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Bonjour. La séance est ouverte.
En vertu de l'article 108 du Règlement, nous allons reprendre l'étude de l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada. C'est ce qui occupera la première heure, entre 9 et 10 heures. À 10 heures, nous ferons une pause et passerons ensuite à l'étude article par article du projet de loi de Mme Beaumier, le .
Bienvenue à tous les députés.
Je souhaite la bienvenue aux nouveaux membres qui ne siègent pas au comité d'habitude, soit Penny Priddy, du NPD, que je salue, et Carolyn Bennett, libérale qui est notamment notre porte-parole chargée de la condition des personnes handicapées.
J'explique d'abord pourquoi je suis en fauteuil roulant ce matin. Je passe la journée en fauteuil roulant dans le cadre d'une expérience avec l'Association canadienne des paraplégiques, l'ACP. Comme certains d'entre vous le savent, l'ACP a été créée en 1945 pour s'occuper des anciens combattants qui revenaient de la Seconde Guerre mondiale.
En Nouvelle-Écosse, en 1952, la section néo-écossaise de l'Association canadienne des paraplégiques est née. Ce soir, à Halifax, il y aura un grand dîner de l'ACP, où le Dr Ivar Mendez sera conférencier invité. Nous sommes deux députés, Alexa McDonough et moi-même, qui passons la journée en fauteuil roulant. Alexa se trouve à Halifax tandis que je suis resté sur la colline du Parlement. Je suis très heureux que David Hinton et Bobby White, tous deux de l'ACP, soient parmi nous. Ils sont dans la rangée arrière.
Les députés ont un collègue quadriplégique, Steven Fletcher, qui a montré à nombre d'entre nous ce que c'est que de vivre avec ce genre de handicap. Malgré cette sensibilisation, il subsiste beaucoup d'obstacles sur la colline du Parlement. Le transport est assuré par fourgonnette, mais il y a d'autres difficultés, bien d'autres difficultés dans le reste de notre pays. C'est avec plaisir que je me prête aujourd'hui à cette expérience, d'autant plus que je participe aux travaux de ce comité-ci, dont le mandat porte en partie sur les personnes handicapées. Cela tombe bien.
Ce n'est pas le sujet qui nous occupe aujourd'hui, mais je tiens à remercier David et Bobby de leur aide. Si vous êtes convaincus de l'intérêt de cette cause, vous pouvez toujours les aider en leur accordant votre appui personnel, par mon entremise, pour l'ACP. Je vous indiquerai un site Web que vous pouvez consulter. Quoi qu'il en soit, merci à vous tous de m'avoir permis cette intervention.
Passons aux témoins qui comparaissent pour participer à l'étude de l'Office de financement de l'assurance-emploi. Nous accueillons ce matin, du Conseil canadien des chefs d'entreprise, David Stewart-Patterson, qui en est le vice-président exécutif. Et de la FCEI, nous recevons Garth Whyte et Corinne Pohlmann. Le premier est vice-président exécutif et la seconde vice-présidente aux affaires nationales
Vous n'avez pas pu comparaître la semaine dernière. Des députés de tous les partis, je crois, ont souhaité que le conseil et la fédération aient l'occasion de leur faire part de leurs réflexions sur la nouvelle société d'État chargée de l'assurance-emploi. Nous sommes très heureux que vous ayez pu venir.
D'après mon expérience au Comité des finances et dans d'autres comités, je sais que vous connaissez tous deux le fonctionnement des comités parlementaires. Chacun est invité à faire un exposé de 10 minutes, après quoi les députés poseront des questions.
Merci d'être là. Nous allons entendre d'abord M. Stewart-Patterson.
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Merci, monsieur le président. Désolé de n'avoir pu être là la semaine dernière. C'était la réunion de nos membres à Calgary. Nous étions tous pris. Je suis enchanté d'être parmi vous ce matin. Je ne vais pas faire une intervention d'ouverture trop longue. Le plus intéressant pour les députés est probablement de passer à la discussion le plus rapidement possible.
Je me permets quelques brèves observations. Vous êtes là pour discuter de la création de l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada. Bien sûr, le Conseil canadien des chefs d'entreprise réclame depuis des années une réforme en profondeur du régime d'assurance-emploi. Nous avons dit notamment que le régime devrait être géré par un organisme indépendant et que les cotisations devaient être versées dans un compte distinct, dont viendraient les prestations. Nous avons dit que les cotisations devraient être fixées de façon à assurer l'équilibre pendant un cycle économique et nous avons proposé que le mandat du régime soit limité à la seule protection des travailleurs canadiens contre le risque précis d'une perte temporaire d'emploi.
