SCYR Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 1re SESSION
Sous-comité des enfants et jeunes à risque du comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées
Témoignages du comité
TABLE DE MATIÈRE
Le mercredi 20 février 2002
¹ | 1535 |
Le président (M.John Godfrey (Don Valley-Ouest, Lib.)) |
M. Spencer |
Le président |
Une voix |
Le président |
Mme Julie Mackenzie (attachée de recherche auprès du comité) |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie (représentante en santé communautaire, Chippewas of Nawash Health Centre) |
Le président |
Mme Helena Joanne Keeshig (enseignante de langue autochtone, garderie Nshimi) |
Le président |
Mme Helena Keeshig |
¹ | 1540 |
Le président |
Mme Helena Keeshig |
Le président |
Mme Helena Keeshig |
¹ | 1545 |
Le président |
Mme Helena Keeshig |
¹ | 1550 |
¹ | 1555 |
Le président |
Mme Helena Keeshig |
Le président |
Mme Monique Guay (Laurentides, BQ) |
º | 1600 |
Mme Helena Keeshig |
Ms. Guay |
Le président |
º | 1605 |
Mme Kim Akiwenzie |
º | 1610 |
Le président |
M. Spencer |
Mme Kim Akiwenzie |
Mme Helena Keeshig |
º | 1615 |
M. Spencer |
Mme Helena Keeshig |
M. Spencer |
º | 1620 |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
M. Spencer |
Mme Helena Keeshig |
Mr. Spencer |
Le président |
Mme Monique Guay |
º | 1625 |
Mme Kim Akiwenzie |
Mme Monique Guay |
Mme Kim Akiwenzie |
Mme Guay |
Le président |
Mme Diane St-Jacques (Shefford, Lib.) |
Mme Kim Akiwenzie |
º | 1630 |
Mme Helena Keeshig |
Mme Kim Akiwenzie |
Mme Kim Akiwenzie |
Mme Diane St-Jacques |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
º | 1635 |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
Mme Helena Keeshig |
Le président |
Mme Helena Keeshig |
Mme Kim Akiwenzie |
Mme Helena Keeshig |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
º | 1640 |
Mme Kim Akiwenzie |
Mme Helena Keeshig |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie |
º | 1645 |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
M. Alan Tonks (York-Sud--Weston, Lib.) |
Mme Helena Keeshig |
M. Alan Tonks |
º | 1650 |
Mme Kim Akiwenzie |
M. Alan Tonks |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie |
Mme Monique Guay |
Le président |
º | 1655 |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
Mme Helena Keeshig |
Le président |
Mme Helena Keeshig |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
Mme Helena Keeshig |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
Mme Kim Akiwenzie |
Le président |
CANADA
Sous-comité des enfants et jeunes à risque du comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées |
|
l |
|
l |
|
Témoignages du comité
Le mercredi 20 février 2002
[Enregistrement électronique]
¹ (1535)
[Traduction]
Le président (M.John Godfrey (Don Valley-Ouest, Lib.)): Bienvenue.
Un des témoins voudrait prendre des photos.
Êtes-vous d'accord?
Larry, ça vous dérange si on prend des photos?
M. Larry Spencer (Regina--Lumsden--Lake Centre, Alliance canadienne): J'ai besoin d'une coupe de cheveux, mais autrement, je n'ai aucune objection.
Le président: Malheureusement, une de nos invitées, Marcia Peters, représentante de la Première nation de Walpole Island, ne peut se joindre à nous aujourd'hui. Toutefois, nous avons la chance d'accueillir Kim Akiwenzie et Helena Joanne Keeshig.
[Français]
Une voix: Est-ce que Marcia Peters va pouvoir venir à une autre séance?
Le président: Est-ce qu'on va la réinviter?
[Traduction]
Mme Julie Mackenzie (attachée de recherche auprès du comité): Si c'est possible, oui. Elle vient de se décommander, donc je ne sais trop. Je n'ai pas eu l'occasion de lui parler.
Le président: Nous allons essayer de la réinviter.
Je ne sais pas dans quelle mesure vous êtes au courant de ce que nous faisons, mais nous menons une étude approfondie sur la condition des enfants des Premières nations qui vivent dans les réserves et à l'extérieur de celles-ci. Nous nous concentrons, pour l'instant, sur les enfants qui vivent à l'intérieur des réserves. Nous sommes heureux de vous rencontrer, car nous allons ainsi pouvoir procéder à un examen objectif de la question. Nous aimerions avoir une image fidèle de la situation, en connaître les aspects positifs—nous avons déjà une idée des problèmes qui existent. Vous pourriez aussi formuler des recommandations, par exemple, sur les programmes de développement des jeunes enfants, c'est-à-dire depuis la naissance jusqu'à l'âge de six ans, les services à offrir aux enfants âgés de 6 à 12 ans, la mise en place de systèmes de soutien efficaces pour les familles et leurs enfants, travail qui se ferait de concert avec les Premières nations. Vous constaterez que nous sommes remplis d'ambition, idéalistes et même rêveurs.
Kim, je vois que vous êtes en train de vous installer, ce qui veut dire que vous allez être la deuxième à témoigner.
Mme Kim Akiwenzie (représentante en santé communautaire, Chippewas of Nawash Health Centre): Oui, je m'occupe de la présentation multimédia.
Le président: Alors, madame Keeshig, nous sommes prêts à entendre ce que vous avez à dire. Nous savons que vous travaillez dans une garderie, mais parlez-nous de votre communauté, décrivez-nous un peu le milieu dans lequel vous vivez.
Mme Helena Joanne Keeshig (enseignante de langue autochtone, garderie Nshimi): En ojibway, on dit Neyaashiinigmiing. C'est comme cela qu'on appellait notre communauté à l'origine. Elle était connue, dans le passé, sous le nom de Cape Croker, nom qui figure toujours sur les cartes. Nous sommes situés dans la péninsule Bruce, du côté de la baie Georgienne. Neyaashiinigmiing signifie «terre entourée d'eau». Nous sommes entourés de trois falaises de roche calcaire. Elles forment un mur, et c'est très beau. Il n'y a que deux routes qui donnent accès à la communauté.
Le président: Quelle est la ville la plus proche?
Mme Helena Keeshig: Wiarton. Nous sommes situés au nord de celle-ci, à 20 minutes de distance. Le centre-ville le plus proche est Owen Sound, et c'est là que la plupart de nos membres achètent leur nourriture et leurs vêtements, qu'ils vont se divertir.
Nous comptons environ 720 habitants. La bande compte près de 2 000 membres, et nos jeunes représentent environ les deux tiers de la population.
Nous avons une garderie, et c'est là que je travaille. Nous offrons des programmes à l'intention des enfants en bas âge, des tout-petits, des enfants d'âge préscolaire et scolaire. Nous offrons des cours de la prématernelle à la huitième année. Une fois leur huitième année terminée, les enfants doivent se rendre en autobus à Wiarton, où il y a une école secondaire. Nous offrons également, depuis deux ou trois ans, un programme d'éducation alternative, qui vise à répondre aux besoins des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. Nous offrons un programme d'aide à l'enfance autochtone. Les responsables de ce programme travaillent en collaboration avec la Société d'aide à l'enfance. Ils viennent en aide aux familles dans le besoin. La communauté compte une église catholique et une église unie, un poste d'essence, un centre de crise et un poste de police. Il y a aussi plusieurs entrepreneurs qui vendent du poisson. Il y a beaucoup d'hommes au sein de la communauté qui pratiquent la pêche. Nous avons une pisciculture, un service d'incendie et un parc qui accueille des touristes. Nous avons enfin notre propre conseil scolaire.
