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Bienvenue, chers collègues. Il s’agit de la neuvième séance du Sous-comité des droits internationaux de la personne. Nous entendrons aujourd’hui le Groupe canadien de l’Union interparlementaire avant de poursuivre nos travaux à huis clos.
Afin d’assurer le bon déroulement de la réunion, j’invite tous les participants à couper leur micro quand ils n’ont pas la parole. Au cours de la période de questions, lorsqu’il vous restera environ 30 secondes, je lèverai ce carton pour vous en aviser. Ceux qui ont besoin des services d’interprétation peuvent cliquer sur l’icône du globe au bas de leur écran. Vous pouvez passer de l’anglais au français à votre guise.
Sans plus tarder, accueillons notre témoin, quelqu’un que nous connaissons tous. Je l’appellerai l’honorable David McGuinty, mais aussi monsieur le député ou monsieur le président du Groupe canadien de l’Union interparlementaire.
Bienvenue, monsieur McGuinty. Merci de vous joindre à nous, de nous soumettre votre rapport, puis de répondre à nos questions.
Votre collègue, David Cunningham Carter, se joindra à nous lorsqu’il le pourra.
Vous avez maintenant cinq minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Bonsoir, chers collègues. Je suis heureux de vous retrouver en si grand nombre.
Merci beaucoup pour l’intérêt que vous portez à l’Union interparlementaire, ou UIP, et plus particulièrement à son comité des droits de l’homme des parlementaires.
Le Parlement du Canada est depuis longtemps associé à l’UIP, dont il est officiellement devenu membre en 1912. Le Groupe canadien contemporain de l’UIP a par ailleurs été constitué en 1960.
Aujourd’hui, le Groupe canadien compte 68 députés et 25 sénateurs.
Sous peu, du moins je l’espère, je serai accompagné de mon collègue, le très honorable David Carter, qui était jusqu’à tout récemment député du Parlement néo-zélandais, en plus d’avoir été un des présidents de la Chambre et un ancien membre très actif du Comité des droits de l’homme des parlementaires de l’UPI.
[Français]
L'Union interparlementaire, qui a célébré son 130e anniversaire en 2019, est un regroupement mondial qui réunit les parlements nationaux de partout dans le monde. Il s'agit du plus vieil organisme en son genre. Elle regroupe actuellement 179 Parlements nationaux. Elle travaille en étroite collaboration avec les Nations unies afin de promouvoir la démocratie, la paix et la coopération entre les peuples.
L'Union interparlementaire s'intéresse à une multitude de sujets, par exemple les tensions au Proche-Orient, la santé, le développement durable, l'extrémisme violent, les missions humanitaires internationales et les jeunes parlementaires.
[Traduction]
Son comité des droits de l’homme des parlementaires est l’unique mécanisme international cherchant à protéger et à défendre les législateurs victimes de violations des droits de la personne, telles que la torture, l’enlèvement, le meurtre, voire l’arrestation et la détention arbitraires.
Ce comité, composé de 10 parlementaires de partout dans le monde, mène des missions sur le terrain et se réunit à huis clos plusieurs fois par année pour étudier les dossiers en cours et de nouvelles plaintes. Publiés en novembre 2020, ses plus récents rapports et décisions traitent de 160 membres de parlements nationaux de 13 pays, dont le Venezuela, le Bélarus, l’Ouganda, les Philippines et l’Égypte.
Il ne s’agit là que d’une partie des cas étudiés par le Comité en 2020. Ils confirment toutefois que la violation des droits de la personne des parlementaires est en hausse. Et, dans 85 % de ces cas, ce sont des membres de l’opposition qui sont visés.
La liste des violations alléguées des droits de la personne documentées dans le rapport de 2020 comprend notamment le meurtre, la torture et autres actes de violence, l’intimidation, l’arrestation et la détention arbitraires, l’enlèvement, l’application irrégulière de la loi, la partialité des procès ainsi que la violation de la liberté d’opinion et d’expression.
En général, les décisions du Comité comportent quatre volets. D’abord, elles fournissent une description détaillée de la plainte. Ensuite, elles précisent les préoccupations quant aux violations alléguées des droits de la personne avant d’enchaîner avec l’engagement de l’UIP à soutenir le développement des capacités au sein des diverses institutions publiques. Enfin, elles incitent les autorités parlementaires, gouvernementales et judiciaires à prendre les mesures adéquates pour veiller à ce que les droits de la personne des parlementaires soient bel et bien protégés.
