Je vous remercie de m'offrir la possibilité de prendre la parole au sujet de ce projet de loi. Je suis ici en tant que journaliste indépendante et en tant qu'auteur d'un livre sur les lobbyistes, surtout les lobbyistes consultants. Ce livre est presque terminé et s'intitule The Hired Guns. Il sera publié par Penguin Books Canada Limited. J'ajouterais que j'ai déjà été lobbyiste au cours de ma carrière.
Je ne suis pas ici pour faire la promotion de mon livre, mais pour vous présenter certaines observations fondées sur de nombreuses années de recherche sur trois éléments du triangle du lobbying: les lobbyistes, les clients des lobbyistes et les titulaires de charge publique, c'est-à-dire ceux auprès de qui on exerce du lobbying.
J'ai quelques changements à proposer au projet de loi. Je les passerai en revue sous peu.
D'abord, j'aimerais faire quelques observations générales. De façon générale, je pense que, par le biais du projet de loi, on propose des solutions extrêmes en négligeant des problèmes plus importants qui sont symptomatiques dans la profession.
Selon moi, les lobbyistes sont un élément légitime du système, mais il y a une limite au-delà de laquelle leurs activités sont discutables. Cette limite dépend de chacun. Or, je vous assure qu'ils la dépassent parfois de plusieurs façons. Par exemple, lorsqu'ils vendent leurs relations plutôt que leur expertise.
J'ai quelques commentaires au sujet des trois éléments du triangle du lobbying. D'abord, les lobbyistes fournissent de l'information et permettent un accès, d'importance variable. Certains permettent réellement d'ouvrir des portes, d'autres sont très politiques et d'autres n'ont jamais participé à une campagne électorale mais mènent des activités de lobbying avec une grande expertise.
Deuxièmement, les clients. Si vous parlez aux milliers d'organismes et entreprises qui embauchent des lobbyistes, comme je l'ai fait ces quatre dernières années, vous vous rendrez compte qu'ils sont extrêmement reconnaissants de l'aide qu'ils ont obtenu pour cheminer dans le labyrinthe qu'est Ottawa. Je vous dirais que 60 à 65 p. 100 des clients sont satisfaits de leurs lobbyistes. Ça n'est pas énorme, mais c'est conséquent.
Troisièmement, les titulaires de charge publique. Ils parlent beaucoup de l'accès que permettent les lobbyistes et de l'information qu'ils détiennent même si, disent-ils, elle n'est pas impartiale, mais qu'il s'agisse de la classe politique ou des bureaucrates, beaucoup de titulaires de charge publique apprécient l'information, l'évaluation concise d'une question et les mises à jour sur un secteur particulier que leur fournissent les lobbyistes.
Cela s'applique aux bureaucrates également, même si l'on pense souvent qu'ils ne s'intéressent pas aux lobbyistes. Beaucoup en parlent avec enthousiasme. Évidemment, il y en a également qui refusent de les rencontrer.
Ce que je veux dire, c'est que les lobbyistes ont leur rôle à jouer dans le système. J'insiste sur le partage de l'information. Les bonnes politiques publiques exigent autant de participation et d'information que possible. Un bon titulaire de charge publique saura déceler la partialité d'un lobbyiste et distinguer une personne qui peut lui apporter quelque chose d'une personne qui veut simplement de toucher son salaire et rentrer chez elle par la suite.
Ce sont mes commentaires généraux.
Ce que votre projet de loi ne va pas régler, c'est le caractère envahissant du lobbying. La gamme d'organismes et d'entités qui embauchent des lobbyistes est très vaste. Elle comprend des hôpitaux, des zoos, des universités, des fabricants de crème glacée et des magasins. Les associations de lobbying embauchent également des lobbyistes à contrat. ce qui crée ce que j'appelle le phénomène du lobbying stratifié.
Pourquoi? Cela reflète le sentiment du « tout m'est dû » qui a sans doute commencé avec la Charte. Pourtant, les gens ont le sentiment d'être coupés du gouvernement. Je pense que votre projet de loi devrait tenter de résoudre ce problème.
À présent, en ce qui concerne les aspects précis du projet de loi, je pense que l'interdiction des honoraires conditionnels est une excellente idée. Je ne vois pas pourquoi les lobbyistes consultants ont besoin d'incitatifs pour aider leurs client.
