:
Chers collègues, la séance est ouverte. Soyez les bienvenus au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. La séance porte sur le Budget principal des dépenses.
Je récapitule encore une fois la marche à suivre, parce que, à la fin de la séance, nous proposerons des motions pour l'adoption des différents crédits. Le Budget principal des dépenses 2018-2019 comprend les crédits 1, 5, 10, 15, 20 et L25, sous la rubrique « Ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement »; le crédit 1, sous la rubrique « Centre de recherches pour le développement international »; le crédit 1, sous la rubrique « Commission mixte internationale (section canadienne) ».
Nous accueillons la ministre , qui fera un exposé sur le Budget principal des dépenses.
Elle est une abonnée de notre comité, ce dont nous lui savons extrêmement gré. Comme d'habitude, nous écouterons ses remarques liminaires, puis nous passerons directement aux questions, ce qui durera une heure. Puis nous en poserons aux fonctionnaires qui l'accompagnent.
Soyez la bienvenue, madame la ministre. Vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président, membres du Comité, mon intervention d'aujourd'hui est l'occasion pour moi de vous présenter le Budget principal des dépenses.
Je suis accompagnée de M. Arun Thangaraj, le sous-ministre adjoint et responsable des finances. Notre sous-ministre, Diane Jacovella, devrait se joindre à nous d'une minute à l'autre.
Lorsque j'ai été nommée ministre du Développement international et de la Francophonie, le mandat qui m'a été confié par le était de recentrer l'aide internationale sur les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables et sur les États fragiles.
Je devais aussi tenir des consultations auprès d'intervenants canadiens d'organisations internationales dédiées à l'aide internationale et humanitaire, de manière à créer un nouveau cadre de politique et de financement pour orienter les décisions du gouvernement relativement à l'aide qu'il accorde, pour favoriser l'autonomisation des populations et appuyer une croissance vaste et durable dans les pays en développement.
Je suis très fière de la politique d'aide internationale féministe du Canada, qui a été lancée en juin dernier après une année de consultation. Cette politique vise à éradiquer la pauvreté et à bâtir un monde plus pacifique, plus inclusif et plus prospère. Il est démontré que l'égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles sont les façons les plus efficaces d'atteindre cet objectif.
Le cinquième objectif de développement durable est de favoriser l'égalité des genres et le renforcement du pouvoir de toutes les femmes et les filles. Il est au coeur de l'approche du Canada, dans le cadre de la mise en oeuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030. Il permettra de faire progresser tous les autres objectifs.
À cette fin, le Canada passe à l'action.
[Traduction]
Depuis le lancement de la Politique d'aide internationale féministe du Canada, en juin dernier, le gouvernement a promis d'investir en trois ans 650 millions de dollars pour augmenter le nombre de femmes et de filles qui ont accès à des services relativement à leur santé sexuelle et génésique et à leurs droits connexes. La contraception deviendra ainsi accessible à 120 millions de femmes et d'adolescentes. Ce financement permet aussi d'appuyer les organisations qui oeuvrent à la prévention de la violence sexiste et des pratiques nuisibles comme les mariages d'enfants, précoces et forcés et les mutilations génitales féminines.
Nous avons également annoncé 150 millions pour renforcer les organisations et les mouvements de défense des droits des femmes, grâce au programme Voix et leadership des femmes. Nous voulons rejoindre les femmes les plus pauvres et les plus marginalisées, rejoindre plus de femmes sur le terrain. Cela contribuera à faire participer plus de femmes au leadership et à la prise de décisions. Dans certains cas, les femmes, en prenant la parole, s'exposent au danger. Le Canada doit appuyer les efforts de ces femmes et de ces filles et leur donner les tribunes, les moyens et la protection dont elles ont besoin pour se faire entendre.
Au-delà de ces efforts, nous augmenterons aussi le nombre de filles qui terminent leurs études élémentaires et secondaires. Comment? D'abord, en février dernier, j'ai annoncé un financement de 180 millions en trois ans pour le Partenariat mondial pour l'éducation. Nous voulons améliorer la capacité des entrepreneuses et des agricultrices à s'intégrer dans la chaîne de valeur. Nous voulons aussi augmenter les droits des femmes à la propriété foncière, au travail, à l'héritage et à la propriété.
Nous appuierons aussi les initiatives qui soutiennent la résilience au changement climatique, qui accroissent le nombre de personnes travaillant dans les technologies vertes et l'agriculture adaptée au climat, qui accroissent la capacité des femmes de détenir des postes de direction dans la vie publique et qui transforment l'aide humanitaire du Canada de manière à la rendre plus sensible à la différence entre les sexes.
