:
La séance est ouverte. À l'ordre, s'il vous plaît. Je demanderais aux journalistes de bien vouloir quitter maintenant la salle.
Je vous souhaite ici la bienvenue à cette 19e séance du Comité législatif chargé du projet de loi C-30. La partie facile est terminée. C'est maintenant le moment de renouveler nos énergies.
J'aimerais commencer par dire que nous avons ici dans cette salle toute une masse de connaissances. J'entends faire en sorte que nous procédions de façon méthodique et que nous comptions sur les compétences qui sont ici réunies, tant à l'avant qu'au fond de la salle. Nous accueillons parmi nous aujourd'hui des représentants d'Environnement Canada. Il s'agit de John Moffet et de Michel Arès. Est également des nôtres Phil Blagden, de Santé Canada. Sont également présents d'autres fonctionnaires de RNCan et de Transports Canada, auxquels nous ferons appel, au besoin, au fil de notre travail.
Vous avez également un document intitulé « Projet de loi C-30, étude article par article, pour les membres du comité ». Il s'agit d'un document qui émane du Ministère et qui exprime l'avis de celui-ci sur le projet de loi.
[Français]
J'aimerais aussi fournir certaines informations aux membres du comité avant de commencer l'étude article par article du projet de loi. Comme vous le savez, il est possible qu'un vote sur certains articles, amendements ou sous-amendements résulte en une égalité des voix, et je serai alors appelé à exercer ma voix prépondérante.
La voix prépondérante est expliquée aux pages 268 et 269 de l'ouvrage La procédure et les usages de la Chambre des communes de Marleau et Montpetit.
[Traduction]
Par conséquent, sans présumer des résultats de l'examen article par article, je tiens à informer les membres du comité que s'il y a égalité des voix sur des dispositions du projet de loi, je voterai en faveur afin de préserver le statu quo. S'il y a égalité des voix sur des amendements ou des sous-amendements, la présidence votera contre afin de préserver le statu quo et de permettre que d'autres amendements puissent être apportés ici en comité ou à la Chambre à l'étape du rapport.
Enfin, j'entends informer le Président de toutes les voix prépondérantes qui auront été exercées au sujet d'amendements. En temps normal, le Président ne choisira pas au stade du rapport des motions qui ont été défaites en comité. Il possède néanmoins un pouvoir de sélection discrétionnaire, et j'ai l'intention de lui fournir le plus de renseignements possible pour l'éclairer dans son choix des motions à l'étape du rapport à la Chambre. J'espère que ces renseignements aideront le comité dans ses décisions concernant le projet de loi.
Nous allons maintenant entamer l'étude détaillée, article par article, du . J'aimerais prendre quelques instants pour m'assurer que les membres du comité ont bien en main les documents dont ils auront besoin. Je pense que c'est le cas.
À la fin de la semaine dernière, 66 amendements avaient été reçus par le greffier. Ceux-ci ont été réunis dans un classeur qui a été distribué le lundi 19 mars, à la première heure, aux membres du comité. Un amendement supplémentaire du NPD a été reçu après la distribution des classeurs, et celui-ci vient tout juste de vous être distribué ce matin. Plus tôt ce matin, nous avons reçu 34 amendements du Parti libéral. On nous dit que ceux-ci viendront remplacer les amendements libéraux qui se trouvent présentement dans vos classeurs. Des photocopies en ont été faites et je pense qu'on vous les a distribuées.
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Je suis très préoccupé par les amendements. Je sais bien que le règlement et que les règles que nous avons autorisent le dépôt aujourd'hui de ces amendements. J'ignore quelle est la situation des autres membres du comité. Peut-être qu'il y en a qui ont une vie plus agréable que la mienne, mais je peux vous dire que cela fait trois ou quatre jours que j'épluche les amendements. Ce comité est nouveau pour moi et j'ai plusieurs questions, notamment pour les fonctionnaires.
Je trouve tout simplement que la situation ici est étrange. Je suis préoccupé, premièrement, par le fait que nous ayons maintenant ces 34 nouveaux amendements. Comment allons-nous pouvoir mener notre étude article par article? Tous ces amendements nous seront-ils soumis dans l'ordre dans lequel ils figurent dans le classeur que nous avons reçu? En tant que membre du comité, je trouve que cela sème tout simplement le chaos. Je m'inquiète quant à savoir comment nous allons procéder aujourd'hui avec le plan que nous avions en place pour la journée, maintenant que nous avons ces amendements.
