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Merci, monsieur le président.
Je suis Bill Erasmus. Je suis chef régional pour les Territoires du Nord-Ouest à l'Assemblée des Premières nations et je gère le portefeuille de l'environnement pour l'APN.
Je suis venu en compagnie de Stuart Wuttke, qui dirige la division des questions foncières à l'Assemblée des Premières nations.
Comme vous l'avez dit précédemment, nous avons déposé un exemplaire de notre mémoire, mais malheureusement il n'a pas encore été traduit en français.
Au nom de l'Assemblée des Premières nations, j'aimerais vous présenter un exposé — j'espère qu'il durera moins de dix minutes —, puis nous répondrons avec plaisir à vos questions.
Je tiens à remercier le comité d'avoir accepté notre demande de venir témoigner au sujet de l'important document qu'est le . Les gouvernements des premières nations, collectivement, constatent l'énorme incidence de la pollution atmosphérique et du changement climatique sur l'environnement et les ressources naturelles.
D'entrée de jeu, nous tenons à rappeler que les premières nations ont beaucoup à offrir au Canada. Les premières nations continuent d'entretenir une relation étroite avec la terre. Nous offrons constamment de partager ce que nous savons de l'environnement, en espérant que nos connaissances aideront les autres à améliorer la qualité de la vie pour tous.
Le Canada a besoin de meilleurs outils pour surveiller les changements qui surviennent dans l'environnement et pour s'y préparer. Nous croyons que les premières nations peuvent l'aider à cet égard. Pour progresser, il faut que les gouvernements reconnaissent que la propriété des ressources naturelles et de la faune est un élément intrinsèque du titre autochtone. Un aspect important de cette propriété est l'obligation qu'ont les premières nations de protéger l'environnement et les écosystèmes fragiles dont sont tributaires toutes les créatures.
En ce qui concerne la Loi sur la qualité de l'air, nous sommes ici aujourd'hui pour offrir au comité nos points de vue sur ce sujet et sur les modifications requises. Selon nous, le plan que propose le gouvernement pour lutter contre la pollution de l'air et le réchauffement climatique dans ce projet de loi sur la qualité de l'air est trop limité.
La pollution de l'air est un grave problème pour les membres des premières nations. L'air que nous respirons est contaminé par des substances nocives. L'APN ne veut pas que les polluants et les gaz à effet de serre disparaissent de l'annexe 1 de la LCPE pour former deux nouvelles catégories. Nous préférerions que les gaz à effet de serre, les polluants et les autres substances nocives pour la santé humaine figurent à l'annexe 1 de la LCPE.
Le devrait instaurer les pouvoirs nécessaires pour régler les problèmes créés par des sources de pollution atmosphérique situées dans une province ou un territoire et qui touchent les autres, et la loi devrait regrouper dans la LCPE les pouvoirs législatifs permettant de réglementer les émissions et l'économie de carburant pour tous les types de véhicules et de moteurs, y compris les voitures et véhicules routiers et hors route, les camions, les embarcations, les aéronefs et les locomotives.
En matière de gaz à effet de serre et de réchauffement climatique, il faut encore améliorer considérablement la Loi sur la qualité de l'air. Le recours à la réduction du smog pour lutter contre le réchauffement climatique va à l'encontre des études scientifiques. Sous sa forme actuelle, la Loi sur la qualité de l'air fait fi de l'engagement international du Canada envers le Protocole de Kyoto, car elle ne contient pas de cibles à court terme et reporte toute mesure significative à 2050. Sous sa forme actuelle, la Loi sur la qualité de l'air entraînera une augmentation des émissions du secteur industriel canadien pour les 43 prochaines années.
À notre avis, le devrait être modifié pour mettre en oeuvre les cibles fixées dans le Protocole de Kyoto. Le projet de loi C-30 devrait comprendre une cible à long terme qui consisterait à ramener les émissions nationales globales de gaz à effet de serre à au moins 80 p. 100 sous les niveaux de 1990 d'ici 2050 et il devrait fixer également des cibles intérimaires. Le projet de loi C-30 devrait exiger que le gouvernement fédéral impose des limites aux émissions de gaz à effet de serre et à la pollution industrielle d'ici 2008. Finalement, le projet de loi C-30 devrait permettre la création d'un système d'échange de droits de pollution pour les premières nations.
Nous nous sommes consultés et nous voulons maintenant laisser là les commentaires généraux sur pour examiner ce qui intéresse les premières nations dans cette loi.
Le plan « fait au Canada » a été élaboré sans la participation des premières nations et n'englobe pas les gouvernements des premières nations dans l'engagement de travailler avec tous les autres ordres de gouvernement au Canada pour atteindre des objectifs en matière de qualité de l'air.
Nous recommandons au Comité législatif chargé du d'établir avec les gouvernements des premières nations un processus consultatif adéquat sur la Loi sur la qualité de l'air pour assurer une participation valable des premières nations à l'élaboration du projet. En outre, la Loi sur la qualité de l'air devrait être modifiée pour reconnaître les gouvernements des premières nations dans les tribunes décisionnelles qui interviendront dans l'implantation de la loi.
