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Monsieur le président, distingués membres du Comité, bonjour. Merci de me donner cette occasion de m'adresser à vous.
J'aimerais tout d'abord faire le point sur l'accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Mes observations liminaires devraient prendre moins de 10 minutes. Par la suite, nous serons là pour répondre à toutes vos questions et pour discuter plus en profondeur de certains enjeux.
La signature le 30 novembre 2018 de l'Accord Canada–États-Unis–Mexique, l'ACEUM — ou, comme beaucoup l'appellent, le nouvel ALENA — est venue au terme de 13 mois d'intenses négociations qui ont mobilisé un large éventail de représentants et d'intervenants et qui ont mis à profit les liens étroits tissés entre les fonctionnaires des gouvernements fédéral et provinciaux. L'accord a permis d'atteindre plusieurs résultats clés qui ont contribué à renforcer l'intégrité du marché nord-américain, à préserver l'accès du Canada aux marchés américain et mexicain, et à moderniser certaines dispositions de façon à refléter notre économie moderne et l'évolution du partenariat nord-américain.
Le 10 décembre 2019, après plusieurs mois de discussions intensives avec nos homologues américains et mexicains, les trois parties prenantes de l'ALENA ont signé un protocole d'amendement visant à modifier certaines dispositions de l'accord initial concernant le règlement des différends entre États, le travail, l'environnement, la propriété intellectuelle et les règles d'origine dans le secteur automobile. Bien que ces modifications découlaient en grande partie du résultat de discussions qui se sont tenues aux États-Unis, le Canada a participé de près aux négociations de fond pour veiller à ce qu'elles aillent dans le sens des intérêts canadiens.
Tout au long des négociations, nous avons consulté de près les agriculteurs, les producteurs, les entreprises de transformation, les associations de gens d'affaires, les syndicats, la société civile et des groupes autochtones de tout le Canada. Tous ces intervenants ont grandement contribué au résultat final.
Dans le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire, le gouvernement a consulté plus de 275 intervenants au sujet de la modernisation de l'ALENA. Ces consultations ont été menées dans le cadre de près de 300 interactions en personne qui se sont tenues entre le mois de février 2017 et le mois de décembre 2019. Cinquante-cinq de ces intervenants appartenaient à des secteurs soumis à la gestion de l'offre — nommément ceux des produits laitiers, de la volaille, des œufs et des entreprises de transformation connexes — et les quelque 230 autres étaient issus d'un large éventail d'industries agricoles englobant le grain et les oléagineux, les viandes, le sucre, les fruits et les légumes, et les entreprises de transformation connexes.
Pour mieux informer les Canadiens et Canadiennes des résultats, des documents ont été publiés sur le site Web d'Affaires mondiales Canada, dont le texte de l'accord et du protocole d'amendement, un bilan des résultats globaux et un résumé de chacun des chapitres de l'accord.
Pendant que nous sommes sur le sujet de la négociation proprement dite, je tiens à rappeler que les discussions sur la modernisation de l'ALENA ont été pour nous une expérience tout à fait particulière. Je m'explique. Habituellement, les partenaires d'un accord de libre-échange cherchent à libéraliser le commerce. Or, cette fois-ci, les États-Unis s'étaient dès le début fixé comme objectif de « rééquilibrer » l'accord en leur faveur. En outre, le président a à maintes reprises brandi la menace de se retirer de l'ALENA s'il était impossible de trouver une solution satisfaisante.
La position de négociation initiale des États-Unis comprenait des mesures peu conventionnelles, dont, notamment: le démantèlement complet du système canadien de gestion de l'offre; l'élimination du mécanisme binational de règlement des différends commerciaux pour les droits antidumping et compensateurs — c'est-à-dire le chapitre 19 de l'ALENA —; un mécanisme de règlement des différends qui aurait rendu l'accord totalement inapplicable; une exigence de 50 % de contenu américain pour les automobiles, qui aurait dévasté notre secteur de l'automobile; la suppression de l'exception culturelle; un chapitre sur les marchés publics qui aurait retiré l'accès aux marchés prévu dans l'ALENA et ainsi désavantagé le Canada par rapport à tous les autres partenaires d'accords de libre-échange des États-Unis; une clause de résiliation automatique de l'accord après cinq ans, appelée « clause d'expiration ».
L'administration américaine avait en outre pris une mesure sans précédent, soit celle d'imposer des droits de douane sur l'acier et l'aluminium en provenance du Canada en invoquant de prétendues menaces à la sécurité nationale, mais sans aucune justification légitime. Elle avait également lancé une enquête axée sur la sécurité nationale qui aurait pu aboutir au même résultat pour les automobiles et les pièces d'automobiles exportées par le Canada.
Face à cette situation, le Canada a mené de vastes consultations auprès des Canadiens au sujet des objectifs du processus de modernisation de l'ALENA.
Se fondant sur les vues exprimées et notre expertise interne en matière de politique commerciale, le Canada s'est fixé un certain nombre de grands objectifs qui peuvent être regroupés sous les trois grands thèmes suivants: tout d'abord, préserver les dispositions importantes de l'ALENA et l'accès aux marchés américain et mexicain; ensuite, améliorer et moderniser l'accord partout où il était possible de le faire; enfin, rendre l'accès aux marchés des États-Unis et du Mexique encore plus sûr et stable pour les entreprises canadiennes.
Le premier objectif, la préservation de l'ALENA, touche un certain nombre d'acquis importants, dont les engagements tarifaires qui assurent le maintien de l'accès en franchise de droits aux marchés américain et mexicain pour les produits originaires. Pour nos agriculteurs et entreprises de transformation des aliments, cela signifie le maintien d'exportations agricoles canadiennes d'une valeur de plus de 30 milliards de dollars vers les marchés nord-américains.
Il y a aussi le mécanisme fondé sur des groupes spéciaux binationaux pour régler les différends en matière de droits compensateurs et d'antidumping, qui est une composante essentielle des dispositions de l'ALENA et de l'Accord original de libre-échange entre le Canada et les États-Unis en ce qui concerne l'accès aux marchés pour les marchandises.
Nous avons en outre voulu préserver l'accès préférentiel du Canada aux États-Unis prévu au chapitre sur l'admission temporaire des gens d'affaires, l'accès prévisible et sûr pour les investisseurs et les fournisseurs de services ainsi que l'exception culturelle.
Enfin, nous avons voulu préserver le règlement des différends entre États, lequel a non seulement été préservé par l'intermédiaire d'un protocole d'amendement, mais aussi considérablement amélioré. En effet, le mécanisme convenu pour régler les différends avec les États-Unis et le Mexique est beaucoup plus efficace et efficient que ce qui existait auparavant.
