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Bonjour. Nous sommes le Comité législatif sur le projet de loi C-2, séance numéro 18, et à l'ordre du jour, conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 27 avril 2006, nous avons le projet de loi C-2, Loi prévoyant des règles sur les conflits d'intérêts et des restrictions en matière de financement électoral, ainsi que des mesures en matière de transparence administrative, de supervision et de responsabilisation.
Je cherche les témoins.
Vous pouvez vous asseoir en avant, en supposant que vous soyez tous là.
Nos invités ce matin sont Michael D. Donison, directeur exécutif du Parti conservateur du Canada; Steven MacKinnon, directeur national du Parti libéral du Canada; Eric Hébert, secrétaire fédéral, et Jess Turk-Browne, secrétaire fédérale adjointe du Nouveau Parti Démocratique; Gilbert Gardner, directeur général, et Martin Carpentier, directeur, du Bloc Québécois.
Il est bon de vous voir tous ensemble ici. La règle, comme vous ne l'ignorez pas, j'en suis sûr, est que chacun d'entre vous peut faire quelques remarques liminaires, s'il le souhaite, et ensuite les membres du comité poseront leurs questions. Je ne sais pas si vous pouvez décider entre vous qui va commencer. Nous allons commencer dans l'ordre de la liste.
Monsieur Donison, je vous souhaite le bonjour.
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Bonjour, monsieur le président et membres du comité. Tout d'abord, en mon nom propre, et en celui du Parti conservateur, et certainement de tous les autres partis représentés, je veux remercier le comité, et vous particulièrement, monsieur le président, de nous avoir invités à comparaître devant votre comité.
Le sujet qui nous occupe particulièrement ce matin, est la mesure dans laquelle le projet de loi C-2 modifie le système électoral, avec les changements qu'il prévoit d'apporter à la Loi électorale du Canada. Moi qui m'intéresse de longue date à ce système et qui aujourd'hui le pratique, je dois avouer que ce n'est pas là un sujet qui passionne réellement le Canadien moyen. Moi-même, je ne suis pas trop passionné à 8 h 10 du matin, monsieur le président, mais je ferai de mon mieux.
La Loi fédérale sur l'imputabilité, le projet de loi C-2, à mon avis, fait essentiellement deux choses -- elle comporte quelques modifications mineures mais apporte deux gros changements au droit électoral -- et je dois dire que je considère que ces changements majeurs représentent tous deux un progrès sur le plan de l'imputabilité et celui de la transparence de ce processus électoral primordial pour le Canada. Ces deux changements, bien entendu, intéressent la modification des règles relatives au financement des partis politiques, d'une part, et l'administration de l'élection elle-même, d'autre part.
En ce qui concerne le financement des partis politiques, comme vous le savez, en gros, le projet de loi établit une situation telle que la contribution maximale que tout particulier peut faire à un parti national est de 1 000 $, avec un autre 1 000 $ aux associations locales d'un parti. Il nous semble, au Parti conservateur, que c'est là une nouvelle réforme excellente de notre système de financement électoral. Ce plafond de 1 000 $, dans les deux cas, devrait écarter, à notre sens, toute notion qu'une influence financière quelconque, rééelle ou apparente, s'exercerait sur le mécanisme électoral. Je ne pense pas que quiconque pourrait sérieusement arguer qu'une personne faisant un don de 1 000 $ à un parti politique ou à un candidat va exercer une influence indue. Je pense donc que le plafond de 1 000 $ est judicieux, car il met un terme à tout argument portant sur le fond ou l'apparence. Et en matière d'élection, l'apparence est très importante aussi, comme les députés le savent bien.
L'autre changement, bien sûr, et qui ne s'est que trop fait attendre -- je crois que c'est un vestige, en quelque sorte, de l'époque de Sir John S. Macdonald -- qui fait que dans une élection générale fédérale, ou même partielle, le plus haut responsable de l'administration, de la tenue de l'élection dans une circonscription fédérale est nommé par le Cabinet. Je parle, bien entendu, du directeur du scrutin. C'est l'autre réforme réellement judicieuse dans ce projet de loi, monsieur le président, puisque nous mettons fin, en éliminant ce vestige, à la moindre apparence de favoritisme sur le plan de la désignation des directeurs du scrutin, en conférant ce pouvoir au directeur général des élections, là où il me paraît devoir résider. Je pense donc que c'est une réforme importante et c'en est certainement une que notre parti salue.
Voilà en gros ce que je souhaitais dire, monsieur le président.
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Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je joins mes remerciements à ceux de mon collègue, mais je dois dire cependant qu'à mon avis, un changement aussi vaste et radical pour les partis politiques mérite davantage qu'une intervention de cinq minutes en présence d'intervenants qui sont eux aussi touchés par cette situation. Cela dit, je suis reconnaissant de l'occasion qui m'est offerte.
Je suis le directeur national du Parti libéral et j'en suis fier. Je voudrais émettre des commentaires sur quatre sujets spécifiques inclus dans le projet de loi C-2, soit les contributions et les plafonds des contributions; les congrès des partis politiques; les personnes chargées de l'administration des élections au niveau local; et l'entrée en vigueur des dispositions de cette loi.
[Traduction]
Plus précisément, en ce qui concerne les niveaux de contribution individuelle, nous trouvons que 1 000 $ est un montant déraisonnable. Nous pensons que le projet de loi C-24, adopté par cette Chambre il y a juste un peu plus de deux ans, constituait la réforme du financement des campagnes la plus vaste, la plus ouverte et la plus transparente que l'on ait jamais vue dans une démocratie occidentale, et c'est ce que je vais vous démontrer.
C'est une législation libérale. C'est une législation que nous appuyons. C'est une législation qui s'est avérée bonne pour ce pays. Cependant, c'est aussi une législation qui a une portée et des effets tellement vastes que je reste perplexe et étonné devant le fait qu'aucun examen sérieux de l'impact du projet de loi C-24 n'ait été mené par un comité de cette Chambre ou quiconque d'autre, pas plus qu'il n'y a eu , franchement, beaucoup de recherche académique. Et pourtant nous voici, avec un nouveau projet de transformation radicale du système de financement des campagnes électorales et des partis au Canada.
Le auteurs du projet de loi C-24 n'ont jamais songé qu'il pourrait y avoir des gouvernements minoritaires. Si vous en parlez à n'importe lequel des fonctionnaires ou, franchement, à n'importe quel député présent lors de l'adoption du projet de loi C-24, leur modèle, les hypothèses utilisées pour faire les calculs, étaient clairement fondés -- et c'était une erreur -- sur l'existence perpétuelle d'un gouvernement majoritaire et un cycle électoral de quatre ans. Ce postulat faisait partie des compromis inhérents ayant présidé aux limites de contributions et aux restrictions touchant les donateurs aux partis politiques et le financement public des partis politiques.
Je recommande donc et suggère que ce comité ou un autre comité de la Chambre soit chargé d'une étude du projet de loi C-24 et des hypothèses ayant présidé à son adoption.
Mais tout cela étant dit, nous appuyons la philosophie et l'application concrète du projet de loi C-24. Nous pensons que le financement public des partis politiques est une bonne chose.
Les partis politiques, eux aussi, sont une bonne chose. Je reste perplexe et étonné chaque fois que j'entends des membres de cette Chambre, des membres de nos partis, de tous les partis, le mien compris, remuer de la boue au sujet de ceux qui donnent à des partis politiques. Les partis politiques sont une bonne affaire. Les partis politiques sont bons. Financer un parti politique est bien. Donner à un parti politique est bien. Oui, il faut que ce soit transparent, mais il faut aussi l'encourager. Ce genre de participation civique est une participation qui profite à la société toute entière.