[Français]
Je partage vos inquiétudes et celles des Canadiens en ce qui concerne la situation à laquelle font face de nombreuses populations en Afrique, dans les Caraïbes, en Amérique du Sud, au Moyen-Orient ou en Asie, comme la situation des Rohingyas.
La situation humanitaire des Rohingyas au Myanmar et au Bangladesh est absolument horrible et catastrophique sur le plan de la sécurité. Le Canada a été un des premiers pays à réagir à cette crise humanitaire. Depuis le début de 2017, le Canada a versé 45,9 millions de dollars en aide humanitaire pour répondre aux besoins des personnes touchées par la crise. En mai dernier, nous avons aussi lancé une stratégie pluriannuelle, qui inclut une contribution de 300 millions de dollars sur trois ans pour répondre aux besoins humanitaires et pour favoriser le développement et la stabilisation de la région de façon rapide et coordonnée.
Rendre notre aide humanitaire plus sensible au genre est l'un des objectifs de notre politique, et celle-ci est concrètement mise en application au Bangladesh et au Myanmar.
[Traduction]
Par exemple, à ma dernière visite, en novembre dernier, il n'y avait que deux centres spécialisés pour aider les survivantes de sévices sexuels. Nous avons décidé d'appuyer la prestation de services d'information dans 20 établissements de plus. Nos actions ont fait boule de neige dans la communauté internationale. Aujourd'hui, on compte en tout 39 endroits sûrs pour les femmes à Cox's Bazar.
[Français]
J'aimerais maintenant revenir sur l'enveloppe de l'aide internationale, qui permet de soutenir l'approche pangouvernementale relative à la prestation de l'aide humanitaire.
Seize ministères et organismes fédéraux collaborent à l'atteinte des priorités en aide internationale. Le Budget principal des dépenses 2018-2019 comprend un financement de 3,9 milliards de dollars consacrés à la programmation en matière de développement, de paix et de sécurité, y compris une augmentation de 80 millions de dollars pour faciliter une intervention rapide face aux crises mondiales inattendues, une augmentation de 108 millions de dollars dans le cadre de la stratégie 2015-2020 pour la santé des mères, des nouveaux-nés et des enfants et une augmentation de 36,7 millions de dollars pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
[Traduction]
Je suis heureuse de signaler que le budget de 2018 prévoit un financement supplémentaire pour la mise en oeuvre de la Politique d'aide internationale féministe du Canada, y compris 2 milliards de plus en cinq ans, à compter de 2018-2019, pour en renforcer l'effet et affirmer notre leadership international dans les secteurs clés, et un financement de 1,5 milliard en cinq ans, à compter de 2018-2019, en faveur de l'innovation dans l'aide internationale du Canada.
Reconnaissant que les donateurs gouvernementaux ne peuvent pas, à eux seuls, répondre aux besoins des objectifs du développement durable, notre gouvernement continuera d'examiner la possibilité de nouer de nouveaux partenariats et de lancer des initiatives innovantes qui permettront de mobiliser des capitaux privés pour le développement durable.
En conclusion, grâce à sa Politique d'aide internationale féministe et à des investissements importants annoncés dans le budget de 2018, le Canada est mieux en mesure d'aider les plus pauvres et les plus vulnérables et de contribuer à la construction d'un monde plus pacifique, plus prospère, plus ouvert à tous.
Monsieur le président, chers collègues, je vous remercie.
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Voilà pourquoi je m'inquiète.
Franchement, il me semble que...
Avant de le dire, je pense que des initiatives avaient eu lieu, une initiative Muskoka, par exemple, pour les nouveau-nés, les femmes et les mères, un précédent. Je ne crois pas que vous ayez tant innové depuis, sauf changer l'appellation de toute l'affaire.
J'espère que ce n'est pas un calcul politique, parce que, après deux ans et demi, presque trois, nous nous attendons à ce que ces mesures soient en place et à des résultats. Les contribuables veulent voir et nous voulons connaître l'aboutissement de cette politique dont le gouvernement parle depuis tout ce temps.
