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Mesdames et messieurs, bonjour. Je déclare la séance ouverte.
Nous en sommes à la deuxième séance du comité législatif chargé du projet de loi C-2. À l'ordre du jour, l'étude du projet de loi C-2, Loi prévoyant des règles sur les conflits d'intérêt et des restrictions en matière de financement électoral, ainsi que des mesures en matière de transparence administrative, de supervision et de responsabilisation.
Nous accueillons aujourd'hui l'honorable John Baird, président du Conseil du Trésor, ainsi que deux représentants du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada.
Monsieur le ministre, représentant du ministère de la Justice, je vous demanderais de présenter les personnes qui vous accompagnent le moment venu.
Nous allons commencer.
Monsieur le ministre, vous avez, j'espère, un exposé à présenter au comité, après quoi nous vous poserons des questions. Monsieur le ministre, bonjour.
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Bonjour. Merci beaucoup, monsieur le président.
Chers collègues, je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour vous présenter brièvement le projet de loi C-2, Loi fédérale sur l'imputabilité.
Je pense que les Canadiens et les Canadiennes souhaitent profondément que les parlementaires travaillent de concert pour que ce projet de loi reconstruise la confiance des Canadiens envers leur gouvernement. Dans les prochaines semaines, vous débattrez de chacune des 317 dispositions du projet de loi et vous entendrez de nombreux témoins aux opinions différentes. Je vous encourage fortement à les étudier avec soin et à vous souvenir que le 23 janvier, les Canadiens ont dit qu'ils voulaient un gouvernement honnête, responsable et digne de confiance. La loi fédérale sur l'imputabilité, selon moi, est un point de départ dans cette voie.
Avant d'entrer dans les détails, j'aimerais vous exprimer ma satisfaction quant au débat en deuxième lecture à la Chambre la semaine dernière. Beaucoup d'idées intéressantes ont été présentées, et je sais que le comité aura le temps de toutes les étudier. J'ai été particulièrement interpellé par le réel soutien et la coopération qui ont été exprimés dans les discours du député de Vancouver Quadra,
[Français]
les commentaires de mon collègue de Repentigny et
[Traduction]
et du député de Winnipeg-Centre, qui étudie cette question depuis plus longtemps que la plupart d'entre nous. Ils ont été très obligeants.
J'aimerais rapidement passer en revue le projet de loi. La partie 1 porte sur des réformes politiques d'envergure qui permettront aux représentants élus et aux titulaires de charge publique de prendre des décisions dans le meilleur intérêt des Canadiens. Ces propositions permettront d'enchâsser le code sur les conflits d'intérêt dans la loi.
[Français]
C'est la pratique dans la province d'Ontario, où j'ai acquis beaucoup d'expérience. La Loi sur les conflits d'intérêts fait partie des statuts, et ce n'est pas seulement écrit par le premier ministre du jour.
[Traduction]
Ce projet de loi réduirait de façon significative l'influence de l'argent en politique. Ces réformes ont été entreprises au Québec il y a plus de 25 ans, ainsi que dans la province du Manitoba. En éliminant les contributions des entreprises et des syndicats, nous pensons que nous pouvons rendre le processus politique plus ouvert et démocratique.
Le projet de loi comprend également des réformes importantes dans le domaine du lobbying. L'interdiction d'exercer des activités de lobbying pendant cinq ans pour les hauts fonctionnaires, les ministres et le personnel politique vise à mettre un terme à la pratique du renvoi d'ascenseur entre les hauts fonctionnaires et les entreprises de lobbying.
[Français]
Dans la partie 2 du projet de loi, les mesures visent à appuyer les institutions du Parlement dans leur responsabilité d'avoir un gouvernement responsable.
[Traduction]
En créant un organe parlementaire du budget, la loi fera en sorte que les comités parlementaires auront accès à des analyses indépendantes et objectives des questions économiques et financières.
La partie 3 du texte a pour but de rendre le gouvernement plus ouvert en assurant l'autonomie du directeur des poursuites pénales et en protégeant ceux qui signalent des actes fautifs.
Le texte prévoit d'élargir l'application de la Loi sur l'accès à l'information à 17 nouvelles entités, y compris sept mandataires du Parlement, sept sociétés d'État et trois fondations crées par une loi fédérale. Chacune de ces fondations dispose d'un budget d'environ 1 milliard de dollars.
Nous sommes déterminés à faire davantage pour renforcer la Loi sur l'accès à l'information en faisant étudier par un comité des propositions inspirées de celles mises de l'avant par le commissaire à l'information à la fin de l'an dernier et en apportant des modifications supplémentaires au document de discussion présenté par le ministre Toews le 11 avril.
Le texte prévoit également une nouvelle commission des nominations publiques chargée de surveiller et de contrôler le mécanisme de sélection des nominations par décret aux organismes, conseils, commissions et sociétés d'État ainsi que d'en faire rapport. Le but est de veiller à ce que ces nominations récompensent le mérite tout en respectant l'équité et l'ouverture.
Dans la même veine, le texte donnera au bureau du directeur général des élections le pouvoir de nommer les directeurs de scrutin. Cette mesure contribuera à dépolitiser le processus et à assurer une meilleure perception politique et publique de la façon dont nos élections sont tenues. Je sais que c'est une question qui a une grande importance pour notre collègue de Lanark—Frontenac—Lennox et Addington et aussi pour un certain nombre de nos collègues du Québec.
