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SCYR Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 1re SESSION

Sous-comité des enfants et jeunes à risque du comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées


Témoignages du comité

TABLE DES MATIÈRES

Le mercredi 27 février 2002




¹ 1535
V         Le président (M. John Godfrey (Don Valley-Ouest, Lib.)
V         M. Larry Spencer (Regina--Lumsden--Lake Centre, Alliance canadienne)
V         Le président
V         Mme Anita Neville (Winnipeg-Centre-Sud, Lib.)
V         Le président
V         Le grand chef Edward John (chef de la première nation Tlazten)
V         Le président
V         Mme Heather Payne (conseillère en santé communautaire, Inter Tribal Health Authority)
V         Le président
V         M. Robert Lagassé (directeur, B.C. Aboriginal Child Care Society)
V         Le président
V         Mme Karen Isaac (responsable de programme, B.C. Aboriginal Child Care Society)
V         Le président
V          Le grand chef Ed John
V         Le président

¹ 1540
V         M. Robert Lagassé

¹ 1545

¹ 1550
V         Le président
V         M. Robert Lagassé
V         Le président
V         Mme Karen Isaac
V         Le président
V         Mme Heather Payne

¹ 1555

º 1600

º 1605
V         Le président
V         Mme Heather Payne
V         Le président
V         Mme Heather Payne

º 1610
V         Le président
V         Mme Heather Payne
V         Le président
V         Le grand chef Ed John

º 1615

º 1620
V         Le président
V         Le grand chef Ed John

º 1625
V         Le grand chef Ed John
V         M. Larry Spencer
V         M. Robert Lagassé
V         M. Larry Spencer
V         Mme Karen Isaac
V         M. Larry Spencer

º 1630
V         Le grand chef Ed John
V         Le président
V         M. Larry Spencer
V         Le président
V         M. Larry Spencer
V         Le grand chef Ed John
V         Le président
V         Mme Monique Guay (Laurentides, BQ)

º 1635
V         Mme Karen Isaac
V         Mme Monique Guay
V         Mme Heather Payne

º 1640
V         Mme Monique Guay
V         Le président
V         M. Alan Tonks (York-Sud--Weston, Lib.)

º 1645
V         Le grand chef Ed John
V         Mme Karen Isaac
V         Le président
V         Mme Anita Neville

º 1650
V         Le grand chef Ed John
V         Mme Anita Neville
V         Le président

º 1655
V         Le grand chef Ed John
V         Le président
V         M. Robert Lagassé
V         Le président
V         Mme Karen Isaac
V         M. Robert Lagassé

» 1700
V         Le grand chef Ed John
V         Le président










CANADA

Sous-comité des enfants et jeunes à risque du comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées


NUMÉRO 018 
l
1re SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

Témoignages du comité

Le mercredi 27 février 2002

[Enregistrement électronique]

¹  +(1535)  

[Traduction]

+

    Le président (M. John Godfrey (Don Valley-Ouest, Lib.) Bonjour à tous.

    Avant de poursuivre, il faut d'abord déterminer si nos interlocuteurs de Vancouver, qui se joignent à nous par vidéoconférence, nous captent bien. Oui, tout fonctionne.

    Bienvenue à cette réunion. Je m'appelle John Godfrey et je suis le président du Sous-comité sur les enfants et jeunes à risque.

    Les parlementaires sont de drôles de créatures. Ils semblent fonctionner selon leur propre fuseau horaire, c'est-à-dire 10 minutes en retard. Nous avons suffisamment de personnes présentes pour commencer la réunion. Les autres, j'imagine, arriveront après.

    Permettez-moi de vous présenter les trois membres du comité qui sont présents. D'abord, il y a Larry Spencer du parti de l'Alliance canadienne. Larry, peux-tu nous dire d'où tu viens?

+-

    M. Larry Spencer (Regina--Lumsden--Lake Centre, Alliance canadienne): Je viens de la ville de Regina et je représente la circonscription de Regina--Lumsden--Lake Centre.

+-

    Le président: Merci, Larry.

    Parmi nous également, Anita Neville, une député libérale tout comme moi. Anita, pouvez-vous vous présenter?

+-

    Mme Anita Neville (Winnipeg-Centre-Sud, Lib.): Bonjour, je m'appelle Anita Neville et il s'agit de mon premier mandat comme députée de la circonscription Winnipeg-Centre-Sud.

+-

    Le président: Je demanderais maintenant à nos quatre invités de se présenter. À ma connaissance, vous n'avez pas de président.

+-

    Le grand chef Edward John (chef de la première nation Tlazten): Je m'appelle Edward John et je suis le grand chef de la première nation Tlazten, qui vit dans le nord de la Colombie-Britannique.

+-

    Le président: Merci.

+-

    Mme Heather Payne (conseillère en santé communautaire, Inter Tribal Health Authority): Je m'appelle Heather Payne et je travaille comme conseillère en santé communautaire pour l'Inter-Tribal Health Authority de l'île de Vancouver.

+-

    Le président: Parfait.

+-

    M. Robert Lagassé (directeur, B.C. Aboriginal Child Care Society): Je m'appelle Robert Lagasse et je fais partie du conseil d'administration de la BC Aboriginal Child Care Society, un organisme situé à Vancouver.

+-

    Le président: Merci.

+-

    Mme Karen Isaac (responsable de programme, B.C. Aboriginal Child Care Society): Je m'appelle Karen Isaac et je travaille aussi pour le même organisme comme responsable de programme.

+-

    Le président: Je vous remercie tous d'être venus à cette réunion, surtout Heather et le grand chef Ed John qui ont dû se déplacer pour se rendre à Vancouver. C'est beaucoup moins loin cependant que d'avoir à se rendre à Ottawa.

    S'il s'agit de votre première expérience de réunion par vidéoconférence, ne vous inquiétez pas, car, après environ dix minutes, on oublie la caméra. On se parle comme s'il s'agissait d'un appel interurbain.

    Nous allons commencer par vos exposés. Avez-vous décidé qui passerait en premier ou bien voulez-vous que je décide?

+-

     Le grand chef Ed John: C'est comme vous voulez.

+-

    Le président: Parfait, nous allons commencer. Je vais suivre l'ordre de la liste de témoins. Robert et Karen y figurent en premier, suivis de Heather et d'Ed John. Ça vous va?

    Avant de céder la parole aux représentants de la BC Aboriginal Child Care Society, j'aimerais savoir si vous avez une idée générale de notre étude sur les jeunes Autochtones. Avez-vous reçu de la documentation sur l'étude? Je sais qu'on vous en a parlé un peu, à ce que le recherchiste et le greffier m'ont dit.

    J'aimerais aussi vous dire que ce sous-comité fait partie du Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées. Tous les partis politiques y sont donc représentés. En effet, madame Monique Guay du Bloc Québécois doit se joindre à nous sous peu.

    Nous nous intéressons aux enfants et aux jeunes à risque et nous avons examiné dans le passé la situation des enfants âgés de 6 et moins canadiens. Depuis l'automne, notre analyse porte sur les enfants autochtones que nous divisons pour le moment en quatre groupes : enfants âgés de 6 ans et moins habitant dans une réserve, enfants âgés de 6 à 12 ans habitant dans une réserve, enfants âgés de 6 ans et moins vivant hors réserve et enfants âges de 6 à 12 ans vivant hors réserve.

    Nous nous penchons principalement en ce moment sur les jeunes âgés de 6 ans et moins vivant dans les réserves. J'imagine que le comité nous demandera de passer ensuite aux enfants du groupe d'âge vivant hors réserve, puis aux autres.

    J'espère que cela vous donne une meilleure idée de notre travail jusqu'à présent. Pendant l'automne, nous nous sommes renseignés auprès des ministères fédéraux pour avoir un aperçu des programmes offerts, surtout dans les réserves, entre autres par Santé Canada, le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada, Développement des ressources humaines Canada et le ministère de la Justice. Nous avons constaté qu'il existe un effet de silo, partant d'Ottawa jusqu'aux réserves.

    J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à Monique Guay.

    Nous sommes prêts. Nous allons commencer par les exposés de Robert Lagasse et de Karen Isaac.

    Bienvenue. Je ne sais pas si vous prévoyez donner l'exposé ensemble, mais peu importe. Nous sommes impatients d'entendre ce que vous avez à dire.

¹  +-(1540)  

+-

    M. Robert Lagassé: Merci, monsieur le président et membres du comité.

    Nous sommes ici aujourd'hui pour parler du premier groupe dont vous avez fait mention monsieur le président, c'est-à-dire les enfants des réserves âgés de six ans et moins. Il s'agit du groupe dont s'occupe depuis un certain nombre d'années la BC Aboriginal Child Care Society. Nous offrons certains services aux enfants vivant hors réserve, mais surtout à ceux de la réserve. J'en parlerai un peu plus tard.

    D'abord, je vous remercie de m'avoir invité à cette réunion. Je tiens avant tout à souligner l'importance d'offrir aux enfants des réserves de tous les âges un éventail complet de possibilités favorisant leur développement et leur apprentissage. Au cours des cinq minutes qui me sont accordées, je parlerai de l'importance du développement de la petite enfance dans nos communautés ainsi que des défis que nous devons relever. Je ferai également des recommandations sur les améliorations à apporter.

