et nous croyons que nous pouvons travailler en collaboration avec le gouvernement fédéral pour nous attaquer à la pauvreté dans notre pays. Dans le plan d'action que j'ai mentionné, nous avons souligné la nécessité de travailler avec le gouvernement fédéral ainsi qu'un grand nombre d'autres partenaires pour que les changements nécessaires aient bien lieu.
Je voudrais prendre un instant pour parler de certains domaines dans lesquels nous devons coopérer et dans lesquels nous croyons que la province et le gouvernement fédéral peuvent travailler ensemble. Notre expérience comme celle des autres provinces qui ont réussi à réduire nettement la pauvreté, montre qu'il est nécessaire de procéder de façon coordonnée et intégrée. Nous devons travailler ensemble.
Si vous voulez vraiment vous attaquer à la pauvreté au Canada, le gouvernement fédéral doit joindre ses efforts à ceux des provinces. Il doit établir une stratégie globale en collaboration avec les provinces et les territoires pour combattre le problème de la pauvreté.
En ce qui concerne le rôle du gouvernement fédéral, dans notre plan d'action nous avons établi un certain nombre de domaines prioritaires. Nous avons souligné les domaines dans lesquels le gouvernement fédéral pourrait intervenir, ceux dans lesquels nous pourrions travailler de concert avec le gouvernement fédéral. Je vais en parler brièvement.
Une de ces priorités consistait à résoudre les problèmes reliés à l'impôt sur le revenu et aux effets combinés inattendus des programmes fédéraux et provinciaux. Nous voulions également travailler avec les Autochtones pour améliorer leur qualité de vie. Il s'agissait aussi d'améliorer les programmes et les services pour les personnes handicapées. Nous avons parlé de nous attaquer aux questions reliées à la justice telles que le financement de l'aide juridique civile. Nous avons parlé d'accroître le nombre de logements abordables. Nous avons parlé de créer une nouvelle entente sur le développement du marché du travail répondant mieux aux besoins des citoyens de notre province. Dans chacun de ces domaines, nous avons pris des initiatives dont nous pourrons vous parler plus en détail et nous pourrons également vous dire comment nous croyons que le gouvernement fédéral pourrait y participer.
Un autre domaine est celui des programmes de prestations pour enfants. Nous croyons qu'il faut renforcer ces programmes. Nous devons chercher à améliorer les programmes publics de prêts aux étudiants afin que les gens aient davantage accès à l'éducation et qu'ils puissent avoir les moyens de s'instruire. Nous voulons aussi accroître l'accès aux programmes d'alphabétisation ainsi que le financement des organismes non gouvernementaux qui soutiennent l'alphabétisation.
Enfin, je voudrais parler de quelques autres domaines dans lesquels nous croyons que le gouvernement a un rôle à jouer. En premier lieu, il faut renouveler les efforts ciblant sur les enfants jusqu'à l'âge de six ans, en prêtant une attention particulière au développement de la petite enfance. Nous croyons aussi que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans une stratégie nationale d'assurance-médicaments, le Transfert canadien en matière de santé et l'amélioration du Régime d'assurance-emploi, surtout en ce qui concerne les prestations parentales. Je crois aussi que le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer en établissant des pratiques exemplaires pour la réduction de la pauvreté et en améliorant les mesures permettant de surveiller, suivre et quantifier nos progrès sur le plan de la réduction de la pauvreté.
Je vais maintenant céder la parole à Aisling Gogan, qui va vous dire quelques mots et j'espère que nous aurons ensuite la possibilité de dialoguer un peu. Merci.
:
Merci, monsieur Skinner.
Je vais prendre quelques minutes pour parler de la structure que nous avons mise en place, de notre approche globale et de ce que nous faisons sur le plan des mesures de la pauvreté. Je crois que cela vous intéresse particulièrement.
Notre stratégie de réduction de la pauvreté est supervisée par un comité de neuf ministres. C'est vraiment important. En plus des ministres qui travaillent dans le domaine social, il y a notre ministre des Finances et un certain nombre de ministres dont le portefeuille est plus économique. Cela a largement contribué au succès de la stratégie et au travail accompli jusqu'ici. Il y a également un comité de sous-ministres et un groupe de travail constitué principalement de directeurs. Il est important pour notre stratégie d'avoir les bons intervenants.
Nous avons adopté une approche globale et intégrée qui couvre l'ensemble du gouvernement. Nous nous réunissons et nous essayons de voir les choses du point de vue des personnes vivant dans la pauvreté. Nous regardons ce dont elles ont besoin au lieu de tenir compte des mandats ministériels habituels. C'est un véritable défi pour le gouvernement. Précédemment, les représentants des différents ministères voyaient seulement ce que leur ministère pouvait faire. C'est toujours le cas, mais ce n'est pas par là que nous commençons. Nous examinons ce dont les personnes vivant dans la pauvreté ont vraiment besoin, puis ce que nous devons faire pour répondre à ces besoins.
Je voudrais parler un peu des mesures de la pauvreté. Peu après la mise en place de la stratégie, nous avons cherché à voir comment nous pourrions mesurer la pauvreté. En même temps, nous avons élaboré des initiatives pour nous pencher sur la question des mesures. Tous les systèmes de mesure ont leurs points forts et leurs points faibles. Ils ont tous des défauts différents. Nous avons passé en revue toutes les publications sur les pratiques exemplaires et ce qui est fait dans les autres pays et nous avons étudié toutes les mesures disponibles pour suivre nos progrès. Nous n'avons pas arrêté notre choix sur une mesure particulière. Nous avons plutôt examiné toutes les mesures disponibles.