D'autres partis se vantent de leurs réalisations. Je tiens à dire que le Parti libéral a été une bonne affaire pour le Canada. Nous ne savons même pas s'il existerait un Canada sans le Parti libéral et sans tous les bénévoles et donateurs qui ont contribué leur temps et leur argent au Parti libéral au cours des 125 dernières années et plus.
Je vous invite donc à reconnaître qu'une limite de contribution de 1 000 $ est faible. Nous avons actuellement des restrictions qui plafonnent les dons de particuliers à 5 400 $. J'aimerais soumettre au comité quelques données comparatives avec le restant du monde. Nous pourrions commencer avec les pays du G-8. Aux États-Unis, la limite est de 27 500 $, et je parle là des dons aux partis politiques nationaux, laissant de côté les campagnes pour le Congrès, la présidence et d'autres et faisant une conversion approximative en dollars canadiens.
[Français]
En Angleterre, au Royaume-Uni, il n'y a aucune limite. En France, la limite est de 6 500 $. En Allemagne, il n'y a aucune limite également. Au Japon, les limites sont de 145 $ et 150 $.
[Traduction]
En Italie, c'est 14 600 $. Quelques autres pays offrant un point de comparaison approprié sont l'Espagne, avec 60 500 $; l'Irlande, 8 900 $, la Suède, aucune limite, et l'Australie -- un pays dont nous semblons être entichés ces jours-ci -- aucune limite. Le gouvernement de M. Howard n'a pas choisi d'introduire ce genre de réforme.
Comme vous pouvez le voir, le Canada plafonne les contributions de manière très restrictive. Je pense que ces autres pays devraient servir de points de comparaison à ce comité.
Nous nous demandons également dans quelle mesure cette loi sortirait indemne d'une contestation invoquant la Charte qui mettrait en doute le caractère raisonnable de ce montant de 1 000 $. De fait, même les limites actuelles n'ont pas été éprouvées devant les tribunaux quant à leur caractère raisonnable. Je vous invite à réfléchir à cela.
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Merci, monsieur le président. Je vais tâcher d'être bref.
Si ce comité veut introduire une limite inférieure de 1 000 $, ou toute autre limite, il y a un autre aspect important à considérer, celui des congrès des partis. Tous nos partis organisent des congrès; les congrès de parti sont une bonne chose. Ils attirent des militants de tout le pays pour débattre de la politique. Ils rassemblent les membres les plus actifs des partis politiques.
L'Agence du revenu du Canada a jugé, et nos conseillers juridiques ont opiné, qu'il nous faut émettre des reçus pour les droits d'inscription des délégués aux congrès. Le Parti libéral est une fédération, ce qui signifie que nous devons tenir des congrès provinciaux et nationaux, pour lesquels les droits d'inscription peuvent totaliser plus de 1 000 $ en une année. Nous sommes tenus d'organiser des conventions biennales, ce qui signifie que tous les deux ans quelqu'un doit assister à un congrès national. Les droits d'inscription des délégués, malheureusement, sont très lourds vu la taille du pays et l'envergure de nos congrès.
Avec votre indulgence, monsieur le président, j'aimerais lire un avis juridique qui nous a été donné :
Conformément au paragraphe 127(4.1) de la Loi de l'impôt sur le revenu, tout montant versé à un parti politique enregistré par un contribuable constitue une « contribution monétaire » au sens de la Loi électorale du Canada, à moins qu'il s'agisse d'une contribution monétaire pour laquelle le contribuable reçoit ou est en droit de recevoir un avantage financier quelconque autre qu'une déduction fiscale ou autre avantage financier prescrit par la Loi de l'impôt sur le revenu.
Par conséquent, nous devons émettre un reçu d'Élections Canada pour--
[Français]
À notre avis, ce projet de loi est vraiment un pas dans la bonne direction. Nous constatons une fois de plus l'ampleur de la participation des syndicats et des entreprises au système politique. C'est la raison pour laquelle, lors des discussions sur le projet de loi C-24, nous avons proposé que le montant de 1 000 $ soit éliminé complètement, car nous croyions qu'il posait problème sur les plans technique et de la perception.
Il est vrai que le Canada a une longueur d'avance sur plusieurs démocraties développées pour ce qui est de sa législation en matière de financement politique, ce dont nous devrions être fiers. Cependant, il nous encore du chemin à parcourir.
Il est vrai aussi que les nouvelles limites vont nous obliger, comme partis politiques, à aller chercher les contributions d'un plus grand nombre de personnes. Je crois que c'est une bonne chose.
[Traduction]
Lorsque les partis politiques peuvent s'en remettre simplement à une poignée de donateurs qui versent de gros montants, nous n'élargissons pas notre base ou notre force d'attraction; nous ne suscitons pas la participation d'un nombre plus important au système politique. Nous pensons donc qu'une limite inférieure est très saine et nous l'avions recommandée également lors du débat sur le projet de loi C-24.
Toutefois, nous recommandons plusieurs amendements. L'un de aspects positifs du projet est que la limite de 1 000 $ pour les contributions des particuliers est divisée entre les entités locales et fédérales du parti, ce qui signifie que si une personne veut donner 1 000 $ à son association de circonscription, elle peut le faire, et donner quand même 1 000 $ au parti fédéral. Cela signifie que nous n'allons pas nous battre pour les fonds de donateurs à l'intérieur d'un parti politique, et c'est très certainement une disposition favorable de ce projet de loi.
Cependant, l'un des problèmes est ce qui se passe dans un certain nombre de nos partis -- dans tous les grands partis et même certains partis mineurs, peut-on considérer -- et qui tient au fait que c'est le parti fédéral qui émet pour le compte des entités locales les reçus à l'égard des dons faits par carte de crédit. Par exemple, une association de circonscription peut décider de transmettre au parti fédéral la contribution de 500 $ par carte de crédit d'un donateur individuel, afin que nous traitions la transaction, au lieu que 308 associations de circonscription doivent mettre sur pied leur propre système de carte de crédit, etc. Ainsi, nous recevons la contribution au niveau fédéral et transférons ensuite l'argent à la circonscription. Tout est très transparent et l'on suit très bien la circulation de l'argent. Cela nous permet d'économiser beaucoup sur les frais d'administration financière qui pèseraient autrement sur nos organisations bénévoles.
Le problème avec ce procédé, maintenant, est que si le parti fédéral émet les reçus pour toutes ces contributions, le donateur bute sur son plafond de contribution au parti fédéral avant d'être plafonné au niveau de la circonscription ou local. Nous recommandons donc que, de la même manière que la loi actuellement permet au parti fédéral d'émettre des reçus de contribution pour le compte d'une autre entité, il puisse le faire aussi pour les associations de circonscription.
C'est particulièrement important vu une autre disposition du projet de loi, à savoir que les dons supérieurs à 20 $ ne peuvent être faits en espèces. Nous pensons que la reddition de comptes est très importante, que la transparence, les traces écrites, etc. sont très importantes, mais le fait est que nombre de nos entités locales qui reçoivent des contributions doivent alors être équipées pour accepter les cartes de crédit ou bien les militants doivent apporter avec eux un carnet de chèques lorsqu'ils assistent aux réunions, etc. C'est un problème qu'il faut prendre en considération et nous espérons qu'en modifiant la loi de manière à permettre que l'entité fédérale puisse émettre des reçus à hauteur de 1 000 $ pour le compte d'une circonscription -- à condition de prouver que l'argent va bien à la circonscription -- ce problème pourra être règlé.