    Karen et moi-même vous exhortons au nom du conseil d'administration d'élargir les programmes de soutien et les services offerts à tous les enfants autochtones âgés de six ans et moins.

    Tout d'abord, un bref aperçu de notre société. Notre société est un organisme sans but lucratif qui a aidé 58 communautés des Premières nations de la Colombie-Britannique à créer plus de 800 places en garderie entre 1995 et 1999. Une évaluation menée par le gouvernement fédéral de l'Initiative visant la garde d'enfants chez les Inuits et les Premières nations, que nous avons administrée, a indiqué que notre société était un modèle pour tout le Canada. Nous avons en fait surpassé les objectifs nationaux de plus de 10 p. 100 et nous en sommes très fiers. La prestation de l'initiative a cependant été décentralisée en 1999 et a été confiée à dix organismes régionaux de formation et de placement. Cela a été fait pour élargir la prestation de l'initiative.

    La société continue à fournir aux centres et au personnel de garderie dans les réserves et ailleurs des ressources qui reflètent le patrimoine autochtone des enfants, de la formation, du soutien et des occasions d'apprendre des expériences mutuelles sur chacun.

    Nous voulons tenir notre promesse à l'égard de nos enfants et leur montrer qu'ils occupent une place spéciale dans la culture autochtone. Ils ont toujours été au coeur même de nos familles et communautés. Chaque enfant est considéré comme un cadeau dont les parents, la famille et la communauté doivent prendre soin, et auquel ils doivent prodiguer amour et protection. Élever des enfants constitue une responsabilité sacrée.

    Aujourd'hui, nos valeurs demeurent les mêmes même si nos communautés ont changé. Les services de garderie et le développement de la petite enfance sont devenus cruciaux pour les enfants eux-mêmes, pour leurs parents et pour l'ensemble de la communauté. Ces programmes fournissent aux enfants un milieu sécuritaire, stimulant et riche où ils peuvent se développer sur les plans physique, social, mental et spirituel. Nos programmes intègrent des expériences d'apprentissage poussées qui viennent renforcer les traditions, l'histoire et la langue autochtones. Nous croyons que les enfants autochtones doivent vivre des expériences culturellement positives pour se sentir à l'aise dans leur peau, leur communauté et leur culture.

    Les programmes de garderie et de développement de la petite enfance donnent aux parents l'occasion de finir leur apprentissage scolaire et d'accroître leurs compétences de manière à pouvoir travailler, devenir autonomes et contribuer à la vie de leur communauté et ainsi servir de modèles à leurs enfants.

    Des chiffres intéressants fournis par la Direction de recherche et de l'analyse du ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada nous montrent qu'un tiers des enfants autochtones au pays vivent dans des familles monoparentales. Plus de 50 000 enfants qui sont des Indiens inscrits et ce chiffre est plus élevé dans les centres urbains.

    En d'autres mots, les programmes de garderie et de développement de la petite enfance peuvent résoudre un bon nombre des problèmes qui affligent nos communautés aujourd'hui. Il faudra cependant un certain temps pour que leurs effets se fassent sentir, mais cela se produira. Nous le savons et toutes les études le montrent. Le gouvernement du Canada doit considérer ces dépenses comme un investissement dans nos enfants et dans notre avenir. Les services de garderie et les programmes de développement de la petite enfance sont un investissement et non une dépense.

¹  +-(1545)  

    Nos communautés doivent relever de nombreux défis. Dans l'avenir, alors que la majeure partie du Canada se préoccupera de fournir des services au nombre croissant de personnes âgées, les communautés des réserves devront relever le défi de fournir des possibilités de développement, d'éducation et d'emploi à leurs jeunes. Il importe aussi de souligner que la demande pour ce type de services dépasse de loin l'offre. Et le financement a toujours constitué un problème majeur.

    Environ 10 p. 100 des enfants autochtones vivant dans des réserves ont accès à des programmes de développement de la petite enfance, même si 50 p. 100 de tous les enfants autochtones canadiens vivent dans la pauvreté et risquent beaucoup plus que les autres de souffrir de problèmes de développement, même si les enfants autochtones pris en charge représentent de 30 à 50 p. 100 des enfants pris en charge en Colombie-Britannique, même si les taux de décrochage et de suicide chez les jeunes autochtones sont sept fois plus élevés que la moyenne nationale et enfin même si un tiers des enfants autochtones vivent dans des familles monoparentales, comme je l'ai déjà mentionné.

    Pour ce qui est des programmes de prévention et de développement communautaire, il ne fait pas de doute que les enfants autochtones se trouvent dans une mauvaise situation et que leurs familles font face à de nombreux problèmes, dont la pauvreté, la dépendance à l'égard de l'aide sociale, l'analphabétisme et une détresse générale. Pourtant, le gouvernement a toujours tendance à investir dans des ressources visant à régler les problèmes après coup plutôt qu'à les prévenir.

    La recherche, l’expérience et le bon sens montrent tous qu’on pourrait réduire de manière significative les services de protection des enfants si nous investissons de manière plus importante dans les programmes de garderies et de développement de la petite enfance. Une étude sur les programmes préscolaires aux États-Unis a montré qu’il était fort probable que les enfants ayant bénéficié de services de garde de qualité terminent leurs études, ne dépendent pas de l’aide sociale et n’ont pas de démêlés avec la justice au cours de leur vie. Au Canada, des chercheurs de l’université McMaster ont déterminé que le gouvernement pourrait réaliser des économies de l’ordre de 20 000 $ en soins de santé et en services sociaux pour chaque famille monoparentale à faible revenu ayant trois enfants en garderie.

    Les communautés autochtones évoluent de manière différente et savent mieux que n’importe quel expert ce qu’il faut faire et comment il faut le faire. Au cours de la dernière année, on a beaucoup discuté au sein des milieux fédéraux et des communautés autochtones de l’importance d’adopter une approche intégrée et concertée pour la prestation des programmes destinés aux enfants. En théorie, il s’agit d’une approche que nos communautés appuieraient, mais nous tenons à collaborer avec le gouvernement fédéral afin de nous assurer que des mesures concrètes sont prises pour faire progresser une telle stratégie.

    Il ne faudrait pas laisser les pourparlers, les discussions et les négociations remplacer l’action. Et les besoins sont tellement grands qu’il nous faut passer bientôt à l’action.

    J’aimerais maintenant vous faire part de nos recommandations et de nos conclusions. Le gouvernement fédéral et les Premières nations doivent être félicités pour s’être engagés à appuyer les programmes de développement de la petite enfance destinés aux enfants autochtones. C'est dans les communautés autochtones que les besoins sont les plus criants, même si tous les enfants à risque au Canada doivent être soutenus. Les lacunes mentionnées dans les services actuels devraient être corrigées à l’aide d’investissements supplémentaires.

    Au nom de la société, j’aimerais vous faire les recommandations suivantes :

    --Accroître les ressources disponibles pour l’éducation des jeunes enfants, les services de garderie et le programme d’aide préscolaire dans les communautés autochtones.

    -- Consacrer autant d’énergie et de ressources aux garderies et au développement de la petite enfance qu’au programme d’aide préscolaire puisque ces deux éléments visent à combler les besoins des très jeunes enfants d’une manière impossible pour ce programme.

    -- Garantir un accès à des services de garderie au moins équivalents à ceux qui sont offerts dans les communautés non autochtones.

    -- Accroître les efforts consacrés aux mères adolescentes tant avant qu’après la naissance de leurs enfants de manière à ce que ces jeunes filles se nourrissent bien durant leur grossesse, à ce que leur bébé ait un poids santé à la naissance et à ce que les mères puissent poursuivre leurs études même après la naissance de l’enfant.

    -- Réserver une partie des fonds consacrés au développement de la petite enfance pour les communautés autochtones et les organismes autochtones sans but lucratif s'occupant de garderies de manière à permettre le renforcement de leurs capacités, la recherche et l’évaluation.

    Si vous me le permettez, monsieur le président, j’aimerais poser une question au sous-comité.

¹  +-(1550)  

+-

    Le président: Allez-y, monsieur Lagasse.

+-

    M. Robert Lagassé: Par quel moyen allez-vous faire valoir au gouvernement fédéral que nous avons besoin de plus de ressources pour subvenir aux besoins des familles et des enfants autochtones? Nous ne savons toujours pas à quoi serviront les ressources promises par le gouvernement en décembre dernier et quand elles seront distribuées. Pouvez-vous nous aider?

    Nous désirons aussi déposer une évaluation des besoins menée en 1997.

    Je vous remercie de votre attention. N’hésitez pas à nous poser des questions.

    Merci.

+-

    Le président: Merci beaucoup. Je présume, Madame, que vous êtes prête aussi à répondre aux questions et que vous n’avez rien à ajouter à l’exposé de M. Lagasse. Ai-je bien raison?

+-

    Mme Karen Isaac: Oui.

+-

    Le président: Je tiens tout d’abord à vous remercier de votre participation. Nous veillerons à ce que le document déposé soit traduit en français avant de le distribuer au membre du comité.

