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Bonjour à tous. Je déclare la séance ouverte.
J'aimerais d'abord souhaiter un très joyeux anniversaire à Mme Normandin. Ce n'est probablement pas ainsi que vous pensiez passer votre journée d'anniversaire, mais nous sommes très heureux de vous compter parmi nous aujourd'hui. Nous espérons que vous passerez une belle journée.
Bienvenue à la 13e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Conformément à l'ordre de renvoi du samedi 11 avril, le Comité se réunit pour discuter des fonctions parlementaires dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
Avant de commencer, je veux informer les membres que conformément à cet ordre de renvoi, le Comité se réunit pour deux raisons: la première est pour entreprendre une étude et entendre des témoignages concernant des questions liées aux fonctions parlementaires dans le contexte de la COVID-19, et la deuxième est pour préparer et présenter un rapport à la Chambre avant le 15 mai sur l'étude. L'ordre de renvoi prévoit aussi que seulement les motions pour déterminer les témoins et les motions liées à l'adoption du rapport sont recevables.
La réunion d'aujourd'hui se déroule par vidéoconférence. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes. Pour votre gouverne, la diffusion Web montrera toujours la personne qui a la parole plutôt que tous les participants à la réunion comme vous pouvez le voir en ce moment sur votre écran Zoom. Il s'agit de l'écran en ligne que les gens peuvent regarder en continu. Ils ne verront que la personne qui parle.
Pour faciliter le travail de nos interprètes et assurer une réunion ordonnée, j'aimerais vous faire part de quelques règles à suivre. Elles visent surtout les nouveaux témoins qui sont avec nous aujourd'hui, même si nous savons qu'ils sont probablement parfaitement au courant de ces règles de procédure et de l'étiquette à respecter dans des réunions de ce genre.
L'interprétation dans le cadre de cette vidéoconférence fonctionnera de façon assez semblable à l'interprétation durant une réunion régulière du Comité. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le signal du parquet, le signal en anglais ou le signal en français. Nous avons remarqué qu'il est préférable, dans la mesure du possible, de continuer de parler dans la même langue et de sélectionner cette langue au bas de votre écran. Si vous devez passer d'une langue à l'autre, veuillez faire une pause et changer le réglage au bas de votre écran. Le fait de conserver le signal du parquet a parfois causé quelques problèmes.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêt à intervenir, vous pouvez soit cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro, soit maintenir enfoncée la barre d'espacement pendant que vous parlez. Lorsque vous relâcherez la barre d'espacement, votre microphone se mettra en sourdine, comme un walkie-talkie.
Je rappelle que toutes les observations formulées par les membres et les témoins doivent être adressées par l'entremise de la présidence. Si des membres veulent intervenir en dehors de leur temps de parole prévu pour poser des questions, ils doivent activer leur micro et dire qu'ils ont un recours au Règlement. Si un membre souhaite intervenir sur un recours au Règlement qui a été soulevé par un autre membre, il doit utiliser la fonction « lever la main ». Ce faisant, vous signalerez à la présidence que vous souhaitez intervenir. Pour ce faire, vous pouvez cliquer sur « participants » au bas de votre écran. Lorsque la liste s'affiche, vous verrez qu'à côté de votre nom, vous pouvez cliquer sur la fonction « lever la main ».
Lorsque vous parlez, veuillez vous exprimer lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, votre microphone devrait être éteint. L'utilisation d'un casque d'écoute est fortement encouragée.
Si des problèmes techniques se présentent — par exemple, avec l'interprétation ou un problème avec le son —, veuillez en aviser la présidence immédiatement, et l'équipe technique s'affairera à les régler. Veuillez prendre note que nous risquons alors de devoir suspendre les travaux, car nous devons nous assurer que tous les membres peuvent participer pleinement à la réunion.
Avant de commencer, tous les participants peuvent-ils cliquer sur leur écran dans le coin supérieur droit et s'assurer qu'ils sont en mode de visualisation de la galerie? Avec cette vue, vous devriez être en mesure de voir tous les participants dans une grille. Tous les participants à la vidéoconférence peuvent ainsi se voir les uns les autres.
Durant cette réunion, nous suivrons les mêmes règles que nous appliquons habituellement durant les déclarations liminaires et les questions des témoins dans le cadre des réunions régulières. Conformément aux motions d'affaires courantes du Comité, chaque témoin dispose de 10 minutes pour faire des remarques liminaires, qui seront suivies des questions habituelles des membres. Tout comme durant une réunion régulière du Comité, nous suspendrons la séance entre les groupes de témoins pour permettre au premier groupe de témoins de quitter la salle et au prochain groupe de témoins de se joindre à la réunion.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous avons parmi nous M. Matthew Hamlyn, directeur stratégique de l'Équipe des travaux de la Chambre des communes du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord.
Nous recevons aussi Mme Siwan Davies, de l'Assemblée nationale du pays de Galles, M. Ian McCowan, du Bureau du Conseil privé, ainsi que MM. David McGill et Bill Ward, du Parlement écossais.
Je vous souhaite la bienvenue à vous tous.
Nous allons commencer avec vous, monsieur Hamlyn, pour votre déclaration liminaire de 10 minutes.
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Cela me convient parfaitement, car je n'avais rien préparé outre quelques notes griffonnées au cours des 15 dernières minutes pendant les tests de son.
Il pourrait être utile que j'explique mes fonctions dans le contexte actuel puis que je décrive brièvement aux membres du Comité ce que nous avons fait ces quatre semaines et qui représente sans aucun doute les changements les plus importants jamais apportés au fonctionnement de la Chambre des communes en 700 ans.
John Benger, le greffier de la Chambre, m'a demandé de coordonner tous les volets de travail afin de permettre d'offrir ce que nous appelons librement le « Parlement virtuel ». Cela concerne les travaux de nos comités spéciaux, la reprise des travaux de la Chambre, les votes électroniques à distance, et puis au-delà de cela, il y a les comités législatifs virtuels qui, dans notre système, sont différents de nos comités spéciaux fondés sur les politiques.
C'est vraiment beaucoup de travail. Nous avons aussi dû travailler en étroite collaboration avec nos collègues de la Chambre des lords, car les mêmes services numériques et de télédiffusion s'occupent des deux Chambres. Ces deux équipes ont été soumises à des pressions particulièrement intenses ces dernières semaines.
Que s'est-il passé au juste? Juste avant la relâche de Pâques, à la fin mars donc, la Chambre a adopté une motion permettant à nos comités spéciaux de tenir des réunions virtuelles, c'est-à-dire de permettre la participation par voie électronique sous l'autorité du Président. Le premier comité spécial virtuel s'est réuni quelques jours plus tard. Il s'agissait à juste titre du Comité spécial de la santé, qui a discuté du coronavirus avec le secrétaire à la Santé.
Pendant la relâche de Pâques, qui a été un peu plus longue que prévu à cause de la pandémie, nous avons tenu de plus en plus de réunions virtuelles de comités spéciaux. En parallèle, le Président a écrit au greffier de la Chambre le 31 mars pour lui demander de veiller à prendre les dispositions nécessaires pour faire en sorte que, d'ici la reprise des travaux le 21 avril, les députés puissent poser des questions aux ministres et ces derniers faire des déclarations, que ce soit en personne ou à distance. C'est pourquoi nous parlons de modèle hybride ou de délibérations hybrides.
Nous avons travaillé exceptionnellement vite pour déterminer si une telle chose était possible, ce qui était possible et comment y parvenir. Nous avons aussi travaillé en parallèle avec le gouvernement, le leader à la Chambre et les gestionnaires des partis afin de parvenir à un consensus sur ce que nous proposions. Le Président a joué un rôle très actif dans cette entreprise.
Nous avons dû nous entendre au sujet des motions de procédure nécessaires pour permettre la réalisation de toutes ces initiatives. Le jour de la reprise des travaux, le 21 avril, grâce à une entente spéciale avec le Président, nous avons fait une croix sur l'ordre du jour et tout simplement adopté des motions présentées sans préavis afin de permettre la tenue de ce que nous appelons des travaux d'examen hybride le lendemain.
Le lendemain, le 22 avril, il n'y a donc pas si longtemps — c'était la semaine dernière, je crois —, nous avons tenu notre première période des questions virtuelle et notre première période des questions destinées au premier ministre virtuelle. Nous avons ensuite immédiatement adopté des motions visant à étendre ce modèle hybride à d'autres types de travaux, y compris les travaux législatifs. Nous avons aussi accepté en principe le vote électronique à distance afin que les députés ne soient pas obligés de venir à Westminster pour voter. Jusqu'à présent, nous avons tenu quatre de ces séances hybrides à la Chambre. Nous avons procédé à la deuxième lecture de trois projets de loi sur trois jours cette semaine.
J'aimerais souligner que nous avons réalisé tout cela à une vitesse incroyable et que cela a posé tout un défi aux Services de la Chambre et aux Services numériques. Je dirais que nous avons relevé ce défi haut la main. Le Président et tous les autres intervenants s'entendent sur ce point.