Je pense que le fait de déposer ici ces amendements témoigne d'un manque de bonne foi. Si l'on nous soumettait aujourd'hui un ou deux nouveaux amendements, alors ce serait faisable, mais que l'on nous en impose 34 m'amène à me demander comment nous allons procéder.
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La liasse renferme deux nouveaux amendements de fond. Le premier traite du commissaire à l'environnement et au développement durable et découle des audiences tenues précédemment. La proposition est d'intégrer le travail que nous faisions là-dessus dans le projet de loi , l'occasion de le faire s'étant présentée. Voilà en quoi consiste le premier amendement de fond, et c'est celui qui aura une incidence sur nos travaux d'aujourd'hui, car il intervient assez tôt dans l'étude du projet de loi.
L'autre amendement de fond concerne le budget de carbone, qui a été annoncé par M. Dion vendredi dernier. Nous avons pensé qu'il serait utile d'étayer un peu les références aux grands émetteurs finaux dans le projet de loi C-30.
Voilà quels sont les deux nouveaux amendements de fond. Vous avez déjà vu nombre des autres amendements. Il s'est tout simplement agi de renuméroter les amendements existants que nous avions préalablement déposés. Il y avait certaines conséquences du fait de soumettre ces deux nouveaux amendements.
La bonne nouvelle est que le gros de tout cela viendra plus tard dans nos délibérations. Tout cela pour dire que, si nous allons examiner le projet de loi sur la base de sa structure actuelle, nous croyons que le seul nouvel amendement dont nous aurons à traiter ce matin sera celui concernant le commissaire à l'environnement et au développement durable.
Nous nous excusons, bien sûr, de la situation auprès des membres du comité, car il s'agit de nouveaux développements, mais il n'y a pas 34 nouveaux amendements. Il y a en vérité deux gros nouveaux amendements, qui entraînent des conséquences en matière de numérotation et ainsi de suite. La plupart de ces conséquences interviendront dans le cadre de réunions futures, du fait des articles qui sont concernés. La seule qui ait une incidence sur la discussion d'aujourd'hui est l'insertion du concept du commissaire à l'environnement et au développement durable, dont nous avons longuement discuté au comité.
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Eh bien, monsieur le président, il s'agit ici d'un moment critique quant à l'établissement du ton pour les travaux du comité. Nous nous sommes efforcés d'être directs. Nous nous étions tous entendus sur les règles. J'ai devant les yeux la décision de la présidence quant à la façon dont les amendements devaient être proposés. L'idée qu'un amendement de fond...
Nous avons, il y a de cela de nombreuses semaines, entendu des témoignages au sujet du commissaire à l'environnement. Cela ne remonte pas à il y a quelques jours seulement. Ainsi, bien qu'il soit peut-être tout à fait valable que cela soit envisagé dans le contexte du projet de loi , il est irresponsable que cela tombe le jour J. Et le fait de s'attendre à ce que les membres du comité en discutent et mettent la question aux voix pourrait être considéré comme une tentative de retarder les choses. Il s'agit d'un amendement de fond portant sur une question au sujet de laquelle nous avons entendu des témoignages il y a de cela quelques semaines, et voici que tout d'un coup l'on s'attend à ce que les membres du comité examinent la question et en décident du sort aujourd'hui — pour modifier la loi canadienne et modifier le rôle du commissaire à l'environnement, tout cela en l'espace de cinq minutes.
J'estime que cela est irresponsable de la part de mes collègues du Parti libéral, alors que nous nous efforçons de travailler dans un esprit et un environnement de collaboration et de sincérité. Bon sang, nous autres du NPD avons déposé nos amendements en novembre.
Cette situation est tout simplement totalement inacceptable.
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Monsieur le président, je n'ai pas les « bleus » de la dernière séance, mais il était clair que nous devions présenter la plupart de nos amendements pour le 15 et qu'il n'était pas exclu que nous puissions déposer certains autres amendements après discussion.
À mon avis, on pourrait, bien sûr, permettre au Parti libéral de présenter son amendement fleuve sur le commissaire à l'environnement, mais on devrait s'attendre à ce que cet amendement soit réservé, compte tenu du fait qu'on n'a pas pu en prendre connaissance et qu'on a besoin d'un certain délai pour ce faire.
Donc, que le Parti libéral présente son amendement, mais nous lui demandons de se ranger à l'idée qu'il sera réservé et pris en considération plus tard.
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Deux choses, monsieur le président.
Premièrement, le lieu d'insertion de cet amendement au sujet du commissaire à l'environnement découle des conseils des rédacteurs. Ceux-ci ont estimé que c'était l'endroit logique où l'inscrire. Je comprends la position de M. Cullen et conviens que cela est arrivé très vite et qu'il n'y a pas eu un grand préavis.