Ce faisant, nous nous sommes rendu compte qu'aucune de ces mesures ne nous permettait de repérer ce qui se passait dans les différentes régions de notre province et au niveau des collectivités. Nous avons mis au point notre propre mesure, en adoptant la méthodologie que RHDSC a élaborée en collaboration avec les provinces et les territoires. À Terre-Neuve-et-Labrador, nous avons établi une mesure de la pauvreté fondée sur un panier de consommation. Elle est un peu différente de la mesure nationale en ce sens que nous utilisons les données de l'impôt sur le revenu plutôt que les données d'enquête. Dans une petite province comme la nôtre, toutes les mesures nationales posent des problèmes sur le plan des erreurs d'échantillonnage et de la capacité de tenir compte des différences en fonction de la région géographique, du type de famille ou des sous-populations. Nous sommes maintenant prêts à publier cette mesure de la pauvreté qui utilise les données de l'impôt sur le revenu. Elle sera mise à la disposition du public dans notre système Community Accounts qui permet d'avoir accès à des données grâce à un site Web. Ces renseignements seront également communiqués à nos partenaires des collectivités. C'est un élément important de notre processus et de la participation de nos partenaires des collectivités.
Nous consultons régulièrement ces partenaires. Tous les deux ans, nous allons les rencontrer pour voir ce qu'ils font et ce que nous pourrions faire différemment, si besoin est. Nous sommes prêts à recommencer ce processus.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Skinner, c'est merveilleux de vous voir agir si rapidement, avec vos collègues, au sujet d'un problème qui, de toute évidence, devient de plus en plus important de jour en jour. Bien entendu, cela s'applique aux provinces, mais aussi au niveau fédéral où nous faisons une étude sur la pauvreté. Nous espérons pouvoir mettre tout cela en ordre afin que ma province, l'Ontario, votre province et les autres provinces puissent examiner sérieusement les mesures que nous pouvons prendre pour éliminer la pauvreté.
Je me réjouis que vous puissiez nous parler aujourd'hui. En tout cas, je vous souhaite beaucoup de succès.
Le fait que vous soyez tourné vers l'action correspond à ce que nous recherchons, ici, à Ottawa. Nous examinons des solutions au lieu de revenir continuellement sur ce qui n'a pas bien marché. Vos propos font plaisir à entendre. Nous sommes nombreux à croire que votre approche globale est la seule façon d'obtenir des résultats concrets.
Vous avez parlé de partenariat communautaire avec les entreprises. Qu'en est-il de vos collectivités locales, des petites localités, de la ville de St. John's? Travaillez-vous également avec elles pour essayer de trouver des solutions?
:
Oui, monsieur le ministre. Merci.
En ce qui concerne les objectifs de la stratégie de réduction de la pauvreté, un des cinq objectifs clés était d'insister davantage sur le développement de la petite enfance et son importance cruciale pour le succès de l'apprentissage, le succès sur le plan de l'emploi et le succès sur le plan de la santé. Je pense que, chaque année, notre groupe de travail et nos comités en ont tenu compte pour proposer les initiatives à financer au cours de chaque cycle budgétaire. Une des initiatives financées cette année, par exemple, était un soutien supplémentaire aux Clubs bébés en bonne santé, ce qui représente une approche globale permettant de soutenir les femmes enceintes sur le plan des suppléments alimentaires, de la nutrition et des autres questions reliées au style de vie et au soutien pendant la grossesse. Les différents types d'aide au développement de la petite enfance sont interreliés.
D'autre part, le gouvernement a élaboré une stratégie décennale d'apprentissage précoce et de garde d'enfants dans le but d'augmenter les places de garderie et d'élargir les possibilités de garde d'enfants, surtout dans les régions rurales de notre province où les possibilités sont très limitées.
La stratégie de réduction de la pauvreté n'est donc pas appliquée isolément. Il y a d'autres stratégies gouvernementales qui marchent ensemble. Toutefois, je suis très contente de voir qu'un des cinq objectifs de la stratégie est intégré dans le soutien au développement de la petite enfance.
Monsieur le ministre, nous sommes très impressionnés par ce que vous nous dites, vous et vos collègues. Je viens de la belle province de la Nouvelle-Écosse, qui n'est pas bien loin de Terre-Neuve-et-Labrador, et nous sommes toujours impressionnés par l'énergie avec laquelle votre province a relevé d'importants défis sur le plan de la pauvreté. Votre province est promise à un brillant avenir. Vous avez connu beaucoup de difficultés par le passé sans que cela ne vous empêche de vous attaquer au problème de la pauvreté.
J'aurai d'autres questions à vous poser plus tard. Je dispose seulement d'une ou deux secondes. Je voudrais vous poser une question concernant l'enseignement postsecondaire.
L'année dernière, le Parti libéral a tenu son caucus national à St. John's et 30, 40 ou peut-être 50 de nos collègues ont visité l'Université Memorial. Nous avons rencontré Axel Meisen et Noreen Golfman et nous avons parlé des grandes choses qui se passent dans cette université. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait sur le plan des frais de scolarité à l'Université Memorial et quel rôle l'enseignement postsecondaire joue dans votre stratégie de réduction de la pauvreté?
:
Le gouvernement est convaincu que l'enseignement postsecondaire est essentiel pour assurer notre succès et celui de nos citoyens. Nous voulons qu'il soit accessible à tous ceux qui le désirent. La première chose que nous avons faite depuis cinq ou six ans et peut-être plus longtemps est que nous avons bloqué les frais de scolarité. En fait, nous nous sommes engagés à les bloquer également pour les deux prochaines années. Nos frais de scolarité sont maintenant, je crois, les plus bas au Canada, après ceux du Québec.
La deuxième chose que nous avons faite est la suivante. En consultant divers groupes d'étudiants — la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, les groupes d'étudiants de l'Université Memorial et d'autres — nous avons révisé le programme de prêts aux étudiants. Par le passé, il fallait emprunter un certain montant d'argent. Des étudiants pouvaient emprunter jusqu'à 140 $ par semaine. Nous leur permettons maintenant d'obtenir jusqu'à 70 $ par semaine en subvention non remboursable et s'ils ont besoin de plus d'argent, ils peuvent emprunter de 71 $ à 140 $ par semaine.