Les États-Unis se sont opposés à presque tous ces objectifs.
Au chapitre de la modernisation de l'ALENA, nous sommes parvenus à moderniser les disciplines sur le commerce des marchandises et l'agriculture, notamment en ce qui concerne l'administration et les procédures douanières, les obstacles techniques au commerce et les mesures sanitaires et phytosanitaires. S'ajoutent à cela une nouvelle disposition sur le commerce des produits issus de la biotechnologie agricole et un nouveau chapitre sur les bonnes pratiques de réglementation, qui encourage la coopération et protège le droit du gouvernement de réglementer dans l'intérêt public, y compris pour assurer la santé et la sécurité.
L'accord établit aussi un mécanisme pour permettre aux parties de renforcer leur coopération et la diffusion d'information à l'échelle internationale sur un vaste éventail de questions d'intérêt mutuel dans le domaine de la biotechnologie agricole. Les nouvelles obligations en matière de biotechnologie agricole favoriseront la mise en place de procédures pratiques propres à faciliter les échanges concourant à la mise en marché de produits sûrs, ce qui rendra les conditions encore plus favorables au commerce et à l'innovation en Amérique du Nord.
Le nouvel accord fera presque doubler l'accès au marché américain pour le sucre raffiné du Canada. Il élargira l'accès des exportateurs canadiens au marché américain en mettant en place de nouveaux contingents tarifaires pour certains produits laitiers, comme le fromage, la crème, les boissons lactées et le beurre. En outre, le nouvel accord élimine les droits que les États-Unis appliquaient aux produits à base de lactosérum et à la margarine, pour laquelle les règles d'origine ont également été assouplies.
Le comité sur le commerce des produits agricoles prévu par l'accord a également été modernisé. Ce comité offre un cadre pour discuter des enjeux et des obstacles au commerce dans le secteur de l'agriculture et trouver des solutions à ces égards.
En ce qui concerne notre secteur des vins et des spiritueux, le nouvel accord protège le whisky canadien à titre de produit distinctif du Canada. Il protège aussi la définition et le mode de production traditionnel du vin de glace authentique. De plus, les vignobles et les distilleries du Canada conservent le droit de vendre uniquement leurs propres produits sur place.
Les engagements en matière de facilitation du commerce et de procédures douanières ont été modernisés pour le XXIe siècle afin de faciliter les échanges transfrontaliers, notamment par le recours à des processus électroniques qui réduiront les formalités administratives des exportateurs et leur permettront d'économiser de l'argent.
Les disciplines nouvelles et modernisées sur les obstacles techniques au commerce dans des secteurs clés sont conçues pour réduire au minimum les obstacles pour les Canadiens qui font des affaires aux États-Unis et au Mexique, tout en préservant la capacité du Canada de réglementer dans l'intérêt public. Nous avons aussi modernisé les obligations sur le commerce transfrontalier des services et les investissements.
En ce qui concerne le travail et l'environnement, nous avons fait d'importants progrès en concluant des chapitres ambitieux qui sont pleinement intégrés à l'accord et assujettis au mécanisme de règlement des différends.
Enfin, les résultats des négociations font progresser les intérêts du Canada vers un commerce inclusif, notamment par une plus grande participation des femmes et une meilleure prise en compte des intérêts des peuples autochtones.
Pour ce qui est des autres résultats, je dirais que, globalement, le Canada a pris certaines mesures progressives en lien avec les objectifs des États-Unis, particulièrement dans le domaine de la gestion de l'offre.
En ce qui concerne les secteurs canadiens des produits laitiers, de la volaille et des œufs, il est important de se rappeler que les États-Unis avaient explicitement et publiquement demandé le démantèlement complet du système canadien de gestion de l'offre. En fin de compte, nous avons réussi à en préserver les trois principaux piliers — c'est-à-dire le contrôle de la production, le contrôle des importations et le contrôle des prix — en nous assurant de maintenir l'intégrité du système à long terme et en n'accordant qu'un accès limité aux États-Unis. Le nouvel ALENA assure que le marché canadien demeurera desservi en grande majorité par les producteurs et les transformateurs laitiers du Canada.
Le gouvernement a exprimé clairement sa volonté d'accorder une compensation complète et équitable aux agriculteurs pour leurs pertes d'accès aux marchés. À l'automne 2018, le gouvernement du Canada a annoncé la formation de trois groupes de travail sur les secteurs des produits laitiers, de la volaille et des œufs. Ces groupes ont été chargés d'élaborer des stratégies d'atténuation pour compenser pleinement et de façon équitable les agriculteurs et les transformateurs actifs dans les secteurs soumis à la gestion de l'offre et les aider à s'adapter aux répercussions des accords commerciaux conclus récemment, dont le nouvel ALENA.
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Malgré cet incroyable succès, nous faisons face à une incertitude sans précédent. La prévisibilité des marchés est érodée par des gouvernements qui continuent de mettre en place des tarifs et d'autres mesures qui sont en contradiction flagrante avec les règles commerciales. C'est arrivé ici en Amérique du Nord, et nous observons la mise en place de ces mêmes mesures partout dans le monde.
Le printemps dernier, l'ACCA a publié une recommandation quant aux exigences de cette nouvelle réalité. Le document, intitulé Réaliser le potentiel d'exportation du Canada dans un monde imprévisible et férocement concurrentiel, décrit ce qu'il est nécessaire de faire, selon nous, pour que les exportations agroalimentaires canadiennes continuent de battre des records.
Dans ce document, notre première recommandation est de préserver et d'améliorer l'accès aux principaux marchés d'exportation — et c'est exactement ce qu'accompliront la ratification et l'entrée en vigueur de l'ACEUM.
Nous comprenons qu'un brouhaha nationaliste entoure ces débats. Nous l'avons observé lorsque nous avons assisté à tous les cycles de négociations pour le nouvel ACEUM, qu'ils aient eu lieu à Washington, ici, à Ottawa, à Montréal ou à Mexico. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes réjouis lorsque le Canada a conclu les pourparlers l'automne dernier, et pour laquelle l'ACCA a salué la fin des tarifs sur l'aluminium et l'acier.
