SCYR Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
SUB-COMMITTEE ON CHILDREN AND YOUTH AT RISK OF THE STANDING COMMITTEE ON HUMAN RESOURCES DEVELOPMENT AND THE STATUS OF PERSONS WITH DISABILITIES
SOUS-COMITÉ DES ENFANTS ET JEUNES À RISQUE DU COMITÉ PERMANENT DU DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES HUMAINES ET DE LA CONDITION DES PERSONNES HANDICAPÉES
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le mercredi 9 mai 2001
Le président (M. John Godfrey (Don Valley-Ouest, Lib.)): Bienvenue à la séance hebdomadaire du Sous-comité des enfants et jeunes à risque.
Je tiens à vous signaler que notre séance précède une conférence très spéciale à laquelle vont participer des représentants des collectivités qui s'intéressent au développement des jeunes enfants et qui va se tenir cette semaine à Ottawa. Ces collectivités sont présentées par des chercheurs et par des intervenants communautaires de toutes les régions du pays.
Nous avons pensé qu'il serait très utile de tenir, avant cette conférence, une séance qui serait consacrée à ce qui constitue, d'après nous, la partie R-D des jeunes enfants. Nous voulons en savoir davantage sur le rapport qui existe entre la collectivité et le développement des enfants. Si j'ai bien compris le but de la conférence qui va se tenir demain, vendredi et samedi, elle va porter sur le lien qui existe entre la recherche et le travail sur le terrain. Elle va aussi offrir à tous les participants la possibilité de se parler.
J'aimerais également rappeler que les membres du comité sont invités et encouragés à assister à cette conférence. Nous assumons les frais des membres qui souhaitent y participer. Il y aura un petit déjeuner vendredi matin au cours duquel nous rencontrerons des représentants communautaires. Jusqu'ici, il n'y a que deux d'entre nous qui ont indiqué qu'ils y assisteraient mais si d'autres membres changent d'idée ou s'ils ont la possibilité d'assister à la conférence le vendredi, nous prendrons les arrangements nécessaires.
Permettez-moi de commencer par souhaiter la bienvenue à tous les témoins. Voilà une séance véritablement pancanadienne. Nous allons entendre Sharon Park, coordonnatrice de recherche pour le sud-ouest de Terre-Neuve, qui représente le Community Education Network, Margo Craig Garrison et Allen Zeesman qui représentent la direction générale de la recherche appliquée du ministère du Développement des ressources humaines Canada, Sarah Gallant de la Early Childhood Development Association de l'Île-du-Prince-Édouard, Eileen Grant qui représente First Call, B.C. Child and Youth Advocacy Coalition, Linda Nosbush du Saskatchewan Rivers School District et Jodi Lee, coordonnatrice de recherche pour le projet Comprendre la petite enfance dans la Winnipeg School Division.
Je ne sais pas si vous avez eu la possibilité de vous entendre sur l'ordre des interventions. Avez-vous choisi qui allait commencer ou est-ce à moi de le faire? Je note que M. Zeesman a levé la main avec un enthousiasme évident et il me paraît approprié de lui confier le soin de nous décrire le contexte dans lequel va s'inscrire notre discussion de cet après-midi, de nous faire l'historique du projet et de nous parler de ses objectifs.
Bienvenue à tous.
[Français]
M. Allen Zeesman (directeur général intérimaire, Recherche appliquée, ministère du Développement des ressources humaines): Merci beaucoup.
Je vais parler quelques minutes seulement. Ensuite, on va présenter nos invités d'un peu partout au pays et poursuivre la discussion avec vous.
[Traduction]
Il semble que l'on puisse désormais vous distribuer des notes résumées des exposés Vous pouvez donc les lire et il ne me paraît pas utile de vous en parler davantage. Je vais vous décrire un peu le contexte de ce projet et nous aborderons ensuite la situation particulière des différentes collectivités.
Nous avons constaté, il y a environ une dizaine d'années, qu'au Canada le genre de renseignements concernant le développement des enfants dont nous avions besoin n'existait pas; nous avons donc démarré un projet appelé l'enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes pour combler cette lacune. Nous avons commencé à recueillir des données pour cette enquête au milieu des années 90 et il s'est fait beaucoup de recherche à partir de cette enquête.
Vous avez sans doute déjà beaucoup entendu parlé de la plupart des résultats de cette enquête, même si vous n'avez peut-être pas toujours fait le lien avec cette enquête. Les journaux et les médias en ont beaucoup parlé et la plupart des résultats sont aujourd'hui des données de base sur le développement des enfants au Canada.
• 1525
Au cours de cette enquête, qui est d'ailleurs permanente, nous
avons constaté que la collectivité avait un effet très important
sur les enfants. Au-delà des facteurs comme le revenu, le rôle des
parents, le système scolaire et les autres aspects importants, nous
avons constaté que la communauté exerçait sur eux un effet
considérable; pour en apprendre davantage sur cet effet
communautaire, nous nous sommes rendus dans les collectivités pour
chercher à en savoir plus et pour apprendre ce qui se faisait
exactement au niveau des collectivités.
C'était là notre intention initiale en tant que chercheurs, mais lorsque nous nous sommes rendus dans les collectivités pour réunir des données à leur sujet, nous avons constaté que nous avions réuni, grâce à cette recherche, un ensemble de données très riches au sujet de ces collectivités que nous voulions transmettre aux collectivités pour qu'elles puissent les mettre en pratique immédiatement. Voilà donc les deux aspects essentiels du programme Comprendre la petite enfance: le volet recherche et le volet communautaire. Les deux sont axés sur les questions communautaires.
Le volet communautaire est l'élément dynamique du projet. Celui-ci est axé sur la collectivité, ce qui veut dire que l'initiative de la recherche vient de la collectivité. Jusqu'ici, seules les collectivités dans lesquelles il existait des regroupements d'organismes et d'organisations travaillant activement à l'amélioration de la vie des enfants ont eu le droit de participer au projet.
C'est la collectivité qui coordonne la recherche par l'intermédiaire d'un regroupement d'organismes communautaires et d'un coordonnateur de recherche local qui bénéficie de l'appui du DRHC pour ce projet. Tous les membres de la collectivité participent à la recherche, les parents, les enfants et les écoles. Une fois la recherche terminée, les collectivités élaborent des plans d'action communautaires visant à répondre aux besoins décelés grâce à la recherche et les mettent en oeuvre. C'est une approche à la recherche qui part de la base.
Je vais vous décrire les trois instruments que nous avons mis au point parce qu'ils risquent d'être mentionnés par les personnes qui vont vous parler de leur expérience: il y a l'instrument de mesure du développement de la petite enfance, qui s'adresse aux enfants de cinq ans, l'enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes, qui s'effectue à l'intérieur des collectivités et qui a une portée plus vaste que l'enquête initiale parce qu'elle comprend maintenant toute une série de questions sur la participation communautaire et enfin, l'étude du profil communautaire, qui répartit chaque collectivité en quartiers et examine l'affectation des ressources et le niveau socio-économique dans les différents secteurs de ces quartiers, ce qui donne une image plus fine de la collectivité, à partir de laquelle il est possible d'agir.
Nous avons choisi au départ cinq collectivités et elles sont toutes représentées ici aujourd'hui. Ces cinq collectivités ont été les premières à demander de participer à ce projet et à enclencher le processus. Les personnes qui les représentent ici vont vous décrire leur expérience du projet Comprendre la petite enfance.
Je vais donc leur donner la parole. Sarah va commencer. Cela vous convient-il, monsieur le président?
Le président: Oui. Nous pouvons procéder comme nous l'entendons.
M. Allen Zeesman: Margo Craig Garrison travaille avec moi au DRHC.
Le président: Très bien. Pourquoi ne pas choisir, de façon tout à fait arbitraire, de suivre le soleil et de commencer à l'est; nous commencerons donc avec Sarah Gallant de l'Île-du-Prince-Édouard?
Mme Sarah Gallant (coordonnatrice de recherche, projet Comprendre la petite enfance, Early Childhood Development Association of Prince Edward Island): Merci beaucoup.
J'aimerais vous parler aujourd'hui du travail passionnant que j'accomplis pour le projet Comprendre la petite enfance et du rôle essentiel qu'il joue dans l'ensemble de notre province ainsi que dans les différents secteurs de l'Île-du-Prince-Édouard.
Dans l'Île-du-Prince-Édouard, la Early Childhood Development Association donne une voix collective aux éducateurs et aux spécialistes des jeunes enfants depuis plus de 25 ans. Depuis plusieurs années, nous parlions dans notre province de l'importance de la petite enfance, lorsque le programme d'action national pour les enfants a été lancé, ce qui nous a fourni la possibilité de regrouper les différents secteurs qui avaient manifesté de l'intérêt pour la petite enfance.
Dans l'I.-P.-E., nous avons combiné les consultations prévues par le PANE avec les consultations organisées en vue d'élaborer une stratégie provinciale en matière de développement des jeunes enfants. La Early Childhood Development Association, dont je fais partie, a joué un rôle majeur dans l'élaboration de cette stratégie provinciale.
• 1530
La province et l'ECDA ont suivi de près la mise en place du
programme Comprendre la petite enfance dans North York, qui a été
le premier site pilote. Il nous a semblé que ce projet
s'intégrerait très bien à l'orientation que la province souhaitait
adopter au sujet des jeunes enfants. Nous étions convaincus, par un
certain nombre de raisons, que le projet Comprendre la petite
enfance prendrait une coloration tout à fait particulière s'il
était appliqué à l'Île-du-Prince-Édouard. Je crois que vous allez
pouvoir constater que chacune des collectivités choisies a apporté
une contribution unique à cette recherche.
Dans l'Île-du-Prince-Édouard, ce projet a donné des résultats particuliers à cause des orientations que notre gouvernement avait adoptées en matière d'élaboration d'une stratégie relative au développement des jeunes enfants. Il a donné naissance à un projet de mise en place d'un système de garderies communautaires de qualité, financé par l'État. Ce projet est arrivé à point nommé parce que nous avions tout juste commencé à implanter ce système. Je vais vous mentionner un aspect que vous allez, je l'espère, trouver très intéressant, c'est que notre petite taille nous a permis d'adopter une approche provinciale à ce projet. La province entière participe au projet Comprendre la petite enfance, que je vais désormais appeler le projet CPE, pour plus de commodité.
Les objectifs du projet CPE complètent parfaitement les orientations provinciales. Les outils de recherche qu'utilise le projet CPE vont faciliter l'élaboration de plans d'action dans toute la province à mesure que la stratégie provinciale va être mise en oeuvre. L'Île-du-Prince-Édouard offre une perspective unique sur le projet CPE parce que nous avons la possibilité d'élaborer et de suivre un programme de recherche et d'action sur tous les services et les programmes qui concernent le développement des jeunes enfants, et ceux à l'échelle de la province. C'est ce que nous faisons en ce moment grâce au projet CPE.
De nombreuses organisations et de nombreuses personnes provenant de divers secteurs de l'Île-du-Prince-Édouard participent à la mise en oeuvre de la stratégie provinciale. Le projet CPE, financé par DRHC, est considéré comme un élément global essentiel qui fait partie intégrante de notre action centrée sur les jeunes enfants, pour ce qui est de l'élaboration d'une stratégie et pour sa mise en oeuvre qui est en cours actuellement.
Les cartes que nous préparons pour le projet CPE nous aident à comprendre les facteurs géographiques et socio-économiques qui influencent le développement des enfants dans les collectivités. Notre taux de chômage élevé, le caractère saisonnier de l'emploi dans l'Île-du-Prince-Édouard, le niveau d'instruction et les faibles revenus sont tous des facteurs susceptibles de compromettre le développement des enfants dans nos collectivités.
Cependant, les résultats préliminaires provenant de l'instrument de mesure dont nous avons parlé et de l'ELNEJ montrent que nos enfants obtiennent de bons résultats comparés aux enfants du même âge qui vivent ailleurs au Canada. Face à ces données contradictoires, le projet CPE nous aide à comprendre ce qui se passe réellement. En fait, il est très intéressant de constater que l'enquête longitudinale révèle qu'il existe, dans toute l'île, des ressources et de nombreux services sociaux, des quartiers stables et un tissu humain serré.
Nous constatons que la cohésion d'une collectivité a un grand effet sur la façon dont les enfants se développent. C'est une donnée importante parce qu'elle nous aide à comprendre l'influence qu'exerce la collectivité sur le développement de la petite enfance et en particulier, sur la façon dont notre collectivité réussit à contrer des facteurs socio-économiques apparemment peu favorables.