Les modifications proposées aujourd'hui sont une première étape importante, soit la création d'une société d'État chargée d'établir le taux de cotisation et de gérer les fonds recueillis dans un compte distinct.
Un objectif essentiel, dans l'établissement du nouveau compte, est la stabilité du taux. Nous devrions autant que possible essayer d'éviter de relever les cotisations pendant un ralentissement économique, au moment où les travailleurs et les employeurs peuvent le moins se le permettre. C'est pourquoi le gouvernement entend limiter à 15¢ les 100 $ de gains assurés la fluctuation annuelle du taux.
Pour que le nouveau compte distinct puisse absorber une pointe dans le volume des prestations pendant un ralentissement grave, le gouvernement prévoit également ajouter une réserve de 2 milliards de dollars. Il n'est pas sûr que ce soit suffisant. L'analyse actuarielle classique conclut qu'il faudrait une réserve de 10 à 15 milliards de dollars. Je dirais néanmoins que l'évolution démographique pousse toujours le Canada vers un niveau de chômage structurellement peu élevé.
En outre, une part croissante de l'argent tiré du fonds de l'assurance-emploi sert à des fins comme les congés de maternité, qui ne sont pas liées au cycle économique. Les prestations ordinaires représentent à peine plus de la moitié des coûts absorbés au moyen des cotisations.
Bref, la réserve nécessaire à l'avenir pourrait ne pas avoir à être aussi importante que par le passé. Ma conclusion est sans doute qu'il y a peut-être lieu de faire une analyse plus approfondie pour calculer un montant précis.
Une question connexe, bien sûr, est celle de savoir comment injecter la réserve nécessaire dans le nouveau compte. Le compte existant est excédentaire depuis de longues années. En principe, il a accumulé un excédent de 54 milliards de dollars. Dans les faits, comme il n'y a pas de compte distinct, tout l'argent s'est retrouvé dans les revenus généraux et a été utilisé. Que ce soit pour réduire les impôts, réduire la dette ou faire d'autres dépenses, l'argent s'est envolé.
Peu importe la réserve initiale placée dans le nouveau compte, elle devra venir des ressources courantes. Si une analyse plus poussée conclut qu'il faut une réserve plus importante que celle de 2 milliards de dollars qui est proposée, je dirais que la solution la plus pratique serait de virer les excédents en fin d'exercice au compte de l'assurance-emploi, au lieu de réduire la dette, jusqu'à ce qu'une réserve suffisante soit établie. Ce n'est peut-être pas le seul moyen, mais c'est peut-être le moins dérangeant.
Entre-temps, le Trésor devrait bien sûr renflouer le compte — je crois que le projet de loi le prévoit — et le regarnir si une grave récession épuisait les fonds.
Permettez-moi de conclure en revenant à la question de la réforme à plus long terme du régime d'assurance-emploi. Au fil des ans, les gouvernements successifs ont choisi de financer au moyen des cotisations à l'assurance-emploi des prestations à des fins diverses. Je dirais qu'un grand nombre de ces prestations relèveraient davantage des programmes sociaux. Ces programmes peuvent avoir des buts louables, je ne le conteste pas, mais ils ne correspondent pas au mandat essentiel du régime d'assurance-emploi qui, comme je l'ai dit, est d'assurer le risque précis d'une perte temporaire d'emploi.
Une fois que la gestion du régime sera passée à une entité indépendante qui aura un compte distinct, je propose que le gouvernement retire ces autres prestations du régime et les finance au moyen des revenus généraux. Si je le dis, c'est que la répartition des cotisations d'assurance-emploi entre les employeurs et les employés a été fondée sur le mandat initial du régime. Le mécanisme de financement ainsi établi devrait être utilisé seulement pour assumer les coûts du mandat principal.
J'admets que le mandat du régime n'est pas à l'étude aujourd'hui, mais je tiens à souligner que cela demeure un enjeu à plus long terme dont il faudrait tenir compte dans l'établissement de la structure de gouvernance et dans les responsabilités du nouvel office.
Je termine là-dessus, monsieur le président, et j'ai hâte d'entendre les questions et les réflexions du comité.
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Merci, monsieur le président.