En ce qui concerne la suppression des contributions de sociétés et de syndicats, nous craignons nous aussi que cela fasse l'objet d'une contestation invoquant la Charte. Je crois que le projet de loi C-24 autorisait des contributions limitées justement pour éviter cela. Cependant, au lieu de simplement abandonner l'idée d'éliminer ces contributions -- car nous pensons que c'est une mesure positive -- nous recommandons de leur appliquer le même régime qu'aux associations non constituées en corporation qui peuvent solliciter des contributions individuelles auprès de leurs membres à hauteur d'un maximum de 1 000 $ par an. Cela permettrait aux sociétés et aux syndicats de jouer un rôle politique, en quelque sorte, sans être perçus comme exerçant une influence.
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Merci, monsieur le président.
Dans l'ensemble, le Bloc québécois est favorable aux principes du projet de loi C-2, d'autant plus qu'il reprend un certain nombre de revendications traditionnelles de notre parti, notamment la nomination des directeurs du scrutin par le directeur général des élections. Cependant, il manque un aspect qui bonifierait le projet de loi C-2 : que les directeurs du scrutin soient choisis à la suite de concours publics.
En décembre 2004, le Bloc québécois avait déposé un projet de loi visant cette modification. Nous serions heureux de voir le Canada imiter le Québec 25 ans après en faisant en sorte que la nomination des directeurs du scrutin se fasse par concours public. Nous recommandons que l'article 503 de la Loi électorale du Québec puisse être adapté au projet de loi C-2. Cet article stipule ce qui suit :
La nomination d’un directeur du scrutin est faite après la tenue d’un concours public parmi les personnes ayant la qualité d’électeur et domiciliées dans la circonscription visée ou dans une circonscription contiguë pour autant, dans ce dernier cas, que la personne soit en mesure d’exercer la fonction d’une façon satisfaisante comme si elle était domiciliée dans la circonscription pour laquelle elle est nommée.
Lors d'une comparution antérieure, M. Kingsley a indiqué qu'il voulait procéder par concours public dans les cas de vacance. Nous pensons que le projet de loi C-2 serait bonifié si on incluait l'obligation de concours public pour l'ensemble des circonscriptions du Canada.
Je vais maintenant parler de l'entrée en vigueur des nouveaux articles 45 à 55 du projet de loi, qui traitent principalement des contributions autorisées. Si on exclut les raisons partisanes, il n'y a aucune raison de faire en sorte que ces articles entrent en vigueur lors de la sanction royale. Les citoyens ont fait des contributions, au cours de la dernière année, en fonction de la loi telle qu'elle est aujourd'hui. Plusieurs ont pu faire des autorisations bancaires et ont étalé leur contribution sur l'ensemble de l'année civile. Introduire de nouvelles dispositions serait inéquitable pour ces contributeurs.
Quant à l'émission de reçus d'impôt, Revenu Canada pourrait exiger des partis de faire la preuve que les contributions ont été faites avant la sanction royale. Par exemple, si la sanction royale a lieu le 1er octobre, les autorisations bancaires suivant cette date ne seraient plus valides, alors que celles faites avant cette date le seraient. Le reçu d'impôt concerne-t-il l'ensemble de la contribution de l'électeur pour l'année civile ou pour une partie de l'année civile seulement? Nous pensons que si on exclut les raisons partisanes, dans la tradition de l'application de ce type de mesures, c'est normalement l'année civile qui est l'année de référence.
Nous vous recommandons fortement de faire en sorte que les dispositions concernant les contributions entrent en vigueur le 1er janvier de l'année suivant la sanction royale.
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Merci, monsieur le président.
Je m'inquiète pour John Baird. Il a été l'un des tout premiers témoins à comparaître à ce comité et a dit : « Nous allons sortir l'argent de la politique ». Il se peut que beaucoup de gens à travers le pays l'aient vu à la télévision, et son propos a pu être repris par la presse et amener les gens à croire qu'avec cette entreprise longue et ardue l'on va sortir l'argent de la politique.
Mais je ne vois rien ici qui limitera le recours, par exemple, par les grands partis à des sommes massives pour des campagnes de publicité négative comme celles qui ont entaché, à mon avis, et à celui de nombre de mes électeurs, les deux ou trois dernières élections. Ma question s'adresse principalement à M. MacKinnon et à M. Donison, car je crois que c'est vous les plus coupables, en tant que représentants de vos partis, de ces campagnes publicitaires négatives menées à grand renfort d'argent.
Ma question est celle-ci. Il n'y a rien dans cette réforme qui réduise les plafonds de dépense. D'après ce que j'ai lu, l'argent afflue dans le compte en banque du Parti conservateur, et il aura donc les moyens de diffuser beaucoup plus d'annonces négatives. Et il n'y a rien ici qui restreigne les comités d'action politique -- les CPA, ou appelez-les comme vous voudrez -- soit les partis non politiques qui répandent un message politique pour le compte des grands partis ou d'autres partis.
Et je ne pense réellement pas, tout compte fait, surtout avec les limites indirectes touchant les congrès... Je pense que l'on va restreindre la participation démocratique aux congrès et réunions des partis, ce qui est finalement l'essence même du processus démocratique.
Autrement dit, le public s'attend peut-être, avec un sentiment d'optimisme renouvelé vis-à-vis de M. Baird -- que j'aime personnellement, car il est un merveilleux serviteur du public... Mais que fera cette mesure véritablement pour sortir l'argent de la politique? Je ne vois pas comment cela va se faire. Les choses vont peut-être même empirer et, si l'on ne limite pas les dépenses électorales, le processus politique risque d'être imprégné par cette floraison de campagnes publicitaires négatives lancées à coup de millions.
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Monsieur Murphy, tout d'abord, la question n'est pas de sortir l'argent de la politique; il s'agit de sortir de la politique les dons de fortes sommes venant d'une même personne, et c'est bien ce que fait le projet de loi.
Tout ce que je puis dire à la défense de mon parti, c'est que les annonces qu'il a pu diffuser pendant une campagne électorale étaient toutes financées, monsieur Murphy. Vous pouvez aller sur le site Internet d'Élections Canada et voir -- il n'y a que des petits dons venant de particuliers.
Depuis que le projet de loi C-24 a été promulgué, qui restreignait entièrement les dons de sociétés aux partis politiques, si bien que les partis nationaux ne pouvaient plus toucher de fonds qu'en provenance de particuliers, le Parti conservateur du Canada a reçu des dons de plus de 250 000 Canadiens. Le don moyen, monsieur Murphy, est autour de 100 $.
Donc, tout l'argent qui a été utilisé, autre que les fonds publics que le Parlement a décidé de verser aux partis politiques... Toutes les dépenses de notre parti ont été financées soit par des citoyens ordinaires, les Pa et Ma Kettle d'Orillia, si je puis citer ma circonscription, contribuant une petite somme à notre parti, ou bien par l'argent du contribuable octroyé par le Parlement.
Il n'y a pas de grosses contributions d'argent là-dedans, certainement pas sous le régime du projet de loi C-24, et encore moins sous le régime de ce projet de loi. Voilà ma défense contre cette attaque.
Il ne s'agit pas de retirer l'argent totalement de la politique. Il y a de l'argent dans la politique. Le Parlement a décrété que des fonds publics y seraient consacrés et prévoit maintenant que les particuliers canadiens pourront faire de petites contributions individuelles à titre de citoyens et de résidents du Canada. Je ne vois aucune contradiction du tout.