La deuxième observation que je ferais est que je pensais — à moins que je ne l'aie mal compris lors de la discussion au sujet du commissaire à l'environnement — que M. Cullen avait à un moment donné pensé que ce serait peut-être une bonne idée que le commissaire à l'environnement indépendant soit versé dans le projet de loi .
Bien que je comprenne la difficulté posée par le fait d'être confronté tout de suite au départ à un élément nouveau, ce sont les rédacteurs qui nous ont fortement encouragés à en proposer l'insertion à cet endroit, celui-ci étant l'endroit approprié. Deuxièmement, l'idée générale elle-même n'est pas si loin de ce que j'avais compris comme étant l'opinion de M. Cullen.
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Merci encore, monsieur le président.
Je respecte les commentaires de M. Godfrey, mais dire que nous n'avons pas eu un long préavis... Nous avons eu un préavis de cinq minutes. Apporter un amendement de fond et nous donner un préavis de cinq minutes pour nous asseoir ici à cette table et pour en décider est, je pense, injuste envers tous les membres du comité. Si nous allons apporter des amendements — et nous avions à chaque réunion le droit de déposer des amendements —, alors cela va prendre le plan que nous avions pour aujourd'hui et le mettre de côté. Traiter de cet amendement serait, je pense, injuste pour tous les membres du comité, et je pense que nous devrions nous pencher sérieusement sur la question de savoir si nous devrions même accepter la possibilité que cet amendement soit proposé aujourd'hui.
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Merci de m'accorder la parole, monsieur le président.
Je pense que l'important ici est que nous avons beaucoup de travail devant nous. Nous avons l'un des échéanciers les plus exigeants qu'ait jamais eu un comité législatif, et ce que nous faisons ici établira un précédent pour la suite. J'estime que cela est très important. La question n'est pas de savoir si c'est bon ou mauvais, et ces amendements sont peut-être fort bons. L'important ici — et nous respectons le fait que des amendements puissent être proposés à tout moment — est que nous fixons un échéancier et nous le fixons en fonction de certains critères et de façon à veiller à ce que nous disposions du temps qu'il faut pour analyser les amendements. Nous avons ici quatre partis différents, 12 ou 13 personnes qui jouent chacune leur rôle, et il nous faut nous assurer d'être en mesure de mener notre analyse en bonne et due forme.
Je proposerais — et j'ai relevé plus tôt chez M. Godfrey des indications voulant qu'il serait peut-être prêt à faire cela — que, s'il y a une situation telle que ces amendements se rapportent à d'autres amendements, alors nous pourrions les mettre à la fin et en traiter ultérieurement. Il nous serait possible d'y revenir au moment approprié. Monsieur le président, il nous faut compter sur une certaine souplesse de la part des autres partis afin que nous ne soyons pas pris par surprise, et pour éviter qu'un projet de loi qui ne serait pas approprié en l'espèce, ou bon pour les Canadiens, ne passe en douce.
Comme je l'ai déjà dit, je pense que la réalité est que ce sont peut-être de bons amendements, mais nous ne pouvons le savoir sans une comparaison en bonne et due forme des quatre différents articles, en fonction des amendements émanant de tous les partis, du projet de loi original et de ce que les témoins nous ont dit. Or, on ne nous en offre pas vraiment la possibilité. Sauf votre respect, monsieur le président, je pense qu'il devrait y avoir une certaine souplesse de la part des autres partis pour que si l'un des partis ne souhaite pas traiter d'un amendement à ce stade-ci, celui-ci puisse être mis à la fin de façon à ce qu'il nous soit possible d'en faire un examen sérieux en tenant compte de toutes les ramifications. J'estime que, dans le cas présent, ce serait là la meilleure chose à faire.
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J'imagine qu'il y aura des articles connexes dans le cas de presque tous les amendements libéraux, car ils les ont tous enlevés et les ont tous remplacés par des textes nouveaux. Je ne pense pas pouvoir entendre aujourd'hui le moindre amendement libéral, mais je ne sais pas.
Ce projet de loi est complexe. Lorsque vous en rajustez un élément, vous en rajustez un autre. Je n'ai pas la Loi du Parlement du Canada devant moi, et j'ignore si quelqu'un d'autre l'aurait. En changeant tous les amendements, en en déposant de nouveaux, ou en proposant un ou deux amendements de fond, cela a une incidence sur d'autres éléments d'autres amendements. Je ne pourrais en entendre aucun.