Au nom de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et des 105 000 propriétaires d'entreprise qu'elle représente, je tiens à remercier le comité de nous avoir invité à commenter la création de l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada.
Les PME jouent un rôle majeur dans la croissance économique et la création d'emplois au Canada, assurant près de 50 p. 100 du PIB et 60 p. 100 de l'emploi.
J'invite les membres du comité à consulter les graphiques de la présentation que j'ai soumise. Le premier graphique illustre le baromètre du PIB et des affaires de la FCEI, d'après les attentes des propriétaires de PME pour leur propre entreprise. Comme on peut le voir, nos membres affichent un optimisme prudent, face à l'actuel ralentissement économique.
On trouve de bonnes nouvelles à la deuxième page. En ce domaine, ils sont des experts. Ils sont les experts de leur propre entreprise pour ce qui est des plans d'emploi, et 30 p. 100 des propriétaires de petite entreprise disent prévoir une augmentation de l'emploi en 2008, contre 8 p. 100 qui s'attendent à une diminution. C'est une bonne nouvelle, du point de vue du taux de chômage à venir, des cotisations et de l'excédent de l'assurance-emploi.
J'ai retenu les résultats de plusieurs sondages auxquels ont répondu des milliers de propriétaires d'entreprise. Je n'ai peut-être pas le temps de passer en revue toute la présentation, mais il m'a semblé important que le comité ait cette information. Vous pourrez peut-être y revenir dans les questions qui suivront.
Notre message général, aujourd'hui, c'est que l'assurance-emploi est une préoccupation majeure pour les propriétaires de petite entreprise, comme le montre le troisième transparent. Selon eux, il faut améliorer le régime pour trois raisons: d'abord, le mode d'établissement des taux est imparfait; deuxièmement, il ne faut pas laisser l'excédent de l'assurance-emploi s'accumuler au même rythme; enfin, le programme d'assurance-emploi ne répond pas aux besoins du marché du travail d'aujourd'hui. Les préoccupations sont si vives que j'ai à mon bureau en ce moment plus de 20 000 « alertes action » comme celle que je vous ai donnée. Nous les remettrons au ministre Solberg, de RHDSC, dans quelques semaines.
La page 4 montre que, parmi les divers impôts et charges que l'entreprise doit payer, les propriétaires estiment que les charges sociales comme les cotisations à l'assurance-emploi sont ce qui nuit le plus à la croissance de l'entreprise. Le graphique de la page 5 indique que la réduction des impôts et des cotisations à l'assurance-emploi permet aux propriétaires d'augmenter les salaires, d'engager d'autres employés et d'offrir plus de formation.
La page 6 fait ressortir que la majorité de nos membres estiment qu'un bon premier correctif serait un compte d'assurance-emploi distinct des revenus généraux du gouvernement. Il faut aussi améliorer la gestion et la gouvernance du compte. Actuellement, comme on le constate à la page 7, seulement le tiers de nos membres sont satisfaits de la gestion que fait le gouvernement fédéral de l'assurance-emploi. Les cotisations devraient servir uniquement à l'assurance-emploi.
La phrase-choc, c'est que la FCEI appuie la création de l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada. Le mécanisme d'établissement des taux est amélioré, avec le maintien de certains aspects positifs comme une date fixe, le 14 novembre, pour annoncer le taux des cotisations et la protection contre de fortes fluctuations annuelles.
Nous sommes très heureux que l'excédent de l'assurance-emploi n'aille plus dans les revenus généraux, et le nouveau mécanisme de rapport devrait assurer la responsabilisation et la transparence.
Nous avons toutefois des préoccupations dont il faudrait tenir compte. Par exemple, y aura-t-il des coûts de fonctionnement importants à payer au moyen des cotisations des employeurs et des employés? L'office sera-t-il vraiment indépendant ou sera-t-il partisan, ses membres étant remplacés lorsqu'un parti politique est élu? Pourra-t-il s'attaquer au problème des centaines de millions de dollars que les employeurs ont payé en contributions excessives à l'assurance-emploi? On voit à la page 8 que cette question est hautement prioritaire pour nos membres, car 95 p. 100 d'entre eux estiment qu'il faut régler ce problème.
Nous craignons que le nouveau régime ne pousse les taux à la hausse plutôt qu'à la baisse à cause des frais d'administration, de l'excédent limité versé au compte et de l'augmentation annuelle du maximum de la rémunération hebdomadaire assurable.