J’invite les membres présents ce soir, dont nombre sont aussi membres de l’UIP, mais savent peu de choses sur le Comité des droits de l’homme des parlementaires, à demander de plus amples renseignements à mon distingué collègue, M. Carter, sur les procédures du Comité.
Si ces rapports ne sont connus que des personnes actives au sein de l’UIP, les renseignements qu’ils contiennent ne s’avéreront guère utiles. Selon moi, leur valeur est amplifiée par leur grande diffusion et par leur intégration manifeste aux travaux des parlements nationaux, une opinion qui, j’en suis sûr, est partagée par le Conseil directeur de l’UIP au Canada.
Merci beaucoup, monsieur le président et chers collègues, pour votre attention.
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Le Comité est composé de 10 membres issus de différents groupes géopolitiques au sein de l’UIP. Ces membres sont nommés par les groupes géopolitiques en question. Le Comité travaille à huis clos. Donc, la majeure partie des renseignements qu’il reçoit est jugée confidentielle. Ces réunions durent parfois toute une fin de semaine. Je sais que, dans certaines circonstances, le Comité s’est réuni et a travaillé toute la nuit pour traiter le type de preuves et de renseignements qui lui ont été soumis.
Il dispose d’une équipe de spécialistes de la preuve, à Genève, au siège social de l’UIP, de sorte à confirmer autant que possible les renseignements fournis. Le Comité effectue parfois des visites dans les pays concernés, où des parlementaires pourraient être en péril. Dans les renseignements qui vous ont été fournis, vous constaterez la méthode générique employée, soit un résumé du cas, les faits tels que présentés et la décision rendue par le Comité. Les 10 membres du Comité sont choisis pour leurs compétences en matière de droits de la personne.
Par le passé, des Canadiens tels que le député Robert Douglas George Stanbury et la sénatrice Joan Neiman en ont fait partie. Le Comité a été créé en 1975 et, depuis, il a été présidé par des personnes telles que la sénatrice Sharon Carstairs et l’honorable Irwin Colter. Au fil des ans, un certain nombre de spécialistes de renom en matière des droits de la personne ont siégé à ce comité.
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Depuis que je travaille pour l'Union interparlementaire, il y a peut-être cinq ans, j'ai remarqué ce qui est peut-être l'effet le plus puissant de la publication des rapports...
En voici un exemple pratique. Un ancien membre du Venezuela n'est plus membre du Comité des droits de l'homme des parlementaires en raison des rapports qui ont été publiés par le comité.
Le pouvoir de dénonciation en chaire et de publication des conclusions et des commentaires du comité dans les médias, des conclusions qui sont ensuite souvent diffusées dans le pays concerné, est très convaincant. Il est exercé avec délicatesse par ces 10 experts des droits de la personne qui se penchent sur les preuves et qui sont très prudents.
Un débat est en cours, et je ne serais pas tout à fait transparent si je ne mentionnais pas que certains membres de l'UIP débattent de la mesure dans laquelle le comité peut s'ingérer — selon l'avis de certaines personnes — dans les affaires de gouvernements d'États souverains ou examiner leur conduite, mais le comité semble avoir trouvé un moyen de gérer cette situation grâce à la présentation de ses rapports et la solidité des preuves sur lesquelles il s'appuie.
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Je pense que la réponse à cette question est oui. Je crois que ce que vous demandez, c'est comment tout cela commence? La question est vraiment de savoir qui peut présenter une plainte au comité.
Nous savons que c'est le parlementaire ou l'ancien parlementaire dont les droits fondamentaux ont été violés, ou un membre de sa famille ou son représentant légal. Il peut s'agir d'un autre parlementaire. Il peut s'agir d'un parti politique ou d'une organisation nationale ou internationale de défense des droits de la personne, comme l'ONU.
Toutes les plaintes sont présentées par écrit, avec preuves à l'appui, au président du comité ou au secrétaire général de l'UIP. Les preuves sont rigoureusement compilées et, si elles ne suffisent pas, le comité peut demander à des cadres ou des analystes de reprendre les recherches et d'essayer d'obtenir plus de renseignements en vue de renforcer l'affaire ou de prendre une décision quant au traitement ou non de la plainte.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également M. McGuinty d'avoir accepté de participer à la séance et de nous parler.
La première question que je me pose concerne la sélection des études par le Groupe canadien de l'Union interparlementaire, l'UIPU. J'ai jeté un coup d'œil au rapport, et j'ai remarqué que, parmi les 13 cas que vous avez documentés dans ce rapport, six sont liés à l'Afrique, deux aux Amériques, deux à l'Asie, un à l'Europe et un au Moyen-Orient.