Le projet CPE fournit un cadre dans lequel peuvent s'inscrire les priorités et les plans d'action provinciaux. Il est très stimulant de constater que c'est exactement ce qui se passe. Le projet CPE est un programme important et apprécié dans l'I.-P.-E.; il fait partie intégrante du processus consistant à évaluer globalement la façon dont nos ressources en matière de développement des jeunes enfants sont utilisées et dont nos collectivités appuient les actions prises dans ce domaine. Les outils de recherche fournissent des données à jour sur la situation et sont reconnus comme étant des outils de mesure et d'évaluation précieux pour la réalisation de la stratégie provinciale. Ils jouent un rôle clé dans la compréhension de ce qui se passe dans notre province.
Les résultats provenant du projet CPE fournissent à la province des renseignements utiles dans plusieurs domaines et je crois que cela constitue un des points forts de ce projet. Tout d'abord, les renseignements provenant du CPE sont utilisés par les réseaux d'action qui interviennent dans l'ensemble de la province. Chaque réseau s'intéresse à un aspect clé du développement des jeunes enfants, par exemple, la grossesse, la naissance, les tout jeunes enfants, les accidents concernant des enfants ou l'analphabétisme familial. Ce sont là trois domaines parmi treize.
Les réseaux d'action rejoignent les représentants communautaires et régionaux qui s'occupent de la conception et de la mise en oeuvre des programmes dans la province. Le fait de comprendre les défis auxquels font face nos diverses collectivités ainsi que les facteurs qui nous aident à remédier à ces difficultés constitue la base à partir de laquelle nous élaborons des plans d'action durables.
• 1535
Par exemple, nous pouvons fournir au groupe d'action en
alphabétisation familiale une image globale des résultats
qu'obtiennent nos enfants dans les tests linguistiques et de
lecture. Nous pouvons également fournir à ce réseau nos cartes qui
montrent où sont situées dans la province les ressources en matière
de langue et d'alphabétisation. Ajouté aux profils socio-économiques
élaborés dans nos collectivités, tout cela fournit au
réseau les moyens d'élaborer un plan d'action qui s'appuie sur des
données concrètes.
Nous avons également commencé à travailler dans le même sens avec les gouvernements municipaux, les autorités régionales et les centres de ressources familiales. Il existe de nombreux secteurs de notre province, ce qui comprend à la fois des organismes et des personnes, qui profitent de l'information préparée par le projet CPE. Parallèlement, l'information émanant du projet CPE peut-être assemblée à l'échelle provinciale en vue d'informer notre nouveau secrétariat de l'enfance et les groupes de travail sur la petite enfance et d'appuyer leur travail.
Enfin, les outils du CPE peuvent être utilisés par toutes les collectivités et les organisations, ce qui nous permet de travailler au niveau communautaire à l'élaboration de plans d'action qui tiennent compte de tous les aspects importants du développement des jeunes enfants.
Le projet CPE est une initiative de grande valeur qui est très complète parce qu'elle fournit des résultats qui encouragent chaque collectivité à s'examiner en détail, ou dans notre cas, à procéder à un examen à l'échelle provinciale, mais aussi au niveau des quartiers. C'est ce qui nous permet d'élaborer des stratégies durables qui vont véritablement améliorer le développement de nos enfants.
Cela fait un an et demi que nous participons au projet Comprendre la petite enfance et il y a déjà deux initiatives communautaires qui découlent directement du travail effectué pour le projet CPE. La première s'appelle «Building Child-Focused Communities». Ce projet a pour but de renforcer les capacités et les moyens d'action de nos spécialistes en éducation des jeunes enfants pour qu'ils puissent profiter davantage des rapports qu'ils entretiennent avec les parents et du fait qu'ils travaillent au sein des collectivités. Cette initiative est financée par le programme de mobilisation communautaire du Centre national de prévention de la criminalité. C'est la Early Childhood Development Association qui a lancé ces initiatives pour prolonger le travail effectué pour le projet Comprendre la petite enfance.
De plus, la ECDA et la P.E.I. Federation of Agriculture ont présenté conjointement à DRHC un projet dans le cadre du programme de partenariat en développement social. Ce projet de développement des jeunes enfants ruraux, un projet saisonnier, s'appuie lui aussi sur le travail réalisé par le programme CPE, et en utilise les résultats pour aider les collectivités agricoles à comprendre comment leur collectivité influence le développement de leurs enfants et pour les encourager à mettre au point des solutions communautaires adaptées à leurs enfants et à leurs familles. Ce projet a vraiment réussi à motiver les membres de la collectivité à travailler à l'élaboration de stratégies pour les enfants et leur a donné les moyens de les mettre en oeuvre.
Toute la province de l'Île-du-Prince-Édouard a pris conscience de l'importance des soins donnés aux tout jeunes enfants et en a fait la première priorité. Les outils et les ressources fournis par le projet CPE nous aident à comprendre la façon dont les collectivités influencent le développement des jeunes enfants et à élaborer des plans visant à améliorer ce développement.
En conclusion, le projet CPE fournit des données et une analyse touchant plusieurs niveaux et c'est ce que j'aimerais que vous reteniez de ce que nous vous disons aujourd'hui. D'un point de vue national, il est important de connaître la situation des enfants dans les différentes régions du Canada et de comprendre comment les actions que nous entreprenons pour améliorer le développement des jeunes enfants sont mesurées, perçues et suivies dans les collectivités. Deuxièmement, il y a l'analyse provinciale qui nous apporte des données clés sur lesquelles l'Île-du-Prince-Édouard peut fonder sa stratégie et suivre ses progrès.
Enfin, et surtout, il y a le travail que ce projet nous permet de faire avec les collectivités, quartier par quartier. C'est un aspect très important parce que nous savons que les collectivités exercent une grande influence sur le développement des jeunes enfants. C'est ce que nous enseigne la recherche. Chaque quartier et chaque collectivité est unique. Le projet CPE donne de bons résultats à ce niveau. Il offre aux groupes communautaires des outils qu'ils peuvent utiliser pour prendre des décisions au sujet de leurs enfants ainsi que pour mesurer et suivre comment ces décisions sont mises en oeuvre. Ce projet est arrivé à un moment particulièrement favorable pour l'Île-du-Prince-Édouard et il a déjà permis d'améliorer le développement de nos enfants et continuera à le faire. J'espère que toutes les collectivités canadiennes auront la même possibilité.
Je vous remercie beaucoup.
Le président: Merci beaucoup. C'est fantastique. Je vais maintenant aller à Winnipeg et donner la parole à Jodi Lee; elle représente la Winnipeg School Division, qui participe également à un autre projet CPE.
Bienvenue, Jodi.
Mme Jodi Lee (coordonnatrice de recherche, projet Comprendre la petite enfance, Winnipeg School Division): Je ne pense pas que l'on puisse trouver un endroit aussi différent de l'Île-du-Prince-Édouard que la ville de Winnipeg. Winnipeg est unique à cause de sa diversité. On retrouve dans cette ville des gens qui ont un niveau socio-économique extrêmement élevé, d'autres qui se trouvent au bas de l'échelle et à peu près tout ce qui peut exister entre les deux. Le centre-ville abrite une population autochtone très importante et cela crée un défi particulier lorsqu'il s'agit d'élaborer des programmes destinés aux enfants autochtones ou d'effectuer des recherches sur ce groupe.
Ce projet nous a offert la possibilité d'examiner comment se développaient tous nos enfants, et en particulier nos enfants autochtones de Winnipeg. Nous avons été très intéressés de constater que ce projet confirmait des choses que nous savions déjà et qu'il les présentait d'une façon qui en facilitait la diffusion. En particulier, l'établissement du profil communautaire a suscité beaucoup d'intérêt à Winnipeg. En fait, je travaille dans une optique tout à fait opposée à celle de Sarah parce qu'elle s'intéresse à l'ensemble de la province et je ne travaille même pas pour toute la ville. Je m'occupe d'un tout petit secteur de cette ville.
Beaucoup de gens à Winnipeg ont été très heureux d'avoir accès aux données fournies par le projet. Le profil communautaire contient des données sur Winnipeg que nous connaissions déjà mais il les présente d'une façon qui est facilement compréhensible par des gens qui n'ont pas toujours une formation en statistique. Il est facile de repérer les couleurs, et nous pouvons ajouter des marques indiquant les ressources existantes pour voir si elles correspondent aux couleurs et comment elles le font.
Tous les organismes de Winnipeg souhaitent vraiment participer à l'établissement de ce profil. Il a été très stimulant de constater que tout le monde réclamait ce genre de renseignements, parce qu'habituellement, la recherche est souvent perçue comme une activité ennuyeuse et théorique. Nous avons eu beaucoup de plaisir à faire ces tableaux.
Les collectivités commencent également à comprendre ce que la recherche peut leur apporter. Il existe des collectivités qui veulent améliorer le développement de leurs enfants mais ne savent pas comment le faire, ni à qui s'adresser. Le projet CPE peut maintenant leur fournir des statistiques. Il peut leur fournir des chiffres sur lesquels ils vont pouvoir s'appuyer pour présenter des demandes de subvention ou pour continuer à en recevoir, parce que tout cela est basé sur la recherche, aspect qui est très important pour les organismes de financement, comme nous le savons tous.
Il y a une chose sur laquelle la coalition communautaire de Winnipeg a insisté; elle tenait à ce que je vous dise qu'elle a trouvé très importante l'idée que les enfants ne grandissent pas en vase clos et qu'il est essentiel d'examiner la structure de la collectivité, en particulier si l'on pense aux résultats que l'on commence maintenant à obtenir à ce sujet. Nous commençons à constater que les secteurs où l'on retrouve un niveau socio-économique élevé n'obtiennent pas toujours les meilleurs résultats et que ceux qui ont un faible niveau socio-économique n'ont pas toujours les pires résultats. Nous constatons que l'écart se rétrécit, ce qui est très important.
Cela nous indique également qu'il y a d'autres facteurs qui jouent un rôle ici, au-delà du revenu ou de l'instruction. Ces facteurs conservent leur importance et nous devons continuer à les examiner mais il faut aussi passer à un autre niveau. Le projet CPE nous a permis de le faire. Nous pouvons consulter les membres de la collectivité et leur parler des choses qui pourraient leur être utiles.
Winnipeg se trouve dans la situation unique d'avoir une stratégie provinciale très structurée. Healthy Child Manitoba est un ministère intersectoriel qui regroupe tous les ministères du gouvernement provincial qui sont concernés par la stratégie pour les enfants et la stratégie pour les jeunes. Nous nous sommes entendus sur le fait que le projet CPE n'était qu'un début. Nous recherchons les données de base. Nous allons brosser un tableau de la situation actuelle et la province va ensuite transmettre ces données à la collectivité.
Nous allons analyser la situation et nous fixer une orientation. Il s'agit d'une approche très coordonnée, qui est au coeur du projet CPE: comment utiliser nos ressources de façon plus efficace? La ville, la province, les collectivités, tous ces niveaux collaborent pour traduire cette idée par des mesures concrètes.
Nous avons la même chose à l'autre extrémité. Nous collaborons avec la province, ce qui est excellent, mais nous avons également des réseaux de ressources de quartier dans tous les quartiers. Cela est très stimulant. Ils ont essayé de dresser des listes des ressources existantes mais ils n'ont pas vraiment la formation pour le faire. C'est une excellente occasion pour la Winnipeg School Division, premièrement, et ensuite, pour le projet CPE, d'aider ces réseaux à effectuer cette tâche. Nous avons connu des moments passionnants.
Nous travaillons en ce moment à élaborer une stratégie d'action basée sur la connaissance et je peux vous dire que les gens de Winnipeg ont beaucoup d'idées sur ce qu'ils aimeraient faire dans ce domaine. C'est vraiment merveilleux de voir que tous ces gens-là veulent s'impliquer dans ce projet; nous allons donc travailler maintenant dans cette direction. Cela est vraiment passionnant.
Le président: Merci beaucoup.
J'aurais dû mentionner que nous avons parmi nous une députée de Winnipeg qui s'appelle Anita Neville.
Mme Jodi Lee: Oui, c'est exact.
Le président: Vous vous connaissez bien.
J'aimerais que tous les membres qui sont présents puissent présenter leur projet. Je peux le faire jusqu'à un certain point. Il y a Roy Bailey et bien sûr, Linda Nosbush, qui vient du Saskatchewan Rivers School District. Est-ce dans votre région Roy?
M. Roy Bailey (Souris—Moose Mountain, AC): Non. C'est très loin.
Le président: Je vois. Je ne me suis pas trompé de province.