Enfin, nous craignons que les employeurs et les employés n'écopent en cas de ralentissement économique après avoir accumulé un excédent de 54 milliards de dollars. C'est scandaleux et injuste. Le gouvernement fédéral devrait à tout le moins couvrir tout déficit à venir dans le compte de l'assurance-emploi, si besoin était.
Il reste qu'il s'agit ici d'un bon premier correctif.
Nous sommes d'accord pour dire que l'Office de financement de l'assurance-emploi ne devrait pas intervenir dans la politique et les programmes de l'assurance-emploi, mais c'est sur ce plan qu'il est le plus nécessaire de corriger le régime.
Le régime d'assurance-emploi n'est pas à la hauteur. Il ne répond pas aux besoins des employeurs. En 2006, seulement 44 p. 100 du produit des cotisations ont servi à verser des prestations ordinaires. La vaste majorité des plus de 9 000 répondants ne connaissaient pas ou n'utilisaient pas les programmes de l'assurance-emploi énumérés à la page 12: partenariats de développement du marché du travail, aide au travail indépendant, partenariats pour la création d'emplois et services d'aide à l'emploi.
Il n'est pas juste que les entreprises, et surtout les propriétaires de petite entreprise, continuent de payer 60 p. 100 des cotisations. Il faudrait évoluer peu à peu vers un partage par moitié ou même un partage de 40, 40 et 20, le gouvernement payant 20 p. 100.
Enfin, il faut rectifier le régime parce qu'il ne tient pas compte des tendances actuelles sur le marché du travail. À cause du vieillissement de la population, bien des entreprises sont à la recherche d'employés. Le graphique de la page 14 montre clairement que, depuis une dizaine d'années, les inquiétudes de nos membres au sujet de la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée sont devenues beaucoup plus vives au fur et à mesure que le taux de chômage diminuait. Ce n'est pas une coïncidence. Il existe un lien avec les tendances démographiques caractérisées par le vieillissement de la population active. La pénurie s'est aggravée constamment, et elle devrait continuer de le faire pendant encore de nombreuses années.
En mars dernier, la FCEI a publié son rapport intitulé Du travail à revendre. Il porte sur les taux de postes vacants à long terme. Le taux global a presque doublé depuis notre première étude, en 2004. Selon notre étude, le taux de postes vacants à long terme, c'est-à-dire pendant quatre mois ou plus, s'élève à 4,4 p. 100. On estime donc qu'il y avait 309 000 de ces postes l'an dernier. Le phénomène existe dans toutes les provinces. Pas étonnant que nos membres nous aient dit qu'ils ont de plus en plus de mal à trouver des employés pour l'avenir.
Le Canada a besoin d'une stratégie complète et à long terme pour relever le défi de la pénurie de main-d'oeuvre. La FCEI travaille avec les gouvernements provinciaux et fédéral dans plusieurs secteurs pour résoudre ce grave problème. Nous avons abordé des questions comme l'éducation et la formation, les programmes d'apprentissage, l'alternance travail-études, la relève dans les entreprises et la stratégie d'immigration. En ce qui concerne la politique sur l'assurance-emploi, il s'est fait peu de chose.
La politique de l'assurance-emploi peut jouer un rôle important en atténuant ou en exacerbant la pénurie de main-d'oeuvre. Nous craignons que le programme actuel ne nuise aux employeurs et aux employés au lieu de les aider à combler la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée. On voit à la page 18 qu'un employeur sur cinq dit avoir du mal à engager des employés parce que les candidats éventuels préfèrent toucher des prestations d'assurance-emploi. Dans certaines provinces, comme Terre-Neuve-et-Labrador, le taux est plus près des 40 p. 100.
Il faut améliorer le régime et faire en sorte qu'il réponde aux besoins des employeurs et des employés. C'est un programme trop important pour qu'on le laisse dans cet état encore 15 ans. La création de l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada est une bonne première mesure, mais il faut faire encore beaucoup plus dans un avenir immédiat.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être ici ce matin pour nous éclairer sur votre façon de comprendre les enjeux présentés par le nouvel office qui est mis en place.
Je veux bien comprendre le raisonnement qui vous guide pour prendre position au sujet de l'office. J'ai crains de ne pas bien comprendre votre raisonnement quant à l'usage qu'on doit faire de la caisse de l'assurance-emploi relativement à l'absence de main-d'oeuvre pour combler les postes disponibles ou à venir.
