:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Chers collègues, je vous remercie de l'occasion qui m'est offerte de comparaître devant vous ce matin pour l'étude du projet de loi .
Ce gouvernement a été clair. Nous nous sommes engagés à trouver des solutions pratiques afin de protéger la santé et l'environnement des Canadiens et des Canadiennes.
Lors de mon passage à Paris vendredi dernier, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat rendait public son quatrième rapport d'évaluation.
La science des changements climatiques est difficilement contestable. Les changements climatiques sont réels, ils sont liés aux activités humaines et ils nous astreignent à passer à l'action. Je comprends le message, et le gouvernement du Canada aussi.
Nous reconnaissons que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat fait figure d'autorité scientifique à l'échelle internationale en ce qui a trait aux changements climatiques.
Nous allons donc prendre sérieusement en considération les conclusions du quatrième rapport d'évaluation.
[Traduction]
Même pour des Canadiens qui en ont vu d'autres, le climat récent dans ce pays est alarmant. J'ai vu de mes propres yeux les ravages causés sur la côte Ouest au cours des deux derniers mois. Des milliers d'arbres centenaires n'ont pu résisté aux vents, à la neige et aux pluies sans précédent qui ont frappé notre côte.
Il y a moins de deux ans se produisait la saison des ouragans la plus active dans l'Atlantique jamais enregistrée et 2005 et 1998 sont les deux années les plus chaudes dans l'histoire du monde. Personne ne peut affirmer que le changement climatique est la cause de chaque blizzard, de chaque ouragan, de chaque inondation et de chaque sécheresse que le monde a connus ces dernières années, mais il ne sert à rien de nier les données scientifiques fondamentales; cela nous distrait de la véritable tâche qui consiste à trouver des solutions. Nous devons plutôt accepter ce que les experts nous disent et aller de l'avant. Il est temps de prendre des mesures concrètes en matière d'environnement.
Lorsque j'étais président du Conseil du Trésor, j'ai dirigé l'élaboration de la Loi fédérale sur la responsabilité et j'ai travaillé avec des collègues de tous les partis à la Chambre des communes pour assurer son adoption. Encore une fois, il nous faut un vigoureux débat et j'ai l'intention d'appliquer le même esprit de collaboration et de détermination à la Loi sur la qualité de l'air.
Tout comme les Canadiens exigeaient que le gouvernement soit responsable, ils exigent maintenant que nous agissions à l'égard de l'une des questions les plus pressantes de notre époque — l'état de l'environnement. Je crois que nous avons adopté une approche vigoureuse pour commencer à lutter contre le changement climatique et nous sommes prêts à travailler avec tous les partis pour produire une loi encore plus forte.
La Loi canadienne sur la qualité de l'air mettra en oeuvre la première approche complète et intégrée de lutte contre la pollution de l'air et les émissions de gaz à effet de serre au Canada. De cette façon, nous améliorerons la qualité de l'air que respirent les Canadiens tout en nous attaquant au changement climatique.
La Loi canadienne sur la qualité de l'air modifie trois lois fédérales: la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, la Loi sur l'efficacité énergétique et la Loi sur les normes de consommation de carburant des véhicules automobiles.
Elle ajoute à la LCPE une partie sur la qualité de l'air qui prévoit une approche adaptée qui nous permettra d'intégrer la réglementation des polluants atmosphériques et des gaz à effet de serre. Pour la toute première fois, la Loi canadienne sur la qualité de l'air prévoit de nouveaux pouvoirs explicites visant la collecte d'information et la réglementation de produits qui peuvent nuire à la qualité de l'air intérieur.
Les modifications proposées à la LCPE obligeront les ministres de l'environnement de la santé à établir des objectifs nationaux en matière de qualité de l'air et à déposer un rapport annuel sur les mesures prises par tous les gouvernements du Canada en vue d'améliorer la qualité de l'air.
La Loi canadienne sur la qualité de l'air renforce en outre la LCPE en rehaussant la capacité du gouvernement d'établir une réglementation efficace qui nous permettra de tenir notre engagement concernant les mélanges de carburants afin que le Canada atteigne une teneur de 5 p. 100 de carburant renouvelable d'ici trois ans. Cela équivaut à une baisse de 1,3 million de voitures sur nos routes.