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Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, le Canada et l'Ukraine ont noué des relations bilatérales très serrées, et nous avons compté parmi les partisans internationaux les plus fermes des réformes démocratique et économique de l'Ukraine. Depuis les invasions militaires du territoire ukrainien par la Russie, en 2014, le Canada a versé 240 millions de dollars d'aide au développement et il a accordé pour 400 millions de dollars de prêts à taux réduit. Une grande partie de l'aide canadienne vise à soulager l'est de l'Ukraine — où elle est surtout dirigée —, particulièrement le 1,8 million de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, les 3,5 millions de personnes qui dépendent de l'aide et les 250 000 enfants qui vivent dans une zone de guerre active, l'une des régions de la planète où on a déployé le plus de mines terrestres.
Ces 250 000 enfants dans une zone de guerre active en Europe, quel chiffre ahurissant! Il cache des noms, comme celui de la jeune Daria Kazemirova, 15 ans, qui, la semaine dernière, a publié des messages sur les médias sociaux et qui, peu après, était tuée par un tir d'artillerie russe. L'année dernière, j'ai accueilli sur la Colline Mykola Nyzhnykovskyi, garçon de 11 ans que l'hôpital Shriners pour enfants de Montréal a fait venir pour lui installer des prothèses parce qu'il avait perdu les deux jambes et un bras — et son frère quand, tous les deux, ils ont ramassé une grenade à l'extérieur de leur ville. Voilà le véritable coût humain, et les chiffres sont ahurissants.
Le Canada doit continuer à aider les Ukrainiens. Les Canadiens ont demandé à leur gouvernement de s'engager à maintenir le financement de l'aide au développement international pour l'Ukraine au niveau actuel de 50 millions de dollars par année et de l'augmenter au besoin.
Pourriez-vous, s'il vous plaît, faire le point pour nous sur la façon dont le gouvernement atteindra cet objectif particulier?
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Oui. Merci. Je sais que vous êtes un grand ami de la communauté ukrainienne et je vous en suis reconnaissante.
Oui, vous avez raison. Nous sommes parmi les partisans les plus fervents de l'Ukraine et nous continuons de l'être, pour réaliser des réformes démocratique et économique.
Nous avons franchi l'étape de l'examen de tous les pays où nous sommes présents et de l'examen de la vision pour chacun de ces pays. Rassurez-vous: l'Ukraine reste la priorité des priorités, et nous continuerons d'être de fervents partisans de ce pays et de ses réformes.
Nous nous apprêtons à lancer une demande de propositions. Les organisations internationales et canadiennes pourront, de diverses façons, faire connaître leurs propositions, pour autant qu'elles se conforment bien à une politique féministe, et, surtout, aux règles de bonne gouvernance et au principe de l'égalité des sexes et à toutes ces priorités.
En fait, je me propose de visiter l'Ukraine le mois prochain. Voilà qui devrait aussi vous convaincre que nous restons entièrement acquis à l'idée d'aider ce pays et que nous continuerons d'en favoriser le développement, d'aider son gouvernement et de fournir l'aide humanitaire pour ceux dont vous parliez.
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En ce moment, le pourcentage du PIB que le Canada consacre au développement international est de 0,26 %. Quand j'ai mené des consultations, nos partenaires nous ont demandé trois choses: élaborer une bonne politique, exercer un leadership et donner plus d'argent.
En ce qui concerne la bonne politique, je sens qu'on est très satisfait de la Politique d'aide internationale féministe du Canada. Quant au leadership, nous l'exerçons à différents égards. Nous faisons beaucoup pour protéger et défendre les droits des femmes, ceux des filles et des adolescentes plus particulièrement. Au Bangladesh, dans le contexte de la crise des Rohingyas, le Canada a été un des premiers pays à intervenir. Nous avons présenté un plan qui est maintenant triennal. Nous assurons un leadership dans ce domaine aussi.
Nous convenons que l'aide officielle au développement demeure un élément extrêmement important pour atteindre les Objectifs de développement durable. Nous nous sommes engagés à ajouter 2 milliards de dollars sur cinq ans pour réaliser les priorités de la Politique d'aide internationale féministe et à investir 1,5 milliard de dollars à des initiatives d'innovation dans le domaine du développement.
En plus de cela, il y a eu la création de l'Institut de financement du développement Canada, ou FinDev Canada, qui est situé à Montréal. Cet institut a présenté un premier projet récemment. Cet argent ne vient pas de l'aide officielle au développement, mais ce sont quand même des fonds canadiens qui servent de levier pour aller chercher de l'investissement privé pour le développement.
Nous avons aussi appuyé une initiative de la Banque mondiale qu'on appelle We-Fi et qui vise à encourager les femmes entrepreneures. Le Canada a investi 20 millions de dollars dans cette initiative qui vise à aller chercher 1 milliard de dollars. Le premier appel de propositions est rendu à 1,6 milliard de dollars.