L'interdiction de cinq ans devrait être réduite à trois, sans aucune échappatoire. Comme vous le savez sans doute, il existe des échappatoires qui permettent à un ministre d'utiliser une liste afin que son personnel subalterne ne soit pas assujetti à cette interdiction. Les attachés politiques, à tous les niveaux, ont accès à toutes sortes d'informations et il faut une règle stricte et claire. À mon avis, vous devriez éliminer ces échappatoires.
Cette interdiction ne devrait pas s'appliquer aux associations industrielles. Il existe une longue tradition de collaboration entre les associations et le gouvernement. Les associations industrielles sont des organismes sans but lucratif.
Des titulaires de charge publique m'ont dit qu'ils apprécient les informations particulières qui proviennent des associations. J'ai présenté l'argumentaire au sujet des lobbyistes à ce sujet, mais je crois que l'approche des associations est différente et qu'une longue interdiction n'est pas nécessaire dans leur cas.
Selon moi, cinq ans, c'est trop long. Cela va créer un système de lobbying parallèle. Les gens trouveront d'autres façons de faire passer leur message sans s'enregistrer, ce qui se produit déjà, comme vous le savez certainement, mais pas souvent. En outre, cela empêchera les habitués à la politique de travailler dans ce domaine. Si vous voulez voir monsieur et madame tout le monde faire du lobbying sur la Colline, alors, adoptez la loi.
En ce qui concerne la divulgation des noms des titulaires de charge publique qui ont rencontré des lobbyistes, je crois comprendre que vous voulez mettre en place un deuxième registre. Je peux vous garantir que cela va faire peur aux titulaires de charge publique et que cela nuira au lobbying de façon générale. Mettez-vous à la place des titulaires de charge publique, qui verront leur nom apparaître sur le registre simplement parce qu'ils ont accepté de rencontrer un lobbyiste. Je vous propose plutôt d'utiliser le registre des lobbyistes actuels et d'ajouter une section où le lobbyiste remplit deux cases, en indiquant le nombre de politiques et de bureaucrates qu'il a rencontré ainsi que les dates de ces réunions. De cette façon, on ne divulgue pas de noms. Cela pourrait se faire dans les deux semaines suivant ladite réunion.
Je propose également d'intégrer un numéro 1-800 au registre des lobbyistes qui fonctionnerait de 9 heures du matin à 21 heures, avec de vraies personnes qui sont prêtes à aider ceux qui ont du mal à utiliser le registre. Il est assez facile à utiliser, mais il existe quand même certains problèmes. Étant donné que c'est votre seul outil de transparence, je pense que c'est un bon investissement.
J'ai deux autres observations avant de terminer.
Le deuxième problème, c'est que votre projet de loi essaie de résoudre le fait qu'il n'y a pas vraiment de façon de savoir comment les décisions sont prises au gouvernement fédéral. Je ne suis pas la première à le dire. La divulgation des rencontres avec les lobbyistes pourra vous aider, mais il ne faut pas trop miser là-dessus. Les lobbyistes ne sont pas ceux qui font bouger les choses; ce sont les politiciens. Les lobbyistes alertent, informent, essaient d'influencer les politiciens, mais au bout du compte, ce sont les politiciens qui déplacent les pièces sur l'échiquier. Pourtant, vos mécanismes de surveillance dans ce domaine sont très faibles.
Enfin, je vous propose d'amender le registre des lobbyistes de façon à ce que les firmes de lobbying « hybrides » — celles qui font du lobbying d'un côté et travaillent pour le gouvernement de l'autre — soient obligées de déclarer leurs tractations avec ce dernier. C'est un problème énorme.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame Curtis. Votre présentation m'a beaucoup impressionné, surtout lorsque vous avez dit qu'il faut éviter que les gens vendent leurs relations et qu'il faut plutôt encourager ceux qui vendent leur expertise.
Le projet de loi a soulevé de nombreuses questions et nous pensons qu'il y aura beaucoup d'amendements présentés à la dernière minute, du moins je l'espère. Voici ma question: quelle est la différence entre un ancien membre du personnel d'un ministre qui devient lobbyiste après avoir quitté le bureau du ministre, en respectant la période d'abstinence de trois à cinq ans, comme c'est prévu dans le projet de loi, et quelqu'un qui quitte le bureau d'un membre de l'opposition et devient lobbyiste lorsque le gouvernement change? Ce sont des exemples réels.