Les Libéraux se sont eux-mêmes mis dans cette situation. Ceci est tout à fait ridicule.
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Merci, monsieur le président.
Je sais qu'il a fallu aux Libéraux dix ans pour en arriver au point de pouvoir parachuter quelque chose comme ceci sur le comité, mais je ne pense pas du tout qu'il soit juste que nous ayons quelques petites minutes pour évaluer l'incidence de ce qui est proposé sur le reste des amendements interreliés.
Il est peut-être gentil de proposer que ces amendements soient simplement déposés pour être ensuite réservés, mais combien d'autres amendements corrélatifs sont reliés à ceux que nous aurons peut-être à réserver? Nous n'avons encore aucune idée de l'interconnexion entre les amendements. J'estime que cela entrave carrément le travail du comité aujourd'hui.
Je comprends que cela est sans doute conforme à la lettre de la loi en ce qui concerne les amendements, mais cela en viole certainement l'esprit. Il n'est pas simplement question d'examiner quelques amendements qui sont nouveaux et qui ne sont pas forcément de grande envergure. Ce qui est proposé ici est tout à fait nouveau, et je pense que cela viole toute possibilité de bonne volonté au comité. Je trouve que ce qui est arrivé aujourd'hui est très décevant.
Monsieur le président, il serait peut-être juste d'assujettir ces amendements à la règle du préavis de 48 heures. Ceux-ci pourraient alors être déposés au comité dans deux jours au lieu de l'être ici aujourd'hui.
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Oui, monsieur le président, j'aimerais faire un rappel au Règlement.
Nous avons ici des précédents. Le précédent concernant la question posée est que chaque membre du comité ait l'occasion de parler avant que quelqu'un d'autre ne fasse une deuxième intervention.
J'ai eu l'occasion de prendre la parole trois, et même quatre fois, en comptant mon rappel au Règlement. M. Warawa et beaucoup d'autres ont pris la parole. M. Manning a en fait la main levée depuis quelque temps déjà, et il n'a pas encore eu l'occasion de se faire entendre.
Monsieur le président, je pense qu'il serait approprié que tous les membres puissent se faire entendre avant qu'une quelconque décision ne soit rendue.
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Oui, j'aimerais faire un rappel au Règlement.
Nous sommes ici dans la salle. Voici que l'on arrive et que l'on dépose sur la table de gros amendements de fond, et qu'on nous demande de les accepter en l'espace de cinq minutes et de passer à la suite.
Je viens de passer trois ou quatre jours à éplucher tous ces amendements. D'après ce que j'en comprends, si, pour une raison ou une autre, l'un des amendements n'est pas adopté ici à la table, alors il amène le rejet d'un ou deux autres amendements. Comment puis-je donc aller de l'avant avec quelque chose qui pourrait avoir une incidence sur les 15 autres amendements dont nous avons été saisis ici ce matin, du fait de ce seul amendement que nous avons devant nous maintenant?
Je pense qu'il est injuste qu'on me demande, en ma qualité de membre du comité, d'être ici aujourd'hui et d'aller de l'avant avec notre travail dans le contexte de ce qui vient de se passer.
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Monsieur Manning, il s'agit là d'un point de discussion.
Je souscris aux arguments qui ont été présentés. J'aimerais proposer que nous suivions le processus, car il y a une ou deux choses que nous pourrions faire qui vont au-delà du point en litige ici.
Lorsque nous en serons arrivés au stade où l'amendement sera proposé, nous réserverons la discussion. Si nous ne parvenons pas à progresser plus loin, l'article suivant étant dépendant de quelque chose en découlant, alors nous le saurons à ce moment-là. S'il y a alors des doutes, ce qui serait tout à fait légitime, alors nous pourrons très bien suspendre la discussion à ce moment-là, mais nous pouvons au moins lancer le processus.
Une fois que nous en serons arrivés là, en cas de mécontentement général, ce qui se manifesterait, je pense, très clairement, et si le comité souhaite suspendre la discussion, alors nous le ferons à ce moment-là et chacun aura le temps d'évaluer la situation. Mais cela nous permettrait au moins d'entamer le processus, car certains éléments de celui-ci ne dépendent pas de la résolution de ce conflit particulier.
Une fois le moment venu, si le comité est mécontent, alors nous pourrons toujours suspendre la discussion, si c'est ce que souhaite le comité. Mais il y a une ou deux choses dont nous pourrions traiter d'abord, et qui ne se rattachent aucunement au cas qui nous occupe ici, et nous pourrions au moins lancer le processus. Cela ne se rattache en rien au présent conflit.