M. Roy Bailey: Non.
Le président: Linda, je vous souhaite donc la bienvenue. Parlez-nous donc de votre projet.
Mme Linda Nosbush (représentante, projet Comprendre la petite enfance, Saskatchewan Rivers School District): Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, chers collègues, mesdames et messieurs, c'est avec un grand plaisir que je suis venue vous parler aujourd'hui d'un projet de recherche dont je suis fière en tant que Canadienne, en tant que professeure, en tant que professionnelle, et enfin, en tant que mère.
Pendant mon voyage, qui était assez long, j'ai pris un journal. Après ce moment, tout se rapporte au CPE. Michael M'Gonigle disait qu'il fallait «Penser en termes de systèmes et non pas symptômes»; il parlait des problèmes d'eau qui existent dans notre province et dans la vôtre. Bien entendu, Hertzman dit «Pensez aux sociétés fondées sur la connaissance qui sont capables de s'organiser et de favoriser le développement humain».
C'est de cela dont il s'agit avec le projet CPE. Il faut identifier les symptômes, être en mesure de réfléchir à leur sujet et élaborer un plan d'action. Ces trois opérations découlent directement de ce projet national. Le plan d'action pour les enfants de la Saskatchewan est en fait antérieur au programme d'action nationale pour les enfants. Je peux donc vous parler aujourd'hui de ce que ces trois composantes nous ont apporté.
D'après le comité intersectoriel qui me parraine, ce projet particulier vise à présenter le programme d'action national à tous les membres de la collectivité. Il aide les citoyens à comprendre ce qu'est le développement et les répercussions qu'il a sur la vie entière. Qui plus est, il s'adresse à toutes les familles et non pas aux seuls fournisseurs de services; il offre aux familles le moyen de participer à ce processus et à la mise en oeuvre de mesures qui vont les aider à assurer leur avenir. Ce projet comporte des instruments de mesure qui permettent d'évaluer nos résultats. Nous avons cinq ans pour agir, et j'aimerais vous féliciter d'avoir prévu une période de cinq ans, parce que trop souvent nous finançons des projets à court terme, et cette période de cinq ans va nous permettre de faire beaucoup de chose. En bref, ce projet a responsabilisé notre collectivité et il a motivé la collectivité des premières nations, le gouvernement civil, les secteurs privé et public à prendre des actions. Ce projet permet à notre collectivité de se renforcer et d'évoluer.
Les données qui nous ont été fournies ont beaucoup aidé notre collectivité. J'aimerais vous parler un peu de Prince Albert. On lui donne souvent le nom de la ville des barreaux parce qu'il y a huit établissements pénaux en Saskatchewan et que le système judiciaire est notre principal employeur. Nous avons trois établissements de sécurité fédéraux, une institution provinciale pour les hommes et une institution provinciale pour les femmes, ainsi que trois établissements pour les jeunes. Il y a également une crise dans l'agriculture. En outre, Prince Albert a un centre-ville, avec les problèmes habituels. Nous avons une population dont le niveau socio-économique est élevé mais il y a aussi une population rurale très importante autour de notre secteur. La population est très mobile. Dans certaines écoles, 95 p. 100 des enfants changent d'école au moins une fois ou deux par an.
Nous avons constaté, grâce à l'instrument de mesure du développement de la petite enfance, qu'au moins un tiers des enfants se trouvaient dans le dixième le plus faible de l'échantillon national. Les statistiques que nous fournit notre conseil de la santé montrent que ce pourcentage va passer à 66 p. 100 avant que nous puissions mettre en oeuvre des mesures qui vont réduire ce risque. Notre taux brut de mortalité infantile est de 11,4 pour 1 000, ce qui représente le double de la moyenne canadienne.
Pour ce qui est de notre index social, nous avons établi le profil de notre ville. J'ai des cartes à vous montrer aujourd'hui. Comme vous pouvez le constater en regardant les deux secteurs à très haut risque que je vous montre, nous avons recensé toutes les installations et tous les services existants pour établir ce profil. Plus de la moitié de notre ville se trouve dans la catégorie des risques élevés.
Il y a un secteur particulier qui est la plaine à l'ouest de la ville. Nous avons un groupe organisationnel communautaire qui a mis sur pied toute une série de services intégrés et qui participe activement à la planification de cette collectivité. Ce secteur est toutefois éloigné de tous les autres services communautaires. Il y a un autre secteur de quartiers intermédiaires, qui représentent également un risque extrêmement élevé. Dix-neuf des 24 enfants qui fréquentent l'école dans ce secteur faisaient partie du dixième le plus faible de la nation.
Ce qu'il nous reste à faire pour préparer l'avenir, et voici des statistiques provenant d'une étude internationale, c'est d'aplanir les différences entre les populations à haut risque et à risque faible. Le Canada est représenté ici par la colonne jaune; nous sommes quelque part au milieu du diagramme dans ce tableau. Il faut chercher un moyen d'uniformiser les règles du jeu pour que l'on puisse changer les probabilités plutôt qu'être obligé d'aller contre elles.
• 1550
La situation de Prince Albert est considérablement aggravée
par des problèmes de toxicomanie. Dans certaines écoles, nous avons
des cas de syndrome d'alcoolisme foetal qui remontent à la
troisième ou à la quatrième génération. Ces cas représentent
parfois jusqu'à 80 p. 100 de la population scolaire. Nous avons
beaucoup d'établissements de jeux dans notre ville et un bon nombre
de nos citoyens les utilisent. Tous ces facteurs ont un effet
important sur la santé et sur le bien-être des familles et des
enfants de notre collectivité.
Cependant, tout n'est pas noir et les membres de notre collectivité s'entraident et partagent ce qu'ils ont; ils savent qu'ils sont beaucoup plus forts lorsqu'ils sont unis que lorsqu'ils sont seuls. Cela fait 30 ans que nous travaillons ensemble.
Je vais vous parler rapidement de la façon dont nous allons dépenser les fonds fédéraux qui vont être versés pour la petite enfance.
J'ai le plaisir de vous dire que nous avons un ministère de la petite enfance, qui a été créé tout récemment et qui est intersectoriel. À partir de cet automne, tous les nouveaux-nés feront l'objet d'une évaluation pour dépister les problèmes éventuels. Les enfants dont les besoins sont les plus pressants, ce qui représente environ 500 familles, vont être intégrés au programme de visites à domicile. Des spécialistes de l'alcoolisme, de la toxicomanie et de la santé mentale vont aider les familles pour lutter contre notre problème le plus grave, les anomalies congénitales reliées à l'alcoolisme et au syndrome d'alcoolisme foetal. Nous allons créer 195 nouvelles places pour les bébés et les programmes d'apprentissage préscolaires, ce qu'on appelle les prématernelles en Saskatchewan, vont être élargis. Un vaste programme destiné à aider les parents pour ce qui est des aptitudes parentales, de l'alphabétisation, de la nutrition et d'autres difficultés particulières à notre clientèle va être mis en place.
Il existe dans notre collectivité deux quartiers qui sont à risque élevé. Nous utilisons, en consultation avec la province, les données fournies par le CPE pour aider les gens à comprendre ce qui se passe.
Nous avons donc examiné les moyens de réduire les écarts pour uniformiser les règles du jeu. Nous avons également examiné la possibilité de réduire les effets latents de certains problèmes graves qui touchent à la petite enfance, comme l'alcoolisme et la toxicomanie. Nous avons également essayé de trouver les moyens d'éviter que les situations se reproduisent. J'aimerais vous raconter maintenant une histoire.
Lorsque j'ai visité le Pine Grove Correctional Centre for Women, un établissement qui s'est mérité de nombreuses récompenses nationales pour ses programmes d'aptitude parentale et d'alphabétisation, on m'a dit qu'une personne qui aurait une 11e année et qui serait propre, c'est-à-dire qui ne serait ni alcoolique ni toxicomane, n'aurait aucune chance d'échouer dans cet établissement. Il y a une personne sur les quelque 700 détenues qui va pénétrer dans cette institution et qui n'a pas ces problèmes, elle a une dépendance au jeu.
Les effets cumulatifs peuvent être très forts. Voici une autre histoire.
Il y a quelques semaines, j'ai visité la maternité de l'hôpital et j'ai vu un bébé de deux semaines dont venait d'accoucher une mère de 15 ans, sa troisième grossesse, premier enfant né vivant. Cet enfant était dépendant de l'alcool et des drogues. Il allait devoir prendre du phénobarbital pendant le premier mois de sa vie et être ensuite pris en charge par toute une série d'établissements d'accueil. En moyenne, les détenues ont connu dans leur vie huit foyers d'accueil. Pour ce jeune garçon, ce chiffre va être encore plus élevé. Il y a des effets qui s'accumulent et qui se font sentir toute la vie.
Nous savons également que l'environnement peut jouer un rôle sur l'aspect biologique du développement. Les enfants ont besoin de stimulus très divers pour se développer et s'ils ne sont pas stimulés au moment où ils devraient l'être, leur cerveau se façonne différemment. En outre, les enfants régissent rapidement, sans réfléchir, ce qui veut dire qu'ils ne sont pas naturellement prêts à apprendre; ils sont préparés pour s'enfuir ou pour se battre.
Biologiquement, ces périodes critiques sont propices au développement du langage, à la résolution de problèmes et des difficultés émotives, tout cela de façon positive. La plupart de nos enfants ne vivent pas dans des environnements qui stimuleraient ce genre de croissance avant d'arriver à l'école. Ces périodes critiques se situent dans l'ensemble avant cinq ans, au cours des premières années de l'enfance qui jouent un rôle essentiel.
Hertzman et Keating parlent de ce qu'un plan visant la petite enfance devrait comprendre et j'ai été très surprise de voir que votre comité avait eu la sagesse et la prévoyance de faire toutes les choses qu'ils suggèrent.
Un tel plan devrait être global. Il devrait comprendre l'éducation des jeunes enfants, les soins aux enfants, les aptitudes parentales et un soutien aux fournisseurs de soins. Vous méritez d'être félicité pour toutes les initiatives que vous avez prises dans ces différents domaines. Un tel programme devrait être universel et offert à tous les enfants. Il ne faudrait pas cibler des populations particulières. Ce programme devrait être intégré. Il ne faut pas qu'il y ait de solution de continuité dans les services et ces services doivent entourer et soutenir nos enfants.
• 1555
Ce projet devrait être conçu au niveau de la collectivité,
c'est à elle de préparer son propre plan d'action en fonction de
ses besoins, culturels notamment. Il devrait établir des normes de
qualité et aménager des mécanismes d'évaluation de notre action, de
façon à pouvoir mesurer nos réussites et à répartir les ressources.
Dans ma première vie j'ai fait de la littérature et je voudrais, pour terminer, vous citer un passage de l'oeuvre de Thomas Kinkade, le peintre de la lumière. Permettez-moi de vous dire que vous avez donné à notre pays des couleurs très gaies. Il dit:
-
Nous ne sommes peut-être maladroits lorsqu'il s'agit de manier les
peintures et les pinceaux mais cela ne nous empêche pas de créer
une oeuvre d'art complexe et belle: notre vie. Chaque moment que
nous vivons, chaque choix que nous faisons ajoute une touche au
tableau. Mais surtout, nous définissons ainsi le message que notre
oeuvre va transmettre au monde.
-
C'est la vocation la plus haute que nous puissions avoir dans notre
vie: faire du monde un endroit un peu plus lumineux grâce à la
façon dont nous peignons nos jours et nos heures, nos mois et nos
années [...] l'obscurité n'est pas une chose qui manque dans le
monde d'aujourd'hui [...] [mais il vaut mieux] allumer une bougie
que de s'emporter contre l'obscurité.
-
L'influence que peut avoir une oeuvre d'art est limitée par son
existence physique [...] une vie humaine est une oeuvre d'art qui
peut rejoindre l'éternité. Chaque vie peut toucher d'autres vies
qui, à leur tour, toucheront d'autres vies encore. Et c'est ainsi
que de l'un à l'autre, de génération à génération, se forment le
monde et l'avenir.
La Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant contient 54 principes qui ont été ratifiés par 191 des 193 pays. Caroline Castle a adopté cette série de principes et j'aimerais vous lire une de ses recommandations. Elle affirme qu'il faut savoir que les enfants sont une chose précieuse. Elle nous demande de les prendre dans nos bras s'ils tombent, et de les prendre par la main s'ils se perdent. Nous devrons leur donner les choses dont ils ont besoin pour qu'ils soient heureux et forts et les traiter de la meilleure façon possible chaque fois que nous nous en occupons.