Voilà qui décrit notre communauté.
¹ (1540)
Le président: Comment se portent les enfants?
Mme Helena Keeshig: Comment se portent les enfants?
Le président: Comment vous portez-vous, comment se portent les enfants?
Mme Helena Keeshig: Nos enfants ont des problèmes. Il y a beaucoup d'abus d'alcool et de drogues, de violence familiale. Nous manquons de logements. Certains de nos jeunes meurent des suites d'une consommation excessive d'alcool. Voilà ce qui se passe. Ce n'est pas très gai.
Quand j'ai accepté de comparaître devant le sous-comité, je me suis demandée ce que j'allais dire. Je suis professeur de langue autochtone à la garderie. J'enseigne l'ojibwemowin aux enfants en bas âge, aux tout-petits, aux enfants d'âge préscolaire et scolaire. Je m'occupe également du matériel didactique pour les enseignants. Je traduis des histoires et des chansons pour les enfants de la garderie.
Le fait de côtoyer ces enfants m'a permis de constater une chose: ils comprennent la langue, ils l'apprécient, ils prennent plaisir à l'apprendre et ils apprennent très vite. Mon rôle auprès des enfants de la communauté consiste à les initier à l'ojibway. Toutefois, cela ne représente qu'une partie infime de ce que je fais, des rêves que je caresse pour l'avenir de ces jeunes. Je regarde les adolescents dans notre communauté, je vois ce qui leur arrive et je fais tout mon possible pour répondre à leurs besoins.
J'ai trois jeunes adolescents, et je suis également un parent d'accueil. J'ai vu, tout comme mes enfants, les dommages que cause l'abus d'alcool et de drogues. J'ai vu la violence. J'ai vu certains de nos jeunes mourir. Des amis très proches ont perdu un enfant. Or, je sais que notre langue et notre culture peuvent contribuer à donner à notre peuple de l'espoir, à nos enfants, une raison de vivre.
Je vais m'arrêter ici, car vous m'avez prise un peu au dépourvu. J'avais toutefois préparé quelque chose.
¹ (1545)
Le président: Ce n'était pas mon intention.
Mme Helena Keeshig: Je vais d'abord dire quelques mots au sujet de mon milieu. Vous pourrez peut-être ensuite me poser des questions.
[Le témoin s'exprime dans une langue autochtone]
Bonjour, chers amis, comment allez-vous?
Voilà le nom qui m'a été donné par le peuple Anishinaabe: femme de paix. J'appartiens au clan du loup, et je suis membre de la Première nation Neyaashiinigmiing.
Mon nom, en anglais, est Helena Joanne Keeshig. Je m'occupe de l'éducation des jeunes enfants à la garderie Nshimi. Je suis également professeur de langue autochtone. J'ai trois garçons, et je suis aussi un parent d'accueil.
[Le témoin s'exprime dans une langue autochtone]
Vous m'avez invitée, aujourd'hui, à venir vous parler de nos enfants, de notre avenir, et je vous en remercie. Je voudrais surtout mettre l'accent sur les enfants et les jeunes autochtones à risque, la langue et la culture autochtones, et la nécessité pour ces jeunes de connaître et de comprendre leur héritage. Pour cela, les jeunes ont besoin de l'appui et de l'encouragement des membres de leur famille immédiate et élargie, de programmes communautaires, du soutien des autres membres de la communauté et de leurs dirigeants, à tous les niveaux. Aujourd'hui, nos enfants ne font pas que voir des bandes dessinées à la télévision. Ils sont exposés à des scènes de violence domestique, à l'abus de drogues et d'alcool, à des cas de grossesse chez les adolescentes, à la promiscuité, au VIH, au sida, ainsi de suite.
Comment peut-on améliorer la situation? Quels sont les besoins de nos enfants? Comment peut-on y répondre? À qui doit-on s'adresser? À quel moment doit-on intervenir et où? Quel rôle la langue et la culture autochtones jouent-elles? La connaissance et la compréhension de sa langue et de son héritage façonnent l'identité culturelle d'un peuple, lui donnent un caractère unique, créent chez lui un sentiment d'appartenance, lui permettent de s'affirmer.
Vous m'avez invitée aujourd'hui dans le but de parler de la condition des enfants et des jeunes autochtones à risque. J'aimerais d'abord vous donner un aperçu du milieu d'où je viens. Les enseignements du peuple Anishinaabe remontent à des milliers et des milliers d'années. On nous dit que tout, dans la vie, est sacré, qu'il faut respecter et protéger les enfants, étant donné qu'ils sont l'avenir des nations.
On nous dit qu'il y a sept périodes de la vie, et que les premières années de la vie d'un enfant doivent être [le témoin s'exprime dans une langue autochtone], bien protégées. [Le témoin s'exprime dans une langue autochtone] veut dire que les enfants ne devraient manquer de rien, que tous leurs besoins devraient être satisfaits. Cela veut dire que les enfants devraient s'attendre à ce que les adultes qui les entourent veillent sur eux, les protègent, répondent à leurs besoins sur les plans intellectuel, affectif, physique et spirituel. Cela veut dire que les enfants ne devraient pas se demander d'où proviendra leur prochain repas, qu'ils ne devraient pas être exposés à la violence et aux abus, à la pauvreté et à la faim. Ce n'est pas leur responsabilité, mais la nôtre.
Les enfants connaissent ensuite une période plus agitée, et cela, tous les parents d'adolescents le savent. C'est une période où les enfants commencent à voler de leurs propres ailes, à être plus autonomes, plus indépendants. Ils commencent à prendre des décisions, à expérimenter. Et tout cela est parfaitement normal, naturel. C'est un phénomène que notre peuple comprenait déjà à l'époque de nos ancêtres. Les rites de passage constituaient un moyen d'enseigner aux jeunes le caractère sacré de la vie, le respect de soi sur les plans intellectuel, affectif, physique et spirituel. L'ensemble de la communauté s'occupait de l'éducation des jeunes. Aujourd'hui, sans ces enseignements, nos enfants et nos jeunes ne peuvent connaître et comprendre le peuple Anishinaabe. Ils luttent pour survivre dans un monde complexe, assument des responsabilités qui ne sont pas les leurs, ressentent un vide qu'ils cherchent à combler au moyen de choses matérielles. Il faut mettre un terme à tout cela. Nous devons assumer nos responsabilités, remplir notre rôle de parent, de grand-parent, d'oncle et de tante.
¹ (1550)
Comment pouvons-nous améliorer la situation? Il faut prendre le temps de connaître et de comprendre les enseignements du peuple Anishinaabe, il faut apprendre à se connaître, adopter des habitudes de vie saines. Nous devons intégrer ce savoir, ce mode de vie, au niveau de la communauté, aux garderies, aux programmes d'aide à l'enfance autochtone, à nos écoles.
Quand devons-nous le faire? Maintenant. Nos enfants ont faim, nous devons les nourrir. Nos enfants ont froid, nous devons les envelopper dans notre culture. Nous devons leur apprendre notre langue, leur chanter nos chansons. Nous devons leur enseigner l'histoire de notre peuple, calmer leurs esprits afin de leur donner plus de forces. Nous avons tous le devoir de faire en sorte que les sept générations à venir soient bien protégées. C'est là un de nos enseignements. Je dois regarder vers l'avenir et me demander: qu'ai-je légué à ces générations? De l'eau propre? De l'air pur? Nous ne l'avons pas fait, et les enfants vont en subir les conséquences, alors que ça ne devrait pas être le cas.
Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que la culture et la langue autochtones sont importantes, qu'elles font partie de la solution en ce qui concerne les enfants et les jeunes autochtones à risque. Cela veut dire que nos enfants pourront, grâce à la langue et à la culture autochtones, acquérir une identité culturelle, apprendre à se respecter, à avoir davantage confiance en soi. Cela veut dire qu'ils pourront se tailler une place dans le monde, participer de façon active à la société. Cela veut dire qu'il faut tout mettre en oeuvre pour que nos enfants aient accès à la culture et à la langue autochtones. Il faut établir des programmes d'éducation qui incorporent la langue et la culture autochtones, offrir ceux-ci dans nos écoles et garderies, concevoir d'autres programmes qui visent à répondre aux besoins des enfants.
Nous devons faire toutes ces choses, sauf que ce n'est pas évident, surtout dans mon milieu. La langue et la culture ne font qu'un. Je peux vous enseigner la langue et, une fois que vous commencez à connaître l'origine et la racine des mots, vous pouvez vous familiariser un peu avec votre histoire, vos ancêtres, découvrir comment le créateur nous a mis sur terre. Anishinaabe veut dire «d'où il provient». Cela remonte à l'époque où le peuple Anishinaabe a été créé. Nous sommes ici depuis le début des temps, et nos enfants doivent le savoir.
J'ai trois fils. Deux d'entre eux n'ont pas été élevés dans ma culture. Autrement dit, ils ont reçu, à leur naissance, des noms anglais, et ont été baptisés. Voilà comment ils ont commencé leur existence. Mon troisième fils a été élevé dans ma culture. Il a maintenant 15 ans. Il a reçu un nom du peuple Anishinaabe, il a sué, il a jeûné. Il a gardé ses cheveux longs jusqu'à ce qu'il soit en mesure de prendre la décision, en s'inspirant de nos enseignements, de les couper. Il a entrepris une nouvelle étape de sa vie, en gardant nos enseignements à l'esprit. Ainsi, quand il subira la pression de ses pairs, quand ceux-ci l'encourageront à consommer de la drogue, de l'alcool, il se posera des questions, ce qu'il fait déjà. Et ce n'est pas terminé. Il lui reste encore quelques années avant d'atteindre l'âge adulte. Toutefois, je suis certaine qu'il est en sécurité, qu'il est sérieux, qu'il a les idées claires.
¹ (1555)
Voilà ce que nous devons enseigner à nos enfants. Les enfants ont besoin de leur langue. Ceux que je côtoie l'assimilent bien. Ils la comprennent. Je connais deux, trois et peut-être même quatre enfants qui trouvent que l'ojibwemowin est plus simple que l'anglais. Comme ils ont de la difficulté à s'exprimer en anglais, ils ont besoin d'autres ressources. Des orthophonistes leur montrent comment prononcer les mots en anglais et corriger leur bégaiement, alors qu'ils maîtrisent leur propre langue sans difficulté. C'est extraordinaire.
Notre communauté ne compte que trois professeurs de langue. Il y a moins de 100 personnes dans la communauté qui maîtrisent parfaitement bien la langue. Je suis un de ces trois enseignants, et je ne maîtrise pas bien la langue. Il y a deux autres enseignants dans notre communauté qui connaissent bien la langue, mais ce sont des anciens, et travailler dans les écoles constitue pour eux une tâche ardue. Ils ressentent non seulement le poids de l'âge, mais également la pression, puisqu'ils ont parfois l'impression que les enfants n'apprennent pas assez vite.
Nous avons besoin d'une salle de classe pour enseigner l'anishinaabemowin. Nous avons besoin d'une salle de classe pour enseigner la culture. C'est ce que veulent les enfants. Ils me demandent: «Est-ce que j'exécute bien le pas de danse? Pouvez-vous me montrer comment danser? Comment dites-vous cela en ojibway?» Quand je rentre dans un restaurant, les gens se tournent vers moi et me demandent: «Joanne, comment dit-on cela dans notre langue?» Et je leur réponds «minikaachigan», parce qu'ils savent qu'ils peuvent s'adresser à moi à toute heure de la journée, dans la garderie et ailleurs. Ils ont soif de savoir, et nous devons les nourrir. Nous devons écouter ce que disent ces jeunes. C'est très important. Ils savent ce dont ils ont besoin.
Le président: Merci beaucoup. C'était un magnifique exposé en deux parties, aussi importantes l'une que l'autre. Je ne voulais pas vous déboussoler, mais je crois que votre déclaration préliminaire nous a grandement aidés à nous faire une image juste de la collectivité.
Êtes-vous née là-bas?
Mme Helena Keeshig: J'y suis née et c'est là que j'ai grandi.
Le président: Quelqu'un désire ajouter autre chose?
[Français]
Mme Monique Guay (Laurentides, BQ): Oui, j'en aurais, mais je vais parler dans ma langue. Je vais parler en français.
C'est très touchant d'avoir des gens qui sont sur le terrain qui viennent nous rencontrer en comité. Ce sont des gens qui sont en action à tous les jours, qui voient ce qui se passe de près et qui sont souvent touchés personnellement par des événements qui se produisent dans leur regroupement, dans leur population. Cela se passe régulièrement. Donc, ce sont des gens qui sont touchés constamment, qui savent quels sont les besoins et qui les connaissent. Donc, je vous remercie beaucoup, Helena Joanne, de votre présentation. C'était fort intéressant.
Comme on cherche à trouver des solutions, des solutions rapides, des solutions où l'on peut agir de façon tangible, je cherche à savoir ce qu'on pourrait faire. Que recommandez-vous au comité aujourd'hui? Que demandez-vous pour que ça aille mieux pour les jeunes? Vous avez parlé de problèmes de drogue et d'alcool. On entend beaucoup parler de cette situation, surtout chez les autochtones. Que peut-on faire comme comité? Quelles recommandations pouvez-vous nous faire pour qu'on puisse vous aider à solutionner ce problème?
º (1600)
[Traduction]
Mme Helena Keeshig: Son exposé répondra probablement à ces questions.
[Français]
Mme Monique Guay: D'accord.
[Traduction]
Le président: Gardez votre question; nous y reviendrons plus tard.
Mme Akiwenzie.
º (1605)
Mme Kim Akiwenzie: D'accord.
C'est un poème de Haim Ginott, écrit à l'origine, pour les éducateurs, mais je crois qu'il s'applique à tous les gardiens et gardiennes d'enfants, parents, enseignants, et tous ceux qui ont une influence sur d'autrui. Je l'ai modifié quelque peu.
J'en suis venue à la conclusion effrayante
Que je suis l'élément déterminant
À la maison, à la garderie, dans une classe,
Au Parlement, en tant que membre d'un sous-comité ou d'un comité permanent.
C'est mon approche personnelle qui détermine le climat.
C'est mon humeur quotidienne qui fait la pluie ou le beau temps.
En tant qu'enseignant et éducateur, en tant que formateur,
Je possède un pouvoir immense:
Celui de rendre la vie d'un enfant misérable ou joyeuse.
Je peux être outil de torture ou source d'inspiration.
Je peux humilier ou faire plaisir, blesser ou guérir.