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Merci, monsieur le président, et merci de votre invitation à vous rencontrer ce matin.
Je sais que vous tous avez passé de longues heures la semaine dernière à débattre de ce projet de loi et j'étais très impatient d'avoir une conversation avec vous à son sujet.
Je veux mentionner également que je suis ici à plusieurs titres. Comme le président l'a dit, je suis professeur d'administration publique à l'Université d'Ottawa. En fait, j'occupe la chaire Stephen Jarislowsky d'administration publique et de gouvernance à l'université. Je suis également un ancien directeur du Forum des politiques publiques, lequel a beaucoup travaillé ces dernières années pour tenter de combler le fossé entre la fonction publique et les élus. Je suis aussi ancien vice-président d'EKOS Research, un cabinet de recherche sur l'opinion publique qui travaille beaucoup pour le gouvernement fédéral et je serais intéressé à dialoguer avec les membres du comité qui pourraient avoir des questions sur le volet recherche sur l'opinion publique du projet de loi C-2.
M. Martin a évoqué à plusieurs reprises au cours des audiences l'examen des programmes et je signale simplement qu'au milieu des années 90 j'étais secrétaire adjoint du Cabinet au Bureau du Conseil privé, responsable de l'examen des programmes et de la machinerie administrative, et je répondrais très volontiers à toute question que lui-même ou un autre membre pourrait avoir sur l'examen des programmes.
Enfin, je rappelle qu'il y a deux ans environ le gouvernement fédéral a restructuré bon nombre de ses activités en matière de dotation et de ressources humaines et créé une nouvelle Commission de la fonction publique comptant un président à temps plein et deux commissaires à temps partiel. J'ai été nommé il y a deux ans pour un mandat de sept an comme commissaire à temps partiel de la Commission de la fonction publique.
Maria Barrados vous a déjà expliqué la position de la Commission sur le projet de loi C-2 et je suis réellement ici à titre d'universitaire pour parler du projet de loi.
J'ai déjà utilisé pas mal de mon temps rien que pour me présenter.
Je vais essayer de vous donner une idée des enjeux dont j'aimerais parler. J'aimerais juste dessiner le contexte de cette mesure, puisque vous êtes nombreux à être députés de relativement fraîche date et n'avez pas forcément suivi toute l'évolution à laquelle le projet ce loi C-2 fait suite.
La dernière décennie a été remarquablement importante pour ce qui est de la gouvernance dans ce pays, et particulièrement au niveau fédéral. Comme je l'ai mentionné, l'examen des programmes en 1995 a eu d'énormes répercussions de toutes sortes sur le pays, mais a comporté un aspect dont il importe que le comité ait conscience, soit le fait qu'une des fonctions qui a été fortement touchée -- mais sans que l'on s'en rende compte au début -- a été de réduire deux activités importantes. L'une était la fonction de vérification au sein de l'administration fédérale et l'autre l'évaluation des programmes. Au fil du temps, nombre des activités normalement associées à la vérification et à l'évaluation des programmes ont disparu suite à l'examen des programmes. Dans une large mesure, le volet vérification est en train d'être reconstruit, mais l'évaluation des programmes n'en est pas encore là.
Je soupçonne qu'Arthur Kroeger aura évoqué cela lors de sa comparution ici, il y a quelques jours. Beaucoup d'entre vous sont au courant de certaines soit-disant améliorations administratives massives introduites par le gouvernement ces dernières années. Selon mon décompte, au moins 200 initiatives majeures ont été entreprises par le gouvernement fédéral après le programme des commandites et le scandale DRHC. En particulier, des programmes et politiques supplémentaires ont été mis en place au niveau de la vérification et des contrôles financiers et des rapports au Parlement, et il en a résulté, franchement, des fardeaux additionnels qui pèsent manifestement sur toutes les institutions concernées, à tel point qu'il devient parfois extrêmement difficile pour les Canadiens et les groupements d'intérêt de traiter avec le gouvernement. Vous arrivez à un moment où l'on a déjà ajouté au moins 200 activités nouvelles présentées comme des améliorations administratives.
Dans un discours prononcé il y a quelques jours à la Conférence APEX, le ministre Baird a indiqué qu'il ferait de son possible pour rationaliser ce si grand nombre de nouvelles améliorations administratives introduites.
Je veux signaler également que le gouvernement fédéral s'est montré très actif ces dernières années afin d'accroître l'information fournie aux députés. De fait, l'un des réels défis qu'il rencontre, du point de vue de la réflexion sur le projet de loi C-2 et de ses répercussions pour la gouvernance à l'avenir, est le fait qu'une quantité d'information énorme vous est déjà fournie à vous, les parlementaires. J'ajoute, entre parenthèses, que vous n'avez pas utilisé activement une quantité suffisante de cette information pour améliorer la gouvernance du pays.
Permettez-moi donc de passer rapidement, monsieur le président, à certains aspects particuliers du projet de loi lui-même. Je dirais simplement que ce projet de loi est peut-être la restructuration la plus massive que l'on ait vu depuis au moins une génération de la structure de gouvernance de l'administration fédérale et des institutions du Canada. Dans une large mesure, bien entendu, comme le premier ministre l'a indiqué à très juste titre, il s'agit d'une tentative de rétablir la confiance dans nos institutions publiques.
Au moment de procéder à l'étude article par article dans les semaines à venir, vous pourriez vous demander si les changements introduits dans chacun de ces domaines plutôt importants vont effectivement contribuer à rétablir la confiance. De fait, je pense que ce sera pour vous un défi énorme et intéressant lorsque vous passerez à travers les 13 parties du projet de loi qui, comme vous le savez, modifie plus de 100 lois fédérales différentes.
J'aimerais maintenant parler plus précisément de quelques articles, en particulier ceux auxquels j'ai consacré quelques recherches ces dernières années, puis je m'arrêterai pour répondre aux questions que vous pourrez avoir.
La Commission des nominations publiques, à mon avis, est un ajout très intéressant et très heureux à la structure de gouvernance du Canada. Il existe toutes sortes d'options administratives pour ce qui est de sa structure, mais je trouve très important le principe d'avoir une approche uniforme des nominations et une organisation d'une sorte ou d'une autre pour veiller à ce que le processus soit explicite, public et ouvert aux Canadiens. C'est une innovation très importante par rapport aux normes actuelles et représente, à mon sens, une opportunité nouvelle très excitante.
En ce qui concerne la recherche sur l'opinion publique, où le projet va exiger expressément des rapports écrits et l'affichage des résultats dans un délai de six mois, je dirais que, franchement, cela existe déjà. Ce sera un ajout bienvenu, mais en fait c'est déjà la pratique courante aujourd'hui. Quatre-vingt-dix-huit pour cent des sondages font l'objet d'un rapport écrit et aboutissent dans le domaine public en un délai habituellement raisonnable. Donc, un délai de six mois n'imposera pas de fardeau particulier aux praticiens.
J'ai également été intrigué par le concept de l'agent comptable et l'accroissement des responsabilités des sous-ministres. Je pense qu'il y a là quelques possibilités intéressantes, mais je dirais que la pratique actuelle à Ottawa considère depuis de nombreuses années le sous-ministre comme le responsable en chef des comptes, et donc le fait de rendre explicite ce qui est déjà implicite renforcera probablement ce rôle mais ne transformera pas radicalement la façon dont les choses fonctionnent.