Pour illustrer mon propos, je vais prendre l'exemple d'une représentante des restaurateurs qu'on a entendue en Saskatchewan, lorsqu'on faisait notre étude sur l'employabilité. Elle a dit que ses collègues restaurateurs et elle-même avaient de la difficulté à maintenir leurs restaurants ouverts toute la journée parce que les salaires des gens sont bas et qu'ils doivent, par conséquent, occuper plus d'un emploi.
Les emplois les mieux rémunérés drainent les gens qui travaillent normalement dans la restauration. J'ai de la difficulté à comprendre comment vous pouvez remédier à cela avec l'assurance-emploi. Ce sont des gens qui veulent travailler. La dame qui est venue témoigner n'a pas dit que les employés étaient paresseux. Elle a dit n'avoir plus de personnel, car il allait travailler en Alberta ou occuper des emplois mieux rémunérés.
Vous dites que la grande difficulté à combler des postes est attribuable à la mécanique de l'assurance-emploi. Je ne comprends pas votre raisonnement, car il me semble qu'il n'y a pas de lien.
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Merci, monsieur le président.
J'ai plusieurs questions à poser.
Votre enquête conclut que des gens refusent des emplois pour continuer à toucher l'assurance-emploi. Il me semble que c'est là une étude très qualitative. Je souhaiterais vivement recevoir cette étude, car je ne suis pas sûre qu'on puisse faire ce genre d'évaluation. On peut établir des chiffres, mais je ne sais pas comment vous pouvez en arriver à des résultats qualitatifs comme ceux-là.
Je voudrais savoir sur quoi vous vous appuyez. Qu'avez-vous examiné? Avez-vous tenu compte de l'âge, du niveau de compétence, du sexe, de la géographie, etc.? C'est la première partie de ma question.
Une question secondaire est celle du programme dont les prestations parentales doivent dépendre, si elles ne sont pas versées par l'assurance-emploi. Je voudrais savoir quelle autre solution vous proposez.
La question de la formation... Il en est question dans votre « Alerte Action ». Je ne vois pas très bien comment vous décideriez du pourcentage des fonds de formation accordés aux divers employeurs, étant donné que la formation porte sur une foule de choses.
Je voudrais ajouter un dernier élément. Vous dites ici: « Passer en revue la rentabilité des programmes actuels d'assurance-emploi ». Je me demande comment vous vous y prendriez.
J'ai ouvert la boîte de Pandore, n'est-ce pas?
D'abord, il est vrai que l'étude est qualitative. Nous avons demandé à nos membres leur avis sur leur entreprise et ce qu'ils ont essayé de faire. Comme nous l'avons dit, nous voulons approfondir la question. Vous proposez d'excellents facteurs que nous étudions déjà, comme le sexe et l'âge. Nous allons poser des questions là-dessus. J'ignore combien de pages de réflexions il faudra parcourir pour étudier la question, et nous avons présenté cela aux responsables. Nous voulons trouver les pourquoi.
Il faut préciser d'abord qu'ils n'ont pas dit cela avec malveillance et qu'ils appuient le programme. Ils sont convaincus qu'il faut un régime d'assurance-emploi pour protéger les travailleurs qui perdent leur emploi.
Les prestations parentales... En gros, elles dépendent maintenant de l'assurance-emploi, et je crois que nos membres seraient d'accord pour que cela ne change pas.
Quant à l'argent consacré à la formation, à la mesure de l'efficacité de la formation, nous avons proposé des idées. Si vous considérez les congés parentaux... Lorsque la politique sur les congés parentaux a été adoptée, soit dit en passant, tout s'est fait dans une annonce politique. Nous étions à l'Industrie. Lorsque la politique a été annoncée par le Cabinet du premier ministre, le ministre Manley n'était pas au courant.
Il n'y a pas eu de discussions sur cette politique. On l'a simplement adoptée sans tenir compte des conséquences pour une entreprise de cinq employés qui en perdrait quatre. Il faut engager quatre employés, mais sans leur demander de rester, car ils devront peut-être céder leur place au retour des employés en congé parental. Et l'entreprise perd ces employés.
Selon nous, il faudrait prévoir une aide à la formation des remplaçants, de ces employés qui devront partir. C'est là un des problèmes. Nous voulons examiner toute la question de la formation.
