Bienvenue à la 22e séance du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
Le Comité se réunit pour poursuivre son étude des fonctions parlementaires dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Conformément à la motion adoptée par la Chambre le 26 mai, le Comité pourra continuer à siéger en mode virtuel jusqu'au lundi 21 septembre pour examiner des questions liées à la pandémie de COVID-19 et à d'autres sujets.
Certaines des restrictions imposées jusqu'à maintenant pour les séances virtuelles des comités sont désormais levées. Comme je viens de l'indiquer, le Comité peut dorénavant examiner d'autres questions. En plus de recueillir des témoignages, il peut aussi être saisi de motions comme c'est le cas habituellement. Comme le précise le plus récent ordre de renvoi de la Chambre, toutes les motions doivent faire l'objet d'un vote par appel nominal.
Enfin, la Chambre a également autorisé notre comité à mener certaines de ses délibérations à huis clos dans le but précis d'étudier des projets de rapport ou de procéder à la sélection de témoins. À cet égard, toutefois, je tiens à préciser que le greffier de la Chambre a avisé les whips que, d'ici à ce que l'Administration de la Chambre ait mis au point un processus permettant d'alterner entre délibérations publiques et à huis clos durant une même séance, toutes les séances virtuelles qui débutent en public doivent demeurer en public jusqu'à la fin, et toutes les séances virtuelles qui commencent à huis clos doivent demeurer à huis clos jusqu'à la fin.
La séance d'aujourd'hui se déroulera par vidéoconférence, et les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. Seule la personne ayant la parole apparaîtra à l'écran, et non l'ensemble du Comité.
Voici maintenant quelques règles à suivre pour assurer le bon déroulement de la séance. L'interprétation de la vidéoconférence s'apparentera à celle d'une séance ordinaire. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre « parquet », « anglais » et « français ». Si vous avez l'intention de passer d'une langue à l'autre pendant votre intervention, veuillez changer le canal d'interprétation en conséquence. Je vous invite à faire une courte pause lorsque vous changez de langue.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Quand vous êtes prêt à parler, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro.
Je vous rappelle que toutes les interventions des membres du Comité et des témoins doivent s'adresser à la présidence.
Si un député veut demander la parole en dehors de la période qui lui est réservée, il doit activer son micro et indiquer qu'il invoque le Règlement. Si un député souhaite réagir au rappel au Règlement d'un de ses collègues, il doit utiliser la fonction « Lever la main ». Je saurai ainsi que vous voulez prendre la parole. Pour ce faire, vous n'avez qu'à cliquer sur l'icône « Participants » de votre barre d'outils au bas de votre écran. Quand la liste apparaît, vous verrez, près de votre nom, une icône pour lever la main. Pour certains, cette icône se trouvera au bas de la barre d'outils des participants.
Veuillez vous exprimer lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, votre microphone devrait être éteint.
Nous recommandons vivement à tous les témoins d'utiliser un casque d'écoute. Bien sûr, tous les députés connaissent déjà cette recommandation.
Si un problème technique survient — avec l'interprétation ou le son, par exemple —, veuillez en aviser immédiatement la présidence, et l'équipe technique verra à faire le nécessaire. Il est à noter que nous risquons de devoir suspendre nos travaux en pareil cas, car nous devons nous assurer que tous les députés peuvent participer pleinement à la séance. Nous avons déjà eu de tels problèmes dans le passé. Veuillez faire votre possible pour m'informer ou pour informer le greffier que vous avez des problèmes afin que nous puissions rétablir votre connexion ou faire fonctionner votre audio.
Nous suivrons aujourd'hui les mêmes règles qui s'appliquent habituellement aux déclarations préliminaires des témoins et aux questions qui leur sont posées. Chaque témoin disposera de sept minutes pour faire une déclaration préliminaire, après quoi nous procéderons à deux séries de questions des membres. Tout comme dans le cadre d'une séance ordinaire du Comité, nous suspendrons la séance entre les groupes de témoins pour permettre au premier groupe de témoins de quitter la salle et au prochain groupe de se joindre à la séance.
Avant de commencer, je demanderais à tous les participants de cliquer dans le coin supérieur droit de leur écran pour s'assurer qu'ils sont en mode de visualisation de la galerie. Avec cette vue, vous devriez être en mesure de voir tous les participants dans une grille.
Sans plus tarder, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins, qui forment un groupe tant attendu. De nombreuses questions ont été posées sur la sécurité et les TI.
Nous sommes très heureux d'accueillir les témoins d'aujourd'hui: M. Essex, professeur agrégé à l'Université Western Ontario; Mme Goodman, professeure adjointe à l'Université Brock; M. Roberge, président d'Arc4dia; et M. Morden, directeur de recherche au Centre Samara pour la démocratie.
Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
Pouvons-nous commencer par M. Essex, s'il vous plaît?
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Bonjour et merci, madame la présidente.
Je vous remercie de m'avoir invité à m'adresser au Comité.
Pendant que je préparais mon exposé, mon fils m'a rappelé qu'un groupe de hiboux s'appelle un parlement. Permettez-moi donc de dire à quel point c'est chouette pour moi d'être ici aujourd'hui.
Je m'appelle Aleksander Essex. Je suis professeur agrégé de génie logiciel à l'Université Western. Ma recherche porte sur la cybersécurité et la cryptographie, mais ma spécialité est la cybersécurité dans le domaine des élections.
J'ai étudié en profondeur les questions entourant la cybersécurité et le vote en ligne au Canada et à l'étranger. Je présente souvent mes conclusions à des conseils municipaux, à des associations, ainsi qu'à des commissions et des organismes électoraux. En 2013, j'ai cosigné l'analyse des facteurs relatifs à la cybersécurité des propositions présentées par les fournisseurs en réponse à la demande de propositions de la Ville de Toronto concernant son système de vote en ligne. J'ai aussi dirigé une étude portant sur la cybersécurité et l'utilisation du vote en ligne durant les élections municipales de 2018 en Ontario. En février, je me suis adressé au comité parlementaire des questions électorales de la Nouvelle-Galles-du-Sud au sujet de son système de vote en ligne. Le mois prochain, je comparaîtrai devant un comité législatif des Territoires du Nord-Ouest pour parler du nouveau système de vote en ligne de ce territoire.
Plus récemment, j'ai collaboré avec Mme Goodman — qui prendra la parole après moi — pour tenter de faire progresser les normes de cybersécurité liées au vote en ligne au Canada. Nous sommes l'un des pays qui utilisent le plus le vote en ligne au monde, et pourtant, nous n'avons aucune norme en la matière. Comme vous pouvez l'imaginer, cette situation a engendré un certain nombre d'incidents inquiétants, en plus de mener, d'après moi, à un niveau d'exposition aux cyberrisques excessivement élevé.
Depuis le début de ma carrière, j'ai vu beaucoup de technologies de vote inadéquates. C'est pour cette raison que lorsque Mme Goodman et moi avons appris, en mars dernier, que le Parlement se penchait sur la question du vote parlementaire à distance, nous avons cherché à devancer toute proposition potentiellement douteuse, comme l'idée du Parlement européen d'utiliser le vote par courriel. Nous avons publié un article dans Options politiques pour essayer d'alimenter la réflexion. Fait intéressant: bien que notre article portait sur les façons d'utiliser le vote parlementaire à distance de manière sûre, en respectant les principes de cybersécurité, tous les commentaires que nous avons reçus concernaient l'importance de la tradition parlementaire.
Je crois, moi aussi, que la tradition parlementaire est très importante, mais la situation actuelle n'a rien de traditionnel. D'après un article publié dans le Globe cette semaine, au cours des 12 derniers mois, la Chambre a tenu 38 séances ordinaires. Cela ne suit pas la tradition. Trente députés ont participé aux votes concernant des mesures de dépenses historiques. Cela ne suit pas la tradition. Tous les députés se réunissaient dans le cadre d'un genre de super-comité, mais ils ne votaient pas. Cela ne suit pas la tradition non plus.