Comme l'ouverture et la transparence sont au coeur de la responsabilité, nous devons créer une culture du secteur public fédéral où les gens n'hésiteront pas à signaler des irrégularités. Le texte proposé renforce l'ancien projet de loi C-11 en créant, espère-t-on, une plus grande certitude dans l'esprit des fonctionnaires qui sont témoins d'irrégularités, de gaspillage et de mauvaise gestion, ou même de comportement criminel, pour qu'ils puissent s'exprimer avec assurance en se sachant à l'abri de représailles et sûrs de l'existence d'un mécanisme indépendant capable de les protéger. C'est le député de Nepean—Carleton qui est à l'origine de cette proposition, qui fait fond sur les délibérations du comité au sujet du projet de loi C-11.
J'ai la conviction que ce texte est une bonne chose pour les fonctionnaires puisqu'il ne multiplie pas les lourdeurs administratives, les complications bureaucratiques et les règles.
Certains ont dit que les amendements que nous proposons à la loi sur les dénonciateurs sous-entendent qu'à notre avis, les abus sont généralisés dans la fonction publique. Je le dis tout net: le gouvernement sait que la grande majorité des fonctionnaires fédéraux respecte les normes les plus élevées de moralité.
La partie 4 du projet de loi porte sur la réforme du secteur public en améliorant la surveillance et la responsabilité administrative. Dans le cadre de la responsabilité globale du ministre devant le Parlement, les rôles et responsabilités des sous-ministres doivent être clairs. Le texte qui est devant nous propose de désigner les sous-ministres et directeurs généraux comme administrateurs des comptes de leur ministère sans rien enlever de la responsabilité devant le Parlement du ministre en cause.
Enfin, la dernière partie du texte porte sur la réforme des marchés et des approvisionnements. Il s'agit évidemment là d'une question réelle et importante vu les inquiétudes exprimées par les vérificateurs généraux ces dernières années et, dans la population, par les petites entreprises en particulier. Le vérificateur général joue un rôle essentiel en ce qu'il s'assure que les fonds publics sont employés judicieusement. C'est pourquoi le texte dont nous sommes saisis lui conférerait des pouvoirs supplémentaires d'effectuer des vérifications auprès de particuliers et d'organismes bénéficiaires de fonds fédéraux.
Les mesures que je viens de décrire donnent une bonne idée de notre détermination à instaurer une culture de responsabilité dans le secteur public. Ces mesures n'épargneront personne, qu'il s'agisse du premier ministre ou des parlementaires, des fonctionnaires, des citoyens et des entreprises qui reçoivent des fonds fédéraux. En incorporant ces réformes au droit, le Parlement ira plus loin que tout autre gouvernement de l'histoire canadienne en matière de responsabilité.
Au début de ce gouvernement minoritaire, je pense que travailler ensemble pour restaurer la confiance de la population dans le gouvernement et ses institutions et dans le processus politique est sans doute le don le plus important que la 39e législature puisse faire aux Canadiens.
Dans le Ottawa Citizen, j'ai vu un sondage sur les professions. Au sommet de la liste se trouvent les agriculteurs, les infirmières, et les pompiers; au milieu se trouvent les fonctionnaires et tout en bas se trouvent les politiciens et le élus. Il nous appartient à tous de contribuer à reconquérir cette confiance, qui s'est érodée au fil des décennies au pays sous la conduite d'un grand nombre de partis politiques, ajouterais-je. Voilà qui sera peut-être le don le plus important de la 39e législature, montrer l'importance que nous accordons au renforcement de la responsabilité.
C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai lu récemment dans les journaux le compte rendu des propos de mon bon ami le député de Winnipeg-Centre quand il a dit que cela constituerait un don précieux pour les Canadiens de transformer ces mesures en loi avant le congé estival. Cela nous permettrait de procéder rapidement à la création de ces nouvelles entités pour mettre en place ces nouvelles mesures destinées à renforcer la confiance des Canadiens dans leur gouvernement.
Merci.
[Français]
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis maintenant prêt à répondre aux questions et à recevoir des commentaires.
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Merci, monsieur le président.
Soyez le bienvenu, monsieur le ministre.
Je commencerai d'abord par répéter ce que j'ai dit en Chambre: l'opposition officielle appuie la Loi fédérale sur l'imputabilité. C'est à nos yeux le prolongement, l'évolution naturelle des mesures de responsabilisation prises par l'ancien gouvernement dans les dix dernières années, comme le renforcement de la loi et des pratiques sur l'enregistrement des lobbyistes, la Loi sur les dénonciateurs, la réforme des marchés publics, l'assujettissement des sociétés d'État au contrôle du vérificateur général, la création du poste autonome de commissaire à l'éthique et de conseiller sénatorial en éthique, un code de conduite -- et je pense que le but de ce texte d'incorporer le code à la loi est une mesure supplémentaire progressiste très positive -- et certainement autour de toute la question de veiller, et je vais paraphraser parce que je ne me souviens pas de l'expression exacte que vous avez employée, de mettre fin à ceux qui se servent de leur influence à Ottawa comme d'un tremplin vers une carrière lucrative à donner des conseils sur la manière d'exerce de l'influence sur le gouvernement. C'est un secteur où nous souhaitons tous voir un nettoyage.
