:
Comme nous avons le quorum, je déclare la séance ouverte.
[Français]
Bienvenue à la séance no 10 du Comité législatif chargé du projet du loi .
[Traduction]
Aujourd'hui, nous accueillons quatre témoins qui vont faire des exposés. De la Fondation David Suzuki, nous accueillons Dale Marshall, analyste des politiques, Programme des changements climatiques.
[Français]
et de la Direction de santé publique de Montréal, nous recevons Louis Drouin, responsable du Secteur de l'environnement urbain et de la santé, et Norman King, épidémiologiste, Secteur de l'environnement urbain et de la santé.
[Traduction]
Nous recevons également Aaron Freeman, directeur, politique, Protection environnementale du Canada, et, par téléconférence, Mme Dee Parkinson-Marcoux, à titre personnel.
Comme les témoins le savent peut-être déjà, nous leur accordons environ 10 minutes pour faire leur exposé. Essayez de ne pas dépasser cette limite. Essayez également de vous en tenir, dans vos exposés et vos réponses aux questions, au projet de loi dans le but de nous aider à renforcer cette mesure législative et à atteindre nos objectifs en matière de changements climatiques, de gaz à effet de serre et de pollution.
Sans plus tarder, nous allons commencer par la Fondation David Suzuki. Monsieur Marshall, la parole est à vous, et vous avez un maximum de 10 minutes.
:
Merci, monsieur le président, et merci de me donner l'occasion de m'adresser au comité.
La pollution de l'air est évidemment un grave problème au Canada. Le smog a d'importantes conséquences néfastes pour la santé. Tout le monde est au courant des études qui montrent que des milliers de Canadiens sont morts prématurément à cause du smog. L'une des principales façons de lutter contre le smog et la pollution de l'air, et les problèmes de santé qu'ils causent, est de lutter contre les changements climatiques.
Le combustibles fossiles sont les principales sources d'une grande partie de la pollution de l'air au Canada et ils sont également la source des gaz à effet de serre. En luttant contre les changements climatiques, on réduit automatiquement la quantité de combustibles fossiles consommés, soit en étant plus efficace soit en adoptant des sources d'énergie plus propres. Bien sûr, cela a pour résultat de réduire la pollution de l'air du même coup.
L'un des trois ingrédients du smog est la chaleur. Ainsi, si nous permettons que la planète et que nos villes continuent à se réchauffer, nous aurons davantage de smog. Nous avons déjà constaté ce phénomène à certains endroits, particulièrement dans le sud de l'Ontario, mais ailleurs au Canada également, comme à Montréal et dans le Lower Mainland.
Ce m'amène à ma première suggestion de modification au projet de loi C-30, qui consisterait à inclure dans le préambule une mention de l'objectif ultime de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Cet objectif est d'empêcher toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. Le Canada a signé cette convention en 1992. Nous l'avons ratifiée et nous avons bien sûr ratifié le protocole qui en découle, en 1997.
Le deuxième amendement découle du premier, c'est-à-dire que pour empêcher les perturbations dangereuses du climat, il faut inscrire dans le projet de loi C-30 des cibles de réduction des émissions des gaz à effet de serre à court, moyen et long terme. Ces cibles doivent faire partie de la loi afin d'assurer la continuité de l'objectif en ce qui concerne à la fois les changements climatiques et nos problèmes de pollution de l'air urbain.
Ces cibles ne peuvent pas être des cibles d'intensité. Le seul moyen de lutter contre les changements climatiques est de réduire le niveau absolu des émissions. En gros, une cible d'intensité enlève toute transparence à ce que nous essayons de faire. Nous essayons de mesurer les gaz à effet de serre et de les réduire. Si nous exprimons cet objectif sous forme d'une réduction en rapport à l'activité économique, nous allons obscurcir les questions et nous ne pourrons pas nous concentrer sur ce que l'objectif devrait être.
Nous parlons de cibles à court, moyen et long terme. Nous avons déjà la cible à court terme, c'est le Protocole de Kyoto.
Toute cette discussion — devrions-nous ou ne devrions-nous pas, pouvons-nous ou ne pouvons-nous pas — autour du Protocole de Kyoto est absolument inacceptable. Le Protocole de Kyoto fait partie du droit international et le Canada est tenu de s'y conformer. Nous devrions atteindre ces cibles et ces objectifs. En outre, c'est une distraction inutile, car toutes les preuves indiquent que le Canada peut encore atteindre sa cible de Kyoto. Sans aucun doute. Mais nous devons nous mettre à la tâche. Nous devons mettre fin au débat.
Les gens qui refusaient d'admettre la science des changements climatiques ont changé de discours. Ils disent maintenant que ce n'est pas possible d'atteindre les cibles de Kyoto. Ce n'est pas un hasard. Pour surmonter cet obstacle, nous devons prendre des mesures immédiates pour réduire nos émissions.
Bien entendu, Kyoto n'est pas l'objectif ultime. Kyoto est une étape sur la bonne voie, celle de la lutte sérieuse aux changements climatiques.
Afin d'éviter une perturbation dangereuse du climat, qui, je le répète, est l'objectif ultime de la convention-cadre sur les changements climatiques, la science est très claire : nous devons commencer à réduire nos émissions. Nous devons stabiliser très rapidement les concentrations dans l'atmosphère pour ensuite les réduire de l'ordre de 80 p. 100 environ d'ici 2050. En gros, des cibles se situent dans une fourchette de 50 à 55 p. 100.
Pour que le Canada assume sa juste part de cette responsabilité, étant donné que nos émissions par habitant sont beaucoup plus élevées que celles de la vaste majorité des pays — en fait nous sommes parmi les pires à cet égard —, nos cibles de réduction devraient être de 80 p. 100 d'ici 2050. Bien sûr, lorsque l'on calcule à rebours à partir de cette date, cela donne une réduction de 25 p. 100 d'ici 2020.
L'Union européenne s'est déjà engagée à réduire ses émissions de l'ordre de 20 p. 100 d'ici 2020. Au départ, elle utilise moitié moins d'énergie que nous et émet beaucoup moins de gaz à effet de serre par personne. L'Union européenne s'engage non seulement à une réduction de 20 p. 100, elle a également annoncé qu'elle était prête à aller jusqu'à 30 p. 100 d'ici 2020 à la condition d'avoir des partenaires, dont le Canada. C'est le genre d'exemple que nous devons suivre. Je ne dis pas que nous devons être des chefs de file; je demande simplement que nous suivions ceux qui le sont plutôt que d'être des retardataires.