Voilà la situation dans laquelle nous nous trouvons. Qu'allons-nous faire?
La bonne nouvelle, c'est que le vote parlementaire à distance représente un problème technique beaucoup plus simple que le vote en ligne pour les élections générales. Il y a quelques bonnes raisons qui expliquent ce fait. Par exemple, le Parlement peut soutenir les députés en leur fournissant de la technologie sécurisée et de la formation, ce qui n'est pas le cas dans le contexte d'élections générales. Plus important encore, le vote parlementaire n'est pas secret. Au contraire, il s'agit d'un scrutin public, ce qui signifie que les votes enregistrés sont vérifiables. Il est donc possible de détecter les erreurs.
C'est d'ailleurs à cet égard qu'il faut faire attention. En effet, ce n'est pas suffisant d'avoir la possibilité de vérifier les votes, il faut le faire réellement. Il faut également que des procédures soient mises en place pour savoir quoi faire en cas d'erreur.
Cela peut sembler tout à fait évident, mais ce ne l'est pas. Notre expérience nous a montré à maintes reprises que, franchement, le monde des élections a tendance à se préparer à affronter les catastrophes seulement après coup. Nous recommandons de ne pas attendre. Soyons prévoyants. Bâtissons le système comme il le faut dès le départ.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Six mois avant les élections municipales de 2018 en Ontario, j'ai fait un reportage avec CBC sur mes inquiétudes par rapport au fait que les villes qui utilisaient le vote en ligne ne semblaient pas avoir mis en place de plan de réponse aux incidents cybernétiques. Qu'allaient-elles faire si Internet cessait de fonctionner le soir des élections? Quel était leur plan de match? CBC a ensuite interviewé un certain nombre de directeurs municipaux. Plusieurs ont admis qu'ils n'avaient pas de plan. L'un d'entre eux est allé jusqu'à dire qu'il espérait qu'il n'y aurait pas d'incident.
Que s'est-il passé, d'après vous? L'un des fournisseurs de systèmes de vote en ligne a accidentellement fourni un accès trop restreint à la bande passante. Par conséquent, les sites Web utilisés pour le vote en ligne dans 43 villes différentes — ce qui représente presque un million d'électeurs — sont tombés en panne le soir des élections, et 35 de ces villes ont dû adopter des mesures d'urgence pour prolonger la période du scrutin de 24 heures. Non seulement ces villes n'avaient pas mis de plan en place, mais elles ne pensaient même pas que le risque était assez élevé pour en élaborer un.
Vous pensez peut-être que ce n'était qu'un simple hasard, mais une situation semblable s'est produite en Nouvelle-Galles-du-Sud l'année dernière. Voilà pourquoi j'ai témoigné là-bas. Je leur ai raconté ce qui s'était passé en Ontario, car c'était lié. Leur système d'inscription est tombé en panne la veille de l'élection. Vous pourriez penser qu'il n'y a pas de souci, que cela ne s'applique qu'aux élections générales, et que ce serait différent pour les votes législatifs. Toutefois, la semaine dernière, à Sarnia, en Ontario, une motion mise aux voix au conseil municipal a été adoptée par erreur. Il s'avère que le mot « désaccord » ressemble à « accord » lorsqu'on n'entend pas la première syllabe parce qu'il y a un problème de connexion sur Zoom.
Le personnel a été à la hauteur et a pu déceler l'erreur cette fois-ci, heureusement, mais qu'en sera-t-il la prochaine fois? Il est évident qu'il nous faut des procédures pour répéter ces contrôles et, du coup, les intégrer à l'éventuelle nouvelle tradition.
Nous avons seulement discuté d'accidents et d'erreurs, mais nous sommes aussi préoccupés par les actions délibérées d'auteurs de menace avancés et persistants, comme les États-nations. Nous avons vu de tels acteurs infiltrer les systèmes informatiques de nos villes. S'ils sont prêts à consacrer des mois à mettre en place un mécanisme dans l'espoir d'obtenir une rançon de quelques milliers de dollars, imaginez ce qu'ils pourraient faire lors d'une élection. Ensuite, la question est de savoir pourquoi pirater une élection alors qu'on pourrait simplement influer sur la loi elle-même.
En conclusion, permettez-moi de résumer quelques points à retenir. Le vote en ligne sécurisé et à distance pour les votes parlementaires non secrets est faisable, mais cela doit être bien fait. Il faut des procédures pour détecter les erreurs, qu'elles découlent d'un piratage informatique, d'accidents ou de catastrophes. Quelqu'un doit être chargé de vérifier que le vote des députés est correctement enregistré. Des procédures doivent être créées pour apporter des corrections, et il faut résister à la tentation de penser qu'il ne se passera rien.
J'ai entendu dire qu'hier soir, certains ont parlé de tornades et de fenêtres qui ouvrent au vent en disant que cela n'arrive jamais. Puis, un jour, cela se produit.
Madame la présidente, je vous remercie de m'avoir permis de vous faire part de ces observations. Ce sera un honneur de répondre aux questions du Comité.
Merci.
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Bonjour. J'aimerais d'abord remercier le président et les membres du Comité de l'invitation et de l'occasion de prendre la parole aujourd'hui et de présenter mes recherches et mes observations.
J'ai consacré les 11 dernières années à travailler dans le domaine du vote électronique, tant au Canada qu'à l'étranger. J'ai notamment dirigé et codirigé des projets d'analyse des effets du vote électronique à distance dans le contexte d'élections municipales, d'élections autochtones et d'une multitude de votes au sein de partis politiques. Outre les effets sociaux et politiques, j'ai étudié les questions de cybersécurité du vote numérique d'un point de vue stratégique et exploré les possibilités de réglementation. Une bonne partie de ce travail a été réalisé en collaboration avec mon collègue, M. Essex.
J'ai quatre points précis à soulever aujourd'hui. Je parlerai d'abord des raisons pour lesquelles le vote en ligne fonctionne pour le vote législatif. Ensuite, je traiterai des modes de vote électronique à distance qui pourraient fonctionner dans un contexte législatif, en précisant lequel se prête le mieux actuellement au contexte de la Chambre des communes du Canada. Troisièmement, j'aborderai les façons dont ce travail pourrait améliorer la souplesse et l'accessibilité du corps législatif à l'avenir. Enfin, je présenterai quelques possibilités de leadership éclairé.
Pour commencer, j'aimerais fournir au Comité des éléments de contexte sur le débat de fond entourant le vote à distance par Internet.
Le débat comprend deux aspects principaux qui portent généralement sur le déploiement lors d'élections. D'une part, certains arguments présentent les avantages du vote en ligne, comme l'accessibilité accrue, la commodité et l'augmentation du taux de participation. Cela a été observé dans des municipalités et dans les collectivités des Premières Nations du Canada. D'autre part, il y a des préoccupations relatives à la cybersécurité et la confidentialité du vote. Certains essais de vote en ligne tenus dans le cadre d'élections publiques ont été interrompus ou annulés en raison de problèmes de sécurité ou de la découverte de failles. Il y a deux exemples, un en Suisse et un en Nouvelle-Galles-du-Sud, en Australie.
Il s'agit d'un débat pertinent pour l'étude du Comité, car le vote à distance par Internet peut aider le Parlement à poursuivre ses travaux pendant la pandémie sans sacrifier la représentation et la participation des députés. En outre, comparativement aux élections, les caractéristiques uniques du vote législatif facilitent le recours au vote en ligne à distance et l'application de solutions aux problèmes de cybersécurité. Comme mon collègue l'a mentionné, nous en exposons les raisons dans notre mémoire au Comité. Le vote des députés est du domaine public, et le gouvernement fédéral a les ressources et les capacités nécessaires pour soutenir l'infrastructure de cybersécurité et adopter les politiques et procédures nécessaires.