Monsieur le ministre, à propos de ceux qui se servent de leur poste comme d'un tremplin, comment peut-on s'assurer que ce texte empêchera les titulaires de charge publique qui quittent de se lancer comme lobbyistes ou d'essayer de monnayer leur influence, mais aussi ceux qui ont occupé des postes élevés dans l'opposition qui aujourd'hui forme le gouvernement de faire la même chose avec une influence peut-être encore plus grande puisqu'ils s'adressent aujourd'hui à leurs anciens collègues aujourd'hui détenteurs du pouvoir? Peut-être voudra-t-on y réfléchir soigneusement parce qu'au fil des années les gouvernements changent et nous voulons nous assurer que le principe est opérant.
Je vais vous donner un petit exemple. Je ne veux mettre personne dans l'embarras mais il s'agit d'un avis public sur le site Web de Lang Michener, de son bureau de Vancouver. Il s'agit d'un nouveau conseiller stratégique senior que nous connaissons tous bien, John Reynolds. On dit sur le site Web: « La grande expérience et les nombreuses relations de John ajoutent encore à notre capacité de servir nos clients ». On énumère ensuite les nombreux postes du cabinet fantôme qu'il a occupés en politique fédérale: whip de l'opposition officielle, leader en Chambre, chef de l'opposition officielle de Sa Majesté en 2001, président de la campagne à la direction de Stephen Harper et coprésident de la campagne électorale de 2006 du premier ministre Harper.
Je ne veux pas trop m'attarder sur le cas de M. Reynolds, mais plutôt sur le genre de situation où l'on voit de nombreux anciens conseillers et agents de l'opposition officielle, qui forme aujourd'hui le gouvernement — et il y en a des dizaines — s'inscrire comme lobbyistes. Je me demandais si vous aviez des suggestions à proposer pour veiller à ce que le principe soit d'application universelle pour que ceux qui ont potentiellement le plus d'influence... et de composer avec le cynisme, comme vous l'avez évoqué à juste titre, de la population vis-à-vis de la vie politique et éviter même l'apparence d'influence indue en raison de ces liens étroits.
Je pense que nous devons nous y atteler collectivement précisément en raison de l'attitude de la population, même si elle n'est pas justifiée par les faits.
Évidemment, après l'enquête Gomery, l'une des plus longues de l'histoire canadienne, le juge est arrivé à la conclusion dans son rapport que « les Canadiens ne doivent pas oublier que la grande majorité de leurs fonctionnaires et de leurs élus font leur travail avec honnêteté, diligence et efficacité, et qu’ils ont été blanchis par l’enquête ».
Tel n'est sûrement pas, comme vous l'avez bien dit, le sentiment général de la population à l'endroit des fonctionnaires et des politiciens. Pour moi, notre tâche solennelle au comité est d'améliorer la responsabilisation partout où c'est possible et aussi de corriger l'impression erronée chez les citoyens que la vie publique est systématiquement corrompue, inefficace ou déplacée, alors que nous savons que ce n'est pas le cas.
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Oh, au cabinet fantôme. Désolé.
Au sujet de l'interdiction de cinq ans de faire du lobbying, je pense que s'il y a eu un reproche, le plus important, c'est que cela va trop loin et non que la mesure n'est pas assez stricte. J'ai entendu beaucoup de réactions. Au point de presse, après le dépôt du projet de loi, le 11 avril, vous avez dit que nous allions trop loin.
Par le code sur les conflits d'intérêts et la réforme du lobbying, nous avons cherché à réguler la branche exécutive du gouvernement, pas la branche législative. Je serais très ouvert à vos propositions sur la façon de réglementer l'action du Bureau du chef de l'opposition, du personnel des députés qui ne travaillent pas dans la branche exécutive. Si vous jugez que ces mesures ne vont pas assez loin, j'accueillerais avec plaisir vos idées ou vos suggestions sur la façon de renforcer le texte.
Jusqu'à présent, en matière de conflit d'intérêts, nous ne nous sommes pas penchés sur la branche législative. Nous n'avons examiné que la source du pouvoir au gouvernement et le texte ne porte que sur la branche exécutive. Nous avons cherché à instaurer des réformes importantes pour que les gens ne fassent pas de lobbying pour une période de cinq ans auprès de la personne qui travaillait dans le bureau à côté du leur et qui prenait des décisions importantes au gouvernement.
Si vous avez des suggestions et voulez présenter des amendements, nous en discuterons avec plaisir. Si vous souhaitez que leur effet soit rétroactif, je suis prêt à en discuter aussi. Si elles devaient avoir un effet rétroactif sur l'ancienne opposition, elles l'auraient aussi pour les conseillers des ministres de l'ancien gouvernement.
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Monsieur Baird, merci, bonjour et bienvenue.
J'aurai quelques questions pour vous. Je vous demanderais, si possible, de me donner des réponses brèves, parce qu'on a huit minutes et demie à notre disposition.
Je commencerai mon intervention en paraphrasant la vérificatrice générale, si vous me le permettez. Je parle bien d'une paraphrase et non d'une citation. En ce qui concerne le scandale des commandites, elle aurait dit quelque chose de semblable à ceci: toutes les règles ont été bafouées. Les règles étaient donc existantes et elles ont été bafouées. Je vous félicite d'apporter de nouvelles règles, mais ces règles seront respectées seulement et uniquement s'il y a une volonté politique de les respecter.