Nous avons appris très rapidement des manières de faire totalement nouvelles et nous avons été aidés par de nombreux employés qui ont travaillé depuis leur salon ou une pièce comme celle où nous nous trouvons en ce moment, mais il a quand même fallu que beaucoup d'entre eux continuent de venir travailler au palais de Westminster. Ils travaillent dans les studios de télédiffusion de la Chambre parce que certains élus sont présents tant à la Chambre que dans certaines salles des comités. Cela signifie que beaucoup de nos collègues viennent toujours travailler dans l'édifice.
Nous avons dû être très honnêtes avec les députés quant à ce qui est possible tant sur le point des capacités techniques qu'humaines. Nous avons vu combien de temps nos collègues ont consacré à la préparation de cette réunion du Comité. Nous devons faire cela pour peut-être 60 députés à la fois pour une journée complète de travaux. Cela exige beaucoup de personnel.
Nous avons aussi dû adapter nos méthodes. Nous avons pour l'instant mis de côté des catégories entières de travaux ainsi que, pour des motifs techniques, des façons traditionnelles de mener nos travaux. Il n'y a plus d'interventions pendant les discours. Nous avons publié des listes d'intervenants afin que tous sachent qui sera le suivant à prendre la parole afin que les diffuseurs sachent dans quel ordre les faire apparaître à l'écran et que nous sachions qui intervient en personne ou à distance. Nous avons établi des délais beaucoup plus longs pour les députés qui souhaitent participer aux délibérations, car nous devons tout planifier et nous assurer que leurs connexions et tout le reste fonctionnent. Cela a vraiment beaucoup changé nos façons de procéder.
Je dois aussi dire que c'est plutôt étrange d'être assis au Bureau de la Chambre dans une pièce destinée à accueillir 400 personnes et où seulement 20 députés sont présents, l'un d'entre eux présentant des données, et huit écrans géants suspendus aux tribunes. Je porte maintenant un casque d'écoute au Bureau de la Chambre, tout comme le secrétaire du Président d'ailleurs, car nous devons rester en contact avec l'équipe de diffusion qui se trouve dans un autre édifice.
Je ne peux souligner suffisamment à quel point tout cela a entraîné des changements sur les plans culturel, technique et politique. Je dirais que les choses qui sont maintenant essentielles sont le consensus entre les partis au sujet de ce qui se passe, l'entente au sujet de ce qui est faisable, l'entente entre les partis politiques sur la façon d'avancer et de croître à l'avenir afin de pouvoir en faire plus à moyen terme, un leadership vraiment solide et efficace de la part du personnel afin que nous, en tant que très hauts fonctionnaires et leaders dans l'organisation, puissions discuter en toute franchise avec les députés de ce qui est possible et de ce qui ne l'est pas, sans oublier la capacité d'appuyer et de motiver notre personnel pour qu'il puisse continuer de réaliser ces exploits quasiment impensables.
Le prochain grand défi sera le vote électronique à distance. Au moment même où je vous parle, nous procédons aux premiers essais en situation réelle avec plusieurs centaines de députés. Toute la planification que cela a nécessitée a été... elle a été intéressante, disons.
Je serais très heureux d'en rester là et de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous souhaite un bon après-midi du pays de Galles, où le Senedd poursuit ses travaux de façon virtuelle pratiquement depuis le début du confinement au Royaume-Uni.
J'aimerais parler brièvement des changements que nous avons apportés. Je vais diviser mon intervention en quatre sujets: la volonté politique qui a été nécessaire pour permettre au Senedd de continuer de siéger en cette période; la capacité d'y parvenir relativement aux changements utiles et inutiles sur le plan de la procédure; la mise en œuvre; et la suite des choses. Bon nombre des points dont M. Hamlyn a parlé sont pertinents à notre réalité au pays de Galles.
Tout d'abord, quand la volonté politique y est, tout est possible. Notre Llywydd, ou Présidente, et le premier ministre du pays de Galles étaient déterminés à ce que le Senedd continue de siéger pendant la crise de la COVID-19. Ils ont décidé de suspendre la relâche prévue pour Pâques et de poursuivre les travaux du Senedd, et ce pour deux raisons.
L'entente de transfert des responsabilités avec le pays de Galles est ainsi faite qu'en pareille circonstance, l'Assemblée du pays de Galles et les diverses législatures du Royaume-Uni acceptent de remettre certains pouvoirs à l'échelon du Royaume-Uni afin de favoriser la coordination sur l'ensemble du territoire. Cela a mené à une situation sans précédent où le Parlement du Royaume-Uni a adopté des mesures législatives conférant à des ministres gallois le pouvoir d'adopter des mesures législatives subordonnées ne nécessitant pas nécessairement l'accord de l'Assemblée. Le premier ministre et la Llywydd étaient vraiment déterminés à ce que le Senedd puisse continuer de se réunir pour pouvoir se pencher sur les façons de poursuivre ses travaux.
Comme tous les partis étaient favorables à cette idée, personne ne s'est opposé à cette approche pour des motifs de santé publique. Les partis se sont entendus pour former un Senedd d'urgence plus petit afin qu'un moins grand nombre de députés se réunissent pour poursuivre les travaux. Tout cela s'est déroulé en personne avant l'annonce du confinement au Royaume-Uni.
Le Senedd a tenu une séance dans sa forme réduite et nous avons alors adopté une série d'articles d'urgence au Règlement afin de permettre au Senedd de poursuivre ses travaux par la suite. Ces articles comprenaient notamment de nouvelles dispositions de rappel permettant à la Llywydd de rappeler l'Assemblée — pouvoir réservé jusqu'à présent au premier ministre — et une réduction du quorum, qui est passé de 10 à 4 députés sur 60 afin de permettre la poursuite des affaires en cas de situation extrême.
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Nous avons aussi instauré le vote pondéré. Auparavant, toute forme de vote par procuration était impossible. Nous avons donc autorisé les groupes de partis à voter en bloc et les individus à exprimer leur propre vote. Nous avons restreint l'accès à l'édifice au public, ce qui nous a permis d'aller en ligne par la suite. Nous avons convenu d'assouplir certains articles du Règlement concernant les réponses aux questions sur une base hebdomadaire, et nous avons ajouté une disposition permettant à l'ensemble de l'Assemblée d'exercer au besoin les fonctions du comité législatif. Enfin, nous avons adopté des dispositions visant l'élection d'un président temporaire des travaux au cas où la Présidente et la vice-présidente ne pourraient être présentes. Toutes ces dispositions ont été prises lors de la séance en personne.
Après le début du confinement, le comité des travaux tenait à ce que le Senedd continue de se réunir de façon virtuelle et nous n'avions pas besoin de modifier le Règlement. Au pays de Galles, le Règlement n'exige pas la présence physique lors des réunions. Il n'y a aucune exigence en ce qui concerne le lieu de la réunion ou la présence physique des députés. Ils doivent toutefois participer aux réunions, ce qui fait qu'aucune disposition supplémentaire n'a été nécessaire pour ce qui est des réunions virtuelles.
La seule exigence que nous avions au sujet des réunions virtuelles est le fait qu'elles devaient être bilingues — en gallois et en anglais —, ce qui ressemble à vos besoins en traduction. Le Senedd a donc pu continuer de siéger après le début du confinement grâce à une plateforme virtuelle, en l'occurrence Zoom, la même que vous utilisez.
Le Senedd a tenu quatre séances virtuelles. La première a eu lieu le 1er avril. Nous avons été la première Assemblée législative du Royaume-Uni à tenir une séance plénière virtuelle. Nous en avons tenu quatre, soit une par semaine, avec chaque fois davantage de participants. La première séance a été préenregistrée et les autres ont eu lieu en direct. Nous avons voté en ligne dès la deuxième séance, et il y a eu un vote pondéré pas plus tard qu'hier. Divers problèmes de procédure et autres sont survenus en cours de route, mais nous apprenons au fur et à mesure.
Des comités virtuels ont commencé à se réunir cette semaine. Les comités de la santé, de l'éducation, de l'économie et le comité législatif se sont réunis cette semaine. Selon notre calendrier actuel, deux comités se réunissent le mardi, deux autres le jeudi et il y a une séance plénière le mercredi.
C'est l'absence d'interdiction de réunion virtuelle dans le Règlement et le fait que nous formons une jeune institution qui nous a permis de mettre ainsi les choses en place. Nous sommes une petite institution unicamérale, ce qui signifie que nos députés et notre personnel sont habitués à travailler avec des appareils électroniques dans une assemblée électronique. Ils sont habitués aux réunions de comités électroniques. Contrairement au cas de Matthew, notre petit nombre facilite la participation de tous les députés, même si, comme vous le savez, ce n'est pas toujours facile.
