Je vais maintenant vous donner quelques règles à suivre. L'interprétation durant la présente vidéoconférence fonctionnera relativement de la même façon que lors d'une réunion de comité normale. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir le parquet, l'anglais ou le français. Lorsque vous prenez la parole, veuillez vous assurer de sélectionner le canal qui correspond à la langue dans laquelle vous souhaitez vous exprimer, et non le parquet. C'est très important. Cela réduira le nombre de fois où nous devons nous arrêter parce que les participants ne peuvent pas entendre l'interprétation. Cela maximisera le temps que nous pouvons passer à échanger.
Je demande habituellement à tous les témoins de nous faire un signe de la tête pour indiquer qu'ils ont compris. Il semble que tout le monde ait compris. Je crois que c'est bon.
De plus, je vous prie d'attendre que je vous nomme avant d'intervenir. Lorsque vous êtes prêt à parler, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone afin d'allumer votre micro.
[Français]
Assurez-vous que votre microphone est éteint lorsque vous ne parlez pas.
Nous sommes maintenant prêts à commencer.
Je souhaite la bienvenue aux témoins qui participent à la séance d'aujourd'hui.
[Traduction]
Aujourd'hui, durant la première heure, nous accueillons M. Andrew Bishop, propriétaire de la Noggins Corner Farm II Limited; Richard Mongeau, directeur général par intérim de Cheval Québec, ainsi que Kristy House, gestionnaire du Bien-être et de l'industrie, qui représentent tous deux Canada Équestre; puis Marilyn Braun-Pollon, vice-présidente, Ouest canadien et affaires agroalimentaires, à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.
Je vous souhaite à tous et toutes la bienvenue. Nous commencerons par accorder sept minutes à chacun pour une déclaration liminaire.
Si le représentant de la Noggins Corner Farm est prêt, je lui cède la parole pour sept minutes.
Durant la pandémie, les secteurs agricoles ont poursuivi leurs activités, puisqu'elles sont jugées essentielles. Cependant, la majorité des entreprises équines ne correspondent pas à la définition fédérale d'une ferme, si bien qu'ils n'ont eu d'autres choix que de suspendre toutes leurs activités.
Comme les entreprises ont dû fermer leurs portes sur ordre du gouvernement en mars, les fermes équines ont continué d'absorber le coût des soins apportés aux chevaux, sans pour autant percevoir de revenus. Que ces chevaux soient utilisés ou non, les coûts des soins qui leur sont apportés demeurent les mêmes, et un nombre grandissant d'entreprises équines connaissent actuellement des difficultés inimaginables. Si elles ne reçoivent pas une aide immédiate, beaucoup d'animaux devront être tués, et bien des entreprises rurales canadiennes multigénérationnelles devront fermer leurs portes pour de bon.
Les entreprises équines sont diversifiées, et on en trouve dans toutes les régions du pays. Il y a plus de 26 000 entreprises équines qui utilisent des terres agricoles, ont des structures bâties à cette fin et possèdent des chevaux pour générer des revenus. Ces entreprises contribuent au développement économique régional et sont présentes dans le domaine du sport et de la compétition, du développement et du bien-être des jeunes et des adultes, de la zoothérapie, de la course de chevaux et de l'agrotourisme. Au Canada, elles achètent pour une valeur oscillant entre 910 millions de dollars et 1,3 milliard de dollars de foin, de grains et de litière chaque année. Elles dépensent environ 350 milliards de dollars par année en services vétérinaires et de ferrage.
Il ne faut pas oublier que les entreprises équines suivent pratiquement les mêmes règles gouvernementales que les éleveurs de bétail. Que ce soit concernant le bien-être animal ou le transport, par exemple, ils font tous partie de la même économie de l'équipement agricole au Canada.
Les entreprises équines sont en danger; ce sont des entreprises qui contribuent beaucoup à l'économie, dans le secteur agricole canadien, et qui font depuis toujours partie du paysage rural.
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Depuis début mars, Canada équestre, ses filières nationales et ses homologues des provinces réclament de l'aide du gouvernement fédéral. On nous renvoie constamment du ministère de l'Agriculture à celui du Patrimoine et vice versa, et personne ne peut nous confirmer à qui nous adresser. Les représentants de Patrimoine canadien et de Sport Canada nous disent clairement que les entreprises agricoles ne relèvent pas de leurs compétences, et nous le comprenons bien.
Agriculture et Agroalimentaire Canada s'affaire depuis quelques semaines à trouver des solutions avec nous, sans résultats tangibles à ce jour. Nous avons montré aux représentants d'AAC que notre secteur ne peut pas répondre aux critères d'admissibilité et aux prérequis du ministère ou de ses programmes d'aide au milieu agricole, étant donné que très peu d'entreprises équines peuvent attester d'un revenu à la ferme figurant dans leur déclaration de revenus, selon les définitions de la Loi de l'impôt sur le revenu du Canada.
À l'heure actuelle, il n'existe aucun programme d'aide pour absorber les coûts associés aux soins et au bien-être des chevaux de trait. Ces animaux ont des qualités uniques qui prennent des années à se développer, puis contribuent à une entreprise longtemps après.
Nous savons, pour avoir sondé nos membres à la fin mars, que 60 % de nos entreprises étaient à court de ressources pour continuer d'offrir les soins nécessaires aux chevaux pour assurer leur bien-être il y a un mois et que c'est encore pire aujourd'hui. Certains propriétaires sont forcés d'abattre et d'euthanasier des chevaux de trait en parfaite santé. Ce n'est pas le pire des scénarios, cela arrive déjà. Comme si ce n'était pas assez, c'est le temps de l'année où ces entreprises touchent la plus grande part des revenus nécessaires pour survivre le reste de l'année. Si ce problème n'est pas résolu immédiatement, les propriétaires continueront de se débarrasser de leurs chevaux parce qu'ils ne peuvent plus s'en occuper et qu'ils ne pourront plus rouvrir leurs portes ensuite.