La Loi sur la qualité de l'air renforce notre capacité à signer des ententes d'équivalence avec les provinces et les territoires afin d'éviter une double réglementation, à la condition que ceux-ci atteignent les mêmes objectifs environnementaux.
La Loi sur la qualité de l'air modernise la Loi sur les normes de consommation de carburant des véhicules automobiles afin que le gouvernement puisse mieux réglementer le rendement des carburants.
Enfin, la Loi sur la qualité de l'air permet au gouvernement d'établir des normes en matière d'efficacité énergétique et d'exigences d'étiquetage pour un plus grand nombre de produits de consommation et de produits commerciaux en modifiant la Loi sur l'efficacité énergétique.
Je crois que le projet de loi C-30 est une plate-forme à partir de laquelle le gouvernement et le Parlement pourront prendre des mesures concrètes et réalistes pour réduire les polluants atmosphériques et les gaz à effet de serre qui menacent de plus en plus notre santé, notre qualité de vie et même notre économie.
Ce projet de loi est essentiel à la protection de l'environnement et de la santé des Canadiens, mais il est important de savoir que le gouvernement a déjà pris des mesures pour améliorer notre environnement. Quelques mois après avoir accédé au pouvoir, notre gouvernement a investi des crédits d'impôt et de nouveaux fonds pour encourager les gens à utiliser le transport en commun, ce qui équivaut à éliminer les gaz à effet de serre produits par 56 000 voitures chaque année.
Le nouveau gouvernement du Canada a également investi 2 milliards de dollars de l'initiative écoÉNERGIE qui a fait l'objet de plusieurs annonces, notamment 230 millions de dollars pour la technologie propre dans le cadre de l'initiative écoÉNERGIE sur la technologie; 1,48 milliard de dollars pour l'énergie renouvelable dans le cadre de l'initiative d'écoÉNERGIE renouvelable et 300 millions de dollars pour inciter les Canadiens à utiliser l'énergie de manière plus intelligente dans le cadre de l'initiative écoÉNERGIE sur l'efficacité énergétique.
Nous avons également contribué 2 millions de dollars pour aider au nettoyage et à la remise en état du parc Stanley à Vancouver et grâce aux efforts du gouvernement, les générations futures connaîtront à leur tour la même joie, la beauté et l'inspiration que ce magnifique parc procure aux Canadiens depuis de nombreuses années.
En outre, notre gouvernement a contribué 30 millions de dollars pour protéger la forêt pluviale Great Bear, la plus grande forêt pluviale tempérée qui reste dans le monde. Ce territoire d'une superficie de 1,8 million d'hectares sur la côte du nord de la Colombie-Britannique abrite des milliers d'espèces de plantes, d'oiseaux et d'animaux.
Au cours du prochain mois, nous annoncerons des cibles à court terme ambitieuses pour les polluants atmosphériques et les gaz à effet de serre de source industrielle et une réglementation sectorielle entrera en vigueur en 2010. Pour la toute première fois, le gouvernement fédéral va réglementer la pollution atmosphérique des principaux secteurs industriels. Et, comme le l'a dit clairement mardi, pour la toute première fois nous allons réglementer le rendement énergétique des véhicules à compter de l'année modèle 2011. Nous allons réglementer les normes d'efficacité énergétique et les exigences d'étiquetage pour une vaste gamme de produits de consommation et commerciaux. Ensemble, ces mesures s'appliqueront à près de 80 p. 100 de l'énergie consommée dans les résidences et à près de 90 p. 100 de l'énergie utilisée dans le secteur commercial.
Le annonçait récemment la création d'un nouveau comité du cabinet sur l'environnement et la sécurité énergétique. Ce comité cherchera des solutions pratiques, axées sur les résultats, qui produiront de véritables réductions obligatoires des émissions de gaz à effet de serre et des polluants et qui amélioreront la santé et le bien-être des Canadiens. Ne vous y trompez pas, l'ère des mesures volontaires est révolue, notre gouvernement a l'intention d'agir.