Dans toutes les situations, c'est moi qui décide du dénouement d'une situation de crise, si un enfant sera humanisé ou déshumanisé.
Dans notre planification, nos stratégies, nos initiatives,
Nous devons promouvoir le ressourcement par l'humour, les actions humanisantes,
Nous devons aussi inspirer et favoriser la réussite de nos enfants.
Nous voulons que les gens puissent s'améliorer,
Nous voulons que la collectivité puisse s'améliorer,
Nous voulons une meilleure province, un meilleur pays.
Merci.
º (1610)
Le président: Merci et bravo. C'est un magnifique début.
Nous disposons d'environ 45 minutes pour discuter d'un sujet très important. Nous sommes privilégiés de vous accueillir ici, de pouvoir être en mesure d'étudier une collectivité particulière, de pouvoir comprendre sa situation plutôt que de généraliser. Cela nous est très utile. Bien que nous regrettions l'absence de l'autre témoin que nous devions accueillir, nous pourrons ainsi discuter plus en détail de votre collectivité, ce qui est un aspect positif. Nous sommes moins nombreux que d'habitude, ce qui nous permettra de mieux répondre aux questions de chacun. Je vous remercie donc toutes deux pour vos exposés très touchants et très utiles.
Larry voulez-vous commencer? Je crois que nous pouvons discuter de manière non formelle, étant donné le contexte.
M. Larry Spencer: Oui, je serais heureux de commencer, et je tiens à m'excuser à l'avance parce que je devrais partir tôt aujourd'hui, une fois de plus. Je ne sais pas pourquoi mon temps de parole à la Chambre m'est toujours accordé immédiatement après la séance de ce comité.
Vous avez fait toutes deux un excellent exposé. Vous avez répondu à l'avance à toutes les questions que j'avais écrites pendant que vous parliez si bien que je ne vous demanderai que quelques précisions.
Laissez-moi d'abord vous expliquer ma position avant de vous poser des questions. Je ne désire manifester aucun esprit critique, mais je veux seulement approfondir honnêtement les choses. Comme le sait le président, j'ai moi-même un fils autochtone, que j'ai adopté lorsqu'il avait trois ans; et il en aura bientôt 30. Donc les Autochtones occupent dans mon coeur une place tout à fait spéciale.
Certains des problèmes les plus importants sont causés par l'alcool et d'autres facteurs, dont vous avez un peu parlé. Vous avez mentionné plusieurs facteurs positifs, mais selon vous, quel est l'outil le plus efficace pour éloigner les jeunes de l'alcool?
Mme Kim Akiwenzie: Nous devons leur permettre de développer leurs aptitudes, de participer à des sports et à d'autres activités enrichissantes. Nous devons leur offrir des occasions de grandir et même dans certains cas, des occasions de se ressourcer au sein de la famille.
Mme Helena Keeshig: Je suis d'accord. Je suis une alcoolique, mais je ne bois plus depuis 14 ou 15 ans. Pour moi, le changement est survenu lorsque je suis retournée vers mes origines et que j'ai repris les coutumes des Anishinaabe. Depuis, ma vie est différente et je vis par l'exemple. C'est aussi ce que j'enseigne à mes enfants. Ils m'accompagnent aux cérémonies, et je les encourage à jeûner, à suer, à chanter, à danser et à participer avec les autres jeunes de même mentalité. Lorsque nous allons aux cérémonies, ce sont les gens que nous y rencontrons et mes enfants sont ainsi entourés des membres de leur famille étendue. Même si ces personnes ne sont pas de notre famille, elles font partie du même clan. Donc, une personne qui fait partie du Clan des loups à Bad River, au Wisconsin, peut être un oncle ou une tante pour mes enfants et les traiter de la même manière, les encourager et les appuyer.
Ce sont donc quelques-unes de nos activités et Kim a aussi fait mention du traitement familial. Il faut admettre que nous faisons aussi partie du problème. Nous ne pourrons simplement pas dire à nos enfants de ne pas boire d'alcool et de ne pas consommer de drogues si nous en buvons et en consommons nous-mêmes. Il est injuste de s'attendre à cela de leur part. Les jeunes gens nous regardent et si les chefs de la communauté ne donnent pas le bon exemple, les jeunes s'en aperçoivent; nous leur transmettons ainsi un message contradictoire. Il est très important d'admettre que nous faisons partie du problème et de la solution, que nous apportions les changements voulus et que nous en discutions ouvertement.
º (1615)
M. Larry Spencer: Merci.
Vous nous avez démontré que vous aimez les enfants et que vous vous préoccupez d'eux. Vous nous avez décrit comment vous aimeriez—si je peux m'exprimer ainsi—les choyer et les protéger, comme nous voudrions tous le faire en tant que parents et même en tant que collectivité. Quelles sont vos attentes vis-à-vis des enfants dès la petite enfance? Comment croyez-vous qu'ils réagiront face à ce genre de soins? Comment leur enseignez-vous à réagir de manière positive?
Mme Helena Keeshig: La garderie est un lieu de socialisation pour les petits; c'est là qu'ils apprennent à vivre en société. Ils ne sont pas sociables de naissance si bien qu'il faut leur donner un modèle de comportement social positif. Il faut leur donner les mots qui leur permettront de s'affirmer. Lorsqu'un enfant enlève un jouet à son ami, il faut que ce dernier puisse lui expliquer que ce n'est pas acceptable. Cela s'applique à tous les âges; il faut être capable d'expliquer à autrui que telle ou telle chose n'est pas acceptable. Il n'est pas acceptable d'apporter de la drogue et de l'alcool à la maison; cette maison doit être sécuritaire et je m'attends à ce que tu...
Il faut parler aux enfants. J'ai dû apprendre à être un bon parent. En fait, j'ai dû apprendre à être parent, un point c'est tout. J'ai dû reprendre mes responsabilités en tant que parent, j'ai dû établir des règles pour mes enfants. Tous les cours que j'ai suivis en éducation de la petite enfance m'ont appris que les enfants ont besoin de structure; ils doivent savoir ce à qu'on attend d'eux; ils doivent connaître les conséquences de leurs actes. Nous ne leur enseignons pas grand-chose avant 13 ans et nous nous retrouvons alors de parfaits étrangers dans notre maison. À partir du moment où nous concevons un enfant, nous savons qu'un jour il sera un adolescent, mais nous attendons la dernière minute pour prendre les mesures nécessaires.
Le retour aux racines nous permet de nous préparer à cela, d'être un parent, d'être prêt mentalement à avoir des enfants. Lorsqu'on décide d'avoir un enfant, il ne faut pas le faire pour la gloire. Il faut vraiment y réfléchir. Sommes-nous prêts à prendre la responsabilité de créer la vie? Notre situation financière nous permet-elle de prendre soin d'une autre vie? Sommes-nous prêts sur le plan émotif à mettre au monde un autre être humain?
M. Larry Spencer: Nous sommes sur la même longueur d'onde, car je crois aussi que c'est très important. Nous essayons de mettre l'accent sur l'éducation des enfants d'âge préscolaire, mais vous nous expliquez qu'il faut aussi tenir compte de l'éducation et de l'encadrement parental, et ainsi de suite, et je ne sais pas comment nous pourrions y arriver dans le cadre d'un programme de garde d'enfants.
º (1620)
Le président: J'aimerais intervenir. Je crois que nous devons d'abord établir une distinction entre la période allant de la conception à l'âge de six ans et la période allant de l'âge de six ans à douze ans. Par exemple, le sondage que vous avez fait semble porter principalement sur les enfants de six à douze ans. Est-ce bien cela ou portait-il aussi sur des enfants plus âgés?