Selon notre étude, il existe quatre principaux mécanismes de vote électronique qui pourraient permettre aux députés de voter à distance. Il y a le vote par courriel, utilisé au Parlement européen: les députés reçoivent un bulletin de vote par courriel et transmettent leur vote par courriel. Il y a le vote par Internet, qui utilisé au Canada lors d'élections et de votes internes des partis. Dans ce mode, la récupération et la retransmission des bulletins de vote se font par l'intermédiaire d'un site Web. Le système MemberHub de la Chambre des communes du Royaume-Uni est un exemple. Il y a le vote par l'intermédiaire d'une application. Les députés téléchargent une application pour accéder aux bulletins de vote et les transmettre. Cette méthode est utilisée par la Chambre des députés du Brésil. Il y a aussi le vote par vidéo: il s'agit d'un vote à main levée ou de vive voix, par vidéo. Cette méthode est utilisée par les conseils municipaux partout au Canada, et la Belgique, par exemple, l'utilise aussi pour les votes en comité.
Toutes ces approches ont des avantages et des inconvénients, mais le vote par courriel est le moins sûr et le plus risqué. Dans un contexte législatif, le vote par vidéo est probablement la solution idéale ou la plus pratique pour les votes parlementaires habituels et non secrets. Cette approche a ses avantages. Elle comporte moins de risques, même si certains risques subsistent; elle est la plus facile à déployer et celle qui requiert moins de technologie; elle se prête mieux à la tradition parlementaire de se lever pour prendre la parole à la Chambre.
La mise en place d'un système de vote par vidéo nécessiterait l'établissement de certaines procédures. Voici quelques exemples.
Il faut notamment déterminer qui sera chargé de l'observation et de la consignation du vote, comme des membres du personnel, des députés, du personnel des bureaux des whips de parti ou, peut-être, d'une équipe spéciale chargée du soutien informatique à la Chambre. Il convient de penser à mettre en place un processus de double vérification des votes, soit par deux personnes, soit dans deux secteurs différents.
Un autre exemple serait d'exiger l'emploi d'arrière-plans neutres lors des vidéoconférences pour veiller à ce qu'aucune image en arrière-plan ne puisse servir à transmettre des messages, notamment de nature partisane, ce qui ne serait pas possible dans le contexte de la Chambre.
Un troisième exemple serait de permettre au Président de la Chambre d'ordonner la reprise d'un vote en cas de problème technique. Cette modification à la procédure a été adoptée au Royaume-Uni, par exemple.
Cela ne signifie pas que le vote par vidéo est infaillible ou qu'il fonctionnerait bien en toutes circonstances. Par exemple, il serait difficile de reproduire la tenue d'un vote secret sur Zoom.
Mon troisième point porte sur la nécessité d'accroître la souplesse et l'accessibilité du corps législatif. La mise en place d'un système de vote à distance par Internet pourrait se révéler avantageuse à l'avenir pour favoriser la poursuite des travaux législatifs en temps de crise, comme la crise de la COVID-19, les changements climatiques et d'autres virus éventuels, et pour l'accessibilité de tous les députés.
Le vote en ligne pourrait permettre aux députées et députés de voter dans des circonstances particulières, par exemple pendant un congé de maternité ou un congé parental, après la naissance d'un enfant, lors d'une crise dans une circonscription, alors que le député doit faire un choix difficile entre rester sur place ou défendre les intérêts de ses électeurs à Ottawa, ou lorsqu'un député est malade et ne peut se rendre en personne à la Chambre.
Le Comité a étudié le vote par procuration et le vote électronique en 2016 dans le cadre d'une étude sur les façons de rendre le Parlement plus propice à la vie de famille. Toutefois, aucune recommandation n'a été faite à l'époque. D'autres assemblées législatives, comme la Chambre des communes du Royaume-Uni et la Chambre des représentants de l'Australie, autorisent le vote par procuration pour les nouveaux parents, tandis que la Chambre des communes du Canada exige actuellement qu'un député soit présent en Chambre pour faire inscrire son vote.
Je crois savoir que les témoins ont été unanimes pour dire que le Comité devrait envisager ces changements uniquement dans le contexte de la pandémie. Toutefois, réfléchir aux effets que cela pourrait avoir pour améliorer la participation, la représentation et l'inclusion des députés dans certaines circonstances fait partie de la modernisation du Parlement.
En conclusion, si le Comité n'a pas à débattre du vote en ligne dans le contexte d'élections générales, il se doit de débattre de l'équilibre entre le maintien de la tradition parlementaire et la modernisation nécessaire pour assurer une souplesse en temps d'incertitude.
Enfin, il existe deux occasions de leadership éclairé. Les travaux du Comité sur les politiques et les procédures de vote à distance pourraient être utiles non seulement à la Chambre des communes pour l'avenir, mais aussi pour d'autres assemblées législatives au Canada et à l'étranger.
Actuellement, il n’existe au Canada aucune réglementation sur le vote en ligne. La réflexion sur l'adoption de technologies de vote au Parlement pourrait aussi être l'occasion de réfléchir aux avantages futurs que cela pourrait avoir quant à l'intégrité du processus électoral lors des élections.
Merci.
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Madame la présidente, membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à participer.
Je vais commencer par vous parler brièvement de mon parcours. Au cours des 20 dernières années, j'ai travaillé dans le domaine de la cybersécurité au gouvernement et en entreprise. J'ai contré les cyberattaques les plus sophistiquées du monde. Je dirige actuellement Arc4dia, une entreprise de services qui, grâce à son logiciel privé, fait office d'ultime barrière de détection des intrusions. Depuis sa fondation, il y a 10 ans, Arc4dia fonctionne à distance et de manière décentralisée. Je participe également à la communauté du bitcoin, tant publiquement que dans le cadre de forums sur invitation seulement, à titre de groupe de réflexion sur la sécurité et la théorie des jeux dans cet écosystème.
Je suis venu présenter quelques observations au Comité après avoir écouté les réunions précédentes. Je n'en ai écouté que quelques-unes, mais j'ai tout de même des observations à faire.
J'ai constaté une résistance au changement qui découle d'une volonté de conserver ce qui fonctionne bien et qui, en raison d'erreurs passées, nuit à la collégialité. Certes, le changement est un vecteur de menace qui peut être exploité par d'autres, mais l'immobilisme est aussi une faiblesse qui peut être exploitée pour nous empêcher de réparer ce que nous avons brisé dans le passé ou changer ce qui doit l'être pour nous adapter. Étant donné le monde en perpétuelle évolution — qui plus est fulgurante — dans lequel nous vivons, la montée de l'intelligence artificielle combinée aux attaques dans le cyberespace et à l'ingénierie sociale fondée sur l'intelligence artificielle, je crois que nous devons changer, nous adapter et, mieux encore, être à l'avant-garde.
Pour ce faire, et pour réduire des influences illégitimes, nous devons renforcer la collégialité. C'est en nous connaissant mieux les uns les autres que nous parviendrons à détecter les attaques dont nous faisons l'objet et que nous aurons la souplesse et la rapidité nécessaires pour réagir avant que le mal ne soit fait. Au fil des réunions, par exemple, beaucoup de personnes ont souligné que limiter ou réduire les interactions en personne est un changement qui nuira à l'efficacité de notre démocratie. C'est pour apporter des changements de ce genre que nous devons faire preuve de souplesse et être capables de rétablir la collégialité. J'ai entendu dire que certains dîners-rencontres traditionnels de la Chambre des communes, qui étaient pour les adversaires politiques une occasion d'échanger dans une atmosphère plus détendue et conviviale, ont été abandonnés. Je tiens à vous dire que ces rencontres jouent un rôle très important dans la défense contre les cyberattaques.