Cela m'amène tout naturellement à mon troisième amendement. Afin d'atteindre nos cibles à court, moyen et long terme, le gouverneur en conseil doit plafonner les émissions de gaz à effet de serre de l'industrie. L'industrie produit 50 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre au Canada et devrait donc assumer 50 p. 100 de la responsabilité des réductions.
Il nous faut un système de plafond et d'échanges pour faire en sorte que l'industrie atteigne sa cible de Kyoto : 6 p. 100 sous des niveaux de 1990. Qu'est-ce cela représente — faisons le calcul. Prenons les émissions de l'industrie en 1990 et soustrayons 6 p. 100, puis comparons ce résultat aux projections pour 2010 en cas de statu quo, et cela nous donne 127 mégatonnes par année pour l'industrie. C'est l'effort qu'on devrait demander à l'industrie de faire pour assumer sa part de responsabilités dans la lutte aux changements climatiques.
Nous utilisons 1990 comme année de référence car c'est la méthode la plus juste. Cela permet de tenir compte des efforts des entreprises et des industries qui ont déjà pris des mesures pour réduire leurs émissions depuis 1990. Il y a des industries et des entreprises qui l'ont fait.
Voici un exemple pour illustrer de quelle manière l'industrie pourrait atteindre sa cible. Le gros du fardeau incomberait au secteur pétrolier et gazier, puisque ses émissions ont connu la plus forte croissance depuis 1990. Il y a quelques années, une association de l'industrie, la Petroleum Technology Alliance Canada, a publié un rapport dans lequel on indiquait que le secteur pétrolier et gazier pouvait réduire ses émissions de 29 mégatonnes par année chaque année à un coût net nul. Les entreprises récupéreraient chaque dollar investi pour améliorer leur efficacité sous la forme d'économies d'énergie. Cela représente près de la moitié de la cible du secteur pétrolier et gazier. Il ne lui en coûterait rien du tout pour réduire de moitié ses émissions. C'est absolument faisable. Lorsqu'elles sont réparties entre le secteur pétrolier et gazier, l'électricité et le secteur manufacturier, ces cibles sont absolument atteignables. Et c'est la plus grosse part de notre cible de Kyoto. Bien sûr, nous avons vu, hier soir, à la Chambre, que nous avons une autre loi — en plus du droit international et d'une loi canadienne, qui prouve que le Parlement veut se mettre à la tâche et que c'est ce que les Canadiens souhaitent que vous fassiez.
Pour réussir, le Canada devra acheter des crédits internationaux. Malheureusement, nous avons attendu beaucoup trop longtemps pour pouvoir tout faire à l'intérieur de nos frontières. Certains ont dit que tous les crédits internationaux ne sont que de l'air chaud, ce qui est parfaitement ridicule. Le mécanisme de développement propre et l'application conjointe sont des projets qui produisent des réductions d'émissions certifiées. Ces réductions sont attestées par des tiers qui vérifient qu'il s'agit de réductions additionnelles à celles qui auraient été réalisées en cas de statu quo. En d'autres mots, ce sont des réductions d'émissions. Et, bien sûr, nous savons que les émissions produites n'importe où contribuent aux changements climatiques partout. De la même façon, les réductions d'émissions réalisées n'importe où dans le monde aident à lutter contre les changements climatiques.
En outre, il y a d'énormes possibilités économiques. Les industries canadiennes peuvent exporter leur énergie propre au moyen de ces mécanismes. D'autres le font. L'Union européenne en profite beaucoup, tout comme le Japon. Comme pour les autres interventions en matière de changement climatique, le Canada se laisse distancer. La lutte aux changements climatiques, y compris par l'achat de crédits internationaux, offre des possibilités que nous laissons échapper.
Pour en revenir à la santé de nos citoyens et de nos écosystèmes — et lorsque nous parlons de la pollution de l'air, c'est bien sûr ce qui nous préoccupe —, si nous nous intéressons à la santé à long terme des Canadiens, et si nous voulons assumer la responsabilité de la pollution que nous avons créée, nous devons nous attaquer de front aux changements climatiques. Cela aura une incidence immense sur la pollution de l'air dans nos villes et sur la santé des citoyens canadiens.
Merci, monsieur le président.
:
Je vous remercie de nous avoir invités à présenter la position de la Direction de santé publique de Montréal.
Comme médecins de santé publique, nous sommes fortement impliqués dans ces enjeux, dans notre région. Je vous rappelle que notre population est constituée de 1,8 million de Montréalais. En tant qu'intervenants en santé publique, nous considérons qu'il faut agir maintenant. En effet, on constate à Montréal que la pollution de l'air et les changements climatiques causent actuellement des problèmes de santé publique très significatifs. Les changements climatiques à venir vont les amplifier.
De façon plus spécifique — et vous avez déjà ces chiffres —, on note près de 1 540 mortalités précoces associées à la pollution de l'air. Nous avons fait des études, notamment chez les gens qui vivent aux abords des autoroutes. Nous avons observé un excès de 30 p. 100 des hospitalisations chez les quelque 50 000 à 75 000 personnes vivant dans un rayon de 50 mètres des autoroutes à Montréal. On a aussi constaté que les canicules créaient des excès de mortalité. Nous avons subi trois épisodes de chaleur accablante significative au cours des 20 dernières années. Les excès de décès étaient alors supérieurs à 100 ou 150 par jour. Selon les prévisions d'un consortium de recherche du Québec appelé Ouranos, la sévérité et la longueur des épisodes de chaleur accablante sont appelées à augmenter de façon très significative d'ici 20 ans. On peut donc fort probablement s'attendre à vivre ce que l'Europe a vécu durant l'été 2003.
Le premier message que je vous livre est qu'il faut agir dès maintenant.
On connaît les solutions. Vous n'avez qu'à regarder celles mises en oeuvre présentement par la Communauté économique européenne. On connaît celles de l'État de la Californie également. Toutefois, pour mettre en oeuvre ces solutions, il faut une approche très intégrée, autant au niveau local, régional, national qu'international.