Sachez bien que ce gouvernement s'inspire de principes fondamentaux. Nous ne dépenserons pas l'argent des contribuables pour acheter des crédits d'air chaud sur les marchés internationaux dans le simple but d'atteindre nos cibles de Kyoto. Nous savons qu'il serait facile d'acheter ces crédits. Mais comme le professeur David Boyd de l'Université de la Colombie-Britannique vous le disait pas plus tard que mardi, ces crédits d'air chaud seraient un mauvais investissement pour le Canada puisque nous dépenserions des milliards de dollars à l'étranger sans le moindre bénéfice environnemental. Nous voulons dépenser cet argent ici, au Canada. Le plan du gouvernement conservateur vise à mettre le Canada sur la bonne voie afin que nous puissions réaliser de véritables progrès dans notre lutte contre les gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques à long terme.
Notre deuxième principe est également clair. Le plan doit être réalisable, abordable et pratique. Il doit tenir compte de la réalité à laquelle nous faisons face dans ce pays. À cause de l'inaction passée, les émissions du Canada se situent à environ 35 p. 100 de sa cible de Kyoto et il ne reste plus que deux ans avant le début de la période d'application. Certains critiques disent que nous devrions simplement faire davantage d'efforts et de nous donner comme mission d'atteindre la cible de réduction pour la période de 2008 à 2012. Permettez-moi de vous expliquer ce que cela impliquerait.
Nous serions obligés de réduire nos émissions d'environ 270 mégatonnes. Qu'est-ce que cela veut dire? Encore une fois, comme le professeur Boyd le disait devant ce comité, pour atteindre une telle cible au moyen de réductions nationales, il faudrait s'astreindre à un rythme de réduction sans parallèle dans aucune nation moderne — sauf celles qui ont subi un effondrement de leur économie, comme la Russie.
Les Canadiens ne veulent pas des promesses vides au sujet d'un plan impossible à réaliser, ils ne veulent pas que notre économie s'effondre. Au contraire, ils veulent que ce gouvernement et ce Parlement prennent de véritables mesures et réalisent de véritables réductions des émissions de gaz à effet de serre et des polluants de l'air. Ils veulent un plan raisonnable, comme celui qui a permis à la planète de faire des progrès dans l'élimination des CFC. C'est grâce au gouvernement conservateur du premier ministre Brian Mulroney que le Canada a été l'un des premiers pays à signer et à ratifier le Protocole de Montréal. Au cours de 2010, les CFC auront été éliminés totalement des pays en développement, comme c'est le cas au Canada depuis déjà un certain temps.
Ce protocole est un des accords internationaux multilatéraux qui a donné les meilleurs résultats dans le domaine de l'environnement. Que cela serve à nous rappeler à tous qu'il est possible d'accomplir de grandes choses lorsque nous avons un plan concret et réaliste et que nous l'appliquons. J'ai hâte de discuter des mesures que nous pouvons prendre ensemble pour relever les défis environnementaux comme la qualité de l'air et le changement climatique qui se posent à nous aujourd'hui.
En conclusion, permettez-moi de vous dire que le nouveau gouvernement du Canada a tracé une voie fondamentalement nouvelle en matière d'environnement et la Loi sur la qualité de l'air en est une importante étape. Croyez-le ou non, il ne s'agit pas de politique partisane ni d'insultes lancées d'un côté à l'autre de la Chambre des communes pendant la période des questions. Au bout du compte, nous aurons tous à rendre compte à la population que nous servons ici, et qui nous guette. Les Canadiens veulent que ce comité réussisse et je crois qu'ils veulent de l'action. Dans cet esprit, je m'engage à travailler étroitement avec tous les députés de l'opposition afin de rédiger la meilleure loi possible. J'espère que vous joindrez nos efforts aux miens.
Merci beaucoup.
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Nous ne sommes pas intéressés à participer aux marchés du carbone étrangers.
Les efforts déployés par le dernier gouvernement étaient très différents.