Il est essentiel de comprendre les nuances des communications interpersonnelles et professionnelles pour détecter les attaques subtiles dirigées contre nous. Nos adversaires chercheront des moyens de perturber toute forme de communication, pas seulement les communications écrites comme les courriels, les messages textes et les publications en ligne. Lors de présentations vidéo, par exemple, ils perturberont, ou du moins tenteront de perturber une image ou un ton de voix afin d'inclure des signaux ou d'altérer les signaux du langage corporel et des expressions faciales, ou encore les intentions de nos élus. Sans une véritable connaissance de l'autre, collectivement, il nous sera impossible de distinguer ces attaques subtiles, ce qui mènera alors à des attaques plus osées et directes.
J'ai également constaté des réserves au sujet du vote électronique. Le vote électronique et le recours à la technologie devraient compléter et renforcer le vote unique. Vous devez vous assurer que votre voix sera entendue et qu'elle sera correctement consignée. Selon ma vision des choses, la technologie et les logiciels améliorent la fiabilité et l'adaptabilité de notre processus de vote peut-être même au point de le rendre « antifragile ». Il faut cesser de recourir à une plateforme unique pour voter et ajouter des technologies de compatibilités afin de renforcer la fiabilité et la résilience du processus de vote. Nous devrions peut-être voter par vidéo, puis apposer notre signature à l'aide de matériel dédié et sécurisé. Nous pourrions alors vérifier que les votes sont correctement enregistrés. Nous pourrions peut-être apposer aux votes une marque d'horodatage avec une chaîne de blocs Bitcoin, ce qui les rendrait vérifiables pour toujours.
En résumé, la diversification de nos interactions, comme les communications en personne, les communications vocale et électronique — on pourrait dire l'authentification multifactorielle — empêchera nos adversaires de parvenir facilement à leurs fins et nous donnera plus d'occasions de détecter leurs attaques. Ces idées et ces améliorations doivent être apportées progressivement, de manière holistique et dans le cadre d'un processus agile. Je recommande à la Chambre des communes de mettre en place de tels processus, si ce n'est pas déjà fait, assortis d'une évaluation permanente des menaces et des risques et non d'évaluations ponctuelles typiques qui servent à vérifier l'atteinte de certains critères et qui finissent par ramasser la poussière sur une tablette.
En conclusion, les trois observations que je vous ai présentées ont un fil conducteur: nous défendre n'est pas qu'une question de technologie. Pour protéger l'intégrité de la Chambre des communes et du processus parlementaire afin que les lois, les politiques et les directives du gouvernement du Canada reflètent véritablement les intentions de l'électorat, il faut garantir à l'électorat, au plus haut degré possible, que les actions de la Chambre des communes sont tout à fait authentiques.
Sans égard à la méthode de fonctionnement, que ce soit en personne ou de façon virtuelle, on ne saurait trop insister sur son importance.
Nous devons prendre des mesures défensives, évaluées et élaborées de manière holistique et continue en fonction de la menace et des risques, et tenir compte de toutes les formes d'attaque, comme les attaques politiques contre les infrastructures et les gens, les attaques qui visent à compromettre l'intégrité et la loyauté de notre peuple ou de nos chaînes d'approvisionnement, les attaques qui visent à miner notre capacité de séparer la vérité de la fiction et bien sûr les attaques qui visent à compromettre nos systèmes de TI. Il n'y a pas de mission plus noble que de protéger nos institutions démocratiques et notre pays.
Je vous remercie, et je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente, et merci aux membres du Comité de me donner l'occasion de témoigner devant vous.
Je m'appelle Michael Morden. Je suis le directeur de recherche du Centre Samara pour la démocratie, un organisme de bienfaisance non partisan dont l'objectif est d'accroître la démocratie canadienne par l'entremise de la recherche et des programmes.
Nous tenons à remercier le Comité d'avoir entrepris cette étude. Étant donné la portée de la crise et de l'intervention du gouvernement, et la grande incertitude qui règne, le Parlement est essentiel en ce moment. Il faut toutefois trouver la meilleure façon de le faire fonctionner. Vous avez la responsabilité solennelle de trouver une solution qui demande un appui multipartite.
Je comprends que notre témoignage arrive quelque peu tard dans vos délibérations. Néanmoins, je crois qu'il est utile de songer aux questions de politique et de principe en même temps que l'on étudie les questions techniques, pour nous rappeler notre objectif et garder une vue d'ensemble de la situation.
Le Centre Samara appuie une transition immédiate vers des séances virtuelles et en personne de la Chambre des communes, associées à un vote à distance pour les personnes qui ne peuvent être sur place. Nous croyons que le modèle hybride est la meilleure des solutions, bien qu'une solution parfaite n'existe pas.
À titre de précision, la meilleure version de la Chambre des communes sera toujours celle où 338 personnes se trouvent dans la même salle, pour de nombreuses raisons. Nous avons souvent demandé aux députés de passer plus de temps ensemble à Ottawa, afin de favoriser la collégialité et de créer des relations informelles entre les députés, les partis et les chambres. Toutefois, étant donné les limites imposées par la distanciation physique et les préoccupations réelles en matière de déplacements, cette option n'est tout simplement pas possible. Nous avons besoin d'un Parlement complet maintenant et même tout l'été, à notre avis.
J'espère que la possibilité d'une convocation complète de la Chambre des communes en personne sera bientôt rétablie, mais nous nageons certainement dans l'incertitude pour le moment. À titre de deuxième plus grand pays au monde, nous faisons face à des défis uniques en vue de retourner à des séances physiques complètes au Parlement. C'est une étape nécessaire à court terme et une étape prudente à moyen terme que d'être capables de reprendre les travaux parlementaires complets avec une participation à distance.
J'aimerais vous expliquer les raisons qui nous mènent à une telle conclusion. En cette période d'incertitude, il est souvent bon de revenir aux principes de base. Le Parlement est là pour exercer un contrôle, pour adopter les lois et pour la représentation démocratique. Ce qui est le plus souhaitable en temps de pandémie, c'est d'avoir un Parlement qui réussit à atteindre l'équilibre entre ces fonctions. Nous croyons que l'approche actuelle visant à tenir quelques séances d'une journée en plus des travaux des comités ne suffit pas à assurer le contrôle, la productivité et la représentation nécessaires.
Nous nous opposons également à toute approche qui convoquerait la Chambre en excluant la plupart des députés, par exemple, en fonctionnant avec un personnel réduit de 40 ou 50 députés. Cette approche permettrait un certain contrôle et l'adoption des lois, mais à notre avis, cela se ferait au détriment de la représentation démocratique. Quelque 18 millions de Canadiens ont voté l'automne dernier pour envoyer leurs représentants à Ottawa, et ce ne serait pas un détail que de laisser la vaste majorité des collectivités sans représentation à la Chambre des communes, alors que des décisions importantes sont prises.
Pour cette raison, nous croyons qu'un Parlement hybride permettant la participation à distance — y compris le vote à distance — permet d'atteindre le meilleur équilibre entre le contrôle, la productivité et la représentation. Les défis techniques associés à une telle approche ne sont pas insurmontables. Bon nombre d'autres administrations ont réussi à le faire. Divers modèles s'offrent à nous, comme l'a fait valoir Mme Goodman, et l'Administration de la Chambre des communes mérite des éloges particuliers pour la façon dont elle s'est adaptée et son empressement à accroître sa capacité.
À notre avis, le vote à distance est tout à fait possible. Il est possible de le faire de façon sécuritaire. Il en revient maintenant aux parlementaires de prendre la décision.
Au cours des premiers jours de la pandémie, nous avons appuyé la notion d'adaptation progressive. La transition vers un Parlement virtuel n'est pas simple. Nous avons maintenant une validation de principe grâce à l'expérience des autres administrations et à la propre expérience du Parlement avec certaines activités réalisées de façon virtuelle. À cette étape-ci, nous espérons que le Comité recommandera à la Chambre de faire la transition rapidement, puisqu'il est possible de reprendre les travaux parlementaires complets avec une participation à distance.