Nous avons demandé à AAC une somme modeste qui aurait un effet gigantesque sur le secteur et les animaux. Le montant demandé se fonde sur le nombre de fermes équines au Canada qui sont actuellement en péril et sur le coût médian des soins à apporter aux chevaux de trait. Nous estimons qu'il en coûterait 17,2 millions de dollars pour s'occuper des chevaux de trait à risque au Canada pendant un mois. Si AAC pouvait absorber 75 % de la somme, nous prévoyons qu'il lui en coûterait au total 12,9 millions de dollars par mois. Ce financement aiderait énormément ces fermes à surmonter les difficultés auxquelles elles sont confrontées actuellement.
Les gens de notre secteur se serrent les coudes pour s'entraider pendant la crise, ils organisent de multiples collectes de fonds, lancent des programmes d'accueil et d'adoption et font du partage de ressources. Nous avons également rédigé des lignes directrices afin de préparer les entreprises du secteur à une réouverture. Certaines provinces et certaines régions permettent déjà aux entreprises équines de reprendre certaines activités, mais celles-ci s'accompagnent de coûts supplémentaires pour respecter les nouveaux protocoles en matière de biosécurité et s'adapter à la nouvelle réalité de la COVID-19. Nous évaluons constamment quels programmes fonctionnent ou non pour notre secteur et en informons fréquemment le gouvernement.
Je tiens d'ailleurs à remercier le gouvernement pour tout ce qu'il fait pour aider les Canadiens en ces temps difficiles. Je remercie également les membres du Comité qui ont rencontré des administrateurs et des membres de Canada équestre et leur ont exprimé leur sympathie et leur volonté de les aider.
Nous sommes conscients du fait que la COVID-19 a des effets dévastateurs sur de nombreux secteurs au Canada, mais nos chevaux et notre mode de subsistance sont en jeu.
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Je remercie le président, les vice-présidents et les membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire d'avoir invité la FCEI à venir lui faire part du point de vue de ses membres aujourd'hui.
Vous pouvez voir à la diapositive 2 que la FCEI est une organisation non partisane qui représente 110 000 petites et moyennes entreprises, dont 7 200 membres du secteur agricole, qui sont en majorité des producteurs primaires. Nous sondons constamment nos membres. En ce moment, notre sondage montre que la pandémie de COVID a eu un effet dévastateur sur le secteur agricole canadien.
Vous pouvez voir notre baromètre des affaires à la diapositive 3. À un indice de 65 à 70, un secteur croît à son plein potentiel économique. Comme vous pouvez le voir, le secteur agricole est en dessous de la moyenne d'environ neuf points.
Depuis l'annonce d'un financement d'urgence de 252 millions de dollars, le 5 mai, nous continuons d'entendre des histoires qui brisent le cœur de nos membres des nombreux secteurs agricoles du Canada, qui nous parlent des défis auxquels ils sont confrontés à cause de la pandémie.
Une grande partie de notre activité économique est sur pause pendant que nous gérons la pandémie. Or, les agriculteurs ne peuvent pas mettre leurs activités sur pause, ils ne peuvent pas simplement ouvrir ou fermer le robinet. Ils n'ont d'autre choix que de continuer de nourrir et de soigner leurs animaux, et les moyens dont ils disposent pour les transformer et les commercialiser sont très limités. Malheureusement, certains ont déjà dû prendre des décisions difficiles, comme de renoncer à leurs cultures, de détruire des produits ou de se débarrasser d'animaux en raison de la capacité réduite des usines de transformation ou des changements qui s'observent dans la demande sur le marché.
Depuis le début de la pandémie, la FCEI est très présente toutes les semaines auprès de ses membres, elle envoie environ 12 000 réponses aux différents secteurs chaque semaine. Nous avons présenté nos constats au gouvernement fédéral et aux gouvernements provinciaux du pays pour les aider dans leurs décisions.
Nous avons constaté que l'agriculture n'était pas préservée des effets dévastateurs de la pandémie. Comme le montre la diapositive 4, près de 70 % de nos répondants s'inquiètent des répercussions économiques de la crise sur les économies provinciales, nationales et internationales. C'est une période extrêmement stressante et pleine d'incertitudes pour le secteur agricole, puisque les problèmes qui s'accumulent le long de la chaîne d'approvisionnement touchent tous les maillons de la chaîne, jusqu'aux producteurs primaires. On peut voir dans ce tableau que presque 40 % des agriculteurs se préoccupent de l'endettement, des problèmes de liquidité et du stress énorme que cause la pandémie. Nous savons que les agriculteurs sont déjà très endettés. Selon les données récentes de Statistique Canada, l'endettement collectif des fermes au Canada a augmenté d'environ 8,7 % en 2019.
La diapositive 5 montre que les agriculteurs sont toujours aux prises avec une pénurie de travailleurs étrangers temporaires et de main-d’œuvre. Nous savons qu'avant la pandémie, 60 000 travailleurs étrangers temporaires venaient travailler au Canada dans les secteurs de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la pêche chaque année. Malgré cela, il restait tout de même 15 000 postes vacants. Le Comité connaît très bien les défis à cet égard.