On sait maintenant que pour chaque dollar investi dans des technologies propres ou des stratégies efficaces, on récolte des bénéfices de trois dollars du côté de la santé. C'est ce que nos experts de la Californie nous ont dit lorsque nous avons assisté à une conférence internationale sur ce sujet. Il est payant d'investir de cette façon : le retour sur investissement est vraiment très intéressant.
Nous demandons que la Loi canadienne sur la qualité de l'air fixe des objectifs quantifiables sur l'air ambiant ainsi que sur les émissions de polluants de l'air et de gaz à effet de serre. Il faut, lors d'une deuxième étape, établir un plan de gestion et des échéances précises de mise en oeuvre. Nous voulons aussi qu'il y ait des critères d'évaluation et une reddition de comptes auprès du public. Ce sont les éléments de base d'une loi efficace.
Pour ce qui est de l'article 103.07 du projet de loi C-30, nous recommandons plutôt d'intégrer les critères de l'OMS concernant, entre autres, les particules respirables, les oxydes d'azote, l'ozone et le dioxyde de soufre. Vous trouverez ces renseignements dans un document que nous vous avons remis aujourd'hui. Ces critères font consensus à l'échelle internationale, et nous voyons difficilement pourquoi le Canada n'adhérerait pas à l'atteinte de ces objectifs. On sait que l'atteinte de ces objectifs permettrait de diminuer de 15 p. 100 la mortalité au Canada. C'est très significatif.
Par ailleurs, à l'article 103.09, on dit que le gouvernement peut réglementer. Nous suggérons que le mot « peut » soit remplacé par le mot « doit ». Le mot « peut » est beaucoup plus faible juridiquement. Avec le mot « doit », ça devient une obligation.
Pour ce qui est des rejets de polluants provenant de sources fixes et mobiles, trois sources sont absolument cruciales, à savoir le transport, l'industrie électrique, et ce qu'on appelle en anglais les power plants. En ce qui a trait au respect du Protocole de Kyoto en matière d'émissions de gaz à effet de serre provenant de sources fixes et mobiles, les sources sont passablement les mêmes. Il s'agit des transports, des power plants et de l'industrie pétrolière. Ces sources génèrent plus de 60 p. 100 de nos émissions.
Si on examine la situation québécoise en particulier, on voit que 85 p. 100 des oxydes d'azote et 38 p. 100 des gaz à effet de serre sont attribuables au transport. Dans le cas de Montréal, le pourcentage est de 50 p. 100 en ce qui concerne les gaz à effet de serre. L'enjeu du transport est donc absolument essentiel.
Pour agir selon une approche intégrée, il faut plusieurs stratégies d'intervention : législation, incitatifs financiers, éducation et soutien à la mobilisation locale, notamment au niveau des groupes communautaires. Il faut agir aux niveaux local, régional, national et international, et interpeller plusieurs secteurs du gouvernement, soit l'énergie, le transport, l'industrie, l'agriculture et l'aménagement du territoire.
Dans le cas du transport, on vise principalement à diminuer le nombre de déplacements et de kilomètres parcourus et à améliorer le rendement des véhicules. Pour ce faire, il faut améliorer le financement du transport en commun. Au Canada, 85 p. 100 de la population est concentrée dans huit villes. On recommande aux autorités fédérales d'adopter l'équivalent du Plan Marshall en matière de financement du transport en commun. C'est ce dont on a besoin, en tant que grande ville, pour obtenir ce qu'on appelle un transfert modal de l'utilisation de la voiture individuelle vers l'utilisation du transport en commun.
On doit améliorer l'aménagement urbain, faire ce qu'on appelle en anglais du Transit Oriented Development, donc orienter la population vers le transport en commun ainsi que vers les transports actifs comme le vélo et la marche, d'où la notion des walkable cities.
On veut développer des alternatives à la voiture en solo, encourager le covoiturage et rendre les véhicules plus efficaces au moyen de règlements. Je vous donne comme exemple le règlement des 120 grammes de CO2 par kilomètre parcouru, que la Communauté économique européenne vient d'adopter. C'est maintenant la norme dans l'industrie automobile européenne. En Californie, on en est à 128 grammes de CO2 par kilomètre parcouru. Je crois que le gouvernement fédéral peut et doit mettre en vigueur de telles dispositions.
Pour modifier les comportements, on doit également opter pour des incitatifs économiques au niveau de la population. Il faut rendre le transport en commun beaucoup moins dispendieux pour les étudiants ou les personnes les plus démunies, par exemple. À Perth, en Australie, où j'étais il y a deux ans, le transport en commun était gratuit au centre-ville. Dans de telles conditions, les gens l'utilisent.
Vous devez aussi opter pour des incitatifs économiques qui encouragent l'achat de véhicules beaucoup moins énergivores. Ces incitatifs sont très efficaces. C'est ce qu'on appelle des programmes de redevance-remise. Il faut surtaxer les grosses cylindrées et détaxer les petites. J'irais même plus loin en disant qu'il faudrait abolir la publicité sur les grosses cylindrées à la télévision. Les stratégies antitabac adoptées par l'entremise du gouvernement fédéral il y a quelques années allaient dans ce sens. Il s'agissait d'octroyer des incitatifs économiques et de bannir la publicité sur le tabac. Ça fonctionne, c'est efficace, et les gens adoptent les comportements souhaités.
Plusieurs villes européennes en sont à adopter une approche en matière de transport. On sait qu'en prenant ce genre de mesures, on fait des gains du côté de la santé, non seulement en améliorant la qualité de l'air ou en diminuant les gaz à effet de serre, mais aussi en rendant les gens beaucoup plus actifs.
Pour Santé Canada, l'obésité est la principale épidémie. Or, elle est intimement associée à une motorisation croissante de la population. Si les gens utilisent le transport en commun, ils marchent plus; ils sont donc en bien meilleure forme physique. On réduit ainsi les maladies cardiovasculaires.
Pour conclure, nous recommandons qu'un nouvel article soit ajouté au projet de loi. Celui-ci spécifie que le gouvernement du Canada doit s'assurer que l'ensemble des ministères du gouvernement fédéral adoptent les orientations nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par la loi et ses règlements.
Il s'agit d'une orientation de développement durable au niveau de chacun des ministères, soit des politiques sur le transport durable, l'agriculture durable et l'énergie durable.
C'est ce qui devrait nous amener à des solutions durables pour le Canada.