    Je ne suis pas en mesure de répondre complètement à votre question, mais je peux vous donner certaines précisions à propos du sous-comité. Les membres du sous-comité sont en quelque sorte des bénévoles, car ces responsabilités s’ajoutent à leurs fonctions ordinaires. Je veux aussi signaler la présence du député Alan Tonks de Toronto et de la députée du Bloc, Mme Guay. Malgré nos divergences sur le plan politique, la question du bien-être des enfants nous tient tous à coeur. Nous croyons également que nous sommes bien placés pour faire pression auprès du gouvernement, tant de l’intérieur grâce aux députés libéraux que de l’extérieur pour nous assurer que les ressources promises entre autres dans les budgets et les discours du Trône sont atttribuées de façon adéquate.

    Le rapport que nous rédigerons tiendra compte de témoignages tels que les vôtres. C’est pourquoi nous sommes réunis ici. Nous voulons aussi tout comme vous que les propositions aillent de l’avant. Nous avons à ce sujet quelques idées à vous proposer plus tard au cours de la réunion. Passons maintenant aux deux autres témoins.

    Une dernière chose avant de continuer. Le docteur Fraser Mustard de Toronto, à qui j’ai parlé ce matin, vous salue. Je pense qu'il s'agit d'un ami commun puisqu'il nous a beaucoup parlé de vous.

    Je cède maintenant la parole à Heather Payne, coauteure du document intitulé Entrenched Incapacity: Federal/Provincial Program and Funding Policy for Aboriginal Families, Children and Youth . Tous les membres peuvent en obtenir un exemplaire. L’autre auteure, Judith Johnnie Gohn, regrette de ne pas pouvoir assister à la réunion. Mme Payne, qui travaille pour l'Inter-Tribal Health Authority, témoignera au nom des deux auteures.

    Bienvenue Madame Payne et merci d'être venue à Burnaby. Nous sommes impatients d'entendre votre témoignage.

+-

    Mme Heather Payne: Merci.

    J'aimerais tout d'abord signaler que notre étude porte principalement sur les petites communautés de Premières nations de l'île de Vancouver. Sur l'île de Vancouver, il y a un bon nombre de petites communautés de Premières nations plus ou moins indépendantes. Même si dans beaucoup de cas elles sont affiliées à une bande, elles ne bénéficient pas de programmes et de services par l'entremise de ces affiliations. Elles ont donc tendance à obtenir individuellement par exemple des services de santé.

    L'Inter-Tribal Health Authority de l'Île de Vancouver dessert 28 petites communautés de Premières nations, de l'aéroport de Victoria jusqu'à une région à 150 milles au nord-ouest de Port Hardy, où il faut se rendre en avion. Il s'agit donc en général de très petites communautés.

    La première partie de l'étude traite de la mortalité infantile dans ces régions de l'île de Vancouver, surtout dans la région du centre et la région côtière plus au nord. Une étude menée par le Dr Fred Rockwell, médecin du service de santé de la région du centre de l'île, sera publiée sous peu dans La revue canadienne de santé publique. Ses constatations sont présentées sur le premier graphique que vous avez devant vous, qui montre les différentes régions de l'île et compare les taux de mortalité infantile chez les Indiens inscrits à ceux du reste de la population. Les taux de mortalité infantile sont plus élevés chez les Indiens inscrits de l'île que ceux du reste de la population d'Indiens inscrits de la Colombie-Britannique. Ils sont en effet trois plus élevés si l'on regarde le taux de mortalité infantile dans son ensemble.

    Le deuxième graphique porte sur les causes de décès chez les nourrissons dans les communautés de Premières nations de ces régions. La principale cause, qui saute aux yeux, est le syndrome de mort subite du nourrisson.

    Pour ce qui est du troisième graphique, je vous enverrai sous peu le bon par courrier électronique, car il s'agit encore du deuxième graphique dans le document. Le troisième graphique présente le taux de mortalité infantile en raison du syndrome de mort subite du nourrisson par région sur l'île de Vancouver. Ce syndrome est sept à dix fois plus fréquent dans la région du centre de l'île et dans la région côtière plus au nord que dans le reste de la population et deux fois plus fréquent que dans le reste de la population d'Indiens inscrits de la Colombie-Britannique. Ces deux régions sont donc les plus vulnérables. Si le taux de mortalité infantile pour ces deux régions avait été le même que celui du reste de la population d'Indiens inscrits, il y aurait eu 42 décès de moins sur la période de huit ans.

    Nous avons tellement entendu parler du problème d'inhalation de colle sur la côte est. Certes il s'agit d'un fléau social, mais nous nous demandons pourquoi on n'a pas entendu parler des 42 décès qui auraient peut-être pu être évités. Nous sommes d'avis qu'il s'agit d'une situation aussi grave.

¹  +-(1555)  

    Nous ne pouvons pas établir un lien de causalité pour l'instant entre les petites nations indépendantes et un piètre état de santé, mais nous connaissons de nombreux facteurs qui contribuent à la mortalité infantile et à un piètre état de santé. Ces facteurs existent dans les collectivités indépendantes, soit des taux de chômage et de pauvreté très élevés, un réseau de soutien social insuffisant, des logements médiocres, une sous-scolarisation et un mauvais accès aux services de santé appropriés.

    En ce qui concerne le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones, que nous avons toujours bien accueilli, seulement un huitième des 28 nations que nous servons reçoivent des fonds de ce programme. Le problème vient en partie du fait que ces gens n'ont personne pour faire le travail, qui est relativement compliqué, bien qu'on ait tendance aujourd'hui à suivre un modèle. Ils n'ont pas la population minimale qui est nécessaire pour offrir des programmes de qualité. Nous ne demandons pas une Cadillac au lieu d'une Volkswagen; nous ne demandons qu'une voiture avec un moteur au lieu du châssis seulement. En d'autre mots, le programme ne peut fonctionner sans ressources.

    Il paraît simple de dire de se rassembler en groupes pour offrir ces programmes. Cela n'est pas possible dans ces nations. Ce n'est même pas possible dans les nations situées près de Victoria. Il y a un degré élevé d'isolement social et l'on a l'impression, dans les petites collectivités du sud, qu'il est difficile de passer la frontière de la réserve.

    La nation qui a reçu des fonds d'un programme parmi nos autres nations a reçu en fait une très petite somme. Grâce à ces fonds, elle a embauché une coordonnatrice de la CEE. L'évaluation a eu lieu cette année et la nation l'a réussie. Ses fonds ont ensuite été réduits de 36 p. 100 par le comité régional du Programme d'aide préscolaire aux Autochtones, car ce comité essait d'affecter des fonds à plus de programmes.

    La réduction de 36 p. 100 aurait signifié l'arrêt de mort de ce programme. La nation n'aurait pas pu garder la travailleuse professionnelle de la CEE. Nous avons réussi à obtenir un peu plus d'argent, bien que ce n'était pas suffisant... Je crois qu'on a ajouté 10 000 $ au montant. Cela signifie que la travailleuse professionnelle de la CEE travaille présentement quatre jours sur cinq et doit prendre congé en été. Premièrement, la nation risque de la perdre. Deuxièmement, étant donné que la travailleuse doit se conformer à la forte demande de travail administratif du programme, elle doit affecter beaucoup de temps au remplissage de formulaires et moins de temps à la programmation. Vous pouvez donc voir que les petites collectivités se trouvent dans une situation très difficile. Il se trouve que la collectivité en question est l'une de celles qui ont reçu des fonds.

    M. Lagasse a déjà indiqué les avantages de ces fonds. Je veux signaler que M. Mustard estime qu'environ 7 000 $ par enfant, âgé de 0 à 6 ans, sont nécessaires pour fournir un programme de qualité aux enfants. Bien que cela semble représenter beaucoup d'argent, ce n'est pas le cas. Il s'agit en fait de 36 000 $ par enfant. Les épargnes réalisées signifieraient que les collectivités pourraient acheter des services à l'extérieur de la réserve, ou s'ils ont les ressources nécessaires, ils pourraient offrir le service dans la réserve.

    Pour l'instant, c'est comme jeter l'argent par les fenêtres, car on essait d'offrir un programme qui est en forte demande, cependant on n'a pas assez d'argent pour construire l'infrastructure permettant d'offrir le programme. On n'a même pas le cadre approprié pour offrir le programme. Je crois que vous seriez d'accord, madame Isaac, qu'un cadre de qualité est important pour ces types de programmes.

º  +-(1600)  

    Je voudrais dire quelques mots sur le concept des doses préventives, qui a été établi par le docteur O'Connor. Ce dernier signale qu'il faut prendre les mesures appropriées pour livrer les doses préventives--en d'autres mots, l'intensité et la nature soutenue des interventions--et pour joindre le nombre de personnes adéquat.

    Voilà ce que je considère comme le problème principal du Programme d'aide préscolaire aux Autochtones. Il s'agit d'un programme «clés en main» d'Ottawa. Il sera peut-être très utile en servant un grand nombre de personnes pour ce qui est des soins de jour, mais il est très difficile, voire impossible, d'adapter le programme aux petites collectivités. C'est comme si on essayait de mettre un objet carré dans un trou rond. C'est très difficile.