Nous avons besoin d'une stratégie à long terme pour remédier à ces pénuries de main-d’œuvre. Cependant, nous reconnaissons qu'il y a quelques initiatives qui ont été prises, comme le projet pilote en agroalimentaire, qui pave la voie à la résidence, et l'octroi de 1 500 $ par travailleur étranger temporaire pour contribuer au respect des exigences de confinement. Comme le montre notre tableau, toutefois, 84 % des agriculteurs qui embauchent des travailleurs étrangers temporaires affirment qu'il est difficile de trouver des travailleurs canadiens ayant les compétences nécessaires pour travailler dans leur entreprise agricole.
La diapositive 6 illustre les conséquences de la taxe sur le carbone. Nous entendons constamment parler de l'effet de la taxe fédérale sur le carbone. Je dois dire que même abstraction faite de la pandémie, le secteur des grains tente toujours de se relever d'une saison difficile, de problèmes de transport et de commerce et de difficultés à accéder au marché. Nous savons qu'il y a quelques semaines à peine, certains agriculteurs essayaient toujours de récolter les fruits de leurs cultures de l'an dernier et devaient absorber des taxes très élevées sur le carbone pour l'assèchement de leurs grains.
La diapositive 7 montre les effets concrets de cette taxe. Nous avons effectué un sondage, qui nous a permis d'apprendre qu'il en a coûté environ 14 000 $ aux agriculteurs, l'an dernier, pour absorber la taxe sur le carbone. Il faut aussi reconnaître que les agriculteurs ont déjà pris de nombreuses mesures pour protéger l'environnement. Une solution pratique pour aider les agriculteurs, financièrement, serait d'exempter du calcul les coûts liés au gaz naturel, au propane, aux engrais et au transport.
À la diapositive 8, je veux vous montrer que nous avons sondé nos membres après l'annonce faite il y a quelques semaines. Nous comprenons l'énorme difficulté que représente la conception de programmes d'aide dans l'urgence, et nous sommes reconnaissants au gouvernement de sa volonté d'approuver des programmes d'urgence comme le CUEC et la subvention salariale.
Malheureusement, nous constatons, d'après nos sondages, que même si ce financement est un pas dans la bonne direction, seulement 29 % des agriculteurs croient qu'ils en profiteront. Dans ses observations publiques, le gouvernement fédéral a affirmé que ces mesures constituaient un investissement initial et qu'au besoin, il injectera plus d'argent.
Le temps est venu d'injecter plus d'argent. L'un de nos membres a trouvé les mots justes: « Investir dans notre secteur alimentaire n’a jamais été aussi important qu’en ce moment. Nous ne pouvons pas dépendre des autres pays pour nous nourrir. » J'ai envoyé au Comité, il y a quelques semaines, une lettre et un rapport qui contiennent des centaines de mots des agriculteurs sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés et les mesures que le gouvernement doit prendre pour les surmonter.
Enfin, il transparaît clairement des centaines d'observations de nos agriculteurs canadiens que le secteur agricole n'est pas immunisé contre les nombreux défis auxquels les entreprises sont confrontées à court terme ni aux effets à long terme de la COVID-19. Le secteur de l'élevage a à lui seul dû absorber des coûts et des pertes énormes au cours des dernières semaines. La Canadian Cattlemen's Association estime que l'industrie perdra un demi-milliard de dollars environ d'ici la fin juin. Le Conseil canadien du porc estime les pertes à environ 600 millions de dollars.
Nous avons fait des recommandations très précises. Nous avons besoin d'une aide d'urgence additionnelle. Ce sont des temps sans précédent, et nous devons absolument protéger l'approvisionnement alimentaire canadien. Nous devons améliorer nos programmes de gestion des risques de l'entreprise pour les rendre adaptés, efficaces et transparents et qu'on puisse s'en prévaloir rapidement. Il serait déjà bien, pour commencer, de rétablir la marge de référence de 85 % d'Agri-stabilité.
Nous recommandons de réduire la paperasserie qui fait entrave au commerce interprovincial, en plus de faire une recommandation qui tombe sous le sens concernant la taxe sur le carbone. De plus, nous ne pouvons pas...
Je sais que nous sommes nombreux à avoir dans nos circonscriptions respectives des entreprises fournissant des chevaux pour les rodéos ou des installations hippiques de saut d'obstacles, par exemple, qui se retrouvent dans une situation désespérée. Comme vous l'indiquez, il s'agit en fait pour eux de parvenir à assumer les frais d'alimentation et d'entretien de leurs bêtes.
Ma prochaine question pourrait être pour vous, madame House, et pour Mme Braun-Pollon de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.
On parle beaucoup des programmes de gestion des risques de l'entreprise, mais les versements prévus dans le cadre du programme Agri-stabilité, pour utiliser cet exemple, n'ont jamais été conçus pour une situation de pandémie. Même si vous deviez vous inscrire avant la date limite du 3 juillet, il est possible que vous deviez attendre jusqu'à deux ans pour obtenir un paiement. Cela ne va améliorer en rien votre situation actuelle.
Ai-je raison de dire que vous avez besoin d'une aide immédiate?
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Merci pour la question.
Vous avez raison. Le 1er avril, en plein coeur d'une pandémie, on a augmenté de 50 % cette taxe au moment même où les agriculteurs peuvent moins se permettre de la payer.
C'est une taxe inefficace. Elle sévit contre les agriculteurs en leur imposant des coûts considérables, ce qui réduit d'autant leur rentabilité et leur capacité concurrentielle sur les marchés mondiaux. J'ai parlé il y a quelques semaines à peine avec des agriculteurs qui prélevaient leur récolte de 2019. Vu le degré d'humidité, ils devaient la faire sécher. Si l'on considère en outre qu'il leur est impossible de refiler ces coûts... Ils sont des preneurs de prix, si bien que le coût de la taxe sur le carbone se fait ressentir tout le long de la chaîne d'approvisionnement.