J'aimerais donc, pour terminer, vous féliciter d'avoir créé la lumière que projette le projet Comprendre la petite enfance dans ce pays, vous allez éclairer notre chemin pendant des années, et pour avoir apporté ce dont les jeunes de notre pays avaient besoin en encourageant la diffusion d'un cadre conceptuel cohérent pour la compréhension de la petite enfance. Ce projet nous invite tous à nous joindre à la conversation et à traduire concrètement ce que cette conversation élargie nous aura apporté.
Le président: Merci pour un portrait particulièrement saisissant de Prince Albert.
Je tiens également à m'excuser auprès de Sharon, je sais bien que Terre-Neuve est la province la plus à l'Est. Je n'avais pas tout à fait compris... Terre-Neuve ne figurait pas sur la feuille que j'avais devant moi. Vous aurez la parole tout à l'heure.
Toutefois, avant de revenir sur la côte Est, il me paraît souhaitable, dans l'intérêt d'assurer une certaine uniformité, de passer à la Colombie-Britannique et à Eileen Grant qui représente First Call: BC. Là encore, nous avons un député qui vient de votre région, Libby Davies.
Bienvenue, Eileen. Dites-nous ce qui se passe chez vous.
Mme Eileen Grant (coordonnatrice de recherche, First Call: BC Child and Youth Advocacy Coalition): Merci beaucoup, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, mesdames et messieurs.
Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui pour vous parler du projet Comprendre la petite enfance et de vous raconter un peu ce qui se passe dans le secteur Fraser Nord du lower mainland de la Colombie-Britannique.
Le secteur Fraser Nord comprend les villes de Coquitlam, de Port Coquitlam, de Port Moody ainsi que les villages d'Anmore et de Belcarra. C'est une banlieue qui fait partie du district régional de Vancouver. Elle est située sur la rive nord du fleuve Fraser et on l'appelle souvent localement «les trois villes».
Le secteur du Fraser Nord couvre le même territoire géographique que notre School District 43; mais, si nous avons cinq gouvernements municipaux différents, on peut dire que dans l'ensemble cette collectivité se comporte comme si elle n'en formait qu'une.
Dans le secteur Fraser-Nord, il y a environ 190 000 habitants et un peu plus de 10 p. 100 d'entre eux, soit plus de 19 000, sont des enfants qui ont de zéro à six ans.
Les principaux commanditaires locaux de notre projet pour le secteur du Fraser-Nord sont notre district scolaire et le Fraser North Council for Children and Youth. C'est un conseil qui existe depuis plus de dix ans et qui travaille sur les questions concernant les enfants et les jeunes de la collectivité.
• 1600
Nous avons la chance d'avoir un district scolaire très
dynamique, composé de professeurs brillants, motivés, compétents et
qui appuient notre projet ainsi qu'une administration progressiste
et généreuse. En outre, le conseil scolaire a toujours appuyé le
projet Comprendre la petite enfance, que ce soit au début ou pour
en poursuivre la réalisation au sein de notre collectivité.
Le Fraser North Council for Children and Youth est un genre de table de concertation communautaire qui s'est donné comme mission de créer une collectivité où tous les enfants auront le soutien dont ils ont besoin, sur les plans physique, social, émotif et intellectuel, pour qu'ils puissent se développer pleinement et arriver à l'école prêts à profiter de toutes les possibilités d'apprentissage qu'on leur offre.
L'énoncé de mission du Fraser North Council a été préparé bien avant que le projet CPE arrive dans la collectivité mais il reflète parfaitement les cinq domaines que nous avons utilisés au cours des premières années du projet pour structurer la recherche. Ces cinq domaines sont la santé et le bien-être physique, les aptitudes sociales, la maturité émotive, les compétences linguistiques et le développement cognitif, et la communication et les connaissances générales.
Nous sommes un des cinq premiers sites pilotes du projet CPE et ce partenariat novateur entre le gouvernement du Canada et notre collectivité s'est appuyée sur la volonté qui existait déjà dans notre collectivité de faire ce qui était en son pouvoir pour donner aux jeunes enfants un bon départ dans la vie. Ce projet a suscité beaucoup d'intérêt, tant localement que dans le reste de la province.
Ceci est le premier projet CPE réalisé en Colombie-Britannique et j'ai été inondée d'appels téléphoniques provenant d'autres collectivités qui voulaient savoir ce que nous faisions, comment nous nous y prenions pour le faire; cet intérêt a joué un rôle important dans notre collectivité parce qu'il a fait connaître le travail qui a été fait pour nos enfants et nos jeunes et qui continue de s'effectuer. Cela a en outre légitimé notre travail dans la collectivité et des groupes qui travaillent pour aider les enfants et les familles ont apprécié les nombreux avantages qu'offrait un tel soutien, tant sur le plan de la compréhension de ce que nous faisons que sur celui des outils stratégiques essentiels que le projet nous a fournis pour effectuer notre travail.
En fait, nous avons été complètement débordés par l'intérêt qu'a suscité le projet, et sur le plan local, par les personnes qui voulaient s'y joindre et apporter leur contribution à certaines initiatives communautaires; nous avons un peu de mal à nous adapter à notre succès pour le moment. Mon téléphone et mon courriel sont constamment inondés de messages provenant de personnes qui veulent de l'information ou qui souhaitent se joindre à un groupe pour travailler pour le compte des enfants de notre collectivité.
Grâce aux résultats du projet CPE, nous avons eu accès à des renseignements très précis sur l'état de préparation à l'école de nos enfants. Ces renseignements nous permettent de comprendre de façon détaillée la situation de nos enfants.
Comme Jodi l'a mentionné, une bonne partie des renseignements provenant des travaux que nous avons effectués confortent effectivement ce que les collectivités savaient déjà ou pensaient savoir mais ces renseignements nous fournissent des données très précises que nous pouvons montrer aux intéressés pour décrire la situation de nos enfants et nous aident en nous fournissant des outils de planification qui permettront de lancer des initiatives efficaces.
Le projet CPE est très présent et très visible dans notre collectivité. C'est également un projet très mobilisateur, de sorte qu'en plus des personnes que l'on s'attend habituellement à voir travailler pour les enfants et les jeunes, ce projet a amené des secteurs non traditionnels de la collectivité à s'impliquer dans ce domaine.
En outre, le projet CPE nous donne la possibilité de faire de la prévention au niveau provincial. Nous avons reçu beaucoup d'appui de la part des groupes intersectoriels provinciaux et nous avons mis sur pied un comité de direction et une coalition communautaire très motivés et très dynamiques qui interviennent en utilisant les résultats de la recherche en vue de les mettre en pratique dans notre collectivité.
Une de nos priorités est de transmettre aux autres collectivités cette information et l'expérience que nous avons acquise dans notre collectivité de façon à ce que nous puissions tous aller de l'avant pour aider nos enfants.
Le projet CPE fournit à tous les intéressés des renseignements précieux sur les facteurs communautaires qui influencent le développement des enfants et il met en évidence la relation qui existe entre la situation de la collectivité et le niveau de préparation de nos enfants à fréquenter l'école.
Le projet CPE renforce également la capacité de notre collectivité d'utiliser ces données pour suivre le développement des enfants et prendre des actions communautaires efficaces.
Le premier volet du projet, la recherche communautaire, nous donne une image claire et, comme Jodi l'a mentionné, très parlante de la façon dont nos enfants se développent. Cette recherche nous fournit également des données de base par rapport auxquelles nous pouvons mesurer l'efficacité des initiatives mises en place dans la collectivité.
• 1605
Les résultats obtenus jusqu'ici à Coquitlam sont très
encourageants. Ils montrent que, dans l'ensemble, nos enfants se
développent harmonieusement. Les données peuvent être ventilées par
quartier, ce qui nous permet d'aller au-delà des moyennes
habituellement à partir de ce genre de données, mais qui écrasent
les résultats extrêmes, ce qui laisse croire que, dans l'ensemble,
les enfants de la collectivité, en particulier lorsqu'il s'agit
d'une banlieue comme la nôtre, s'en tirent très bien merci.
Cette information très détaillée nous fournit des outils précis qui nous permettent de travailler dans les quartiers sur les besoins qui apparaissent à ce niveau avec des groupes communautaires spécialisés qui sont en mesure d'intervenir, selon les besoins, dans l'un des cinq domaines mentionnés plus haut. S'il y a des problèmes avec l'infrastructure matérielle, par exemple, nous parlons au service des parcs et des loisirs. Les intéressés sont tout à fait prêts à collaborer avec nous et ces personnes se rencontrent pour apporter leur expertise et essayer de régler le problème.
L'expérience que notre collectivité a acquise grâce à ce projet fait ressortir l'importance d'adopter une approche coordonnée qui favorise la participation de tous les secteurs de la collectivité et des groupes intersectoriels, aussi bien de la province que des autres provinces. Ce projet donne d'excellents résultats dans notre collectivité.
J'aimerais passer en revue très rapidement les points forts du projet et les difficultés que nous avons rencontrées. Là encore, c'est un projet très visible qui fournit des renseignements importants à la collectivité et qui renforce notre capacité à faire bouger les choses. Il faut signaler que ce n'est pas une solution imposée d'en haut mais une solution communautaire qui vient de la base; la participation commence donc au niveau de la collectivité. Tous les intéressés sont très motivés à faire bouger les choses en lançant des initiatives communautaires et en travaillant à des projets qui vont répondre aux besoins que nous avons identifiés.
Le travail effectué dans le cadre de ce projet a été fort utile aux personnes qui travaillent dans ce domaine et il a fait ressortir des aspects sur lesquels nous devons amener la collectivité à travailler. Le projet a également eu pour effet de valider le travail effectué par les groupes communautaires qui s'occupent des enfants et des jeunes et à faire reconnaître plus largement l'importance de la petite enfance. Il a fourni à la collectivité des renseignements importants sur l'information de la pensée et sur les époques critiques de la petite enfance. La grande visibilité du projet a amené les membres de la communauté à s'y intéresser alors qu'auparavant, lorsqu'on présentait les mêmes données, les services gouvernementaux ne pensaient pas toujours qu'il était utile de les examiner.
Nous avons rencontré un certain nombre de difficultés qui ne viennent pas de la structure du projet, qui a donné en fait pour nous d'excellents résultats. Ils viennent du fait que la plupart d'entre nous sont surchargés de travail et que nous sommes au bord de l'épuisement à cause de notre façon de travailler.
Nous pensons qu'il est vraiment important de pouvoir réunir les membres de la collectivité et que l'apprentissage qui s'est fait au niveau de la collectivité et l'expérience acquise avec les enfants sont des éléments essentiels. À une époque où les ressources sont limitées, il est réconfortant de voir les différents intervenants communautaires se réunir et mettre à la disposition de la collectivité les moyens dont ils disposent pour aider les enfants et les jeunes, et de donner ainsi naissance à des initiatives incroyables. Notre collectivité ne dispose pas d'infrastructure permettant d'appuyer ce genre de regroupement, nous n'avons pas non plus le personnel, et il nous est donc très difficile de progresser.
Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur le projet CPE et le travail que nous nous apprêtons à effectuer avec le plan d'action basé sur les connaissances va jouer un rôle essentiel. Si l'on veut que nos efforts se poursuivent, il va falloir mettre en place une structure pour ce regroupement communautaire.
En outre, nous avons connu certaines difficultés, au niveau de la collectivité, pour obtenir un numéro de don de charité pour le groupe qui coordonne les activités de la table de concertation communautaire. Il faut regretter que, lorsqu'on travaille en partenariat, on ne peut obtenir un numéro de don de charité; en outre, étant donné que nous travaillons principalement dans le domaine de la prévention et non pas dans celui des mesures correctives, il est plus difficile de démontrer que l'on a droit à un numéro de don de charité.
C'est donc en ce moment le financement qui est notre principal problème et nous constatons de plus en plus fréquemment que des groupes qui nous auraient normalement accordé un financement préfèrent des bénéficiaires qui possèdent un numéro de don de charité.
Nous en sommes arrivés à un point où la collectivité est prête à travailler avec nous et où les merveilleux outils que nous fournit le projet CPE ont suscité toute sorte d'intérêt et permis d'établir des partenariats très efficaces. Il va toutefois être difficile de donner à cette table de concertation communautaire les moyens de poursuivre son action.
Dans l'ensemble, ce projet a été extrêmement positif pour la collectivité. Nous continuons à travailler sur ce projet à Coquitlam, dans d'autres villes et dans le reste de la province. Nous espérons pouvoir améliorer la vie de nos enfants et cela nous a donné une occasion extraordinaire de progresser dans ce domaine.
Merci.