En troisième lieu, nous avons réduit le taux d'intérêt sur les prêts que les étudiants doivent rembourser, si bien que ce taux correspond à peu près au taux préférentiel. Par le passé, si je me souviens bien, c'était le taux préférentiel plus 3 p. 100.
Nous allons réexaminer ces trois initiatives au cours de chaque année budgétaire pour voir s'il est possible de les améliorer. Il ne s'agit pas d'initiatives gouvernementales, mais d'initiatives que nous ont proposées les groupes d'étudiants en nous demandant de bien vouloir faire ces trois choses pour améliorer leur situation. Nous avons pu répondre à leur demande.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux aussi remercier M. le ministre ainsi que Mmes Vivian-Book et Gogan d'être venus nous parler de leur expérience qui, j'en suis convaincu, nous éclairera sur les engagements que vous avez pris pour éliminer la pauvreté. Ce qui est impressionnant, c'est qu'on peut déjà percevoir des résultats.
Bien sûr, nous voulons voir si certains éléments peuvent nous guider dans notre réflexion et, surtout, dans les mesures que nous proposerons au gouvernement canadien.
Monsieur le ministre, vous avez parlé du gouvernement canadien comme d'un partenaire, ce qui est tout à fait compréhensible. Vous avez aussi parlé de vos attentes, entre autres à l'égard des partenariats relatifs à la petite enfance, au logement social, à l'assurance-emploi. Je ne les reprendrai pas toutes, mais vous avez quand même couvert l'assiette, si je puis dire, des mesures sociales.
Il y a près de neuf ans, soit en février 1999, votre gouvernement et celui d'autres provinces, sauf le Québec, ont conclu une entente-cadre avec le gouvernement fédéral. Cette entente, qu'on appelle ECUS, prévoyait entre autres un engagement réciproque pour trouver des mesures garantissant aux Canadiens l'accès à des programmes et à des services sociaux essentiels de qualité raisonnablement comparable, l'assistance aux personnes dans le besoin et la promotion de la participation pleine et active de tous les Canadiens à la vie sociale et économique.
Vous avez dit qu'il ne suffisait pas de donner des moyens financiers à ces gens, mais qu'il fallait aussi les sortir de leur exclusion sociale. Il me semble que l'entente de 1999 tenait compte de ces deux facettes.
Qu'advient-il de cette entente et de ce partenariat? Avez-vous établi votre politique d'élimination de la pauvreté à la lumière de ces engagements? Le gouvernement fédéral y a-t-il participé?
:
Il y a un certain nombre d'ententes en vigueur. Il y a trois ententes qui existent actuellement et pour lesquelles le financement expire en mars 2009. Le gouvernement fédéral pourrait certainement songer à poursuivre son financement dans ces domaines, car nous croyons que ces trois ententes ont été couronnés de succès. Le gouvernement fédéral pourrait songer à poursuivre leur financement.
D'autre part, il y a une diminution de la contribution fédérale au parc de logement social existant dans la province. Dans notre cas, je crois que le financement total qui a été engagé expirera en 2039. Il diminue donc chaque année. Nous croyons que le gouvernement fédéral doit continuer à investir dans le parc de logement social existant, sans parler du fait qu'il faudrait l'élargir, car il nous faut plus de logements. Le gouvernement fédéral doit nous aider à préserver les logements que nous avons.
Notre situation démographique est en train de changer. Un grand nombre des logements que nous avons actuellement ont trois, quatre ou cinq chambres à coucher alors que nous avons besoin de logements de une et deux chambres. Le gouvernement fédéral pourrait nous aider en fournissant le financement nécessaire pour faciliter la transition, la rénovation ou la transformation de ces logements en appartements de une ou deux chambres à coucher pour répondre aux besoins actuels.
Il y a le logement abordable, il y a le logement autochtone, il y a une crise du logement et il y a le parc de logement social existant. Dans tous ces domaines, nous croyons que le gouvernement fédéral pourrait nous aider en travaillant de concert avec nous pour résoudre les problèmes que nous constatons dans la province.
:
Tout d'abord, monsieur Martin, permettez-moi de dire que notre plan sera une réussite, parce que nous sommes déterminés à ce qu'il réussisse. Si le gouvernement fédéral présente un plan national et travaille avec les provinces, je crois que nous réussirons plus rapidement. Notre gouvernement a pris un engagement et nous allons donc faire en sorte de réussir. Je voulais seulement le mentionner.
Je ne veux pas donner l'impression que notre plan ne réussira pas si nous n'obtenons pas un engagement du gouvernement fédéral. Nous allons assurer sa réussite. Avec nos partenaires communautaires, nous sommes déterminés à ce qu'il réussisse. Je crois que ce sera plus difficile pour nous et que cela prendra plus de temps, mais nous le ferons.
Il y a un certain nombre de domaines dans lesquels le gouvernement fédéral peut nous aider et je vous en ai mentionné plusieurs.
Le logement, dont M. Lessard vient de parler, est certainement un domaine dans lequel nous croyons que le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer. Nous avons besoin de sa participation et nous avons eu de la difficulté à l'obtenir dans le cadre des réunions des ministres du Logement au niveau fédéral-provincial-territorial. Nous espérons que le gouvernement fédéral va s'engager davantage avec les ministres du Logement des provinces et des territoires pour résoudre certains des problèmes de logement que nous connaissons au Canada. Un bon nombre de ces problèmes sont les mêmes dans un certain nombre de provinces et de territoires.