Nous apprécions la valeur des marchés en franchise de droits, car le commerce en franchise de droits a permis à notre industrie agroalimentaire nord-américaine de prospérer énormément. Au cours des 25 dernières années, les exportations canadiennes de produits agroalimentaires vers les États-Unis et le Mexique ont quadruplé en vertu de l'ALENA, passant de 9 milliards de dollars en 1993 à 34 milliards de dollars en 2019. Aujourd'hui, les États-Unis et le Mexique sont respectivement le premier et le quatrième marché en importance pour les produits agroalimentaires canadiens, représentant environ 55 % de la totalité de nos exportations agroalimentaires.
Nous appuyons l'ACEUM parce qu'il s'appuie sur le succès de l'accord de l'ALENA. Il préserve l'accès en franchise de droits que nous avons obtenu grâce à cet accord, et il l'élargit dans quelques secteurs clés.
Nos membres, c'est-à-dire les centaines de milliers d'agriculteurs, d'éleveurs, de transformateurs de produits alimentaires et d'exportateurs de produits agricoles qui dépendent du commerce, se réjouissent que le gouvernement et le Parlement prennent des mesures pour ratifier l'ACEUM.
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Nos membres soulignent que les résultats suivants sont les principaux avantages du nouvel ACEUM.
L'accord ne contient aucune nouvelle mesure tarifaire et aucune mesure restreignant le commerce. Tous les produits agricoles qui ne font l'objet d'aucun droit de douane en vertu de l'ALENA ne feront l'objet d'aucun droit de douane en vertu du nouvel ACEUM. Le maintien d'un accès prévisible et exempt de droits de douane sur le marché nord-américain constitue une victoire importante pour les exportateurs canadiens de produits agricoles et agroalimentaires, une victoire qui contribuera à renforcer les chaînes d'approvisionnement qui ont été établies dans l'ensemble de l'Amérique du Nord depuis une génération.
Le nouvel accord prévoit également des progrès significatifs sur le plan de l'harmonisation et de la coopération en matière de réglementation. En particulier, je mentionnerais que la création du groupe de travail sur la coopération en matière de biotechnologie agricole et la création d'un nouveau comité sanitaire et phytosanitaire contribueront à garantir que la réglementation est transparente et fondée sur la science et que les échanges commerciaux en Amérique du Nord sont abondants et se déroulent librement et équitablement.
Un autre avantage clé pour nos membres est la préservation des dispositions relatives au règlement des différends, lesquelles sont essentielles pour garantir des processus justes et transparents en cas de désaccord. En réussissant à préserver le chapitre 19 dans son intégralité et une bonne partie du chapitre 20 de l'ALENA, le Canada a remporté une grande victoire en notre nom.
Le nouvel ACEUM prévoit également une amélioration de l'accès aux marchés pour les exportateurs canadiens de produits agroalimentaires, notamment une augmentation des quotas pour le sucre raffiné et les produits contenant du sucre, ainsi que des gains pour certains produits à base d'oléagineux transformés, tels que la margarine. Ce sont de bonnes nouvelles pour nos membres.
Toutes ces avancées contribuent à consolider les gains de l'ALENA et à apporter une certitude aux intervenants du marché nord-américain, ce qui est essentiel pour la réussite des producteurs et des exportateurs canadiens de produits agroalimentaires.
En conclusion, l'ACEUM représente, pour nos membres, une amélioration significative de l'ALENA en raison du maintien de notre système exempt de droits de douane, de l'établissement de processus qui permettent d'éliminer le reste des obstacles non tarifaires au commerce et du maintien des dispositions essentielles pour régler les différends.
Nous sommes impatients de travailler avec le gouvernement afin que l'ACEUM entre en vigueur et que nos membres puissent bénéficier des avantages de l'entente aussi rapidement que possible.
Merci.
Honorables membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, au nom de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes, j'aimerais vous remercier de l'occasion qui m'est donnée de discuter avec vous de l'étude des articles 44, 46, 53 et 59 du projet de loi .
L'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes (ACDFL) est une association commerciale sans but lucratif qui existe depuis 95 ans. Elle représente plus de 860 entreprises membres qui exercent leurs activités au Canada au sein d'une chaîne d'approvisionnement qui contribue pour 17,4 milliards de dollars au PIB réel et qui soutient 249 000 emplois au pays. De plus, le secteur canadien des fruits et légumes verse des salaires totalisant 9,8 milliards de dollars. Ensemble, les membres de l'ACDFL sont responsables de l'approvisionnement de 90 % des fruits et légumes achetés par les Canadiens. En sa qualité d'association industrielle, l'ACDFL représente la totalité de la chaîne d'approvisionnement de fruits et légumes frais, de la ferme à l'assiette.
Nos observations reflètent le point de vue d'un vaste éventail de membres qui participent à l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement et qui s'emploient quotidiennement à offrir les choix en matière de fruits et de légumes demandés par les Canadiens. Cet éventail va des cultivateurs aux détaillants, en passant par les services d'alimentation.
L'industrie des fruits et légumes est unique en son genre. Cet important moteur économique est composé d'entreprises rurales, provinciales, nationales et internationales qui conjuguent leurs efforts pour accroître la consommation de fruits et légumes. L'ACDFL représente l'industrie dans tous les secteurs d'incidence, dont la durabilité — qui englobe actuellement des efforts considérables liés à l'emballage —, la recherche, l'innovation, les infrastructures, la modernisation de la réglementation et le commerce, pour ne nommer que ceux-là.
Depuis la mise en œuvre de l'ancien Accord de libre-échange de l'Amérique du Nord, ou ALENA, en 1994, les exportations canadiennes de fruits et légumes frais vers le Mexique et les États-Unis ont augmenté d'environ 396 %, après avoir ajusté les chiffres pour tenir compte de l'inflation. Cette croissance témoigne de l'importance de bénéficier d'échanges commerciaux libres de tarifs douaniers et d'intégrer les marchés à l'intérieur de l'Amérique du Nord et de l'industrie des fruits et légumes frais.
De plus, la chaîne d'approvisionnement intégrée d'Amérique du Nord représente toujours un instrument important qui permet de veiller à ce que les consommateurs canadiens bénéficient d'une offre uniforme et diversifiée de fruits et légumes frais à longueur d'année, malgré la saison de croissance relativement courte du Canada.
Pour atteindre l'objectif de 2025 du gouvernement canadien en matière d'exportations agroalimentaires et pour veiller à ce que les Canadiens puissent suivre les recommandations du guide alimentaire canadien en remplissant la moitié de leur assiette de fruits et légumes frais, il est essentiel que l'accès à ces aliments continue d'être exempt de tarifs douaniers en vertu de l'ACEUM.