    Je veux brièvement parler des problèmes des enfants qui ont une incapacité et qui vivent dans la réserve. Le premier exemple est un enfant qui a le syndrome de Rett et qui vit dans une petite collectivité située sur l'île de Vancouver. Il s'agit d'une maladie chronique dégénérative assez grave. Sa famille a déménagé pour aller s'installer à l'extérieur de la réserve afin d'obtenir des services dans la ville la plus proche. Elle a reçu de l'argent du programme des patients à domicile, qui est un programme de la C.-B. destiné aux enfants qui ont une incapacité. La famille a également reçu d'autres ressources du ministère de la Santé. Elle s'est toutefois sentie isolée socialement à l'extérieur de la réserve, donc le père a quitté la famille pour retourner dans la réserve. La mère voulait rester dans la ville pour profiter des services, mais elle a finalement rejoint son mari dans la réserve avec ses enfants.

    Tous leurs services ont été éliminés, y compris le programme des patients à domicile. Encore une fois, il n'y avait aucune souplesse dans les fonds pour acheter, par exemple, les petites choses dont l'enfant avait besoin, telles que les aliments qu'elle devait manger pour augmenter son poids. Son poids était très faible. Son alimentation était un problème très grave.

    En cette année de grâce, on a dit à la famille que l'enfant devait se porter volontaire comme pupille du tribunal pour obtenir des services. Je crois que c'est complètement inacceptable. J'ai de la difficulté à croire que cela se produit encore de nos jours. Cela s'est produit au cours des deux dernières années.

    En ce qui concerne les fonds pour l'éducation, dont, je suis certain, quelqu'un d'autre discutera, il y a une diminution, et non une augmentation, des ressources. Dans les petites collectivités, presque personne n'atteint la douzième année. Les étudiants sont plus nombreux, les frais de scolarité sont plus élevés et les fonds sont en attente. C'est une situation impossible.

    Les petites collectivités dans lesquelles nous travaillons ont un certain sous-groupe de jeunes des Premières nations qui éprouvent un sentiment croissant de désespoir. L'écart croissant entre les riches et les pauvres peut en être la cause. Il ne s'agit pas seulement d'une comparaison entre les riches vivant à l'extérieur de la réserve et les pauvres dans la réserve, mais également des riches et des pauvres vivant dans la réserve. Quelques personnes de ces petites collectivités reçoivent des fonds, mais la plupart d'entre elles, environ de 75 à 85 p. 100, sont pauvres. L'écart est important et mène peut-être au sentiment de désespoir.

    Judith Johnnie Gohn a établi la chronologie d'un enfant des Premières nations. Avez-vous eu l'occasion de la lire?

º  +-(1605)  

+-

    Le président: Nous en avons un exemplaire. Nous lisons rapidement. S'agit-il d'une histoire réelle ou fictive?

+-

    Mme Heather Payne: C'est une histoire fictive. Voulez-vous que je la résume?

+-

    Le président: Expliquez brièvement les grandes lignes et soulevez quelques points saillants de l'histoire.

+-

    Mme Heather Payne: En fait, le point saillant est le cercle vicieux de la pauvreté. On parle d'un jeune couple--très jeune, 16 et 18 ans--qui a un enfant. On raconte comment les parents aiment cet enfant, comment ils le veulent et comment la famille subvient aux besoins de l'enfant. Ils vivent tous sous le même toit--treize personnes dans une maison à deux chambres qui a été construite dans les années 60 lorsque les Affaires indiennes ont construit une série de maisons. La maison est propre. Le jeune couple adore cet enfant. Tous les membres de la famille reçoivent de l'aide sociale. Il n'existe aucune ressource supplémentaire. La mère tricote pour gagner de l'argent additionnel. Elle tricote de gros chandails et souffre de polyarthrite rhumatoïde, donc elle est très stressée.

    Les parents ont quitté l'école tôt. Il paraît que l'une des raisons pour lesquelles les jeunes quittent l'école est leur manque d'intérêt au bout de quelque temps. Ils ont du retard dans leurs études quand ils entrent à l'école. Même s'ils suivent le programme d'éducation des jeunes enfants à trois ans, ils peuvent être jusqu'à un an en arrière, particulièrement au niveau des langues.

    Il ne s'agit pas d'une question de manque d'amour ou d'attention. Ces bébés sont aimés et chéris, et ils sont considérés comme l'espoir de l'avenir. C'est le résultat d'une maison surpeuplée, de grands-parents un peu malades, de parents très jeunes et de ce qui se produit dans cette maison au cours de la première année de vie de l'enfant; donc, les enfants n'ont pas vraiment l'occasion d'obtenir la stimulation dont ils ont besoin. Les jeunes parents n'ont pas de compétences parentales en raison de l'internat et ils n'ont personne vers qui se tourner pour obtenir de l'aide. Il s'agit d'une collectivité qui n'a pas suffisamment de ressources--une infirmière qui offre ses services une fois par semaine, aucun travailleur de développement du jeune enfant, aucune consultante en allaitement, le bébé n'est pas allaité puisqu'il n'y a personne pour aider la mère, et le cycle se répète.

    La conclusion de l'histoire, c'est que l'enfant entre tard à l'école, c'est-à-dire en septième année, et finit dans le même piège que ses parents.

º  +-(1610)  

+-

    Le président: Merci. Pouvez-vous nous faire part de vos recommandations?

+-

    Mme Heather Payne: Affecter 7 000 $ à chaque enfant autochtone âgé de 0 à 6 ans en C.-B. Fournir une gamme complète de services et établir un programme souple, et non un programme «clés en main», de sorte que les collectivités puissent choisir la façon dont elles veulent obtenir ces services. La preuve sera... Vous pouvez l'obtenir assez rapidement, car les enfants entreront à l'école et vous pourrez facilement évaluer la différence entre leur retard avant et après ces programmes.

    Assurer l'accès universel aux services sans se soucier de l'emplacement du domicile. Augmenter les prestations sociales des familles. Je crois que Robert a parlé à la plupart des familles recevant de l'aide sociale. Augmenter l'accès aux fonds postsecondaires de sorte que les personnes puissent avoir plus de modèles des Premières nations au lieu de vieux blancs comme moi. Affecter des fonds aux petites nations en tenant compte des ressources minimales plutôt que de la population de base. Je crois que les Premières nations créent maintenant des organisations qui appuient ces petites nations, donc l'établissement de ces organisations devrait être sensible à la géographie et à la situation politique. Assurer une souplesse maximale en vue du développement de nouveaux modèles de prestation de services pour les petites nations.

    Merci.

+-

    Le président: Merci. Je dois dire, en anticipant sur ce que mes confrères pourraient vous dire directement, que je crois que les rapports ont été très utiles jusqu'à maintenant. Je crois que vos recommandations seront très utiles. Nous vous remercions de nous en avoir fait part. Cet exercice a été très fructueux.

    Je souhaite la bienvenue au grand chef Ed John de la nation Tlazten. J'ai probablement mal prononcé le nom de votre nation, donc vous devrez peut-être m'aider. Nous sommes heureux d'avoir l'occasion d'entendre vos commentaires.

+-

    Le grand chef Ed John: Je vous remercie encore une fois de cette tribune. Je peux comprendre que votre sous-comité fait partie d'un comité permanent et que votre influence sur le gouvernement est minimale, mais on ne sait jamais. Nous sommes tous réunis ici et j'imagine que d'autres personnes dans le pays font des exposés en espérant que leurs mots, leurs exposés, leurs points de vue et leurs recommandations ne seront pas inutiles.

    Dans cet esprit, je vous remercie encore une fois d'avoir pris le temps de m'écouter et, comme vous l'avez mentionné au début de votre exposé, d'avoir accordé une importance particulière aux enfants autochtones, âgés de 0 à 6 ans et de 6 à 12 ans, qui vivent dans la réserve et à l'extérieur de la réserve. Je crois qu'il s'agit d'une initiative importante pour les Autochtones de notre pays. Je parle de tous les Autochtones--les Inuits, les Métis et les membres des Premières nations.

    Il existe plusieurs petites collectivités dans ma nation, la nation Tlazten, qui compte jusqu'à trois villages dans la partie nord-centre de la Colombie-Britannique. Il n'y a pas beaucoup d'habitants, environ de 1 400 à 1 500 personnes au total--la moitié vit dans la réserve et l'autre moitié vit à l'extérieur de la réserve. Il y a beaucoup de déplacements d'un endroit à l'autre selon l'emploi, l'éducation et, en général, les faibles perspectives. Les collectivités que je connais sont relativement isolées. La collectivité la plus près de mon village est située à environ 40 milles--je parle d'une collectivité non autochtone.

    J'ai eu l'occasion de parler avec le greffier et avec d'autres membres du comité, et je crois comprendre que vous avez une bonne compréhension des questions importantes relatives au développement du jeune enfant, aux Premières nations et aux collectivités autochtones du pays--les indicateurs sociaux et économiques. Je n'ai pas besoin de répéter ces points. Je crois que vous en êtes conscients.

    La situation actuelle, le discours du Trône de l'année dernière, les initiatives et les engagements du gouvernement et leur incidence sur le nouveau budget sont tous des éléments importants. Il faut se demander comment ils se traduisent dans les actions des collectivités et comment ils font toute la différence pour chaque enfant dans nos collectivités.