Nous nous préoccupons beaucoup au sujet de l'efficacité de la formation. Nous avons fait des recherches plus approfondies. Même le ministère avouera que le succès de la formation, en ce moment, est mesuré d'après le nombre de participants, le nombre de demandes, et non de l'efficacité de la formation comme moyen de décrocher un emploi, ce qui est l'objectif ultime.
C'est très déconcertant, surtout lorsque l'argent est transféré aux provinces. Mettons que je me trouve à l'Île-du-Prince-Édouard et que je m'adresse au gouvernement fédéral pour savoir quel programme est efficace. Je ne veux pas refaire la politique, mais savoir quel programme donne des résultats. On ne peut pas me le dire. On peut me dire en somme que le programme d'aide au travail autonome doit être une réussite puisque la participation est plutôt bonne. On ne vérifie pas si, aujourd'hui, les participants sont des travailleurs autonomes. C'est un sujet de préoccupation majeur. Nous voulons travailler avec le gouvernement pour examiner cette question et mesurer l'efficacité des programmes.
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Je pourrais peut-être poursuivre dans le même ordre d'idées, car nous aboutissons au même point, bien que la perspective de nos membres soient un peu différente.
Il est certain que nos membres s'inquiètent de plus en plus depuis quelques années de ce qui est en train de devenir une grave pénurie structurelle de main-d'oeuvre. Elle ne se manifeste pas uniquement aux points chauds où elle a débuté et est la plus grave — dans des régions comme l'Alberta et maintenant en Saskatchewan et ailleurs. Nous avons des membres qui craignent cette pénurie structurelle dans toutes les régions du Canada et dans tous les secteurs d'activité.
Toutefois, nous aborderions le problème en disant qu'il est crucial que nous considérions tous les obstacles susceptibles d'empêcher les Canadiens d'exploiter leur plein potentiel. Toute une gamme de politiques sont en cause, depuis les obstacles à l'éducation et à la formation jusqu'aux obstacles fiscaux, qu'il s'agisse du type de problème dont Garth a parlé ou du taux de récupération des prestations pour enfants, ce qui peut décourager les gens qui essaient de s'en sortir, de la reconnaissance des titres de compétence et de la façon dont nous aidons les immigrants à combler l'écart entre les compétences qu'ils ont et celles qu'ils doivent avoir pour exercer leur profession au Canada. Il y a donc toute une série de questions de politique et de leviers. Le régime de l'assurance-emploi est l'un de ces leviers. Le plus souvent, nos membres abordent ces questions de façon plutôt globale. Nous n'étudions pas les cotisations à l'assurance-emploi de façon isolée; nous considérons l'ensemble de la charge fiscale sous l'angle du taux global et de la complexité et des coûts de l'exécution.
À dire vrai, les grandes sociétés ont plus de possibilités. Pour combler la pénurie de main-d'oeuvre, elles peuvent généralement offrir de meilleurs emplois, des emplois dont la productivité est supérieure, de sorte que, dans la mesure où il existe une main-d'oeuvre qualifiée, elles ont les moyens de lui offrir un meilleur salaire. Souvent, elles ont aussi des économies d'échelle pour offrir la formation à l'interne. Elles n'ont pas à recourir autant que les PME à des fournisseurs externes de services de formation. Les grands employeurs peuvent aussi attirer de la main-d'oeuvre d'autres endroits. C'est ce qui se passe dans l'exploitation des sables bitumineux. Les sociétés font venir des travailleurs par avion des quatre coins du pays. Elles ont les moyens d'aller chercher de la main-d'oeuvre qualifiée à l'étranger et de la faire venir, bien que le système d'immigration présente de sérieux problèmes.
Elles peuvent aussi aller là où se trouvent les gens qui peuvent travailler. Je sais qu'au moins un de nos membres va exprès dans des petites localités, parce que le travail peut s'y faire. Les entreprises savent qu'il y a là des gens qui veulent rester sur place. Elles utilisent cette main-d'oeuvre, ce qui peut parfois causer des problèmes aux propriétaires des restaurants locaux, puisqu'elles offrent un type de travail différent. Les grandes entreprises sont aussi multinationales: si elles ne trouvent pas les travailleurs dont elles ont besoin ici, elles peuvent faire faire le travail à l'étranger. C'est une autre possibilité.