Comme nous formons une institution unicamérale, l'ensemble du personnel travaille pour la même organisation. Les TIC, la diffusion et les greffiers travaillent tous ensemble, ce qui, je crois, nous a permis de tout mettre en place beaucoup plus rapidement. Je suppose que c'est simplement une question d'attitude. Le comité des travaux a dit le vendredi qu'il aimerait tenir une réunion virtuelle le mercredi suivant, et nous avons simplement fait le nécessaire. Ça n'a pas été facile, mais nous avons réussi. Je crois que les problèmes ont davantage été de nature technique que politique ou procédurale. La volonté politique y était et il n'y avait aucune contrainte sur le plan de la procédure, alors il suffisait que la technologie coopère. Nous utilisons une version sous licence de Zoom avec fonctionnalité de traduction.
En ce qui concerne l'avenir, je crois que dans notre cas, comme dans le vôtre et celui d'autres législatures, le défi résidera dans la capacité. Une fois qu'on dispose d'un système fonctionnel, on s'attend à pouvoir rétablir toutes les anciennes activités, ce qui, comme Matthew l'a dit, est tout simplement impossible.
Par ailleurs, comme vous le constaterez, madame la présidente, la présidence de réunions virtuelles pose certains défis, comme obtenir des conseils de la part de greffiers ou de conseillers qui ne sont physiquement pas dans la même pièce que les députés, ou encore maintenir l'ordre pendant une séance plénière virtuelle. Le virtuel a ses bons et ses mauvais côtés. Manifestement, la principale préoccupation est la crainte que la technologie flanche, que le réseau Internet plante, que les délibérations soient dans une certaine mesure à la merci de fournisseurs externes.
Je crois que le défi ultime consiste à essayer de poursuivre les activités habituelles d'une manière inhabituelle. Comment faire preuve de souplesse afin de mettre en œuvre diverses pratiques et procédures dans cette nouvelle normalité puis, plus tard, comment revenir aux anciennes pratiques alors que nous aurons connu le travail en ligne. Est-ce que tout cela va susciter un appétit accru pour la prestation en ligne des travaux de l'Assemblée dans le futur?
C'est là notre expérience au pays de Galles. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Mesdames et messieurs, je n'aurais jamais pensé avoir la chance de me présenter devant un comité parlementaire depuis ma salle à manger. Il ne fait aucun doute que nous vivons des moments intéressants. Cela dit, c'est un honneur de comparaître pour tenter de déterminer la meilleure façon d'aborder la pandémie.
On m'a demandé de faire quelques remarques dans le cadre d'un groupe de représentants d'autres pays, et je vais essayer de rester dans ce cadre en concentrant mes remarques sur trois domaines: premièrement, comment les affaires du gouvernement se sont adaptées; deuxièmement, comment le cabinet s'est adapté; et enfin, comment les parlements semblent s'adapter, en particulier le nôtre.
Dans chacun de ces domaines, je vais essayer de m'inspirer de ce que nous constatons dans les expériences provinciales et internationales. Il est clair que les différents pays adoptent des approches différentes, adaptées à leur propre contexte. Cela dit, les comparaisons sont toujours utiles, et je ferai de mon mieux pour en esquisser quelques-unes qui pourraient être intéressantes.
Je dois dire d'emblée que tous les pays ont des traditions parlementaires légèrement différentes, et qu'ils sont dans des positions légèrement différentes dans la lutte contre le virus. Nous essayons tous de trouver la meilleure façon de progresser et de rester fidèles à nos traditions démocratiques. Je dois également dire d'emblée que, du point de vue de la gouvernance, il semble clair que tous les niveaux de gouvernement au Canada se sont réunis pour combattre la COVID-19.
Avant d'en venir au Parlement, j'ai quelques commentaires à faire sur les opérations du gouvernement. Il va falloir, par nécessité, des commentaires à un haut niveau. L'histoire de la pandémie est encore en cours d'écriture, et l'énergie de la gouvernance est encore concentrée sur sa gestion. Une fois que nous aurons surmonté la pandémie et que la fumée se sera un peu dissipée, le monde aura sans aucun doute l'occasion de tirer les leçons de cette crise extraordinaire. Dans ce contexte, je note qu'en plus de l'examen, par le présent comité, des moyens permettant à la Chambre de se réunir virtuellement, il y a maintenant, après hier, sept comités de la Chambre autorisés à entreprendre des examens de l'efficacité des mesures que le gouvernement a prises pour faire face à la pandémie. De la même manière, le Sénat a autorisé les comités des finances et des affaires sociales à étudier la mise en œuvre des mesures prises pour lutter contre la COVID-19. Le Sénat va également demander à un comité spécial de faire une étude rétrospective à l'automne.
Même à ce stade précoce, il est déjà évident, du point de vue du service public, que la pandémie a forcé une accélération de certaines tendances constatées dans les opérations gouvernementales. Cela est particulièrement évident dans l'utilisation de la technologie de travail à distance. Du jour au lendemain, les groupes de travail du gouvernement, comme la plupart de leurs homologues du secteur privé, ont été obligés de travailler à domicile. Cette accélération des tendances existantes constitue une expérience de large portée et imprévue en matière de télétravail et de vidéoconférence. Bien sûr, il est trop tôt pour déterminer de manière concluante les meilleures pratiques découlant de l'expérience, mais certains résultats préliminaires semblent prometteurs, avec des retombées potentielles non seulement pour la planification de la continuité, mais plus généralement pour la manière dont le gouvernement mène ses opérations au jour le jour.
Comme pour beaucoup d'innovations en cours, nous allons devoir procéder à des examens des leçons apprises de la nouvelle technologie, pour voir celles qui pourraient s'avérer les plus utiles. Cela pourrait être particulièrement important pour les organisations d'envergure nationale qui ont besoin d'être connectées au plan régional, mais aussi, et surtout, avec le public.
En ce qui concerne les services gouvernementaux, le service public a dû adopter de nouveaux modes de fonctionnement pour répondre à l'urgence de la crise afin d'obtenir les aides dont il a désespérément besoin. C'est ce que l'on constate en tout cas.
Les gouvernements du monde entier ont été mis au défi de transformer leurs pratiques dans des domaines tels que l'amélioration des systèmes de soins de santé, la fourniture d'aides, l'accélération des achats, la participation du public, la sécurisation des frontières et l'accélération des tests de dépistage du coronavirus. Des pratiques exemplaires émergent dans tous ces domaines. Certaines d'entre elles seront canadiennes, mais il serait malavisé de limiter notre expérience d'apprentissage à nos propres frontières, sans compter les excellents exemples d'innovation constatés au niveau des provinces et des municipalités au Canada.
Dans la course au recensement des pratiques exemplaires, l'Organisation de coopération et de développement économiques est une source importante de bonnes idées. Comme elle l'a fait à la suite de la grande récession de 2008, l'OCDE évalue les pratiques des pays en réponse à la COVID-19 en vue de trouver celles dont pourraient s'inspirer les gouvernements. Elle a déjà mis au point un outil de suivi des politiques nationales, qui recense les actions menées par plus de 90 États pour lutter contre la COVID-19. En outre, elle a mis au point 12 axes de travail pour évaluer les réponses des pays à des questions telles que la résilience des soins de santé, les inégalités et les défis sociaux. C'est un bon exemple des expériences internationales et des enseignements que nous allons suivre de près.
En ce qui concerne le Cabinet, les approches de la conduite des affaires ont également évolué rapidement. Depuis le début de la pandémie, notamment depuis le moment où le a dû s'isoler en mars, le fonctionnement du Cabinet a changé de plusieurs façons.
Le 4 mars, le premier ministre a créé le comité du Cabinet sur la réponse fédérale à la maladie à coronavirus, ou le comité COVID-19. Ce comité est présidé, comme vous le savez, par la , et il est très actif. Compte tenu de la crise avec laquelle nous sommes aux prises, il se réunit plus souvent que la norme pour un comité du Cabinet. Autre caractéristique importante du point de vue de la gouvernance, le gouvernement a largement utilisé les réunions des premiers ministres pour assurer un lien et une collaboration étroits avec les provinces, en plus d'innombrables discussions bilatérales. Cela permet d'assurer une réponse nationale intégrée, les différents ordres de gouvernement ayant réussi à travailler ensemble de manière fructueuse.
En termes de fonctionnement du Cabinet, celui-ci a dû, comme toutes les autres organisations de la société, s'appuyer sur la technologie, étant donné à la fois les réalités de la distanciation sociale et les défis que vous devez tous relever en tant que parlementaires.
Beaucoup de questions identiques se posent aux parlements du monde entier. Toutes les nations tentent de réfléchir aux implications de la COVID-19 pour leurs opérations.
Je vais me pencher sur quatre questions clés qui semblent avoir des points en commun: la réduction du temps et de la fréquence des séances, la mise en œuvre de la distanciation sociale, l'adoption d'une législation d'urgence et le recours aux réunions virtuelles.
D'emblée, il est intéressant de noter que la plupart des législatures au Canada et dans le monde ont réagi au début de la crise de la COVID-19 en ajournant ou en réduisant les heures de séance, conformément aux directives médicales. Cela inclut toutes les législatures provinciales qui étaient en session à ce moment-là. Pour les législatures provinciales qui n'étaient pas en session lors de l'éclosion du virus, le Président a décidé d'ajourner les travaux, comme cela s'est produit à l'Île-du-Prince-Édouard, où le Président a annulé la session de printemps. Toutes les législatures provinciales sont ajournées.