Je vais vous donner un exemple qui montre pourquoi il est si important d'investir ici au Canada — un exemple concret et clair.
Lorsque j'étais ministre de l'Énergie en Ontario, nous avons annoncé un plan pour éliminer progressivement nos centrales au charbon d'ici 2015. La première que nous avons désignée était la centrale Lakeview Generating Station, à Mississauga.
À la centrale Lakeview, lorsque trois des quatre installations se sont effondrées, la seule bonne nouvelle, c'est qu'il n'y avait qu'une seule installation à fermer. C'était la fin de cette centrale, elle tenait debout avec du ruban adhésif. Lorsque le gouvernement suivant en Ontario a fermé cette centrale, nous avons pu réduire nos émissions de gaz à effet de serre et, du même coup, améliorer la qualité de l'air en réduisant les polluants émis par cette centrale.
C'est le genre d'actions intégrées que nous préconisons. Des actions qui portent à la fois sur les changements climatiques et sur la santé; une approche intégrée au Canada, une approche pour assainir notre bassin atmosphérique, des investissements au Canada.
Je comprends que nous ne soyons pas d'accord, mais c'est une position que je suis heureux de défendre devant les Canadiens.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur le ministre. Vous avez été fort en mots à l'égard du gouvernement précédent quant à la lutte contre les changements climatiques, depuis votre arrivée comme .
J'ai examiné l'avis d'intention du projet de loi , de même que le projet de loi C-30 lui-même et les annonces que vous avez faites. Vous semblez vouloir établir des cibles sur une base d'intensité. Vous recyclez d'anciens programmes libéraux qui n'ont pas fonctionné, qui n'ont pas permis une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Vous continuez de favoriser une approche sectorielle dans la lutte contre les changements climatiques. Au fond, c'est une politique libérale qui s'est avérée inefficace, inefficiente et inéquitable.
M. Claude Villeneuve, qui est un éminent universitaire du domaine des sciences du climat, a indiqué au comité, lors de la séance de lundi, qu'une des causes de l'échec du Canada est cette volonté d'avoir une approche qui soit égale pour tout le monde, sous prétexte qu'il est plus équitable d'être égal aux acteurs qui sont inégaux.
Monsieur le ministre, admettez-vous que le problème, aujourd'hui, est que vous appliquez la vieille méthode libérale qui favorise une approche sectorielle n'ayant pas donné de résultats? Seriez-vous prêt à apporter des amendements au projet de loi pour permettre à des provinces, comme le Québec, d'appliquer sur leur territoire une approche territoriale, ce qui permettrait au Québec de réduire de 6 p. 100 ses émissions de gaz à effet de serre?
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Merci, monsieur le président. Monsieur le ministre, merci d'être venu.
Monsieur le ministre, nous avons beaucoup à faire. Le fait est que le projet de loi dont nous sommes saisis, le , c'est de la camelote. En fait, M. Boyd, dont vous avez parlé assez longtemps au début de votre exposé, a dit que ce projet de loi représentait en réalité une série d'amendements mineurs à la LCPE, et non un plan d'action pour le changement climatique, et qu'en réalité, il n'y a rien dans C-30 qui permet réellement de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de lutter contre les changements climatiques. Il s'agit donc d'un projet de rafistolage à la LCPE et non pas d'un plan d'action contre le changement climatique. Il nous faut maintenant édifier ce plan d'action à partir de rien.
J'aimerais commencer par parler des compressions, plus précisément celles réalisées par votre gouvernement l'année dernière: 395 millions de dollars au programme ÉnerGuide pour la rénovation des maisons, 500 millions de dollars au programme ÉnerGuide pour les ménages à faible revenu, 250 millions de dollars au fonds du partenariat pour les projets de lutte contre le changement climatique en partenariat avec les municipalités et les provinces, 593 millions de dollars aux initiatives de production d'énergie éolienne et aux initiatives d'énergie renouvelable, 584 millions de dollars aux programmes environnementaux de Ressources naturelles Canada, 120 millions de dollars au programme du Défi d'une tonne, 1 milliard de dollars au fonds thématique pour réduire les gaz à effet de serre, 2 milliards de dollars au programme fédéral sur les changements climatiques, soit un total de 5,6 milliards de dollars en compressions.