Mme Kim Akiwenzie: Les jeunes qui ont participé au sondage avaient 12 et 13 ans.
Le président: Oh, ils avaient 12 et 13 ans. Je vois.
Nous devons comprendre que le développement de la personne comporte diverses périodes et peu importe la façon dont elles sont décrites, selon votre culture traditionnelle ou toute autre culture, je crois que le développement de la petite enfance repose en partie sur les ressources parentales, l'appui parental, les cours de compétences parentales, les haltes-garderies et la capacité d'apprendre des autres parents qui ont des enfants du même âge. On peut alors demander à d'autres comment ils font face aux problèmes que tous connaissent avec un enfant de deux ans ou de trois ans, ou un enfant de tout autre âge; ainsi il n'y a pas de séparation entre les travailleurs professionnels des services à l'enfance, les enfants et les parents. Tous font partie de la même équipe. Selon moi, c'est ce que nous devons faire.
M. Larry Spencer: D'accord. J'aimerais vous poser une dernière question difficile.
Je viens de la Saskatchewan où les familles agricoles ont dû effectuer une grande transition et, dans bien des cas, elles ont dû quitter leurs fermes parce qu'elles ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins, en raison de l'insuffisance de leur revenu. J'aimerais maintenant vous demander dans quelle culture voudriez-vous que vos enfants grandissent? Peuvent-ils grandir dans cette collectivité et y rester? Est-ce que la transmission de votre propre culture les empêchera d'aller où ils trouveront un emploi, ou pourront-ils demeurer dans leur collectivité? À quoi les préparez-vous vraiment?
Mme Helena Keeshig: Lorsque nous parlons de langue et de culture, nous parlons d'enseigner à nos enfants comment vivre de la bonne façon sur le plan moral et spirituel, de la façon pour laquelle nous avons été créés. Une fois assimilés, cet enseignement, ces chansons et cette langue peuvent se vivre n'importe où ailleurs. Peu importe où nous vivons dans le monde, nous pouvons conserver un lien avec notre culture. Lorsque nous avons une identité culturelle, nous prenons avec confiance la place qui nous revient dans le monde.
M. Larry Spencer: C'est une très bonne réponse.
Le président: Madame Guay.
[Français]
Mme Monique Guay: Je suis tout à fait d'accord là-dessus. Je ne me verrais pas parler de ma culture en oubliant la langue que je parle. Cela ne m'empêche pas de vouloir parler deux, trois, quatre ou cinq autres langues, de vouloir voyager à travers le monde et même de vivre dans d'autres pays. Mais à la base de ce que je suis réellement, de tout mon être...
Évidemment, on ne peut pas vivre de cette façon. Il faut avoir une base solide. On sait que chez les enfants, c'est entre la naissance et l'âge de 5 ans qu'on leur donne cette base. On dit souvent qu'un enfant se forme entre 0 et 5 ans et que c'est à ce moment que les enfants s'engagent sur une route. Si vous ne leur donnez pas la base nécessaire pour passer au travers: leur culture, leur langue, leurs connaissances, leurs racines, c'est évident que ces enfants-là vont toujours être un peu perdus, parce qu'ils ne s'identifient pas nécessairement à une autre culture, ou ils ne s'identifieront pas nécessairement aux habitudes des autres peuples.
Donc, il est sûr et certain qu'en leur donnant cette base, on peut leur éviter beaucoup de problèmes. Pour ma part, j'ai deux adolescents qui ne sont pas des autochtones, mais qui sont en pleine adolescence et qui vivent, eux aussi, des problèmes comme tous les autres adolescents. Ce sont des problèmes probablement moins pires que ceux que vivent certains des jeunes chez vous, mais il y en a qui en ont autant même s'ils ne sont pas autochtones ou qu'ils ne vivent pas dans des réserves ou ailleurs. Je pense qu'il faut les aider et leur assurer une présence.
Dans votre cas, vous vous trouvez dans une réserve. J'imagine que vous avez un territoire. Est-ce que vous recevez de l'aide de la province? Quel est le mode de fonctionnement? Avez- vous des ententes, des protocoles d'entente pour la prestation de services? C'est surtout ça qui me tracasse; je n'ai pas beaucoup entendu parler d'aide financière, d'aide sous forme de services. Y a-t-il des ententes qui peuvent améliorer votre situation, vous aider à mieux éduquer vos enfants tout en respectant votre culture, votre langue?
º (1625)
[Traduction]
Mme Kim Akiwenzie: Nous nous sommes entendus sur certaines stratégies provinciales et fédérales en vue de promouvoir le bien-être dans certaines régions. Mais parfois nous essayons par le biais ces ententes de répondre aux besoins qui existent vraiment, même si nous n'y arrivons pas toujours. Nous donc essayons de fournir des services sans peut-être toujours répondre aux besoins réels.
[Français]
Mme Monique Guay: À ce moment-là, est-ce qu'on vous impose des règles qui sont peut-être trop sévères pour vous? C'est ce que vous semblez dire. Est-ce qu'on vous impose des normes qui ne vont pas avec les besoins que vous avez, vous, présentement? Est-ce qu'il y a moyen de contourner ça? Est-ce qu'il y a moyen de faire des ententes différentes?
C'est un problème, monsieur le président, qu'on verra en fonction des groupes qui vont nous rencontrer dans les prochaines semaines. Il y a en a qui ont des besoins spécifiques qui sont complètement différents des autres. Si on a des balises from coast to coast to coast, c'est peut-être ça qui fait qu'il y a des problèmes d'adaptation. Les normes ne sont peut-être pas assez flexibles selon les besoins des différentes nations, des différents groupes des différentes réserves.
[Traduction]
Mme Kim Akiwenzie: C'est exact.
[Français]
Mme Monique Guay: Il va falloir qu'on étudie ça un peu plus à fond. Ce serait intéressant de rappeler Mme Peters, qui n'a pu être présente aujourd'hui, et la ramener devant le comité. Elle est une agente de développement. Ça nous aiderait beaucoup de l'entendre pour l'application de ces normes-là.
Vous avez toute ma sympathie. Continuez votre beau travail. Je pense que c'est important que vous soyez là, que vous soyez à l'écoute des enfants, que vous puissiez les aider en première ligne. C'est ce dont ils ont le plus besoin.
Le président: Madame St-Jacques.
Mme Diane St-Jacques (Shefford, Lib.): À l'instar de mes collègues, je veux vous féliciter, moi aussi, de votre présentation et de votre présence. Je pense que vous faites un travail énorme sur le terrain et avec les jeunes également.
Le problème de toxicomanie m'inquiète. Dernièrement, au Québec, il y a eu un sondage au niveau des jeunes qui a démontré que, de plus en plus, les jeunes commencent à consommer au primaire, ce qui ne se faisait pas il y a quelques années. Mais maintenant, on commence très, très jeune. Je me demandais si vous aviez remarqué ce même phénomène chez vous. On trouve des revendeurs au primaire, ce qui est assez grave parce qu'il y a des jeunes de cinq ans qui sont là et qui peuvent faire face à cela.
Dans votre présentation, Kim, vous parliez de ressources et de services spécialisés dans un centre de traitement de toxicomanie pour jeunes autochtones. Qu'est-ce qui se fait présentement? Vous avez sûrement des moyens que vous utilisez actuellement. Qu'est-ce que vous faites pour les aider? Avez-vous déjà des lits qui sont installés pour les jeunes toxicomanes, ou n'avez-vous aucune ressource pour les aider?