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Monsieur le président, merci de me donner la parole.
Je me demande si nous ne pourrions pas faire une pause d'une minute pour discuter de la question. Je comprends votre suggestion, mais nous ne traitons pas ici d'un projet de loi ordinaire. Tous ses aspects sont interreliés. Les amendements proposés par les Libéraux changent sensiblement le projet de loi, les amendements proposés par chaque parti changent sensiblement le projet de loi, et il nous faut avoir la possibilité d'examiner la chose.
Monsieur le président, sauf le respect que je vous dois, que vous disiez que les amendements soient interreliés ou que vous disiez le contraire, nous n'avons aucune idée de ce qu'ils renferment, mais le projet de loi tout entier est interrelié dans trois parties. Certains partis ont laissé entendre qu'il ne devrait y avoir qu'une seule partie. Il est tout simplement impossible pour nous de savoir si les amendements proposés par les Libéraux sont inclus ou rattachés aux différents éléments du projet de loi, aux articles que nous adopterons ou n'adopterons pas. Il n'y a aucun moyen pour nous de savoir.
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À l'ordre, s'il vous plaît.
Avant de poursuivre, je tiens à dire que j'ai jeté un rapide coup d'oeil sur l'amendement qui nous occupe. Mon impression initiale est qu'il autorise de nouvelles dépenses. Cela ressort assez clairement pour moi. Cela exigerait une recommandation royale, ce qui ferait que ce serait inadmissible. Je suis prêt à entendre des arguments là-dessus soit maintenant soit plus tard, avant de rendre une décision, mais c'est là ma très nette impression, ayant regardé l'amendement proposé.
Les membres du comité souhaitent-ils discuter de cela maintenant?
Je vois les gens dire oui de la tête, et je vais accorder la parole à M. McGuinty.
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Tout le monde est donc en train d'indiquer par un signe de tête que nous sommes d'accord pour avancer? Il y a des mesures qui peuvent être prises par quiconque s'oppose à tout ce qui pourrait survenir.
Je suis heureux que nous ayons eu ce petit échange.
Conformément au paragraphe 75(1) du Règlement, l'article 1 du projet de loi est reporté jusqu'à la fin de notre étude, étant donné que cet article concerne le titre abrégé du projet de loi.
Voyons donc l'amendement à l'article 1, qui est l'amendement LIB-2 de la liasse que vous avez reçue ce matin. Je demanderais à M. McGuinty d'en proposer l'adoption.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Ravi que nous soyons de nouveau sur les rails. Formidable.
Premièrement, je ne vais pas prendre le temps de lire l'amendement dans son entier, monsieur le président, mais j'en propose l'adoption, et j'aimerais en dire quelques mots, si vous permettez, pour expliquer aux Canadiens qui nous regardent peut-être à la télévision et à ceux qui s'intéressent à la question ainsi qu'à ceux qui sont ici pour que nous travaillions ensemble au quelle est la teneur du projet de loi.
Dans le cadre des travaux du comité, monsieur le président, les députés libéraux en sont arrivés à la même conclusion que celle à laquelle sont arrivés la majorité des membres du Comité permanent de l'environnement et du développement durable le 27 février. En d'autres termes, si le pays veut prendre au sérieux les défis en matière d'environnement du XXIe siècle, alors il nous faut un commissaire à l'environnement tout à fait indépendant. À l'heure actuelle, le commissaire à l'environnement est un employé du Bureau du vérificateur général, et c'est à lui qu'il rend compte et non pas au Parlement. C'est là une question qui a été traitée dans le détail, monsieur le président, par de nombreux témoins tenus en haute estime qui ont comparu devant le Comité de l'environnement. Par exemple, M. Jim MacNeill, l'ancien secrétaire général de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, la Commission Brundtland, a écrit une lettre dans laquelle il déclare très carrément ceci:
J'ai été fortement ébranlé d'apprendre que la vérificatrice générale avait récemment licencié le commissaire. À mon avis, ce geste pourrait avoir des effets très fâcheux sur la visibilité, l'autonomie et la responsabilité des futurs commissaires et de leur personnel et sur les rapports qu'ils font au Parlement.
Il appuie solidement l'idée d'un commissaire à l'environnement totalement indépendant. J'estime qu'une lettre aussi directe, monsieur le président, émanant d'une personne de sa trempe, est clairement un appel à l'action.