Le président: Merci.
Je ne peux que regretter que Libby Davies ne soit pas votre députée parce qu'elle aurait peut-être pu vous aider avec ce numéro de charité. Elle n'est pas très loin. Elle aurait peut-être des idées.
Mme Eileen Grant: Nous travaillons en étroite collaboration.
Nous avons contacté les groupes qui travaillent dans la circonscription de Mme Davies et nous échangeons régulièrement des renseignements avec eux et avec Windows of Opportunity.
Le président: Super.
Enfin, nous revenons à la région de l'Atlantique et à Sharon Park. Parlez-nous de votre collectivité.
Mme Sharon Park (coordonnatrice de recherche, projet Comprendre la petite enfance, Community Education Network): Merci.
Terre-Neuve est la province canadienne la plus pauvre. La région du sud-ouest de la province, où est concentré le projet CPE, comprend les collectivités les plus pauvres de la province. C'est là que l'on retrouve le plus fort pourcentage de familles ayant un faible niveau d'instruction et un faible revenu familial. C'est là que le pourcentage des pères et des mères qui ne travaillent pas à l'extérieur est le plus élevé.
Malgré ces facteurs, les parents savent très bien ce qu'ils veulent pour leurs enfants et ils participent régulièrement aux initiatives communautaires. D'après les premiers résultats obtenus grâce au projet CPE, nos enfants sont bien préparés à l'apprentissage et nos parents possèdent des aptitudes parentales tout à fait exemplaires.
Dans la région sud-ouest de Terre-Neuve, le projet CPE est parrainé par le Community Education Network. Le Community Education Network est une coalition qui a été créée en 1991. C'est un groupe d'encadrement qui a favorisé l'établissement de partenariats entre les services sociaux, le développement économique, l'éducation et les organismes de financement.
Ces partenariats jouent principalement un rôle d'intermédiaire pour faciliter les programmes et les processus d'apprentissage visant à assurer la mise en valeur du potentiel de la collectivité. Ces processus et programmes d'apprentissage sont orientés vers l'éducation communautaire, un processus d'apprentissage individuel et communautaire pour toutes les catégories d'âge. Grâce à l'apprentissage, aux ressources et à la recherche communautaires, on peut changer la collectivité et démontrer que les membres de la communauté peuvent apprendre et travailler ensemble pour améliorer le sort de leurs enfants.
Le Community Education Network a plus de 20 partenaires. Il a pour mission d'élaborer une stratégie globale de développement à long terme des collectivités de cette région. Le Community Education Network et ses partenaires possèdent un excellent dossier pour ce qui est des programmes de prévention et d'intervention précoce et des initiatives de mise en valeur du potentiel de la collectivité.
Le Community Education Network a défini six domaines de priorité, dont le premier est celui des stratégies de prévention et d'intervention précoce. Notre réseau s'est donné pour objectif de mettre en oeuvre des stratégies de prévention et d'intervention précoce parce qu'il sait que l'intervention précoce est un aspect essentiel et que ce qui arrive au cours des premières années de la vie peut avoir un effet permanent sur la santé, sur les capacités mentales et sur les capacités d'adaptation des enfants.
En tant que membre fondateur, ce réseau fait encore partie du groupe de travail du Community Action Committee, qui agit à titre de facilitateur pour les programmes de ressources familiales et constitue l'initiative PACE pour le sud-ouest de Terre-Neuve.
Il y a une chose qui devient de plus en plus évidente à Terre-Neuve, c'est le fait que nous accordons une très grande importance aux programmes. Il faut affecter des ressources à toutes les collectivités qui sont situées dans cette région rurale et isolée. Grâce aux renseignements provenant du projet CPE, nous savons que nous devons poursuivre dans cette direction mais nous savons également que l'accessibilité est pour notre région rurale un aspect que nous devrons améliorer à l'avenir.
Le projet CPE offre à la fois des renseignements concernant les familles et des renseignements concernant les familles, les enfants et les collectivités dans lesquelles ils vivent. Dans le but de comprendre le rapport qui existe entre le développement des enfants et l'environnement dans lequel ils vivent, la région sud-ouest de Terre-Neuve s'est intéressée très activement depuis une dizaine d'années à l'analyse des questions touchant la petite enfance. Certains résultats du projet CPE nous ont permis de constater que notre action était vraiment efficace. Ce projet a confirmé la valeur de ce que ce comité avait déjà commencé à faire.
• 1615
Il y une chose qui est particulièrement évidente à Terre-Neuve, comme je
l'ai mentionné plus haut, c'est l'ampleur du
chômage et de l'analphabétisme. Nous avons également constaté que
les parents qui vivent dans ces collectivités étaient motivés à
participer à des actions communautaires. Nous les avons associés à
notre réseau et ils sont très motivés à connaître leurs besoins.
La région sud-ouest de Terre-Neuve est une région très rurale et très isolée et nous savons que nous n'arriverons jamais à offrir tous les programmes qui faciliteraient un développement harmonieux des enfants dans toutes les collectivités de notre district. Nous savons cependant qu'il nous faut maintenant nous concentrer sur l'accessibilité; la mise en place d'un réseau de garderies de qualité et à coût abordable va avoir un effet déterminant sur ce que nous pourrons faire à l'avenir. En outre, nous devons régler la question du transport pour les familles qui ne peuvent se permettre d'utiliser les programmes qui existent déjà.
Pour conclure, le projet CPE nous donne une base très solide pour le travail qui est déjà en cours dans la région sud-ouest de Terre-Neuve. Ce programme confirme l'importance de l'action de nos partenaires communautaires, comme les groupes locaux de DRHC, la GRC, la justice, la santé, les agences d'aide sociale, et il nous confirme que ce que nous faisons depuis dix ans donne effectivement de bons résultats. Ce projet nous a fourni des données très concrètes que nous pouvons maintenant présenter aux organismes provinciaux et municipaux en vue de mieux répondre aux besoins des enfants de la région sud-ouest de Terre-Neuve.
Merci.
Le président: Merci beaucoup.
Nous avons consacré aux témoins plus de temps que nous le faisons habituellement mais cela nous a permis de faire un tour d'horizon vraiment extraordinaire sur tout ce qui se fait au Canada. J'aimerais seulement dire deux choses et ensuite Allen Zeesman voudra...
Premièrement, vous avez noté que personne n'a parlé de l'Ontario, parce que le projet pilote était celui de North York. Il fait partie d'une autre catégorie, parce que ce que vous faites représente une sorte de deuxième vague.
[Français]
En deuxième lieu, il est évident qu'on n'a pas eu une représentation du Québec. C'est parce qu'il y a une troisième tranche, si je puis dire, qui est énoncée dans la documentation. Mais le projet de Montréal n'est pas encore assez mûr pour qu'on puisse dire des choses avec de tels détails. Je voulais vraiment insister sur le fait qu'on n'a pas négligé le Québec. Tout simplement, ces communautés-là sont plus ou moins au même niveau.
[Traduction]
M. Allen Zeesman: Merci, monsieur le président.
En fait, je voulais signaler que ce groupe comprend des représentants des sept nouvelles collectivités participantes. Abbotsford, B.C...
Le président: Pourriez-vous s'il vous plaît lever la main à mesure...
M. Allen Zeesman: Abbotsford, B.C.,...
Le président: Très bien.
M. Allen Zeesman: Saskatoon; South Eastman, Manitoba; Niagara Falls; Mississauga Dixie-Bloor, Ontario; Montréal; et Hampton, Nouveau-Brunswick.
Le président: Nous avons...
[Français]
un embarras de richesses,
[Traduction]
je crois. Nous sommes ravis de vous souhaiter à tous la bienvenue.
[Français]
Soyez les bienvenus.
[Traduction]
Vous êtes ici pour la grande conférence? Ils semblent tous d'accord. Nous sommes ravis de vous avoir ici. J'espère que cet échange viendra heureusement compléter la conférence, je vous souhaite donc encore une fois la bienvenue. Nous pourrions même aller jusqu'à vous inviter à participer au débat.
Les membres du comité ont été très patients. Nous allons tout de suite donner la parole à Roy Bailey.
M. Roy Bailey: Merci, monsieur le président.
Il y a beaucoup d'invités aujourd'hui et je vais donc présenter brièvement quelques commentaires, pour ensuite lancer une question à laquelle nous reviendrons peut-être plus tard. Ils pourront réfléchir entre-temps à la question.
Tout d'abord, monsieur le président, comme je le disais à Sarah de l'Île-du-Prince-Édouard, je tiens à vous informer que j'ai gagné un voyage dans l'Île-du-Prince-Édouard. Mon nom est sorti l'autre soir. Un de vos collègues, Roy Cullen, pensait que c'était le sien mais il a dit que non, qu'il n'était pas de ma famille.
J'aimerais faire quelques brefs commentaires sur chacun des exposés. Vous pouvez vous rendre compte en me regardant que je suis un vieux routier par rapport à vous, spécialement dans le domaine de l'éducation. Je faisais de l'administration lorsqu'on a commencé à offrir des services de maternelle dans les régions rurales de la Saskatchewan, ce qui n'est pas d'hier. Nous ne parlerons pas de cela.
Ce que vous dites à ce sujet m'intéresse beaucoup parce que de mon temps, ce genre de service n'existait pas. Il fallait tout simplement s'en remettre à la bonne volonté des gens et bien souvent, à des bénévoles. Je dirai donc à Sarah que je souhaiterais beaucoup que ma circonscription soit ramenée à la taille de sa province. Cela m'aiderait beaucoup, non seulement pour l'éducation, mais également dans mon rôle de député. Il y a treize divisions scolaires différentes dans ma circonscription. C'est pourquoi il n'est pas facile de représenter tous ces gens-là.
• 1620
Jodi Lee, j'ai été heureux de vous entendre décrire la
situation à Winnipeg. Elle n'est pas très différente, sous de
nombreux aspects, de la situation de Prince Albert qu'a décrite
Linda, ni même de la ville de Regina, qui est à 26 milles de ma
circonscription. Nous assumons une responsabilité considérable dans
ce domaine. J'espère que notre comité va examiner de près cette
question et présenter un rapport, notamment sur la meilleure façon
de s'attaquer aux problèmes touchant les Autochtones.
Linda, vous avez décrit cela magnifiquement. J'ai souvent été à Prince Albert. Je pourrais vous raconter une histoire mais je ne le ferai pas maintenant. C'est une histoire d'enfant et je pourrais grâce à elle faire une comparaison avec votre situation.
Linda a parlé de la dépendance au jeu, monsieur le président. Et bien, j'ai près de 18 000 personnes qui sont dépendantes du jeu dans ma circonscription. On les appelle des agriculteurs et ils sont en ce moment en train de parier leur dernière chemise. La dépendance au jeu n'est pas une chose nouvelle pour moi, en particulier dans une circonscription rurale.
Eileen Grant, vous avez fait un excellent exposé qui touche une partie précise de la Colombie-Britannique. Si j'ai bien compris, tout part de la base et vous avez parlé d'épuisement professionnel. Je peux vous comprendre parce que j'ai fait un peu le même travail.
Vous n'êtes pas obligée de répondre à cette question immédiatement, mais est-ce qu'il y a de plus en plus besoin de ce genre de programme? Je pense que la réponse est oui. Mais je me demande pourquoi ce besoin augmente si vite? Je vais en rester là.
Enfin, je m'adresse à Sharon, la plupart de nos historiens se sont trompés. Je suis heureux que le Canada se soit joint à Terre-Neuve en 1949. J'avais un ami qui avait été affecté au poste de la GRC de Rosetown et qui venait de votre province; il venait me voir souvent. J'ai été également juge de paix à l'époque et il me rappelait toujours qu'en 1949, c'était le Canada qui s'était joint à Terre-Neuve.
Vous avez parlé de pauvreté. J'aime raconter que j'ai grandi dans une région qui était si pauvre que nous n'avions même pas de souris, et c'est presque vrai. J'ai grandi en Saskatchewan à une époque de grande pauvreté. J'espère pouvoir vous poser d'autres questions parce que je voulais vous demander ce que vous faisiez pour les régions isolées. C'est un aspect clé pour ma circonscription et pour le Canada, parce que, même s'il y a de grosses concentrations de population, il y a des gens qui vivent dans les régions isolées et que l'on oublie parfois.
Merci, monsieur le président. J'espère avoir le temps de poser d'autres questions plus tard.
Le président: Merci beaucoup monsieur Bailey,
[Français]
tour d'horizon.
Madame Guay.
Mme Monique Guay (Laurentides, BQ): Merci, monsieur le président.