[Traduction]
Mme Kim Akiwenzie: Malheureusement, il n'existe aucun centre de traitement «autochtone» pour les jeunes de moins 16 ans. Ils peuvent se rendre à Owen Sound, mais parfois ont de la difficulté à faire face au choc culturel, à traiter avec les conseillers et les thérapeutes qui ne connaissent pas vraiment leur environnement. Les genres de situations ou de questions auxquels ils sont exposés au sein de la collectivité sont parfois un obstacle.
Avez-vous quelque chose d'autre à offrir?
º (1630)
Mme Helena Keeshig: Nous savons que nous pensons différemment, parce que nous appartenons à une culture différente. C'est difficile pour nos jeunes, et pour nous-mêmes, de s'adresser à une personne qui vient d'une autre culture et d'ouvrir notre coeur, parce que souvent cette personne ne comprend pas d'où nous venons, ce que nous avons vécu, ce qui nous est arrivé. Cela remonte à plusieurs années avec les pensionnats et ce genre de choses, les agents indiens et les restrictions imposées aux Autochtones. Notre collectivité vit donc un traumatisme multigénérationnel, entre autres choses.
[Français]
Mme Diane St-Jacques: Avez-vous dit qu'il n'y avait pas de centre et que vous ne pouviez pas vous occuper des jeunes de moins de 16 ans, que ce sont seulement des jeunes de plus de 16 ans? Est-ce que j'ai bien compris? Donc, qu'est-ce qui se passe pour les plus jeunes?
[Traduction]
Mme Kim Akiwenzie: Malheureusement, il faudra plusieurs générations pour surmonter cela.
Mme Kim Akiwenzie: Cette période est très critique et très risquée dans la vie des jeunes. Nous avons dû à faire face à de graves incidents dans notre collectivité en raison du manque de service. C'est une des expériences les plus tristes que l'on puisse vivre.
[Français]
Mme Diane St-Jacques: Vous avez parlé de lack of service. Je continue dans le même ordre d'idées. Ça suit peut-être un peu ce que Mme Guay disait.
C'est sûr que c'est difficile d'avoir des programmes qui vont faire l'affaire des différentes communautés parce que les besoins sont différents. Mais dans ce qui existe présentement, est-ce qu'il y a des choses que vous pensez que l'on devrait améliorer? Est-ce qu'il y a des programmes où l'on devrait augmenter le budget parce que ça fonctionne très bien et qu'il y a des résultats? Est-ce qu'il y a aussi des programmes que l'on devrait tout simplement laisser tomber parce qu'ils ne donnent rien?
[Traduction]
Mme Kim Akiwenzie: Je crois que nous devons absolument avoir un centre de traitement pour les jeunes Autochtones dans la province, ainsi que quelques centres de traitement des toxicomanes à divers endroits. Certains centres de traitement s'occupent des cas d'abus de solvants et des cas très graves de toxicomanie, mais si un jeune n'a que des problèmes d'alcool, ou peut-être de drogues de la rue, il n'y est pas à sa place. Seuls ceux qui prennent des solvants, sont des cas critiques. Toutefois une telle consommation demeure dangereuse à cet âge.
Je crois qu'il faut absolument créer un centre de traitement pour les jeunes Autochtones qui souffrent de toxicomanie, qui sont auteurs ou victimes d'agressions sexuelles ou qui doivent suivre un traitement de gestion de la colère. Ce sont les trois principaux types de services dont nous avons besoin et, en ce moment, ils ne sont pas offerts. Dans notre collectivité, lorsque les fournisseurs de services doivent aider les jeunes ou les familles en difficulté, ils ne sont pas en mesure de fournir les services requis pour les aider à surmonter leur toxicomanie ou les obstacles qui se dressent devant leur bien-être.
Le président: J'ai d'innombrables questions, mais je crois que nous serions ici jusqu'à demain matin si je les posais toutes. Mais comme je suis le président, je peux me permettre un peu de liberté.
J'aimerais d'abord comprendre quelques points. Je crois que dans votre exposé, vous avez expliqué qu'environ 720 personnes vivent sur la réserve, mais que plus de 2 000 personnes font partie de cette Première nation, et que...
º (1635)
Mme Kim Akiwenzie: Elles peuvent vivre n'importe où au Canada ou aux États-Unis, mais sont toujours membres de la collectivité. Elles conservent un lien avec la collectivité et y ont de la famille.
Le président: Donnez-moi des détails sur les va-et-vient. Ces 720 personnes demeurent-elles presque toujours dans la collectivité, est-ce que d'autres personnes se rendent à la réserve de manière saisonnière, ou y reviennent en visite? Comment est-ce que cela fonctionne?
Mme Helena Keeshig: Elles re viennent en visite. Des gens vivent à l'extérieur de la réserve pendant de nombreuses années, mais décident de revenir s'y installer. Certains membres de la collectivité ont déménagé à la ville, y sont demeurés pendant 20 ou 30 ans, et sont revenus. Leurs enfants reviennent avec leurs propres enfants pour vivre sur la réserve et s'établir au sein de la collectivité. Cela est de plus en plus fréquent.
Le président: Vous avez donné une brève description de l'économie. Vous nous avez expliqué que beaucoup de personnes vivent de la pêche dans la baie Georgienne, je crois. Connaissez-vous le taux officiel d'emploi ou de chômage? C'est ma première question. Deuxièmement, est-ce que des gens se rendent travailler à Wiarton ou à Owen Sound?
Mme Helena Keeshig: J'imagine que quelques personnes travaillent à l'extérieur de la réserve, à Owen Sound ou à Wiarton, mais elles sont très peu nombreuses. Nous offrons 22 programmes dans la collectivité pour répondre aux besoins de nos membres, et à la garderie, nous comptons environ 18 employés qui fournissent des services aux familles de la réserve. Un grand nombre de nos programmes sont financés grâce à des subventions, par exemple le programme d'alphabétisation et le programme de préparation à l'emploi pour les jeunes qui n'ont pas de diplômes d'études secondaires ou autres. Ces programmes sont déjà en place.
Mme Kim Akiwenzie: Ce sont des initiatives à court terme.
Mme Helena Keeshig: Effectivement. Il y a aussi le travail saisonnier.
Mme Kim Akiwenzie: Je crois que le travail saisonnier est celui qui offre les plus grandes possibilités d'emploi. Par exemple, la pêche est plus productive à une certaine période. Une grande partie des membres de notre collectivité, de catégories et d'âges divers, pratiquent la pêche. Il y a même des femmes qui pêchent. C'est un travail exténuant et c'est probablement le principal élément d'autonomie économique. Les autres possibilités d'emploi sont limitées, tout comme leur durée d'ailleurs.
Lorsque vous parlez des va-et-vient de la population, l'emploi est sans doute l'une des principales raisons pour lesquelles les gens ne demeurent pas dans la collectivité. Celle-ci compte donc 2 000 membres, mais le nombre de membres qui demeurent sur la réserve n'est que de 720. Il y a donc un nombre important de personnes qui ne vivent pas dans la collectivité et cela s'explique certainement par les occasions qui existent à l'extérieur.