Je comprends, bien sûr, que différentes régions du monde ont mis en œuvre différents niveaux de démocratie et que vous vous concentrez sur la manière dont les parlementaires ont été traités ou sur la manière dont leurs droits ont été violés. Pouvez-vous nous expliquer la façon dont ces cas sont étudiés et nous faire part des critères qui sont utilisés pour les sélectionner?
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Merci beaucoup, monsieur Fonseca.
Bonsoir, mesdames et messieurs les députés. Je m'excuse d'avoir pris un peu de temps à me joindre à la réunion. Il y a quelques heures, nous avons fait un appel d'essai, qui s'est déroulé sans problème. Bien que nous ayons passé les 40 ou 50 dernières minutes à tenter de vous joindre, nous sommes finalement avec vous.
J'avais l'intention de formuler quelques observations préliminaires sur ma participation au comité. Ensuite, je répondrai volontiers aux questions. En outre, je vais essayer d'aborder la question de M. Chiu vers la fin de mon exposé.
Je mentionne très brièvement que ce qui m'a stupéfié, en ma qualité de parlementaire néo-zélandais, c'est l'ampleur des abus qui se produisent en réalité dans de nombreuses démocraties du monde entier. Nous tenons ces droits pour acquis ici, en Nouvelle-Zélande, et je soupçonne qu'à moins qu'ils ne s'intéressent particulièrement aux droits de la personne, les Canadiens sont relativement mal renseignés sur certains des abus dont sont victimes les représentants élus du monde entier.
Avant d'être membre du comité, je me souviens d'avoir été à Genève et d'avoir parlé au personnel de notre ambassade lors d'une visite liée à l'UIP. Collectivement, le personnel a déclaré que, parmi tous les efforts que l'UIP déploie, le travail le plus précieux est celui réalisé par le comité.
Par la suite, ma première participation au comité est survenue quand, en tant qu'ancien Président de la Chambre des représentants, on m'a invité à me joindre à une mission aux Maldives. Nous nous y sommes rendus, nous y avons passé quelques jours et nous avons parlé à des députés de l'opposition. Certains d'entre eux avaient été incarcérés dans des conditions horribles. Quelques députés n'avaient pas été informés de la tenue des séances du Parlement parce qu'ils étaient membres de partis de l'opposition, d'autres avaient été arrêtés alors qu'ils entraient dans l'édifice du Parlement, etc.
Nous avons conclu notre rapport, nous l'avons présenté à l'UIP, et ils l'ont diffusé assez largement. Je sais qu'il a reçu beaucoup de publicité locale aux Maldives. Une élection ultérieure a entraîné la chute du régime. La dernière fois que j'ai été mêlé aux affaires de cet État, la démocratie fonctionnait beaucoup mieux là-bas.
Je suppose que ma participation au comité est survenue juste après. Le comité est composé de 10 membres. Ils sont élus au cours des séances plénières. Il suffit de manifester un intérêt à l'égard des droits de la personne des députés et des violations de leurs droits. Si le comité plénier vous élit, vous siégerez au sein du comité. Le mandat des membres du comité est d'une durée de cinq ans.
Je vais passer à la question de M. Chiu au sujet de la façon dont nous entendons parler des abus qui se produisent.
Nous recevons des plaintes. L'un des processus dont nous nous occupons immédiatement au cours de nos réunions consiste à déterminer si l'affaire répond aux critères qui nous permettent de poursuivre l'enquête.
Nous avons affaire à des pays tels que le Venezuela, la Turquie, le Cambodge, qui font partie des pays les plus évidents à cet égard. La dernière fois que j'ai participé au comité, avant de prendre ma retraite à titre de député, je me suis rendu en Turquie, où des abus importants étaient clairement commis à l'encontre de personnes qui avaient été élues démocratiquement.
Ces cas remplissent les conditions requises pour que nous puissions les examiner plus à fond. Nous rencontrerons par la suite les parlementaires lésés, s'ils se rendent à ces séances plénières. Dans certains cas rares, nous organisons une mission, si nous pouvons nous rendre dans ces pays, et nous menons les enquêtes nécessaires.
L'un des véritables points forts de nos rapports, ce sont nos exposés au cours des séances plénières, lesquelles avaient lieu tous les deux ans avant la COVID. Ces exposés sont donnés au cours d'une session qui a lieu vers la fin de la séance plénière; ils sont donnés le quatrième ou le cinquième jour.