Nous croyons que les affaires législatives ne devraient pas se limiter à la réponse à la pandémie. Nous croyons que les comités devraient pouvoir aborder d'autres sujets. Nous aimerions que ce soit le cas pour les travaux législatifs également. De nombreuses questions étaient urgentes en janvier et en février, et le sont toujours. Tout comme les médecins nous parlent de la possibilité d'une crise sanitaire secondaire en raison du report des traitements pour les autres maladies, le Canada pourrait aussi connaître d'autres crises pendant et après la pandémie si nous ne répondons pas aux besoins en matière de politique qui étaient présents avant la crise.
Nous croyons également que le système virtuel hybride du Parlement devrait prévoir des journées de l'opposition et des travaux d'initiative parlementaire. Personne n'a toutes les réponses pour le moment, alors c'est le temps d'entendre le plus d'intervenants possible.
Pour conclure, je tiens à dire rapidement que le Centre Samara sonde régulièrement les députés au sujet de la façon dont la pandémie a affecté — et devrait affecter — les travaux parlementaires. Nous avons à coeur de dresser un portrait fidèle de l'opinion des députés à ce sujet et de réunir un ensemble de données, et nous encourageons tous les députés à utiliser cette plateforme anonyme pour nous faire part de leur expertise.
Merci beaucoup.
Je vais commencer avec M. Essex et Mme Goodman.
J'ai écouté les commentaires de M. Morden. Dans votre déclaration préliminaire, vous avez parlé du vote. Vous vous êtes dits préoccupés à l'idée d'un vote électoral par voie électronique, mais vous avez dit qu'il pourrait fonctionner dans le contexte parlementaire.
Je ne vous ai pas entendu parler des autres éléments qui mènent au vote. Vous avez parlé des technicités, qui sont importantes également, mais bon nombre d'autres facteurs entrent en jeu.
M. Morden parlait d'autres activités qui se déroulent au Parlement, mis à part le vote, évidemment, comme les débats à la Chambre, les interactions avec les électeurs, les consultations et les discussions avec nos partis et nos caucus. Les comités réalisent des études et il se passe même des choses dans les couloirs. M. Morden a parlé de l'importance de ces éléments.
Avez-vous songé à ces éléments? Est-ce que le vote à distance aurait une incidence sur tout le reste? Qu'est-ce que cela signifierait pour la démocratie ou pour le Parlement?
Madame Goodman et monsieur Essex, avez-vous des commentaires à faire à ce sujet?
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Monsieur Brassard, merci beaucoup de me donner l'occasion de clarifier ce point.
Au sujet de la naissance d'un enfant, il y a eu des précédents dans d'autres parlements où on a eu recours au vote par procuration, et on peut légitimement faire valoir que le vote électronique pourrait s'appliquer dans ce cas.
Au sujet des députés, je ne pensais pas nécessairement à un horaire chargé, mais plutôt à des situations de crise. Disons, par exemple, qu'il y a une inondation dans la communauté d'un député, et qu'il doit être sur place, ou qu'il y a un grand feu, ou d'autres types de crise. Nous considérons la COVID comme une macro-crise, mais je pense à des micro-crises dans une circonscription, micro voulant dire petite dans le sens qu'elle ne touche qu'une région donnée. Il s'agirait alors de bien définir le concept de façon à ce qu'on n'en abuse pas.
Au sujet de la maladie, je n'ai pas d'exemple qui me vienne en tête, mais j'ai vu des situations, ou j'en ai entendu parler, où un député qui luttait contre le cancer, soit ne pouvait pas participer à un vote, soit s'est déplacé en étant très malade pour y participer une fois. Dans des situations de ce genre, le député pourrait demeurer à l'hôpital ou à la maison et se reposer tout en étant capable de participer. Je pense à des circonstances exceptionnelles, non pas simplement au fait d'avoir un horaire chargé.
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Reprenons nos travaux. Bienvenue. J'aimerais simplement m'assurer que tout le monde est bien en mode Galerie dans le coin supérieur droit de leur écran. Vous pouvez alterner entre le mode Conférencier actif et le mode Galerie. Nous aimerions que vous restiez en mode Galerie afin que vous puissiez voir tous les membres du Comité qui participent à la réunion.
J'aimerais faire quelques commentaires à l'intention des témoins qui se joignent à nous.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Quand vous êtes prêt à parler, cliquez sur l'icône du micro pour l'activer. N'hésitez pas à nous aviser si vous n'êtes pas à l'aise avec l'application Zoom afin que nous puissions vous guider dans l'utilisation de certaines de ses fonctions.
Je rappelle à tout le monde que toutes les interventions doivent s'adresser à la présidence.
Ceux qui ont déjà comparu devant ce comité constateront que l'interprétation s'apparente à celle d'une séance ordinaire. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre « parquet », « anglais » et « français ». Veuillez sélectionner la langue utilisée quand vous intervenez.
Nous bénéficions de l'interprétation simultanée. Afin de faciliter un peu la vie des interprètes, assurez-vous de parler lentement et distinctement en sélectionnant la bonne langue dans le bas de votre écran.
Aussi, assurez-vous de désactiver votre micro quand vous n'intervenez pas. Pour des interactions plus rapides par la suite, pendant la partie de la réunion consacrée aux questions, vous pouvez utiliser la barre d'espacement pour réactiver votre micro. Appuyer sur la barre d'espacement active temporairement le micro. Les interactions seront ainsi plus rapides. Pour votre allocution, toutefois, je vous suggère de réactiver votre micro à l'aide de l'icône.
Je crois que tout le monde est au courant pour les casques d'écoute. Ils améliorent la qualité sonore, surtout pour les interprètes, qui doivent se concentrer beaucoup pour faire leur travail, donc si vous avez un casque d'écoute, veuillez l'utiliser.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins. Nous accueillons des universitaires, et c'est vraiment super. Déjà, les professeurs du groupe de témoins précédent nous ont fourni beaucoup de renseignements utiles.
Nous accueillons M. Ghorbani, professeur et directeur de l’Institut canadien sur la cybersécurité de l’Université du Nouveau-Brunswick, de même que M. Jourdan, professeur d'informatique à la Faculté de génie de l'Université d'Ottawa, et M. Chris Vickery, directeur de la recherche sur les risques cybernétiques à UpGuard.
Soyez les bienvenus et merci d'être avec nous aujourd'hui.
Chaque témoin a sept minutes pour faire son allocution. Le premier sera M. Ghorbani.
Allez-y, monsieur.
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Distingués membres du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, je vous remercie d'avoir invité l'Institut canadien de la cybersécurité de l'Université du Nouveau-Brunswick à témoigner aujourd'hui sur les aspects relatifs à la cybersécurité dans l'établissement d'un Parlement hybride.
Je m'appelle Ali Ghorbani. Je suis professeur d'informatique, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en cybersécurité, une chaire de niveau 1, ainsi que fondateur et directeur de l'Institut canadien sur la cybersécurité.
La cybersécurité et la confidentialité, des questions qui, à une époque, ne concernaient que les experts en technologie, sont aujourd'hui des préoccupations courantes dans le milieu des affaires et dans la société en général. La cybersécurité n'est plus seulement un problème de technologie de l'information, c'est un problème commercial, et le problème de tout le monde. Aujourd'hui, ce sont les gens et non les appareils qui constituent le point faible de la cybersécurité. À l'Institut canadien sur la cybersécurité, nous jugeons que le facteur humain est la plus grande menace à la cybersécurité et sommes convaincus que des solutions multidisciplinaires axées sur l'humain sont de mise.
L'Institut canadien sur la cybersécurité est l'un des premiers établissements à réunir des chercheurs issus de tous les champs universitaires pour échanger des idées novatrices et mener des études inédites sur les défis les plus urgents en matière de cybersécurité. Depuis plus de vingt ans, nous travaillons en recherche et développement et menons des activités entrepreneuriales dans le domaine avec assiduité. Nous avons mis au point diverses solutions concrètes de sécurité réseau et nos travaux ont mené à la création de plusieurs entreprises. Actuellement, l'Institut compte 60 chercheurs, techniciens et étudiants de troisième cycle, en plus d'une infrastructure et d'une architecture ultramodernes.