Je sais que vous avez remballé certaines initiatives libérales, que vous avez changé leurs noms et que vous leur avez fixé des objectifs inférieurs et accordé moins de financement, mais j'ai deux questions à vous poser: d'une part, regrettez-vous les actions que vous avez prises lors du budget de 2006, et précisément, puisque vous dites que vous n'avez pas coupé 5,6 milliards de dollars, mais que cet argent est allé ailleurs — pouvez-vous nous dire exactement où est allé cet argent et comment vous avez réinvesti ces 5,6 milliards de dollars?
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C'est un très joli laser.
Si vous ne voulez pas répondre à la question, je devrai attendre et espérer que vous nous envoyez quelque chose à ce sujet.
Je veux parler un peu des sables bitumineux, parce que je suis préoccupé au sujet de certaines déclarations qui ont été faites. Premièrement, le a établi une cible moins ambitieuse visant à multiplier par trois ou quatre le développement des sables bitumineux d'ici 2015. Par la suite, le a dit qu'il voulait faire passer la production de un million de barils à quatre ou cinq millions de barils pendant la même période. Par la suite, à la fin de janvier, le ministre Flaherty a parlé, lorsqu'il était en Chine, de 4,6 fois.
Étant donné que l'infrastructure de séquestration ne sera pas prête dans ces délais, tous les experts ont dit que cela signifierait que les cibles en matière d'émissions de gaz à effet de serre seront complètement réduites à néant. D'un côté, vous nous dites que vous vous souciez des émissions de gaz à effet de serre; de l'autre, vous avez des ministres qui parlent de multiplier par cinq — ou plus, cinq — le développement des sables bitumineux, ce qui signifierait que, non seulement, nous ne pourrions pas respecter nos engagements internationaux mais également que d'ici 2020, les émissions de gaz à effet de serre ne diminueraient pas du tout; en fait, elles seraient plus élevées qu'aujourd'hui.
Ainsi, pouvez-vous me dire ce que sont vos cibles, s'il ne s'agit pas des cibles de Kyoto pour 2012? Quelles sont vos cibles pour 2015? Quelles sont vos cibles pour 2020? De quelles façons les sables bitumineux et ce développement massif que vous envisagez et au sujet duquel vous êtes très excité correspondent-ils à ces cibles?
Si vous le voulez bien, commencez par parler de vos cibles, puis dites-nous de quelle façon ce développement massif peut s'insérer dans ces cibles.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'être venu parmi nous aujourd'hui.
Monsieur le ministre, je tiens à confirmer que M. Boyd a effectivement témoigné et, qu'entre autres choses, il a coté les résultats obtenus par les libéraux au cours des treize dernières années; eh bien, c'était un gros F, pour échec. Par la même occasion, je confirme aussi qu'il ignorait à quel point le élargi les pouvoirs du gouvernement et va jusqu'à englober l'air à l'intérieur des bâtiments et d'autres choses encore.
J'ai donc demandé au greffier de lui faire acheminer la documentation susceptible de le renseigner sur la question afin qu'il soit mis à jour.
Monsieur le ministre, nous nous sommes entretenus à maintes reprises, j'en conviens, et vous n'ignorez pas que je suis de la région des sables bitumineux, où j'ai vécu pendant 38 ans. Cela vous étonnera peut-être de l'apprendre, mais mes enfants y vivent aussi, ils en respirent l'air et en boivent l'eau, et tous mes amis et mes proches vivent aussi là-bas. Même les travailleurs des chantiers des sables bitumineux ainsi que leur famille vivent là, et tous tant que nous sommes, nous nous soucions beaucoup de la qualité de l'eau et de l'air dans l'ensemble du Canada.