Nous reconnaissons que l'aide officielle au développement est fondamentale, mais nous essayons de différentes façons de servir de levier pour trouver des fonds.
Il y a un ministre responsable pour chaque volet, à savoir le commerce, les affaires étrangères et le développement. C'est la même chose pour nous, les sous-ministres. En-dessous de nous, tous les gestionnaires du ministère essaient de tenir compte des différents enjeux dans la formulation de leurs recommandations, mais nous avons quand même maintenu l'expertise en commerce, en développement et en affaires étrangères, afin que nos projets continuent à connaître de bons résultats.
Je vous donne un exemple. En matière de commerce, les compagnies canadiennes disent qu'il est très important d'avoir un environnement propice, afin de s'assurer qu'il y a un État de droit et que les règles sont suivies. Nous faisons la même chose en ce qui concerne le développement en nous assurant qu'il y a un système de gouvernance dans les pays.
Il est souvent facile pour nous de travailler ensemble pour voir ce qui empêche qu'on investisse dans un pays. S'il y avait davantage d'investissements dans les pays d'Afrique, cela favoriserait leur croissance économique.
Nous nous soucions du fait que la croissance économique soit inclusive. Nous travaillons très étroitement avec nos collègues à cette fin. Compte tenu de tout ce qui se passe au Soudan du Sud, par exemple, il est impossible de parler de développement sans parler de paix et de sécurité. Nous essayons d'harmoniser nos messages, qu'ils soient d'ordre politique ou qu'ils touchent le développement, pour nous assurer d'aller dans la bonne direction.
Il faut s'assurer que l'excellente expertise des gens de l'ACDI continue d'être excellente au sein du nouveau ministère.
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Merci beaucoup, madame la ministre.
Ma question porte expressément sur le budget.
J'ai remarqué dans le budget des dépenses qu'il n'y a pas de poste budgétaire désigné pour l'observation des élections à l'échelle internationale. Je sais qu'il y a des projets ponctuels. Nous pouvons le faire par l'intermédiaire des ambassades, de l'aide internationale ou du Programme pour la stabilisation et les opérations de paix, et la ministre a dit très clairement hier que nous prévoyons financer l'Ukraine et d'autres élections.
Cependant, il y avait auparavant un programme multilatéral d'observation électorale, ou PMOE, qui relevait de l'ancienne Agence canadienne de développement international, ou ACDI. Lors de la fusion, M. Baird, qui était ministre des Affaires étrangères, a annulé ce programme et créé une section du Groupe de travail pour la stabilisation et la reconstruction, mais il n'y avait ni argent ni ressources humaines. À ce moment-là, il n'y avait pas d'argent réservé à cette fin, et il n'y en a pas eu depuis.
Nous avons changé le programme en 2016 pour le Programme pour la stabilisation et les opérations de paix, ou PSOP, mais, puisqu'il ne convenait pas vraiment, le programme n'existe plus, de sorte qu'il est devenu orphelin.
C'est vraiment une initiative de développement. Nous savons également que sur le plan des résultats pour les femmes et les filles, une pleine participation politique et des élections libres et équitables sont des conditions préalables aux objectifs de développement durable. C'est un moyen d'assurer la démocratie et la tenue d'élections libres afin d'accroître les résultats des groupes marginalisés.
Compte tenu de l'augmentation de notre enveloppe d'aide internationale féministe, seriez-vous disposés à utiliser une partie de l'argent pour rétablir un programme qui est conçu expressément à cette fin, avec l'expertise, les connaissances internes et la coordination? L'observation des élections n'est pas une chose que vous pouvez simplement faire. Vous devez avoir ce genre d'expertise à l'interne. Seriez-vous prêts à réenvisager la création d'un programme similaire au PMOE initial?
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Je vous remercie d'avoir fait l'effort de poser votre question en français.
Le Canada a été l'un des premier pays à intervenir, aux mois d'août et de septembre derniers. Grâce au fonds de contrepartie, la contribution s'élève maintenant à 46 millions de dollars, en plus des 12 millions de dollars que les Canadiens ont donnés au fonds de contrepartie.
Comme vous le savez, nous avons dernièrement annoncé un plan triennal. La première fois que nous l'avons fait, c'était pour la Syrie. Nous le faisons donc pour la deuxième fois, pour faire face à la crise des Rohingyas. Cela fait partie des bonnes pratiques de développement d'offrir à nos partenaires la possibilité, sur quelques années, de travailler.