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Revenons à nos moutons. Vous avez dit tous les deux que de bonnes modifications ont été apportées en 1995. Je suis d'accord. Je me reporte souvent à un rapport de John Richards, qui parle de l'importance de ces changements qui n'ont fait que des gagnants. Grâce à l'augmentation de l'emploi, la pauvreté a reculé. On ne peut peut-être pas le percevoir intuitivement, mais c'est ce qui se passe.
L'un des avantages qui ne se sont pas concrétisés et qui auraient dû le faire, c'est que les économies au titre de l'assurance-emploi auraient dû être transmises aux travailleurs et aux employeurs. Je crois que vous l'avez dit. Dans votre graphique, il saute aux yeux que, à peu près au moment où ces modifications ont été apportées, nous devrions avoir une ligne horizontale — cela se trouve à la page 9. La courbe monte plutôt jusqu'à 54 milliards de dollars. Si je fais le calcul, j'estime que les entreprises auraient dû épargner 31,7 milliards de dollars pendant cette période.
Que pensent les organisations que vous représentez du fait qu'on a perçu auprès des entreprises 31,7 milliards de dollars sous prétexte de financer le régime d'assurance-emploi, alors qu'on a dépensé cet argent pour des choses comme le registre des armes à feux, le programme des commandites, une foule de programmes en matière de ressources humaines dont, à un moment donné, on ne rendait même pas compte?
Deuxièmement, si les entreprises avaient eu cet argent, quelles choses productives auraient-elles pu faire pour engager des travailleurs, les former, etc.?
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Vous pourriez dire aussi que cet argent a servi à réduire les impôts et la dette. En fait, il est allé dans les revenus généraux. Nous avons été scandalisés. Nous l'avons dit plusieurs fois au ministre des Finances Martin. Il était au courant. Récemment, nous avons dit au ministre Flaherty que nous étions indignés que l'excédent continue de croître.
Nous avons demandé à nos membres ce qu'ils feraient de ces économies en charges sociales s'ils les avaient en main. Vous pouvez voir leurs réponses à la page 5. Ils investiraient dans de nouveaux équipements, ils augmenteraient les salaires, ils réduiraient leur dette, ils engageraient des travailleurs, ils feraient plus de formation. C'est contre-intuitif... C'est pourquoi nous avons soutenu... et nous avons insisté sur ce point pendant des années. C'était un impôt sur l'emploi. Plus il y avait de travailleurs, plus la charge était lourde. C'était odieux. Nous n'étions pas d'accord.
C'est pourquoi nous sommes heureux que, au moins, le robinet soit maintenant fermé. Mais nous déplorons que cet argent se soit envolé, que, soudain, même sur le plan théorique, il ne soit plus là. S'il y a un ralentissement, les réserves ne sont que de 2 milliards de dollars. Comment nous débrouiller?
Ce que David a dit me plaît. Il faut réfléchir davantage aux moyens d'éviter que les employeurs et les employés ne soient ceux qui écopent. Le pire moment, pour relever les taux, c'est pendant un ralentissement.
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Merci, monsieur le président.
Les syndicats et les employeurs qui ont témoigné devant le comité s'entendaient pour dire que la création de l'office était un pas dans la bonne direction et que l'argent émanant des surplus a été détourné et n'aurait pas dû être utilisé à cette fin. Le ministre lui-même l'a reconnu. Comme l'a dit M. Whyte plus tôt, c'est quasiment une taxe à l'emploi.
Vous avez aussi dit au comité quelque chose qui ferait consensus, à l'exception d'une note discordante: les 2 milliards de dollars de réserve ne sont pas suffisants et les fonds détournés devraient d'abord servir à constituer la réserve. Vous avez peut-être pris connaissance du rapport du Comité permanent des ressources humaines, du développement social et de la condition des personnes handicapées de décembre 2004 et de février 2005, qui contenait 28 recommandations. De ces 28 recommandations, huit étaient unanimes. Une de ces recommandations avait pour but de rapatrier dans la caisse les fonds détournés à un rythme de 1,5 milliard de dollars par année, afin de ne pas affecter le Trésor canadien.
Pourquoi 1,5 milliard de dollars par année? Parce que cela représente 50 p. 100 de la réserve habituelle du gouvernement canadien pour les imprévus, laquelle n'est jamais utilisée. Il faut reconnaître ces 50 milliards de dollars comme un emprunt au même titre que lorsque le gouvernement canadien emprunte sur les marchés financiers.