Le principe de la participation des gouvernements autochtones à la mise en oeuvre de la LCPE est important. Fondamentalement, les premières nations doivent participer à la prise de décisions environnementales. La Loi sur la qualité de l'air contient des dispositions en vue de consultations avec les gouvernements et les peuples autochtones, mais les premières nations savent d'expérience que de telles consultations sont souvent très superficielles. Avant de poursuivre l'examen de la Loi sur la qualité de l'air, le gouvernement fédéral devrait immédiatement consulter les gouvernements des premières nations, à fond et de façon adéquate, car cette loi pourrait se répercuter sur les intérêts et les droits des premières nations ainsi que sur leur participation à la mise en oeuvre future de la LCPE.
Parlons maintenant des incidences pour les collectivités des premières nations. La pollution de l'air et le réchauffement climatique créeront de nombreuses difficultés aux gouvernements et aux collectivités des premières nations. Le changement climatique aura dans le domaine du transport des effets qui toucheront spécifiquement les premières nations, en particulier dans les régions isolées. L'évolution du climat hivernal aura un effet négatif sur la construction des chemins d'hiver dont certaines premières nations sont tributaires pour le transport de biens et services. Si les chemins d'hiver sont de moins en moins disponibles, il faudra recourir à d'autres modes de transport, par exemple le transport aérien.
L'APN recommande que la Loi sur la qualité de l'air oblige le gouvernement fédéral à collaborer avec les provinces et les territoires et avec le gouvernement de chaque première nation pour définir des solutions de rechange spécifiques en matière de transport pour les collectivités des premières nations.
En ce qui concerne l'eau, monsieur le président, les premières nations sont tributaires des nappes d'eau à de nombreuses fins, et notamment pour le transport, l'eau potable, les activités récréatives, la récolte et les activités agricoles. La pollution de l'air, les pluies acides et les phénomènes climatiques extrêmes découlant du changement climatique menacent la qualité de l'eau de nombreuses premières nations. L'APN recommande que le projet de loi C-30 prévoit la création d'un organisme indépendant des premières nations pour surveiller la qualité de l'eau. Cet organisme serait chargé de faciliter et de prendre indépendamment des mesures pour assurer le respect des normes applicables à la qualité de l'eau.
La pollution de l'air et les pluies acides sont les principales causes de dommages à la propriété dans les collectivités des premières nations. Avec le changement climatique, les premières nations ont besoin d'habitations qui soient plus efficaces en termes de conservation d'énergie et qui protègent mieux contre les phénomènes climatiques extrêmes. La Loi sur la qualité de l'air devrait établir un programme législatif quinquennal visant à reconnaître les gouvernements des premières nations pour promouvoir et élaborer des règlements et des normes et pour fournir la capacité et d'autres ressources en vue d'instaurer des mesures incitatives.
Le réchauffement climatique se répercute sur les cultures des premières nations, sur leurs traditions, leurs pratiques et leurs modes de vie. Nous commençons seulement à envisager les effets possibles qui menacent notre société. Pour aider les gouvernements des premières nations à se préparer au changement climatique, l'APN recommande que la Loi sur la qualité de l'air crée une institution de connaissances traditionnelles autochtones. Cette institution aurait pour mandat de fournir aux gouvernements des premières nations et à l'industrie des solutions de rechange pour corriger les dommages environnementaux cumulatifs découlant de la pollution de l'air et du changement climatique.
Enfin, les premières nations auront besoin à l'avenir de programmes qui leur soient adaptés. Contrairement aux autres habitants du Canada, les premières nations sont liées à leurs collectivités par les traités, les revendications territoriales et l'occupation antérieure. Il ne sera peut-être pas possible de réinstaller complètement nos sociétés.
La Loi sur la qualité de l'air devrait établir des programmes législatifs quinquennaux pour l'adaptation des premières nations. L'APN recommande que le gouvernement consulte les collectivités des premières nations et réponde à leurs besoins dans le cadre de programmes.
Pour conclure, monsieur le président, il est essentiel que le gouvernement fédéral reconnaisse la compétence et les pouvoirs des premières nations. Le gouvernement ne peut pas continuer à travailler isolément, car les premières nations ont beaucoup à offrir. Ensemble, nous pouvons élaborer des pratiques environnementales saines qui seront appuyées par des mesures de reddition de comptes concrètes pour les décisions que nous prenons.
Nous encourageons fortement le comité législatif à adopter nos recommandations pour continuer à collaborer avec les premières nations afin d'assurer le développement durable de nos ressources naturelles tout en protégeant l'environnement, dans l'intérêt des générations futures.
Merci de nous avoir invités.
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Merci, monsieur le président.
On m'a demandé de parler des changements climatiques. Je pense qu'il faut souligner la parution, la semaine dernière, du quatrième rapport du GIEC sur la science du climat. Il est clair que le message des scientifiques, sous la forme de ce quatrième rapport du GIEC, est un message renforcé comparativement à celui du rapport de 2001, dont les conclusions étaient déjà fort importantes en ce qui a trait à la responsabilité humaine.
On a un plus haut degré de certitude, un consensus comme on n'en a jamais connu et une meilleure résolution des incertitudes. On commence à pouvoir faire des prévisions régionales, à l'échelle canadienne en particulier. Il faut souligner le travail du consortium Ouranos et du professeur René Laprise de l'Université du Québec à Montréal, qui est membre du GIEC et qui fournit, avec le modèle canadien des prévisions régionales, une excellente prévision de ce qui nous attend.