Disons, pour conclure, qu'il faut fixer des objectifs quantifiables sur les polluants de l'air et les émissions; déterminer un plan de gestion et des échéances précises; développer une approche intégrée à tous les niveaux, et rendre compte au public de l'atteinte des objectifs. Chaque dollar investi en rapporte trois en bénéfices sur le plan de la santé.
Agissons maintenant parce que la santé des Canadiens en dépend.
Je vous remercie beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les membres du comité de m'avoir invité à comparaître pour discuter des dispositions du qui traitent de la pollution de l'air. Je sais que le comité n'a pas beaucoup de temps, et je vais donc me concentrer sur les modifications que j'estime nécessaires pour que le projet de loi C-30 soit un outil efficace de lutte contre la pollution de l'air au Canada.
J'ai remis au greffier des suggestions d'amendements au projet de loi. Ces amendements sont conformes à ceux que les ONG ont déjà proposés au comité et je suis heureux de vous signaler que ces amendements rejoignent ceux formulés par d'autres secteurs, notamment par l'Association canadienne des fabricants de produits chimiques, quoique nos vues divergent sur des questions comme celle de l'équivalence, que je serais heureux d'approfondir pendant la discussion.
Voici les amendements qu'il faudrait, d'après nous, apporter aux dispositions relatives à la pollution de l'air du . Premièrement, il faut établir des normes obligatoires en matière de qualité de l'air ambiant. Deuxièmement, il faut réglementer les émissions en vue de respecter les normes de qualité de l'air ambiant. Troisièmement, il faut donner au ministre de l'Environnement le pouvoir de désigner des zones importantes sur le plan de l'environnement qui sont particulièrement vulnérables à la pollution ou qui génèrent une pollution importante. Quatrièmement, il faut adopter le principe de la substitution pour réduire l'utilisation des substances toxiques. Cinquièmement, il faut supprimer du projet de loi C-30 les dispositions sur l'équivalence. Sixièmement, il faut établir une date limite pour l'entrée en vigueur de la loi. Je dirai un mot sur chacune de ces recommandations, mais je vais consacrer l'essentiel de mon temps à l'établissement de normes en matière de qualité de l'air.
À l'heure actuelle, il n'y a pas de normes obligatoires en matière de qualité de l'air au niveau fédéral. Nous avons de soi-disant normes pancanadiennes, mais elles sont entièrement volontaires. En revanche, les États-Unis et bon nombre d'autres pays industrialisés ont des normes nationales obligatoires pour protéger la santé de leurs citoyens et l'environnement. Au Canada, nous avons l'infrastructure juridique nécessaire pour appliquer de telles normes; jusqu'à présent, ce qui a fait défaut c'est la volonté politique.
Dans sa forme actuelle, le ne prévoit aucun calendrier pour l'établissement et l'atteinte des objectifs en matière de qualité de l'air. Le projet de loi C-30 modifie la LCPE afin que des normes nationales obligatoires en matière de qualité de l'air ambiant remplacent les normes volontaires actuelles. Ces normes seraient élaborées suite à un examen des normes appliquées ailleurs, comme aux États-Unis, dans l'Union européenne et, comme M. Drouin vient de le mentionner, celles de l'Organisation mondiale de la santé. Nous devrions viser à égaler ou dépasser leurs pratiques exemplaires.
Les normes devraient être établies et appliquées dans les six mois suivant l'entrée en vigueur de la Loi sur la qualité de l'air, et la réglementation des émissions permettant de respecter ces normes sur l'air ambiant devrait être mise en oeuvre six mois après les normes. Les normes relatives à la qualité de l'air ambiant et les normes relatives aux émissions devraient faire l'objet d'un examen tous les cinq ans pour faire en sorte qu'elles restent conformes aux meilleures pratiques internationales.
Je vous signale que non seulement les normes pancanadiennes ne sont pas applicables, ce qui est leur principal défaut, elles sont en outre plus faibles que les normes appliquées ailleurs. Par exemple, la norme pancanadienne en matière d'ozone est huit fois moins sévère que la norme de l'EPA américaine.
Pour appliquer ces nouvelles normes, le ministre de l'Environnement devra créer des zones de surveillance de la qualité de l'air et des régimes de surveillance pour chaque zone. Ces zones peuvent correspondre à un comté ou une municipalité, comme c'est le cas aux États-Unis, ou un district de recensement. Le ministre rendrait public un rapport trimestriel sur les niveaux de polluants de l'air dans chaque zone et indiquerait si les normes en matière de qualité de l'air ambiant sont respectées dans cette zone.
Les amendements au stipuleraient que dans les cas où une zone ne respecte pas la norme de qualité de l'air ambiant en raison de la pollution transfrontalière — au Canada, dans la plupart des cas, il s'agirait de pollution provenant des États-Unis —, la norme d'émissions pour cette zone serait néanmoins celle qui assure le plus haut niveau de protection, même s'il n'est pas possible de la respecter. Lorsque la pollution provient d'une autre province, si les deux provinces ne réussissent pas à s'entendre pour régler le problème, le gouvernement fédéral devrait agir comme arbitre.
Nous proposons que le projet de loi soit modifié afin que le ministre de l'Environnement puisse exempter de l'application d'une norme d'émissions une zone donnée mais uniquement dans les cas où celle-ci causerait de graves difficultés économiques et ce, pour une durée limitée.
Le modèle que nous proposons s'appliquerait dans le cadre de l'approche d'équivalence qui existe déjà dans la LCPE. En pratique, les provinces négocieront probablement des ententes avec le gouvernement fédéral en ce qui concerne les normes de qualité de l'air ambiant et d'émissions.
Cela m'amène aux dispositions d'équivalence du . L'article 10 du projet de loi permet au gouverneur en conseil d'exempter une province de l'application de la réglementation fédérale. À l'heure actuelle, lorsqu'une telle exemption est accordée à une province, la LCPE oblige celle-ci à avoir une réglementation équivalente à la réglementation fédérale. Le projet de loi C-30 propose de remplacer la réglementation équivalente par un effet équivalent. En d'autres mots, les provinces pourront obtenir une exemption si elles peuvent établir que leurs mesures produisent le même effet que la mesure fédérale. Cette mesure vise à donner aux provinces la possibilité d'accorder des permis ponctuels, par installation, plutôt que de veiller à ce que toutes les installations d'un secteur donné respectent la même norme.