Soit dit en passant, l'industrie est heureuse que, dans le texte final de l'ACEUM, aucun changement lié à la saisonnalité ou aux fruits et légumes n'ait été apporté aux lois sur les sanctions commerciales. C'est là un aspect que nous continuerons de surveiller, car nous croyons comprendre que des pressions à cet égard sont toujours exercées sur le Bureau du représentant américain au commerce par certains segments de l'industrie américaine. C'est là un aspect sur lequel nous souhaitions attirer votre attention. Nous tenons à ce que l'ACEUM soit ratifié et, par conséquent, nous sommes ravis de comparaître devant vous aujourd'hui au nom de l'industrie.
En ce qui concerne les raisons pour lesquelles nous sommes présents aujourd'hui, j'aimerais formuler les commentaires suivants au sujet des articles 44, 46, 53 et 59 du projet de loi . Selon notre compréhension du changement au paragraphe 6.2(1.1) de la Loi sur les licences d'exportation et d'importation, qui est proposé à l'article 44(1), il est simple de supprimer l'allusion à l'AECG — je crois que la formulation employée est la suivante: « soit aux fins de la mise en œuvre de l'AECG » —, et nous appuyons ce changement. L'article 44 concerne précisément les produits laitiers, lesquels ne font pas partie du mandat de l'ACDFL. En conséquence, il ne conviendrait pas que nous formulions des observations au sujet de cet article.
L'article 46 semble viser à apporter une modification simple à la même loi en ajoutant le libellé suivant: « régir les droits à l’exportation visés au paragraphe 6.?2(5) ». Toutefois, sauf erreur, il n'y a pas de paragraphe 6.2(5) dans la Loi sur les licences d'exportation et d'importation. Nous allons donc nous abstenir de formuler des observations au sujet de ce changement jusqu'à ce que cet aspect ait été clarifié. Il est peu probable que nous nous opposions à ces droits à l'exportation s'ils rendent compte de la pratique actuelle, mais nous aimerions comprendre cette disposition. Si nous avons mal compris le libellé, je m'en excuse, mais j'ai passé en revue la Loi à quelques reprises, et je ne vois pas ce paragraphe. Le paragraphe 6.2(4) est le dernier.
L'article 53 fait allusion à la Loi sur les engrais. Comme nous ne possédons pas les compétences nécessaires pour formuler des observations sur les particularités de cette disposition, nous allons nous en remettre au jugement de nos collègues à Fertilisants Canada et au Conseil canadien de l'horticulture à cet égard, et nous allons appuyer leur point de vue. Toutefois, nous aimerions vous faire observer que, pour être en mesure de continuer à fournir une capacité de production au Canada, notre industrie est grandement tributaire des intrants liés à la production de fruits et légumes frais. Il va de soi que nous aimerions que les intrants liés aux engrais restent en place.
L'article 59 fait allusion à la Loi sur les graines du Canada. Je précise encore une fois que cela dépasse la portée de notre mandat. Par conséquent, nous allons, à cet égard, nous en remettre au jugement de nos collègues qui travaillent dans ce secteur.
En conclusion, j'aimerais souligner le fait que nous appuyons la ratification de l'ACEUM et le projet de loi .
Je vous remercie du temps que vous nous avez accordé pour faire un exposé aujourd'hui, au nom de notre industrie.
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Monsieur le président et distingués membres du Comité, merci.
Je m'appelle Shane Stokke et suis vice-président des Producteurs de grains du Canada. Notre organisation assure une représentation nationale forte aux producteurs de céréales, d'oléagineux et de légumineuses de partout au pays. Nous sommes donc heureux d'avoir été invités par le Comité à nous exprimer sur les aspects précis du projet de loi qui touchent le secteur des grains.
Mes terres sont à Watrous, en Saskatchewan, à une heure de route à l'est de Saskatoon. Mes cultures sont très variées, et je dépends fortement du commerce, sans lequel mes activités ne pourraient être ni rentables ni réalistes.
Le message des Producteurs de grains du Canada sur l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, aussi appelé ACEUM, et le projet de loi est simple: l'adoption de l'accord doit se faire rapidement. Nos membres de partout au pays ont besoin de plus de certitude pour investir et cultiver leurs terres. Les agriculteurs souffrent déjà des répercussions des guerres commerciales mondiales, des différends diplomatiques, de la hausse du coût des intrants, des taxes plus élevées et de conditions météorologiques difficiles. La dernière chose dont ils ont besoin, c'est d'un climat commercial incertain à l'échelle du continent. Nos produits d'exportation doivent être exempts de droits de douane. Les agriculteurs canadiens fondent leur réussite sur la stabilité des marchés, et la ratification de l'ACEUM leur permettra de tirer profit de nouvelles possibilités de croissance auprès de nos plus proches partenaires commerciaux.
En ce qui a trait au projet de loi devant nous, monsieur le président, je suis heureux de vous faire part, à la demande du Comité, de nos observations sur l'article 59 du projet de loi ainsi que sur les articles y afférents de la Loi sur les grains du Canada. Cet article vient remédier à un irritant commercial de longue date pour les États-Unis et le Canada. Essentiellement, les modifications proposées apportent une plus grande équité. Elles assurent en effet la possibilité de classer toutes les variétés de blé enregistrées au Canada selon un grade de grain canadien, peu importe où elles ont été cultivées. J'en profite pour souligner que des modifications semblables ont été proposées par le gouvernement précédent dans le projet de loi avant les élections de 2015, mais que celui-ci est mort au Feuilleton à la dissolution du Parlement. Nous étions en faveur de ces modifications en 2015 et sommes très heureux de constater qu'elles sont à nouveau proposées. Nous espérons qu'elles prendront bientôt effet grâce à une ratification rapide de l'ACEUM par l'intermédiaire du projet de loi .
Les systèmes de classement et de manutention des grains au Canada ont connu des transformations majeures ces 10 dernières années. La solution qui est proposée ici est essentielle pour remédier au dernier irritant commercial transfrontalier des producteurs de grains américains, et nous soutenons cette modification. Selon le système en vigueur, les variétés canadiennes enregistrées qui sont cultivées aux États-Unis et vendues par l'intermédiaire du système de manutention en vrac du Canada obtiennent automatiquement le grade correspondant au niveau le plus bas possible. Cette modification permettra d'attribuer aux grains cultivés aux États-Unis un grade canadien et, par le fait même, adéquat. Au titre de la Loi sur les grains du Canada, rien n'empêche les entreprises comme des meuneries d'acheter des grains aux caractéristiques précises à l'extérieur du système de classement, et cette possibilité demeure.