Autre caractéristique commune aux interventions fédérale, provinciales et internationales, le fait d'avoir envisagé un projet de loi d'urgence. Comme vous le savez, le gouvernement fédéral a adopté le projet de loi et le projet de loi , et cette semaine encore un autre projet de loi. L'Alberta a adopté le projet de loi 10, intitulé Public Health (Emergency Powers) Amendment Act. D'autres provinces ont adopté des lois d'urgence. L'Ontario...
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Comme je l'ai mentionné, des lois d'urgence ont été adoptées dans toutes les provinces — en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan — et à l'échelle internationale, comme en Nouvelle-Zélande, en Australie et au Royaume-Uni.
Je vais vous donner quelques points de comparaison dans d'autres parlements de type Westminster. Le 25 mars, le Parlement néo-zélandais a convoqué un nombre réduit de députés. Ces derniers ont reçu et débattu un avis officiel d'épidémie présenté par la première ministre Ardern et, à cette occasion, ont adopté quelques projets de loi en réponse à la COVID.
La dernière réunion de la Chambre des représentants australienne a eu lieu le 8 avril, avec un nombre proportionnel réduit de représentants. Le but de la séance était d'adopter les crédits et certains projets de loi pour la COVID-19. Ensuite, après l'adoption de ces mesures, la Chambre a été ajournée à l'appel du Président. Le Sénat australien s'est réuni plus tard dans la journée, a adopté la législation, puis a également ajourné ses travaux.
Ce que nous constatons — et cela ne surprendra pas les membres du Comité —, c'est que les parlements font bien leur travail. En temps de crise, ils essaient de trouver des moyens de s'adapter et de traiter les questions d'urgence publique de manière rapide et efficace. C'est une tradition bien ancrée dans les parlements de type Westminster.
La fonction publique a également essayé d'adapter à la situation les relations qu'elle entretient avec les parlementaires. Un bon exemple en est la rencontre quotidienne que l'Agence de santé publique organise avec les parlementaires. Depuis leur début, le 16 mars, ces réunions sont devenues un important vecteur d'information.
Pour vous donner quelques chiffres, pas moins de 226 parlementaires ont participé à ces réunions. En moyenne, 141 personnes y ont participé chaque jour et 91 députés et sénateurs ont posé des questions. Ces questions ont été posées par des représentants de chaque province et de deux territoires. Quelque 18 ministères et organismes ont participé à l'effort déployé par la fonction publique pour appuyer ces réunions.
Ceux qui travaillent au sein du groupe qui se consacre à la gouvernance ne seront pas surpris d'apprendre que nous sommes très intéressés de voir les réponses que le Comité apporte à la motion adoptée par la Chambre le 11 avril. Les problèmes que vous devez affronter sont présents dans le monde entier et les solutions que vous proposez pourraient franchement intéresser d'autres administrations.
J'ai encore quelques commentaires à faire. Afin de respecter les consignes de distanciation sociale, la composition des assemblées législatives a été réduite de manière proportionnelle et les séances ont été raccourcies, ne durant souvent qu'une journée, afin de traiter les lois d'urgence. Cela semble être la tendance. Parmi les législatures provinciales qui ont adopté ces pratiques, on peut citer celle de la Colombie-Britannique, qui s'est réunie le 23 mars pour faire face à la crise et adopter les crédits. Les autres provinces qui ont adopté des pratiques de séance conformes à la distanciation sociale sont le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve, l'Ontario et le Québec. À l'échelle internationale, ces pratiques se retrouvent partout en Angleterre, en France, en Allemagne — bref, les pays dont les parlements sont de type Westminster.
La poursuite des travaux en comité semble également être un point commun à ces systèmes parlementaires. Les réunions virtuelles comme celle que nous avons en ce moment semblent être une caractéristique très commune des différentes législatures. Par exemple, c'est le cas au Québec et dans un certain nombre de pays: l'Argentine, l'Espagne, la France, le Luxembourg, l'Union européenne, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni.
Madame la présidente, je pense que je vais en rester là pour gagner du temps. Je m'excuse pour le son qui passe mal, mais je serai heureux de répondre aux questions.
Merci.
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Oui, merci, madame la présidente, et je vais peut-être demander à Bill Ward de dire quelques mots juste à la fin de mon intervention.
Merci de votre invitation à témoigner. Je suis ravi de contribuer à ce débat au nom du Parlement écossais.
Bill Ward est le chef de notre service de télédiffusion, et son équipe a joué un rôle déterminant pour nous permettre d'aider le Parlement à poursuivre ses réunions pendant cette période. M. Ward pourra répondre à des questions de nature technique, qui me dépassent.
Pour vous donner une idée du contexte dans lequel nous avons tenté de relever ces défis, je dirai d'abord que le Parlement écossais, comme l'Assemblée législative galloise, est un parlement monocaméral. Nous avons 129 députés. Nous avons actuellement 19 comités, composés de 5 à 11 membres. Le Parlement se réunit normalement en session plénière les mardi, mercredi et jeudi après-midi, les comités se rencontrant le matin. Le vote se fait normalement en séance plénière par des moyens électroniques, sous forme de console installée sur le bureau de chaque député. Dans les comités, le vote se fait à main levée.
Pour ce qui est de la prise de décision, la « Commission parlementaire » du Parlement est connue sous le nom de « Scottish Parliamentary Corporate Body » ou SPCB. Elle est dirigée par le Président et est composée d'un représentant de chacun des cinq partis politiques représentés. Pour ce qui est des affaires du gouvernement, le comité qui en est chargé s'intitule Bureau des affaires parlementaires, qui est également dirigé par le Président et est composé des whips des partis. C'est en son sein que la majorité des décisions ont été prises et que les discussions se sont déroulées sur le calendrier et le mode de fonctionnement du Parlement et des comités pendant la pandémie.
En ce qui concerne notre réaction à la pandémie, des mesures de sécurité publique, y compris le confinement, ont été présentées le 23 mars par le gouvernement britannique et ont été adoptées par le gouvernement écossais. Comme d'autres parlements et organisations, nous disposions déjà de plans de poursuite des activités, mais nous n'avions jamais imaginé devoir mettre en œuvre des règles de l'ampleur de celles que nous avons adoptées par la suite.
Avant le confinement total, nous avions pris quelques mesures préliminaires, telles que l'arrêt des événements parlementaires, des visites et de l'accès au public, etc. Une fois le confinement en place, nous avons pris la décision de fermer le bâtiment à tout le monde, sauf au personnel d'entretien essentiel les jours où le Parlement ne siégeait pas. La mesure s'appliquait aux députés qui utilisent leur bureau parlementaire comme bureau de circonscription. Nous avons donné très tôt aux députés des conseils sur la manière de fermer leurs bureaux locaux et d'entrer en contact avec leurs électeurs à distance.
S'agissant des délibérations parlementaires, notre stratégie a été dès le départ de continuer à nous réunir dans un forum quelconque où le gouvernement rendrait compte de ses actes. Le Bureau des affaires parlementaires était comme nous d'avis qu'il était plus important que jamais que notre démocratie continue de fonctionner.
Le 1er avril, le Parlement s'est réuni physiquement pour examiner les mesures législatives dont il est question, dans notre cas, le projet de loi sur le coronavirus (Écosse). Cela signifiait qu'il fallait examiner toutes les étapes de la législation en une seule journée. Parce que ce projet de loi a été examiné dans l'enceinte du Parlement, nous voulions respecter les dispositions en matière de distanciation sociale. Nous avons donc réduit le nombre de sièges disponibles de 129 à 79, et nous les avons configurés en conséquence. Une part proportionnelle de ces 79 sièges a été donnée aux partis.
Cela dit, le président de séance était toujours réticent à aller jusqu'à interdire l'accès à tout député élu en dehors de ceux qui se présentaient pour assister aux délibérations. Nous avons donc également pris des dispositions pour que le vote ait lieu à proximité de l'enceinte, et pas seulement en son sein, comme on le faisait d'habitude. Il s'est avéré que nous n'avons pas eu besoin de ces dispositions supplémentaires, car à aucun moment plus de 79 députés ne se sont présentés.
Je suis heureux de dire que les arrangements ont bien fonctionné et que le projet de loi a été adopté le jour même. Pendant que nous nous réunissions ce jour-là pour l'adopter, nous en avons profité pour élire un vice-président supplémentaire au cas où l'un de nos trois autres présidents ne pourrait pas assumer ses fonctions, notamment parce que l'une d'entre elles s'était déjà isolée en raison de son âge.
En même temps que nous continuions à mettre en place des procédures physiques avec une députation réduite, nous avons poursuivi nos travaux sur la manière dont le Parlement demanderait des comptes au gouvernement sans qu'il y ait d'assemblée sur place. M. Ward et son équipe ont travaillé 24 heures sur 24 pour étudier différentes plateformes et ont pris contact avec des collègues spécialistes de la procédure afin de déterminer ce qui pourrait fonctionner pour nous. Notre bureau des relations internationales a également entrepris un travail considérable pour savoir ce que faisaient les autres législatures.