La science de la cybersécurité porte sur la gestion des risques et l'élimination des surprises. Toute plateforme de communication en ligne comporte des risques de sécurité. Dans le rapport à la présidence des séances virtuelles de la Chambre du 7 mai 2020, on peut lire:
Les députés qui veulent participer aux séances à distance devront se connecter à l’aide d’une plateforme de vidéoconférence intégrée aux technologies déjà en place.
Permettez-moi de souligner brièvement les problèmes de sécurité et de confidentialité liés à la plateforme proposée sous deux angles, soit celui de l'utilisateur et celui de l'organisateur.
Du côté de l'utilisateur, la sensibilisation à la cybersécurité est le premier problème. Les députés qui utilisent la plateforme pour siéger virtuellement doivent être conscients des risques de sécurité associés à l'utilisation d'une plateforme de vidéoconférence en ligne ou, sinon, ils doivent recevoir une formation en ce sens. Le but est d'éviter les problèmes comme l'installation d'un logiciel provenant d'un site non officiel et qui pourrait être malveillant; l'hameçonnage, où on demande à l'utilisateur de joindre une vidéoconférence de sorte à voler son identité; et l'utilisation de la version en ligne d'une application de vidéoconférence à privilèges excessifs, présente dans le bac à sable du navigateur quand c'est possible, plutôt que l'installation en bonne et due forme d'une application.
Les problèmes techniques associés à l'accès à distance constituent le deuxième problème. Les députés qui utilisent la plateforme pour siéger virtuellement doivent avoir un équipement satisfaisant pour l'accès à distance ou, dans le cas contraire, l'obtenir de l'organisateur. Le but est d'éviter les problèmes tels que la fermeture du matériel pendant la connexion en raison d'une panne de courant, ce qui peut être vu comme un problème d'accessibilité; une connexion lente et instable pendant la réunion, ce qui peut être vu comme un problème d'accessibilité ou d'intégrité; et les webcaméras vulnérables, auxquelles des utilisateurs non autorisés peuvent accéder et qui peuvent être vues comme un problème de confidentialité.
Du côté de l'organisateur, le premier problème est celui d'un système informatique sécurisé exploité sur du matériel inviolable. En ce qui a trait à l'intégration proposée d'un système multimédia avec vidéoconférence et système de vote, il est établi que la sécurité d'un système se mesure à l'aulne de son point faible.
De plus, le matériel informatique présente des problèmes de sécurité, par exemple la prédiction de branchement qui est vulnérable à la variante 1 de Spectre. Ainsi, il faut utiliser du matériel inviolable comme le Trusted Platform Module ou module de plateforme de confiance, aussi désigné ISO/IEC 11889, qui est essentiellement un microcontrôleur dédié conçu pour sécuriser le matériel grâce à des clés cryptographiques intégrées.
Le deuxième problème concerne les logiciels vérifiables. Le logiciel intégré des séances virtuelles de la Chambre doit être vérifié ou, sinon, il doit s'agir d'un logiciel libre, comme le logiciel de vote électronique Helios, ou modifiable, comme Zoom, qui propose de chiffrer de bout en bout les vidéoconférences.
Le but est d'éviter les vulnérabilités logicielles, comme le meeting bombing, soit l'intrusion soudaine dans une réunion d'une personne non invitée; les problèmes relatifs à l'application de clavardage, à des liens malveillants et à Arbitrary File Write; et les risques de sécurité liés aux systèmes d'exploitation de la plateforme de vidéoconférence et du système de gestion d'interfaces utilisateur.
Enfin, le troisième problème, et non le moindre, est celui des technologies réseau et infonuagiques sécurisées. Le réseau intégré des séances virtuelles de la Chambre doit être privé ou à tout le moins sécurisé. Le but est d'éviter les vulnérabilités réseau et infonuagiques, comme les risques de sécurité associés à la lecture vidéo en continu, par exemple la capture et le téléchargement de la lecture; et les risques de sécurité associés à l'acheminement des données, comme la manipulation ou le détournement du chemin, ce qui veut dire que la plateforme intégrée doit permettre de choisir par quelle région du monde les données doivent passer.
Sur ce, je vous remercie une fois de plus de m'avoir invité aujourd'hui. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole devant vous.
Mon nom est Guy-Vincent Jourdan. Je suis professeur d'informatique à la Faculté de génie de l'Université d'Ottawa. Mes sujets de recherche incluent la sécurité logicielle et la cybersécurité. Ces dernières années, j'ai travaillé tout particulièrement sur la cybercriminalité et la cybersécurité, en collaboration avec IBM.
Peut-on mettre en place, de manière raisonnablement sécuritaire, un Parlement hybride au Canada, y compris un système de vote électronique à distance, sur la base du rapport produit en mai ici même, intitulé « Séances virtuelles de la Chambre »? Il me semble que oui, à condition de nous en donner les moyens.
Il est bien sûr difficile d'être très spécifique sans une étude préliminaire approfondie, dont les conclusions ne tiendraient de toute façon pas en sept minutes, mais voici quelques points importants, à mon avis.
Pour ce qui a trait aux discussions et aux débats parlementaires, il y a plusieurs éléments clés qui facilitent la chose. D'abord, nous avons au Parlement une infrastructure de sécurité existante et performante, reconnue comme telle, et du personnel compétent sur lequel nous pouvons compter. La sécurisation des communications entre les députés, l'infrastructure sécurisée, le contrôle des appareils utilisés à distance et les logiciels installés sur ces appareils, tout cela existe depuis longtemps.
Ensuite, la situation à laquelle nous faisons face est globale, et les besoins sont similaires partout ailleurs. Par exemple, je sais que le Brésil, l'Espagne, le Royaume-Uni, le pays de Galles et le Parlement européen ont tous établi des formes de Parlement virtuel, certains avec un vote électronique à distance. C'est donc faisable, et nous pouvons donc aussi bénéficier de retours d'expérience de partout dans le monde.
L'idée de séances virtuelles et de votes à distance est peut-être relativement nouvelle pour beaucoup de parlements et de gouvernements, mais il ne faut pas oublier que ces systèmes sont depuis longtemps utilisés par le secteur privé pour mener ses affaires au quotidien, organiser des réunions confidentielles, des conseils d'administration ou voter lors des réunions des actionnaires.
Les logiciels de vidéoconférence, en particulier, ont fait l'objet d'analyses de sécurité depuis longtemps. La NSA, par exemple, a publié récemment et maintient à jour un document listant les points importants sur la sélection et l'utilisation de ces logiciels, comme le chiffrement de bout en bout, l'authentification multifactorielle ou l'utilisation d'appareils certifiés et contrôlés.
Dans ce rapport, un certain nombre de solutions sont évaluées positivement, comme les solutions de Microsoft ou de Cisco, ou le logiciel Zoom, que nous utilisons actuellement.
La question ne se résume cependant pas à la sélection d'un logiciel de vidéoconférence. Il faut certes pouvoir débattre, mais il faut aussi pouvoir appeler au vote, voter et avoir confiance dans le résultat du vote. Il faut pouvoir respecter les règles, et les adapter au besoin.
Le vote par Internet est un sujet en soi. Généralement, je pense qu'on peut dire que la communauté de la sécurité informatique n'y est pas favorable: les défis sont trop grands, les risques trop élevés, et les bénéfices sont douteux. Cela dit, ici encore, il faut regarder ce dont on parle. Le vote parlementaire, ce n'est pas la même chose que le vote par Internet en général.
Parmi les différences fondamentales, avant tout, il s'agit d'un scrutin public, ce qui facilite bien sûr considérablement le règlement du problème. Le résultat peut être largement diffusé, et chacun peut s'assurer de la façon dont les votes ont été comptés.