Sur l'autoroute, la limite de vitesse est de 100 km/h. On peut bien adopter une règle pour contraindre davantage les contrevenants, mais si on ne la respecte pas ou si on n'applique pas de sanctions... On aura beau avoir toutes les belles règles que vous proposez dans de gros cahiers contenant 317 articles sur 250 pages, ce qui est nécessaire, c'est la volonté politique. Et seuls le temps et l'expérience démontreront si c'est vrai. Cela n'était pas une question.
Voici ma première question. Alfonso Gagliano nous a dit qu'un ministre n'était pas responsable de son ministère. Reg Alcock nous a dit qu'un ministre était responsable de son ministère. Selon vous, un ministre est-il responsable de son ministère et de ses actes, ou ne l'est-il pas?
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Je crois tout d'abord que lorsque le premier ministre actuel présentera son premier projet de loi au Parlement, ce projet de loi ira plus loin que ne l'a fait n'importe quel gouvernement de l'histoire canadienne pour en élargir la portée à tous les mandataires du Parlement, les trois grandes fondations, et les sept grandes sociétés d'État qui n'étaient pas visées auparavant. Ce sont de bonnes nouvelles.
Deuxièmement, nous avons présenté un projet de documents d'étude et l'avant-projet de loi. Lorsque le commissaire à l'information a comparu devant le Parlement — je crois que c'était en octobre de la dernière législature, et comme vous le savez je n'étais pas ici — il a dit qu'il n'avait pas tenu beaucoup de consultations au sujet de ses propositions et qu'il accueillait favorablement les commentaires du comité. Voilà pour une chose.
Par ailleurs, lorsqu'on élargit la portée d'une loi, il faut faire preuve de diligence raisonnable et reconnaître les circonstances différentes des instances visées par la loi. Je citerai à titre d'exemple la Société Radio-Canada. De toute évidence, il s'agit d'une organisation unique et nous voudrions tous, je crois, à l'unanimité nous assurer de garantir de façon concrète et entière aux journalistes que leurs sources seront protégées, pas pendant cinq ans ou vingt ans, ni selon le bon vouloir du commissaire en poste à ce moment-là, mais de façon permanente.
Lorsque que nous avons décidé d'y assujettir le directeur général des élections, notre intention était-elle d'américaniser notre système afin que les scrutins puissent faire l'objet d'une demande d'accès à l'information? Non. Donc, il est très important, lorsque l'on augmente le nombre d'organisations visées, de faire preuve d'une diligence raisonnable et d'effectuer certains travaux. Nous travaillons dans des délais très serrés. Nous n'avons pas bénéficié de l'aide que semble laisser entendre le commissaire à l'information. Il a également laissé entendre que nos propositions étaient radicales et allaient plus loin que ce qu'il avait demandé.
Je suis partisan de l'accès à l'information. Nous en avons parlé. Vous êtes au courant de l'engagement que j'ai pris à cet égard.
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Je crois que c'est important. En ce qui concerne les dénonciateurs, je crois que ces mesures seront réellement efficaces si on n'a pas recours à un processus. Je crois qu'elles sont réellement efficaces si un fonctionnaire sait en toute confiance qu'il peut dénoncer sans crainte de représailles. C'est là où ces mesures seront réellement efficaces.
Nous avons beaucoup discuté du projet de loi C-11. L'Institut ne voulait pas que nous nous en débarrassions. Ce sont les conseils que nous avons reçus de Michèle Demers. Donc, nous ne l'avons pas fait. Nous avons tenu de nombreuses discussions qui nous ont amenés à considérer qu'il serait préférable de recommencer à zéro et d'établir un nouveau régime. L'AFPC était très préoccupée par l'intégrité des mesures de dénonciation.
Le temps ne m'a pas permis d'y répondre, mais la bonne nouvelle, c'est que nous avons un nouveau gouvernement et nous avons un Parlement qui à mon avis est prêt à aller plus loin que le projet de loi C-11 et qui est disposé à le renforcer.
La fonction publique vient vraiment de frapper un coup de circuit grâce aux mesures que nous proposons pour les dénonciateurs. Ces mesures transmettent un message très sérieux à tout gestionnaire qui... ils y penseront à deux fois avant d'exercer des représailles. En fait, cela est désormais considéré comme un crime, et des recours devant les tribunaux seront prévus dans de tels cas.
Par souci de clarté, les dispositions du projet de loi concernant la dénonciation ne sont pas vraiment des questions nouvelles pour le Parlement. Je crois qu'au cours de la 38e législature, on en a discuté pendant environ un an ou un an et demi. Dans l'ensemble, le projet de loi reprend précisément les mesures émanant des comités et les renforce.
La plupart des dirigeants syndicaux reconnaîtraient qu'il s'agit d'une victoire assez importante. Je peux certainement vous donner l'engagement à vous, le député de Nepean—Carleton, que nous agirons rapidement, lorsque ce projet de loi sera adopté, pour mettre sur pied ce nouveau régime aussi rapidement que possible afin de prouver que nous tenons sérieusement à protéger les dénonciateurs et à sévir contre ceux qui usent de représailles.
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J'ai effectivement pris le temps de rencontrer M. Reid pour écouter ses préoccupations. Je dirais qu'à bien des égards, il estime que les dispositions-cadres actuelles concernant certains types d'information suffisent amplement et n'appellent pas de nouvelles exemptions; l'un des exemples que je me plais à citer est celui de Radio-Canada. Mais en tout état de cause, nous sommes convenus de travailler avec lui pour écouter ses préoccupations et envisager les amendements qu'il pourrait être proposer pour dissiper celles-ci.