Le résultat immédiat de ces dispositions a été que le 9 avril, nous avons organisé notre première séance de questions virtuelle des dirigeants, au cours de laquelle les chefs de parti ont eu l'occasion d'interroger la première ministre sur la réaction du gouvernement écossais à l'épidémie, le tout sur une plateforme de vidéoconférence. La séance comprenait une brève déclaration liminaire de la première ministre sur les derniers développements, avant de passer aux questions des quatre chefs de partis d'opposition. Elle a été retransmise en direct sur le service de télévision du Parlement, et la BBC l'a également diffusée en direct. Elle a également été couverte sous une forme ou sous une autre par plusieurs autres diffuseurs.
C'était la première étape, mais nous avons reconnu qu'elle était limitée aux chefs de parti et que les autres députés devaient également avoir la possibilité d'interroger le gouvernement. Nous avons donc organisé deux sessions ultérieures la semaine suivante, consistant en une première session de questions virtuelles pour les chefs et une seconde séance de questions virtuelles pour les députés, où jusqu'à 20 députés avaient la possibilité de poser des questions à quatre secrétaires de cabinet différents.
Je suppose qu'il est important de dire que ces premières séances de questions virtuelles étaient des réunions informelles pour permettre aux députés d'avoir un certain accès aux ministres. Même si elles ressemblaient à des délibérations parlementaires officielles, nous n'étions pas régis par le règlement et, par conséquent, elles ne sont pas considérées comme des délibérations parlementaires officielles. Cela dit, un rapport officiel, le hansard, a fourni la transcription de ces heures de questions virtuelles, et nous les avons publiées sur notre site Web, en même temps que d'autres rapports ou comptes rendus officiels.
Nous avons également créé un comité spécial chargé d'examiner la réponse du gouvernement, et ce comité a tenu sa première réunion virtuelle le 23 avril dernier. Il a été créé pour compléter, plutôt que remplacer, le travail des autres comités, qui sont tous désireux de continuer à se réunir.
Comme nous l'avons mentionné, notre attention et nos efforts ont visé à trouver des moyens de garantir que les députés puissent contrôler le gouvernement dans les limites des procédures officielles. Désormais acceptées, les modifications du règlement intérieur permettent aux travaux formels des comités de se dérouler sur une plateforme virtuelle et permettent également des réunions formelles virtuelles du Parlement. Contrairement à l'Assemblée législative galloise, le règlement limitait les lieux de réunion du Parlement. Nous avons donc dû le modifier pour permettre au Parlement de se réunir soit dans sa salle de débat habituelle, soit dans une salle de débat virtuel, et nous avons fait de même pour les comités.
Pour le vote, nous avons également modifié le libellé du règlement en remplaçant « le système de vote électronique » par « un système de vote électronique ». C'est un changement mineur, mais important, car il nous permet d'adopter tout système pouvant être utilisé à distance. De même, pour les comités, nous avons modifié les règles afin de nous assurer qu'ils peuvent fonctionner sur n'importe quelle plateforme que nous fournissons.
Pour vous mettre au courant de la situation, mardi dernier, le Parlement s'est à nouveau réuni physiquement dans son enceinte habituelle. Un certain nombre de points de procédure ont été soulevés par les députés concernant le manque d'opportunités de poser des questions et également concernant nos projets de participation à distance. Nous sommes conscients de ces frustrations et, en conséquence, nous augmentons le temps alloué aux questions adressées à la première ministre la semaine prochaine. Nous organisons des séances virtuelles supplémentaires. Nous cherchons à organiser des séances qui permettent à tous les députés de participer, et pas seulement à ceux qui sont inscrits pour poser une question. Nous augmentons également le nombre de réunions virtuelles des comités pour répondre à la demande et nous prévoyons de tester les options de vote à distance et de participation à distance à Holyrood, en d'autres termes les procédures hybrides qui ont été mentionnées précédemment.
Comme d'autres, nous avons encore un certain nombre de défis à relever. Les principaux sont la manière dont nous examinons la législation, la manière dont nous organisons les débats en ligne et surtout la manière dont nous votons. Comme d'autres l'ont dit, c'est le plus grand défi qu'il nous reste à relever. Je serais très intéressé de savoir comment se déroulent les tests dont M. Hamlyn a parlé plus tôt aujourd'hui.
Contrairement à celui de l'Assemblée législative galloise, le Bureau des affaires parlementaires a rejeté assez fermement le vote en bloc, et il recueille actuellement les avis des députés sur le vote par procuration. La réponse à cette consultation a été jusqu'à présent mitigée, de nombreux députés favorables au vote par procuration ayant même précisé qu'ils ne voulaient pas que les whips des partis jouent un rôle dans l'exercice des procurations. Nous avons encore du chemin à parcourir pour obtenir un système qui puisse être accepté par les députés. Il nous reste donc à trouver et à tester un système de vote à distance qui soit sûr et qui permette d'effectuer les votes rapidement et de les enregistrer correctement.
Madame la présidente, je voudrais maintenant céder la parole à M. Ward, qui va très rapidement vous dire quelques mots sur l'approche technique que nous avons adoptée. Ensuite, M. Ward et moi serons heureux de répondre aux questions.
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Merci à vous, madame la présidente et David.
Essayer d'utiliser des services de diffusion pour réunir des collègues répartis aux quatre coins du globe a mis une très grande pression sur le personnel. Nous comptons sur une petite équipe de neuf techniciens. Nous avons dû nous mettre à niveau très vite pour trouver des moyens d'appuyer les députés et résoudre les problèmes d'utilisateurs. Parallèlement, nous devions comprendre les problèmes techniques ou de connectivité, apprendre le fonctionnement de l'équipement, et trouver des solutions avec les députés.
Notre stratégie a été de commencer à petite échelle, le plus vite possible, de tirer des leçons après chaque séance puis de faire un compte rendu. Agir ainsi nous a permis de prendre de plus en plus d'ampleur au fil des semaines. Après consultation d'autres assemblées législatives en Europe, nous avons décidé de ne pas utiliser la plateforme Zoom. Nous avons plutôt utilisé de façon combinée la plateforme virtuelle vMix, un mélangeur d'images, et BlueJeans, un système de vidéoconférence semblable. Je pourrais vous en parler plus en détail, si cela peut vous être utile.
Nous procédons selon deux principes. Le premier: tout mettre en œuvre pour que les techniciens travaillent hors de l'édifice, à partir de leur domicile, dans la mesure du possible. Toutes les séances virtuelles se déroulent ainsi. Le deuxième: réduire au minimum le nombre d'employés requis lorsque nous devons être sur place.
Par ailleurs, nous avons jugé qu'il est essentiel de maintenir le service de langue des signes britannique durant la crise. Toutes nos délibérations principales sont interprétées en langues des signes de façon virtuelle. Nous avons reçu beaucoup de commentaires de la part des citoyens malentendants, et nous sommes conscients de l'importance de les tenir informés durant la période actuelle.
C'est tout ce que j'ai à dire pour le moment. Je suis disposé à répondre à vos questions.
En temps normal, nous aurions plusieurs interprètes qui alterneraient. Cependant, parce que nous essayons de limiter la durée de nos séances plénières à trois heures, nous comptons sur un seul interprète pour remplir ce rôle. La situation est la même pour les réunions des comités. Par conséquent, je crois que nous pouvons dire que nous nous efforçons de réduire la pression sur le personnel, non seulement en ce qui touche les TIC et la diffusion, mais aussi l'interprétation. Nous avons veillé à mettre en œuvre ces deux volets avec notre personnel déjà en poste, et nos équipes d'interprétation travaillent à partir de leur domicile.
Pour ce qui est de la technologie, on dirait bien que nous avons trouvé une méthode qui fonctionne. Nous utilisons la plateforme Zoom, et les installations pour l'interprétation sont comme celles que vous avez ici. Je crois qu'en ce qui nous concerne, le fait que ce soit seulement dans un sens simplifie les choses.
Lors des premiers essais, nous avons constaté que le fait pour les utilisateurs de ne pas mettre leur casque d'écoute occasionnait des problèmes. On a constaté des effets de rétroaction sonore dans les canaux interprétés et non interprétés, mais nous avons réglé ce problème. Jusqu'à présent, notre système fonctionne remarquablement bien. Les seules difficultés que nous avons observées relevaient plus d'erreurs de la part des utilisateurs que de raisons plus génériques, comme l'apprentissage de la nouvelle technologie.
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C'est une très bonne question.
Au Parlement de Westminster, le gouvernement a aujourd'hui une majorité de 80 sièges, et ce, après une période assez longue de gouvernement minoritaire. Bien entendu, cela signifie que si le gouvernement voulait apporter certaines modifications aux règles de procédure, il le pourrait. Le gouvernement pourrait déposer la motion nécessaire et en forcer l'adoption. Toutefois, ce n'est pas l'approche qu'il a choisie. Les partis ont été abondamment consultés avec beaucoup de sérieux.