Enfin, j'applaudis le gouvernement de sa décision d'ériger les lignes et politiques en matière de conflit d'intérêt en loi du Parlement. Je pense que c'est un signal important à donner aux Canadiens. Cela rend encore une fois plus explicite ce qui était implicite, s'agissant des lignes directrices générales régissant les comportements.
Pour en venir à mes conclusions, je dirais que ce texte de loi est d'envergure massive. Il est peu probable que l'on y retouche avant une génération, et j'invite donc tous les membres qui y travaillent à prendre le temps nécessaire pour débattre de chacun des articles, afin d'assurer qu'il répond bien aux problèmes généraux qui se posent aujourd'hui et complète ce qui existe déjà.
Je pense qu'il faut être à l'affût de ce que l'on peut appeler les conséquences fortuites des textes de loi, afin que, en tentant de résoudre certains problèmes, l'on n'en crée pas de nouveaux qui sont parfois encore plus gros que ceux que l'on règle. Donc, cette loi sera d'autant plus efficace que vous prendrez tout le temps voulu pour réfléchir, de manière à ne plus avoir à revenir dans quelques années que pour remédier à quelques éléments qui s'avéreront défectueux.
J'aimerais dire aussi que, pendant que vous y êtes, vous pourriez peut-être rechercher un moyen d'accroître les ressources des divers comités parlementaires.
Comme je l'ai déjà dit, les parlementaires ont à leur disposition davantage d'information que jamais auparavant. Comme vous le savez, depuis au moins cinq ans, le gouvernement du Canada et considéré dans le monde comme le gouvernement en ligne le plus efficace du monde, ainsi que cela a été noté dans Accenture. Vous n'avez donc pas de pénurie d'information, mais vous avez une pénurie de compétences analytiques pour exploiter l'information qui vous est fournie.
Je dirais donc, monsieur le président, que s'il y avait la moindre possibilité de renforcer le travail des comités, ne serait-ce que sur le plan du personnel de recherche, vous pourriez bien constater que ce projet de loi vous apportera quelques ressources supplémentaires. Merci de votre invitation à prendre la parole.
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Ce que j'essaie de montrer, c'est que c'est réellement le Parlement et ses comités qui vont dicter le degré de réussite de n'importe lequel de ces modèles. Autrement dit, si vous faites usage de l'information, si vous exploitez les données dans une enceinte comme celle-ci, pour débattre et discuter autour de la table des mérites des divers programmes, alors le nouveau système fonctionnera bien.
Mais le seul fait de créer un nouveau bureau qui va rassembler davantage d'information ne fera pas une grosse différence sur le plan de la réalisation des deux objectifs de cette loi : une meilleure imputabilité et le rétablissement de la confiance dans les institutions publiques. C'est là ce que le gouvernement dit être le but de tout cet exercice.
Si je compte bien, on va créer avec cette mesure huit nouvelles agences. La création de nouvelles agences ne garantit pas nécessairement que l'on aie plus de reddition de comptes. C'est l'utilisation qui sera faite des informations que ces agences vont recueillir qui déterminera le succès à l'avenir.
Après un délai raisonnable -- mettons dans cinq ans -- il sera utile de faire le point et de se demander : « Avec ces nouvelles agences et ces nouveaux mécanismes mis en place, y a-t-il effectivement une meilleure reddition de comptes par le gouvernement? » Franchement, n'appelons pas cela le maillon faible, mais l'aspect auquel on a prêté le moins d'attention est la manière dont les parlementaires vont exploiter l'information.
Je sais que le Conseil du Trésor, par exemple, a effectué quelques études fascinantes ces dernières années. Ses rapports d'examen des ministères vous sont soumis chaque année. Il y dresse la liste des objectifs de chaque ministère, puis vous remet des rapports de rendement mesurant ce qu'ils ont accompli l'année précédente. Vous en avez obtenu 91 l'an dernier portant sur 91 ministères et organismes différents, mais je soupçonne que le Parlement n'a passé que très peu de temps à demander des comptes au gouvernement sur la réussite de l'un ou l'autre de ces programmes particuliers.
Les données sont là. Ce n'est pas un surcroît de données qui va nécessairement rendre le gouvernement du Canada plus responsable, et il faut donc trouver une autre façon. J'espère que lors de vos délibérations, lors de votre étude article par article, vous aurez une inspiration qui vous aidera à trouver un moyen de mettre à profit l'information, tant ancienne que nouvelle.
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L'un des points que j'essayais de faire ressortir dans mon exposé est qu'un si grand nombre de changements ont été effectués au cours des deux ou trois dernières années en vue d'améliorer la reddition de comptes que nous avons déjà en place un très solide régime de reddition de comptes au niveau fédéral. Le projet de loi ne viendra qu'y ajouter encore d'autres obligations.
Le projet de loi comporte de nombreux éléments tout à fait uniques. Le financement des partis politiques, par exemple, est assez nouveau. Cependant, s'agissant strictement de l'administration du gouvernement, M. Alcock a à lui seul établi 200 nouvelles mesures en matière d'imputabilité. La mise en garde que je ferais donc serait qu'il importerait de veiller à ce que les nouvelles idées renfermées dans le projet de loi C-2 n'alourdissent pas trop le système, dans une mesure telle que vous vous retrouveriez avec un si grand nombre de nouvelles règles et procédures que le temps passé par les fonctionnaires et d'autres à s'y conformer pourrait coûter plus cher en effort que ce que ne vaudraient les résultats.
Je ne sais pas trop à ce stade-ci. Je ne songe à rien de particulier. Ce que je dis là est plutôt une déclaration générale. Dans le cadre de votre étude article par article, donc, je pense qu'il vous faut vous demander quels autres genres de règles sont en place, s'agissant, par exemple, de dénonciations ou de conflits d'intérêts, et si ce qui est proposé ajoutera ou non de la valeur marginale. Vous déciderez peut-être que les régimes actuels suffisent, auquel cas vous pourriez décider que vous ne voulez pas ou ne devez pas aller plus loin.
Dans d'autres cas, par exemple celui de la Commission des nominations publiques, vous diriez peut-être qu'il n'existe dans le système actuel rien qui ressemble à ce qui est proposé. Il s'agit là, à mon sens, de quelque chose de nouveau. Mais là où il est question de modifier le régime de reddition de comptes pour les sous-ministres, j'arguerais qu'une part importante de ce qui est contenu dans le projet de loi existe déjà.
Vous considérerez peut-être que le fait d'y apposer un titre spécial ajoute de la valeur, le public saisissant ainsi mieux ce qui est prévu. Mais pour ce qui est des pratiques en place, les sous-ministres dans cette ville sont déjà extrêmement responsables à l'égard du Parlement. Ils comparaissent régulièrement en tant que vérificateurs financiers -- ou en tant que responsables des activités financières -- depuis au moins 10 à 15 ans, et ils ont été redevables envers vous de ces activités pendant tout ce temps. Le fait que vous souhaitiez rendre cela plus formel vient ajouter quelque chose à cette relation, et lui donne peut-être une meilleure forme, mais cela ne changera pas fondamentalement leur comportement.
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Merci beaucoup de votre déclaration, monsieur Zussman.
J'aimerais vous interroger au sujet de la Commission des nominations publiques. Vous avez à juste titre souligné le fait qu'il n'y a en place à l'heure actuelle aucun système formel doté de toute une infrastructure au niveau fédéral, même si certaines provinces ont en place une infrastructure pour ces genres de nominations. Êtes-vous donc d'avis que le fait d'avoir une infrastructure formelle, assortie d'un mandat clairement défini, de règles, de pouvoirs, etc. soit une bonne chose?