À mon avis, il reste trois domaines dans lesquels il ne pourra y avoir d'accord, du moins du côté du gouvernement. Il y a d'abord la question de la garantie béton qui serait donnée aux journalistes que leurs sources seraient pleinement protégées et échapperaient donc à son examen. En deuxième lieu, étant donné que nous allons relativement loin pour protéger les dénonciateurs, je ne pense pas que si une accusation venait à être portée à l'encontre d'un autre fonctionnaire, une accusation qui serait sans fondement, ou carrément fausse... Cela ne devrait pas être rendu public; nous devons en effet protéger la réputation et la carrière des gens. En troisième lieu, nous avons déjà accepté une recommandation émanant du milieu de la comptabilité, et du vérificateur général également, je crois, à l'effet de protéger les documents de vérification préliminaires jusqu'à la tombée du rapport définitif. Dans certains cas, c'est un exemple, les sous-ministres pourraient demander une version préliminaire du rapport de la vérificatrice générale avant même que celle-ci en saisisse le Parlement. Voilà donc les trois éléments sur lesquels nous sommes notoirement en désaccord avec lui.
Pour ce qui est des autres problèmes qu'il soulève, je lui ai dit que nous étions tous disposés à travailler avec lui pour tenter d'arriver à une solution qui lui convienne. Il est évident que M. Reid connaît fort bien ce dossier.
Ce qui me pose problème, c'est qu'un jour il dit que nous allons trop loin, que nous sommes trop radicaux, alors que le lendemain il dit l'inverse.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le ministre et je sais que le comité est unanime à le remercier d'être venu aujourd'hui.
Monsieur le président, le ministre pourrait-il faire transmettre au comité un genre d'organigramme qui nous exposerait le rôle, aux termes de la loi, du sous-ministre en sa qualité d'agent responsable, ainsi que le rôle qu'il devra jouer dans le cadre de ses rapports avec le Comité de vérification interne, ainsi que la relation entre ce dernier et le contrôleur général ainsi qu'avec le vérificateur général, rôle qui permettrait de boucler la boucle de la responsabilisation?
Pour le gouvernement, quel genre de contrôle pourra exercer le comité compétent auquel le sous-ministre devra rendre compte, via le ministre?
Je pose la question au nom du comité, monsieur le président, parce qu'à mon avis, le juge Gomery a signalé qu'il y avait une véritable rupture dans le système des poids et contrepoids, et qu'en fait, nous sommes ici pour faire bien en sorte que toutes les décisions soient marquées au coin de la transparence, de la responsabilisation et du suivi, toutes choses qui étaient notoirement négligées comme M. Cutler l'avait dit lors des audiences du comité des comptes publics.
Peut-être le ministre voudrait-il dire un mot à ce sujet, et aussi nous dire s'il lui serait loisible de faire parvenir au comité un organigramme.
La seconde question concerne cette culture de la responsabilisation publique. Le ministre pourrait-il expliquer au comité cette notion des 1 000 $ qu'on trouve dans la partie du projet de loi qui concerne les dénonciateurs? Quelle a été la logique du gouvernement lorsqu'il a prévu cela, et le ministre pense-t-il que ce genre de disposition fera vraiment beaucoup pour créer cette culture professionnelle dont nous essayons tous de nous imprégner dans nos propres actes et que nous tentons d'inculquer aux fonctionnaires pour qu'ils s'en inspirent dans les leurs?
Voilà mes deux questions, monsieur le président. Je vous remercie.
...il y a très peu de différence par rapport aux modifications apportées par le projet de loi C-2, puisque la Commission des relations de travail dans la fonction publique existe déjà et les raisons avancées par le gouvernement ne justifient pas le délai de mise en oeuvre de ces protections.
Il est donc clair que le projet de loi C-11 serait complètement éliminé après l'application du projet de loi C-2, mais d'un point de vue législatif, c'est faisable, réaliste et cela ne causerait pas trop de problèmes. On verra un peu plus tard la volonté des uns et des autres.
Ma deuxième question porte sur un autre domaine. Je n'ai pas encore étudié assez profondément le projet de loi C-2 pour pouvoir répondre à cette question. Certaines décisions du Tribunal canadien du commerce pourraient-elles être assujetties au projet de loi C-2?
Supposons, par exemple, qu'un ministère fasse un appel d'offres, qu'une compagnie ou un organisme soit choisi, mais qu'un autre organisme réalise que l'appel d'offres a été orienté, biaisé — on pourrait penser à Earnscliffe, à l'époque, par exemple — et que les autres concurrents oeuvrant dans ce domaine réalisent qu'il y a un problème, qu'ils se rendent devant le Tribunal canadien du commerce et qu'ils gagnent leur cause à l'effet que l'appel d'offres a été biaisé.
Cette décision pourrait-elle être assujettie au projet de loi C-2, une fois qu'il sera devenu loi, c'est-à-dire la décision de faire enquête sur la mauvaise administration dans le cas de l'appel d'offres?
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Je dois en accorder le crédit à ma sous-ministre adjointe, Susan Cartwright, qui a dirigé une équipe énorme de fonctionnaires talentueux qui ont travaillé fort pour préparer cette proposition. J'en attribue le mérite également à Joe Wild pour ce qui est de l'aspect juridique, qui a travaillé avec une équipe dévouée de fonctionnaires du ministère de la Justice à la rédaction du projet de loi.