D'autre part, monsieur le président, Mme Gélinas, le plus récent commissaire à l'environnement, a envoyé au comité, sur cette même question, une lettre très convaincante. Voici quelques-uns des paragraphes et passages essentiels de sa lettre:
Si l'on examine les autres fonctions de Commissaires au Canada (langues officielles, éthique, information, protection de la vie privée, etc.), on trouve qu'en plus d'une fonction d'enquête, ces commissaires ont pour mission de promouvoir et d'encourager de meilleures pratiques, sans pour autant sombrer dans un rôle de défenseur.
Elle poursuit en disant que
Le fait de nicher le poste de commissaire au sein du BVG n'avait pas pour objectif de contraindre sa mission et son rôle à ceux d'un vérificateur. Toutefois, c'est ce que la fonction est devenue.
Elle ajoute plus loin:
Les récentes orientations prises par la vérificatrice générale, Mme Fraser, — qui visaient entre autres à intégrer le travail du groupe du Commissaire à l'environnement et au développement durable à ses rapports et ainsi faire disparaître le rapport du commissaire tel qu'on le connaît depuis la création du poste — , m'amènent à croire que le risque est maintenant réel et que ce fragile équilibre sera rompu.
Je pense, monsieur le président, que son constat le plus parlant est peut-être le suivant:
Un commissaire doit pouvoir offrir une vision, une approche, une façon de faire et une direction générale. Il doit pouvoir dialoguer, inciter des activités, travailler avec les ministères autrement que par la seule voie des vérifications.
Enfin, elle écrit, pour tous les députés ici présents, surtout ceux qui apprécient tant son travail, comme, par exemple le ministre de l'Environnement, qui a — et ce à très juste titre — offert, lors de son renvoi, de recommander qu'on lui décerne l'Ordre du Canada, que:
Si le Canada veut que le Commissaire à l'environnement et au développement durable exerce pleinement son rôle, il doit devenir indépendant du Bureau du vérificateur général du Canada, car les deux mandats sont incompatibles.
Comme vous vous en souviendrez peut-être, monsieur le président, il n'y a pas si longtemps, le ministre de l'Environnement a déclaré — et je le répète — qu'il était si impressionné par le travail de Mme Gélinas qu'il pensait qu'elle devait être désignée membre de l'Ordre du Canada. Il est allé encore plus loin en disant qu'il était prêt à la mettre en nomination lui-même. Je suis tout à fait de son avis.
J'appuie le témoignage de Mme Gélinas; le Comité de l'environnement l'appuie. Il est temps de prendre des mesures avant que ne soit choisi le prochain commissaire à l'environnement. Notre motion étaye les aspects essentiels d'un agent indépendant du Parlement, d'un bureau distinct, doté d'un budget distinct, ayant pleins pourvoirs en matière de recrutement de personnel et de renvoi et un mandat pour faire enquête, pour ensuite en faire rapport, sur toute question relevant du commissaire. Cela viserait l'état ou l'intégrité de l'environnement au Canada et la mise en oeuvre au gouvernement fédéral d'un développement durable.
Les députés verront, monsieur le président, que les dispositions sont très soigneusement circonscrites, comme c'est le cas pour les actuels agents du Parlement, comme par exemple le commissaire à l'éthique et le commissaire aux langues officielles. Si nous souhaitons faire quelque chose dès le premier jour de la révision de ce que l'on appelle la Loi sur la qualité de l'air, alors, à mon sens, ce serait par ceci qu'il faudrait commencer.
Merci, monsieur le président.
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Les inquiétudes que j'avais au départ relativement au processus dans lequel nous nous lançons demeurent. Ayant entendu vos propositions de tout à l'heure, ma crainte est que, du fait de ce très court débat dans lequel nous nous sommes engagés sur ces je ne sais trop combien de pages de texte juridique que les Libéraux ont proposé aujourd'hui, nous perdions ce concept de commissaire à l'environnement dans le cadre du projet de loi du simple fait que les Libéraux n'aient pas fait leurs devoirs et qu'ils n'aient pas livré ces textes au comité dans les temps.
Je me pose même des questions au sujet de cette discussion de savoir si cela est valide ou invalide ou s'il y a des aspects qui devraient nous préoccuper. Aucun d'entre nous assis autour de cette table... Je devine que même les membres libéraux du comité n'ont pas vu ce texte et voici que nous sommes maintenant sur le point de déterminer si cela est admissible, de l'avis du greffier, ou si les membres du comité veulent voter en faveur, ou contester votre décision ou faire intervenir quelque autre considération.
Voici qu'une idée qui est peut-être excellente est mise en péril du fait d'une tactique obscure visant à faire traîner les choses à laquelle s'adonne l'opposition officielle et que je m'efforce toujours de comprendre.