Je ne pense pas que vous ayez oublié le Québec; je pense que c'est le Québec qui a oublié le comité. Non, non, c'est une blague.
Des voix: Non, j'ai...
Mme Monique Guay: Je voudrais souhaiter la bienvenue à toutes et à tous et leur dire que je suis très heureuse de les voir et surtout de les entendre.
Le travail que vous faites dans les communautés est d'une importance capitale pour tout le monde. Je crois que là-dessus, on peut s'entendre. Même les partis d'opposition sont d'accord là-dessus, et vous savez très bien que—je parle en particulier pour le Québec—la petite enfance, chez nous, c'est très, très important. On fait beaucoup de travail de prévention, de travail d'éducation, de travail auprès des adolescentes, de prévention en matière de grossesse à l'adolescence, très jeune, et je pense qu'on a un taux de succès assez important chez nous. J'aimerais voir cela se produire partout au Canada.
• 1625
J'ai une question concernant les autochtones.
Est-ce qu'il y a du travail qui s'est fait auprès des
groupes autochtones?
Je sais qu'il est peut-être souvent
beaucoup plus difficile d'atteindre ou
de rejoindre ces gens-là. Est-ce
qu'il y a un travail qui s'est fait pour
rejoindre les
jeunes? On en a beaucoup discuté en comité.
Je sais qu'il y a des problèmes. Dans
nos communautés autochtones,
ces problèmes sont beaucoup plus grands
que dans certaines autres communautés. Quelles
actions sont prises dans différentes
provinces où il y a des groupes autochtones qui sont
beaucoup plus grands ou plus larges? Est-ce qu'on a
des points de vues, des études qui ont été faites, des
approches qui se font auprès de ces communautés-là?
[Traduction]
Le président: Je pense que Jodi Lee et Linda Nosbush ont peut-être quelque chose à dire à ce sujet, mais les autres peuvent également intervenir.
Mme Linda Nosbush: Je peux commencer.
Nous travaillons directement avec la collectivité autochtone. Nous les amenons à travailler avec nous par l'intermédiaire de leurs services urbains ainsi que par celui des collectivités des réserves. DRHC nous a demandé si nous voulions extraire les données concernant les Autochtones.
J'ai consulté les Autochtones et ils étaient tout à fait d'accord pour que l'on analyse les données de deux façons: d'abord, d'une façon globale et ensuite, en distinguant les collectivités autochtones des autres, de façon à pouvoir élaborer un plan d'action, non pas pour eux mais avec eux.
Des anciens et des chefs nous ont accompagnés à la réunion que nous avons tenue avec des représentants de DRHC la semaine dernière. Nous nous occupons activement aussi bien des premières nations que des Métis. Ils nous communiquent régulièrement toutes leurs données. Nous travaillons à certains projets communs, tant fédéraux que provinciaux. Nous sommes convaincues que nous pouvons apprendre à travailler dans ces deux mondes, et de façon très efficace, nous sommes également convaincues que notre dialogue ne pourra que nous enrichir.
Le président: Jodi Lee.
Mme Jodi Lee: Une de nos difficultés vient du fait que la plus grande partie de la population autochtone vit en milieu urbain. Ces personnes doivent faire face aux difficultés qu'elles rencontrent non seulement parce qu'elles appartiennent à un groupe culturel différent mais également parce qu'elles vivent au centre-ville.
Nos écoles ont été très sensibles à cette problématique. Nous avons des écoles alternatives qui ont intégré un fort élément culturel, et qui cherchent des façons de renforcer la culture d'origine de ces enfants.
Vous avez raison, il est très difficile de les rejoindre. C'est une des choses sur lesquelles notre coalition communautaire essaye de travailler. Nous avons à Winnipeg une agence appelée le Aboriginal Health and Wellness Centre. Elle est située dans une vieille gare du CN. C'est un très bel édifice qui abrite tous les organismes qui s'occupent des Autochtones, des services prénataux jusqu'aux services pour les anciens, une approche qui englobe tous les stades de la vie. Ils font partie de notre comité; nous savons ce qu'ils font. Nous essayons de travailler avec eux pour essayer de voir comment on pourrait utiliser les différentes composantes du projet CPE pour aider la communauté autochtone, pour aider toutes les collectivités.
Il y a des secteurs de Winnipeg où les gens auront un point de vue différent sur le projet. Lorsque nous travaillons avec la collectivité autochtone, nous devons nous assurer que nous collaborons étroitement pour qu'ils comprennent bien ce qui se passe.
[Français]
Mme Monique Guay: Merci pour vos réponses.
Bien sûr, mon point de vue et celui de la plupart de mes collègues, c'est que c'est toujours près des gens, avec les associations ou les regroupements existants, qu'on réussit à atteindre nos objectifs. Je représente un comté où il y a 37 municipalités, et chaque municipalité offre des services aux jeunes. On a des maisons pour les jeunes, on fait de la prévention par le biais de ces maisons, et on a toutes sortes de regroupements qui font autant de prévention auprès des jeunes femmes, des futures mamans. On a tout ça. Si on réussit à se concerter, on arrive à obtenir des résultats en bout de ligne. Je sais que chez nous, ça fonctionne. J'espère que ça fonctionnera partout.
Ma dernière question est celle-ci: comment allez-vous compiler toutes ces données? Comment pourra-t-on y avoir accès afin de savoir ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, quels sont les résultats de toute cette étude et quand ce sera disponible?
[Traduction]
Le président: Allen Zeesman.
[Français]
M. Allen Zeesman: Merci, monsieur le président.
Je veux dire deux choses. Premièrement, en ce moment, à DRHC, nous envisageons la possibilité d'ajouter directement des communautés autochtones à l'initiative Comprendre la petite enfance, et nous sommes optimistes quant à la possibilité de voir quelque chose déboucher. Nous ne le savons pas, naturellement. C'est la première chose, parce que c'est une priorité, pour toutes les raisons que vous avez mentionnées.
• 1630
La deuxième chose, c'est la recherche. Nous
avons plusieurs volets. Le premier volet sera
l'accessibilité de la recherche communautaire
pour les communautés en général et pour le public
canadien, premièrement.
Deuxièmement, nous avons un genre de classification des communautés pour donner à celles qui n'ont pas un projet une idée de leurs similarités avec les autres. Tout le monde est différent, mais il y a aussi des similarités. Alors, il y aura une possibilité de voir ces similarités.
Troisièmement, nous avons un programme de recherche assez détaillé sur les comparaisons entre les communautés. Cela va produire une toute nouvelle gamme de renseignements. Nous allons commencer cela avec les cinq premières communautés très bientôt. Là aussi, on va utiliser nos mécanismes existants pour les disséminer. Il y aura des conférences et nous avons notre site web, nos publications, etc.
Le président: Merci, monsieur Zeesman et merci, madame Guay.
[Traduction]
Nous pouvons maintenant passer à ce côté-ci.
[Français]
Madame St-Jacques, c'est votre tour.
Mme Diane St-Jacques (Shefford, Lib.): Merci, monsieur le président.
Je veux, moi aussi, vous remercier d'être ici aujourd'hui et vous féliciter de l'excellent travail que vous faites dans les communautés.
Mme Grant parlait tout à l'heure de financement. Je pense que l'argent est toujours le nerf de la guerre, mais est-ce que vous avez confronté d'autres problèmes en implantant ce programme? Est-ce que vous avez rencontré d'autres sortes de difficultés que le problème d'argent? On sait que l'argent aide souvent, mais il y a sûrement d'autres facteurs qui sont venus poser quelques problèmes dans l'établissement du programme.
[Traduction]
Mme Eileen Grant: En fait, la réaction de la collectivité a été très positive et il existe un désir de collaborer sans précédent. Nous n'avons eu pratiquement aucune difficulté à amener ces groupes à travailler ensemble. Nous avons simplement réalisé quelques projets en matière d'éducation et de santé qui ont donné d'excellents résultats. Les groupes communautaires, les groupes qui représentent les exclus, les besoins spéciaux, ont tous rejoint la coalition. Ils ont tous contribué à l'effort commun en apportant leur expertise. Nous avons constaté, ce qui est très important, que certains groupes communautaires abordent souvent les projets d'un point de vue différent de celui des groupes qui viennent des ministères. Nous avons réussi à établir d'excellentes relations de travail.
Nous avons rencontré très peu de problèmes à l'exception du fait qu'il est très difficile de trouver quelqu'un qui pourrait coordonner ces initiatives. C'est là notre plus grosse difficulté. On m'appelle presque toutes les semaines pour me présenter de nouvelles idées concernant la mise en oeuvre de programmes pour les enfants. Nous sommes très heureux d'avoir des groupes d'une telle qualité dans notre collectivité. Ils sont tous prêts à collaborer, quel que soit le domaine où ils travaillent, qu'il s'agisse du milieu des affaires, des gens de la justice et d'autres types de groupes communautaires. Nous n'avons donc pas rencontré beaucoup de problèmes dans ce domaine.
Mme Diane St-Jacques: Quelqu'un veut-il ajouter quelque chose?
Mme Linda Nosbush: Cela fait plus de 30 ans que nous collaborons avec des groupes et nous savons que, lorsque nous commençons un projet, nous allons en ressortir changés. Je suis toujours surprise par les différences que je constate au cours du processus. Lorsque l'on fait de la résolution de problème en groupe et que l'on essaye d'arriver à un consensus, on apprend à tolérer les autres et à vraiment respecter leur point de vue.
Je dirais que le seul problème que nous ayons rencontré est le manque de temps. Tout cela prend beaucoup de temps mais c'est du temps qui est très bien utilisé.
Mme Jodi Lee: Nous avons rencontré un défi qui est peut-être tout à fait à l'opposé de ce que l'on retrouve dans les autres projets: nous travaillons dans un petit secteur de Winnipeg et le reste de la ville souhaite vraiment participer à ce projet. Cela nous oblige à bien nous concentrer sur le projet CPE. Il est très important d'avoir toujours à l'esprit les objectifs que nous nous sommes donnés, tout en étant sensibles aux autres secteurs de la ville qui commencent à être très intéressés par les profils communautaires. Ils veulent savoir à quoi ressemble leur collectivité, parce qu'ils voient ce que j'ai fait à Winnipeg One et ils nous demandent d'aller les voir. Il faut donc préserver un équilibre, ce qui n'est pas toujours facile.
Mme Sarah Gallant: À l'inverse, Sharon et moi travaillons dans des collectivités très importantes et à cause de notre connaissance des études réalisées sur la petite enfance, nous fournissons des renseignements à ce niveau plus large, tout en essayant aussi de transmettre cette information au niveau de la collectivité et du quartier. Cela constitue un défi et le temps est aussi un facteur, si l'on veut fournir cette information aux divers niveaux qui en ont besoin pour que tout le monde puisse en profiter. Oui, c'est là un véritable défi mais c'est aussi une bonne chose.
Mme Diane St-Jacques: Merci.
Le président: Merci.
Libby Davies.
Mme Libby Davies (Vancouver-Est, NPD): Merci.
Tout d'abord, comme tous les autres, j'aimerais tous vous remercier d'être venus aujourd'hui. J'ai trouvé vraiment très utile et très intéressant d'apprendre combien ces projets étaient différents même si l'on retrouve aussi des thèmes et des buts communs. Il est instructif de voir comment ils sont réalisés dans les diverses régions du pays.
Je connais très bien First Call en Colombie-Britannique et je suis d'accord avec toutes celles qui ont dit qu'il existait déjà une collaboration entre les groupes, qu'il s'agisse des conseils scolaires, des services sociaux, des groupes de défense des droits ou des groupes de parents. Lorsque tous ces groupes travaillent ensemble, et on peut dire que Windows of Opportunity en est un excellent exemple en Colombie-Britannique, cela transforme la qualité du travail effectué. Je crois donc que le fait que, dans le projet CPE, comme l'a dit M. Zeesman, l'impulsion vient de la collectivité est très important.
M. Zeesman, j'ai lu un article intéressant dans le Times Globe de Saint John dans lequel vous êtes longuement cité. Cela est curieux parce qu'il y a toute une série de projets de recherche en cours et lorsque l'on combine ces résultats sur le plan statistique, on arrive à des conclusions assez surprenantes. La manchette de cet article était la suivante «Moins d'enfants pauvres que nous le pensions». Cet article fait référence, je crois, à une étude que vous faites sur la sécurité alimentaire, dans laquelle vous déclarez apparemment que la croyance populaire selon laquelle 20 p. 100 des enfants canadiens ont faim est très exagérée; vous démontrez que cela touche environ 5 p. 100 des enfants. Je ne sais pas sur quoi vous vous basez. Vous pourriez peut-être nous l'expliquer.