    Je participe aux politiques provinciales des Premières nations depuis longtemps et j'ai eu l'occasion d'en observer le développement économique en Colombie-Britannique et dans l'ensemble du pays. Dernièrement, en tant que ministre pour nos enfants et nos familles, j'ai eu l'occasion d'examiner ce que font les gouvernements dans les collectivités, en particulier les collectivités autochtones de la province.

    Il ne fait aucun doute que les collectivités autochtones sont exposées à des risques plus élevés que la population générale. Nous ne voulons pas isoler les Autochtones, mais nous voulons nous concentrer davantage sur les collectivités autochtones et leur offrir du soutien pour les aider à régler ces problèmes. C'est là-dessus que j'aimerais me fonder.

    Je me souviens d'une histoire que ma grand-mère m'a racontée lorsque j'étais jeune, et j'ai compris de cela qu'elle comprenait le développement du jeune enfant dans notre culture, comme l'a mentionné Robert plus tôt, ainsi que l'importance et la place de l'enfant dans nos collectivités.

º  +-(1615)  

    Il s'agit d'une expérience très personnelle pour moi au sujet de ma grand-mère. Elle me disait de faire attention aux jeunes enfants, aux personnes âgées et aux membres de la collectivité qui avaient besoin de mon aide. Nous sommes responsables envers eux, en particulier les jeunes enfants et les personnes âgées. Si vous apercevez une personne âgée dans la collectivité qui a besoin de bois ou d'eau, vous ne lui demandez même pas si elle en a besoin, vous allez tout simplement en chercher pour elle afin de l'aider. C'est dans cet esprit que les membres de notre collectivité ont grandi.

    Au cours des dernières années, environ trois ou quatre générations de notre collectivité sont entrées dans les internats. Les modèles que nous avons dans les internats ne sont pas nos parents et nos grands-parents. Trois ou quatre générations ont été touchées et, dans notre province qui compte 16 écoles résidentielles indiennes, jusqu'à cinq ou six générations en ont connu l'impact. Nous vivons maintenant avec l'héritage de ces institutions--qu'il soit positif ou négatif. Ces impacts sont extrêmement importants dans nos collectivités, comme en fait foi la façon dont nous les traitons et les abordons dans chaque collectivité.

    Je suis au courant du concept établi et du travail effectué au niveau du développement des jeunes enfants. La recherche et la science mettent certainement l'accent sur le développement du jeune enfant. Le problème, c'est que les programmes qui ont été mis en oeuvre par les gouvernements et conçus en grande partie par des gens qui n'ont pas d'affiliations aux petites collectivités, comme Heather l'a signalé, ont été élaborés en isolation afin d'attribuer une certaine responsabilité liée aux ressources sans tenir compte de la réalité des collectivités. On a certainement besoin de ressources. Mais une fois que ces ressources sont dans les collectivités, il faut d'abord remplir un énorme formulaire. Ensuite, les critères et les rapports que vous devez fournir pour assurer les fonds sont un peu pénibles, particulièrement dans les petites collectivités, où il n'y a pas nécessairement les personnes capables d'effectuer le travail.

    Le point essentiel est le suivant. Que devons-nous faire pour nous assurer que tous les enfants de notre pays--je parle des enfants autochtones--peuvent avoir de meilleures perspectives?

    C'est en partie ce que nous essayons de faire en Colombie-Britannique. C'est une question plus récente. Comme vous l'avez déjà indiqué, le Développement du jeune enfant et les programmes offerts par les Affaires indiennes, Santé Canada ou DRHC sont cloisonnés. Les ressources sont affectées à nos collectivités de la même façon et les programmes sont offerts dans nos collectivités en isolation. Nous reproduisons ce qu'Ottawa offre. Il y a donc un besoin réel de coordination des activités et des efforts et il faut adopter des mesures stratégiques à propos des ressources qui sont affectées dans l'ensemble du pays, et certainement en Colombie-Britannique.

    Des efforts sont en cours en Colombie-Britannique pour rassembler ces trois ministères fédéraux principaux--Santé Canada, le ministères des Affaires indiennes et DRHC--à la même table que la société représentée ici qui s'occupe de 58 collectivités, BC Aboriginal Child Care Society, qui s'occupe de la garde d'enfants, en ville ou dans la réserve, le comité de la santé du grand chef et le First Nations Education Steering Committee. Cet effort rassemblera notre groupe et les ministères, et peut-être même la province, car elle a affecté d'importantes ressources à cet effort. Toutefois, je ne suis pas certain que ce sera très important, étant donné les réductions effectuées à Victoria.

    Nous allons nous assurer que tout le monde est sur la même longueur d'onde afin de travailler ensemble à ce projet. Étant donné les ressources affectées, des investissements stratégiques sont effectués dans toutes les collectivités de la province de sorte que les petites collectivités ne soient pas laissées de côté et que les grandes collectivités ne soient pas pénalisées parce qu'elles ont une plus grosse population.

º  +-(1620)  

+-

    Le président: Puis-je vous interrompre un instant, grand chef John?

    Premièrement, j'ai beaucoup appris lors de votre dernière intervention à propos des efforts coordonnés des trois ministères fédéraux en Colombie-Britannique qui visent à rencontrer les 58 nations. Nous serions heureux de recevoir de la documentation sur ce sujet, des notes ou quoi que ce soit, car ce serait très utile. D'après ce que nous venons de dire, nous voulons prendre de telles mesures.

    Deuxièmement, pourrions-nous maintenant passer aux questions? De cette façon, nous pourrons dialoguer un peu et mettre en oeuvre certaines idées, je crois, qui consistent à passer de l'engagement à l'action. Je crois que nous sommes prêts à passer aux questions.

    En passant, j'aurais dû rappeler aux personnes présentes votre rôle de ministre dans un régime antérieur du gouvernement de la Colombie-Britannique. Tout ce que je peux dire, c'est que votre réputation vous précède--ce qui est tout à votre honneur.

+-

    Le grand chef Ed John: Merci.

    Si vous pouvez m'accorder une minute de plus, je n'ai que trois ou quatre recommandations qui se rapportent à la situation.

    Le président: Parfait.

    Le grand chef Ed John: Fort de l'expérience que j'ai acquise au sein des collectivités de Premières nations, et en particulier au cours de ma vie, je peux dire que nous avons tenté toutes sortes d'expériences pour améliorer l'état socio-économique dans nos collectivités. Nous avons connu un certain succès, mais je pense que le plus gros problème a trait à la capacité de travailler ensemble, de planifier et de prévenir l'avenir.

    Premièrement, je pense que toute initiative prise par le gouvernement fédéral ou provincial doit tenir compte de la nécessité d'avoir recours à une approche communautaire. L'initiative ne peut être conçue par un bureaucrate isolé dans un bureau à Ottawa, à Victoria ou à Vancouver puisqu'il ne connaît pas les besoins des Indiens. Les problèmes se trouvent dans les collectivités et, grâce à l'aide et au soutien du gouvernement, ils peuvent être solutionnés par les collectivités même.

    Deuxièmement, il doit s'agir d'un engagement à long terme.

    Troisièmement, le gouvernement doit adopter une démarche proactive plutôt que normative. Elle doit tenir compte des résultats. C'est un peu plus difficile à accomplir. Les programmes devraient avoir une certaine flexibilité compte tenu du fait que tous les programmes ne peuvent être mis en oeuvre exactement de la même façon dans chaque collectivité. Il existe une diversité très grande parmi les peuples autochtones et les Premières nations partout au pays, et c'est certainement le cas en Colombie-Britannique.

    Voilà les commentaires généraux que je voulais faire. Comme je l'ai dit, les efforts déployés en Colombie-Britannique se poursuivent. Ils doivent permettre d'amener notre peuple et le gouvernement à adopter une vision commune, non seulement sur la réserve, mais à l'extérieur de la réserve.

º  +-(1625)  

+-

    Le grand chef Ed John: Merci beaucoup. Je pense que ce troisième exposé a été très utile.

    Je vais maintenant passer rapidement aux membres du comité. Je suppose que le temps dont nous disposons est limité en raison du contrat conclu avec les fournisseurs de ce service. Je pense qu'il nous reste à peu près une demie-heure. Je vais vous demander de commencer par une séance de questions d'une durée de cinq minutes, puis nous verrons combien de temps il restera.

    Je vais commencer par M. Larry Spencer, membre de l'Alliance canadienne, originaire, comme il l'a dit, de la Saskatchewan.

    Bienvenue, Larry.

+-

    M. Larry Spencer: Merci, monsieur le président.

    Merci beaucoup pour vos exposés.

    Ma question s'adresse à la B.C. Aboriginal Child Care Society, qui a présenté son exposé en premier. Vous avez mentionné dans vos recommandations, à l'endos du mémoire qui nous a été fourni, que vous pouvez «accroître les ressources disponibles pour l'éducation des jeunes enfants». Pourriez-vous nous expliquer brièvement comment vous entendez «accroître les ressources»?