La plupart des délégués qui assistent à ces séances plénières s'intéressent énormément au travail du comité et sont donc beaucoup plus renseignés sur certains des abus qui se produisent que la plupart des gens.
Je pense qu'il s'agit là d'une réponse très rapide, car j'ai conscience de m'être joint à l'appel tardivement. Toutefois, je serai très heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Je vous suis reconnaissant de ne pas tirer parti de votre situation et de ne pas persécuter l'opposition ici.
Blague à part, je suis très heureux de ne pas figurer dans ce rapport. Au Canada, nous jouissons d'une démocratie complète et globale.
Permettez-moi de revenir à la question que j'ai posée. La raison pour laquelle je pose cette question, à l'un ou l'autre des deux témoins, c'est qu'en 2019 et 2020, nous avons vu une démocratie florissante en Asie s'engager dans la direction inverse. De nombreux élus — des politiciens, des législateurs — ont été arbitrairement disqualifiés, et ils l'ont été à vie.
Je parle bien sûr de Hong Kong. Je me demande pourquoi le comité n'a pas réexaminé le sujet et n'a pas mené une étude quelconque à cet égard.
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Je vous remercie de vos commentaires.
En parlant du Venezuela, nous croyons comprendre que les parlementaires de l'opposition font l'objet de menaces, de suppressions et de surveillance — sans parler de l'intimidation et de la violence.
Le rapport ou le comité suggère-t-il ce que les parlementaires du monde entier pourraient faire, y compris ici, au Canada — en particulier le comité SDIR, c'est-à-dire notre sous-comité des droits internationaux de la personne? Sur quoi pourrions-nous concentrer nos efforts et faire peut-être la lumière, ou à quel sujet pourrions-nous prendre des mesures pour venir en aide à nos collègues parlementaires?
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Dans le cas du Venezuela, un membre du comité est en fait originaire du Venezuela. Elle nous raconte des histoires déchirantes sur la façon dont elle doit effectivement s'échapper du pays. Elle craint d'être arrêtée si elle quitte le Venezuela pour assister aux séances plénières que nous organisions avant la COVID, et il lui est difficile de rentrer dans son pays.
Bien que nous n'ayons pas pu nous rendre au Venezuela, nous avons produit des rapports réguliers. J'essaie de penser au nombre de députés concernés, mais je pense qu'il y en aurait plus de 100 qui figurent sur la liste de l'enquête sur ce pays.
Nous présentons un rapport volumineux au cours de la séance plénière. Monsieur McGuinty, corrigez-moi s'il y a lieu: 600, 700 ou 800 personnes assistent aux séances plénières. Pendant ces séances, ils entendent parler des abus qui se produisent, non pas que ces abus ne soient pas de notoriété publique, mais l'exposé que nous donnons pendant la grande séance plénière révèle certainement les difficultés que nous éprouvons à obtenir des renseignements exacts. De plus, l'exposé montre la difficulté que rencontrent les députés de l'opposition au sein d'une — en fait, ce n'est plus une démocratie, c'est une dictature, n'est-ce pas?
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Je ne crois pas être en mesure de conseiller les politiciens canadiens sur ce qu'ils peuvent faire au Zimbabwe.
Puis-je vous citer un exemple semblable? Les Fidji sont un pays très proche de la Nouvelle-Zélande, géographiquement parlant, un pays qui n'était pas démocratique et qui l'est devenu. Lorsque je suis devenu Président de la Chambre des représentants, je suis en fait allé passer deux ou trois jours avec des parlementaires de là-bas, en particulier avec le Président de leur assemblée législative et des députés du parti au pouvoir et des partis de l'opposition. Nous avons essayé, en tant que grand pays voisin, de faire tout ce que nous pouvions pour aider une démocratie en difficulté.
Je pense que les développements aux Fidji signifient qu'ils établissent une démocratie vraie et pertinente. Chaque pays doit décider de la façon dont il va aider les pays dont la démocratie est plus faible. Toutefois, très peu de progrès peuvent être réalisés si la démocratie la plus faible n'est pas prête à coopérer et à prendre conscience qu'elle a besoin d'aide.
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On me confirme donc qu'il n'y a rien eu.