On a beaucoup mieux caractérisé les facteurs d'inertie du climat. Les mesures sont plus précises, en particulier pour les climats du passé. On a une meilleure compréhension des mécanismes qui expliquent les changements climatiques auxquels on assiste. On a de nouvelles questions en recherche, et les scientifiques nous transmettent un sentiment d'urgence accru, demandant des mesures concrètes.
Le quatrième rapport du GIEC nous dit, de plus en plus clairement, que l'humain est responsable et que les pays développés, comme le Canada qui a différents secteurs de production de gaz à effet de serre, sont responsables, au premier chef, de cette augmentation. Jamais la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère n'a été aussi élevée depuis 650 000 ans, et les températures que nous connaissons actuellement sont les plus chaudes depuis au moins 1 300 ans.
La vitesse de réchauffement, en plus, est en partie masquée par l'effet des aérosols, et le réchauffement observé de 1990 à 2005 a été plus rapide que ce que les modèles prévoyaient. On a donc une grande confiance, sur le plan scientifique, en nos prévisions. Selon celles-ci, il y aura, au cours des deux prochaines décennies, une augmentation équivalente à la moitié de celle que nous avons observée au cours du XXe siècle, ce qui rend les inquiétudes du conférencier précédent d'autant plus critiques. En effet, la hausse des températures n'est pas égale partout. Elle est deux fois plus importante dans le nord du Canada, ce qui constitue un élément d'inquiétude important. De la même façon, il y a une hausse du niveau de la mer. On la mesure beaucoup plus précisément et on se rend compte qu'elle a augmenté au cours des dernières décennies.
Parlons de la question de la fonte des glaces. Le Nord est particulièrement important pour le Canada. La fonte des banquises pourrait faire en sorte qu'on trouve dans l'océan Arctique, aussi tôt qu'en 2035, des mers libres de glaces en été. L'augmentation des températures extrêmes est aussi prévue.
Il faut comprendre que la science du climat ne peut que donner des avertissements. Les solutions appartiennent à différents niveaux d'acteurs. Les gouvernements doivent adopter des règles du jeu plus contraignantes, de manière à ce que les gens puissent jouer selon ces règles du jeu. D'ailleurs, l'industrie demande qu'on établisse des règles du jeu sur un horizon temporel assez long pour qu'on justifie des investissements et des décisions qui doivent être prises aujourd'hui.
Les industriels doivent implanter de nouvelles technologies et de nouveaux procédés. Ils doivent être en mesure de réduire leurs émissions en intégrant le coût du carbone à leurs produits, de façon à ce qu'il y ait internalisation de ce coût.
Les citoyens, qui décident ultimement de la consommation, doivent s'informer, changer leurs comportements de consommateurs et d'électeurs, et entreprendre des actions préventives. En effet, les changements climatiques vont affecter la santé et la sécurité des citoyens sur le territoire, et cela de façon très inégale et très imprévisible.
Le Canada, depuis qu'il a ratifié le Protocole de Kyoto en 1997, n'a pas pris les mesures nécessaires pour faire face à ses responsabilités. Le défi pour la planète, d'ici 2050, est de réduire de 25 milliards de tonnes les émissions annuelles de CO2. L'effort du Canada devra probablement être de l'ordre de 500 millions de tonnes par année. Nous avons déjà excédé de 270 millions de tonnes notre objectif fixé lors de la signature de Kyoto. Nous sommes donc très en retard, et ce sont des données relatives aux émissions de 2004. Je peux vous garantir avec une certitude de plus de 90 p. 100 que nous serons, en 2008, à au moins 300 millions de tonnes de plus que l'objectif fixé. Et nous n'avons toujours pas de règles du jeu claires! Il faudra donc mettre les bouchées doubles.
Par conséquent, le projet de loi C-30, devra s'attaquer aux causes de la pollution de l'air, plutôt que de s'attaquer uniquement à ses effets. En principe, il faudra, pour mettre les bouchées doubles, établir des objectifs fermes par province, et non pas uniquement un objectif pancanadien. Il faut reconnaître que les sources sont différentes et que l'efficacité des mesures est différente aussi. Une éolienne au Québec ne diminue pas les gaz à effet de serre; une éolienne au Nouveau-Brunswick pourrait le faire; une éolienne en Alberta va avoir un effet beaucoup plus marqué sur la réduction de l'intensité carbonique que si elle est installée en Ontario. Il faut aussi être capable de mettre en place le plus rapidement possible un marché national du carbone, avec un plafond canadien et non pas une réduction de l'intensité carbonique. Je pourrai répondre aux questions sur l'intensité carbonique plus tard.
Il va falloir imposer une taxe sur le carbone qui sera applicable aussi aux exportations, comme la Norvège l'a fait, de manière à avoir des revenus pour acheter des réductions sur le marché international et ne pas défavoriser nos industries et notre population. Actuellement, le Canada devrait réduire de 10 tonnes par personne ses émissions pour atteindre les objectifs de Kyoto, ce qui est un fardeau que l'on ne peut pas imposer aux Canadiens dans l'état actuel des choses.
Il faut aussi financer un effort de recherche et de développement technologique de grande envergure, et que le financement soit garanti pour au moins 10 ans et qu'il soit renouvelable. Les défis qui nous attendent ont comme horizon 2050. Les premières réductions sont faciles, mais celles qui vont venir par la suite vont demander un très grand effort scientifique et technologique.