Il s'agit d'un montant de 300 millions de dollars sur trois ans. Bien sûr, une grande partie de cet argent sera dédiée à l'aide humanitaire pour la communauté rohingya du Bangladesh, mais aussi pour la communauté d'accueil.
Je suis allée sur les lieux. J'ai visité Cox's Bazar. J'ai rencontré des femmes rohingyas et j'ai discuté en tête à tête avec elles.
Il s'agit d'une situation critique. Il y a beaucoup de violence. Même dans les camps de réfugiés, la vie est encore extrêmement difficile. Les camps de réfugiés sont surpeuplés. De plus, il y a des risques liés aux fortes pluies éventuelles et aux glissements de terrain. La situation est extrêmement grave.
Comme je le disais, il faut prodiguer les soins de base et répondre aux besoins de base des gens à Cox's Bazar, entre autres, mais aussi des communautés rohingyas qui sont encore au Myanmar et de la communauté d'accueil.
Il y a un autre volet lié au fait de rendre justice, à l'assistance en ce qui a trait à la mission d'information. La mission d'établissement des faits est très importante si nous voulons répondre aux recommandations des rapports de Kofi Annan et de Bob Rae pour le retour de Rohingyas.
Il y a tout un volet concernant la justice. Il faut que les coupables comparaissent devant la justice pour que les gens aient un sentiment de justice. Contribuer à ces missions est un volet important de notre accompagnement.
Il y a aussi toute la question de la coopération internationale. Je suis heureuse de dire que, la semaine dernière, lors de la rencontre des ministres du Développement et des Finances du G7, nous avons eu cette discussion. Nous nous sommes entendus sur le fait que nous allons utiliser cette crise pour travailler ensemble et pour mettre en oeuvre notre engagement visant à avoir une approche plus axée sur le développement sexospécifique, plus sensible aux genres, à l'égalité des genres et au renforcement du pouvoir des femmes dans les contextes humanitaires.
En plus d'offrir du financement pour les abris, pour l'eau, pour la nourriture et pour les besoins de base, il faut vraiment porter une attention particulière aux besoins des femmes, des adolescentes et des filles. Il ne faut pas seulement les voir comme des victimes ou des bénéficiaires, il faut aussi voir comment nous pouvons travailler avec elles, les consulter et les faire participer aux décisions. Il faut les aider à développer des compétences et du leadership, afin qu'elles contribuent à la vie dans cette communauté et qu'elles acquièrent de nouvelles aptitudes avant le retour à la vie normale.
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Merci de souligner que la plupart des travailleurs humanitaires et du développement sont là pour les bonnes raisons, et qu'ils sont vraiment dévoués, mettant parfois leur santé et même leur vie en danger.
Quand cet événement est revenu dans les médias — c'est une chose qui s'est produite en 2011 —, j'ai immédiatement contacté le chef de la direction d'Oxfam-Québec et d'Oxfam Canada pour faire enquête et connaître la situation, et pour savoir si nous étions visés. Les responsables étaient au courant et avaient déjà pris des mesures importantes pour améliorer leurs procédures afin de prévenir la situation, de former les employés et d'intervenir dans de tels cas. J'étais donc rassurée dès le départ. La même semaine, j'ai convoqué une réunion avec 10 ou 12 de nos principales organisations humanitaires canadiennes afin d'en parler, de mettre en commun les pratiques exemplaires, de relever les lacunes et de les combler. Nous collaborons avec eux pour rectifier le tir, avec l'aide du ministère, et trouver une façon de faire connaître les pratiques exemplaires et de relever les lacunes.
L'autre étape consistera également à s'assurer que les petites et moyennes organisations ont aussi les ressources nécessaires pour mettre en place de telles mesures préventives et procédures, se doter d'une ligne téléphonique où une personne peut appeler en toute sécurité, soutenir la personne qui appelle, et intenter des poursuites contre celui ou celle qui fait l'objet d'allégations.
J'ai été rassurée de savoir que nous étions déjà dans une bonne position, mais nous pouvons toujours faire mieux. Je ne suis pas aveugle. Je pense qu'il y a des gens qui se comportent de façon inappropriée dans chaque industrie, mais nous devons être encore plus forts puisque nous traitons avec les plus pauvres et les plus vulnérables. Nous avons également eu cette conversation au G7, et nous avons convenu de mettre en commun des pratiques pour soutenir le secrétaire général des Nations unies, car nous avons tous une tolérance zéro.