J'ai parlé des questions concernant les personnes handicapées. Là encore, nous croyons que le gouvernement fédéral peut jouer un rôle. L'expérience et les statistiques nous montrent que les personnes handicapées ont tendance à être plus pauvres, à avoir plus de difficulté à participer au marché du travail et à avoir beaucoup de difficulté à obtenir un logement décent. Ce sont donc des choses pour lesquelles nous croyons que le gouvernement fédéral peut nous aider.
J'ai également mentionné l'éducation et l'alphabétisation. Le gouvernement fédéral a certainement un rôle à jouer dans le domaine des programmes d'alphabétisation et le financement des organismes non gouvernementaux qui fournissent des services d'alphabétisation. Malheureusement, Terre-Neuve-et-Labrador compte encore un grand nombre de personnes qui ont besoin d'aide sur le plan de l'alphabétisation. C'est un dossier sur lequel notre gouvernement travaille très fort. Mais là encore, le gouvernement fédéral pourrait nous aider.
J'ai mentionné le programme national d'assurance-médicaments. Dans notre province, nous avons mis en place un programme d'assurance-médicaments pour des personnes à faible revenu. C'est un programme de très grande envergure et très coûteux pour une province comme la nôtre. Toutefois, nous avons pris cet engagement, nous avons trouvé les fonds nécessaires et nous continuerons à offrir le programme, parce que c'est la bonne chose à faire. Le gouvernement fédéral pourrait nous aider sur ce plan-là.
Ce ne sont là que quelques programmes. Il y a bien d'autres domaines. Je ne veux pas m'étendre trop longtemps sur le sujet, mais ce sont là des domaines d'une importance cruciale dans lesquels le gouvernement fédéral a un rôle à jouer et peut certainement aider notre province et les autres provinces à réduire, prévenir et éliminer la pauvreté. Nous serions très heureux de nous associer avec le gouvernement fédéral pour commencer à atteindre cet objectif.
:
Je voudrais une idée générale de votre mesure, de votre mesure du panier de consommation terre-neuvien. Vous dites que vous avez lancé votre stratégie, que vous avez neuf ministres ou neuf ministères qui travaillent ensemble. Je pense que la situation serait très différente au niveau fédéral, car nous devons traiter avec chacune des provinces, ce qui soulève des questions de compétence. Je crois donc que notre stratégie ne serait pas tout à fait la même.
Je me demande si vous pourriez nous aider à déterminer à quoi ressemblerait cette stratégie. Je suppose également que votre stratégie doit être différente aujourd'hui de ce qu'elle était lorsque vous avez décidé de la lancer pour vous attaquer à la pauvreté. Avec l'essor économique que connaissent actuellement Terre-Neuve et la Saskatchewan — je viens de la Saskatchewan — notre économie joue un grand rôle dans la pauvreté et dans la vie des gens. Y a-t-il maintenant des changements dans votre stratégie qui résultent de l'évolution de votre économie qui, je pense, joue certainement un rôle important? La situation ne peut pas être la même.
Vous avez dit que vous vouliez mesurer la pauvreté, mais que vous ne le faites pas. Vous devez toutefois la mesurer pour pouvoir faire rapport des progrès étant donné que vous faites un rapport tous les deux ans. Avez-vous fait un rapport cette année, par exemple?
Vous l'avez fait? Quelle est votre mesure de succès?
:
La mesure du panier de consommation de Terre-Neuve-et-Labrador n'est pas la seule mesure des progrès que nous utilisons. Comme le ministre l'a mentionné, nous allons également continuer à utiliser le seuil de faible revenu et la mesure du panier de consommation de RHDSC pour voir comment les choses évoluent de ce côté-là. Comme je l'ai brièvement mentionné tout à l'heure, le problème est que nous ne pouvons pas vraiment voir ce qui se passe dans les différentes régions de la province. Cela devient de plus en plus important, car nous avons eu une forte expansion économique, mais qui s'est surtout concentrée dans la péninsule d'Avalon ainsi que quelques autres régions de la province. Nous devons veiller à suivre ce qui se passe dans les diverses régions de la province afin de pouvoir réagir.
En plus de tenir compte de notre mesure du panier de consommation, nous regardons qui bénéficie du soutien du revenu et quels sont les changements à apporter à notre programme de soutien du revenu. Nous avons notamment cherché à supprimer les facteurs qui dissuadent les clients du soutien du revenu d'aller travailler. Nous constatons de véritables progrès dans ce domaine. Par exemple, nous avons mis en place une série de mesures en dehors de notre programme de soutien du revenu comme tel — le principal est le programme d'assurance-médicaments pour les personnes à faible revenu — car nous savions que le principal facteur qui dissuadait les gens de renoncer au soutien du revenu était la perte de la couverture pour les médicaments. Nous avons donc supprimé ce facteur de dissuasion en séparant le programme d'assurance-médicaments pour les personnes à faible revenu du programme de soutien du revenu, en basant l'accès à ce programme sur le niveau de revenu plutôt que la source de revenu.
Nous avons relevé le niveau de l'exemption de gains et si nous prenons les résultats sur un an, cela a eu pour effet d'augmenter de 40 p. 100 le nombre de personnes qui commencent un nouvel emploi chaque mois. Bien entendu, c'est également attribuable en partie aux changements survenus dans notre économie, mais nous savons, pour avoir parlé à nos clients et compte tenu de la façon dont notre programme fonctionnai,t que si nous n'avions pas apporté ces changements, ces personnes n'auraient pas pu se prévaloir de ces possibilités.
Nous avons donc augmenté l'exemption de gains. Nous avons une nouvelle prestation accordée aux personnes qui commencent dans un emploi. Comme je l'ai mentionné, le programme d'assurance-médicaments pour les personnes à faible revenu a été séparé du reste. Nous pouvons en mesurer les effets. Nous avons des données administratives pour notre programme de soutien du revenu et nous allons présenter un rapport à ce sujet, mais nous sommes conscients du fait que nos clients du soutien du revenu ne représentent qu'un des groupes de personnes vivant dans la pauvreté.