Il faudrait aussi, pour donner un signal clair aux consommateurs et aux citoyens, imposer une taxation progressive sur la consommation des automobiles, parce que les automobiles constituent un suréquipement d'une durée de vie d'au moins 10 ans. Par conséquent, les mesures volontaires mises en place par le précédent gouvernement, et reconduites par le gouvernement actuel, avec l'industrie de l'automobile n'auront pas d'effet sur les émissions.
Il faut aussi obliger la divulgation des émissions dans les publicités automobiles, de telle façon que les citoyens soient informés. J'irais même jusqu'à dire que la production de gaz à effet de serre devrait figurer dans les contrats de vente des automobiles. On devrait aussi penser qu'il faut stimuler les initiatives de terrain, mais des initiatives de terrain qui ne soient pas que festives. Elles doivent être documentées et comptabilisées.
Merci.
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J'espère que vous avez lu le Résumé à l'intention des décisionnaires, publié la semaine dernière par le GIEC et dont M. Villeneuve a parlé. Il donne certainement un aperçu très troublant de notre trajectoire actuelle.
M. Villeneuve a également passé en revue les faits élémentaires relatifs au rendement du Canada en ce qui a trait à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Je ne vais donc pas répéter ce qu'il a dit.
Essentiellement, toutefois, nous nous trouvons devant une tâche immense. Les émissions du Canada en 1990 étaient de 599 millions de tonnes. À Kyoto, le Canada s'était engagé à de réduire ses émissions à six pour cent en deçà de ce niveau d'ici 2012, comme l'a dit M. Villeneuve, ce qui correspond grossièrement à 300 millions de tonnes de moins que les niveaux projetés. Nos émissions de gaz à effet de serre ont au contraire augmenté de près de 27 p. 100 entre 1990 et 2004.
Le premier grand point que je veux faire valoir devant le comité ce matin est qu'il nous faut reconnaître que le Canada ne pourra pas respecter la cible initiale fixée par le Protocole de Kyoto, soit six pour cent sous les niveaux de 1990 d'ici 2012.
Aux termes du Protocole de Kyoto, il existe essentiellement deux façons d'atteindre notre cible: les réductions nationales et l'achat de crédits internationaux.
Pour atteindre la cible fixée à Kyoto grâce à la réduction des émissions nationales, le Canada devrait réduire ses émissions d'environ sept pour cent par année pendant les cinq prochaines années, et pour ce faire inverser une tendance à la hausse qui est d'environ deux pour cent par année.
Pour y parvenir, nous devrions réduire nos émissions à un rythme jamais atteint par aucune nation moderne dans l'histoire du monde, sauf à la suite d'un effondrement économique comme ce fut le cas en Russie et en Ukraine.
Le meilleur exemple est celui du Japon, qui à la suite de la crise pétrolière de l'OPEP est devenu la nation la plus éconergétique au monde. Ce pays n'a pourtant pas réussi à même s'approcher d'une réduction annuelle de sept pour cent de la consommation de combustibles fossiles.
La deuxième option offerte par le Protocole de Kyoto pour respecter l'engagement de six pour cent sous les niveaux de 1990 est d'acheter d'importantes quantités de crédits internationaux. J'appuie le concept des crédits internationaux lorsque les investissements canadiens peuvent contribuer à la mise en valeur d'une énergie renouvelable ou à émissions nulles dans les pays en développement, mais il n'y aurait pas suffisamment de ce genre de crédits à court terme pour permettre au Canada de respecter son engagement.
Les seuls crédits qui sont actuellement disponibles en quantités sont les crédits d'air chaud accordés par des pays comme la Russie et l'Ukraine, qui ont vu leur économie s'effondrer. Ces crédits d'air chaud seraient un mauvais investissement pour le Canada, qui enverrait ainsi des milliards de dollars à l'étranger sans produire aucun bénéfice environnemental.
Il nous faut admettre que nous n'atteindrons pas la cible initialement fixée à Kyoto. Nous avons nié la réalité, débattu et tergiversé trop longtemps. Cela ne signifie toutefois pas que nous devons tourner le dos au Protocole de Kyoto. L'accord contient des dispositions pour les pays qui n'ont pas atteint leurs cibles initiales. Des peines s'appliqueront aux cibles de réduction des périodes subséquentes.
Le Protocole de Kyoto doit être élargi, approfondi et renforcé, et le Canada doit jouer un rôle constructif dans le cadre de ces négociations internationales. Mais ce n'est par l'objet de notre discussion aujourd'hui.
Je veux parler de la proposition actuelle du gouvernement concernant l'adoption de cibles fondées sur l'intensité. Les cibles fondées sur l'intensité sont une approche frauduleuse du problème. Elles consacrent simplement le statu quo, car les entreprises améliorent constamment l'efficacité avec laquelle elles produisent des biens et des services. L'approche fondée sur l'intensité a le défaut de laisser le total des émissions continuer d'augmenter, et le total des émissions est ce que nous devons surveiller.
Songez à ce que le Canada a réalisé depuis 17 ans, depuis 1990. Nous reconnaissons tous que ce n'est pas brillant dans le domaine du changement climatique, mais si vous regardez la situation dans la lentille de l'intensité, l'avenir paraît plutôt prometteur. Le PIB, que j'utilise comme indice de la croissance économique totale, a augmenté de 47 p. 100 au Canada entre 1990 et 2004. Les émissions de gaz à effet de serre du Canada, vous le savez, ont crû de 27 p. 100 pendant la même période.