:
Merci, monsieur le président.
Sur le fond et l'esprit de la motion, j'adhère aux principes énoncés. Sauf que je me pose la question à savoir si c'est véritablement dans le projet de loi C-30 qu'il faut procéder aux modifications proposées par le Parti libéral. Je trouve que le voeu est intéressant, mais compte tenu qu'il y a une incidence sur les amendements 32 et 33, je pense que cela nous place dans une situation fragile.
Donc, je trouve inélégant le geste que pose le Parti libéral aujourd'hui, bien qu'il puisse partir de bons principes. Je crains qu'on rate une occasion en or de donner plus de pouvoir au commissaire à l'environnement en utilisant le projet de loi . La façon dont le processus se déroule me met mal à l'aise.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais faire un commentaire là-dessus, si vous permettez. Cela est très dommage. En fait, il est quelque peu troublant de constater, après avoir entendu le ministre et plusieurs députés du parti au pouvoir dire maintes fois au comité, à la Chambre, et à la télévision que nous voulons travailler ensemble pour élaborer ensemble un beaucoup plus solide, que ce que je relève, sous-entendu dans votre décision, est que le projet de loi ne dépense pas d'argent et ne peut pas en dépenser.
J'ignore ce que nous allons faire ici avec tous ces amendements de fond que nous avons déposés si ce que nous avons devant nous est un projet de loi impotent. J'espère qu'il y a moyen de résoudre cela sur le plan de la procédure. Je ne suis pas un expert en matière de procédure parlementaire, mais mon personnel m'a remis un passage pertinent tiré du recueil. Je lis:
La recommandation royale peut être donnée une fois un projet de loi présenté à la Chambre, tant et aussi longtemps que cela intervient avant que le projet de loi ne fasse l'objet d'une troisième lecture et ne soit adopté.
Je pense que cela serait utile pour nous dans la suite des opérations, pour la série d'amendements que nous avons proposée et pour tous les partis qui déposent des amendements de fond et sérieux. Je pense qu'il serait important pour nous de savoir, peut-être par l'intermédiaire de M. Warawa, le secrétaire parlementaire représentant le gouvernement au sein de ce comité... Avant d'aller plus loin, je pense que les Canadiens doivent savoir deux choses. Premièrement, le gouvernement va-t-il déposer plus tard à la Chambre une recommandation royale afin que nous puissions adopter ici des amendements comportant des affectations de crédits, ou bien ce processus est-il une imposture en ce qui concerne l'aspect monétaire? Deuxièmement, allons-nous être un spectacle forain pendant que le premier ministre se promène un peu partout en annonçant des milliards de dollars pour des programmes qui viendront prendre la priorité sur le travail du comité?
Je pense que les Canadiens qui nous regardent à la télévision méritent de le savoir. Nous aimerions le savoir. Nous avons proposé de très sérieux amendements de fond car ce projet de loi est un mauvais projet de loi, et nous faisons notre maximum pour le sauver.
C'est ainsi que nous avons proposé ces amendements, pour constater maintenant qu'il n'y a aucune recommandation royale correspondante et que nous ne pouvons pas parler de dépenser de l'argent. Comment est-il possible d'adopter une Loi canadienne sur la qualité de l'air qui ne demande pas au gouvernement de dépenser de l'argent? J'aimerais qu'on me réponde avant que d'aller plus loin. Comment les Canadiens peuvent-ils avoir confiance dans ce processus si celui-ci est depuis le tout début voué à l'échec?
:
Encore une fois, le processus qu'ont choisi de suivre les Libéraux a mis en péril certaines des idées mêmes que nombre d'entre nous avons prônées. Je demanderais que soit réservé ce changement particulier au projet de loi, afin que nous ayons le temps de l'examiner et afin que le gouvernement ait le temps d'envisager la nécessaire et légitime recommandation royale dont devrait être assortie une telle position.
Mais rappelez-vous que cette idée a été mise en péril par les auteurs de ces amendements, du fait de les mettre sur la table le jour-même, alors que nous avons eu des semaines... alors que les Libéraux eux-mêmes ont demandé du temps supplémentaire pour réfléchir et se pencher sur toute la question pendant le congé. Du temps supplémentaire a été accordé, contre l'avis des Néo-démocrates et de toutes les importantes organisations environnementales au pays.