Permettez-moi de vous donner un exemple de collaboration en lien avec votre question précédente. Nous sommes en train de mettre à l'essai mon système de vote électronique, dont notre collègue a parlé tout à l'heure. Nous essayons d'entrer en contact avec les députés pour que le plus grand nombre possible d'entre eux puisse prendre part aux votes. Nous collaborons très étroitement avec les whips de tous les principaux partis pour que ce soit le cas. Ils sont très heureux de nous aider. Évidemment, il est dans l'intérêt des whips de s'assurer que leurs députés puissent voter.
Je crois que les choses se passent bien jusqu'ici. Il est possible que nous ayons des difficultés parce que la pression augmente, comme Siwan l'a indiqué, je crois. Les partis souhaitent que le Parlement reprenne de plus en plus ses activités, et si nous commençons à dire que notre capacité est limitée, l'opposition répliquera qu'elle veut débattre d'autre chose qu'uniquement des projets de loi ministériels. Nous pourrions alors commencer à avoir des difficultés. On nous demandera avec insistance de rallonger les séances pour que plus de sujets puissent être mis à l'ordre du jour. Nous le ferons dès que nous en aurons la capacité.
Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas encore eu ce problème. Les relations sont très bonnes, pour autant que je sache, entre le leader du gouvernement à la Chambre, qui est chargé de l'ordre du jour de travaux parlementaires, en tant que ministre, et son homologue de l'opposition officielle.
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Je vous remercie sincèrement pour la présentation.
Mes observations et mes questions portent sur la qualité de la démocratie durant les législatures virtuelles. J'aimerais connaître les préoccupations d'autres Parlements relativement aux délibérations virtuelles. Pour l'instant, la période des questions est un exemple parfait. Malheureusement, la tendance consiste de plus en plus à poser et à donner des questions et des réponses formulées d'avance. Le problème ne réside pas tant dans les questions, mais dans les réponses.
Si nous passons à une démocratie virtuelle, j'ai l'impression que, lorsqu'il s'agira de répondre à des questions, les réponses seront rédigées par des groupes de gens travaillant sur leurs ordinateurs. Elles ne proviendront pas des ministres et il n'y aura pas de véritable débat entre les députés. Comment protéger la qualité de la démocratie? De plus en plus, des gens autres que les élus contrôlent ou influencent la démocratie dans l'ombre et il s'agit d'une pente très glissante, selon moi.
Le modèle démocratique de Westminster et les raisons pour lesquelles un projet de loi doit passer par trois étapes de lecture et être lu à haute voix reposent sur le principe selon lequel le député, et non le groupe de personnes derrière lui, dirige la démocratie.
Avez-vous une observation à faire là-dessus? Si quelqu'un a quelque chose à dire concernant cette préoccupation, j'aimerais l'entendre.
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Je souhaite de nouveau la bienvenue à tous. Nous allons commencer.
Je veux d'abord demander à tous les participants de cliquer dans le coin supérieur droit de leur écran pour confirmer qu'ils sont en mode de visualisation de la galerie. Cet affichage permet de voir tous les participants. À ceux d'entre vous qui viennent de se joindre à nous, veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Lorsque vous êtes prêt à intervenir, vous pouvez soit cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro ou tenir la barre d'espacement pendant que vous parlez. Lorsque vous relâcherez la barre d'espacement, votre microphone se mettra en sourdine. Le fonctionnement est identique à celui d'un walkie-talkie.
Je rappelle à tous les participants qu'ils doivent adresser leurs observations à la présidence. Lorsque vous parlez, veuillez vous exprimer lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, votre microphone devrait être éteint. L'utilisation d'un casque d'écoute est fortement encouragée.
Je vais maintenant souhaiter la bienvenue au deuxième groupe de témoins à cette réunion d'aujourd'hui. Nous sommes ravis d'accueillir M. Gordon Barnhart, ancien greffier du Sénat, et M. Joseph Maingot, ancien légiste et conseiller parlementaire. Il est aussi l'auteur de l'ouvrage Le privilège parlementaire au Canada. Il est évident que votre expérience nous sera grandement utile. Enfin, M. Gary O'Brien, qui est aussi un ancien greffier du Sénat, est également des nôtres.
Bienvenue au Comité. Je cède d'abord la parole à M. Barnhart.
Monsieur Barnhart, veuillez activer votre microphone et présenter votre déclaration préliminaire.
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Merci beaucoup, madame la présidente, distingués membres du Comité. Je suis heureux d'être ici pour vous faire part de quelques idées.
C'est aussi un très grand honneur de témoigner en compagnie de Joe Maingot et Gary O'Brien, qui sont deux collègues de longue date. Je me sens donc bien entouré, même si je suis en Saskatchewan et que tous les autres participants se trouvent un peu partout au Canada.
Je vous remercie de l'invitation à témoigner devant le Comité pour parler des façons qui pourraient permettre aux députés de s'acquitter de leurs fonctions pendant que la Chambre est ajournée en raison de la COVID-19. Je dois toutefois avouer que j'ai un parti pris. En tant qu'ancien greffier de l'Assemblée législative de la Saskatchewan, puis du Sénat du Canada, j'ai accumulé 25 ans d'expérience. Je suis donc un fervent partisan du système parlementaire canadien.
Comme vous le savez, vous avez plusieurs rôles à jouer en tant que députés: premièrement, représenter les gens de votre circonscription; deuxièmement, examiner les mesures législatives; troisièmement, vous opposer à certains crédits ou, en d'autres mots, mener un examen financier; quatrièmement, demander des comptes au gouvernement. Il n'est pas simple de s'acquitter de ces tâches lorsque la Chambre siège de la façon habituelle; la situation actuelle complique encore plus les choses. Les rencontres en personne favorisent les débats rigoureux et sains. Compte tenu des exigences d'éloignement physique découlant de la COVID-19, ce qui était normal ne s'applique plus. Par conséquent, je recommande fortement que le Parlement continue de siéger, particulièrement en cette période anormale. Je vous présenterai donc quelques options à prendre en considération, qui, à mon avis, sont déjà mises à l'essai d'une façon ou d'une autre.
D'abord, au cours des six dernières semaines, des séances de la Chambre ont eu lieu avec un nombre restreint de députés pour permettre l'éloignement physique. J'appuie cette approche et j'encourage la Chambre à se réunir de cette façon régulièrement. S'il est vrai qu'une séance avec un nombre restreint de députés réduit l'intensité des débats, ce choix demeure préférable à l'absence totale de rencontre.
À quelle fréquence la Chambre devrait-elle se réunir? Il s'agit là d'une décision politique. Je sais que, comme le veut leur nature respective, le gouvernement souhaite moins de séances et que l'opposition, elle, a tendance à en réclamer davantage. Il vous reviendra de trouver un compromis. Je pense toutefois que la solution doit prévoir des rencontres régulières du Parlement. Dans l'intérêt d'une bonne gouvernance, il faut trouver une façon de permettre au Parlement de se réunir régulièrement. Les séances avec un nombre restreint de députés désavantagent ceux qui vivent loin d'Ottawa parce que leur capacité de siéger est réduite.
Je pense donc qu'il serait utile d'offrir la possibilité de participer aux rencontres à distance. Il y a bien sûr l'application Zoom que nous utilisons en ce moment, mais elle est loin d'être la seule option. En Saskatchewan, par l'entremise de l'Association des municipalités urbaines de la Saskatchewan, nous organisons des réunions comptant jusqu'à 400 personnes. Elles peuvent écouter les interventions, voir la personne qui a la parole, faire des commentaires et poser des questions.
Malheureusement, cette façon de procéder ne permet pas les débats animés qui sont propres aux rencontres en personne. Je répète toutefois que c'est mieux que rien. J'imagine qu'on peut dire que l'absence de chahut est un des avantages d'un tel système, mais ce pourrait aussi être considéré comme un désavantage. Ces rencontres à distance peuvent être désavantageuses pour les députés qui n'ont pas accès à un réseau WiFi. La Saskatchewan est une vaste province ayant une petite population, mais nous sommes en mesure d'organiser des réunions virtuelles. Je vous encourage à déployer tous les efforts possibles pour le faire avec des participants de partout au Canada. En passant, je m'adresse à vous sans réseau WiFi. Grâce à un point d'accès personnel, je peux me connecter par l'entremise de mon appareil iPhone à la réunion d'aujourd'hui.
Les réunions de comité, quant à elles, se prêtent bien aux rencontres virtuelles en raison de leur petite taille. J'encourage donc le Parlement à avoir recours davantage aux comités. Les membres peuvent se connecter à Zoom assez facilement. Même si l'absence de contact personnel est une perte, je pense qu'une grande partie des travaux pourraient être effectués virtuellement par les comités.
La question est donc la suivante: les séances de la Chambre qui respectent les consignes d'éloignement physique ou qui ont lieu de façon virtuelle — une combinaison des deux types serait peut-être la voie à suivre — violent-elles la Constitution ou le Règlement? Selon moi, non.