Il y a ensuite le ministre qui déclare que le nombre des enfants pauvres a diminué d'environ 180 000 entre 1996 et 1998. Par ailleurs, il y a une étude de Statistique Canada que je n'ai pas avec moi aujourd'hui, ce que l'on a appelé l'étude sur la richesse, la première en 15 ans, qui démontre que l'écart entre les revenus augmente. Si je me base sur ma propre collectivité de l'est de Vancouver et sur tous les groupes avec lesquels je travaille, je sais que cela est vrai. L'étude sur la richesse montre que les Canadiens qui font partie du cinquième de la population le plus pauvre ont vu leur revenu diminuer de 1 000 $ alors que les Canadiens les plus riches avaient vu leur revenu augmenter... je ne me souviens pas si c'était de 12 000 $ ou de 120 000 $. De toute façon, l'écart s'accentue.
Lorsque vous parlez de sécurité alimentaire et que vous dites que la situation n'est pas aussi grave que nous le pensons et qu'ensuite, cette affirmation est utilisée pour dire que la pauvreté chez les enfants n'est pas aussi grave que nous le pensons, il me semble que cela va tout à fait à l'encontre de la réalité, à savoir qu'il faut examiner les déterminants plus généraux du bien-être des enfants, ce qui comprend le revenu, bien sûr, mais aussi toutes sortes d'autres choses, et certains d'entre vous en ont parlé.
Je n'ai pas une question précise à vous poser mais je voulais simplement signaler cela et dire qu'il y a, d'après moi, des contradictions et que, parfois, ces affirmations sont interprétées différemment pour toutes sortes de raisons. Les journaux publient ce genre de manchette mais je ne pense pas que l'expérience que j'ai de ce qui se passe dans ma collectivité confirme cette affirmation.
J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus.
Le président: C'est là qu'un politicien dirait «Je voulais dire en fait...».
M. Allen Zeesman: Non, en fait, je vais vous donner une réponse de politicien.
Avez-vous lu tout l'article?
Mme Libby Davies: Oui.
M. Allen Zeesman: Avez-vous remarqué comme il m'avait appelé?
Mme Libby Davies: On vous appelait «M. Pauvreté chez les enfants».
M. Allen Zeesman: Non, avant cela, mon nom.
Mme Libby Davies: Oui, on vous appelait «Gordon».
M. Allen Zeesman: Oui, «Gordon Zeesman». Vous voyez, cet article est à peu près aussi exact que la façon dont mon nom y est rapporté. Tout est à peu près du même niveau.
• 1640
En fait, j'ai présenté un exposé devant le Congrès juif
canadien dimanche dernier à Toronto et je leur ai parlé de la
pauvreté chez les enfants. Mon exposé ne portait pas en fait
directement sur cette question; j'examinais la question de savoir
si les politiques devaient être axées sur la question plus limitée
de la pauvreté chez les enfants ou sur un aspect plus vaste, celui
des enfants vulnérables et du bien-être des enfants. Je leur ai
expliqué que nous avions créé les indicateurs de vulnérabilité et
que la majorité des enfants vulnérables n'étaient pas pauvres.
C'était là le sujet de la discussion. À la fin de la réunion, ce journaliste est venu me demander: «Vous savez, ils disent qu'il y a 20 p. 100 de la population qui est en dessous du seuil de pauvreté fixé par Statistique Canada.» Il déclare: «Je reçois constamment des lettres de Statistique Canada qui me disent qu'il ne faut pas utiliser ce chiffre pour déterminer le seuil de la pauvreté et je ne comprends pas ce qui se passe: 20 p. 100 représente environ 250 000 enfants et je ne pense pas qu'il y ait 250 000 enfants qui aient faim.» J'ai répondu: «C'est parce qu'il n'y a peut-être pas 250 000 enfants qui aient faim près de chez vous.»
Mais il y a des enfants qui ont faim. Et nous avons voulu en savoir davantage sur les enfants qui ont faim en ajoutant un autre élément à l'enquête nationale sur la santé de la population. Nous avons examiné la question de la sécurité alimentaire et notre rapport sur la sécurité alimentaire va en fait être publié d'ici quelques semaines.
Nous avons constaté qu'il y avait entre 4 et 5 p. 100 de la population qui avait faim de façon régulière. Cela vient du fait qu'il reste trop de jours lorsque l'argent est épuisé. Autrement dit, on paie le loyer, on paie les frais fixes et lorsqu'on arrive à la fin du mois et qu'il ne reste pas beaucoup d'argent, on commence à faire des choix. Et il y a des choix qui n'en sont pas vraiment.
Nous avons également constaté que 10 p. 100 des familles canadiennes environ craignent vraiment de n'avoir pas suffisamment à manger et pensent qu'elles se trouvent dans une situation limite à ce sujet.
Voilà ce que je peux vous dire au sujet de la sécurité alimentaire. Je serais heureux de vous en dire davantage au sujet des différentes composantes de cette recherche.
Mme Libby Davies: Merci de nous avoir expliqué cela.
M. Allen Zeesman: Très bien.
Mme Libby Davies: Il me semble que vous avez examiné la question de la sécurité alimentaire et la façon de mesurer cette variable. D'une certaine façon, c'est également quelque chose que l'on choisit d'isoler et il est très intéressant de noter qu'il y a également 10 p. 100 des familles qui estiment se trouver dans une situation limite. Si l'on ajoute cela aux autres facteurs, comme le fait de consacrer plus de 30 p. 100 de son revenu au logement, de ne pas avoir accès à des garderies, si l'on ajoute tous ces autres éléments, on obtient une image très différente.
Je ne sais pas quels sont les autres indicateurs que vous utilisez mais il était curieux de constater que cet élément avait été isolé et ensuite, relié au fait que nous obtenons de meilleurs résultats dans la lutte contre la pauvreté des enfants, parce qu'il me semble que rien ne démontre que ce soit le cas. Qu'en pensez-vous?
M. Allen Zeesman: Ce facteur a été isolé parce que ce journaliste faisait un rapport entre les enfants qui vivent dans des familles dont le revenu est inférieur au seuil de la pauvreté et disait que tous ces enfants avaient faim. C'est là que j'ai répondu non, que ce n'était pas ce que cela voulait dire. C'est ainsi que s'est fait cette association.
Nous n'avons pas obtenu beaucoup de résultats au cours des années 90 dans la lutte contre la pauvreté des enfants, comme vous le savez fort bien. La pauvreté a non seulement augmenté, mais elle est demeurée à un niveau élevé même avec la reprise économique, ce qui est très inhabituel. Nous avons effectué des analyses très importantes qui sont publiques, pour comprendre ce qui s'était produit.
Maintenant nous constatons que les chiffres baissent. C'est ce que l'on peut lire dans le rapport sur la prestation nationale pour enfants, qu'en fait les chiffres ne baissent pas... Nous avions espéré que ces chiffres commenceraient à baisser il y a quelques années au moment de la reprise mais celle-ci se maintient et les chiffres commencent à baisser. C'est ce qui explique que le ministre parle de 180 000 enfants.
Le président: Je crois que nous devrions donner la parole à Anita Neville.
Mme Anita Neville (Winnipeg-Centre-Sud, Lib.): Merci, monsieur le président.
Je disais à Mme St-Jacques que j'aimerais que l'on invite M. Zeesman à revenir, si cela est possible, pour poursuivre cette discussion.
M. Allen Zeesman: Ce serait un plaisir.
Mme Anita Neville: Cela est fascinant.
J'aimerais faire quelques commentaires et poser ensuite une ou deux questions.
Je tiens à remercier tous ceux qui ont pris la parole cet après-midi. Je crois que la diversité de vos exposés a montré d'un côté les liens qui relient les différentes régions et la grande diversité de notre pays. Tout cela était très intéressant.
• 1645
Je m'intéresse à toutes sortes de questions mais je voulais
revenir sur la question qu'avait posée Monique Guay au sujet des
enfants qui ont un héritage autochtone. Jodi nous a parlé de la
Winnipeg School Division, où nous nous occupons d'un grand nombre
d'enfants autochtones. Je dis encore «nous», j'ai travaillé 14 ans
avec cet organisme et je ne peux pas encore tout à fait m'en
dissocier. Nous avons également une population multiculturelle très
importante. Ces populations se chevauchent géographiquement. Je
compare la situation de Winnipeg à celle de Prince Albert, que je
connais un peu mais moins bien, c'est une ville plus petite.
Je me demande, puisque c'est toujours la collectivité qui donne l'impulsion, si vous vous communiquez vos résultats, si vous expliquez aux autres organisations et à celles qui se joignent à vous quelles sont les initiatives qui ont donné de bons résultats? Celles-ci doivent-elles commencer à zéro ou peuvent-elles s'appuyer sur l'expérience et les renseignements que vous leur transmettez, et commencer ainsi à un niveau un peu plus avancé pour mieux faire progresser leurs collectivités? Je ne sais pas qui veut répondre à cette question.
Mme Linda Nosbush: Je peux commencer, parce que nous avons toute une série d'organisations ici de Saskatoon qui font partie de notre groupe de planification et maintenant, nous communiquons sur une base régulière. Nous ne sommes qu'à 200 kilomètres.
Mme Anita Neville: Je le sais fort bien.
Mme Linda Nosbush: Nous faisons beaucoup de choses ensemble. Nous avons également beaucoup de caractéristiques en commun, parce que nous avons des écoles communautaires et ils ont également des écoles communautaires. Nous faisons donc partie de ce réseau provincial. Nous avons tous les deux des coalitions très actives. Je dirais donc qu'elles ne commencent pas au niveau un, mais plutôt au niveau un et demi ou deux.
Mme Anita Neville: Comment transmettez-vous ce que vous avez appris et comment faites-vous pour communiquer cette information à vos propres groupes communautaires et pour la diffuser ensuite? Jodi.
Mme Jodi Lee: Eileen et moi possédons des points forts très différents à ce moment-ci. Winnipeg a rapidement progressé sur le plan technique, pour ce qui est de l'établissement du profil communautaire et de la préparation de cartes en vue de les transmettre à d'autres groupes. Nous nous efforçons en ce moment de trouver le moyen d'installer dans la collectivité cette coalition représentée par un petit groupe qui parle dans son petit bureau de toutes les choses merveilleuses qu'il faudrait faire. Je crois que Eileen a connu exactement le contraire de cela. Elle est très active, comme elle vous l'a dit. Son téléphone ne dérougit pas. Nous avons donc cela en commun. Elle me donne des conseils sur la façon d'aller de l'avant. Cela a donné de bons résultats et m'a beaucoup aidé. Nous avons également parlé du profil communautaire, un aspect qui l'intéresse particulièrement.
Le projet a été lancé dans un nouveau site situé dans le sud-est du Manitoba, où la situation est là aussi très différente. Je suis au centre-ville, en plein milieu de la partie la plus peuplée du Manitoba et Ales Morga, qui est derrière moi, s'occupe de 10 000 kilomètres carrés et passe en voiture la plus grande partie de son temps. Nous avons soigneusement veillé à ce que je lui communique le plus de renseignements possible pour qu'elle n'ait pas à réinventer la roue. Le but est qu'elle puisse aller de l'avant le plus rapidement possible.
Il y a donc des mouvements latéraux et des mouvements verticaux, cela est très excitant.
Mme Sarah Gallant: Je dirais que notre groupe a forgé des liens étroits. C'est la troisième fois que nous venons toutes les cinq à Ottawa pour une réunion. Je crois que l'élément qui nous relie toutes, c'est le personnel du DRHC avec qui nous sommes en contact quotidien, de façon régulière, et qui s'arrange pour nous permettre de nous retrouver, pour faire avancer le projet et pour nous aider sur le plan de la communication. C'est un aspect essentiel de la façon dont nous procédons.
Mme Linda Nosbush: Il y a également les visites sur les lieux. Des représentants du ministère sont venus faire une visite de deux jours au cours de laquelle ils ont regardé ce qui se passait et ils ont essayé de déterminer si le groupe sur place voyait les choses de façon objective. Cela est vraiment très utile.
M. Allen Zeesman: Nous pensons que la réussite du projet passe par la communication entre les collectivités et la possibilité pour celles-ci de collaborer. Il ne s'agit donc pas seulement de leur fournir un soutien pour leurs activités mais d'assurer un suivi et nous nous sommes engagés à faire tout ce qui était nécessaire pour réaliser ce projet. Ce dont vous avez parlé touche l'élément essentiel de ce que nous essayons de faire.
Mme Anita Neville: Merci.