Je ne sais pas si cela fait partie de vos discussions ou si cela vous inquiète, mais on sent de plus en plus, même en Occident, une montée des promoteurs de théories du complot, comme le groupe QAnon, alors que c'était un phénomène marginal au début. Bien sûr, la situation ne se compare pas à celle de certains pays en voie de développement ou, par exemple, à ce qui se passe actuellement en Birmanie. Néanmoins, on voit en Amérique des citoyens qui procèdent carrément à l'arrestation de parlementaires et qui incitent leurs concitoyens à faire de même. Nous avons vu cela ici même, pas plus tard que l'automne dernier, alors que des citoyens ont procédé à l'arrestation de parlementaires sur la Colline du Parlement.
Selon vous, est-ce que la situation est inquiétante ou est-ce que vous croyez que les choses vont se tasser et que le phénomène restera marginal?
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Je suis désolé, mais je ne suis pas au fait de la situation à laquelle vous faites référence concernant l'arrestation de députés au Canada. Si un député enfreint la loi et fait l'objet de soupçons en vertu de la loi, peut-être devrait-il être arrêté. Mais nous parlons ici de représentants dûment élus au sein d'autres démocraties qui se voient privés de leur droit à participer à la démocratie.
Ce que j'ai fait remarquer au cours de mon exposé, c'est que le Canada et la Nouvelle-Zélande sont des démocraties très bénéfiques, qui fonctionnent et tiennent des élections. Parfois, le résultat ne nous plaît pas, mais nous l'acceptons tous et attendons les prochaines élections.
Or, ce n'est pas ainsi que les choses se passent dans de nombreuses démocraties du monde. L'ampleur des violations qui s'y produisent m'a ouvert les yeux. Je pense qu'en ce moment, le comité auquel je fais référence fait enquête sur 500 ou 600 députés victimes de violence et dont les droits de la personne ont été bafoués dans un total de 42 pays. Il s'agit d'un problème répandu.
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Je voulais simplement ajouter que l'une des choses les plus importantes, peut-être, concernant l'Union interparlementaire, ou UIP, c'est qu'il s'agit d'un lieu de rassemblement. M. Carter a parlé de nos assemblées plénières. Nous sommes habituellement entre 1 000 et 1 400 législateurs. De 40 à 50 % des délégations sont menées par les présidents des Parlements. C'est quand même un groupe assez important à l'échelle internationale.
Quand nous sommes là en délégation, comme législateurs canadiens, nous rencontrons souvent les gens en réunions bilatérales. Nous pouvons donc vraiment communiquer nos inquiétudes sur ce qui se passe au Zimbabwe ou au Venezuela, par exemple.
En ce qui concerne le renforcement des capacités, le Canada appuyait déjà l'UIP grâce à un programme de 2,5 millions de dollars pour soutenir la formation et le lancement des femmes en politique. Nous sommes très engagés en ce qui a trait à l'assistance technique dans plusieurs pays, y compris le Zimbabwe. À la page 21 de la version française du rapport, vous pouvez lire l'histoire de Mme Joana Mamombe, du Zimbabwe.
Dans le monde d'aujourd'hui, l'UIP est importante parce qu'elle peut rassembler des pays de partout dans le monde. Le seul pays que nous essayons de ramener au sein de l'UIP, ce sont les États-Unis. Les États-Unis ne font pas partie de l'Union depuis 1994, mais, compte tenu du changement de gouvernement et de président, nous aurons peut-être l'occasion de travailler avec eux.
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Je vous remercie beaucoup.
Je voudrais remercier moi aussi nos témoins pour les témoignages qu'ils livrent ce soir. Je pense que nous en apprenons tous beaucoup sur le travail que l'UIP effectue. Nombre d'entre nous pensaient le connaître, mais n'étaient peut-être pas au fait de cet aspect particulier.
Ma question porte sur quelque chose que M. McGuinty a dit et que je trouve très puissant. Il a parlé du pouvoir de dénonciation. Nous savons qu'il existe d'autres groupes de législateurs qui œuvrent dans le domaine, comme l'Action mondiale des parlementaires. Je fais partie d'un organe appelé équipe parlementaire d'intervention rapide, qui semble fonctionner de la même manière avec un petit groupe de parlementaires, mais qui agit très rapidement. Vingt-quatre heures après un événement, il publiera un message sur Twitter ainsi qu'un énoncé, puis des déclarations seront faites dans les Parlements nationaux.
Je sais qu'Irwin Cotler travaille également avec l'Institut Raoul Wallenberg, qui met en œuvre le projet Mandela, dans le cadre duquel on établit des liens entre les députés de certains pays et des défenseurs des droits de la personne aux fins de jumelage. Ces élus saisissent leurs propres Parlements de divers problèmes.