Actuellement, une quantité importante de grains n'est pas écoulée par l'intermédiaire du système de manutention en vrac du Canada. Nous ne croyons pas que cette modification entraînera d'augmentation marquée. Grâce à elle, le Canada pourra désormais offrir plus aisément la réciprocité à ses partenaires commerciaux, ce que nous soutenons et attendons en retour. De telles modifications montrent en outre que le Canada est convaincu du bien-fondé d'un système de commerce international fondé sur les règles, et nous sommes heureux de donner l'exemple à cet égard. Le retrait de ce dernier irritant commercial de longue date permettra aussi au Canada de cultiver sa croissance.
Même si nous estimons qu'une réforme future de la Loi sur les grains du Canada est à prévoir, le fait de permettre aux agriculteurs canadiens d'être sur un pied d'égalité avec nos partenaires commerciaux leur donnera beaucoup plus de contrôle sur toute modification éventuelle de la Loi. En effet, les intervenants canadiens pourront s'engager fermement envers toute modification à la Loi pour veiller à ce qu'elle soit apportée au bénéfice de tous les producteurs de grains canadiens.
En conclusion, l'ACEUM assure le maintien d'un commerce exempt de droits de douane, établit des processus qui favorisent l'élimination des obstacles techniques au commerce et maintient des dispositions essentielles au règlement des différends.
Je serai heureux de répondre à vos questions si vous en avez.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins. Je suis heureux de revoir beaucoup d'entre vous. Ces deux dernières années, nous nous sommes souvent rencontrés. Il est réconfortant de revenir dans ce comité pour discuter de questions qui nous tiennent tous à cœur.
Je comprends bien sûr que, tous les trois, vous désiriez vivement la mise en œuvre la plus rapide possible de l'accord, mais notre comité est astreint à un délai assez strict. Ce n'est qu'à notre dernière séance que nous avons reçu l'invitation de la présidente du Comité permanent du commerce international à lui communiquer nos recommandations et nos propositions de modifications.
Sauf erreur, si je me fie à vos attitudes et à votre étude des clauses dont notre comité est saisi, l'accord semble bien sûr perfectible, mais les clauses actuelles vous satisfont en général assez bien.
Voyons cela d'un angle un peu différent. Mon problème et, bien sûr, celui de mon parti, relativement à la manière dont ont été négociés les accords commerciaux, est que l'organe législatif que nous sommes, quand nous recevons le projet de loi de mise en œuvre, se trouve essentiellement devant un fait accompli. Il s'ensuit un problème dans l'invitation à proposer des recommandations ou des modifications à l'autre comité, parce que, bien sûr, les amendements que nous proposerions pour le projet de loi exigeraient la réouverture des négociations par le Canada.
Nous sommes essentiellement un organe législatif saisi d'un produit fini. Nous ne pouvons que l'accepter ou le rejeter. La négociation d'un accord commercial est un pouvoir régalien, mais notre organe législatif essaie sans cesse d'y participer plus activement.
Gardons le contact, parce que d'importantes négociations commerciales s'en viennent, avec les pays d'Amérique du Sud et, peut-être, le Royaume-Uni.
Mon collègue, , qui siège au comité du commerce international, a soulevé la question — et la l'a confirmé aujourd'hui: désormais le gouvernement notifiera au Parlement son intention d'entamer des négociations commerciales 90 jours d'avance. Nous obtiendrons désormais un énoncé de nos objectifs pour ces négociations et des énoncés des impacts économiques qui seront déposés avec le projet de loi de mise en œuvre. C'est une victoire éclatante pour tous les parlementaires, qui nous donne un rôle semblable à celui du Congrès américain et du Parlement européen: en pouvant intervenir dès le début, nous aurons le sentiment de peser dans la balance.
Je voudrais vous entendre, chacun de vous, sur ce que vous pensez de ces propositions. Notre comité n'a pas vraiment de latitude dans ce dossier. Nous subissons beaucoup de pression pour que cela aboutisse, et il est sûr que je comprends les inquiétudes exprimées sur l'incertitude qui règne chez nos voisins du Sud.
Je vous laisse commencer, puis les autres suivront, dans l'ordre.
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Pour atténuer les répercussions négatives de l'ACEUM, nous proposons une approche en deux volets: premièrement, l'attribution de licences d'importation de produits laitiers aux transformateurs laitiers canadiens; deuxièmement, un programme d'investissement dans le secteur de la transformation laitière.
En ce qui concerne l'attribution des contingents, nous voulons réitérer aujourd'hui que les licences d'importation de produits laitiers, communément appelées contingents d'importation de produits laitiers, doivent être attribuées aux transformateurs de produits laitiers. Les transformateurs possèdent l'expertise nécessaire et le réseau de distribution pour importer une grande variété de produits laitiers, tout en s'assurant de perturber le moins possible le marché canadien.
Le gouvernement doit absolument s'abstenir de répéter la même erreur que dans le cas de l'Accord économique et commercial global, ou AECG, alors qu'il a attribué plus de la moitié des contingents aux parties prenantes qui n'appartiennent pas à l'industrie laitière, qui sont les détaillants et les courtiers. Ces acteurs, qui ne sont pas de l'industrie laitière, n'ont pas d'intérêt direct, alors que, au contraire, les transformateurs laitiers ont tout intérêt à importer les fromages et à minimiser l'impact sur les lignes de production et les plateformes de fabrication existantes, et ce, sans déplacer le lait produit par les fermes canadiennes. De plus, les transformateurs canadiens continuent à innover, à investir et à maintenir des emplois bien rémunérés partout au pays. Des importations supplémentaires mal planifiées ou mal ciblées viendront fragiliser la survie de plusieurs entreprises.
En ce qui a trait au programme d'investissement, qui est le deuxième volet, l'industrie de la transformation laitière est composée d'organisations de taille et de combinaison de produits différents, qui subiront tous des répercussions importantes découlant de ces accords commerciaux. À ce titre, nous recommandons que le gouvernement crée un programme de compensation et d'investissement dans le secteur laitier, qui viserait à soutenir les investissements dans les installations de transformation et dans les usines pour accroître la compétitivité et moderniser nos usines.
Ce programme pourrait inclure des outils comme des contributions non remboursables pour les investissements, des crédits d'impôt remboursables, et le reste. Le programme fonctionnerait sur la base d'un principe de contrepartie pour s'assurer qu'on peut fournir des fonds si on fait des investissements.
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Je vous remercie de m'offrir l'occasion de témoigner aujourd'hui au sujet d'un accord commercial important pour la réussite du milieu et de l'industrie agricoles au Canada.