Comme la avait besoin de certaines données, nous avons effectué des recherches. Les résultats ont été très éloquents. Nous avons en effet constaté que 83 % de nos membres sont d'avis que la taxe a un impact néfaste. Il ressort aussi très clairement que les agriculteurs se soucient de l'environnement. Ils sont des gardiens de l'environnement, mais leurs efforts pour le protéger ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Bien au contraire, on les punit.
Je crois qu'il aurait été plus logique de tout au moins retarder l'augmentation de la taxe sur le carbone et d'éviter de l'imposer pendant cette période de crise où elle fait particulièrement mal aux agriculteurs. Nous savons tous que la réduction... Nous savons que les résidents paient 50 %...
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Je vais reprendre là où j'en étais rendu.
Nous mettons en marché nos produits via deux canaux principaux. La vente en gros, avec marketing et distribution dans des chaînes d'alimentation de grande et moins grande taille, compte pour environ 75 % des produits que nous écoulons. Les 25 % qui restent sont vendus au détail directement sur notre ferme et dans différents marchés publics de la Nouvelle-Écosse. D'un point de vue géographique, nos ventes se font dans le Canada Atlantique, à des clients de gros en Ontario et à un grand distributeur aux États-Unis.
Nous comptons sur plus de 90 employés à temps plein et à temps partiel pour nos activités de transformation, d'entreposage et de distribution tout au long de l'année. Pour vous donner une idée, nos ventes en gros se chiffrent entre 6,5 millions de dollars et 7,5 millions de dollars.
Au cours des dernières années, nous avons vécu plusieurs événements mettant en péril notre situation financière. En 2018, notre vallée a été frappée par un gel tardif dévastateur, un phénomène que nous n'avions jamais vu auparavant. En 2019, nous avons eu un printemps très froid et humide qui a causé du stress à nos arbres déjà sous le choc du gel de l'automne 2018. En septembre 2019, l'ouragan Dorian a fait tomber de 30 % à 40 % des fruits de nos arbres en laissant en piteux état ceux qui y sont restés accrochés.
Je ne suis pas ici aujourd'hui pour me plaindre; je veux seulement vous donner un aperçu de la situation de notre ferme et des autres exploitations agricoles de notre région.
Nous essayons de voir le bon côté des choses et de poursuivre notre travail malgré les adversités que la vie nous réserve. À titre d'exemple, je peux vous parler des pertes que nous avons subies en raison de cet ouragan. Nous avons trouvé une façon de récupérer une partie de ces pertes grâce à nos opérations verticalement intégrées. Nous avons ainsi produit du cidre avec les pommes tombées de leur arbre. En jouant sur les mots en anglais pour rappeler que c'est le produit d'un ouragan que nous vendions dans une canette, et non dans une bouteille, nous l'avons appelé « Hurrican ». Ce fut un succès instantané parce que nos clients à Halifax et aux alentours ont tous été affectés par cet ouragan. Ils ont perdu l'électricité pendant plus d'une semaine, et leur sympathie nous a valu un vif succès grâce à l'exploitation d'un ouragan qui a terriblement dévasté nos arbres.
Je passe très rapidement à l'année 2020. Comme nous le savons tous, la COVID-19 nous est arrivée en mars. Je vais tenter de vous exposer très rapidement ce qui s'est passé depuis. Nous avons tout à coup perdu plusieurs de nos employés pour différents motifs. C'est tout particulièrement le cas du côté de la vente au détail, surtout parce que nos travailleurs craignaient de contracter la maladie en étant en contact avec les clients. Nous avons dû réduire nos heures d'ouverture en conséquence. Trois des marchés publics où nous avons un kiosque ont cessé leurs activités, ce qui a été un dur coup pour nous.
Face à ce triste constat, nous avons réagi rapidement en passant aux ventes en ligne. Nous avons été en mesure de nous assurer une certaine part de ce marché. Nous ne savons toutefois pas ce que l'avenir réserve à nos marchés publics, et nous nous interrogeons sur les éventuelles conséquences à l'aube de notre saison la plus occupée. C'est maintenant que ça commence. Les choses vont s'intensifier au mois d'août pour nous amener à la pleine effervescence en septembre et en octobre.
Les ventes en ligne exigent des compétences différentes, ce qui nous a obligés à embaucher plusieurs employés pour être à la hauteur de ce nouveau défi pour notre entreprise.
Parallèlement à tout cela, nous avons dû continuer à respecter la réglementation en vigueur tout en nous adaptant aux nouvelles réalités. Il nous a ainsi fallu assurer la protection de nos employés, transformer complètement notre chaîne de traitement ou d'emballage pour respecter les règles de distanciation tout en maintenant un certain rythme de travail. Tout cela s'est traduit par beaucoup de stress et de temps perdu pour la gestion de notre entreprise.
Nous nous en sommes réchappés. J'ajouterais que nous avons pu accueillir nos travailleurs saisonniers malgré tout. Je tiens à remercier grandement le gouvernement qui a pris les dispositions voulues pour nous aider de différentes manières à faire venir ces travailleurs, même s'ils sont arrivés avec un mois de retard. Dans le secteur des vergers, les arbres subissent des transformations au fil de la saison, si bien que nous avons été incapables d'effectuer différentes opérations qui sont nécessaires, mais...