Cela correspond à une réduction de 43 p. 100 de l'intensité des émissions. Il semblerait donc que le Canada ait beaucoup de succès et que les Libéraux aient su combattre le changement climatique. Ce n'est évidemment pas le cas, et cela montre à quel point il importe d'adopter immédiatement des cibles d'émissions absolues et d'éviter le piège que représentent les cibles fondées sur l'intensité.
Le but réel en terme de réduction des émissions absolues est de parvenir à des réductions d'au moins 80 p. 100 d'ici le milieu du siècle, d'ici 2050. Ce but devrait être explicitement inscrit dans le projet de loi , et la plupart de mes commentaires à partir de maintenant porteront sur la façon dont le projet de loi C-30 peut aider le Canada à y parvenir.
L'année 2050 peut sembler lointaine, mais la seule façon d'arriver à des réductions de 80 p. 100 est de jeter dès maintenant les bases grâce à de saines politiques. Lorsque je parle de saines politiques, je pense à des politiques qui répondent à trois critères: efficacité, économie et équité.
Tout indique que les politiques utilisées par le gouvernement canadien jusqu'à maintenant, fondées largement sur des mesures volontaires et des subventions, ont échoué le test de l'efficacité. Elles n'ont pas produit d'importantes réductions des émissions. Il nous faut donc adopter des approches plus musclées, y compris des mesures de dissuasion et des règlements, ce qui m'amène au projet de loi C-30.
Les lois environnementales comme la Loi canadienne sur la protection de l'environnement sont des boîtes à outils; les règlements, programmes, instruments fiscaux, etc. sont les outils à utiliser pour faire le travail. Lorsque j'ai lu le projet de loi C-30, je n'ai rien vu en termes de nouveaux outils pour lutter contre le changement climatique. Je m'interroge sur ce que cette loi ajoute à la Loi canadienne sur la protection de l'environnement et je crains que, pour des avantages minimes, la Loi sur la qualité de l'air ne crée de graves risques. Vous le savez, les gaz à effet de serre sont déjà sur la liste des substances toxiques, à l'annexe 1 de la LCPE. Le gouvernement du Canada a de vastes pouvoirs pour réglementer les émissions de gaz à effet de serre aux termes de la partie 5 de cette loi.
Les dispositions proposées dans la Loi sur la qualité de l'air pour créer dans la LCPE une partie 5.1 consacrée aux polluants atmosphériques et aux gaz à effet de serre reprennent simplement dans l'ensemble les dispositions existantes de la partie 5. Cela non seulement gaspille des rames de papier, mais aussi, selon moi, menace le fondement constitutionnel de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Les changements sont pour la plupart non seulement inutiles mais indésirables.
Je vous le demande, en examinant le projet de loi C-30, posez-vous cette question: qu'est-ce que cela ajoute à la Loi canadienne de la protection de l'environnement? Si vous y répondez par « rien », éliminez les dispositions visées.
Il faut apporter une modification précise à la LCPE pour y ajouter un outil essentiel à la trousse, il faut étoffer la liste des instruments économiques autorisés aux termes de la partie 11 de la LCPE. Je recommande d'apporter une modification pour autoriser le gouvernement fédéral à recourir aux taxes environnementales, en particulier à une taxe sur le carbone. La majorité des spécialistes et des économistes conviennent que le moyen le plus efficace et le plus économique de compenser le fait que le marché n'arrive pas à internaliser les émissions de gaz à effet de serre est la taxe sur le carbone, une taxe sur la vente des combustibles fossiles basée sur leur teneur en carbone.
Une taxe qui commence à un taux minime et qui augmente graduellement et de façon prévisible avec le temps peut offrir des encouragements à l'ensemble de l'économie canadienne pour réduire les émissions de dioxyde de carbone sans trop perturber l'économie. Une taxe sur le carbone offre l'occasion de fiscaliser non plus les activités bénéfiques pour la société, notamment le travail et l'investissement, mais plutôt les activités qui présentent des risques, comme les émissions de dioxyde de carbone et l'utilisation de produits toxiques.
Les tenants d'une taxe sur le carbone pour lutter contre le réchauffement climatique sont nombreux et viennent de tous les coins de l'échiquier politique. Je vous en donne quelques exemples: Al Gore; Alan Greenspan, ancien président du Federal Reserve Board aux États-Unis; Joseph Stiglitz, prix Nobel et ancien économiste en chef de la Banque mondiale; James Rogers, président et chef de la direction de Duke Energy; Nicholas Stern, auteur d'ouvrages très complets sur le changement climatique pour le compte du gouvernement britannique. On trouve même certains promoteurs étonnants d'une taxe sur le carbone: l'American Enterprise Institute for Public Policy Research, un groupe de réflexion de droite. Finalement, il faut aussi compter un appui de taille, celui de la population canadienne. Un sondage récent réalisé par Ipsos Reid montre qu'une majorité de Canadiens sont favorables à une taxe sur le carbone et, faut-il s'en étonner, les Albertains y sont plus favorables que la plupart des Canadiens.