L'agriculture constitue une composante vitale de la trame économique, politique et sociale du Canada, et est essentielle au bien-être de tous les Canadiens. Elle joue un rôle stratégique dans les communautés rurales, dont elle constitue les fondements. Le secteur agricole et agroalimentaire apporte une contribution substantielle à l'économie canadienne, fournissant directement un emploi sur huit, employant 2,1 millions de personnes dans les régions rurales et urbaines du Canada, et étant la source de 6,7 % du PIB total.
Une part importante de la croissance et de la réussite du secteur agricole et agroalimentaire du Canada est attribuable aux accords commerciaux internationaux et à l'expansion des marchés et des ventes d'exportation qui en découlent. Le marché canadien est tout simplement trop petit pour permettre de réaliser le potentiel de croissance de ce qui est devenu une industrie agricole efficace et à faible coût qui jouit d'une renommée mondiale.
À l'heure actuelle, l'industrie dépend des marchés extérieurs pour 60 % de sa production. Par conséquent, elle est toujours à l'affût de nouveaux marchés rentables et attend impatiemment les résultats et les débouchés potentiels de chaque négociation bilatérale ou multilatérale.
Cela étant dit, il est également important d'admettre que nos secteurs soumis à la gestion de l'offre ont établi des industries stables et viables sans dépendre des marchés extérieurs. Il importe aussi de veiller à ce que les accords commerciaux que le Canada négocie ne perturbent et ne déstabilisent pas ces secteurs.
L'ALENA a favorisé la croissance de la production et de la transformation agricoles non seulement au Canada, mais aussi au Mexique et aux États-Unis. Il a permis la création d'un marché comptant 449 millions de consommateurs et généré des ventes de 289 milliards de dollars canadiens en produits agroalimentaires et en produits de la mer. L'ALENA a eu des retombées indéniables, et ce, depuis sa mise en œuvre. Le commerce agricole entre le Canada et ses deux partenaires nord-américains a augmenté considérablement depuis l'entrée en vigueur de l'ALENA, atteignant quelque 66 milliards de dollars canadiens en commerce réciproque avec les États-Unis seulement et quelque 5 milliards de dollars avec le Mexique.
Près de 80 % des exportations totales d'aliments transformés du Canada prennent le chemin du Mexique et des États-Unis. Le Canada est le premier fournisseur de produits agricoles des États-Unis, avec un apport de 19,3 %. Comme l'écart entre les exportations agricoles mondiales et canadiennes aux États-Unis s'élève à 121,9 milliards de dollars, et comme le Canada est un important fournisseur pour au moins 6 des 10 principaux produits agricoles importés aux États-Unis — soit le bœuf, le porc, les produits de boulangerie, les légumes, l'huile de canola et les aliments pour animaux —, nous avons le potentiel d'accroître le commerce agricole avec les Américains.
Il en va de même pour le Mexique, où la classe moyenne est en expansion. Dans ce pays, le Canada est le deuxième fournisseur de produits agricoles, les exportations s'élevant à 2,3 milliards de dollars sur un total de 5 milliards de dollars canadiens en commerce réciproque.
En outre, l'intégration entre le Canada et les États-Unis est tel que nos industries respectives en sont arrivées à dépendre de l'ouverture des frontières pour se renforcer et s'approvisionner mutuellement.
Dans le cas de l'Iowa, par exemple, nos échanges commerciaux totalisent 2 milliards de dollars. Cet État exporte au Canada près de 300 millions de dollars en aliments pour animaux, le Canada y exporte quelque 170 millions de dollars en porcs vivants, et il nous renvoie 180 millions de dollars en porc frais et congelé. Le commerce et l'investissement avec le Canada se traduisent par la création de 100 000 emplois en Iowa seulement.
Depuis le début, la Fédération canadienne de l'agriculture soutient que l'ALENA n'avait aucunement besoin d'être renégocié, et que des modifications et des améliorations auraient fort bien pu être apportées à l'accord déjà en place. La priorité, bien entendu, consistait à conserver les avantages dont le secteur agricole canadien bénéficiait déjà, à veiller à ce que les secteurs soumis à la gestion de l'offre ne fassent pas les frais des concessions relatives à l'accès au marché, à réussir à améliorer l'accès au marché pour nos producteurs de betteraves à sucre, et à bonifier l'harmonisation de la réglementation et l'équité au chapitre du soutien à l'échelle nationale.
Lorsqu'on examine le nouvel ACEUM, il est évident que l'ouverture des frontières et les retombées commerciales qui en découlent restent en grande partie intactes. En fait, nous avons obtenu des avantages supplémentaires, mais à un prix élevé — trop élevé, diront certains. Les producteurs de betteraves à sucre ont manifestement obtenu les gains les plus substantiels dans ce nouvel accord. Depuis l'Accord de libre-échange initial entre le Canada et les États-Unis, lequel exigeait l'institutionnalisation de contingents tarifaires fixés à des niveaux d'importation sans précédent dont les États-Unis ont fait fi, l'industrie canadienne du sucre s'est vu imposer des contingents tarifaires très restrictifs par les États-Unis. Dans l'ACEUM, notre accès pour le sucre tiré de la betterave à sucre a plus que doublé, la limite ayant été portée à 20 000 tonnes.
Pour assurer la réussite de tout accord commercial, il est essentiel de réduire les obstacles non tarifaires au commerce. Voilà qui requiert un processus pour assurer la transparence, la collaboration et l'harmonisation au chapitre de la réglementation.
La Fédération canadienne de l'agriculture salut les efforts que le gouvernement a déployés pour inclure les dispositions figurant au chapitre 28 de l'accord, lesquelles réclament que les autorités de réglementation nord-américaines fassent preuve de transparence et instaurent un processus de communication et de collaboration.
L'établissement d'un comité sur les pratiques réglementaires exemplaires, composé de représentants du gouvernement, dont des organismes centraux de réglementation, renforcera la collaboration afin de faciliter le commerce entre toutes les parties. Le Canada s'est efforcé de convaincre les États-Unis de ne pas exiger de nouvelle inspection des importations de bœuf canadien aux passages frontaliers, mais en vain. Cette question devrait faire partie des priorités auxquelles le comité sur les pratiques réglementaires exemplaires s'attaquera.