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Bien sûr. Dans mes observations, j'ai effectivement parlé de l'énorme difficulté de concevoir des programmes d'aide et de les mettre en œuvre rapidement. Nous savons gré au gouvernement de sa volonté de modifier et d'améliorer certains programmes comme la PCU et la subvention salariale.
Concernant ce que vous avez dit à propos des travailleurs étrangers temporaires et des pénuries de main-d'œuvre qui se poursuivent, peu après l'annonce du montant de 1 500 $ devant les aider à respecter les exigences relatives à l'isolement, une grande majorité de nos membres — 73 % — ont manifesté leur accord.
Cependant, d'autre part, il est intéressant de constater que 84 % de nos membres ont dit qu'il sera difficile de trouver des Canadiens ayant les compétences nécessaires pour travailler dans leurs exploitations agricoles. Il faut des travailleurs qualifiés pour faire rapidement le travail de semis et de récolte. Si les conditions météorologiques sont défavorables, vous devez entrer vos produits rapidement et efficacement. Nous avons reconnu qu'il a fallu travailler fort pour permettre aux travailleurs étrangers temporaires de venir pendant la saison cruciale des semis, ainsi que pour aider les agriculteurs à payer les dépenses liées à la quarantaine des travailleurs.
Le projet pilote agroalimentaire de trois ans est vraiment novateur, et il va contribuer à répondre aux besoins constants en main-d'œuvre, mais ce qui me plaît le plus de ce projet pilote, c'est qu'il va offrir une voie d'accès à la résidence permanente. C'est une chose que nous réclamons et préconisons depuis des années. Je crois qu'on a fait là de l'excellent travail, mais n'oublions pas que nous avons des milliers d'emplois qui se libèrent. Dans les secteurs de l'horticulture et de la culture maraîchère, beaucoup auront besoin de travailleurs dès que possible, et nous n'avons toujours pas tous ceux qu'il nous faut.
Merci.
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Merci, madame Braun-Pollon. Malheureusement, c'est tout le temps que nous avons pour vous et pour le groupe de témoins.
Nous avons terminé notre première heure. Ce n'est jamais assez long. La discussion et les témoignages ont été très intéressants, et je suis vraiment content de vous avoir tous entendus.
Monsieur Bishop, de la Noggins Corner Farm, je suis content que vous ayez pu vous joindre à nous.
Richard Mongeau et Kristy House, de Canada Équestre, je suis ravi de votre participation.
Et madame Braun-Pollon, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, je vous remercie infiniment.
Nous allons prendre cinq minutes pour nous préparer au prochain groupe, alors réglez vos montres.
La séance est suspendue. Merci.
Je m'appelle Catherine St-Georges. Je suis conseillère à la commercialisation à l'Union des producteurs agricoles. Je suis aussi la secrétaire de la Table pour le développement des marchés de proximité, que l'Union a mise sur pied en juin 2019. M. Groleau, le président de l'Union, est aussi le président de la Table.
La Table nous permet d'échanger avec une trentaine d'organisations au sujet du développement des marchés de proximité. Dans mes notes d'allocution, que je vous ai transmises, se trouvent quelques données extraites du Recensement de 2016. Pour la première fois, le formulaire comprenait une question relative aux ventes directes.
C'était intéressant de voir une telle question dans le formulaire de recensement, mais ce sont des données très préliminaires. Dans les prochaines années, nous aimerions avoir des données plus complètes sur les marchés de proximité.
Selon les répondants, 19 % des fermes ont déclaré faire de la vente directe. Cela ne veut pas dire qu'elles ne font que de la vente directe, mais qu'elles ont fait une vente directe. Il peut s'agir de producteurs laitiers qui ont une production acéricole et qui font la vente directe de leur sirop d'érable. Le principe de ventes directes englobe des kiosques à la ferme, des paniers de fermiers de famille et des marchés publics.
Nous n'avons pas de données concernant la part de ces marchés pour ce qui est des revenus agricoles, des emplois ou de la superficie. Par contre, nous savons que, en matière de mise en marché de proximité, ces entreprises ont besoin de plus de salariés temporaires et saisonniers. Ces entreprises consacrent aussi normalement plus d'heures à l'exploitation, c'est-à-dire que le propriétaire passe plus d'heures à travailler dans son entreprise que dans une entreprise traditionnelle. Souvent, il occupe un emploi à l'extérieur.
Cinquante-sept pour cent des entreprises ayant déclaré faire de la vente directe ont des revenus de moins de 50 000 $. De façon générale, ce sont de petites fermes.
Je précise que toutes ces données ont trait aux entreprises québécoises.
Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ou MAPAQ, se penche sur les ventes de tous les réseaux traditionnels, tels que les épiceries, les restaurants et les hôtels. Il extrait la partie restante des ventes des autres réseaux. Pour l'année 2018, on évalue à environ 800 millions de dollars les ventes qui seraient finalement enregistrées en mise en marché de proximité.
Au Québec, la mise en marché de proximité vise une relation plus proche entre le producteur et le consommateur. Cela peut être une relation plus proche sur le plan géographique, c'est-à-dire dans la même région administrative — il ne doit pas y avoir plus de 150 kilomètres entre le producteur et le consommateur final — et sur le plan des intermédiaires, on vise la réduction de leur nombre entre le consommateur et le producteur.
La Table pour le développement des marchés de proximité a été créée avec nos partenaires pendant la pandémie de la COVID-19 afin que nous puissions mieux comprendre les problèmes qui en découlaient. À court terme, ces problèmes avaient trait à l'insécurité ainsi qu'à la perte de marchés et de revenus immédiats, comme vous devez évidemment vous en douter. Par exemple, l'horticulture ornementale n'était pas considérée comme un service essentiel, étant donné que ce n'était pas un service alimentaire. Je parle de la vente de fleurs et de fleurs en pot, qui sont bien souvent vendues directement aux consommateurs. Il y avait un sentiment d'insécurité.