+-

    M. Robert Lagassé: Les ressources que nous recommandons pour l'éducation des jeunes enfants comprennent le service de garde et le programme d'aide préscolaire dans les collectivités autochtones. À l'heure actuelle, ces programmes sont financés par deux ministères différents. Le programme d'aide préscolaire est subventionné par Santé Canada. Peut-être que Heather voudrait en parler davantage puisque c'est le programme dont elle s'occupe. Je ne sais pas si ce document vous a été remis ou si vous êtes au courant des ressources offertes par notre organisme, mais elle ne comprennent plus le soutien financier aux collectivités. Ces ressources ont été transférées aux ADR sous l'autorité de DRHC.

    Notre société offre donc des services de conférence, de consultation, de bibliothèque de prêt et de soutien à la recherche aux centres dans l'ensemble de la province.

+-

    M. Larry Spencer Merci. Je crois que cela aide énormément.

+-

    Mme Karen Isaac Puis-je faire un commentaire?

    M. Larry Spencer: Certainement.

    Mme Karen Isaac: Ce n'est qu'à titre d'information.

    Le message que nous essayons de transmettre dans notre mémoire, c'est que les parents et les enfants d'une collectivité ont besoin d'une gamme étendue de services. Je pense que le gouvernement a mis beaucoup d'efforts et de ressources dans le programme d'aide préscolaire. C'est une bonne chose en soi, mais nous pensons que les parents et les enfants ont besoin d'une gamme de services, que ce soit la garde d'enfants ou de bébés--il s'agit d'un besoin pressant dans nos collectivités -- des programmes axés sur la relation maman-tout-petit ou des programmes parascolaires. Divers services sont nécessaires. Je pense que le financement fédéral a permis d'offrir des programmes pour les enfants âgés de trois à cinq ans, mais nous devons également en créer pour les plus jeunes et les plus âgés. C'est ce que nous essayons de faire.

+-

    M. Larry Spencer: Merci.

    Je pense que vous venez de dire ce dont je voulais discuter avec le grand chef Ed John, c'est-à-dire apprendre à la collectivité à déterminer ses besoins--quand on constate l'existence, on prend les moyens pour le combler. J'aimerais m'attarder sur ce point quelques instants.

    Dans quelle mesure croyez-vous y parvenir? Que transmettez-vous à vos jeunes enfants et à vos jeunes parents? Dans quelle mesure parvenez-vous à inciter la collectivité à trouver une solution à ce problème?

º  +-(1630)  

+-

    Le grand chef Ed John: Les succès sont très divers. L'une de mes enfants a deux garçons et c'est une bonne mère. Elle est enseignante, mais elle prend un congé afin de prendre soin de ses deux enfants. Toutes les situations existent.

    Je pense qu'une partie importante du problème, relevé par Heather, est liée à l'accès aux emplois, à la pauvreté et à la dépendance à l'égard de l'aide sociale. Voilà le problème avec lequel nous sommes aux prises et auquel nous faisons affaire.

    Récemment, je discutais avec le directeur du comité de la santé de ma collectivité, et il a mentionné que, l'année dernière, il y a eu 42 naissances et, selon des travailleurs de la santé de la collectivité, la moitié de ces naissances étaient touchées, à un certain degré, par l'EFA ou l'EAF. Ces statistiques nous inquiètent beaucoup parce que l'EFA, le syndrome d'intoxication foetale à l'alcool, et l'EAF, les effets de l'alcoolisme foetale, sont évitables; ils continuent toutefois à se manifester. C'est pourquoi que les succès sont très divers.

    Je pense que travailler de concert avec les collectivités et les appuyer dans leurs efforts pour faire face au problème constitue un pas dans la bonne direction. Nous connaissons les enseignements et nous essayons de les intégrer pour résoudre nos problèmes; néanmoins, nous nous retrouvons toujours dans ce genre de situations.

    Nous ne sommes pas magiciens. Nous ne connaissons pas les solutions ni les réponses, mais nous pouvons discuter des problèmes pour arriver à des solutions propres à chaque famille. Aucune solution ne s'applique à tous.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    J'aimerais que nous poursuivions, Larry.

+-

    M. Larry Spencer: Je n'ai qu'une petite question.

+-

    Le président: D'accord, une petite question.

+-

    M. Larry Spencer: Je n'ai qu'une petite question. Si je comprends bien, vous dites que des ressources particulières ou de l'aide doivent également être offertes aux adultes concernés pour leur permettre d'aider leurs enfants.

+-

    Le grand chef Ed John: Oui. On ne peut faire porter les efforts uniquement sur les enfants. Je pense que les ressources disponibles pour les enfants, qu'il s'agisse d'immunisation ou d'autres programmes... Mais il faut également s'attaquer au problème parental, qu'il s'agisse de la mère ou du père ou des deux.

    Je sais qu'il existe dans cette province et peut-être dans d'autres, des programmes qui portent fruit et auxquels participent les parents. Le programme appelé HIPPY, mis en oeuvre à l'école Britannia, en est un bon exemple. Il s'agit de l'acronyme du programme et non de ce que vous pensez. Le programme, conçu pour les enfants ainsi que pour les mères et les pères, est offert au foyer plutôt qu'un milieu institutionnel pour permettre aux parents de travailler avec leurs enfants avant l'entrée à l'école. D'après ce que je sais, il a connu un certain succès et il a une très bonne réputation. Il vise à augmenter les chances de réussite de ces enfants dans le milieu scolaire.

+-

    Le président: Merci beaucoup, chef John.

[Français]

    Maintenant, c'est au tour de Mme Monique Guay.

+-

    Mme Monique Guay (Laurentides, BQ): Merci, monsieur le président.

    Premièrement, j'aimerais vous dire combien on est heureux de vous compter parmi nous aujourd'hui. La technologie étant ce qu'elle est, c'est assez extraordinaire de pouvoir communiquer à des coûts beaucoup moins lourds que par le passé.

    Je vais en venir directement au fait. Tout à l'heure, vous avez dit que nous, évidemment, nous avons un rapport à faire au gouvernement, comme sous-comité. Vous avez dit aussi ne pas savoir vraiment ce que vous pourriez nous apporter de plus. J'espère sincèrement que le rapport que nous écrirons ici—et j'espère qu'on réussira à en faire un commun, unanime—vous sera utile dans un avenir très rapproché parce que les besoins sont criants. Ils ne sont pas seulement criants chez vous; ils sont criants partout.

    Par contre, j'ai certaines questions. Je viens du Québec, évidemment, et vous connaissez nos programmes de garderies qui aident grandement les femmes et les familles à sortir de la pauvreté. Je sais qu'en Colombie-Britannique, il y avait un programme de garderies de prévu. Est-ce que vous bénéficiez de ces programmes-là?

º  +-(1635)  

[Traduction]

+-

    Mme Karen Isaac: Madame Guay, je suis également du Québec.

    Mme Monique Guay: Ah, c'est bien.

    Mme Karen Isaac: En Colombie-Britannique, des fonds, bien que très limités, ont été affectés aux programmes provinciaux de garde d'enfants et de garde de jour. Depuis 1995, nos collectivités ont droit à des subventions provinciales pour augmenter le nombre de places et les salaires, et acquérir des biens d'équipement, de l'équipement de secours et des fournitures. Nous recevons ces subventions depuis cinq ans, mais auparavant, l'accès était très limité en raison du manque d'intérêt du gouvernement provincial.

    En ce qui concerne le présent gouvernement, il nous a indiqué que les engagements actuels pris envers les Premières nations pour la garde d'enfants dans les réserves seront respectés. Je ne peux vous donner des chiffres précis, mais je dirais que nos collectivités reçoivent moins de 1 p. 100 des fonds destinés aux autres enfants.

    Je pense que des changements importants seront apportés au programme provincial de garde d'enfants et à la façon dont il est subventionné en Colombie-Britannique. Je pense qu'au cours des deux ou trois prochaines années, le gouvernement provincial réduira probablement les fonds qu'il accorde pour les installations et les programmes dans les réserves.

[Français]

+-

    Mme Monique Guay: Vous avez parlé aussi de la lourdeur de la bureaucratie, des documents, des demandes à remplir, de l'application. Vous avez tout à fait raison. D'ailleurs, on le vit présentement avec le Supplément de revenu garanti pour les personnes âgées. Les gens ont toutes les difficultés du monde à remplir ces documents-là. D'ailleurs, plusieurs ne l'ont pas fait parce qu'ils n'y avaient pas accès ou ne savaient pas comment le faire. Donc, c'est sûr qu'on a un travail à faire au niveau de la bureaucratie, et ça fera partie de nos recommandations dans le rapport, j'en suis convaincue. En tout cas, on va essayer de trouver une façon.

    Mais en même temps, il faut qu'il y ait des critères. Quand on met un programme en place, il faut être capable de remplir certains critères, sinon, on lancerait de l'argent par les fenêtres encore une fois, et ça, c'est inquiétant.

    N'y a-t-il pas moyen, lorsqu'on met un programme en place, que le gouvernement vous fournisse aussi la possibilité, en même temps, d'avoir des gens qui vous aident? Peut-être que je rêve, mais je pense qu'il est peut-être possible de vous fournir des gens qui ont les capacités requises pour vous aider à remplir ces demandes ou à les appliquer aussi sur le terrain.