Les agriculteurs canadiens continuent d'affronter la concurrence de producteurs américains bénéficiant d'un degré très élevé de soutien, et même si ces subventions internes sont assujetties aux règles commerciales internationales, elles confèrent aux agriculteurs américains un avantage comparatif artificiel et inéquitable, et ce, malgré le fait que le soutien interne relève de l'autorité de l'OMC. Sur une note positive, je ferais remarquer que l'article 3.6 de l'ACEUM indique qu'il faut veiller à ce que les formes de soutien aient un effet de distorsion commerciale inexistant ou, tout au plus, minime, et que si une partie à des préoccupations, il existe un processus pour discuter et chercher à atténuer les répercussions sur le commerce.
Le secteur agricole canadien a établi et développé une industrie d'exportation florissante, mais pour réussir, cette dernière doit fonctionner dans le cadre d'un solide système commercial fondé sur les règles. Un tel système doit comporter un mécanisme de règlement de différends commerciaux efficace. Voilà pourquoi il était essentiel de conserver le chapitre 19, lequel constituera un élément important en permettant à tous de lutter sur un pied d'égalité.
Même si l'ouverture des frontières entre les États-Unis et le Canada n'a jamais été menacée, le Canada a payé le prix fort pour conclure la renégociation de l'accord en concédant aux États-Unis un accès substantiel au marché pour les produits laitiers, la dinde, le poulet et les œufs de table. C'est un autre coup dur économique dans la foulée de l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste et de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne. À titre d'exemple, le cumul des concessions consenties par le Canada au chapitre de l'accès dans le cadre de l'OMC, de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, de l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste et de l'ACEUM — des concessions qui ont un effet dévastateur sur les industries soumises à la gestion de l'offre —, correspondra à 18 % de notre marché laitier d'ici 2024.
Les industries soumises à la gestion de l'offre attendent anxieusement que le gouvernement honore son engagement à atténuer rapidement et entièrement les répercussions de ces accords.
De plus, il faut tout faire pour éliminer toutes les formes de contournement des contingents tarifaires qui font croître le volume des importations bien au-delà des limites négociées à cet égard.
Outre les concessions relatives à l'accès au marché, deux questions alarment notre industrie: les concessions faites par le Canada sur le plan de l'élaboration de politiques et le contrôle des exportations. Sachez d'abord que le Canada a accepté de consulter les États-Unis avant de modifier ses politiques dans le secteur laitier. Il s'agit manifestement d'une perte de souveraineté en matière d'élaboration de politiques que le Canada n'aurait jamais dû accepter.
En outre, à l'article 3.A.3 du chapitre 3, le Canada a accepté de limiter les exportations de concentré de protéine de lait, de lait écrémé et de lait maternisé du secteur laitier vers les pays adhérant à l'ACEUM et ceux qui n'en sont pas partie, et d'imposer des droits aux exportations excédentaires. Voilà qui est troublant à plusieurs égards. Le Canada s'élève depuis longtemps contre le recours aux tarifs à l'exportation pour réglementer le commerce. Cette mesure, qui pourrait bien être contestée par d'autres pays membres de l'OMC au titre de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, établit un dangereux précédent en permettant à un accord commercial régional et à une de ses parties de contrôler le commerce d'une autre partie avec des pays n'adhérant pas à l'accord.
Enfin, il s'agit d'un précédent qui pourrait avoir des répercussions sur les secteurs agricoles canadiens qui dépendent des exportations. Par exemple, si les exportations canadiennes vers d'autres pays surpassent celles des États-Unis, ces derniers pourraient tenter d'utiliser l'ACEUM ou d'autres mécanismes pour gérer ou restreindre le commerce du Canada avec le reste du monde.
En conclusion, la Fédération canadienne de l'agriculture félicite le gouvernement du rôle qu'il a joué dans la conclusion d'un accord. On ne saurait exagérer l'importance que revêtent les marchés extérieurs rentables pour le secteur agricole canadien. La Fédération implorerait toutefois le gouvernement de négocier des accords commerciaux bénéfiques dans le secteur agricole sans payer le prix fort que nous avons payé par le passé en acceptant des concessions en matière d'accès dans les marchés canadiens soumis à la gestion de l'offre.
Merci.
:
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. Je suis ravi d'être des vôtres aujourd'hui.
Je suis Dave Taylor, un producteur laitier de l'île de Vancouver.
M. Alistair MacGregor: C'est ce qu'il fait.
Des députés: Oh, oh!
M. Dave Taylor: Oui, Alistair et moi nous connaissons.
Je suis accompagné aujourd'hui de Jacques Lefebvre, chef de la direction pour Producteurs laitiers du Canada.
J'aimerais m'éloigner du mémoire un instant pour dire que je pense que la majorité d'entre vous ont des producteurs laitiers dans leur circonscription, et ils ont tous une histoire à raconter. Nous avons tous une histoire. Lorsque j'étais enfant, je voulais cultiver la terre. J'ai pu le faire, et je suis reconnaissant de l'occasion que j'ai eue. À la fin des années 1970, mon père avait une exploitation laitière d'une taille assez importante pour l'île de Vancouver. Il a élargi ses opérations en mettant sur pied une exploitation maraîchère également. Il a construit des serres et un commerce de détail. Bien entendu, en 1982, lorsque les taux d'intérêt ont monté en flèche et atteint des niveaux élevés, il a tout perdu. Il nous restait 20 vaches, 10 génisses, 500 litres de quota, et rien d'autre. Cela m'a motivé à faire des études universitaires. Je faisais des allers-retours entre l'université et la ferme et, en 1995, j'ai pu revenir à l'exploitation agricole. Depuis ce temps, cela fait 25 ans — ça fera 25 ans cette semaine en fait — que mon frère, mon père et moi pratiquons l'agriculture ensemble. Nous continuons de cultiver la terre ensemble. Mon père a 81 ans. Il participe encore à l'exploitation agricole, aux côtés de la prochaine génération, car mon fils participe aussi aux opérations maintenant. C'est un plaisir de pratiquer l'agriculture. Il y a eu d'excellentes occasions au cours des 25 dernières années, mais il y a eu de véritables obstacles récemment, et j'aimerais en parler un peu dans ma déclaration d'aujourd'hui.
Au nom de tous les producteurs laitiers canadiens — et je sens la pression aujourd'hui —, je veux vous remercier de l'occasion de vous faire part de notre perspective sur certaines dispositions du projet de loi et l'Accord Canada-États-Unis-Mexique. Les concessions accordées dans l'ACEUM ont mis les producteurs laitiers canadiens dans un étau, d'une part, en impartissant une portion de notre production intérieure à des producteurs laitiers étrangers. Après avoir exclu une part de notre production intérieure dans l'AECG, puis dans le PTPGP, vous demandez maintenant à nos agriculteurs de faire un autre sacrifice. Pour être clair, l'incidence totale de ces concessions concernant l'accès aux marchés, outre celles qui ont déjà été accordées par l'entremise de l'OMC, sera — et deux intervenants l'ont déjà mentionné — 18 % de notre production d'ici 2024. Le gouvernement a encore une fois affaibli notre secteur laitier canadien.