Au Québec, l'autocueillette a été autorisée le 28 mai dernier, ce qui est tard. Cela a créé une onde d'insécurité chez les entrepreneurs. Pour certains, il s'agit d'une importante part de leur marché. De plus, ils ne savent pas si le consommateur sera au rendez-vous pour l'autocueillette, s'il va se présenter à la ferme. Cela fait partie des enjeux.
La fermeture des restaurants, des bars et des établissements a entraîné une diminution de revenus pour les entreprises qui étaient actives dans ces marchés. Certaines municipalités ont choisi de ne pas ouvrir les marchés publics. Pour certains, les marchés publics représentaient la principale source de mise en marché. Par exemple, les entreprises en démarrage sont souvent actives dans les marchés publics. Il y a aussi la fermeture le dimanche: la proximité, cela se passe souvent les fins de semaine alors que les gens se baladent. Si les consommateurs ne peuvent pas avoir accès aux marchés le dimanche, cela aura évidemment des répercussions sur les ventes.
Tout le secteur de l'agrotourisme est au ralenti. Les entreprises n'ont pas le droit d'offrir des dégustations. Les ventes ne sont donc pas assurées. De plus, il n'y a ni festival ni événement. Habituellement, cela représente des sources de revenus importantes pour ce type d'entreprises.
Les producteurs ont évidemment accès à la main-d'œuvre, tout comme les entreprises. Le recrutement de la main-d'œuvre est fait par l'intermédiaire de programmes. Il faut penser à la disponibilité des gens et à l'arrivée des travailleurs étrangers.
Comme je l'ai dit plus tôt, ces entreprises embauchent un grand nombre de travailleurs. Ainsi, si les travailleurs étrangers ne peuvent venir prêter main-forte, cela aura des répercussions sur les travaux. Quant aux finances, à la trésorerie, il y a eu des reports de paiements de fournisseurs. Comme il y a moins de ventes, les revenus sont à la baisse. Il y a donc une certaine insécurité sur le plan financier. Certains entrepreneurs nous ont dit qu'ils ne seront pas en mesure de garder le cap pendant plusieurs mois, si aucune modification n'est apportée.
Il existe quand même certaines possibilités, et je vous laisserai prendre connaissance des détails.
De façon générale, les consommateurs répondent à l'invitation liée à l'achat local: nous sentons un enthousiasme pour l'achat local, et il est important d'en profiter. Il y a aussi l'agrotourisme et le tourisme gourmand. Puisque les Canadiens vont sûrement passer plus de temps au Canada cette année, il est possible de développer des marchés et de profiter de cet achalandage. N'oublions pas non plus les ventes en ligne puisque les gens ont découvert cette forme de commerce. Ce sont donc là des occasions qui s'offrent à ces entreprises pour vendre leurs produits.
Je passe maintenant à nos demandes. Un programme d'appui visant particulièrement le développement des marchés de proximité arriverait certainement à point. Je vous ai fourni des exemples dans mes notes d'allocution concernant le développement des ventes en ligne. Certaines entreprises ont réussi à le faire, mais cela demande une certaine structure. En effet, certaines régions n'ont toujours pas accès à Internet haute vitesse. Or, ce manque d'accès peut causer des problèmes pour les ventes en ligne.
Le développement des abattoirs de proximité exige de coordonner leur approvisionnement. Il faut aussi réduire les obstacles au commerce interprovincial. On nous a rapporté l'exemple d'une entreprise qui vend ses produits à la limite de la frontière entre l'Ontario et le Québec, dont les exigences diffèrent, ce qui limite ainsi le commerce de proximité. Il serait également intéressant d'accorder des fonds supplémentaires au programme annoncé de rachat de produits agricoles excédentaires par les banques alimentaires. Cela permettrait ainsi à ces producteurs de proximité d'en bénéficier.
Le 2 juin, nous avons aussi comparu devant le Comité sénatorial permanent des finances nationales et nous avons fait des demandes concernant les programmes de gestion des risques et la Subvention salariale d'urgence du Canada, qui pourraient être mieux adaptés à ces producteurs. Il est évidemment important d'analyser les répercussions de la pandémie de la COVID-19 maintenant, car il y en a à court terme, mais il y en aura aussi à plus long terme. Il faudra donc revenir sur ces questions plus tard, parce que de nouvelles préoccupations risquent d'être soulevées par nos membres.
Je m'appelle Catherine Lefebvre et je suis la vice-présidente de la ferme Les Maraîchers L&L, qui travaille dans la production maraîchère de betteraves et de choux rouges, ainsi que dans la production de plants repiqués pour les autres producteurs maraîchers de ma région.
J'aimerais tout d'abord aborder la question de la main-d'œuvre, qui nous préoccupe fortement. Nous sommes une ferme de taille moyenne qui embauche une vingtaine de travailleurs au total, dont 12 travailleurs étrangers. Actuellement, seulement sept travailleurs étrangers sont arrivés et, considérant le temps nécessaire pour préparer les dossiers au Mexique, nous ne sommes pas certains d'avoir les cinq travailleurs étrangers qu'il nous manque pour compléter notre cohorte.
Je ne vous cacherai pas que les travailleurs qui devaient arriver en juin sont très attendus pour nos récoltes. Il en manque encore beaucoup. Si je me fie au constat de l'Association des producteurs maraîchers du Québec, à peu près 60 % des travailleurs sont arrivés. Il faudrait vérifier ces données.