Il faudrait supprimer ces dispositions du projet de loi C-30 pour deux raisons importantes. Premièrement, le changement qu'elles apportent a pour effet d'affaiblir considérablement le pouvoir de réglementation que comporte la LCPE. En matière de pollution, il est essentiel de garder des normes nationales uniformes. La pollution franchit les frontières politiques et la formule imprécise d'« effet équivalent » risque fort de se traduire par un ensemble disparate de mesures provinciales visant les polluants transfrontaliers dont sont victimes les provinces ou États voisins. Il serait beaucoup plus efficace d'imposer une équivalence dans la réglementation pour obtenir un niveau uniforme de protection dans l'ensemble du pays. Je n'ignore pas les préoccupations de l'industrie quant à la dualité des autorités de réglementation, mais en édulcorant les dispositions sur l'équivalence comme le fait l'article 10, on se prive de la possibilité d'avoir une autorité de réglementation efficace.
La deuxième raison justifie le maintien de l'équivalence de réglementation : cette norme a été soumise au contrôle des tribunaux et nous savons qu'elle est saine au plan constitutionnel. La jurisprudence environnementale canadienne nous apprend malheureusement que lorsqu'on se hasarde en territoire inconnu en matière de séparation des pouvoirs, il en résulte immanquablement un contentieux qui, s'il n'aboutit pas devant les tribunaux, réussit néanmoins à faire obstacle à l'administration de la législation environnementale. Le Parlement dispose d'un modèle d'équivalence dans l'actuelle LCPE qui a fait ses preuves. Il ne devrait pas prendre le risque d'un nouveau modèle qui se soldera immanquablement par de coûteux procès.
L'arrêt le plus récent de la Cour suprême en la matière est celui d'Hydro-Québec. Les juges ont confirmé les dispositions de la LCPE sur l'équivalence, mais par une faible majorité seulement. Dans le cadre des pouvoirs fédéraux en matière criminelle, qui étaient invoqués par Hydro-Québec, plus une mesure juridique comporte de souplesse, plus sa validité risque d'être contestée en matière criminelle. Dans l'affaire d'Hydro-Québec, la validité de la LCPE a été contestée aux motifs de l'existence d'accords d'équivalence. En accordant plus de souplesse aux autorités de réglementation, le changement envisagé apporte la garantie quasi certaine de contestations futures dans ce domaine.
Le troisième groupe de modifications concerne le pouvoir de désigner des zones importantes. Le préambule de la LCPE consacre l'importance d'un régime axé sur les écosystèmes. En matière de pollution atmosphérique en particulier, il est essentiel d'identifier tout d'abord les écosystèmes les plus importants qui seront particulièrement visés par la loi.
Ainsi, c'est du bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent que proviennent 45 p. 100 des polluants atmosphériques toxiques du Canada, et c'est là que se trouvent 58 p. 100 des établissements figurant dans l'inventaire national des rejets de polluants. On pourrait recourir à la désignation d'une « zone importante » pour proposer au Canada l'équivalent des engagements législatifs pris aux États-Unis pour faire face aux polluants toxiques et autres problèmes présents dans le bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Comme les quatre grands partis politiques ont récemment promis, dans le cadre de la campagne électorale canadienne, de faire le ménage dans cette région, la désignation du bassin en tant que zone importante aux fins de la législation canadienne sur la pollution serait un bon point de départ. Les zones dont la désignation pourrait être envisagée à l'avenir devraient comprendre l'Arctique; c'est un écosystème extrêmement sensible et particulièrement vulnérable aux polluants persistants et bioaccumulatifs.
J'aimerais aborder brièvement deux autres modifications importantes. La première concerne le principe de substitution. Dans bien des cas, la façon la plus efficace de maîtriser la pollution consiste à remplacer les substances nocives par d'autres produits moins délétères. Actuellement, le projet de loi C-30, la LCPE et le plan de gestion des produits chimiques récemment annoncé par le gouvernement n'accordent pas à la substitution la place qu'elle mérite. Dans l'ensemble d'amendements que je propose, je précise les articles du projet de loi dans lesquels ce principe devrait être mis en oeuvre.
Mon dernier amendement vise à garantir l'imputabilité dans la loi en précisant qu'elle devra entrer en vigueur 90 jours après que le projet de loi C-30 aura reçu la sanction royale.
Mon mémoire donne des détails complémentaires sur tous ces amendements. J'espère que le comité les prendra en considération et qu'ils pourront servir de fondement à la protection de la santé et de l'environnement des Canadiens contre les effets délétères de la pollution.
Merci beaucoup.
Comme je vous l'ai dit, je considère votre invitation comme un privilège. Je suis Canadienne et je ne suis pas ici pour représenter qui que ce soit ou quelque organisme que ce soit. C'est donc un véritable privilège que de pouvoir m'exprimer devant votre comité.
J'ai habité ou travaillé dans huit des dix provinces et dans l'un des territoires; j'ai également vécu à l'étranger, et je pense donc pouvoir parler de ce qui nous différencie ainsi que de ce qui nous rassemble. Il est question de pollution aujourd'hui, mais il devrait être question de tout le reste. Je tiens à dire que partout au Canada, les gens veulent la même chose. Ils veulent un air et une eau salubres, une alimentation saine et une énergie à prix abordable. On ne peut pas considérer un élément sans considérer aussi tous les autres. J'ai entendu l'un des intervenants précédents parler d'intégration. À mon avis, c'est le mot que vous devriez faire figurer en exergue.
Nous en sommes venus dans une certaine mesure à croire à la gratuité de l'air, de l'eau et de la terre, et nous nous attendons à obtenir l'énergie presque gratuitement. Je considère que si nous appliquons un certain modèle économique aujourd'hui, c'est essentiellement parce que nous en avons hérité de ceux qui, autrefois, disposaient d'un continent entier dont ils ont pu profiter. Nous avons bénéficié du luxe d'un continent nouveau disposant en abondance d'air pur, d'eau douce, de terres que l'on pouvait s'approprier, de ressources énergétiques immédiatement disponible et nous pouvions nous permettre de traiter ces ressources comme si elles étaient gratuites. Mais ce modèle économique ne fonctionne plus aujourd'hui. Il n'a jamais été approprié, mais il est devenu totalement inapproprié aujourd'hui.