La mesure du panier de consommation de Terre-Neuve-et-Labrador nous permet de voir quels sont les laissés-pour-compte au niveau de la collectivité. Nous pouvons donc examiner la situation dans près de 400 collectivités de la province et voir qui tombe en dessous des seuils de la mesure du panier de consommation. Le panier comme tel a été chiffré pour les différentes collectivités et c'est donc une mesure adaptée aux particularités régionales, contrairement à celle de RHDSC. D'autre part, comme je l'ai mentionné, comme nous utilisons les données de l'impôt sur le revenu, les erreurs d'échantillonnage ne posent pas de problème. Nous pouvons donc examiner la situation dans n'importe quel secteur géographique de la province pour voir non seulement qui tombe en dessous des seuils de pauvreté, mais également la composition de la famille — l'âge et ce genre de données — afin de pouvoir cibler nos initiatives selon les besoins. Nous examinons tous les facteurs allant du pourcentage de diplômés du secondaire… ces taux sont généralement très bons à Terre-Neuve-et-Labrador par rapport au reste du pays, mais nous savons que nous n'avons pas un pourcentage élevé de gens qui ont terminé leurs études secondaires dans certaines régions. Nous essayons de voir ce qui se passe afin de pouvoir répondre aux besoins existants.
Notre mesure nous permet d'étudier la situation dans les différents quartiers et différentes villes. Nous pouvons examiner n'importe quel quartier d'environ 1 000 habitants pour voir qui tombe en dessus du seuil de la pauvreté et de quelle aide ces personnes pourraient avoir besoin.
Je ne sais pas si cela répond entièrement à votre question. Avez-vous besoin de renseignements supplémentaires?
:
Oui. Toutefois, je voudrais simplement dire que le panier national serait différent du vôtre et je me demande si vous avez des suggestions pour notre panier de consommation.
J'ai deux autres questions. Au cours des deux dernières années, le gouvernement fédéral a pris certaines initiatives ciblées, particulièrement pour… en fait, elles vont être présentées bientôt et j'aimerais donc que vous suiviez cela de près. Il y aura notamment la subvention à l'éducation. Si vous voulez dire ce que vous en pensez, ces initiatives visent les assistés sociaux. Le gouvernement fédéral prend donc des mesures sur lesquelles j'aimerais avoir votre avis.
Avez-vous consulté d'autres intervenants? Par exemple, nous avons été contactés par la chambre immobilière qui est convaincue de pouvoir contribuer à résoudre le problème du logement abordable. À part les autres niveaux de gouvernement et les dirigeants communautaires, avez-vous consulté ceux qui pourraient nous aider à trouver une solution au problème de la pauvreté?
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais d'abord parler du fait que neuf ministres participent à votre stratégie. Les gens qui ont travaillé dans le domaine de la lutte contre la pauvreté ou le domaine de la santé ont souligné l'importance de réunir tous les déterminants sociaux pour essayer de coordonner l'intervention des différents ministères. La pauvreté n'est pas seulement sous la responsabilité du ministre des Ressources humaines — bien entendu, c'est le ministre responsable à Terre-Neuve — mais il y a aussi le logement, l'éducation, la santé, et tout le reste. Cette façon de faire intervenir tout le monde me paraît très positive.
Il y a beaucoup de gens qui travaillent sur le terrain contre la pauvreté. Si vous prenez les personnes handicapées, celles qui ont des problèmes de santé mentale, d'analphabétisme, de toxicomanie, il y a beaucoup de gens qui travaillent sur le terrain, d'un bout à l'autre du pays, et qui comprennent ces problèmes. Ils essaient de faire un bon travail avec presque pas de ressources, avec des moyens de fortune, mais le gouvernement a l'habitude d'intervenir de temps en temps pour dire qu'il va changer telle ou telle façon de travailler, ce qui va à l'encontre des effets escomptés.
Je crois que vous avez mentionné la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants comme exemple de gens qui vivent une situation donnée et qui ont des suggestions à formuler. Ils sont venus vous voir et vous les avez rencontrés. Je me souviens d'avoir vu Danny parler devant la Fédération, il y a un an ou deux, et se faire ovationner. Cela n'arrive pas très souvent. De toute évidence, vous dialoguez avec les gens qui vivent cette expérience.
Pourriez-vous nous parler un peu de la façon dont vous avez rejoint ces personnes qui comprennent la pauvreté, qui ne sont pas des bureaucrates — même si je reconnais que avons besoin des bureaucrates — et qu'on laisse souvent de côté lorsqu'il s'agit de chercher des solutions?
Je ne sais pas si je suis assez clair, mais j'aimerais savoir ce que vous en pensez.
:
Je crois comprendre ce que vous demandez, monsieur Savage, et je vais vous donner un exemple d'une réunion qui a eu lieu pas plus tard que ce matin, mais je voudrais d'abord revenir à ce qui s'est passé juste avant notre budget.
J'ai reçu une lettre du directeur général de la section locale de l'Association canadienne pour la santé mentale dans laquelle il me disait s'inquiéter des problèmes de logement des personnes souffrant de problèmes mentaux et des difficultés que ces personnes ont à garder un logement, même si elles peuvent en obtenir un, en raison de leurs problèmes de santé mentale. Elles ont de la difficulté à entretenir leur logement et souvent elles se retrouvent dans… [Note de la rédaction: Inaudible] … alors que si elles avaient obtenu un peu de soutien, elles auraient pu rester chez elles. Il m'a donc d'abord écrit pour me dire qu'il aimerait obtenir des fonds spéciaux, étant donné que je suis également ministre du Logement — pour résoudre ce problème. Je l'ai rencontré à plusieurs reprises et nous avons trouvé un peu d'argent.