    C'est sûr que vous serez toujours mieux desservis dans les réserves par vos propres gens, car ils connaissent votre culture, vos capacités, vos besoins. Alors, là-dessus, il n'y a pas de revenez-y pour moi. C'est très clair qu'il faut que ce soit appliqué par des gens sur les réserves, mais en même temps, est-ce qu'on ne peut pas essayer d'avoir un parallèle entre les deux pour vous aider à ne pas passer des heures, des jours et des semaines sur des demandes qui, finalement, sont trop compliquées pour les gens puissent les faire?

[Traduction]

+-

    Mme Heather Payne: Puis-je commenter?

    Il ne s'agit pas simplement de remplir des formulaires. Évidemment, Santé Canada délègue la responsabilité aux collectivités des Premières nations et les personnes qui peuvent aider se font rares, mais peut-être qu'elles ne sont pas les mieux placées pour aider. Je pense que les organismes de Premières nations, tels que le Chief's Health Committee et le Inter-tribal Health Autority, peuvent aider ces collectivités. Des Autochtones sont à la tête de ces organismes.

    Le modèle en étoile pourrait être appliqué aux programmes destinés à la petite enfance. Les grandes collectivités de Premières nations pourraient offrir un ensemble de programmes de base dont pourraient profiter les collectivités plus petites. De cette façon, les compétences sont mises à profit et le potentiel des collectivités est mis en valeur. C'est une solution qui pourrait être envisagée.

º  +-(1640)  

[Français]

+-

    Mme Monique Guay: J'ai un dernier petit commentaire, monsieur le président. Je veux simplement dire qu'à mon avis, il n'y a pas de prix pour élever des enfants en santé, pour leur offrir un environnement sain. Alors, ce n'est pas une question d'argent. C'est souvent une question de trouver la bonne façon, les bonnes façons, parce qu'il n'y a pas seulement une façon mais probablement plusieurs, selon les besoins de chacun. Alors, vous pourrez compter sur notre appui pour essayer de faire avancer votre cause du mieux qu'on le pourra ici, en comité.

[Traduction]

+-

    Le président: Merci, madame Guay.

    Avant de passer aux questions suivantes, j'aimerais dire aux gens de Vancouver, qui ne peuvent voir la même chose que nous, qu'un groupe d'élèves de l'école Mabin de Toronto se joint à nous, ce qui est tout à fait approprié pour un comité axé sur les enfants et les jeunes.

    Nous vous souhaitons la bienvenue. Ce que vous voyez au fond de la pièce est une vidéoconférence à laquelle participent des témoins des quatre coins de la Colombie-Britannique pour discuter de ce qu'il faut faire pour aider les jeunes Autochtones dans les réserves, tout particulièrement de la naissance à l'âge de six ans. Plutôt que de faire venir les gens de la Colombie-Britannique pour participer à une réunion d'une heure et demie, nous profitons de la technologie moderne, y compris pour l'interprétation. J'espère que vous trouverez le bon canal si nous revenons au français. Je pense qu'il est tout à fait normal que notre comité reçoive des enfants. Cela va de soi, n'est-ce pas?

    Sur ce, je m'adresse à monsieur Tonks.

+-

    M. Alan Tonks (York-Sud--Weston, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.

    Merci aux délégués.

    La question qui nous a été posée, ou la tâche qu'on nous demande d'accomplir, est la suivante: Comment s'assurer que le message relatif à des ressources supplémentaires soit transmis à Ottawa? Pour que nous puissions y répondre, vous et les gens qui vous accompagnent pourriez peut-être donner un montant, ce qui serait très utile pour avoir une idée de l'ampleur des besoins.

    Nous avons le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones et le Programme canadien de nutrition prénatale. Nous avons entendu des exposés au sujet des programmes d'action communautaire pour les enfants et des services de garde pour les Premières nations. Vos délégués ont parlé du programme d'enseignement primaire du MAINC ainsi que d'un certain nombre d'autres programmes.

    Le budget fédéral de décembre prévoit des dépenses de 185 millions de dollars sur deux ans pour les enfants autochtones, en majeure partie dans les réserves. Sur ce montant, 100 millions sont consacrés aux services de garde et 60 millions seront affectés aux élèves ayant des besoins spéciaux.

    Tout en soulignant l'importance du soutien accordé, vos délégués ont mentionné que, malgré toute l'aide offerte et les ressources supplémentaires qui seront ajoutées, nous ne parviendrons à aider que 10 p. 100 des enfants autochtones à risque. Je trouve cela absolument aberrant.

    Je pose la question suivante: combien d'argent a-t-on dépensé pour arriver à 10 p. 100? Si vous pouviez fournir une estimation au comité, nous aurions une idée de l'ampleur du problème et nous pourrions transmettre votre message à Ottawa.

º  +-(1645)  

+-

    Le grand chef Ed John: Puis-je faire un bref commentaire à cet égard? Je pense que Karen et Robert pourront parler du programme particulier que vous avez mentionné, mais il existe une gamme complète de programmes et de services.

    Je me demande si ces programmes et ces services sont appropriés. Je ne connais pas la réponse à cette question, c'est l'un des défis que nous devons relever en Colombie-Britannique lorsque nous rencontrons le gouvernement pour déterminer les services appropriés nécessaires dans les collectivités. Il se peut qu'une gamme de programmes et de services complète soit nécessaire, mais ils doivent être offerts en fonction de la collectivité.

    Si une collectivité n'a pas besoin des services d'EAF ou d'EFA, ils ne pourront évidemment pas participer à ces programmes. Étant donné tous les programmes offerts, j'imagine que tous les enfants sont touchés, d'une manière ou d'une autre.

    Certains programmes, notamment ceux dont Robert et Karen ont parlé, n'existent que dans certaines collectivités, étant donné les ressources limitées qui sont prévues ou attribuées pour des projets particuliers. Étant donné la nature des ressources, des montants limités sont accordés à chacune des 58 nations. À titre d'information, il existe 200 collectivités de Premières nations en Colombie-Britannique.

+-

    Mme Karen Isaac: Oui. Je veux répondre à cette question.

    Je ne peux parler que du financement des services de garde d'enfants et du programme que nous gérons, mais j'aimerais dire, et je pense que Heather l'a mentionné dans son exposé, qu'il existe des lacunes et que des collectivités sont négligées. Je pense qu'un bon nombre de collectivités en Colombie-Britannique sont négligées en partie, parce que le gouvernement n'a pu mettre le doigt sur les lacunes existantes.

    Je pense que c'est l'un des messages que nous voulons transmettre au comité. Il existe des programmes qui sont financés et ils fonctionnent dans la plupart des cas. Mais des collectivités sont négligées.

    D'abord, en ce qui concerne l'Initiative visant la garde d'enfants chez les Inuits et les Premières nations mise en oeuvre, en 1995, nous avons utilisé les statistiques de 1991 pour déterminer la population des enfants de la naissance à six ans parce que c'est ce que le gouvernement nous a dit de faire.

    Ensuite, le gouvernement a imposé des limites aux fonds que la Colombie-Britannique pouvait attribuer à la garde d'enfants. Nous disposons donc d'un montant minimal, soit environs 4 millions de dollars par année. La Colombie-Britannique compte 197 collectivités. Comment arriverons-nous à créer des programmes durables et de qualité pour la garde d'enfants avec 4 millions de dollars?

    Nous avons eu beaucoup de succès. Nous avons rejoint 58 collectivités. Et, les services sont licensées. Ils offrent des programmes complets d'une journée pour la garde d'enfants. Ils ont une forte composante culturelle.

    Nous n'avons pu créer un centre pour répondre aux besoins, mais la question n'est pas de savoir s'il faut créer un centre de garde d'enfants dans toutes les collectivités. Nous avons pu, à l'aide de fonds limités, créer 800 places, qui n'existaient pas en 1995, pour la garde d'enfants. Je pense qu'il s'agit d'une grande réussite.

    Si nous avons les moyens financiers qu'il faut, nous pouvons offrir tous les programmes en demande.

+-

    Le président: Je dois intervenir maintenant puisque nous devons avoir terminé dans exactement dix minutes. Le lien de communication va être coupé. Nous ne pourrons entendre le reste de la discussion.

    Je donne la parole à ma collègue de Winnipeg, Mme Anita Neville.

+-

    Mme Anita Neville: Merci beaucoup, monsieur le président.

    Je manque de temps, mais j'aimerais revenir sur le commentaire du président qui a demandé au chef John de nous parler des consultations en cours entre trois ministères. Je veux savoir où vous en êtes dans ces consultations, comment elles se déroulent et quel rôle y joue le gouvernement provincial. Je sais--c'est le cas au Manitoba et je présume que c'est également le cas pour vous--que les décisions prises par un ministère ont souvent une incidence sur les services offerts par d'autres ministères ou le gouvernement provincial. La situation se complique davantage du fait que, dans beaucoup de collectivités, un grand nombre de familles et d'enfants quittent les réserves pour le milieu urbain et y retournent en raison du manque de compatibilité des programmes.

    C'est pourquoi je me demande si vous pourriez nous parler un peu des consultations qui sont en cours et nous faire part de vos conseils pour nous permettre de formuler des recommandations sur les consultations entre les ministères et les ordres de gouvernement.

    Pardon, je suis bavarde.

º  +-(1650)  

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    Le grand chef Ed John: Non. Vous posez une question pertinente.