Actuellement, je gère mes entreprises comme je gérais Suncor autrefois. Dès le début des années 90, j'affirmais qu'il y avait cinq priorités à respecter et qu'en ne respectant pas intégralement les cinq, on se condamnait à l'échec. Si on en respecte parfaitement que quatre, on n'obtient toujours pas la note de passage. C'est la seule façon de faire des affaires, de gérer sa vie et ses activités.
Si la question vous intéresse, ces cinq priorités sont la santé et la sécurité des employés; le souci de l'environnement et de la collectivité; la productivité, d'où procède notre salaire, la qualité du service et l'attention portée à la clientèle; et la rentabilité, qui nous permet de rémunérer nos bailleurs de fond. Voilà sur quoi doit porter l'attention et c'est de cette façon qu'il faut travailler. On a cessé de croire qu'on pouvait impunément porter atteinte à l'intégrité physique des employés, travailler de façon non rentable ou se débarrasser dans la cheminée du dioxyde de soufre ou de tout autre polluant atmosphérique.
J'ai constaté que lorsqu'on amène les gens à penser de façon intégrée, ils commencent à agir de façon intégrée. Voilà ce que je vous demande de prendre en considération dans l'étude du projet de loi.
Ce qui y fait le plus défaut, c'est avant tout des objectifs précis. Nous parlons de cibles, mais ce dont il faudrait parler, c'est des véritables objectifs du projet de loi, qui nous permettront de nous élever au-dessus des divergences politiques et régionales et de nous faire une idée précise de l'orientation que nous prenons. Ensuite, il faut penser à long terme, sans pour autant renoncer à agir dans l'immédiat.
Une fois qu'on a fixé ces objectifs, il faut travailler avec les entreprises et les gens pour déterminer des cibles à atteindre. La plupart de nos cibles existent déjà. Il existe dans le monde entier des normes dont nous pouvons nous inspirer sans qu'il faille en discuter indéfiniment. Il faut proposer une structure dans laquelle tout le monde pourra évoluer et faire ce qu'il faut pour atteindre les cibles et les objectifs à long terme.
À ce propos, je tiens à vous dire que trop souvent, cette structure ne reçoit pas suffisamment d'attention, parce que nous considérons l'environnement comme un domaine que nous traitons correctement, comme s'il était distinct de tous les autres éléments de notre pays. Je ne pense pas que ce soit la bonne façon de procéder.
Au cours de votre étude, il importe que vous teniez compte de tout ce dont nous nous servons pour gérer le pays. Le régime qui a le plus d'effet sur l'utilisation des ressources, que ce soit dans l'entreprise ou chez les particuliers, c'est le régime fiscal. Il est important qu'on envisage une refonte de ce régime et qu'on cesse de taxer tout ce qu'il y a de meilleur dans la vie, que ce soit les revenus, l'épargne ou le travail, et que l'on commence à taxer la consommation.
Je ne parle pas ici d'un point de vue moral. Ce que je propose permettra aux gens qui veulent acheter un VUS d'en acheter un. La seule différence, c'est qu'ils devront en payer le prix. Quand on a un choix à faire, il faut savoir qu'on va devoir payer pour avoir le privilège de consommer davantage de ressources terrestres, et que dans la vie, il n'y a rien de gratuit.
Vous considérerez peut-être mes propos comme le vibrant plaidoyer d'une simple citoyenne, mais je tiens à vous dire que vous ne pouvez pas considérer vos objectifs, vos cibles et les politiques que vous voulez mettre en place sans penser parallèlement à la façon dont le pays est géré et aux effets pervers de notre régime fiscal, qui est devenu tout à fait incompatible avec le genre de pays auquel nous aspirons.
Je ne voudrais pas dépasser mes dix minutes, car vous avez bien d'autres experts que moi. Je vous invite simplement à penser de façon intégrée et à vous servir du projet de loi pour amorcer un changement dans la façon dont nous concevons notre régime fiscal et économique au Canada. Nous mettrons ainsi notre pays sur la voie de la réussite.
Je vous remercie du temps que vous m'avez consacré. C'est pour moi un véritable privilège que d'avoir pu faire cette déclaration. Je suis prête à répondre à vos questions.
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En ce qui concerne le financement du développement technologique, l'OCDE et la commissaire à l'environnement ont déclaré que ces formes de financement incitatif peuvent jouer un rôle dans la lutte contre les changements climatiques, mais que le Canada leur a donné trop d'importance et qu'il faudrait s'orienter également vers la réglementation et les mesures financières de dissuasion.
Le financement du développement technologique est important, mais je dirais qu'il est d'ordre secondaire par rapport aux mesures qui faut prendre pour réduire les émissions.
En ce qui concerne une éventuelle taxe sur le carbone, elle pourrait avoir pour corollaire un plafonnement et un système d'échange. Au lieu de fixer un prix sans savoir exactement à quelle réduction des émissions on va parvenir, on pourrait, grâce à un plafonnement et un système d'échange, imposer des limites, même si l'on ne sait pas exactement quel sera le prix du carbone.
Nous préférons la mise en place d'un plafonnement et d'un système d'échange dans l'industrie canadienne, parce que nous savons quels en seront les effets. Le plafonnement est concret, il est chiffré. Nous savons de combien nous allons réduire les émissions.
La formule permet également à chaque industrie de s'adapter à sa façon. Certaines d'entre elles ont de nombreuses solutions peu coûteuses à portée de main; j'en ai mentionné une concernant l'industrie pétrolière. Elles ont de nombreuses possibilités pour réduire leurs émissions, certaines solutions sont peu coûteuses, et d'autres sont même rentables. Pour d'autres industries, il sera plus difficile de réduire les émissions. C'est pourquoi le mécanisme d'échange est très important.
Toutes les analyses économiques montrent qu'un plafonnement et un système d'échange vont effectivement nous permettre d'atteindre nos objectifs au moindre coût économique.
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Bien, merci. Voilà des indications très utiles.
J'aimerais maintenant m'adresser à vous, monsieur Drouin. Êtes-vous prêt à reconnaître avec moi qu'il existe, en matière de transport, toute une hiérarchie de priorités pour faire face aux besoins des transports en commun et pour convaincre les Canadiens de les utiliser davantage? Je suis d'accord avec vous. Les transports en commun devraient être prioritaires.