Étant donné la réaction du premier ministre lorsque son choix personnel de président n'a pas été appuyé par un comité... il a décidé de ne pas instaurer de système formel. Nombre d'entre nous croyons que c'est une bonne chose. Depuis mon arrivée sur la colline en 1997, j'ai essayé de convaincre le gouvernement antérieur, comme j'essaie aujourd'hui de convaincre l'actuel gouvernement, de mettre cela en place.
Nous avions déjà en place un système semblable pour la fonction publique. En vertu de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, la Commission de la fonction publique exerce ce pouvoir, qu'elle délègue normalement aux différents ministères, pour ensuite exercer un rôle de surveillance et de vérification.
Que diriez-vous si, par le biais du projet de loi C-2, la Loi sur l'emploi dans la fonction publique était modifiée de sorte que le président et les vice-présidents de la Commission de la fonction publique aient pour fonctions et responsabilités d'établir un tel système afin que, par exemple, la CISR soit chargée d'élaborer ses propres critères de sélection? Un processus de sélection publique, transparent, etc., permettrait d'identifier les candidats qualifiés, et la Commission de la fonction publique effectuerait alors les vérifications pour veiller à ce que le processus de nomination soit ouvert, transparent, juste et fondé sur le mérite. Que diriez-vous si cela était fait par voie d'amendements?
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Merci, monsieur le président.
Messieurs et mesdames les membres du comité, je m'appelle Michel Bouchard et je suis sous-ministre associé responsable, au sein du ministère de la Justice, notamment des questions relatives aux poursuites criminelles.
Comme le président vient de vous le dire, je suis accompagné de Me Pierre Lapointe, celui à qui on venait de confier la responsabilité d'examiner l'institution du directeur des poursuites publiques pour le Québec au moment où j'ai quitté mes fonctions de sous-ministre de la Justice au Québec, il y a maintenant plus de deux ans. Me Lapointe a donc passé une bonne partie de ces deux dernières années à construire et à ébaucher le projet de loi voté par l'Assemblée nationale du Québec il y a quelques mois, instaurant l'institution du directeur des poursuites publiques au Québec.
Mes remarques de ce matin porteront particulièrement sur la proposition de créer un poste de directeur des poursuites pénales au niveau fédéral. Les articles pertinents se trouvent à la partie 3 du projet de loi C-2.
Monsieur le président, cette proposition repose sur l'un des principes les plus importants de notre ordre juridique, soit celui selon lequel les poursuites doivent être libres de toute ingérence ou pression politique partisane. Ce principe trouve déjà son reflet dans notre droit constitutionnel, et il ne fait pas de doute que tous les députés y souscrivent. Par ce projet de loi, le gouvernement propose une nouvelle structure institutionnelle consacrée dans la loi qui protégera davantage ce principe de non-intervention.
Monsieur le président, les ministres de la Justice, les hommes ainsi que les femmes qui composent le Service fédéral des poursuites se sont montrés des gardiens fidèles de l'indépendance du poursuivant. Cependant, le présent gouvernement est d'avis qu'il est temps de faire un pas de plus. Il est temps d'aller au-delà de la simple confiance et de la tradition.
Une approche différente existe. Deux provinces canadiennes y ont déjà adhéré, la Nouvelle-Écosse et le Québec, ainsi que, dans une certaine mesure, la Colombie-Britannique. L'ancienne Commission de réforme du droit du Canada l'avait approuvée. Plusieurs pays l'ont adoptée, dont le Royaume-Uni, l'Australie et l'Irlande.
Cette approche différente requiert la création d'un organisme indépendant appelé le bureau du directeur des poursuites publiques, un organisme fonctionnant de manière autonome par rapport au gouvernement. C'est précisément ce qui a été envisagé dans la loi proposée.
Ce projet de loi propose la création du Bureau des poursuites pénales. Le sigle DPP sert à désigner le bureau ainsi que la personne qui le dirige. Le DPP mènera toutes les poursuites qui relèvent actuellement du Service fédéral des poursuites. Il sera en outre responsable des poursuites engagées en vertu de la Loi électorale du Canada. Il sera également chargé d'intenter les poursuites à l'égard des nouvelles infractions de fraude proposées par le présent gouvernement dans le cadre de la Loi sur la gestion des finances publiques.
Contrairement au Service fédéral des poursuites, le Bureau des poursuites pénales ne fera pas partie du ministère de la Justice. Il constituera plutôt un organisme indépendant qui sera responsable devant le Parlement, par l'intermédiaire du procureur général du Canada.
[Traduction]
Le gouvernement propose que le directeur soit nommé plus ou moins de la même façon que l'a été l'ajout le plus récent à la Cour suprême du Canada.
Afin d'assurer l'indépendance du directeur, il sera nommé à titre inamovible pour un mandat de sept non renouvelable et son salaire et ses prestations de pension seront garantis.
Le DPP pourra être révoqué à tout moment par le gouverneur en conseil, mais seulement pour un motif valable.
Le plus important est que le directeur sera habilité à rendre des décisions finales et exécutoires en matière de poursuites, sauf si le procureur général lui donne pour instruction d'agir autrement au moyen d'un avis public écrit.
Le procureur général conserve le pouvoir d'intervenir dans toute affaire, soulevant des questions d'intérêt public général, questions qui débordent de celles qui sont normalement soulevées dans le cadre de poursuites.
Le projet de loi autorise également le procureur général à prendre en charge une poursuite, mais seulement s'il en a avisé au préalable le DPP. L'avis doit être publié dans la Gazette du Canada. Ce pouvoir discrétionnaire, dont nous prévoyons qu'il ne sera utilisé que très rarement, a été conservé parce que le procureur général est en bout de ligne responsable devant la Chambre des mesures prises par le DPP. Il importe donc que demeure une certaine capacité résiduelle, de façon à veiller à ce que les décisions prises servent l'intérêt public. C'est là un aspect d'autres régimes semblables et, comme je le disais, l'histoire nous montre qu'il s'agit d'un pouvoir qui n'est pas souvent exercé.
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Comme vous l'a signalé Me Bouchard, depuis juillet 2004, je suis responsable du projet DPP au gouvernement du Québec, projet qui a donné lieu à l'adoption de la Loi 109 le 1
er décembre dernier, créant le poste de celui qu'on appelle au Québec le directeur des poursuites criminelles et pénales, mais qui est de fait un DPP, un directeur des poursuites publiques.
Je ferai des commentaires très généraux relativement à la loi ainsi que deux ou trois commentaires plus spécifiques.
D'abord, comme commentaire général relativement à cette loi, je dirai qu'en prenant connaissance de la partie du projet de loi C-2 qui traite du directeur des poursuites pénales, on ne peut s'empêcher de trouver un modèle de DPP qui a une très grande similitude avec celui qu'on a adopté au Québec. Alors, vous ne serez pas surpris si je vous dis que pour nous, c'est un modèle idéal pour atteindre les deux objectifs qui doivent essentiellement être atteints lorsqu'on instaure un DPP : d'une part, donner des garanties institutionnelles, fonctionnelles et opérationnelles d'indépendance au directeur — c'est l'objet de l'exercice — et, d'autre part, maintenir une mesure raisonnable et nécessaire d'imputabilité à l'égard du gouvernement.
Pour nous, l'instauration d'un DPP selon ce modèle va nécessairement avoir des effets bénéfiques sur la fonction de poursuivant elle-même, ainsi que sur la crédibilité du système des poursuites aux yeux du public. On sait jusqu'à quel point la confiance du public est essentielle au bon fonctionnement du système judiciaire.