Je suppose que comme pour tout projet de loi, on peut dire « six » alors que d'autres préfèrent dire « une demi-douzaine », et on peut dire « chou-vert » alors que d'autres préfèrent dire « vert-chou ». Nous sommes prêts à faire ce qu'il faut pour renforcer le projet de loi ou le clarifier ou pour vous rassurer davantage. Je pense en avoir parlé à M. Owen. Nous sommes certainement ouverts à cela. Nous ne sommes pas ouverts à cela uniquement parce que nous formons un gouvernement minoritaire, nous sommes ouverts parce que si nous pouvons améliorer le projet de loi ou le clarifier, c'est une bonne chose.
Il s'agit certainement d'un projet de loi complexe, je le reconnais, mais pour ce qui est de son volume, il s'agit en grande partie, par exemple, de désigner tous les sous-ministres, d'énumérer qui ils sont tous au sein des agences du gouvernement. L'une des choses que nous avons faites, c'est de séparer les postes de président du conseil d'administration et de président-directeur général pour les sociétés d'État — la Commission canadienne du lait, la Commission de la capitale nationale et d'autres sociétés. Si on y regarde d'un peu plus près, le projet de loi est un peu moins volumineux qu'il ne pourrait en donner l'impression.
Par ailleurs, bon nombre des propositions contenues dans ce projet de loi ont déjà fait l'objet d'une discussion. M. Owen a longuement parlé au début de son allocution du travail qui a été effectué par le gouvernement précédent. Une bonne partie du projet de loi s'appuie sur ce travail. Il y a eu de longues discussions ici à ce sujet. Nous venons tout juste de parler de l'ancien projet de loi C-11. Nous avons eu un très grand nombre d'audiences sur cette question lors de la dernière législature. Il y a également le rapport de la vérificatrice générale qui nous a aidés.
Je suis convaincu qu'il s'agit d'un assez bon projet de loi, mais comme pour toute autre chose, nous sommes tous des êtres humains, et personne n'est parfait. J'ai souvent constaté que dans le processus législatif, nous pouvons présenter une proposition car nous souhaitons accomplir quelque chose, mais certains peuvent être d'avis que ce n'est peut-être pas la meilleure façon de s'y prendre, ou seraient davantage rassurés si on s'y prenait différemment. C'est pour cette raison que nous sommes certainement ouverts à tout conseil que vous ou quelqu'un d'autre pourrait nous donner à cet égard.
Je voudrais remercier mon collègue Pat Martin de m'avoir donné du temps pour que je puisse poser des questions. Je veux également remercier M. Baird d'être ici.
Je vais parler tout de suite de la dénonciation, car c'est une question qui me préoccupe. Je veux aller droit au but en ce qui concerne le montant de 1 000 $. Je ne veux pas m'engager dans un long débat, sauf pour dire qu'à mon avis ce n'est pas ce que voulaient les dénonciateurs à qui j'ai parlé et qui ont subi les conséquences de leurs dénonciations. En fait, tous les dénonciateurs à qui j'ai parlé ont dit qu'ils avaient fait une dénonciation parce que c'était à leur avis la chose à faire. C'était la chose éthique à faire.
Cependant, ces gens ont vu leur vie détruite, déchirée et ils en subissent encore les conséquences. Je songe à quelques employés de Santé Canada, à la direction générale des services vétérinaires qui encore à ce jour... Vous savez, nous parlons de l'argent des contribuables, mais l'argent des contribuables est dépensé pour examiner au microscope les dénonciateurs.
Est-ce que le gouvernement a prévu des dispositions pour les dénonciateurs, pour les appuyer, et ne pas continuer de s'attaquer à eux comme on le fait à l'heure actuelle au gouvernement? Je ne vois aucune disposition à cet effet dans le projet de loi C-2.
Je voudrais parler un peu de l'indemnisation. Je veux parler un peu de la suspension, si vous voulez, du processus qui existe à l'heure actuelle. Je préférerais que l'on ne dise pas « l'affaire est devant les tribunaux ». Si vous voulez faire la bonne chose, la bonne chose à faire à l'heure actuelle c'est de cesser de harceler ces gens. Je le dis très franchement.
Une autre chose que je voulais dire, c'est que lorsqu'on examine la dénonciation, nous devons voir jusqu'où vont les conséquences. Si on regarde ce que le gouvernement fédéral investit dans la recherche universitaire, je peux vous dire que j'ai parlé à bien des gens qui font de la recherche. Ils craignent de ne pas être protégés. Nonobstant le fait que les fonds fédéraux, l'argent des contribuables, sont investis dans la recherche universitaire, lorsque ces gens parlent ou dénoncent des choses qui concernent la santé publique — c'est le cas pour l'eau potable, la recherche sur les médicaments — ils se sentent isolés et abandonnés.
Je me demande si vous pouvez répondre à ces deux questions.
S'il me reste encore quelques minutes, j'aimerais discuter du fait qu'il y a d'autres sujets de préoccupation — et je m'en suis déjà ouvert à votre collègue — à propos de la nécessité de s'assurer qu'il existera toujours un mécanisme d'appel après coup, même s'il est proposé de créer un tribunal administratif.
Mais je vais maintenant parler du lobbying. Il a beaucoup été question à Ottawa des manières de renforcer la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes ainsi que la surveillance. De fait, c'est dans le volume qui est ici.