Je dois vous avouer que les programmes annoncés à ce jour encouragent les Canadiens à ne pas travailler ou à limiter leurs heures à 25 heures par semaine, ce qui crée de grandes embûches pour nous. La formation de chacun de ces employés a un coût énorme, ce qui vient s'ajouter à tout le matériel nécessaire pour assurer la protection de chacun.
Je ne vous cacherai pas non plus qu'actuellement, cela nous prend deux ou trois employés québécois pour remplacer un travailleur étranger sur le plan de l'efficacité, mais surtout sur le plan de l'endurance, puisqu'ils doivent travailler entre 10 et 12 heures par jour. Des coûts énormes sont engendrés par la main-d'œuvre, en sachant très bien qu'après une journée de travail ou deux dans nos fermes, ou après une semaine, tout au plus, ils se mettent à la recherche d'un emploi moins physique. Nous devons alors recommencer la formation et tout le reste avec d'autres travailleurs. De plus, les mesures de protection doivent être plus rigoureuses pour nos travailleurs québécois puisque, en raison du déconfinement, les sorties se multiplient et les risques pour nos fermes aussi.
Toutes ces mesures, dont la mesure d'éloignement physique de deux mètres, ont un coût, puisqu'elles ont des répercussions directes sur notre rendement et en auront aussi sur nos profits en cours de saison. Comme aucun programme n'était adapté à nos travailleurs québécois, nous avons dû prendre les devants en bonifiant leur salaire pour les garder. Lorsque la crise liée à la COVID-19 a commencé, à la mi-mars, nous étions en période d'emballage des betteraves de la récolte précédente, soit celle de 2019. Notre horaire de travail en cette période de l'année comprend entre 35 et 40 heures de travail par semaine. Quand nous avons entendu l'annonce relative au versement de la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU, nous avons compris que, si nous voulions motiver nos troupes, nous allions devoir nous adapter. Nous avons donc décidé d'arrondir la paie des travailleurs pour qu'ils aient, eux aussi, un salaire net de 500 $ par semaine.
Nous savons très bien que les gens qui reçoivent la PCU auront des impôts à payer, mais nous devions trouver une solution pour motiver nos troupes et les inciter à venir travailler plutôt que de rester assis à la maison avec leur famille et ainsi éviter les risques liés à la COVID-19. Il faudrait un programme pour bonifier le salaire des employés québécois qui se lèvent chaque matin pour nourrir les gens qui gagnent plus que le salaire minimum afin de maintenir les écarts par rapport aux salaires bonifiés par tous les autres programmes qui sont déjà en place.
Nous avons aussi pu embaucher trois étudiants de 14 ans, qui n'ont accès à aucun programme non plus, parce qu'ils n'ont pas 15 ans, soit l'âge d'admissibilité à la majorité des programmes en place. Je demande donc au gouvernement de changer l'âge d'admissibilité, parce qu'à 14 ans, les jeunes sont très bien capables de faire des travaux manuels dans une ferme, que ce soit le sarclage ou l'entretien des récoltes. Nous avons besoin de ceux qui veulent travailler, peu importe leur âge.
Quant au programme de subvention salariale de 75 % qui a été annoncé, il ne s'applique pas à nous, puisque nous sommes en période de production et que nous ne sentirons les baisses de revenu que lors de nos récoltes, même si les coûts liés à la COVID-19 et à l'obtention du matériel nécessaire sont présents.
Il faudrait aussi faire des changements rapidement pour contrer les pertes engendrées par les mesures que nous avons dû mettre en place pour favoriser la rétention de notre main-d'œuvre locale et assumer la mise en quarantaine de nos travailleurs étrangers.
Par ailleurs, je voudrais aborder le programme qui offre 1 500 $ par travailleur étranger. Ce programme vise à couvrir les frais liés à la mise en quarantaine. Celui-ci a été changé en cours de route. Maintenant, il ne couvre que les frais qui nous ont été facturés par une autre entreprise ou encore le salaire net de nos travailleurs étrangers. On ne tient pas compte du temps consacré par notre personnel à s'occuper de l'épicerie, de la prise de la température, des besoins supplémentaires de nos travailleurs, des déductions gouvernementales et de la rénovation de nos logements. Il faudrait vraiment changer le programme pour prendre tout cela en considération.
Mis à part toutes les contraintes que nous subissons dans une année normale, qu'il s'agisse de la difficulté de concurrencer les marchés mondiaux ou des caprices de dame Nature, nous vivons avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête en permanence. S'il y a une contamination dans notre ferme, comment cela va-t-il se traduire?
Serons-nous obligés d'abandonner nos champs pendant 14 jours, sans irrigation et sans pulvérisation? Comment vais-je faire pour livrer mes transplants aux autres producteurs maraîchers? Je mets alors leur récolte en péril. Cela aurait une incidence sur les finances de l'entreprise et sur nos finances personnelles.
En tant que productrice maraîchère, je crois que nous avons écouté vos demandes. Nous avons ensemencé la totalité de nos champs comme d'habitude, malgré le manque de main-d'œuvre. Par contre, nous vivons, jour après jour, une grande incertitude quant à la gestion des risques liés à nos récoltes.
Qu'en est-il des programmes qui sont censés être mis en place pour nous donner un peu de répit dans la tourmente que nous vivons? Nous avons appris, dernièrement, que nous n'aurons aucune assurance récolte pour couvrir le manque de main-d'œuvre. Quand aurons-nous des nouvelles relativement au programme Agri-stabilité? Je sais qu'une demande a été faite par le secteur maraîcher pour que le seuil de déclenchement de l'assurance Agri-stabilité soit établi à 90 % au lieu de 70 % et pour que le paiement soit fait à 85 %, mais nous n'avons pas de nouvelles de votre part à cet égard.