D'autre part, l'incidence accrue de l'accès aux marchés est le fait que l'avenue principale à la disposition du secteur laitier pour atténuer certaines de ces répercussions par l'entremise d'exportations a été supprimée par l'imposition d'un plafond sans précédent et, si je puis dire, radical sur nos exportations. C'est couvert à la disposition 44 du projet de loi, ce sur quoi je vais porter une partie de mon attention aujourd'hui.
L'ACEUM exige que toute exportation de poudre de lait écrémé, de concentrés de protéines de lait et de préparations pour nourrissons au-delà d'un seuil prédéterminé soit assujettie à un droit à l'exportation pour chaque kilogramme de produit additionnel exporté à l'échelle mondiale. Autrement dit, même si l'ACEUM est une entente qui devrait manifestement être limitée à ses trois signataires, le plafond sur les exportations de produits laitiers s'applique à tous les pays dans le monde. Cette exigence va bien au-delà de ce que l'on s'attendrait normalement dans une négociation commerciale et crée un précédent dangereux pour les accords futurs pour tous les autres secteurs, à mon avis. De plus, si les plafonds entrent en vigueur avant le 1er août, le début de la campagne laitière, le plafond sur la poudre de lait écrémé et les concentrés de protéines de lait passera de 55 000 tonnes à 35 000 tonnes le 1er août. C'est une baisse d'environ 35 % après possiblement seulement un, deux ou trois mois; nous ne sommes pas certains pour l'instant. Ce serait un autre coup dur pour notre marché des produits laitiers, qui n'aurait pas le temps de faire la transition.
Des centaines de milliers de Canadiens dépendent de ce secteur comme moyen de subsistance. Cela aurait des répercussions sur les collectivités partout au pays. Les consommateurs canadiens en subiront également les effets, car ils ne pourront plus s'assurer que le lait sur les tablettes est produit conformément aux mêmes normes élevées que le lait produit au pays. Par exemple, l'utilisation de l'hormone de croissance artificielle, la STbr, est interdite au Canada en raison de préoccupations concernant le bien-être des animaux, et ce, à juste titre. Ce n'est toutefois pas le cas aux États-Unis.
Étant donné que nous sommes dans un étau, nous demandons s'il y a une façon de réduire les répercussions par l'entremise d'une entente administrative entre le Canada et les États-Unis qui n'exigerait pas une réouverture de l'accord.
Outre l'accès aux marchés et le plafond sur les exportations, l'ACEUM exige également que le Canada consulte les États-Unis concernant tous les changements à l'administration de notre système national de gestion de l'offre. Cela signifie rien de moins que nous permettons aux États-Unis de surveiller l'administration de notre système canadien de production laitière. Cela remet en question l'indépendance du processus décisionnel au Canada et notre souveraineté.
Le s'est engagé à maintes reprises à verser une indemnisation complète et équitable au secteur des produits laitiers pour toutes les répercussions de l'AECG, du PTPGD et de l'ACEUM. Permettez-moi de bien me faire comprendre: plutôt que de recevoir une indemnisation, les producteurs laitiers canadiens auraient de loin préféré ne voir aucune concession dans le secteur laitier dans les récents accords commerciaux. J'aimerais répéter ce que je viens de dire: nous aurions de loin préféré ne voir aucune concession dans le secteur laitier dans les récents accords commerciaux. Cela dit, des concessions ont été faites et une indemnisation a été promise en contrepartie.
Les producteurs laitiers canadiens, qui sont tous touchés par les récents accords commerciaux et qui sont les mieux placés pour connaître leurs propres besoins, ont fait savoir que cette indemnisation devrait être versée sous forme de paiements directs. C'est conforme aux recommandations des agriculteurs du Groupe de travail sur l'atténuation mis sur pied par le gouvernement fédéral à la suite de la signature de l'ACEUM et à l'engagement du gouvernement à écouter les agriculteurs sur la façon dont les indemnisations devraient être versées. L'indemnisation directe est pour la perte de marchés. Les programmes gouvernementaux doivent favoriser la croissance dans une industrie. Il ne faut pas confondre les deux.
Par conséquent, nous recommandons que le gouvernement canadien respecte son engagement à indemniser pleinement et équitablement les producteurs laitiers pour réduire les répercussions de l'ACEUM, conformément aux recommandations formulées par le Groupe de travail sur l'atténuation.
Un autre point important que j'aimerais soulever est que l'Agence des services frontaliers du Canada n'a pas actuellement la formation, les outils ou les ressources pour surveiller efficacement les marchandises qui arrivent au Canada. Les frontières canadiennes sont poreuses. Ce problème s'aggravera davantage à mesure que les importations continuent d'augmenter à la suite des concessions accordées dans ces accords. Pour les consommateurs canadiens, il sera important que le gouvernement s'assure à la frontière que les aliments qui arrivent au Canada respectent les mêmes normes de salubrité et de qualité des aliments et que le Canada a la capacité de contrôler l'augmentation de produits étrangers qui entrent au pays à la suite de ces accords.
Enfin, il convient de noter que les répercussions des récents accords commerciaux ne touchaient pas seulement les producteurs laitiers. Nous encourageons donc fortement le gouvernement canadien à verser une indemnisation complète et équitable pour les répercussions que les récents accords commerciaux ont eues sur les transformateurs laitiers, ainsi que sur les producteurs de volaille et d'œufs.
Pour conclure, je reviens à la prochaine génération. Mon fils attend son premier enfant. Il a 24 ans. Il travaille à temps plein à la ferme actuellement. Il m'a demandé, parce que j'assiste à des réunions à l'occasion, « Papa, où en sommes-nous? À quoi ressemble notre avenir? ». Il voit les compressions. Il voit les coups durs que nous subissons. Il dit, « Papa, je pourrais travailler dans l'industrie médicale. Je pourrais faire cela ». J'espère qu'il restera, qu'il travaillera à la ferme et la portera à un tout autre niveau, qu'il aura confiance dans le système sousmis à la gestion de l'offre du Canada et dans une industrie laitière dynamique pour l'avenir. J'espère que nous tous autour de la table croirons en cet avenir et progresserons du mieux que nous pouvons.
Merci beaucoup.