Ensuite, le corps électoral est très restreint et chaque député est connu. Les appareils sur lesquels le vote a lieu sont contrôlés et gérés par le personnel technique du Parlement. On peut aussi fournir une formation adaptée et un soutien aux députés. Finalement, au moins dans l'immédiat, le bénéfice d'un tel vote semble clair.
On peut imaginer que le système sera une combinaison d'un système de vidéoconférence accrédité, d'un système de communication sécurisé et d'un système de vote, possiblement intégré à l'un des deux systèmes, mais pas nécessairement.
Lors d'un déroulement normal, le député sera appelé à voter par l'entremise du système de communication sécurisé. Au moment du vote, une authentification biométrique aura lieu et plusieurs accusés de réception seront publiés immédiatement. Des procédures devront être mises en place pour gérer les situations anormales, comme la perte de connectivité et les erreurs de manipulation.
Pour maximiser les chances de succès, il faut d'abord s'assurer que les appareils qui sont utilisés sont gérés et contrôlés par l'équipe technique, vérifiés, certifiés, mis à jour, sécurisés, etc. D'après ce que je comprends, c'est déjà le cas.
Ensuite, il faut s'assurer que les logiciels utilisés sont issus d'une chaîne d'approvisionnement certifiée, qu'ils ont été vérifiés par des équipes indépendantes et qu'ils continuent de l'être régulièrement, qu'ils ont reçu les certifications adéquates, comme la FIPS-140, par exemple, et qu'ils sont maintenus à jour. À nouveau, d'après ce que je comprends, c'est aussi le cas actuellement.
Il faudra que le système s'intègre dans l'infrastructure existante du Parlement: les mécanismes d'authentification à plusieurs facteurs, le réseau privé virtuel, l'architecture infonuagique, etc.
Par ailleurs, des registres devront être produits et gardés de manière sécurisée à tous les niveaux possibles pour pouvoir répondre et remédier à tout problème ou à toute perception de problème. Des procédures claires et efficaces devront être mises en place pour définir la marche à suivre en cas de problème et s'assurer que la séance peut continuer.
Finalement, la solution qui sera proposée devra être revue et critiquée régulièrement par des spécialistes indépendants du secteur privé comme du monde académique. Idéalement, la solution sera rendue publique.
Rien de tout cela ne semble hors de portée.
Je vous remercie.
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Bonjour, et merci de m'avoir invité à vous faire part de mes réflexions et à répondre à vos questions en cette période très importante et très intéressante que nous traversons.
Je crois que la solution que j'ai élaborée demande un minimum d'efforts et obtient des résultats optimaux sur le plan de la confiance. Je pense qu'avec un vote de type parlementaire où il n'y a que quelques centaines de participants, il est tout à fait possible d'avoir une absolue confiance dans le résultat montré. Voici comment il faut procéder.
Je ne suis pas pour les solutions basées sur les applications Web, le vote par vidéo ou les choses qui nécessitent un affichage téléphonique, principalement parce que ces choses peuvent être programmées pour mentir et afficher des choses qui ne sont pas vraies pour les deux parties. C'est un problème qui n'est pas près d'être réglé. Même si la mise en œuvre est sûre et sécurisée, le fait est que les personnes qui utilisent leur téléphone pour d'autres choses vont sans arrêt être exploitées en terrain public. Nous allons nous retrouver avec une série de rapports qui, dans le sens général du terme, affirmeront que les téléphones ne sont pas sécuritaires. Cela ne manquera pas de miner la probité de ces votes officiels par téléphone, et ce, même s'ils sont effectués selon des procédés sécuritaires. C'est un autre préjugé qu'on n'arrivera pas à faire tomber.
La solution que je propose est d'utiliser un dispositif branché qui est séparé du reste et qui ne nécessite aucune formation. J'en ai un exemple ici. Il s'agit d'un dispositif qui se branche à l'Ethernet ordinaire dont dispose n'importe quel député à la maison. Grâce à un logiciel qui existe déjà, le dispositif est réglé pour transmettre, mais pas pour recevoir.
L'avantage d'un tel dispositif est qu'il faudrait qu'un adversaire connaisse le moment précis où le vote se tiendra. Ensuite, il faudrait qu'il compromette la transmission du fournisseur d'accès Internet. Il faudrait qu'il ait déjà compris la capacité de décryptage nécessaire et qu'il connaisse d'avance la clé préchargée. Il devra en outre être en mesure de changer ou de modifier instantanément le paquet envoyé. Or, cela peut être vérifié, car les transmissions sont horodatées. Vous calculez le temps nécessaire pour qu'une transmission se rende de l'endroit où se trouve le député au lieu officiel de réception du vote. Grâce aux mathématiques, à la logique et à la physique, nous pouvons établir s'il était physiquement possible que la transmission soit aussi rapide ou déraisonnablement lente, ce qui laisserait supposer qu'elle a été interceptée, modifiée, remise en paquet et renvoyée. Vous pouvez lancer un signal de battement de cœur ordinaire, et tant que la transmission arrive à l'intérieur de ce délai précis et raisonnable, vous pouvez être assez sûr du résultat.
L'autre facteur important est une confirmation secondaire hors bande. Je vous suggère de faire en sorte que le député appelle ensuite une ligne particulière pour vérifier, valider ou confirmer son vote. Ainsi, toute personne essayant de modifier un vote ou de manipuler des choses devra nécessairement avoir toutes ces connaissances préalables et être capable de changer instantanément quelque chose, ce qui nécessite pourtant des calculs et du temps. Enfin, cette personne aurait également à déjouer le service téléphonique et à se faire passer pour le député lors de cet appel de confirmation, et ce, au moment exact de la tenue du vote.
Rien de cela ne nécessite la moindre formation de la part du député votant. Le procédé est vérifiable au maximum et logiquement, et son coût est minime. Enfin, la technologie nécessaire existe déjà.
Merci.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Tout d'abord, merci à tous les intervenants d'aujourd'hui. Vous nous avez donné de très intéressants renseignements.
J'aimerais avoir votre avis sur la plateforme Zoom. À l'instar de beaucoup d'autres entreprises, le Parlement s'est investi sans réserve dans cette plateforme particulière. Puisque cela concerne non seulement le vote, mais aussi la sécurité générale de ladite plateforme, un article publié aujourd'hui par l'Associated Press nous informe des problèmes de censure avec la Chine.
Dans l'étude précédente que nous avons réalisée, on nous a dit que beaucoup de données sont transmises par des serveurs à Vancouver et à Toronto, du moins pour les affaires qui se font au Canada, mais il semble qu'il n'y ait aucune garantie que cela puisse arriver. Lorsque l'on a demandé à la société de nous dire ce qui s'était passé à Hong Kong, elle s'est refusée à tout commentaire.
Monsieur Vickery, je vais commencer par vous parler de la plateforme Zoom et de la confiance qu'elle vous inspire. De toute évidence, un pays du G7 est une cible de choix pour les acteurs étatiques et non étatiques. C'est dans cette optique que j'aimerais entendre ce que vous avez à dire sur la plateforme Zoom.
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Très bien. Il est 14 heures pile, et j'espère que nous pouvons régler le tout assez rapidement.
Il y a une chose que je dois d'abord demander aux membres du Comité. La dernière fois, j'ai eu l'impression... En fait, ce n'était pas seulement une impression. Plusieurs membres ont effectivement indiqué qu'ils souhaitaient que l'échéance soit reportée et qu'ils avaient l'impression que nos deux séances de la semaine prochaine ne nous donneraient pas suffisamment de temps pour travailler sur l'ébauche de rapport et l'examiner comme il se doit. Il n'y aurait pas assez de temps non plus pour ceux qui souhaiteraient faire valoir de nouveaux points de vue ou exprimer leur dissension. Je sais que d'autres ont démontré une certaine ouverture à l'égard ces arguments.