Ce à quoi je pense a été proposé par mon prédécesseur, Ed Broadbent. Celui qui a fait du lobbying auprès du gouvernement ne devrait pas être admissible à un marché public. La raison est évidente; ceux qui se servent de leur poste comme un tremplin...
De fait, j'ai parlé à une ou deux personnes ici qui font du lobbying et elles m'ont dit que c'est bien simple: vous décidez ce que vous allez faire, vous ouvrez un bureau et une entreprise, vous vous en tenez à ça et vous n'avez pas... Ce devrait être un cercle distinct au lieu d'une intersection de cercle entre ceux qui sont rémunérés pour faire du lobbying auprès du gouvernement et ceux qui reçoivent des marchés publics.
Bien distinguer entre qui fait quoi et qui reçoit des marchés publics — je me demandais si vous pouviez nous en parler.
Monsieur Wild, j'aimerais discuter un peu des raisons qui ont mené à la création proposée du poste de directeur des poursuites pénales et de son mode de fonctionnement. Je ne sais pas si cela relève de votre domaine, mais comme vous avez participé à la rédaction du texte, peut-être pouvez-vous nous en dire quelques mots.
À ma connaissance, il n'y a qu'un seul directeur des poursuites pénales au pays et c'est en Nouvelle-Écosse. Partout ailleurs, y compris au gouvernement fédéral, selon nos traditions et nos usages constitutionnels, c'est le procureur général qui est le premier magistrat de la Couronne. Il cumule les fonctions de ministre de la Justice; il porte parfois les deux titres et parfois seulement celui de procureur général. Il a des fonctions à la fois politiques et stratégiques comme membre du Cabinet et un rôle quasi judiciaire de premier conseiller juridique de l'État. C'est à ce dernier titre qu'il doit s'assurer que le gouvernement agit en conformité avec la loi et que les poursuites suivent les règles. Je pense que constitutionnellement — et c'est là que je voudrais avoir votre avis — il n'est pas en fait possible pour le procureur général de se départir de cette fonction et de la déléguer à quelqu'un d'autre.
Au gouvernement fédéral, il existe un sous-procureur général adjoint chargé des poursuites pénales. Comme le président du Conseil du Trésor l'a dit, ce service du ministère de la Justice compte environ 640 employés.
Pour commencer, j'aimerais savoir si à votre connaissance il y a des problèmes et des difficultés du côté de ces poursuites ou du rôle du sous-procureur général adjoint qui conduiraient à inclure dans une loi sur la responsabilité des dispositions qui les soustraient à une autorité directe du ministre de la Justice et Procureur général.
Deuxièmement, je constate avec intérêt que dans le projet de loi C-2 on trouve un libellé très semblable à la loi de la Colombie-Britannique sur l'avocat-conseil de la Couronne, qui énonce que le procureur général peut intervenir — ce qu'il peut faire selon la convention de toute façon comme premier conseiller juridique de l'État — en ce qui concerne la politique de justice pénale ou la conduite de telle ou telle poursuite. Et il doit le faire par écrit et publier un avis dans la Gazette du Canada éventuellement avec un certain décalage pour s'assurer que l'affaire jugée ne soit pas touchée.
Cette formulation se trouve dans la loi provinciale. On retrouve le même libellé ici. Sauf que là il ne faut pas un service distinct pour le directeur des poursuites pénales. On ne fait qu'énoncer clairement le rôle et le travail du procureur général lorsqu'il intervient dans une poursuite.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi on a décidé de créer un service distinct au lieu d'expliciter le libellé du projet de loi C-2 concernant le procureur général et le sous-procureur général adjoint?
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Le projet de loi C-11 confiait largement la responsabilité de l'application de la loi aux politiciens et aux hauts fonctionnaires. C'est la réalité juridique dont nous avons hérité de la dernière législature.
La Loi sur l'imputabilité accorde ce pouvoir à une organisation judiciaire indépendante. Ainsi, des juges et non pas des hauts fonctionnaires ou des politiciens auront le pouvoir de protéger les dénonciateurs et d'imposer des sanctions à ceux qui enfreignent la loi. C'est quelque chose qui aurait déjà dû être prévu dans la mesure législative originale.
De plus, la Loi sur l'imputabilité fait disparaître les dispositions de dissimulation qui permettaient au Cabinet d'exclure certaines organisations et tous leurs employés de la protection assurée par la loi. Ainsi, les demandes d'accès à l'information touchant les divulgations d'actes répréhensibles ne seront plus exclues; ainsi, si un dénonciateur révèle des cas de corruption, ces renseignements ne peuvent pas être cachés au commissaire à l'information. La nouvelle loi accorde la protection des dénonciateurs à tous les Canadiens. Tout Canadien qui fait une divulgation, qu'il soit fonctionnaire ou pas, est protégé par la loi contre toute mesure de représailles.
Les dispositions de la Loi sur l'imputabilité en ce qui a trait à la protection des dénonciateurs sont beaucoup plus fortes et vastes que ce qu'on avait proposé dans le projet de loi C-11.
Monsieur Wild ou madame Cartwright, croyez-vous que nous pouvons nous fier à un tribunal indépendant de juges pour protéger les droits des dénonciateurs puisque le pouvoir judiciaire est indépendant au Canada?
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Merci, monsieur le président.
Ma question sera brève mais fort importante, car elle nous pose certains problèmes relativement au projet de loi C-2.