Les taxes sur le carbone offrent de nombreux avantages. J'en mentionnerai rapidement quelques-uns et je me ferai un plaisir de vous répondre si vous avez des questions plus détaillées. Les taxes sur le carbone sont globales, elles s'appliquent à toute l'économie. Elles sont généralement considérées comme l'approche stratégique la plus efficace. Elles sont transparentes. Elles sont simples à administrer et moins susceptibles de perturber les prix de l'énergie qu'un système de plafond et d'échanges. En outre, les recettes produites par les taxes sur les carbones peuvent être remises à la population de diverses façons pour veiller à ce que la taxe ne soit pas une nouvelle taxe et demeure sans effet sur le revenu. Finalement, les taxes sur le carbone ont fait leurs preuves en Europe. Dans le mémoire que je vous remettrai plus tard cette semaine, je mentionnerai certaines recommandations précises pour modifier la Loi canadienne sur la protection de l'environnement afin d'autoriser l'utilisation des taxes environnementales comme les taxes sur le carbone.
Les taxes sur le carbone suscitent deux principales objections. La première a trait à leur caractère régressif, car un ménage à faible revenu consacre une grande partie de son revenu à l'énergie. Cela peut être corrigé dans la structure même de la taxe.
L'autre objection repose sur la compétitivité. Je constate que les quatre pays du Forum économique mondial qui se démarquent par leur compétitivité économique cette année ont des taxes sur le carbone et que tous ces pays se classent mieux que le Canada en terme de compétitivité.
La Norvège est peut-être l'exemple le plus instructif pour le Canada, car ce pays est un important producteur de pétrole et de gaz. La Norvège a imposé une taxe sur le carbone au début des années 1990, et son économie a crû à peu près autant que celle du Canada, mais ses émissions de gaz à effet de serre ont augmenté seulement de quatre pour cent.
L'imposition d'une taxe sur le carbone en Norvège a contribué au développement d'une nouvelle technologie de captage et de stockage du carbone, aussi appelée séquestration. Les producteurs de gaz naturel norvégiens captent le dioxyde de carbone du pays de Galles et de la mer du Nord et l'injectent en profondeur dans des aquifères salins au rythme de millions de tonnes annuellement, épargnant ainsi environ 150 000 $ par jour en taxes sur le carbone.
Le temps file et j'ai encore plusieurs brefs commentaires à faire. Je sais qu'un système de plafond et d'échanges pour les grands émetteurs finaux est envisagé. Ce système a eu du succès aux États-Unis pour lutter contre les pluies acides, mais il faut reconnaître que le système européen est un échec car les gouvernements ont alloué plus de permis qu'il n'y a d'émissions. Ces permis perdent rapidement toute leur valeur.
L'un des plus éminents économistes du monde dans le domaine de la politique climatique, le professeur William Nordhaus, de l'Université Yale, a prédit que la tricherie sera probablement pandémique dans un système d'échange de droits d'émission ayant une grande valeur monétaire. C'est essentiellement en raison des inégalités d'information. En effet, l'industrie connaît l'existence de la technologie et son coût d'implantation alors que le gouvernement n'y a tout simplement pas accès.
Un autre aspect vital n'est pas vraiment abordé dans le , et c'est le fait que le Canada a besoin d'investir généreusement pour élaborer des technologies énergétiques faibles en carbone ou à émissions nulles.
Je terminerai par deux ou trois points. Au sujet des dispositions du qui touchent la Loi sur les normes de consommation de carburant des véhicules automobiles, cette loi existe depuis 25 ans et devrait entrer en vigueur immédiatement.
Vous savez aussi sans doute qu'en 2010, même si les fabricants canadiens de véhicules à moteur respectent l'entente volontaire actuelle, l'efficacité du combustible au Canada sera encore inférieure à celle atteinte en Europe, au Japon, en Australie, en Californie et en Chine — oui, en Chine.
On pourrait aussi beaucoup améliorer la dernière partie du , qui porte sur la Loi sur l'efficacité énergétique. Je recommande de faire en sorte que les normes canadiennes soient au moins égales sinon supérieures au plus haut niveau des normes adoptées par l'Organisation pour la coopération et le développement économiques, l'OCDE; que la loi soit modifiée pour prévoir un examen obligatoire des normes aux cinq ans environ; qu'il y ait une élimination obligatoire des 10 p. 100 de produits les moins performants dans chaque catégorie de produit, un précédent établi avec l'interdiction des appareils de chauffage à faible efficacité.
Merci de votre attention.
J'attends vos questions et j'aimerais vous parler à nouveau de la pollution atmosphérique, si j'en ai l'occasion.
Cela risque de prendre moins que 10 minutes.
Bon matin, messieurs et mesdames.
Je suis d'accord sur la plupart des interventions que j'ai entendues ce matin. Je crois qu'il est absolument essentiel d'envoyer un signal aux Canadiens par l'entremise d'une taxe sur le carbone, une taxe sur les combustibles. Toutefois, ce signal doit être proportionnel, c'est-à-dire que la taxe doit être déterminée en fonction de l'efficacité énergétique et du cycle de vie des appareils, des équipements et des mesures mises en place. En d'autres mots, l'équipement, ou la mesure, qui a le plus faible taux d'émission ne devrait pas être taxé, et celui qui a le plus haut taux niveau ou l'équivalent devrait être taxé au maximum, de manière à influencer les choix et à informer les Canadiens des meilleures mesures à mettre en place.