Êtes-vous d'accord pour dire que la priorité absolue concerne la structure des collectivités? En effet, lorsqu'une ville couvre une distance énorme et qu'elle n'a pas véritablement de centre, il est très difficile d'y organiser les transports. En fait, c'est carrément impossible. La priorité absolue devrait donc être accordée à la structure des collectivités.
Deuxièmement, même lorsqu'on dispose d'une bonne structure urbaine, il faut une infrastructure matérielle que les gens puissent utiliser. La deuxième priorité doit donc être accordée à l'infrastructure matérielle, autrement dit aux autobus, au réseau de métro et à tout ce qui permet aux gens de se déplacer.
La troisième priorité devrait aller au coût d'utilisation des moyens de transport. À cet égard, il devrait même y avoir une hiérarchie pour réduire le prix de l'accès au réseau de transport. Quand quelqu'un veut accéder à un réseau, cet accès devrait être gratuit ou beaucoup moins coûteux, et le plus bas niveau de priorité devrait être accordé au crédit d'impôt qui peut être obtenu un an plus tard, et qui devrait avoir le plus faible effet incitatif.
Il y a une chose dont nous n'avons pas beaucoup parlé. C'est, par exemple, la possibilité, par l'intermédiaire des fonds destinés aux infrastructures ou du remboursement de la taxe sur l'essence, de faire face aux besoins prioritaires pour financer les infrastructures tout en aidant les collectivités à se développer harmonieusement.
Si vous êtes d'accord avec moi sur cette hiérarchie, pensez-vous que ces priorités devraient déterminer nos décisions en matière de transport urbain?
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Je vous remercie de votre question.
On dirait que vous avez pris connaissance de notre rapport annuel sur les transports urbains et la santé publique, car c'est résolument la formule que nous préconisons.
En fait, je voudrais répondre à la question précédente concernant les progrès technologiques. Ils sont souhaitables, mais à défaut d'une approche intégrée comme celle dont a parlé M. Drouin, ils restent insuffisants.
Effectivement, nos villes doivent être conçues d'une façon qui incite leurs habitants à utiliser les transports en commun. Nous sommes tout à fait d'accord sur cette approche.
En ce qui concerne les coûts, M. Drouin a parlé de mesures financières incitatives et dissuasives. Par exemple, la taxe sur l'essence devrait être consacrée au financement des transports en commun.
Un prix d'accès plus modique, par opposition à l'obtention d'un crédit d'impôt à un an d'intervalle, aurait un effet incitatif beaucoup plus marqué en matière d'utilisation des transports en commun.
Je pense que la planification urbaine dont vous avez parlé, qui s'organise en fonction des transports en commun, est la clé de l'avenir.
Ma prochaine question s'adresse à M. Drouin.
Tout cela change la façon dont nous pensons. Plus il y a de gens qui vivent dans une région urbaine, plus il est logique d'utiliser les transports en commun — en fait, plus ces investissements deviennent judicieux. Jadis, les gens avaient de grands terrains et ils étaient éparpillés un peu plus. Aujourd'hui, la densité démographique est beaucoup plus marquée. Nous avons simplement changé la façon de faire les choses.
Quand j'étais jeune, nous avions beaucoup d'espace, nous avions un grand terrain. Aujourd'hui, là où je vis, il y a beaucoup plus de gens et il est donc plus logique de se servir du système de transport en commun.
Nous avons annoncé l'investissement de 1,4 milliard de dollars pour les investissements dans le secteur du transport en commun. Évidemment, nous offrons des avantages fiscaux pour encourager les gens à utiliser le transport en commun. Nous avons annoncé 1,5 milliard de dollars pour les provinces, pour collaborer avec ces dernières. Nous avons annoncé nos projets d'énergie propre, de carburants renouvelables, etc. Est-ce que nous nous orientons dans la bonne voie si nous voulons avoir un air plus propre et encourager les gens à se servir de carburants plus propres et à utiliser les transports en commun? Nous orientons-nous dans la bonne voie?
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Merci, monsieur le président.
Madame Parkinson-Marcoux, je suis heureux de vous rencontrer à nouveau. J'ai été très heureux d'entendre vos commentaires sur la taxe à la consommation. Nombre de Canadiens n'ont pas fait le lien entre l'environnement et une taxe à la consommation. C'est plutôt intéressant parce que le débat qui a entouré la décision du gouvernement de réduire le taux de la TPS a été caractérisé non pas par des discussions sur l'impact environnemental mais plutôt sur la réduction d'une taxe à la consommation, et son impact négatif sur les niveaux d'économies, d'investissements et de productivité au pays. Il aurait été beaucoup plus utile de réduire les impôts sur le revenu. Je voulais simplement signaler que ce changement d'orientation que vous proposez est très intéressant.
J'aimerais adresser ma prochaine question au représentant de la Fondation Suzuki, M. Marshall.
Monsieur Marshall, j'ai été très heureux d'apprendre que le secteur du gaz et du pétrole procédait à une étude. Je crois qu'il serait à l'avantage de tous d'en apprendre plus long sur la capacité de réduire les gaz à effet de serre. Je sais que le secteur des produits forestiers du Canada a déjà réduit ses émissions de gaz à effet de serre, réduisant ainsi sa pollution de l'air. Il a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 44 p. 100, si l'on prend l'année 1990 comme point de référence. Il est intéressant de noter qu'il existe un autre secteur qui pourrait, en déployant un peu plus d'efforts, connaître la même réussite.
Monsieur Freeman, j'aimerais en venir à votre recommandation. Je tiens à vous remercier de nous avoir fourni vos notes, vos commentaires et vos recommandations parce que tout cela est très précis. Cela facilitera les travaux de notre comité. Vous avez parlé de la création de nouvelles zones pour la qualité de l'air. Pour les Canadiens qui regardent ou écoutent notre réunion, pour leur gouverne, je suppose que vous parlez de la division du pays en zones. Vous avez parlé de zones particulières où il y aurait des niveaux de pollution élevés et une forte densité de la population.
L'urbanisation se produit au Canada beaucoup plus rapidement que nous l'aurions cru, et nous en sommes rendus à un point où — et je crois que c'est M. Drouin qui l'a dit — près de 80 p. 100 de la population vit dans 12 ou 14 villes.