On pourrait faire valoir que, si le Parlement ne peut pas se réunir, les députés ne sont pas à même de remplir leurs fonctions et l'esprit de la Constitution n'est pas respecté. Dans le cadre d'une rencontre virtuelle de la Chambre, par exemple, tant qu'il y aurait quorum en personne, l'obligation de siéger serait respectée. Les députés qui participeraient en ligne s'ajouteraient au quorum présent à la Chambre. Si on permet à tous les députés de participer avec ces deux options, une entente s'impose. En situation de gouvernement minoritaire, si un vote de confiance a lieu alors qu'un nombre restreint de députés siègent à la Chambre, il est impératif que l'entente soit respectée pour éviter que le gouvernement soit défait.
En cas de défaite, si l'entente sur le nombre restreint de députés à la Chambre n'était pas respectée, le gouverneur général tiendrait compte des circonstances pour décider s'il déclenche des élections, si le gouvernement est défait ou s'il est maintenu au pouvoir. Je dirais aussi que tout parti politique qui se livrerait à de petits jeux sur les chiffres en temps de pandémie susciterait un tollé. Je suis donc convaincu que cela ne se produirait pas. À mon avis, offrir la possibilité à tous les députés de participer virtuellement et de s'ajouter à ceux qui sont présents à la Chambre représente l'option la plus simple. On évite ainsi les désaccords sur le nombre de députés présents. Il serait beaucoup moins probable que le gouvernement soit renversé.
En temps de crise, le bon fonctionnement du Parlement est encore plus important pour la population. Il n'y a aucune raison constitutionnelle ou procédurale qui empêcherait l'adoption d'une combinaison de ces deux options.
On pourrait s'opposer aux réunions virtuelles pour des raisons liées à la comptabilisation des votes. Comme vous le savez, en ce moment, les députés doivent se lever à la Chambre pour voter. Cela dit, un vote peut être tenu virtuellement. Un vote peut avoir une grande importance à la Chambre. Nous avons l'habitude que les députés soient invités à se lever pour exprimer leur position, mais en ces temps exceptionnels, il pourrait être impossible de le faire publiquement. Il faut que le vote soit possible, et un système électronique en confirmera la validité. Il indiquera le nombre de personnes qui ont voté et comptabilisera les résultats. Cette façon de faire me semble parfaitement conforme aux règles.
Aucune des options que j'ai décrites n'est aussi efficace et attrayante que les rencontres en personne. Toutefois, pour l'instant, elles sont préférables à l'absence totale de séance parlementaire. Une fois la pandémie passée, le Parlement doit reprendre ses réunions selon le mode habituel. Le système parlementaire canadien existait avant la Confédération. Il a traversé des guerres mondiales et des crises économiques. Il doit trouver une façon de maintenir ses travaux pendant cette pandémie.
Merci beaucoup, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
Je vais parler de l'immunité dans le cadre des travaux de la Chambre et des comités. Je présenterai un bref historique pour en venir à la situation actuelle.
Le privilège parlementaire est une branche du droit parlementaire. Cette notion difficile à définir a une longue histoire, aussi longue que celle du Parlement. Les privilèges parlementaires du Canada sont fondés sur ceux du système de Westminster. À l'époque de la Haute Cour du Parlement en Angleterre, il s'agissait d'assurer la présence des députés au Parlement. Au début, ils étaient protégés contre toute poursuite. Ils n'avaient pas à s'inquiéter de l'opinion de la population à propos de leurs paroles ou leurs actes au Parlement parce que ces travaux n'étaient pas ouverts au public. Le roi, par l'entremise du Président, y avait toutefois accès. Par conséquent, la prochaine étape consistait à protéger les députés contre les poursuites royales en ce qui concerne les paroles prononcées et les actes posés au Parlement. Cette question a été résolue par l'article 9 du Bill of Rights de 1689, qui dit plus ou moins que tous les propos tenus au Parlement ou dans le cadre de ses travaux ne peuvent être mis en cause ailleurs qu'au Parlement. Ces dispositions remontent à la fin des années 1640, époque où Charles Ier a été décapité.
L'article 9 du Bill of Rights conférait une liberté de parole aux députés et les mettait à l'abri de représailles de la part de tiers pour ce qu'ils avaient dit ou fait dans le cadre des travaux parlementaires. Si les députés pouvaient publier leurs interventions pour leur propre usage, il leur était interdit, par résolution de la Chambre de l'époque, de parler à l'extérieur des choses qu'ils avaient dites ou faites ou que d'autres avaient dites ou faites au Parlement. Un député qui parlait à l'extérieur de la Chambre des communes des paroles qu'il y avait prononcées ou des actes qu'il y avait posés le faisait à ses risques et périls. Toute publication indépendante, comme les envois collectifs, n'était pas protégée.
Si le privilège parlementaire protégeait les députés, c'était la common law qui protégeait l'utilisation du hansard. Il était tout à fait approprié qu'un journal publie un compte rendu fidèle de débats à la Chambre qui contenaient des remarques désobligeantes sur les mœurs d'une personne. Il s'agit d'un privilège fondé sur le même principe s'appliquant à un compte rendu fidèle des délibérations d'un tribunal: l'avantage de la publicité pour l'ensemble des citoyens l'emporte sur les préjudices individuels que cette publicité peut occasionner. Les propos diffamatoires d'un rapport déposé à la Chambre qui étaient publiés, sans faire partie autrement des travaux du Parlement, n'étaient pas protégés.
Cela s'explique par la fameuse affaire Stockdale c. Hansard en 1839, que tous les greffiers et agents du Parlement connaissent. Maintenant, bien sûr, un tel rapport, déposé à la Chambre et publié suite à un ordre de la Chambre, serait protégé par la Loi sur le Parlement du Canada.
Il était entendu, lorsque les procédures au Parlement étaient radiotélédiffusées, que les personnes responsables de la radiotélédiffusion seraient des employés du Parlement et qu'ils produiraient un hansard sous forme électronique, c'est-à-dire un rapport audiovisuel de la Chambre sans fioriture ni éditorial. Les séances des comités sont aussi télédiffusées aujourd'hui. Comme le hansard imprimé, le hansard électronique produit par la Chambre des communes est un compte rendu in extenso de ce qui s'est passé et qu'on a pu voir et entendre. Les débats, qu'ils soient ou non diffusés, font néanmoins toujours partie des délibérations du Parlement visées à l'article 9 de la Déclaration des droits de 1689.
Dans une étude des privilèges des membres du Parlement en Grande-Bretagne, le Comité spécial de la Chambre des communes sur la radiodiffusion a dit en 1966, au sujet du député dont le discours au Parlement est diffusé à la radio, que ce qu'il dit au cours des débats de la Chambre continuerait d'être protégé par un privilège absolu. Du point de vue juridique, il parle dans un contexte de privilège absolu et le mode de publication est sans importance.
Le privilège parlementaire est l'indispensable immunité que le droit accorde aux membres du Parlement pour leur permettre d'effectuer leur travail législatif, notamment de demander des comptes au gouvernement. C'est aussi l'immunité que la loi accorde à tous ceux qui prennent part aux délibérations du Parlement.
À la question « indispensable à quel égard? », il faut par conséquent répondre qu’il s’agit de l’immunité qui est indispensable pour protéger les législateurs dans l’exécution de leurs fonctions législatives et délibératives et de la tâche de l’assemblée législative de demander des comptes au gouvernement relativement à la conduite des affaires du pays.
Il inclut en outre le droit, le pouvoir et l'autorité en vertu desquels chaque Chambre du Parlement peut remplir les fonctions que lui assigne la Constitution.
La Cour suprême du Canada a souligné qu'au Royaume-Uni, les privilèges du Parlement sont « indispensables à l'exercice de ses pouvoirs » et que « les organismes législatifs canadiens peuvent revendiquer en tant que privilèges inhérents les droits nécessaires à leur fonctionnement. On ne conteste pas, dans la jurisprudence, que le critère applicable est celui de la nécessité. »
Les séances de la Chambre des communes elle-même et les séances d'un comité parlementaire sont constitutionnellement inhérentes. Leur exercice n'est pas soumis à un contrôle juridictionnel et constitue l'une des procédures internes, et tous ceux qui y participent sont protégés. Ainsi, toute personne qui participe à un comité de la Chambre ou à des débats à la Chambre est protégée.
La Cour suprême du Canada a confirmé que les tribunaux s'en remettent aux procédures internes des organes législatifs, a affirmé que l'Assemblée est « le seul juge de la légalité de ses débats » et que cela est « pleinement établi » au Royaume-Uni, tout en reconnaissant également que, « [e]n établissant ses propres codes de procédure ou en y dérogeant, l'Assemblée peut "en pratique modifier ou remplacer les règles de droit". »
Le dictionnaire définit le terme « virtuel » comme « ayant l'essence ou l'effet, mais pas l'apparence ou la forme ». Comme dans le cas de la Chambre des communes, une séance virtuelle d'un comité de la Chambre constitue une séance et fait partie des procédures internes de la Chambre. Le privilège parlementaire prévaut, conformément au principe qui prévaut dans une procédure d'une cour de justice virtuelle.