Une chose qui est un peu difficile est de trouver une façon d'éviter qu'un prédateur soit embauché par un autre. Nous ne pouvons pas créer de liste noire en raison de notre droit relatif à la protection de la vie privée, de sorte que nous songeons à d'autres mécanismes, comme un passeport humanitaire. Nous voulons collaborer à l'échelle internationale, car les employés humanitaires et du développement travaillent les uns pour les autres. Nous ne ménageons pas nos efforts, surtout le Royaume-Uni et nous, au Canada. Nous prenons les devants sur la situation parce que nous ne voulons pas qu'une telle chose se produise.
Premièrement, madame la ministre, j'ai un commentaire. Je pense que vous savez que Rona Ambrose et d'autres membres du gouvernement précédent étaient très actifs dans la promotion des droits des femmes dans le monde. C'était l'initiative de la ministre Ambrose, notre ancienne chef — pas à l'époque, mais plus tard —, qui a initié la création de la Journée internationale des filles. Elle s'opposait vertement à des enjeux tels que les mariages précoces et obligatoires, et a soutenu les occasions économiques pour les femmes. Je suis ravi qu'une grande partie de ce travail soit un exemple positif de continuité au fil des gouvernements. Je pense que c'est dans l'intérêt de tous quand les gens n'essaient pas d'en faire une question partisanerie. Je pense qu'un consensus se dégage quand il s'agit de défendre les droits des femmes dans le monde. Je suis fier que cela fasse partie d'un héritage auquel nous avons tous participé. Je sais que vous ne voudriez certainement pas minimiser l'excellent travail qui a été accompli sur ces enjeux par des gens comme Rona Ambrose.
Je veux vous poser une question sur l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, ou UNRWA. J'ai récemment eu l'occasion de visiter une école de l'UNRWA dans les territoires palestiniens de la Cisjordanie. J'étais là-bas dans le cadre du Groupe d'amitié parlementaire Canada-Palestine. Je sais que le gouvernement précédent était préoccupé par certaines des choses qui se passaient par l'intermédiaire de l'UNRWA. Votre gouvernement a toutefois adopté une orientation très différente en ce qui concerne l'Office.
Ce qui m'a frappé en visitant cette école, c'est qu'elle est située extrêmement proche d'une colonie israélienne. Nous avons demandé aux élèves s'il y avait des contacts entre les jeunes de cette école et les enfants et élèves qui se trouvent à proximité. Ils nous ont répondu que non, ils n'ont pas de contact. Ils ne veulent pas en avoir. Les enseignants hochaient la tête d'un air approbateur en écoutant ces commentaires. Je ne blâme pas les enfants des sentiments qu'ils éprouvent dans cette situation. Le contexte est évidemment très tendu, mais les gens veulent savoir. En ce qui concerne le cursus et les programmes qui encouragent une coexistence pacifique et le pluralisme, est-ce que les messages reçus et les écoles financées par les Canadiens encouragent l'harmonie intercommunautaire, la coexistence pacifique et la bonne entente réciproque, ou si ces élèves reçoivent des messages dans leur école qui maintiennent ou renforcent même ces tensions?
Je me demande si vous pourriez commenter au sujet de l'UNRWA. Quelles mesures le gouvernement a-t-il prises pour veiller à ce que l'argent des contribuables canadiens soit dépensé d'une manière qui correspond entièrement aux valeurs canadiennes?
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Madame la ministre, j'aimerais poursuivre dans la même veine que ma question précédente sur le développement démocratique. Comme nous l'avons dit, nous savons que les femmes prospèrent et que les objectifs de développement durable sont atteints en présence de processus démocratiques ouverts, pluralistes et inclusifs. Une grande partie de l'expertise des Canadiens pour laquelle nous sommes particulièrement doués porte sur le développement institutionnel — les parlements, la primauté du droit et la solidité des institutions démocratiques partout dans le monde. Dans mon ancienne vie, c'était une chose que je faisais à l'étranger.
Le caucus multipartite pour la démocratie a récemment organisé un forum réunissant des experts du monde entier, des anciens membres du Programme des Nations unies pour le développement, ou PNUD, qui travaillent dans le domaine, au Centre Parlementaire et ailleurs. Ces gens affirment que, pour l'instant, seulement 2 % de l'aide publique au développement est consacrée au développement institutionnel pour la démocratie. J'ignore si c'est vrai.
Je me demande si c'est une chose que nous pourrions envisager.