Et voici que maintenant, le jour de la réunion du comité, ils proposent une motion que nous considérons comme étant un amendement de fond, exigeant une recommandation royale, dont nous pensons que cela aussi serait possible par le biais de ce mécanisme et par le biais d'une initiative de la part du gouvernement, et nous encouragerions le gouvernement à la prendre. Mais ce serait une erreur que de trancher la question aujourd'hui. Cela nous ferait déraper dans l'erreur qu'ont commise les Libéraux en déposant ceci ici maintenant. J'exhorte le comité à réserver cette motion et à traiter maintenant d'autres questions.
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Monsieur le président, nous voici à 10 h 10, avec encore un autre amendement proposé par les Libéraux. Le numéro de bluff, de tromperie, est clairement évident.
Nous avons un gouvernement qui a créé un comité législatif, en collaboration avec le NPD, et nous nous sommes présentés aux Canadiens prêts à proposer des amendements. Nous voulons une loi qui fasse un bon travail. Pour la première fois de l'histoire, nous avons un gouvernement qui est prêt à défendre les Canadiens et à mettre en place des règlements et des normes en matière d'émissions et de qualité de l'air, dans les maisons et à l'extérieur, qui soient obligatoires.
La situation présente est absolument ridicule. Nous avons un gouvernement qui est prêt à coopérer, à faire des compromis, et nous voici, à 10 h 10, en train de recevoir encore d'autres amendements du Parti libéral. Il s'agit très clairement d'un numéro de tromperie, mais la tromperie est terminée. Nous sommes venus ici pour travailler de façon coopérative, et c'est ce que nous voulons faire, mais comment le pouvons-nous dans le contexte d'un tel spectacle? Cela est troublant.
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Mon souci, ici, encore... Et je tiens à souligner que j'ai étudié les amendements qui nous ont été soumis avant la fin de semaine. Certains des amendements proposés par le Parti libéral ou par d'autres sont, à mon avis, tout à fait positifs, dans le sens du projet de loi.
Vous savez, le gouvernement a déposé ce projet de loi. Ce comité législatif spécial a été créé et chargé d'examiner le projet de loi, d'accepter des recommandations, de voir si nous pouvions en arriver à un projet de loi qu'accepteraient les Canadiens. Pour reprendre les propos de M. McGuinty, je suis déçu, mais non pas surpris, que nous soyons ici ce matin avec ces 30 et quelque nouveaux amendements, avec encore un autre qui vient tout juste de nous être soumis. À mon sens, c'est une litote que de parler de prendre la priorité sur le travail du comité.
Monsieur le président, nous sommes tous venus ici de bonne foi — c'est en tout cas vrai en ce qui me concerne — pour traiter des préoccupations qu'ont les Canadiens à l'égard de l'environnement. Face au spectacle forain auquel nous avons eu droit ce matin... Cela m'ennuie beaucoup de le dire, mais je pense que c'est une tactique du Parti libéral pour retarder les choses. Tenter de menacer le travail du comité lors de notre première réunion d'étude article par article — nous n'en sommes même pas encore arrivés ce matin au premier article — est, je pense, source de grave inquiétude pour nous tous.
Si d'aucuns pensent que nous allons rester assis ici et approuver tous ces amendements en l'espace de trois à cinq minutes, alors il est clair, de mon point de vue — et je ne parle bien sûr qu'en mon nom propre — que ce n'est pas cela qui va se passer. Je veux avoir l'occasion d'étudier ces amendements. Je veux avoir l'occasion d'avoir mon mot à dire, de proposer des sous-amendements et d'examiner les questions qui nous préoccupent.
Je pense que ce que nous voyons ici est une tactique visant à retarder les choses et qui met en péril toute l'ambiance entourant ce que nous voulons faire ici.
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Merci, monsieur le président.
Je pense que notre déception a été bien exprimée autour de la table. Nous sommes tous ici pour oeuvrer en vue d'une loi qui réduirait les gaz à effet de serre et les niveaux de pollution. Malheureusement, nous avons été très déçus et contrecarrés par des tentatives du Parti libéral de retarder nos progrès en la matière. Comme je l'ai déjà dit, il semble que nous nous soyons enlisés, et il nous faut avancer.
Si nous continuons de nous adonner au jeu qui a été orchestré par le Parti libéral, nous ne progresserons pas. Ce ne sera pas fructueux, alors il nous faut mettre fin à cet exercice. Il nous faut faire appel au comité directeur pour que celui-ci nous remette sur la bonne voie, car nous ne pouvons pas continuer ainsi. Plus cette réunion s'étirera, moins elle sera fructueuse, alors j'aimerais proposer la suspension de la séance et l'intervention du comité directeur pour nous remettre sur les rails.