Je parle à ces gens-là depuis deux ou trois ans, depuis que je suis élu, et j'ai pu remarquer que ce qui les préoccupaient le plus, c'étaient les signaux contradictoires qu'émettait le gouvernement libéral. On a dépensé des milliards en achat d'épurateurs, encore d'autres milliards pour surveiller la qualité de l'eau et de l'air, mais la population n'a pas reçu de message clair. Or, ce qu'elle m'a dit, c'est qu'elle veut que le gouvernement indique son orientation. Par conséquent, au nom de la population de Fort McMurray et des industries qui y sont établies, j'applaudis vos initiatives.
Ma première question porte sur l'assainissement de tous ces sites pollués qu'on nous a laissé en partage dans notre pays. Je me souviens que l'une des premières choses que ce gouvernement a annoncé a été l'initiative de décontamination des étangs bitumineux du port de Sydney, geste tout à fait louable, mais rappelons qu'il reste des dizaines de milliers d'autres sites de ce genre dans l'ensemble du pays. Puisque ce genre de situations affectent tant de Canadiens et que bon nombre de nos compatriotes sont préoccupés par cela, pouvez-vous nous dire si, parmi vos initiatives, vous allez vous occuper de l'assainissement d'un certain nombre de ces sites au Canada, comme vous l'avez fait plus récemment ce mois-ci?
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Je ne suis pas d'accord pour qu'on dépense de l'argent en Russie pour acheter des droits d'émission, quand cela n'entraînera aucune réduction des émissions de gaz à effet de serre. On se trouvera à acheter des droits pour des mesures déjà prises. Je crois que les Canadiens veulent que nous prenions de véritables mesures ici chez nous pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Grâce à une démarche intégrée, nous serons en mesure de faire d'une pierre deux coups. Cela signifie que nous pourrons à la fois réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la qualité de l'air.C'est une priorité absolue pour un parent dont l'enfant est asthmatique ou pour les personnes âgées.
Je représente bon nombre de personnes âgées, et certains jours, elles ne peuvent même pas sortir de leur domicile en raison de la piètre qualité de l'air dans notre ville. J'ai beau être le plus jeune ministre du cabinet, lorsque j'ai été élu pour la première fois, il n'y avait pas de smog à Ottawa. Il y a 10 ou 12 ans, l'air était relativement pur, mais nous connaissons de plus en plus de problèmes. Or, je pense que les Canadiens veulent que nous agissions sur les deux fronts.
J'ai utilisé l'exemple d'une centrale thermique alimentée au charbon à Lake View. En la fermant, nous avons réussi à réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre, et du même coup, et pour la même somme, nous avons réussi à réduire la pollution causée par le smog, c'est-à-dire par les gaz NOx et SOx. La santé humaine en bénéficie davantage.
Par conséquent, pourquoi ne pas adopter la démarche intégrée au Canada, grâce à laquelle nous pourrons nous attaquer au problème environnemental mondial le plus aigu ainsi qu'au problème de santé le plus grave à l'échelle nationale? Ça tombe sous le sens.
Certes, certains continueront à appuyer les propositions voulant qu'on dépense des milliards de dollars de l'argent des contribuables à l'étranger. Eh bien, qu'ils s'en chargent. Je ne pense pas que les Canadiens appuient une telle démarche, et je crois qu'ils préfèrent une démarche intégrée.
Par conséquent, vous avez tout à fait raison, monsieur Manning, de parler de cynisme de la part du public. Ce dernier entend beaucoup de belles paroles depuis des années au sujet de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et pourtant il n'a observé aucun résultat, rien. Si vous vous reportez au tableau devant vous, il n'y a rien. Si vous regardez ce qui a été fait au cours des 10 dernières années, il n'y a toujours rien.
Le problème n'est pas nouveau. Il a déjà été défini lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, lorsque Jean Charest était ministre de l'Environnement et Brian Mulroney, premier ministre. Toutefois, rien ne s'est fait — absolument rien.
Je suis tout à fait d'accord avec le leader adjoint du Parti libéral lorsqu'il a dit à l'ancien ministre de l'Environnement que nous n'avions pas atteint notre but; le Canada n'avait pas réussi. Les Canadiens tiennent cependant à voir des résultats tangibles. Ils tiennent aussi à ce que nous prenions des mesures précises, réalistes et réalisables.