Je voudrais d'abord revenir sur la question du projet de loi C-11 de la session précédente qui, si le comité décidait de créer un filet de sécurité en attendant que nous ayons fini d'étudier le projet de C-2... Selon moi, à la lumière d'études que nous avons déjà faites d'autres projets de loi à la Chambre, celle du projet de loi C-2 ne sera jamais terminée avant le mois de juin, c'est presque impossible. Il s'agit d'un projet de loi très lourd, très long, qui touche une multitude de ministères. Plusieurs amendements seront proposés par plusieurs partis politiques. Si nous voulons faire une loi qui a de l'allure et qui fonctionne, il va falloir prendre le temps de bien travailler. En créant un filet de sécurité avec le projet de loi C-11, cela pourrait nous permettre de voir les failles qu'on pourrait retrouver dans le projet de loi C-2 et de les corriger avant même que l'étude du projet de loi soit terminée.
Ma question est la suivante. On sait qu'il existe présentement un commissaire aux langues officielle, un commissaire chargé de la protection des droits de la personne. Lorsque quelqu'un veut porter plainte, il peut le faire directement auprès de ces commissaires. Dans le projet de loi C-2, on crée un poste semblable, sauf que si un citoyen veut porter plainte, il devra le faire auprès de son député. La plainte viendra donc chez nous et, par la suite, ce sera à nous, les députés, de faire le suivi auprès du commissaire.
Ne croyez-vous pas que les choses ne peuvent pas fonctionner de cette façon? Cela va nous donner un surcroît de travail énorme. Je pense que cela devrait se faire directement auprès du commissaire, et non pas par l'entremise les députés.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir en arrière et approfondir un peu les questions que j'ai posées au ministre au sujet du rapport présenté au Parlement par le commissaire à l'information, M. Reid, qui critiquait divers aspects de ce projet de loi.
Le ministre m'a donné trois exemples de différences, par rapport à ce que proposait le commissaire à l'information. Y en a-t-il d'autres et le cas échéant, pourquoi ces différences? Il a dit par exemple que si le commissaire à l'information exigeait que Radio-Canada divulgue une source, cette loi l'en empêcherait en faisant valoir les dispositions se rapportant aux médias qui les protègent contre la divulgation de leurs sources.
Le deuxième exemple se rapportait aux plaintes faites par des fonctionnaires, contre un autre fonctionnaire, en vertu des dispositions sur la dénonciation. Si l'enquête conclut que la plainte n'était pas fondée, l'information ne serait pas transmise au commissaire à l'information.
Avez-vous d'autres exemples de critiques exprimées dans le rapport du commissaire à l'information, au sujet de ce projet de loi? Quelles étaient ces différences et comment les motivez-vous?
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Merci, monsieur le président.
Je vais poser d'autres questions au sujet du directeur des poursuites pénales mais auparavant, je dois dire que ce serait une bonne chose, à des fins de recherche, que nous disposions d'autres lois semblables, ou d'un résumé de ce dont on a déjà parlé aujourd'hui, par exemple, de la Crown Counsel Act de la Colombie-Britannique, de ce qui fonctionne, ou pas, en Nouvelle-Écosse, et de tout ce qui a été examiné par le ministère ou d'autres, en Australie, et au Royaume-Uni. Je suis convaincu que nous obtiendrons cela.
On a commencé avec l'idée que le directeur des poursuites pénales devait avoir un nom distinct et un bureau distinct, comme si le public devait s'attendre à ce qu'il soit indépendant, à ce qu'il soit un exemple d'indépendance, pour ses pouvoirs, pour l'éthique et pour la crédibilité. Je pense que c'est l'intention que nous avions et c'est à mon avis une bonne chose.
Mais dans votre témoignage, monsieur Wild, il est clair que le DPP a certes le pouvoir de prendre des décisions finales et exécutoires en matière de poursuites, à moins que le procureur général en décide autrement. Dans vos observations, vous disiez que le DPP serait physiquement ailleurs qu'au ministère de la Justice, mais il semble bien qu'il relèvera du procureur général.
Aux yeux du public, c'est comme si la vérificatrice générale, qui est indépendante, avait un bureau ailleurs mais relevait du ministère des Finances. Ce n'est pas ce à quoi nous nous attendons.
Voici ma question: pour faire en sorte que ce rôle de DPP soit nécessaire — et nous y reviendrons dans les semaines à venir, j'en suis convaincu — mais qu'il ait aussi cette crédibilité publique... Vous direz sûrement que c'est une question politique, mais ne croyez-vous pas que le DPP doit avoir des pouvoirs distincts? Il ne devrait pas relever du procureur général lorsqu'il s'agit de porter des accusations et ne devrait pas être perçu... On a déjà deux fois fait l'allusion à la génétique: l'ADN serait le même pour le procureur général et pour le DPP. En fait, c'est la même entité, l'un étant un membre de l'autre.
Ce n'est pas l'impression qu'on a donnée au public, quand un homme que je respecte beaucoup, Peter MacKay, a fait des annonces pendant la période électorale au sujet du DPP, disant qu'il aurait des pouvoirs indépendants. Nous rêvions tous de Rumpole et d'une grande indépendance. Là où je veux en venir, c'est que dans ce document, jusqu'ici, on ne voit pas cette indépendance, à moins que j'aie mal compris vos propos, monsieur Wild, ou que j'aie mal compris le résumé du projet de loi. Quelle est véritablement l'indépendance dont dispose le DPP?