Le président: Ce qui est si difficile pour notre comité et probablement toute personne qui cherche à faire ce qu'il faut, c'est qu'il existe tellement de choses en dehors de définition pure et simple des services de développement de la petite enfance ou des services pour enfants et adolescents, comme celles qui se rapportent à l'emploi, au logement et à une multitude de questions propres aux adultes. Je suis presque d'avis que deux autres rapports devraient être ajoutés à notre série de quatre rapports, puisque nous devons aussi penser aux jeunes de 12 à 18 ans, mais, pour le moment, occupons-nous uniquement des deux premiers groupes.
Supposons que nous puissions offrir les meilleurs services possibles à tous les jeunes enfants de la réserve, en commençant par ceux de zéro à six ans, et que nous puissions continuer à les offrir tout le long de la chaîne—à partir de la conception, c'est-à-dire à partir du moment où une femme se rend compte qu'elle est enceinte, ou bien que quelqu'un d'autre apprend qu'une femme est enceinte—non pas en appliquant des principes de sociologie de façon brutale, mais en appuyant et en respectant les meilleures valeurs culturelles que vous nous avez décrites, les belles années. Si tous les autres facteurs demeurent constants, par exemple les problèmes de logement et tous les autres obstacles qui se dressent devant vous, et si nous mettons l'accent sur les enfants et leurs familles, pourriez-vous apporter des améliorations concrètes à la collectivité? Ce serait certainement bien, mais est-ce que cela aurait un effet multiplicateur, des retombées dans d'autres domaines? En d'autres termes, est-ce par là qu'il faut commencer pour aider la collectivité? Nous avons notre propre opinion, mais nous aimerions connaître la vôtre.
º (1640)
Mme Kim Akiwenzie: Je pense que viser les enfants de zéro à six ans est une bonne idée. Il est important de donner aux parents les capacités de stimuler les jeunes pendant cette phase de développement, en leur fournissant de l'information sur les besoins des enfants, sur les valeurs à promouvoir au sein de la famille, sur certaines structures et règles, bref sur tous les éléments qui contribuent à l'équilibre familial. En outre, je pense que nous devons ajouter à cela une composante culturelle.
Mme Helena Keeshig: Les initiatives prises doivent être axées sur la culture. Il faut pouvoir intervenir dès le début, expliquer des choses aux parents et les encourager de la meilleure façon qui soit en leur disant : “vous avez donné la vie, comme vos ancêtres avant vous”. Il y a tellement de choses qui manquent à notre collectivité et à notre identité culturelle, à cause de tout ce qui nous est arrivé. Il y a une poignée de gens qui font un retour en arrière et réapprennent certaines valeurs à la collectivité; ils transmettent les leçons des anciens, enseignent à bien vivre, parlent du tabac et des vertus de nos produits médicinaux ainsi que des rites de passage à l'âge adulte pour les jeunes hommes et les jeunes femmes. Tout cela revient, mais nous devons aller plus loin. Tous les programmes mis en oeuvre doivent donc être axés sur la culture.
Le président: Kim a dit que nous devons créer des programmes souples, pouvant s'adapter aux critères définis par le bureau central. Nous avons certainement entendu, dans le courant de l'automne, que divers ministères fédéraux ont... Vous pouvez certainement les nommer vous-même. Il y a le ministère du Développement des ressources humaines, qui affecte des fonds aux services de garde d'enfants, Santé Canada, qui s'occupe du programme Bon Départ, puis le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien.
Voyons si ceci marcherait : Admettons que vous réunissiez tous ces fonds et que vous visiez la couverture à 100 p. 100 pour toutes les femmes enceintes, tous les nouveaux-nés et tous les enfants jusqu'à six ans, que vous vouliez respecter les spécificités culturelles et mettre le programme en oeuvre dans un centre consacré à l'enfance et à la famille. Ce programme sera finalement créé et il sera, dès le départ, autant axé sur la santé que sur l'éducation et le développement. Maintenant, si nous prenons l'ensemble de ces différents programmes et que nous créons un programme holistique qui couvre l'ensemble des phases de développement—disons à partir de la conception jusqu'à six ans—et que nous regroupons tous les services dans un seul centre de manière à assurer une couverture à 100 p. 100, pensez-vous que ce soit une idée saugrenue? Croyez-vous que cela pourrait fonctionner? Seriez-vous prêts à l'accepter ou pensez-vous que c'est aller trop loin?
Mme Kim Akiwenzie: Je pense que c'est une bonne idée. Lorsque nous parlons de développement communautaire, nous devons également penser à favoriser le bien-être. C'est une bonne chose que d'éduquer et de donner de l'information aux parents pour les rendre meilleurs et faire en sorte qu'ils puissent ensuite aider leurs enfants à se réaliser. Mais si ces parents sont aux prises avec des problèmes, ils ne seront pas capables de voir les besoins en développement de leurs enfants. Je ne dis pas que c'est toujours le cas, mais je pense qu'il est vraiment nécessaire d'encourager le bien-être des familles. C'est bien de pouvoir entrer dans un modèle axé sur les enfants de zéro à six ans, qui cherche à combler leurs besoins et à stimuler le développement pendant les premières années de la vie, mais il faut également tenir compte des besoins culturels et favoriser le bien-être familial.
º (1645)
Le président: Admettons qu'il y a un projet pilote, car il y a toujours des projets pilotes, n'est-ce pas? Un projet qui engloberait tous ces programmes, pour travailler avec vous, traiter toutes les questions que vous avez soulevées, en tenant compte des différences culturelles, en prenant le meilleur des valeurs, de la religion, et en comblant les besoins des parents pour les aider à se sentir plus sûrs. Pensez-vous que sans dépenser tout l'argent nécessaire, jusqu'au dernier cent, il serait possible de concevoir un tel programme et de recevoir l'appui total de la collectivité? Il faudrait élaborer un programme qui réponde aux besoins universels de développement humain et respecte les particularités culturelles, tout en relevant les défis de taille auxquels sont confrontées ces familles au sein de votre collectivité. Cela vous semble-t-il insensé ou est-ce faisable?
Mme Kim Akiwenzie: C'est faisable.
Le président: Aimeriez-vous le faire?
Mme Kim Akiwenzie: Beaucoup.
Le président: Je dois admettre que ma question était biaisée.
Nous devons donc trouver comment faire.
J'ai dépassé de beaucoup le temps qui m'était imparti. Y a-t-il d'autres commentaires ou questions?
Alan.
M. Alan Tonks (York-Sud--Weston, Lib.): Je m'excuse de mon retard.
J'aimerais simplement avoir une précision. Le Nawash Health Centre se trouve-t-il dans la réserve ou à l'extérieur de la réserve?
Mme Helena Keeshig: Dans la réserve.
M. Alan Tonks: D'accord.
Au sujet des soins à la petite enfance, d'autres témoins que nous avons entendus ont insisté sur le fait qu'il était bien important, dans toutes les stratégies, de miser sur la famille. Je veux seulement poursuivre dans la même veine que le président. On emploie l'expression galvaudée de guichet unique. Un groupe nous a présenté le modèle idéal, et je pense que le président l'a évoqué. Dans l'aperçu que vous avez donné, vous avez dit qu'à certains égards, dans une communauté vulnérable, les besoins des jeunes ne sont pas bien différents de ceux des autres membres. Je crois comprendre qu'il y a un aspect culturel ici.