Au cours des deux prochains mois, le gouvernement fera sa part, et votre comité doit lui aussi accepter ses responsabilités. Nous comptons obtenir des résultats pour les Canadiens.
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Je vous remercie, monsieur le ministre, de votre présence.
Tout d'abord, je veux simplement attirer votre attention sur le fait que cette semaine, nous avons reçu l'expert M. Claude Villeneuve, du Québec, qui nous disait qu'il était impossible, dans l'état actuel des choses, d'atteindre la première étape de la cible du Protocole de Kyoto, compte tenu de l'inaction du gouvernement précédent. Alors, le moyen de faire un phasing out, si vous me permettez l'expression, serait d'acheter des crédits à l'extérieur. Je prends note de votre position à ce sujet et je me réjouis du fait que vous vous y opposez.
Maintenant, je voudrais vous féliciter pour l'initiative écoÉNERGIE, lancée avec votre collègue dernièrement. Je pense qu'il est important d'en parler un peu.
Si je comprends bien, le programme comporte trois volets. Dans le premier volet d'écoÉNERGIE, qui touche la recherche, je constate que vous avez ciblé les projets. Alors, au lieu de courir deux lièvres à la fois, on cible les projets pour les mener à terme. Dans le deuxième volet, celui de l'énergie renouvelable, on fait plus de place à de nouvelles formes d'énergie, comme la biomasse et l'énergie solaire, ce qui est important pour le Québec, notamment dans le domaine de l'énergie solaire, où il se fait beaucoup de recherche. Enfin, dans le troisième volet, portant sur les rénovations, on s'intéresse aux résidences et aux PME. On mentionne également qu'il y aurait plus d'argent qui retournerait dans les poches des consommateurs, soit 90 ¢ au lieu de 50 ¢. Pour cela, franchement, je vous lève mon chapeau.
J'aimerais d'abord obtenir des commentaires additionnels au sujet de cette initiative, si vous en avez à formuler.
Deuxièmement, monsieur le ministre, compte tenu du fait qu'on est maintenant à l'aube de l'ère post-2012, en ce qui concerne Kyoto, comment entrevoyez-vous le rôle du Canada, dans l'avenir, sur la scène internationale?
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Je dirais pour commencer que mes efforts comme ministre et ceux du gouvernement consistent à prendre plus d'actions durant une courte période. C'est très important pour les Canadiens de constater que des actions réelles sont prises en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre et afin de donner des résultats réels en ce qui a trait à la qualité de l'air.
C'est aussi très important d'envisager le monde post-Kyoto. C'est le deuxième but. Les Canadiens ne veulent pas de nouvelles études au sujet de ce qu'on doit faire à l'avenir. On veut préparer des actions réelles, aujourd'hui et cette année, et le projet de loi C-30 nous donnera l'occasion de poser des gestes réels. On va essayer, on y travaille très fort.
Selon moi, c'est important pour le Canada d'assumer un plus grand rôle dans l'effort international. Je sais bien que le G8 et les cinq autres grands pays ont travaillé à ce dossier. Selon moi, c'est une bonne occasion pour le Canada de prendre la parole et de faire preuve de leadership. J'ai entendu cette semaine l'ancien vice-président des États-Unis, Al Gore, dire qu'il observait ce qui se passe au Canada et qu'il en était heureux. C'est une bonne nouvelle, mais ce sera seulement une bonne nouvelle si on prend des actions réelles. Et c'est ce que le reste du monde veut que l'on fasse.
Notre engagement pour l'avenir, c'est bien, c'est important, mais on veut des actions réelles ici, au Canada. Mais dans l'avenir, on devra travailler afin d'intéresser des pays comme la Chine, l'Inde, les États-Unis et une partie de l'Europe à faire des efforts afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. À mon avis, dès qu'on aura entrepris notre plan d'action au Canada, à court terme, on gagnera plus de leadership dans le monde, car au cours des dix dernières années, notre voix n'était pas très forte, si on regarde les chiffres.