J'aimerais seulement savoir où nous en sommes rendus à ce sujet et si tous les membres du Comité... En fait si nous voulons effectivement que plus de temps nous soit accordé, j'aimerais bien pouvoir faire rapport à la Chambre dès demain pour demander que la période prévue soit prolongée du fait qu'il nous sera impossible... Nous avons besoin en fait de l'approbation de la Chambre pour que l'échéance soit reportée, mais cela ne sera pas possible vu qu'il n'y a pas de séances régulières. Si nous attendons jusqu'au 23, ce sera impossible, mais il existe une procédure permettant aux quatre leaders à la Chambre d'accorder à notre comité la période supplémentaire dont il a besoin.
Je veux leur adresser une requête plus précise quant à la nouvelle échéance demandée, de telle sorte que nous sachions à quoi nous en tenir pour la semaine prochaine. Est-ce que quelqu'un a pensé à une date butoir? D'abord et avant tout, est-ce que tout le monde est d'accord pour que l'échéance fixée à la semaine prochaine soit reportée? Dans l'affirmative, y a-t-il une date que vous avez à l'esprit?
Je pense qu'il y a des mains qui sont restées levées depuis notre échange de tout à l'heure avec nos témoins. Auriez-vous l'obligeance de désactiver votre icône « Lever la main » et de la réactiver si vous voulez intervenir maintenant?
Monsieur Gerretsen.
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Je pense qu'il y avait deux façons de penser quant au caractère précipité de cette affaire. Cela répond possiblement à l'une des deux. Je pourrais proposer un petit changement, et il s'agit peut-être seulement d'une question de souplesse, ou peu importe. J'aime la façon dont notre greffier a présenté les répercussions.
L'idée, c'est que nous aurions essentiellement ce qu'il reste du mois de juin pour terminer les témoignages ou tout ce que nous avons besoin entendre. Ensuite, peut-être que plutôt que de préciser une date, nous pourrions simplement dire qu'après la période d'arrêt — j'oublie combien de temps elle durera —, selon les conseils de notre greffier et de notre analyste en fonction de l'état d'avancement des choses, nous pourrions l'écrire dans un rapport ou dans un rapport provisoire, quel que soit le cas.
Je présume qu'il ne faudra que deux ou trois séances, mais s'il en faut trois ou quatre, ou peu importe, alors qu'il en soit ainsi. Je ne pense pas qu'il faut paniquer quant au choix du 10 juillet plutôt que du 15 juillet, par exemple, ou que ce serait catastrophique si nous reportions cela de quelques jours.
Peut-être que, plutôt que de reporter cela à une date précise, nous pourrions simplement dire que nous continuerons à entendre des témoins jusqu'au 25 juin, ou peu importe, puis qu'après la période d'arrêt, le Comité reprendra ses travaux pour terminer le rapport, en gros. De cette façon, nous ne... Cela aura essentiellement le même effet, à part que nous ne nous mettrons pas dans une situation où nous avons à tenir de nouveau une séance de 12 heures, si nécessaire. Il est à espérer que non, bien sûr, mais....
C'est une chose.
L'autre chose, c'est que je ne pense toujours pas que cela répond à la préoccupation qu'avait soulevée M. Duncan. Je ne crois pas qu'il soit ici maintenant, mais je comprends certainement cette façon de voir les choses. Il s'agit essentiellement de formuler des recommandations en juin ou, dans ce cas, peut-être au début du mois de juillet, pour quelque chose qui correspond alors à deux mois et demi de congé. Selon la façon dont la situation évoluera, nous constaterons peut-être que nous voulons nous pencher sur un rapport provisoire, puis revenir et en discuter à la fin du mois d'août ou au cours de la première semaine de septembre pour déterminer où nous en sommes à ce moment-là et possiblement formuler de nouvelles recommandations, modifier celles qui existent déjà, en abandonner certaines ou quoi que ce soit d'autre. Il n'y a rien à cet égard.
Je ne sais pas si nous devons présenter une motion pour le faire. Je ne sais pas comment il faut procéder, mais ce sont là mes deux idées. Nous pouvons procéder de cette manière pour la première partie. Ensuite, pour la deuxième partie, je ne sais pas quoi proposer, mais nous devrions probablement avoir une disposition. La chose la plus facile à faire consiste probablement à indiquer qu'il s'agit d'un rapport provisoire et que nous aurons l'occasion d'y revenir au moment opportun, que ce soit à la fin du mois d'août ou au début du mois de septembre.
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, je vous remercie des précisions. J'allais justement vous demander s'il restait des témoins que nous n'avions pas entendus, faute de temps. Il semble que ce ne soit pas le cas.
Ce qui me préoccupe... J'aimerais moi aussi que nous fixions une date. C'est important que la Chambre sache à quel moment nous aurons terminé. Je suis d'accord avec M. Richards, s'il nous est possible de revenir à la fin du mois d'août ou au début du mois de septembre pour examiner ce qui s'est passé. Je sais que je vais suivre de près ce qui se passe en Colombie-Britannique, car bien entendu, les députés recommenceront à siéger, et ce, selon un modèle hybride, vers la fin de juin. Il serait bon que nous ayons l'occasion de nous pencher sur ce que nous avons vu. Je nous encourage à y réfléchir sérieusement.
Peut-être que la semaine suivante, le 15 ou le 17 juillet... Je le dis en espérant que nous pourrons nous réunir la semaine du 10 juillet, mais en nous donnant du temps à la fin pour terminer les rapports, les déposer. Je ne veux simplement pas que nous soyons pressés à nouveau. Je pense à la dernière fois. Nous avons essayé de faire notre rapport, puis de le faire traduire et de le soumettre. Le délai était très court, alors je pense à cela en particulier.
Voilà comment j'interprète la conversation à ce moment-ci. J'ai hâte d'entendre l'avis d'autres personnes.
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Madame la présidente, je pourrais donner des précisions à ce sujet.
Pour l'essentiel, la motion de la Chambre du 26 mai était une motion d'instruction dans laquelle on a demandé au Comité de faire une étude sur de possibles modifications au Règlement, des étapes vers un Parlement hybride, y compris le vote à distance. La date limite pour la présentation d'un rapport a été fixée au 23 juin. Le Comité serait en quelque sorte tenu de faire rapport de quelque chose d'ici le 23 juin.
Comme je l'ai déjà indiqué auparavant, la nature du rapport pourrait être une recommandation de prolonger le délai à un moment ultérieur, par exemple. C'est pourquoi, au bout du compte, le Comité a besoin d'une date butoir précise pour prendre une décision à cet égard. Qu'il s'agisse du 10 juillet ou d'une autre date, ce serait nécessaire. Si le Comité prend ce type de décision, il pourrait s'agir du rapport qui serait renvoyé au greffier de la Chambre.
Bien entendu, avant qu'une date butoir puisse être rendue officielle, elle doit être approuvée par la Chambre. Puisque nous n'avons pas les séances habituelles durant lesquelles une motion peut être proposée pour l'approbation du rapport du Comité pendant les affaires courantes, il faudrait recourir à un autre mécanisme qui permettrait à la Chambre essentiellement d'approuver votre recommandation de reporter la présentation du rapport à une date ultérieure.
Il y a différentes façons de procéder. On a déjà eu recours à des motions spéciales à la Chambre, et nous l'avons vu depuis le début de la pandémie. Cela pourrait se faire de cette façon. Il y a également une disposition spéciale dans l'une de ces motions, du 23 avril. Si les quatre leaders à la Chambre des partis reconnus s'entendent sur une recommandation dans un rapport de votre comité, comme une recommandation visant à repousser la date butoir, cela pourrait également concrétiser le tout. Si vous décidez simplement de repousser la date butoir, il n'y a pas nécessairement de garantie qu'une nouvelle date butoir sera rendue officielle ou qu'elle sera officiellement établie.
Évidemment, la première étape consiste à prendre une décision, si c'est ce que vous voulez, à demander une prolongation du délai, et ensuite, bien entendu, à déterminer quelle est la date. C'est à vous de décider si ce sera bientôt ou plus tard.