Nous ne pourrons peut-être pas atteindre les objectifs de Kyoto à la date prévue, mais les technologies et les mesures existent. Certaines mesures sont extrêmement efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais elles sont bloquées parce qu'elles ne sont pas rentables. L'exemple de la géothermie est très intéressant à cet égard. Il s'agit d'une mesure très rentable, mais elle prend peut-être un peu plus de temps à devenir rentable qu'une fournaise au gaz naturel. Si une taxe permettait de faire en sorte que la fournaise au gaz naturel représente effectivement le coût payé par le consommateur, soit le coût environnemental et le coût global de l'appareil, le choix serait plus facile.
Comme l'élément économique est déterminant dans le choix des consommateurs, le fait que cette taxe soit proportionnelle inciterait les Canadiens à faire le choix le plus responsable quant aux émissions de gaz à effet de serre. De plus, cette mesure aura une incidence sur les grands émetteurs finaux, sur l'ensemble de l'économie, mais c'est le citoyen qui orientera les choix vers des technologies beaucoup plus responsables sur le plan environnemental.
Cela permet aussi aux Canadiens de réagir aux changements climatiques. On ne peut pas simplement demander de réduire globalement les émissions de gaz à effet de serre sans que cela ait un impact sur nos choix. Imposer une taxe sur les émissions de carbone et les émissions liées au cycle de vie de chaque produit ou service que les Canadiens consomment est le moyen le plus efficace d'atteindre, à notre sens, des objectifs de réduction ambitieux.
Il faut évacuer complètement les mesures qui ont trait aux niveaux des émissions, à l'intensité des émissions. Dans le cas des polluants atmosphériques, ce sont des mesures ou des plafonds absolus qui fonctionnent et qui permettent de respecter des niveaux de pollution jugés acceptables. L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique s'explique mal pourquoi une mesure dont on connaît l'efficacité pour lutter contre la pollution de l'air ne pourrait pas s'appliquer aux émissions de gaz à effet de serre, alors que cet enjeu est clairement d'actualité. Il est très important de le mentionner.
Le message qu'on vous envoie, c'est de rendre l'information disponible aux Canadiens afin qu'ils puissent faire les meilleurs choix possibles, au moyen d'une taxe sur le carbone. Malheureusement, ce n'est pas l'orientation qui est donnée dans le projet de loi. On souhaite que vous orientiez la réglementation sur l'efficacité énergétique en ce sens.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je n'ai pas l'intention, dans mon intervention, de discuter très longtemps du bilan canadien de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En effet, je pense que nous le connaissons tous et toutes. J'aimerais plutôt parler des moyens, ou des démarches, nous permettant d'améliorer notre bilan de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.
J'ai bien aimé la déclaration de M. Boyd quand il a dit qu'il nous faut une politique efficace, efficiente et équitable pour lutter contre les changements climatiques.
M. Villeneuve nous a fourni quelques avenues de réflexion, tout à l'heure, en proposant, par exemple, une bourse du carbone; une taxe sur le carbone; le financement de la recherche et l'indication, dans les contrats de vente des véhicules, des réductions prévues d'émissions de gaz à effet de serre. Il nous a aussi parlé des objectifs par province, et je pense que c'est important.
J'aimerais connaître l'opinion de nos intervenants, en particulier celle de M. Villeneuve. Le problème du Canada, je pense, n'est pas nécessairement attribuable aux programmes mis en place ou aux mesures qui, bien sûr, auraient pu aller plus loin. Ne s'agit-il pas d'un problème de démarche, dans la mesure où nous avons adopté une démarche sectorielle, d'un océan à l'autre, alors que la structure économique canadienne n'est pas la même d'une province à l'autre et que la situation énergétique du Québec n'est pas celle de l'Ouest?
Cette démarche, par objectifs par province, ne pourrait-elle pas nous permettre de maximiser la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour chaque dollar investi? Au fond, la démarche territoriale et la démarche d'objectifs par province ne permettent-elles pas de mettre en place une politique efficace, efficiente et équitable dans la lutte contre les changements climatiques au Canada?
Je pose la question à M. Villeneuve.
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D'accord, monsieur le président.
Cette question est extrêmement importante. Effectivement, l'une des causes de l'échec du Canada est sa volonté de vouloir adopter une démarche égale pour tout le monde, sous prétexte qu'il est plus équitable d'être égal avec des acteurs qui sont inégaux.
Il est clair qu'il faut s'assurer de l'efficacité d'une mesure. Je donnerai simplement l'exemple de l'ancien programme qui visait à permettre l'isolation des maisons. La réduction d'une tonne de gaz à effet de serre par la diminution du nombre de kilowatt-heures utilisés pouvait coûter au gouvernement de l'Ontario environ cinq dollars, trois dollars à celui de l'Alberta, et de 700 $ à 800 $ à celui du Québec. En effet, les émissions par kilowatt-heure de gaz à effet de serre dans le parc de production énergétique de ces trois provinces varient d'un facteur 10, et même d'un facteur 50, dans le cas de l'Alberta et du Québec.
Cette constatation faite, il est clair que les démarches régionales sont beaucoup plus intéressantes, étant donné que les politiques énergétiques sont décidées par les provinces, que les ressources naturelles sont gérées par les provinces et que chacune de ces provinces a un parc différent. Cela ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir d'échanges ou d'entraide entre les provinces.