Nous savons que la Politique d'aide internationale féministe ne signifie pas que nous devions mettre fin à des activités comme la promotion de la démocratie et l'observation électorale. Elle signifie simplement que nous voulons qu'un plus grand nombre de femmes y participent, et que celles-ci prennent part à la conception de ce genre de programmes. D'ailleurs, ces programmes atteignent les résultats que nous espérons pour les femmes et les filles.
Je ne vous demande pas de répondre tout de suite au sujet du pourcentage, mais en ce qui concerne votre gouvernance inclusive en général, seriez-vous disposée à jeter un oeil au pourcentage? Je ne parle pas de la participation de la société civile, mais bien du développement institutionnel pour la démocratie.
Shirley, aimeriez-vous vous prononcer à ce sujet? Non, vous ne le voulez pas.
D'accord, je vais passer à une autre question. Nous savons que, encore une fois, les 2,6 milliards de dollars ont été alloués pour financer des mesures de lutte contre les changements climatiques au cours des prochaines années afin de permettre à des pays en développement de faire la transition vers des économies plus vertes. Par ailleurs, le gouvernement vient d'acheter un pipeline pour la somme de 4,5 milliards de dollars.
Dans la pratique, le gouvernement referait-il dans d'autres secteurs ce qu'il a fait dans ce secteur, où il a alloué 2,65 milliards de dollars pour lutter contre les changements climatiques et améliorer la situation dans le dossier des enjeux climatiques?
Voyez-vous une différence? Allons-nous faire la même chose à l'étranger, puisque nous l'avons fait ici, avec les 2,65 milliards de dollars?
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Puisque nous sommes sur le sujet des subventions et contributions et des ETP, des membres de la société civile me disent souvent qu'au fil des ans, pas récemment mais au cours de la dernière décennie, moins d'accords de contribution sont conclus pour privilégier davantage les contrats et les ententes ponctuelles à court terme. Le temps qu'il faut pour que les propositions de projet soient approuvées augmente. De toute évidence, il y a des éléments qui sont très difficiles pour les organisations canadiennes. Souvent, leurs employés sont financés par l'entremise de différents projets. Très peu d'entre eux reçoivent du financement de base.
J'aimerais revenir au développement démocratique. Très souvent, on ignore ce qui se passera dans un pays. On peut prévoir de l'aide au processus électoral mais les élections sont retardées, ou on peut prévoit un programme parlementaire à long terme, puis le Parlement est dissous ou autre chose se produit. Dans certaines régions, il faut intervenir rapidement. Le Venezuela à l'heure actuelle est un exemple où il faut absolument intervenir très rapidement. Parfois, c'est moins prévisible. On a suggéré de conclure davantage d'accords à long terme, des accords de 10 ans, par exemple, ce qui serait très flexible et nous permettrait d'intervenir rapidement en respectant certains paramètres mais tout en permettant à ces organisations canadiennes...
Il y a aussi le problème suivant: une bonne partie de notre soutien devrait être offert aux organisations qui sont établies au Canada et à nos partenaires locaux.
Y a-t-il un moyen que nous pourrions prendre des mesures pour offrir ce type de soutien soutenu à long terme, plus particulièrement pour que les organisations n'embauchent pas des employés, les licencient par la suite pendant trois ou quatre mois, puis les rappellent lorsqu'elles ont un nouveau projet? Y a-t-il un moyen d'offrir ce soutien à plus long terme, car c'est non seulement avantageux pour les ONG mais aussi pour l'aide au développement, pour ces partenariats, les partenariats locaux sur le terrain? Dans le milieu politique et dans une démocratie, les partenariats politiques qui sont établis sont extrêmement importants. Vous pouvez facilement perdre ces partenariats si vous vous retirez d'un pays et essayez d'y revenir. Des mesures sont-elles prises en ce sens?
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Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
J'aimerais vous interroger sur une chose que j'ai lue dans votre plan ministériel. On peut voir que votre priorité 2, la promotion de la politique étrangère féministe du Canada, s'intègre harmonieusement au cinquième objectif de développement durable, mais un des points soulevés est que 50 % de l'aide bilatérale en 2020-2021 sera consacré aux pays d'Afrique subsaharienne, car le financement est adapté en fonction des pays les plus pauvres.
On remarque qu'il y a beaucoup d'autres intervenants en Afrique subsaharienne: d'autres pays, des ONG et des CSO. Il y a la Francophonie, les Nations unies, le FMI et la Banque mondiale. Il y a plusieurs entités à l'oeuvre dans la région. Donc, ma question est un peu large.