Nous avons un programme de supplément au loyer. Si nous n'avons pas de logements disponibles, nous donnons cet argent à des propriétaires privés. Cela nous ramène à la question de Mme Yelich. Nous sommes allés voir les propriétaires privés qui possèdent des immeubles d'appartements, ici en ville. Par exemple, dans un grand nombre d'immeubles d'appartements, il y a 10 logements désignés dont nous pouvons nous servir pour loger des gens si nous n'avons pas suffisamment de logements sociaux. Nous fournissons à ces personnes le supplément au loyer afin qu'elles puissent déménager dans ces immeubles privés.
Le directeur général de l'Association canadienne pour la santé mentale voulait avoir accès à cet argent et nous avons eu notre dernier entretien ce matin. Dans notre budget de cette année, nous avons pu offrir 500 nouveaux suppléments au loyer, en plus des 1 000 que nous accordions déjà, ce qui donne 1 500 en tout. Nous avons réservé un certain pourcentage de ces suppléments au loyer à l'Association canadienne pour la santé mentale. Nous allons lui accorder ce financement; elle va travailler avec ses clients pour trouver des logements adéquats afin d'aider les personnes ayant des problèmes de santé mentale. L'Association connaît la situation mieux que nous et nous allons donc lui remettre cet argent.
Des dispositions sont prévues pour la reddition de comptes, les rapports, et tout cela, mais nous avons dialogué et eu quelques rencontres — il n'y en a eu seulement deux ou trois, car le processus n'a pas duré longtemps — si bien que maintenant, l'Association a une source de financement dont elle peut se servir pour loger ses clients.
J'espère que cela répond à votre question.
:
Je pense que les répercussions de ces coupes sont bien connues. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet. Cela rend tout simplement le travail beaucoup plus difficile. Je vais plutôt vous parler de l'alphabétisation.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, notre gouvernement fournit gratuitement les manuels scolaires à tous les écoliers de la province, du jardin d'enfants à la 12e année. Nous augmentons nos subventions aux organismes communautaires qui offrent des programmes d'alphabétisation. Nous augmentons nos subventions aux agences communautaires. Nous avons ce que nous appelons des réseaux communautaires pour les jeunes à qui nous augmentons également nos subventions. Ils offrent des programmes après les heures d'école. Nous donnons plus d'argent à nos centres communautaires des quartiers où se trouvent les logements sociaux. La plupart d'entre eux ont des centres communautaires. Nous leur avons accordé un financement supplémentaire dans les deux derniers budgets — cela fait partie de notre stratégie de réduction de la pauvreté — pour qu'ils organisent des programmes d'aide aux devoirs, pour qu'ils travaillent auprès des jeunes enfants. Nous faisons ce genre de choses.
En fait, nous essayons de parler aux personnes qui, comme vous l'avez dit, s'attaquent à ces problèmes, pour établir comment nous pouvons le mieux les aider.
En fait, ce n'est pas toujours une question d'argent. Je voudrais dire également que l'argent est certainement un facteur important, mais qu'il s'agit parfois d'être suffisamment souple ou de laisser suffisamment de latitude aux gens au lieu de leur imposer des directives trop strictes qui ne leur permettent pas de faire leur travail. L'argent est certainement un facteur important, mais il y a d'autres façons d'aider les gens sans nécessairement donner de l'argent.
Ce ne sont là que quelques exemples des choses que nous avons réalisées.
:
Un de nos grands défis a été de travailler de façon coordonnée et intégrée — et c'est une fonctionnaire qui vous parle. Il est parfois difficile de travailler de cette façon, car nous avons l'habitude de rester confinés dans nos ministères.
Cela a été difficile et a compliqué la façon dont nous travaillions normalement, mais pour réaliser les progrès que nous avons fait, il était essentiel de nous placer du point de vue des personnes qui vivent dans la pauvreté et de tenir compte de leurs besoins et de l'aide qu'il faut leur apporter. C'était là une de nos principales difficultés.
Il est également difficile d'établir les priorités et de chercher à prévenir autant qu'à réduire et à éliminer la pauvreté et de trouver un juste équilibre. Si nous ne cherchons pas à prévenir la pauvreté, nous ne finirons jamais de devoir la réduire et l'éliminer.
Une autre difficulté consistait à adopter des pratiques exemplaires et à voir quelles sont les mesures de prévention vraiment efficaces. Nous nous sommes tournés, pour cela, du côté des autres pays de même que de notre propre expérience et des recherches effectuées dans ce domaine afin d'être sûrs de suivre des pratiques exemplaires.
Telles ont été les principales difficultés.
Je vais poser deux brèves questions avant que le président me dise que mon temps est écoulé.
Cela m'amène, en fait, à ma deuxième question: quel genre d'initiative ou de stratégie avez-vous mise en place pour éviter de dédoubler vos efforts et pour centraliser votre approche lorsque vous voyez la possibilité d'adopter des pratiques exemplaires dans un domaine particulier? Coordonnez-vous vos efforts pour éviter les dédoublements?
J'ai une autre question. Si l'on examine les chiffres, je crois que le pourcentage de familles monoparentales dirigées par une femme est tombé de 50,8 p. 100 en 2003 à 30,6 p. 100. La Fédération de l'habitation coopérative du Canada vient d'émettre, il y a quelques jours, un communiqué dans lequel elle souligne que selon les données du recensement, plus de 1,5 million de personnes consacrent 30 p. 100 ou plus de leur revenu au logement. En fait, ce nombre a augmenté depuis 2001 alors qu'il a diminué à Terre-Neuve-et-Labrador.
Quels facteurs ont contribué, selon vous, à réduire le nombre de familles monoparentales à faible revenu dirigées par une femme dans votre province alors que nous avons constaté une augmentation dans le reste du pays si nous comparons la situation sur le plan du logement?