Comment pensez-vous que le travail de l'UIP peut appuyer certaines de ces activités? Dans quelle mesure collaborez-vous déjà avec d'autres groupes de législateurs qui tentent de faire la même chose afin de dénoncer certaines situations et de faire de la sensibilisation?
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C'est vraiment une bonne question, madame Vandenbeld.
L'UIP est en train de lancer une nouvelle phase quinquennale. J'aimerais présenter la suggestion de rapprochement, de meilleure coordination et de capacité d'intervention plus rapide au comité exécutif, qui se réunit cette semaine — demain ou vendredi — et de nouveau la semaine prochaine, il me semble. Il réfléchit à la teneur du plan des cinq prochaines années et à ce qu'il devrait faire pour être plus pertinent et plus utile.
Je sais que certaines initiatives donnent lieu à de la collaboration. M. Carter peut peut-être mieux traiter de la question, puisqu'il a été membre du comité, mais l'UIP veille soigneusement à ce que ses rapports soient solides, fondés sur des données probantes et inattaquables pour que quand ils sont publiés et que l'on fait des affirmations devant un groupe aussi vaste que l'UIP et ses 179 Parlements, ce soit irréfutable. Je pense que c'est sur ce point que l'accent a réellement été mis.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Comme c'est la dernière occasion que j'ai de m'adresser aux témoins, j'en profite pour les remercier de leur présence ce soir.
Il y a une chose qui me tient beaucoup à cœur, et ce sont les jeunes parlementaires. Ils représentent la prochaine génération, et les choix que nous faisons aujourd'hui influeront sur leur avenir. Il faut donc accroître leur participation, entre autres aux réunions de l'Union interparlementaire. Ce n'est pas seulement important, c'est majeur.
J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet. Est-ce qu'un groupe de jeunes parlementaires fait partie de l'Union interparlementaire?
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Si je peux me le permettre, je vais répondre à M. Brunelle-Duceppe.
En effet, il y a trois ans, le Groupe canadien de l'Union interparlementaire a invité près de 130 jeunes parlementaires à Ottawa pour quatre jours de réunions. Tous les deux ans, il y a une réunion de jeunes parlementaires. C'était avant la COVID-19, évidemment.
De plus, il y a un comité qui vise la participation des jeunes. Tout récemment, à la suite de discussions du comité exécutif et dans le cadre du nouveau plan quinquennal de l'UIP, j'ai proposé que des jeunes parlementaires — une quinzaine ou une vingtaine — rencontrent virtuellement le nouveau président élu il y a quelques mois au Portugal, M. Duarte Pacheco, pour lui parler de leur vision de l'UIP et du rôle que l'organisme pourrait jouer dans l'avenir.
Les jeunes sont là déjà, virtuellement ou en personne grâce aux voyages. On mise donc de plus en plus sur les bons conseils des jeunes.
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Pour moi, le meilleur exemple serait sans contredit celui des Maldives. Ce fut un privilège que de s'y rendre pour observer les élections subséquentes. Comme je l'ai indiqué la dernière fois, j'ai observé la situation et constaté que sa démocratie fonctionne bien. Pour moi, c'est l'exemple idéal.
Je pense que ce qui suscite la frustration, c'est que selon les nombreux rapports préparés et déposés lors des séances plénières de l'UIP, il n'y a pas suffisamment de changement. Prenez la Turquie, par exemple. Ce pays fait régulièrement l'objet de rapports, et les progrès sont lents.
Monsieur le président, comme l'occasion pourrait ne pas se représenter, pourrais-je conclure en formulant trois brèves observations?
Tout d'abord, selon moi — et un grand nombre d'entre vous, je pense —, le nombre de violations dont sont victimes les représentants élus dans le monde est beaucoup plus élevé que je l'aurais imaginé.
En outre, les travaux du comité font œuvre utile, j'en suis convaincu. Les choses progressent parfois à pas de tortue, mais elles avancent.
Sachez enfin que j'ai constaté qu'il manque au moins deux membres du sein du comité en ce moment, et je pense qu'un représentant du Canada serait la personne idéale pour occuper un de ces sièges. Le comité compte actuellement des représentants de l'Ouganda et du Venezuela. Écoutez, ils ne bénéficient pas de la crédibilité que vous confère le système démocratique canadien, qui est réputé à l'échelle internationale. Je clorai mon propos en vous mettant au défi de parler à M. McGuinty. Informez-vous pour connaître le processus qui a été lancé afin de remplacer au moins deux membres. Je serais ravi qu'au moins l'un de vous fasse partie du comité le plus rapidement possible.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir reçu aujourd'hui.