Je vous donne un exemple très simple d'une situation purement hypothétique, mais qui serait très efficace. En Gaspésie, au Québec, on produit beaucoup d'énergie éolienne. Cela ne change absolument rien au bilan québécois parce que l'énergie éolienne produit, dans son cycle de vie, un peu plus de gaz à effet de serre que l'énergie hydroélectrique. En principe, il n'y a donc pas de gains à réaliser, en termes de gaz à effet de serre, par la production de l'énergie éolienne au Québec.
Cependant, si on construisait une ligne de transport vers le Nouveau-Brunswick, une ligne de transport d'à peine 50 kilomètres, et qu'on fermait la centrale au charbon de Belledune, on réaliserait un gain de l'ordre de deux à trois millions de tonnes de CO2 par année, à partir d'une production d'électricité éolienne faite sur le site gaspésien et consommée dans le réseau du Nouveau-Brunswick.
Ces éléments sont des éléments factuels que la politique canadienne actuelle ne permet pas d'utiliser puisque, en visant uniquement la réduction de l'intensité carbonique, on maintient en place toutes les anciennes infrastructures de production et on ne fait qu'ajouter de la production propre par-dessus, ce qui, au fond, masque la réalité.
Il faut une démarche qui inclut les aspects pénalisés par la taxe, dont M. Boyd a bien expliqué les avantages et l'efficacité, mais aussi une démarche qui est centrée sur des projets et qui permet, dans un marché boursier, de pouvoir faire reconnaître la valeur de ces projets.
Ce qu'on veut, c'est une diminution réelle des émissions totales. L'intensité carbonique est simplement un indicateur. Cet indicateur peut permettre de comparer la performance à l'intérieur d'un secteur. Par exemple, dans le secteur de l'aluminium, on peut comparer deux alumineries, en ce qui a trait à leurs émissions de gaz à effet de serre, l'une par rapport à l'autre ou par rapport à leurs gains d'émissions.
On établit donc, de cette manière, des scénarios de référence. L'intensité carbonique globale pour un pays est d'ailleurs une mesure qui était incluse dans la politique de M. Bush en 2003, sur laquelle le Canada a sauté comme un imitateur servile.
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Merci, monsieur le président.
Mes premières questions s'adressent au chef Erasmus.
Je suis du Nord de l'Alberta et j'y suis depuis 1967. Je voyage jusqu'à Yellowknife. J'ai pu observer de nombreux changements dans le Nord depuis que j'y suis.
Vous avez fait des observations concernant le et vous avez parlé du Protocole de Kyoto. Je me demande si vous changeriez d'avis en entendant certaines choses.
Premièrement, avez-vous remarqué que la Loi canadienne sur la qualité de l'air, c'est-à-dire le , s'applique à l'air intérieur qui cause de nombreux problèmes de santé pour les Canadiens? Cette loi concerne les poêles et les foyers, qui sont importants pour les communautés autochtones de ma région. Actuellement, il n'existe aucune façon de réglementer la qualité de l'air à proximité de ces appareils et cela cause de nombreux problèmes de santé. La plupart des réserves utilisent ce type de chauffage, du moins partiellement.
La pollution de l'air comprend maintenant le smog et les pluies acides, qui n'étaient pas prévus dans le Protocole de Kyoto, et non seulement le changement climatique. En vertu du , il y aura un système de surveillance nationale de l'environnement pour contrôler la qualité de l'air que nous respirons où que nous soyons, dans le Nord ou ailleurs. Cet air bien sûr change grandement en fonction des vents à proximité des usines et partout au Canada à proximité des industries. Le système permettra non seulement de surveiller, mais également de faire de la recherche et de publier des renseignements à l'intention du public canadien, et il offre la capacité de surveiller l'air et les humains pour savoir quel genre de toxines nous absorbons.
Le exige également que les grands émetteurs finaux aient un plan de prévention de la pollution concernant les gaz à effet de serre, les polluants de l'air et les substances toxiques, qui, bien sûr, ne font pas partie du Protocole de Kyoto et qui ne font aucune référence aux problèmes pour la santé des humains découlant de l'absorption de particules nuisibles présentes dans l'air. Le projet de loi permet aussi au gouvernement de réglementer le mélange des combustibles, afin d'avoir des véhicules plus efficaces, et les composants des combustibles, ce que le Protocole de Kyoto ne fait pas.
Le Protocole de Kyoto ne fait rien pour aborder la qualité de l'air. Par contre, le le fait. Il aide les Canadiens où qu'ils puissent se trouver, parce que nous habitons un vaste pays.
Je sais que vous n'assistiez pas au témoignage livré hier, mais vous avez fait état de cibles à court terme. Nous avons entendu des fonctionnaires du gouvernement nous dire que les objectifs à court et à moyen terme seront fixés par voie de règlement et que nous serons capables d'agir. L'objectif à long terme est abordé dans la Loi canadienne sur la qualité de l'air, mais nous aurons des objectifs à court et à moyen terme qui feront l'objet d'une réglementation efficace.
Je me demande si vous changeriez d'idée si vous compreniez les répercussions que tout cela aura pour votre peuple et pour tous les Canadiens d'un océan à l'autre relativement à la qualité de l'air.