:
Un des facteurs qui permettent d'éviter les chevauchements ou le double emploi au niveau des pratiques exemplaires ou des initiatives qui sont mises en place est que les membres du groupe de travail restent étroitement reliés aux autres stratégies de leur propre ministère. Toutefois, le gouvernement a également d'autres stratégies, dans le domaine de la santé mentale, de la toxicomanie, de la santé, des aînés et du vieillissement. Nous essayons d'intégrer ce travail de façon à ce que les indicateurs soient mixtes afin de ne pas dédoubler nos efforts.
Plus d'une soixantaine d'initiatives ont été financées dans le cadre de la stratégie de réduction de la pauvreté et nous établissons des outils de suivi pour la mise en oeuvre et la reddition de comptes afin de surveiller les choses sur ce plan-là de façon à pouvoir apporter des changements si nécessaire.
D'autre part, les ministres et les sous-ministres qui participent à la stratégie de réduction de la pauvreté ont également cherché, cette année, à voir quelles sont les possibilités d'intégration. Quels sont les domaines prioritaires dans lesquels nous devons faire des recherches et travailler en ce qui concerne l'intégration? Il y a quelques exemples dans le secteur du transport de même que pour certains clients communs de nos programmes pour lesquels nous allons travailler conjointement cette année sur le plan de la recherche et des pratiques exemplaires afin que, l'année prochaine, nous puissions mettre en place une série d'initiatives qui refléteront ces efforts. Encore une fois, il s'agit d'appliquer les pratiques exemplaires, d'éviter les dédoublements et d'adopter une approche intégrée.
:
C'est une question à laquelle il est difficile de répondre brièvement, monsieur Martin.
Je crois important de répéter que ce n'est pas seulement une question d'argent. L'argent ne va pas forcément régler le problème de la pauvreté. C'est une question d'accès. C'est une question d'inclusion. Il y a également d'autres choses auxquelles il faut réfléchir.
Je ne sous-estime certainement pas le fait que nous avons besoin d'argent pour réaliser le genre de choses que nous devons faire, mais je soulignerais simplement que ce n'est pas seulement une question économique. C'est une question d'inclusion sociale. C'est une question d'alphabétisation. Il y a d'autres problèmes auxquels nous devons également nous attaquer. Je ne peux donc pas vous répondre directement comment le gouvernement fédéral pourrait faire cela grâce au Transfert pour les programmes sociaux ou autrement.
Je pense simplement que nous devons pouvoir dialoguer, que le gouvernement fédéral doit discuter avec les provinces qui sont en train d'adopter des stratégies de réduction de la pauvreté pour voir ce qui marche pour chacune d'elles afin d'essayer de travailler en collaboration avec elles au lieu d'essayer d'imposer le même programme à l'ensemble du pays. Je pense que le gouvernement fédéral doit s'accorder la marge de manoeuvre voulue pour soutenir les stratégies de réduction de la pauvreté des diverses provinces.
:
Je suis d'accord avec vous quand vous dites que ce n'est pas une question d'argent. Toutefois, ceux qui connaissent le mieux le problème et qui essaient d'aider les personnes dans le besoin vous diront que si les gens avaient suffisamment d'argent pour se loger, suffisamment d'argent pour se nourrir, suffisamment d'argent pour acheter des vêtements afin d'avoir chaud et d'être vêtus décemment pour vivre dans la société et aller travailler, cela réglerait un grand nombre de leurs autres problèmes.
Il faut donc qu'ils aient suffisamment d'argent, qu'ils aient un revenu suffisant. Je sais qu'en Ontario, quand j'étais député provincial, nous avons réduit les prestations d'aide sociale de 21,6 p. 100 et peu de temps après, nous avons commencé à voir un très grand nombre de gens dormir dans les rues de Toronto. Nous avons également sabré dans le programme national d'habitation qui existait à ce moment-là.
Une de vos collègues de Terre-Neuve, Mme Michael, vous dira que le revenu joue un rôle essentiel pour éliminer la pauvreté. Le Conseil national du bien-être social estime que le Transfert canadien pour les programmes sociaux pourrait servir à aider les provinces à financer leurs politiques et leurs programmes et suggère de le séparer en deux afin qu'il y ait un transfert pour l'éducation postsecondaire et un transfert pour les programmes sociaux.
Pouvez-vous me dire ce que vous en pensez?
:
Je suis certainement d'accord avec vous. Il est important de donner aux gens un revenu suffisant pour se loger décemment, se vêtir, se nourrir, etc. C'est une chose que nous devons faire. Mais il y a certaines personnes qui ont besoin d'aide sur d'autres plans. Même si elles ont les moyens de se loger, de se chauffer et de se nourrir, elles ont besoin d'une aide supplémentaire pour pouvoir occuper pleinement leur place dans la société et ne pas retomber dans la pauvreté. Nous devons également nous occuper des cas de ce genre.
Quant à la solution, comme j'ai essayé de le dire tout à l'heure, je ne pense pas qu'il n'y en ait qu'une. Un des problèmes que nous avons constatés — ce n'est pas de la faute du gouvernement fédéral; c'est simplement la façon dont notre système a fonctionné par le passé — c'est qu'une solution, un programme ou une initiative appliquée de la même façon à l'échelle de tout le pays n'est pas toujours avantageuse pour chaque province.
Ce que j'essaie de dire en réponse à votre question, c'est que j'espère que le gouvernement fédéral s'accordera la possibilité de soutenir individuellement les initiatives de réduction de la pauvreté de chaque province en tenant compte de leurs circonstances et de leurs priorités particulières. J'espère que le gouvernement fédéral pourra trouver un moyen de travailler de cette façon avec nous. S'il a cette marge de manoeuvre, je pense que nous trouverons les moyens de travailler dans l'intérêt de chaque province. Toutefois, une solution unique ne sera pas nécessairement bénéfique pour les provinces et les gens que nous essayons d'aider.