Si nous choisissons de déployer nos efforts dans cette région du globe, comment allons-nous faire la distinction? Comment ferons-nous pour nous assurer que là où les fonds canadiens seront affectés, les programmes canadiens seront exécutés? Comment allons-nous choisir nos partenaires, ceux avec lesquels nous ne voulons pas travailler, dans quels pays déployer nos efforts, quels pays n'ont pas besoin d'aide et lesquels en ont besoin? Comment allez-vous établir ces paramètres et convenir d'une carte routière quelconque, puisque 50 % des fonds seront affectés à des pays dans cette région du monde?
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Merci beaucoup pour cette information.
J'aimerais souligner un autre point. En 2010, j'assurais la gestion d'un projet mondial pour les femmes en politique. Les membres de mon personnel étaient répartis sur cinq continents.
Un jour, ma coordonnatrice régionale pour l'Afrique subsaharienne a communiqué avec moi par Skype et m'a dit: « Vous, les Canadiennes, êtes des hypocrites. » J'ai été prise de court. Je lui ai demandé ce qu'elle voulait dire. Elle m'a répondu: « J'ai fait des études à l'Université McGill et je sais que les Canadiennes ont des droits génésiques, mais ce n'est pas acceptable pour nous, les Africaines. »
Elle faisait référence à une clinique dans sa ville natale, clinique financée par le Canada pendant 40 ans. Cette clinique offrait des services médicaux nécessaires dans une région touchée par un conflit. Elle offrait un soutien en santé sexuelle et reproductive à de jeunes filles, des jeunes filles de 14 ans, victimes de viols collectifs perpétrés par les milices. Puisque la clinique offrait des services d'avortement, le gouvernement Harper a éliminé le financement. Par conséquent, la clinique — presque sans préavis et après 40 ans de collaboration avec le Canada — a dû cesser d'offrir ces services de santé.
Ce que j'aimerais savoir — car il est clair que nous soutenons la santé reproductive et la liberté de choix des femmes —, c'est ce que nous faisons pour rebâtir ces relations brisées. Comment pouvons-nous nous rendre dans un village où les médecins et infirmières ont perdu leur emploi, où la clinique a fermé ses portes... que pouvons-nous faire pour retourner dans ces régions, rouvrir la clinique et demander à ces gens de nous faire à nouveau confiance? Y a-t-il une façon de rétablir et de rebâtir la confiance des gens, surtout les femmes dans les pays en développement?
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Chers collègues, voilà qui met fin à nos échanges avec les représentants du ministère.
Madame, monsieur, merci beaucoup. Vous n'êtes pas obligés de partir, mais libres à vous de le faire.
Nous allons maintenant passer aux votes, pour ensuite entendre l'avis de motion de M. Aboultaif. Il nous restera alors une ou deux autres choses à régler, mais très rapidement, selon la façon dont tout cela se déroulera.
Je vais vous lire le budget pour que vous sachiez ce qu'il en est.
MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, DU COMMERCE ET DU DÉVELOPPEMENT
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Crédit 1—Dépenses de fonctionnement..........1 706 736 559 $
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Crédit 5—Dépenses en capital..........135 243 378 $
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Crédit 10—Subventions inscrites à tout budget des dépenses pour l'exercice..........4 219 944 467 $
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Crédit 15—Paiements effectués..........50 779 000 $
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Crédit 20—Conformément au paragraphe 12(2) de la Loi d'aide au développement international (institutions financières)...........1 $
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Crédit L25—Conformément au paragraphe 12(2) de la Loi d'aide au développement international (institutions financières).........1 $
(Les crédits 1, 5, 10, 15, 20 et L25 sont adoptés avec dissidence.)
CENTRE DE RECHERCHES POUR LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL
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Crédit 1—Paiements au Centre..........139 338 189 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
COMMISSION MIXTE INTERNATIONALE (SECTION CANADIENNE)
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Crédit 1—Dépenses du programme..........11 267 974 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
Le président: Puis-je faire rapport à la Chambre du Budget principal des dépenses 2018-2019?
Des députés: D'accord.
Des députés: Avec dissidence.
Le président: Merci beaucoup. C'était la partie difficile pour aujourd'hui.
J'aimerais maintenant passer à l'avis de motion de M. Aboultaif. Il souhaite la présenter au Comité sans débat, puisque c'est un avis de motion. Nous n'allons pas en débattre, car j'ai cru comprendre qu'on ne s'entend pas à l'unanimité pour annuler l'avis.
Vous avez la parole.