On nous demande constamment d'utiliser l'argent que nous avons dans nos comptes Agri-investissement, mais si nous le faisons, quand reverrons-nous cet argent pour investir au bon moment dans nos entreprises? Ce sont des comptes prévus pour investir dans nos entreprises, et non pour les renflouer. Si nous utilisons cet argent, nos entreprises vont décliner rapidement ou encore s'enliser quand viendra le temps d'acheter de nouveaux équipements.
Les équipements nécessaires à l'amélioration de nos plans d'emballage ou de nos équipements de récolte sont très onéreux. C'est la raison pour laquelle nous devons garder des sommes dans nos comptes Agri-investissement. Nous aurons besoin de cet argent le jour où nous devrons investir des centaines de milliers de dollars pour changer l'équipement brisé ou désuet.
Nous ne pouvons toucher à ces sommes pour renflouer le manque à gagner dû à la pandémie. Ces montants ont été accumulés au fil des années. Nous faisons une bonne gestion de nos entreprises. Souvent, il a été préférable d'emprunter des sommes pour acheter des équipements, étant donné que nous devions payer de l'impôt en lien avec le compte Agri-investissement. Il faudrait envisager de modifier les programmes.
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J'aimerais commencer par remercier le président et le Comité de me donner l'occasion de prendre la parole.
Ma femme et moi possédons une ferme en Nouvelle-Écosse et nous y produisons divers fruits et légumes. J'exploite la ferme depuis un peu plus de 30 ans. Nous produisons des fruits de verger et certains petits fruits, ainsi que divers légumes. L'essentiel de nos ventes se fait dans deux marchés fermiers de la province. C'est ce qui compose l'essentiel de mes activités depuis toujours.
Quand la COVID a frappé, il y a quelques mois, les deux marchés fermiers ont fermé et j'ai dû modifier entièrement mon modèle d'affaires. J'avais une petite entreprise de vente en ligne de produits agricoles soutenue par la communauté, et j'ai nettement développé cette entreprise pour vendre en ligne la majeure partie de ma production.
Nous avons constaté une formidable augmentation de la demande. C'est exigeant, mais nous avons été en mesure de vendre tous nos produits. Même si c'est difficile, on peut dire que les choses vont généralement bien à ce jour, du moins. La saison ne bat pas encore son plein. Nous ne sommes qu'en juin. Nous verrons ce qui se produira quand notre production augmentera, mais présentement, en modifiant notre modèle d'affaires et en optant pour les ventes en ligne, nous avons essentiellement modifié la façon dont nous vendons les produits que nous cultivons.
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Je veux seulement faire un commentaire à ce sujet. J'ai moi aussi été en contact avec l'industrie laitière à propos de cette information. Je pense que tant le comité du commerce international que notre comité ont été amenés à croire que le gouvernement comprenait l'importance de la campagne laitière qui commence le 1
er août.
Je crois que, comme l'a dit M. Barlow, c'est le travail de l'opposition. Nous ne pourrons peut-être pas changer la date, qui est peut-être définitive, comme l'a dit M. Perron; cependant, j'aimerais connaître le raisonnement qui sous-tend la décision.
Je regarde le libellé de la motion. Si cette demande devait être acceptée, notre comité recevrait probablement plusieurs boîtes de documents. La décision a été prise à un niveau assez élevé, probablement à celui de sous-ministre adjoint ou à un niveau supérieur, et si le Comité veut la modifier légèrement, peut-être que c'est auprès de ces gens que nous pouvons essayer d'obtenir les documents: sous-ministre adjoint, et jusqu'au niveau ministériel.
Ce ne sont pas les bureaucrates qui travaillent avec les producteurs laitiers actuellement qui ont pris la décision. Ils ont d'excellentes relations de travail avec eux. Au bout du compte, ce qui nous intéresse, c'est le pourquoi. Pourquoi a-t-on décidé que ce serait le 1er juillet plutôt que le 1er août? Je pense que c'est une question qu'il convient d'examiner, car je ne pense pas qu'à ce jour, nous ayons vraiment obtenu une réponse claire sur la raison pour laquelle une date a été choisie plutôt qu'une autre.
Veuillez m'accorder quelques minutes de plus pour parler des travaux de la semaine prochaine.
La ministre a accepté de comparaître devant notre comité pour parler du Budget supplémentaire des dépenses (A) lors de notre prochaine réunion prévue le mercredi 10 juin. Ensuite, nous reviendrons à notre étude sur les programmes de gestion des risques de l'entreprise.
De plus, nous devons prévoir du temps, et j'envisageais de prévoir une heure vendredi prochain. En effet, nous devons fournir des instructions aux analystes sur le contenu de la lettre sur le programme de gestion des risques de l'entreprise que le Comité souhaite rédiger. D'après ce que je comprends, nous devons l'envoyer avant le 3 juillet.
Je crois que nous devons également discuter d'autres sujets, par exemple la prolongation et le calendrier.
Ce sont tous les renseignements que j'ai à vous communiquer, à moins que vous ayez des questions.
Je présume qu'il s'agit du format de la lettre. Nous voulons réfléchir au format de la lettre et à la façon dont nous voulons la rédiger, afin de pouvoir donner nos instructions aux analystes.
[Français]
Monsieur Bialais, avez-vous besoin des instructions aujourd'hui?