:
Encore une fois, nous avons pris un certain nombre d'initiatives. Pour les personnes qui reçoivent le soutien du revenu ou l'aide sociale, selon le nom que vous lui donnez, nous avons maintenant une période de transition. Lorsqu'un assisté social va travailler, pendant le premier mois qui suit son retour au travail, il continue à recevoir ses prestations habituelles. Nous lui accordons une période de transition. Nous ne le laissons pas tomber tout d'un coup parce qu'il va travailler. Les bénéficiaires du soutien du revenu qui vont travailler peuvent maintenant garder jusqu'à 25 p. 100 de l'argent qu'ils gagnent; nous ne le récupérons pas. Par conséquent, si quelqu'un va gagner de l'argent, nous voulons que cette personne comprenne la valeur du travail et ce qu'elle peut obtenir en retour.
Nous avons des programmes de transition à l'emploi. Nous facilitons la transition entre le soutien du revenu et l'emploi et nous accordons une aide à ces personnes sous la forme de cartes de médicaments et de choses de ce genre.
Nous avons mentionné tout à l'heure la prestation pour commencer un emploi. Nous donnons de l'argent aux gens s'ils en ont besoin pour acheter un uniforme, du matériel de sécurité ou ce genre de choses si cela les empêche d'obtenir un emploi. Ou encore, lorsqu'une personne a besoin d'un pardon parce qu'une infraction qu'elle a commise il y a un certain nombre d'années l'empêche d'obtenir un emploi, nous lui donnons de l'argent pour régler ce genre de questions.
Par le passé, les personnes qui vivaient dans les logements sociaux devaient payer un loyer correspondant à 30 p. 100 de leur revenu. Nous avons réduit ce pourcentage à 25 p. 100 afin que les gens gardent une plus grande partie de leur argent.
J'ai mentionné tout à l'heure notre programme de supplément au loyer. Si nous n'avons pas de logements sociaux disponibles, nous aidons les gens à louer un appartement dans un immeuble privé en versant un supplément au loyer. Par conséquent, si les gens travaillent et n'ont pas les moyens de payer le loyer, nous les aidons à se loger dans un logement privé et nous versons un supplément au loyer afin qu'ils puissent se trouver un logement décent.
Le programme d'assurance-médicaments pour les personnes à faible revenu était certainement une initiative de grande envergure. C'est sans doute l'investissement le plus important que nous ayons fait. Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, les gens craignaient que, s'ils cessaient de bénéficier du soutien du revenu, ils perdraient leurs prestations pour les médicaments. Notre programme d'assurance-médicaments pour les personnes à faible revenu leur permet de conserver ces prestations.
Il y a d'autres choses, mais ce sont là quelques exemples des mesures que nous avons prises.
Je me dois de louer les efforts que vous-même et votre gouvernement déployez pour vous attaquer à cet important problème dans votre province. Ce problème existe dans toutes les provinces du Canada. Nous connaissons également en Alberta certaines des difficultés que vous traversez actuellement en ce qui concerne la pénurie de main-d'oeuvre et les questions connexes.
Il y a une étude que je cite assez souvent et qui a été réalisée par un ancien député néo-démocrate de l'Assemblée législative de la Saskatchewan dénommé John Richards. Il a examiné certains programmes d'aide sociale de la province et les coupes effectuées par les gouvernements néo-démocrates, libéraux et conservateurs dans trois provinces. Il a constaté qu'après les coupes que le gouvernement fédéral a faites dans les paiements de transfert au milieu des années 1990, les niveaux de pauvreté ont diminué dans ces provinces. J'en conclus que le gouvernement déploie parfois des efforts pour aider des gens qui n'ont pas besoin d'aide. Cela a parfois pour conséquence inattendue d'enfermer les gens dans un cycle de dépendance qui peut leur faire plus de mal que de bien. C'était du moins le cas en Alberta, en Colombie-Britannique et en Ontario, les trois provinces qui ont été étudiées.
Je vais prendre un exemple personnel. J'ai un fils autiste et je sais que dans toutes les provinces du pays il y a de nombreuses familles qui font face à l'autisme et qui empruntent 40 000 $ par année et hypothèquent leur maison pour financer le traitement. Les enfants autistes ne peuvent pas s'en sortir seuls et je crois que l'aide à ces familles devrait être une priorité pour les gouvernements provinciaux de tout le pays. Pourtant, on consacre davantage d'argent à d'autres priorités pour aider des gens qui pourraient s'en sortir seuls.
Vous pourriez peut-être me dire ce que vous pensez de cet exemple. N'essayons-nous pas de faire trop pour les gens qui peuvent se débrouiller seuls et pas assez pour ceux qui ne le peuvent pas?
:
Ce que vous dites quant au fait que vous ne portez pas de jugement est intéressant. Je suis d'accord pour dire que ce n'est pas nécessaire. Je suppose qu'en tant que gouvernement, vous avez des critères auxquels les gens répondent ou non. Je ne sais pas si c'est porter un jugement, mais c'est de l'établissement de critères dont je parlais.
Lorsque nous établissons des critères dans certains programmes, nous devons voir si l'intéressé aura besoin d'aide toute sa vie durant. Dans le cas des familles que j'ai rencontrées et qui ont des enfants autistes, il s'agit souvent de personnes qui auront besoin d'aide toute leur vie. Dans certaines autres situations, y compris certains cas qui me touchent personnellement en ce qui concerne mes frères nourriciers, ces personnes ont seulement besoin que quelqu'un leur donne un coup de main. Elles peuvent avoir besoin d'une aide financière du gouvernement, mais pas pendant toute leur vie.
Il s'agit là de décisions qui font appel aux deniers publics et tout l'argent que nous dépensons, aux deux niveaux de gouvernement, sort de la poche des mêmes contribuables. Peut-être pourriez-vous nous dire comment vous établissez vos priorités lorsque vous prenez ces décisions et comment vous parvenez à un juste équilibre.