Vous avez ajouté que les normes d'émissions pour ces zones doivent figurer dans les catégories les plus strictes des normes d'émissions. Je n'ai pas vraiment saisi ce que vous entendiez par là. Pourriez-vous nous en dire un peu plus long? Si nous divisons le pays en zones de qualité de l'air et établissons des normes connexes, que se produira-t-il quand des zones seront plus polluées que d'autres, par exemple?
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L'objectif ultime est d'amener les gens à délaisser leur voiture au profit du transport en commun afin de réduire la quantité de voitures et le nombre de kilomètres parcourus dans un ensemble urbain densément peuplé.
Je vais faire une parenthèse. Pendant trois mois, à Atlanta, à l'occasion des Jeux Olympiques de 1996, on a réorienté tous les déplacements des gens vers le transport en commun. On a réduit de 40 p. 100 les épisodes de smog et d'autant les hospitalisations pour cause d'asthme, car il y avait beaucoup moins de véhicules en circulation. L'impact a été majeur.
Cela dit, les gouvernements fédéral, provinciaux et locaux doivent collaborer afin de produire le plus grand impact possible. Le gouvernement actuel a fait une recommandation visant à offrir une certaine déduction fiscale pour le coût du transport en commun. Cette mesure est insuffisante pour la simple et unique raison que le coût de la carte à Montréal a augmenté. Elle augmente plus rapidement que l'inflation parce que la ville n'a plus les moyens d'entretenir son propre réseau de métro. La question du financement est majeure. Je le répète, la fiscalité municipale, que ce soit à Montréal ou à Toronto, ne peut plus soutenir l'entretien, le financement, voire la croissance du réseau de transport. Il faut savoir où sont les sommes qui pourraient nous aider.
Considérons ce qui se passe à Copenhague et en France. J'ai rencontré nos collègues français. Paris est en train de créer un réseau de tramways. Le gouvernement français finance ce réseau à 85 p. 100. On est sur la bonne voie, mais il faut augmenter le financement beaucoup plus que ce qu'on a mentionné plus tôt.
Le rapport annuel que nous avons présenté parle d'un effort, en termes d'infrastructure de transport en commun, de 8 milliards de dollars sur 10 ans, seulement pour la région métropolitaine de Montréal. Ces chiffres proviennent de l'Agence métropolitaine de transport. Ce sont les ingénieurs, le système de train léger, ou SLR, le prolongement du métro du côté d'Anjou, la navette ferroviaire entre Dorval et le centre-ville de Montréal. C'est un non-sens, en 2007, que nous n'ayons pas de lien ferroviaire entre la ville et —
Les études de l'AMT ont révélé qu'on retirerait 500 000 véhicules annuellement si on mettait en place une navette ferroviaire entre la gare centrale et l'aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau. Il faut augmenter encore plus le financement, et le gouvernement fédéral a un rôle majeur à jouer à cet égard.
Je tiens à féliciter M. Manning et M. Jean de n'avoir pas tenu compte de M. Warawa et d'avoir continué à poser des questions sur les gaz à effet de serre et sur Kyoto. Je vous remercie.
J'aimerais parler des paragraphes 103.07 et 103.09 du projet de loi, dont deux témoins ont traité particulièrement, M. Drouin et M. Freeman. Si j'ai bien compris, ils sont tous les deux d'accord pour que l'on établisse des normes obligatoires concernant la qualité de l'air, et M. Freeman nous a donné le genre de précisions dont nous avions besoin.
J'aimerais avoir des éclaircissements, simplement par rapport à un amendement éventuel. Le paragraphe 103.07 du projet de loi traite d'objectifs, de l'évaluation de l'efficacité, de consultations, de publications et de préparation — ce sont les aspects dont ils traitent. Mais le paragraphe 103.09 semble traiter de la réglementation des polluants atmosphériques et des gaz à effet de serre, de la quantité et de la concentration de polluants atmosphériques dans les gaz à effet de serre.
Monsieur Freeman, pouvez-vous nous expliquer la différence qui existe entre la réglementation de substances précises au paragraphe 103.09 du projet de loi, qui semble avoir un certain rapport avec la qualité de l'air, et de véritables normes de qualité de l'air dont on assure l'application?
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Bien sûr. Je ferai la distinction entre les normes de la qualité de l'air ambiant et les normes d'émission.
Les normes sur la qualité de l'air ambiant — et selon le libellé de la mesure, elles feraient partie du paragraphe 103.07 du projet de loi — établissent essentiellement la norme de l'air que nous respirons. Nous voulons une norme fondamentale qui réponde aux critères de la santé humaine et de l'environnement et qui permet d'assurer la qualité de l'air ambiant. C'est donc l'objet du paragraphe 103.07.
Ensuite, le paragraphe 103.09 du projet de loi traite de la façon d'y arriver. Comment procède-t-on pour atteindre ces objectifs concernant la qualité de l'air ambiant? Cela concerne donc les émissions atmosphériques. Cela concerne les établissements qui émettent des polluants, le type de normes qu'ils seront appelés à respecter.
Dans les deux cas, il s'agit d'éléments fondamentaux. Le problème que présente la Loi sur la qualité de l'air, telle qu'elle est libellée à l'heure actuelle, se situe au niveau de l'établissement de normes sur la qualité de l'air ambiant. L'un des problèmes, c'est qu'on n'y parle pas de la qualité de ces normes, mais mise à part cette question, on y énonce effectivement des normes sur la qualité de l'air ambiant. Cela doit se faire dans une période de trois ans; cette période devrait être plus courte et les normes devraient être rigoureuses, mais on n'y précise pas dans quelle mesure elles devraient l'être.
Puis, lorsqu'on passe au paragraphe 103.09 du projet de loi, l'établissement des normes d'émission permettant d'atteindre les normes de qualité de l'air ambiant, le terme clé ici c'est « peut ». Donc, si l'on regarde le paragraphe 103.09 (1), il se lit comme suit « Sur recommandation des ministres, le gouverneur en conseil peut, par règlement ». Si vous examinez le paragraphe (2), on y indique à nouveau « Le gouverneur en conseil peut prendre des règlements », puis suit une longue liste de pouvoirs parallèles à ceux prévus dans la LCPE que le ministre peut choisir d'exercer.
Donc le problème qui se pose ici, c'est que l'on établit les normes de la qualité de l'air que nous respirons mais on n'établit pas de façon obligatoire la façon dont nous allons atteindre ces normes.