Qu'en pensez-vous? Devrions-nous continuer en ce sens? Ce que vous dites m'amène à penser qu'on devrait peut-être continuer dans cette voie. La question de l'emploi doit être aussi prise en compte, ce dont je ne suis pas sûr, mais je suis prêt à écouter les suggestions. Une des suggestions est de nous inspirer du modèle de l'Irlande pour mettre en place un système de flexisécurité. Je ne sais pas si vous comprenez. Autrement dit, on nous a suggéré d'utiliser une partie de cet argent pour former les gens afin qu'ils réorientent leur carrière et accèdent au marché du travail.
Avez-vous réfléchi à cette question? Qu'en pensez-vous, monsieur Stewart-Patterson?
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Vous avez posé plusieurs questions très intéressantes.
En ce qui concerne la récupération des excédents passés, j'estime que le passé est le passé. Pour ce qui est d'ajouter un peu plus au compte pendant les années de transition — s'il y a un consensus pour dire que 2 milliards de dollars, malgré l'avis des actuaires, est un peu risqué et qu'il faut un peu plus —, c'est d'accord, que ce soit 1,5 milliard ou le montant disponible en fin d'exercice pendant deux ou trois ans. Je suis prêt à envisager ce genre de récupération, si on veut, comme mesure de transition.
Quant à envisager un mécanisme à long terme pour rembourser 50 milliards de dollars pendant la prochaine génération, il faut se demander en fin de compte si c'est le meilleur usage à faire de cet argent pendant une année donnée. Autrement dit, si nous disons aux gouvernements des années à venir de réinjecter 1,5 milliard de dollars dans le fonds de l'assurance-emploi pour faire certaines choses par l'entremise de ce fonds, c'est autant d'argent qu'on ne pourra pas utiliser pour accroître les transferts aux provinces au titre des soins de santé ou de l'éducation. C'est de l'argent qui ne sera pas utilisé pour réduire d'autres impôts fédéraux ou pour offrir d'autres programmes fédéraux.
En d'autres termes, l'utilisation des nouvelles ressources sera un choix de politique du moment. Il faut choisir le meilleur usage à faire de l'argent des contribuables. Je ne veux pas dire que, automatiquement, telle ou telle utilisation de l'argent sera la meilleure pendant des années à venir.
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J'invite les députés à reprendre place.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 29 novembre 2007, le comité passe à l'étude article par article du .
Nous accueillons des témoins du ministère des Ressources humaines et du Développement social. Merci d'être là. Il y a donc Nathalie Martel, directrice intérimaire, Politiques de la sécurité de la vieillesse, Michel Montambeault, directeur, Bureau du surintendant des institutions financières Canada, Régime de pension du Canada et Sécurité de la vieillesse, et Cathy Doolan, avocate principal et spécialiste du soutien au contentieux. Nous vous remercions d'être parmi nous aujourd'hui.
Commençons. Chers collègues, l'étude du préambule est reportée, conformément au paragraphe 75(1) du Règlement, comme vous le savez tous, certainement. Nous allons nous prononcer sur le préambule lorsque tous les articles auront été étudiés.
Nous en sommes au premier article.
Aucun amendement n'a été présenté. S'il y en a...
Madame Dhalla.
Comme vous pouvez le constater, nous avons signé des accords avec 51 pays. Nous ne pouvons signer des accords qu'avec les pays qui ont des régimes de sécurité sociale semblables à celui du Canada. Nous pouvons assurer la coordination et ajouter les périodes passées dans les deux pays pour que soient respectées les exigences minimums d'admissibilité.
Nous avons entrepris des négociations avec l'Argentine et le Brésil ainsi qu'avec la Roumanie. Notre objectif est d'avoir des accords avec le plus grand nombre de pays possible pour protéger les droits de nos immigrants.
Malheureusement, nous ne pouvons avoir d'accord avec des pays comme l'Inde ou la Chine. L'Inde, en particulier, a récemment instauré un régime de pensions, et il présente des problèmes, à notre avis. Nous sommes allés en Inde il y a environ cinq ans. Il y a des problèmes d'administration. Le pays n'a pas d'index central d'assurance sociale qui permettrait d'échanger de l'information. Nous suivons de près l'évolution de la situation en Inde dans l'espoir de pouvoir entamer des discussions avec ce pays dans un avenir pas trop éloigné. La Chine, par ailleurs, n'a aucun régime de sécurité sociale avec lequel nous pourrions coordonner notre régime de pension.
Je ne sais pas si j'ai répondu à toutes vos questions, madame Dhalla.