Il n'existe pas d'obligation légale ou constitutionnelle de mettre en place un directeur des poursuites publiques, mais il nous a semblé — et étant donné le dépôt du projet de loi C-2, il semble que le gouvernement ait pensé la même chose — qu'il s'agissait d'une mesure importante et nécessaire dans le cadre du processus d'amélioration et de modernisation de nos institutions judiciaires. C'est le commentaire général que nous voulions faire relativement au projet de loi C-2.
Quant aux commentaires spécifiques, il y en a deux qui portent sur des dispositions très particulières. Il s'agit de différences qu'on peut constater entre le projet de loi qui a été adopté par l'Assemblée nationale et la proposition du gouvernement dans le projet de loi C-2. Cela ne veut pas dire et je ne veux pas être compris comme voulant dire que ces différences sont désavantageuses ou avantageuses. Si je les signale, c'est que pour nous, ces questions ont été très importantes et ont fait l'objet de débats, parce qu'elles sont au coeur même de la question de l'indépendance fonctionnelle du DPP et qu'elles concernent la question de l'image d'indépendance et du fonctionnement apolitique qui doit ressortir d'un tel projet de loi.
Le premier de ces commentaires porte sur le processus de nomination du DPP. Évidemment, le processus qui est privilégié ici est très semblable à celui qu'on a adopté, sous réserve de certaines différences qui ne sont pas importantes ici. Le seul commentaire qui a fait l'objet de discussions importantes chez nous et qui fait en sorte que notre loi est légèrement différente — ici, mon but unique est de vous le signaler —, c'est l'absence, dans le projet de loi, de l'obligation légale de démarrer le processus de nomination d'un DPP.
La loi prévoit que le DPP est nommé pour sept ans, que son mandat n'est pas renouvelable et qu'il demeure en fonction tant qu'il n'est pas remplacé, ce qui est parfaitement normal et nécessaire. Cependant, la loi prévoit que le procureur général peut faire un concours, mais elle ne prévoit pas l'obligation de le faire dans un certain délai après que le poste devient vacant.
À la suite de ce débat, nous avons choisi de prévoir que le procureur général ou le ministre de la Justice doive amorcer le processus de concours dans l'année qui précède celle où le poste devient vacant. C'était mon premier commentaire.
Le second concerne une question qui est au coeur de toutes ces lois, soit l'obligation pour le procureur général de rendre publique toute intervention qu'il doit faire auprès du DPP. L'objet premier de cette loi est de créer l'indépendance fonctionnelle du DPP dans l'exercice de ses fonctions. Cependant, les nécessités constitutionnelles font en sorte que le procureur général demeure sous sa forme institutionnelle traditionnelle, et qu'il détient donc ultimement les pouvoirs de poursuite. Cela lui appartient. Il peut donc intervenir auprès du DPP, autant pour établir des normes générales que pour intervenir de façon spécifique dans des dossiers de poursuite qui appartiennent au DPP.
La situation est identique dans notre loi. Cela fait en sorte que l'objectif visé, qui est établir l'indépendance fonctionnelle, est celui qu'on ne peut jamais complètement atteindre, puisqu'il y aura toujours un procureur général qui pourrait intervenir.
Généralement, dans toutes les lois, que ce soit celle-ci, la nôtre, celles de l'Australie, de la Nouvelle-Écosse, de la Colombie-Britannique ou de l'Angleterre — en fait je n'en sais rien pour l'Angleterre, je parlais à travers mon chapeau —. on remplace cette absence d'indépendance fonctionnelle par une mesure de transparence. On dit que s'il y a une intervention, elle doit être rendue publique. De fait, on s'assure de l'efficacité des interventions du procureur général. Elles doivent toujours être faites dans un but d'intérêt public et non dans un but politique. L'objet de cette loi est d'éviter l'intervention politique dans les décisions du poursuivant, tout en préservant le pouvoir du procureur général.
Or, ce pouvoir de publication...
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Merci, messieurs d'être venus comparaître devant nous et de nous faire profiter de votre toute expérience en la matière.
J'aurai deux questions. La première est pour M. Bouchard.
Je suis curieux de savoir quel problème l'on tente de corriger ici avec le Directeur des poursuites pénales. Ma première question, monsieur Bouchard, est donc la suivante : y a-t-il, à votre connaissance, une histoire récente de contestation de l'image -- je pense que M. Lapointe a employé ce terme dans l'autre langue -- ou de l'apparence d'indépendance de la poursuite fédérale.
Je veux mettre cette question en contexte, car, bien sûr, le procureur général, dans ce volet de son double rôle, est le premier conseiller juridique de l'État. Il ou elle a pour responsabilité quasi-judiciaire, dans les poursuites pénales, de faire précisément les choses qui sont énoncées dans la loi, sauf de mettre des directives par écrit.
Je me demande s'il existe quelque grande méfiance du public, s'agissant de pratiques passées d'ingérence inappropriée, que l'on tente de contrer ici. En quoi la création d'un autre bureau indépendant pour ce DPP serait-elle différente de la situation qui existe en Colombie-Britannique? Dans cette province, la Crown Counsel Act -- d'où on a, j'imagine, tiré le libellé que l'on trouve dans le projet de loi -- exige simplement du service de poursuite qu'il suive les directives du procureur général en matière de politique de poursuite ou dans un cas particulier, à condition que celles-ci aient été fournies par écrit et publiées dans la Gazette, comme vous dites, dans les délais voulus. Voilà ma première question.
Serait-il possible de régler cela autrement, sans démanteler le service des poursuites et l'insérer ailleurs, comme cela a été fait en Colombie-Britannique, sans ce nouveau bureau prétendument indépendant? Je pense qu'en réalité il ne sera pas beaucoup plus indépendant que ne le sont nos systèmes de droit pénal d'un bout à l'autre du pays.
Le deuxième point est que dans le cadre de ce rôle de premier conseiller juridique de l'État, le procureur général est non seulement le juriste en chef du pouvoir exécutif mais également le premier conseiller juridique auprès du Cabinet, du Parlement, et en fait du gouverneur général.
Je suis ainsi intéressé de savoir si, en ce qui concerne le projet de loi, il est invariable que le procureur général, par le biais du ministère de la Justice, fournisse un avis juridique au gouvernement quant à la légalité, notamment la légalité constitutionnelle des projets de loi, avant qu'ils ne soient déposés à la Chambre. J'y vois une ferme responsabilité du procureur général, étant donné son indépendance et son rôle quasi-judiciaire de premier conseiller juridique.
J'aimerais savoir si cela a été fait dans ce cas-ci. Je suppose que oui. En tant que députés qui représentons l'un des clients du procureur général du Canada, cela nous intéresserait beaucoup d'avoir une copie de cet avis juridique.
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Je vous remercie de votre question, monsieur.
Au sujet de votre premier point, à l'origine du projet de loi, il n'y a pas de réponse à un problème précis qui aurait fait en sorte que ce gouvernement se sente obligé d'intervenir rapidement concernant la création d'un DPP, comme cela aurait pu se produire dans d'autres instances, où l'instauration de l'institution du DPP faisait suite à une commission d'enquête. Entre autres, je fais référence à la Nouvelle Écosse et, dans une certaine mesure, peut-être aussi à un dossier en Colombie-Britannique qui vous est très familier. De fait, dans la préparation de cette loi, nous avons eu l'occasion de nous référer aux travaux ainsi qu'aux recommandations que vous avez produits au début des années 1990.