    Aucune consultation ne se déroule pour l'instant. Dans le cadre ou processus que nous avons entamé, deux brèves réunions ont eu lieu entre des hauts fonctionnaires du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, de la Direction générale des services médicaux de Santé Canada et de DRHC et des représentants des Premières nations, y compris le First Nations Sterring Committee, le Chief's Committee on Health et le Caring for First Nations Children Society.

    Comme je l'ai déjà mentionné, des discussions préliminaires ont lieu en vue de définir une vision commune pour le développement de la petite enfance. Quels sont les programmes et les services actuellement accessibles en Colombie-Britannique? Quelle est l'ampleur des ressources disponibles? Nous nous posons ces questions. Ces programmes et ces services sont-ils efficaces? Nous devrions recevoir des rapports d'organismes comme ceux dont Robert et Karen font partie ce qui nous permettra d'avoir une idée des programmes et de ce qui fonctionne. Nous pourrons ainsi mettre davantage l'accent sur le développement de la petite enfance au sein de chaque collectivité dans le cadre de la stratégie à long terme visant à améliorer la situation socio-économique des collectivités de Premières nations. C'est au moins le principe sur lequel se fonde notre action.

    Pour l'instant, le gouvernement provincial ne participe pas aux discussions surtout parce que nous voulons nous reprendre en main. Cet effort s'inscrit dans le cadre d'un engagement et d'une stratégie à long terme en Colombie-Britannique, qui devrait permettre de mettre l'accent sur le développement de la petite enfance. Nous croyons simplement que si nous investissons dans nos collectivités et dans des programmes et des services destinés aux enfants, les choses vont changer. Peut-être que les effets ne se feront pas sentir cette année ni dans cinq ans, mais dans une, deux ou même trois générations. Si nous mettons nos idées en commun et si nous élaborons et mettons en oeuvre une stratégie unique, je suis certain que nous y arriveront.

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    Mme Anita Neville: Merci.

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    Le président: Pendant la courte période de temps qu'il nous reste, je vais exercer mes prérogatives de président, ou, selon votre point de vue, abuser de mes fonctions de président, et mettre une idée à l'essai.

    Nous n'avons pas encore fait le compte rendu. Nous en sommes actuellement à l'étape de l'examen des hypothèses. La façon idéale de mettre un engagement en application à l'échelle du pays, selon ce comité, serait de suivre le modèle portant sur le développement des jeunes enfants des réserves, âgés de zéro à six ans a priori, qui a été établi par le gouvernement du Canada avec ses partenaires autochtones et les provinces. Il s'agit évidemment d'un grand projet d'avenir.

    Certaines parties du pays sont dans une meilleure position que d'autres; par exemple, la province de Mme Guay, le Québec, est plus avancée. La Colombie-Britannique montrait des signes encourageants pendant un certain temps. Les choses ont changé. Je n'ai plus rien à dire à ce sujet.

    Alors, à quoi ressemblerait ce modèle? Et comment faire pour y parvenir? Si l'argent est placé dans des fonds d'administration générale qui seront répartis également dans chacune des collectivités, il sera impossible d'atteindre la masse critique ou le dosage approprié -- je ne me souviens plus du terme exact que vous avez utilisé. Il n'y a aucun doute qu'il va s'agir d'un montant d'argent très élevé.

    Ce que je propose, c'est de créer un fonds supplémentaire qui permettrait à certaines collectivités d'offrir un ensemble de services intégrés de développement du jeune enfant à un centre de l'enfance et de la famille et dont la structure pourrait ou non ressembler à celle des services offerts par les centres de soins de santé, selon la région. Après d'autres discussions avec des représentants de collectivités autochtones, il se peut que le comité décide d'exécuter ce «projet-pilote». Un tel projet permettrait d'offrir la combinaison de services appropriée pour une collectivité précise de façon à nous permettre d'évaluer les résultats au fil du temps et de créer un effet d'émulation.

    Sans pouvoir donner l'exemple idéal, au départ, dans l'ensemble du système, nous pourrions convaincre certaines collectivités ayant la capacité, le désir et la volonté d'améliorer la situation. D'après ce que vous me dites, je pense que de telles collectivités existent en Colombie-Britannique. Il serait préférable de mettre en oeuvre ces projets dans diverses collectivités afin d'analyser différentes situations, qu'il s'agisse d'une collectivité isolée ou d'une collectivité située sur l'île de Vancouver.

    Je vous présente cette idée et je vous demande s'il serait raisonnable d'établir un tel fonds pourvu qu'il soit approprié à la culture, propre à la collectivité et que le solde de ce dernier ne soit pas imposé par Ottawa. Nous savons comment doit fonctionner un système intégré, puisque nous avons tous lu Fraser Mustard, n'est-ce pas? Faites-en la lecture et dites-moi ce que vous en pensez.

º  +-(1655)  

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    Le grand chef Ed John: Je peux partager mon opinion là-dessus? Si vous songez sérieusement à prendre de telles mesures, vous ne pouvez pas le faire aux dépens de ceux qui ne font pas partie du projet-pilote en tant que tel. Un projet-pilote a pour but d'aller plus loin que les services de base auxquels les collectivités ont accès.

    En effet, Karen et Robert sont responsables de projets-pilotes en Colombie-Britannique depuis plusieurs années et ils ne recommandent pas l'exécution d'un autre projet-pilote. Selon eux, ce qu'il faudrait faire, c'est de s'y prendre différemment pour distribuer les ressources aux collectivités. Je ne sais pas dans quel programme vous avez l'intention d'établir le projet-pilote. Est-ce qu'il s'agirait du SAF/EAF? Le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones?

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    Le président: Permettez-moi d'expliquer le programme.

    Nous voudrions offrir une gamme complète de services aux femmes enceintes, à partir de la conception de l'enfant jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de six ans. Il ne s'agirait pas de cibler le public en général. Nous voudrions plutôt cibler toutes les femmes enceintes de la même façon que le ferait une infirmière de la santé publique.

    Nous ne voulons pas nous limiter à un service en particulier, mais nous voulons offrir une variété de services qui pourraient changer le sort de ces enfants et qui permettraient de réduire de moitié le nombre d'enfants qui souffrent de SAF/SAE. L'ensemble de services devrait aller plus loin que les services qui sont déjà en place. Nous devons connaître du succès pour faire avancer les choses. Est-ce que vous me suivez?

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    M. Robert Lagassé: Oui. Je suis très satisfait du déroulement de cette réunion. Vous nous avez écoutés. Vous avez demandé des solutions, des idées; je suis très fier de l'attitude du comité.

    De 1995 à 2000, 15 millions de dollars ont été versés aux soins à l'enfance. Ce montant a été réparti comme suit: 6,1 millions pour la construction, 7,2 millions pour l'exploitation, 1,7 millions pour l'élaboration et le soutien des programmes. C'est grâce à ces fonds que nous avons pu établir 58 centres de services de garderie accrédités et 800 places de garderie, en plus de créer 100 emplois pour les Autochtones en Colombie-Britannique.

    Ces centres pourraient permettre d'offrir les services intégrés nécessaires. Les clients des centres constituent un public captif pour les infirmiers en santé communautaire, et ces centres représentent un endroit où peuvent aller les parents et les groupes de soutien. Plusieurs des services dont vous avez parlé peuvent être offerts à ces centres ou à partir de ces centres.

    C'est une équation simple. Nous avons créé de nouvelles installations pour les services de garderie accrédités offerts aux 58 Premières nations et à leurs collectivités. Si l'on multiplie ce chiffre par quatre, nous obtenons le total des collectivités établies en Colombie-Britannique, dont 200 collectivités de Premières nations, dans les réserves seulement. Il s'agirait d'un programme de 50 millions de dollars, y compris la construction, l'exploitation ainsi que l'élaboration et le soutien des programmes. L'approche intégrée dont vous parlez nécessiterait des fonds supplémentaires.

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    Le président: Merci beaucoup.

    Puisque nous sommes si parcimonieux à Ottawa, je soupçonne que le contrat arrive à terme. On va mettre fin à notre projet.

    Premièrement, je veux vous remiercier, au nom du comité, de nous avoir aidés. Deuxièmement, je pense que cette technologie est efficace. Nous nous mettons à l'aise avec cette dernière très rapidement. J'espère que vous êtes de mon avis. Troisièmement, nous devons rester en contact, puisque nous voudrons probablement vos opinions lors de la mise au point de nos hypothèses. Nous voulons savoir ce que vous en pensez. Il faut s'assurer que les projets que nous élaborons à Ottawa connaîtront du succès dans les diverses parties du pays où ils seront mis en place.

    Au nom du comité, je vous remercie pour cet après-midi très animé. Nous avons trouvé vos exposés intéressants. Nous ne sommes pas que des témoins et des parlementaires; nous sommes aussi les concepteurs d'un avenir très prometteur. Merci beaucoup.

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    Mme Karen Isaac: Merci.

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    M. Robert Lagassé: Merci.

»  -(1700)  

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    Le grand chef Ed John: Merci beaucoup. Je voudrais également souhaiter une bonne fin de journée aux jeunes écoliers.

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    Le président: Oui, merci les jeunes. Au revoir.

    La séance est levée.