Pour revenir à ce que le président a dit, la recherche d'emplois, les occasions d'affaires dans de nouveaux secteurs qui cadrent mieux avec les besoins de la communauté, la recherche dans le domaine, l'acquisition de nouvelles connaissances à Wiarton ou à Owen Sound ou la participation aux débouchés dans la réserve sont-ils des aspects qui assureraient la prospérité des communautés et favoriseraient le développement des enfants mais aussi des autres membres plus vieux? Les services offerts actuellement vous satisfont-ils, pour ce qui est de la recherche d'emplois, du recyclage et des projets de développement communautaire? Les services vous satisfont-ils, et pourrait-on en offrir d'autres qui aideraient la communauté à se développer?
º (1650)
Mme Kim Akiwenzie: Des services additionnels qui permettraient à la communauté de se développer seraient très utiles, oui. On offre un service de recherche d'emplois. On encourage l'esprit d'entreprise, mais on pourrait faire davantage à ce sujet. Il faut créer des occasions d'affaires. Nous sommes une communauté de pêcheurs et, il n'y a pas très longtemps, notre territoire de pêche était reconnu pour ce qu'il était, et il y a eu beaucoup de luttes. J'ai remarqué que beaucoup de gens essayaient de trouver du travail dans un ou l'autre domaine de l'industrie de la pêche. Cela m'a toujours fascinée. S'il y avait des perspectives d'emploi, des possibilités de se lancer en affaires ou de développer d'autres types d'économie, les gens participeraient.
M. Alan Tonks: Pensez-vous qu'il y a des lacunes en ce qui concerne la création d'emplois, l'acquisition de connaissances et le financement d'un autre type d'activité dans le secteur de la pêche? Pensez-vous que les possibilités ne sont pas aussi nombreuses que vous le voudriez?
Mme Kim Akiwenzie: Oui.
Le président: J'aimerais avoir une précision. Vous avez parlé de mieux-être. Ce mot s'utilise souvent pour faire la promotion de la santé, et il équivaut presque au mot santé, mais je pense que vous lui prêtez un autre sens, plus étendu. Voulez-vous m'en dire un peu plus à ce sujet?
Mme Kim Akiwenzie: Il faut offrir des possibilités de traitement aux familles. Il faut qu'un conseiller ou un thérapeute s'occupe des problèmes des enfants à l'école primaire. Les enseignants ont décelé ce besoin. Les enfants éprouvent des problèmes émotifs, les jeunes souffrent de toxicomanie, comme certains parents, et il y a d'autres problèmes. Quand je parle de mieux-être, j'englobe tous ces besoins, et il y en a dans beaucoup de domaines. Je pense que si on offre la possibilité aux gens de s'instruire, il faut aussi leur offrir la possibilité d'atteindre le mieux-être.
[Français]
Mme Monique Guay: Je pense que vous venez de nous donner une belle leçon de vie et un bel exemple des connaissances que vous avez acquises auprès de vos jeunes. Je pense aussi que cela va nous faire réfléchir sur nos façons de faire actuelles. Il faut faire preuve de beaucoup plus de flexibilité et il faut qu'on vous laisse choisir votre mode de fonctionnement selon vos vues ou vos souhaits afin que tout aille le mieux possible.
Vous avez parlé d'un centre de toxicomanie pour les jeunes. Ma collègue Mme St-Jacques vous a demandé si vous aviez un tel centre, et vous avez dit que non. Quand ces jeunes sont en crise ou ont besoin d'aide, y a-t-il une porte à laquelle ils peuvent frapper? Est-ce qu'ils ont des ressources quelque part? C'est inquiétant tout ça.
Les jeunes qui sont victimes d'abus ou qui vivent des problèmes familiaux ont-ils des portes où aller frapper? Vous semblez dire que non. Il y a des situations d'urgence chez vous à régler. Il va falloir que nous trouvions une façon de légiférer pour vous permette d'agir selon vos connaissances et selon vos besoins, dans votre communauté.
[Traduction]
Le président: Nous avons beaucoup discuté avec des fonctionnaires des programmes qu'ils estiment valables dans les réserves, et je vais seulement vous en citer quatre qui nous ont été présentés: le programme Bon départ à l'intention des Autochtones, le Programme canadien de nutrition prénatale, le Programme d'action communautaire pour les enfants et les services de garde d'enfants pour les Premières nations. Nous avons peut-être besoin d'une réaction écrite à ce sujet, mais j'aimerais savoir ce que vous pensez de l'utilité relative de ces programmes. Ces programmes existent-ils en totalité ou en partie où vous êtes, lesquels sont vraiment utiles et lesquels ne font aucune différence? Si vous jugez utile de faire des commentaires là-dessus, nous aimerions savoir s'ils sont efficaces à vos yeux, ou ce qu'ils pourraient apporter.
º (1655)
Mme Kim Akiwenzie: Nous avons le Programme canadien de nutrition prénatale qui encourage les mères à allaiter et offre aux parents et aux enfants des informations sur la santé nutritionnelle. L'accent est mis sur la santé nutritionnelle par opposition à une approche holistique de la santé.
Le président: Le programme s'adresse-t-il à toutes les femmes enceintes, ou seulement à certaines d'entre elles? Comment fonctionne-t-il?
Mme Kim Akiwenzie: Il ne s'adresse pas à toutes les femmes, parce que ce ne sont pas toutes les femmes qui veulent se prévaloir du service. Comme les fonds sont limités, ils sont consacrés aux ressources plutôt qu'à la prestation du service par des employés. C'est à la fois bon et moins bon. Il est bon d'avoir plus d'argent pour les ressources, mais il n'y a personne qui fait des visites à domicile, qui se rend chez les gens qui ont besoin d'aide.
Le président: Avez-vous les autres programmes? Le programme Bon départ à l'intention des Autochtones est-il offert chez vous?
Mme Kim Akiwenzie: Non.
Le président: Avez-vous le PACE?
Mme Kim Akiwenzie: Non.
Le président: Et les services de garde d'enfant pour les Premières nations?
Mme Helena Keeshig: Non.
Le président: C'est très intéressant à savoir.
Mme Helena Keeshig: Vous parlez des garderies, n'est-ce pas?
Le président: Oui.
Mme Kim Akiwenzie: Nous avons un service de garderie qui est efficace. Il a beaucoup évolué. Nous accueillons des bébés, des tout-petits, des enfants d'âge préscolaire et d'âge scolaire. Les enfants d'âge scolaire viennent à la garderie après l'école, et toute la journée pendant l'été.
Le président: Est-il financé par le gouvernement fédéral? DRHC?
Mme Helena Keeshig: Non, par le gouvernement provincial.
Mme Kim Akiwenzie: Le ministère des Services sociaux et communautaires.
Le président: Il faut en profiter quand on peut en Ontario, parce que c'est vraiment menacé.
S'il n'y a pas d'autres questions, je tiens à répéter que nous vous remercions beaucoup d'être venues nous rencontrer. Je pense vraiment que cela nous a permis de mieux comprendre les diverses facettes de la communauté. Ce serait évidemment mieux si nous allions vous rendre visite chez vous, mais je pense que nous aimerions bien rester en contact avec vous. Nous avons la folle idée de vouloir vérifier ce qui se passe auprès des gens qui peuvent nous renseigner. Nous vous félicitons du travail que vous faites auprès des enfants. C'est évidemment important. Nous partageons votre intérêt pour eux. Nous voulons que cette démarche soit couronnée de succès pour que tout le monde ait un bon départ dans la vie.
Merci d'être venues nous rencontrer, et nous allons rester en contact.
Mme Kim Akiwenzie: Merci de nous avoir accueillies. Ce fut très agréable.
Le président: Le plaisir était pour nous. La séance est levée.