Cela étant dit, vous savez aussi bien que moi, monsieur le député, qu'en matière d'administration de la justice, les apparences sont quelquefois aussi importantes, sinon plus importantes que la réalité. Au cours de ma carrière de près de 33 ans consacrée à la poursuite des affaires criminelles au sein de l'administration publique, tant québécoise que fédérale, je n'ai jamais été impliqué dans une situation où une intervention politique s'est manifestée à l'égard de la poursuite d'un dossier. Par contre, j'ai été confronté à des situations où la perception publique, heureusement pas dans de nombreux cas, était qu'une intervention politique aurait pu se produire, ce qui était inexact. Il est extrêmement difficile, une fois qu'une perception est ancrée au sein de la population, d'évacuer cette préoccupation et de prouver qu'aucune intervention politique n'est intervenue.
Donc, ce qui se dégage de de ce projet de loi à l'égard du directeur des poursuites publiques, c'est qu'on veut créer un climat d'indépendance et de transparence concernant les poursuites publiques. On veut qu'en raison de la façon dont l'individu a été nommé pour effectuer cette charge, la population ait l'impression que les décisions qu'il prend, qui sont finales, sont prises indépendamment de toute intervention politique. La perception du public à l'égard d'une poursuite ou d'une décision est extrêmement importante. Plusieurs paramètres viennent ajouter à l'indépendance de celui qui détient le poste: le fait qu'il occupe un poste dont il ne peut être destitué, sauf pour mauvaise conduite; la sécurité d'emploi dont il jouit; le fait que le procureur général, bien qu'il ne perde pas ses pouvoirs de poursuite, doive, s'il veut poursuivre en lieu et place du directeur des poursuites publiques, signaler son intention par écrit et rendre publique cette instruction. Pourquoi attendre le scandale, alors que la population veut avoir l'assurance que les poursuites pénales sont entreprises par quelqu'un qui est totalement indépendant de toute intervention politique? Au début de mon intervention, j'ai souligné qu'au fil des ans, les procureurs généraux qui ont précédé celui qui occupe le poste actuellement et tous ceux qui oeuvrent actuellement au Service fédéral des poursuites depuis plusieurs années ont exercé leurs fonctions en toute indépendance, à l'écart de toute intervention politique. Cependant, ce qui est important, et je le signale encore, c'est de savoir si la population perçoit tous les jours que toutes les décisions sont prises en toute indépendance. C'est à cette situation que le projet de loi s'attaque.
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J'aimerais simplement revenir sur la genèse et l'objet essentiel du poste de directeur des poursuites pénales. La raison pour laquelle cela a été proposé lors de la dernière campagne électorale -- et je n'ai pas peur de le dire -- est que beaucoup de gens étaient confus du fait que plusieurs agences de publicité se faisaient poursuivre devant les tribunaux alors qu'il y en avait une, qui était clairement au centre du même scandale et qui avait clairement bénéficié directement de la situation -- la question ne se pose pas -- qui ne l'était pas. Cette organisation s'est même vu laisser décider quelle part de cet argent volé elle souhaitait rembourser.
La création du poste de directeur des poursuites pénales est le signal qu'il doit y avoir indépendance au niveau des poursuites fédérales et que le public devrait savoir si des directives politiques sont données au Bureau du vérificateur général. Dans des cas comme celui-là, où l'intérêt partisan du procureur général lui-même semble être contraire à l'intérêt public qu'il est censé servir, il devrait y avoir un maximum d'espace entre le procureur général, qui est un représentant élu partisan, et la fonction engagement de poursuites du gouvernement fédéral. Si le procureur général, qui est partisan, veut diriger les services de poursuite de son ministère, alors il doit le faire de façon publique, et non pas secrète, afin que les gens soient au courant.
C'est là la vraie raison pour laquelle nous avons cette séparation. L'on ne crée pas de nouvelles bureaucraties; en fait, ce sera le même bureau. On ne fait que séparer les pouvoirs et tirer en quelque sorte les rideaux afin que le soleil puisse pénétrer à l'intérieur. Nous pouvons voir ce qui se passe à l'intérieur -- pour reprendre une analogie que M. Martin s'est plu à employer par le passé.
Voilà l'objet de ce bureau. Je tenais à dire cela, afin que cela figure au procès-verbal, pour rappeler aux gens le pourquoi de ce que nous faisons ici et le point de départ de cette idée.
Je passe maintenant à ma question. Pensez-vous que ce changement causera des bouleversements ou des problèmes, d'un point de vue administratif, au ministère de la Justice, ou au Bureau du procureur général, ou bien estimez-vous que ces changements pourront être intégrés de façon relativement efficiente?
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Je n'ai aucun commentaire contradictoire à faire sur ce que je viens d'entendre, monsieur le député. Merci pour votre question. Vous avez très bien résumé, entre autres, les objectifs de ces modifications.
Votre dernière question est importante, parce qu'elle a trait au volet humain. Le transfert de cette unité, qui comprend plusieurs employés, vers une unité séparée du ministère de la Justice, aura un impact important sur les relations interpersonnelles. Ces gens quittent un ministère pour lequel ils ont oeuvré, dans certains cas, pendant presque 30 ans. Du point de vue humain, ces gens sont attristés de quitter le ministère de la Justice pour créer cette nouvelle institution, mais aussi heureux parce qu'ils savent qu'ils seront investis d'un rôle très important qui aura été consacré par la loi de façon indépendante. Ils seront donc fiers de créer et d'introduire ce nouveau concept de directeur des poursuites publiques, mais en même temps tristes de quitter le ministère de la Justice.
Du point de vue budgétaire, en vertu de la loi — et c'est inclus dans les clauses transitoires —, les quelque 600 employés qui font actuellement partie du Service fédéral des poursuites deviendront, au lendemain de l'adoption du projet de loi, des membres du Bureau des poursuites pénales. Quatre cent onze avocats oeuvrent au Service fédéral des poursuites, ainsi que 273 employés qui ne sont pas avocats, et nous faisons appel à près de 250 firmes du pays regroupant 800 avocats pour la conduite de procès dans des régions où nous n'avons pas de bureau permanent.
L'impact budgétaire ne devrait donc pas être énorme, mais il y en aura tout de même un. Pour assurer l'indépendance du Service fédéral des poursuites, qui deviendra le Bureau des poursuites pénales, il faudra que celui-ci dispose de locaux séparés de ceux des employés du ministère de la Justice, ce qui occasionnera peut-être une dépense unique pour une année.
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Nous allons faire une pause d'une minute.
Le président: Avant d'entendre la délégation suivante, et pour stimuler vos neurones, à moins que vous ayez un bref commentaire -- à l'ordre, s'il vous plaît, ceci est important -- il me faut l'avis du comité.
Madame Jennings, M. Walsh pourrait venir demain ou lundi, à 17 heures ou 18 heures. Je pense que la motion parlait de trois heures. Le comité aimerait-il qu'il vienne à 17 heures ou à 18 heures? Vous dites 17 heures. C'est tout ce que je voulais savoir.
Nous allons donc poursuivre. Nous accusons un énorme retard, mais nous ferons de notre mieux.
Nous accueillons donc Yvette Aloïsi, j'espère, qui est sous-ministre déléguée au ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux. Comparaît également Emmy Verdun, directrice générale de la politique, du risque et de toutes sortes de choses. M. Wild, qui a déjà comparu devant nous, nous arrive du ministère de la Justice, au cas, j'imagine, où il y ait des questions juridiques.
Nous allons vraiment manquer de temps, alors je vous demande d'être très brefs dans vos remarques liminaires.