Le président: L'autre Alan va maintenant rejoindre Allen.
M. Alan Tonks (York-Sud—Weston, Lib.): Merci.
Je peux certainement me faire l'écho des commentaires d'Anita. Je suis un député et je trouve qu'il n'est pas très facile de comprendre ce qui se fait, la façon dont tous ces intervenants travaillent à ce projet, dans les différentes régions du pays. J'ai apprécié tout ce que vous avez dit. Je dirais que vous avez adopté une approche de planification stratégique au renforcement des capacités communautaires dans le but de répondre aux difficultés que rencontre le développement des jeunes enfants, les petits. Dans le même sens, pour prendre une comparaison clinique, cela revient à utiliser les outils de recherche pour le volet analyse de votre action et le pronostic est votre plan d'action. Vous nous avez donné une description très pénétrante de ces deux aspects.
Vous avez fait remarquer que vous auriez grand besoin d'avoir un coordonnateur, sans vouloir critiquer le personnel de DRHC, un autre organe qui s'occuperait de coordonner vos efforts. Si vous aviez une demande à formuler pour obtenir une aide supplémentaire, est-ce bien cela que vous demanderiez ou serait-ce autre chose? Voilà ma première question.
Ma deuxième s'adresse au personnel ou à Margo et Allen. Est-il équitable, raisonnable ou réaliste d'utiliser un cycle de cinq ans pour faire de la planification, pour analyser les résultats de la recherche et pour le reste? Pour ce qui est de la dynamique et des éléments que nous essayons de mettre en place stratégiquement à l'égard des enfants, une période de cinq ans est-elle insuffisante pour bien évaluer ce qui s'est fait au cours des cinq premières années?
Vous avez fait une première suggestion au sujet des ressources supplémentaires. Est-ce qu'il y a un accord sur ce point? Y aurait-il d'autres choses que vous voudriez changer?
Mme Eileen Grant: De notre point de vue, nous n'avons pas besoin de cela pour pouvoir réaliser un projet mais nous en avons besoin pour notre collectivité. Il n'y a pas d'infrastructure et il n'y a aucun financement pour le travail qui se fait pour amener la collectivité à mettre en oeuvre toutes ces initiatives. Je suis tout à fait prête à travailler en collaboration avec la collectivité mais à l'heure actuelle, rien de ce qui se fait ne bénéficie d'un appui officiel; il est tellement difficile d'avoir accès à des fonds pour mettre sur pied une table de planification communautaire que personne n'a été choisi et rémunéré pour faire ce travail de coordination. Par exemple, lorsque quelqu'un a une idée comme celle que nous avons eue avant, cette personne m'appelle et me dit «J'ai un petit peu d'argent. Nous savons qu'il y a un besoin parce que nous en avons fait la preuve grâce à la recherche effectuée dans ce domaine particulier. Comment pouvons-nous regrouper des gens pour faire ceci?»
Nous avons donc besoin de quelqu'un qui connaisse bien tous les acteurs de la collectivité et qui sache comment demander des subventions. C'est une compétence dont a besoin la collectivité. C'est le genre d'infrastructure qui manque dans nos collectivités. Je parle très souvent avec un groupe de Vancouver, le Windows for Opportunity, et il fait face aux mêmes difficultés. La volonté de collaborer est très forte, mais il faut quelqu'un qui soit rémunéré pour coordonner le volet initiative communautaire pour que ceux du volet recherche du projet CPE, puissent réaliser des initiatives avec la collectivité. Ce n'est pas nous qui choisissons les initiatives, elles sont prises dans la collectivité, c'est elle qui les met en oeuvre, nous travaillons avec elle.
Il est très difficile de fonctionner lorsqu'il n'y a personne pour occuper ce rôle et que personne n'est payé pour le faire. Dans une collectivité aussi importante et aussi diverse que la nôtre, cela use les gens, et il y a pourtant des gens vraiment étonnants qui travaillent avec nous.
Mme Linda Nosbush: Nous avons cette structure depuis près de sept ans en Saskatchewan grâce au Human Services Integration Forum. Il y a neuf régions sectorielles intégrées en Saskatchewan et à la tête de chacune, il y a un coordonnateur rémunéré à plein temps. Les représentants du gouvernement et des agences non gouvernementales font partie de ces regroupements. C'est le groupe qui me parraine et il est très impressionnant de voir tous ces gens travailler ensemble. Je crois que vous avez raison, il faut que cela se fasse au niveau de la collectivité élargie mais nous avons obtenu des résultats à cause des efforts intégrés déployés pour le compte de tous les organismes gouvernementaux et non gouvernementaux.
M. Allen Zeesman: Vous pouvez constater que la situation varie d'une province à l'autre. À part ce que j'ai entendu ici, je ne sais pas exactement ce qui se fait dans chacune des provinces. Je sais cependant que le quatrième élément de l'entente CPE traite précisément de cet aspect, cela est donc possible dans ce contexte. Si vous examinez les quatre éléments de l'entente CPE qui a été signée, vous verrez que le quatrième traite du genre de soutien dont vous parlez.
Pour ce qui est du choix d'une période de cinq ans, vous parlez à quelqu'un qui a dit qu'il faut s'occuper de nos bébés jusqu'à ce qu'ils aient 25 ans lorsqu'on a examiné le projet d'enquête longitudinale. Nous avons rencontré certains problèmes avec les bases de données de notre gros fichier et les gens m'ont demandé pourquoi conserver ces données pendant 25 ans; ma première réaction a été de dire que je ne comprenais pas la question. En fait, oui, il est vrai que ces choses prennent beaucoup de temps mais nous avons choisi cette période de cinq ans en sachant qu'elle suffirait pour certaines choses et pas pour d'autres; le programme CPE est un programme permanent et nous serons appelés à prendre des décisions à ce sujet lorsque la période de cinq ans expirera dans une collectivité donnée.
En ce moment, nous faisons de la planification sur cinq ans et le DRHC s'est engagé envers le projet mais sur une base annuelle uniquement; nous n'avons donc pas prévu exactement comment la chose évoluerait. Voilà la situation dans laquelle nous nous trouvons. Pour vous répondre, je dirais que vous avez raison, il y a des choses qui se passent dans les collectivités et qu'on ne peut évaluer sur une période de cinq ans qui est trop courte dans ce cas-là, il y a également des choses qu'une période de cinq ans permet de mesurer.
M. Alan Tonks: Selon votre méthodologie, vous allez tenter d'identifier ces aspects et d'être équitable pour ce qui est de l'évaluation et des résultats; le choix d'une période de cinq ans a sans doute été fait pour que l'on puisse modifier le programme s'il y a des besoins non prévus, des lacunes, s'il faut y consacrer des ressources supplémentaires, etc.
Merci.
Le président: Merci. Merci beaucoup, monsieur Tonks. Je m'aperçois que nous allons bientôt nous transformer en citrouille.
J'ai une dernière question mais avant, je tiens à faire un commentaire. Il est évident que la direction générale de la recherche appliquée de DRHC pourrait, non seulement pour que les actions entreprises puissent se poursuivre sur une période de cinq ans... Il existe manifestement une demande importante pour ce genre d'activité dans les différentes régions du pays; c'est pourquoi Eileen reçoit tellement d'appels. Le comité pourrait être ainsi amené à demander à l'avenir si l'on a prévu suffisamment de fonds pour permettre cette expansion, et dans le cas contraire, qu'allons-nous faire face à cette situation?
Ma question porte sur un point qu'a mentionné Allen Zeesman. Il a parlé de l'initiative concernant le développement de la petite enfance et du fait qu'elle comprend quatre domaines financés, dont le dernier est l'infrastructure communautaire. L'instrument de mesure constitue un élément essentiel du projet CPE puisqu'il permet de mesurer les activités de base et ensuite, les résultats. Comment ce travail est-il relié au volet résultats de l'initiative relative au développement de la petite enfance signée en septembre dernier? Cette question s'adresse probablement à Allen.
Je m'aperçois aussi qu'il ne nous reste plus beaucoup de temps et je demanderais à tous les invités des différentes régions de dire dans quelle mesure vous êtes au courant de l'initiative relative au développement des jeunes enfants, dans quelle mesure vous y participez? Pensez-vous que les provinces vont pouvoir profiter des études de profil que vous effectuez, des résultats que vous obtenez, et de toutes ces choses?
Je vais commencer par donner la parole à Allen et vous pourrez ensuite réagir.
M. Allen Zeesman: Nous sommes en train de négocier ces aspects au moment où nous nous parlons. L'enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes et le projet CPE sont au coeur des connaissances essentielles au sujet de l'entente. Nous avons réussi à inclure cela dans l'entente pour la seule raison que ces choses existaient déjà. Tout cela est étroitement relié.
Le président: Y a-t-il des commentaires?
Mme Sarah Gallant: En tant que seule collectivité d'envergure provinciale qui travaille au projet CPE, je dirais que nous avons eu beaucoup de chance de participer au projet CPE au moment où cette entente a été signée et où nous allons de l'avant. Nous allons constituer une base de données provinciales sur les activités exercées dans toute la province avec la mise en oeuvre de la stratégie de développement des enfants de l'Île-du-Prince-Édouard, notre stratégie provinciale qui encadre l'utilisation de ces fonds. Nous sommes directement impliqués dans tout cela. C'est très passionnant.
Mme Linda Nosbush: J'ai parlé de la façon dont ces fonds seraient utilisés. Dès le départ, des fonctionnaires provinciaux sont venus à Prince Albert pour nous expliquer ce qu'était le projet CPE et ils vont revenir passer une autre journée ici au cours de laquelle nous allons utiliser tous les résultats que nous avons obtenus grâce à l'instrument de mesure de façon à pouvoir rediriger ces fonds dans notre collectivité, en fonction de la population et de nos clients.
Le président: Est-ce que cela fait référence aux fonds fédéraux qui vont être offerts...
Mme Linda Nosbush: Cela s'appelle Kids First en Saskatchewan et c'est le processus utilisé.
Le président: Excellent.
Y a-t-il d'autres commentaires?
Mme Eileen Grant: En Colombie-Britannique, la plupart des décisions concernant l'utilisation de ces fonds sont prises à l'échelle de la province. Il existe un certain nombre de sites appelés Children First en Colombie-Britannique qui sont des sites d'apprentissage financés grâce à ces fonds. Je travaille assez étroitement avec eux. Nous nous transmettons de l'information sur ce qui se passe dans ces collectivités. Grâce aux fonds DPE, il existe maintenant en tout six sites en Colombie-Britannique. Il y a deux sites du projet CPE qui font de l'évaluation et de l'établissement de profil communautaire. Vancouver effectue, en partie avec l'appui du DRHC, un travail semblable. Il y a ensuite les trois sites Children First. Le reste des fonds est pratiquement consacré à un programme universel de garderies en Colombie-Britannique. En outre, il se fait également du travail dans d'autres domaines pour appuyer les thérapies destinées aux jeunes enfants.
Nous utilisons également nos données de base pour voir quels sont les effets de certaines initiatives sur l'état de préparation scolaire des enfants. Nous travaillons donc en relation assez étroite avec ce qui se fait au niveau provincial.
Le président: Merci beaucoup.
Je crois qu'il est temps de mettre un terme à la partie officielle de la séance. Je tiens à dire personnellement que j'ai beaucoup apprécié voir que nous avons des collectivités très différentes les unes des autres mais qui ont également une histoire en commun, l'histoire de nos enfants, l'histoire de l'importance du capital communautaire et social au-delà des facteurs socio-économiques. Je crois que cela augure bien pour la conférence qui va commencer demain soir ici à Ottawa et se poursuivre jusqu'à samedi.
Je tiens également à remercier tous les «nouveaux», si je peux appeler ainsi les gens de la deuxième vague. Je ne veux pas être partisan ou influencer le résultat du rapport que le comité pourrait préparer mais j'espère que vous n'êtes pas les derniers «nouveaux» que nous allons rencontrer. J'espère que nous allons non seulement continuer cette action au-delà de cette période de cinq ans mais que nous allons également élargir ce programme très fructueux, parce que je pense que le fait de montrer ce qui peut se faire, l'effet de levier, et l'effet de mobilisation que vous avez obtenu dans vos collectivités grâce au projet CPE vont bien au-delà du simple aspect financier. C'est un investissement très sain. Bien entendu, je ne peux pas parler pour les autres membres du comité.
M. Alan Tonks: Si, vous le pouvez.
Le président: Il semble que je puisse le faire. Très bien.
Je vais donc mettre officiellement fin à la séance et vous remercier tous.
La séance est levée.