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Merci beaucoup, madame la présidente, de m'avoir invité à comparaître. Je n'ai pas une très bonne connexion à Internet. J'espère qu'il n'y aura pas de problème.
J'aimerais parler de certains des problèmes de procédures liés à la mise en place d'une plateforme pour des séances entièrement virtuelles.
Si je comprends bien, la tenue de séances virtuelles est considérée comme une solution temporaire pour trouver un juste équilibre entre les fonctions parlementaires et la prudence face à la pandémie de COVID-19. Bien qu'il soit prévu que ces séances soient temporaires, je pense néanmoins qu'il serait utile pour le Comité de mener une analyse détaillée ou, mieux encore, une étude des répercussions que ces nouvelles technologies peuvent avoir sur les différentes procédures de la Chambre et, plus important encore, d'évaluer les conséquences découlant de ces changements. De cette manière, votre comité aurait une vue d'ensemble de ce qui est en jeu.
Les témoignages que vous avez reçus jusqu'à présent des Présidents, des anciens Présidents, des greffiers et des assistants juridiques sont inestimables, mais peut-être qu'une étude approfondie entreprise par votre équipe de recherche auprès du Bureau avec la participation de membres de la Chambre vous permettra de mieux évaluer les changements aux conséquences minimes comparativement à ceux qui risqueraient de modifier les caractéristiques procédurales fondamentales de la Chambre. Une telle analyse peut vous amener à recommander le type de processus hybrides ou les premières étapes concourant à la mise en place d'une plateforme de séances virtuelles.
Étudier les propositions de révision du Règlement en période de crise sans avoir le temps de comprendre quels amendements peuvent transformer les caractéristiques essentielles de la Chambre n'est jamais la meilleure manière d'élaborer des politiques. Je comprends que votre institution est probablement soumise à une pression importante de la part de ses pairs en ce moment, alors que d'autres assemblées dans le monde se tournent vers le virtuel pour répondre aux défis posés par la pandémie. Cependant, étant donné votre situation, advenant qu'une plateforme virtuelle soit adoptée, il peut être utile de déterminer quelles procédures peuvent être le plus touchées et lesquelles ne le sont pas.
Je suis tout à fait d'accord avec le témoignage de l'ancien greffier par intérim d'il y a quelques jours selon lequel il est peut-être plus efficace de s'appuyer sur des pratiques existantes. Gardez à l'esprit le fait que d'autres assemblées cherchent aussi d'autres solutions aux réunions en personne, mais dans le cadre des limites constitutionnelles, statutaires et réglementaires imposées par leurs processus législatifs.
Manifestement, certaines procédures permettent à certaines affaires de la Chambre d'être menées de manière virtuelle. À Westminster, la Chambre des communes a conclu que la technologie à distance peut être utilisée pour le traitement de points essentiels dans le cadre de ses affaires comme les questions, les questions urgentes et les déclarations ministérielles. Dans le mémoire qu'il a présenté à votre comité, le Centre Samara pour la démocratie a indiqué les débats exploratoires — pendant lesquels les députés donnent leur point de vue sur un sujet donné sans qu'il y ait de vote à caractère exécutoire — comme procédure adéquate dans un Parlement virtuel.
Quoi qu'il en soit, selon moi, l'objectif final consistant à autoriser le Parlement à fonctionner de manière aussi virtuelle que possible sans présence physique en continu à Ottawa me semble être bien plus qu'un simple changement des méthodes de travail de la Chambre. L'introduction de technologies permettant aux députés de s'absenter et de participer aux travaux par vidéoconférence me semble un changement bien plus fondamental. J'aimerais donc parler de trois procédures qui peuvent être grandement modifiées.
Ma première grande interrogation concerne la règle relative à l'assiduité.
La note marginale de l'article 15 du Règlement stipule que la présence est obligatoire. Je suis convaincu que le libellé de l'article peut être modifié, à la lumière de conseils éclairés, pour permettre, sur un plan procédural, l'utilisation de plateformes virtuelles. Mis à part l'argument juridique, il faut se demander si l'intention de la règle serait fondamentalement modifiée.
Dans les recherches que j'ai faites dans le cadre de mon doctorat sur la pratique parlementaire au Canada avant la Confédération, je suis tombé sur un article, à la date du 16 septembre 1842, au sujet de l'Assemblée législative de la Province unie du Canada. La Chambre avait l'habitude de fixer un jour pour convoquer la Chambre et tous les membres devaient être présents. Si un membre était absent, le Président lui envoyait une lettre, comme il l'a fait ce jour-là, disant ceci: « La Chambre, en m'enjoignant de vous prévenir, se montre très réticente à croire qu'une telle absence inexpliquée résulte d'une négligence ou d'une indifférence telles que l'honorable député se retrouverait soumis à la censure de la Chambre. »
Depuis le début de la pratique législative au Canada, le premier devoir de tout membre du Parlement est d'assister aux séances et, pendant des décennies, celui qui s'en abstenait sans raison valable faisait l'objet de la censure de ses collègues.
L'article 15 du Règlement est en vigueur à la Chambre depuis 1867. En dépit des nombreux exigences et obstacles auxquels les députés ont toujours dû faire face, le principe selon lequel la présence physique des députés est obligatoire pour que la Chambre puisse remplir ses devoirs constitutionnels a été un thème constant quant à la manière dont le corps législatif doit fonctionner. Il se peut que cela change maintenant. Il convient d'étudier les conséquences d'une telle décision.
Ma deuxième question porte sur le quorum. La deuxième édition de l'ouvrage d'O'Brien et Bosc indique ce qui suit en ce qui concerne le quorum: « La Loi constitutionnelle de 1867 exige un quorum de 20 députés, dont le Président, "pour constituer une assemblée de la Chambre dans l’exercice de ses pouvoirs" ». À ce sujet, le vice-président a déclaré ce qui suit:
[...] Il n’incombe pas au Président de dire aux députés d’un côté ou de l’autre de la Chambre qui devrait être à sa place ou combien de députés devraient être présents pour n’importe quel débat [en comptant le quorum]. »
Conformément à cette citation, un membre, pour être compté dans le quorum, doit être physiquement à sa place. Si une plateforme virtuelle est mise en place pour les séances législatives, un processus différent devra être établi. Veuillez garder à l'esprit que le règlement sur le quorum est également une disposition de la loi constitutionnelle de 1867.
Historiquement parlant, avant l'Acte d'Union de 1840 qui transformait les deux provinces de l'Ontario et du Québec en la seule Province unie du Canada, la question du quorum était très controversée. Les assemblées du Haut et du Bas-Canada, souvent traversées par le doute quant au quorum approprié étant donné les conditions de vie des pionniers du pays et les divisions linguistiques et religieuses au sein de la société, étaient fréquemment le siège de débats houleux. Les règles des deux assemblées furent modifiées à maintes reprises à ce sujet. En en faisant un règlement statutaire et en l'incluant dans la constitution de la province, on espérait que les controverses sur le quorum cesseraient.
Enfin, j'ai des réserves quant aux propositions qui autoriseraient le vote électronique. Les mesures qui permettent l'utilisation du vote électronique à l'exclusion d'autres éléments dans la conduite d'un débat législatif au Parlement méconnaissent la nature de la procédure parlementaire. Le vote est une étape cruciale, mais il ne s'agit que de l'une des trois étapes qui entrent dans la prise de décision relative à un projet de loi, et les trois étapes sont liées. Les deux autres étapes sont la présentation d'une motion puis le débat qui y est associé.
En principe, selon le Règlement de la Chambre, tous les membres doivent assister à la séance afin de s'informer sur la motion en lisant le Feuilleton — par exemple, la présentation de projets de loi — et d'y réfléchir pendant deux jours puis d'entamer le débat à son sujet. Certains théoriciens politiques classiques estiment que le débat législatif est le principe constitutionnel le plus important qui puisse exister et qu'il constitue la base de la démocratie.
Les parlements sont imprégnés de traditions, parce que ces traditions ont un sens. Il se peut qu'autoriser le seul vote électronique discrédite d'autres aspects de la prise de décision législative et ne respecte pas l'important principe de la procédure parlementaire.
En conclusion, comme je l'ai dit, je pense qu'une analyse ou une étude détaillée des conséquences que ces nouvelles technologies peuvent avoir sur les différentes procédures du Parlement pourraient vous être utiles. Outre les sujets que j'ai abordés, la vérification pourrait porter sur les règles régissant la procédure et les débats, sur la manière dont le Président choisira les personnes qui souhaitent s'exprimer dans le débat, sur l'aspect réel d'un Parlement virtuel dans l'attribution des sièges, sur la manière de rendre compte adéquatement des tragédies nationales et internationales et sur la procédure de la sanction royale. Une analyse complète sera bien évidemment un projet à plus long terme, mais un projet que votre comité aurait intérêt à poursuivre.
Je vous remercie.