En posant des questions à la Chambre et ailleurs, j'ai essayé de montrer que ce qui est important, ce n'est pas d'où vient l'argent, que ce soit du gouvernement, de l'opposition, du Parlement ou des partis politiques. Ce qui est important, c'est la relation. Si vous avez travaillé comme attaché politique ou comme travailleur de campagne électorale pour quelqu'un qui est devenu ministre mais qui était député de l'opposition pendant 10 ans, il est évident que la relation que vous entretenez avec cette personne est précieuse pour une firme de lobbying. J'aimerais qu'il y ait quelque chose dans la loi qui empêche ce genre de choses, pendant une durée précise, quelle qu'elle soit. Je comprends ce que vous dites au sujet des trois à cinq ans. C'est sujet à débat, à mon avis.
Êtes-vous d'accord avec moi, à l'effet que c'est cette relation ou cette connexion entre le lobbyiste et le nouveau ministre, ou l'ancien ministre, qui est importante, et non l'origine de l'argent?
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Je vais aborder la question non pas en tant que journaliste, mais en tant que personne s'étant particulièrement intéressée au lobbying.
Je me rends compte que la question a été abordée dans l'exposé du GRIC. Je pense que c'est une très bonne question, mais elle est néanmoins éclipsée par la nécessité de conserver le procès-verbal de ces rencontres. Comme je l'ai dit, je propose qu'on les inscrive dans le registre et que l'on n'indique pas le nom des personnes, mais que l'on prévoit une case pour les fonctionnaires ou le personnel non politique et une autre case pour les adjoints.
Au sujet du cas survenu dans le cadre des fusions et acquisitions — et c'est le seul cas de figure qui me paraît pertinent — je pense que les gens devraient attendre deux semaines avant de le faire. À mon avis, les lobbyistes travaillant à des cas comme celui-là devront être très prudents. Cela étant, je ne pense pas nécessairement qu'il faille prévoir une exemption. Les exemptions diluent la vigueur de la politique publique. Selon moi, il y avait trop d'exemptions par le passé, et c'est ce qui a rendu la réglementation confuse. Par ailleurs, cela entraîne des problèmes juridiques. C'est pourquoi on ne devrait tout simplement pas prévoir d'exemptions.
Si les lobbyistes veulent se mettre en rapport avec des titulaires de charge publique pour une affaire en particulier, ils devront alors trier sur le volet leurs clients et leurs dossiers. Peut-être que cela réduira le degré de lobbying d'initiés qui existe actuellement. Cela dit, je ne pense pas qu'il faut des exemptions. Peut-être pourrions-nous allonger la règle en prévoyant un délai de carence de deux ou trois semaines, voire un mois, avant qu'ils ne soient obligés de consigner leurs rencontres, le but étant de promouvoir la prudence. Quoi qu'il en soit, je ne pense pas que leur argument soit solide.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, merci beaucoup de l'invitation à témoigner devant vous aujourd'hui.
Je suis le président de l'Institut québécois d'éthique appliquée. Nous sommes une organisation qui s'occupe de réfléchir aux questions d'éthique dans la gestion de l'État et dans les grandes organisations.
La présentation du projet de loi C-2 constitue selon moi un moment éthique qu'il faut saluer. Une telle idée était avancée depuis longtemps, mais elle est aujourd'hui en train de se concrétiser. Comme le dit l'adage, personne n'est contre la vertu. Le défi demeure cependant de concrétiser cette vertu au-delà de l'énoncé de bonnes intentions.
Le projet de loi C-2 est ambitieux. Il traite de plusieurs sujets qui ont un certain lien avec l'éthique. Il laisse cependant planer de nombreux silences, et ce sont ces nombreux silences qui m'inquiètent en tant qu'éthicien.
Dans le temps qui m'est imparti aujourd'hui, je traiterai de deux points seulement. Premièrement, je ferai quelques commentaires sur le sens des termes utilisés dans les versions anglaise et française du projet de loi et leurs fréquentes incohérences. Deuxièmement, j'énoncerai quelques idées sur le rôle des commissaires à l'éthique, à l'intégrité et aux conflits d'intérêts.
Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde. Le projet de loi est évidemment animé par un désir de bien faire, un certain désir d'éthique. Mais il faut savoir ce qu'est l'éthique. C'est une réflexion en vue de la prise d'une décision juste et cohérente avec les valeurs de l'État. Celles-ci ont un lien direct avec le bien commun. Dans une décision éthique responsable — puisqu'on en parle dans le projet de loi —, le décideur a le choix des moyens à employer pour atteindre cette finalité. La réflexion éthique se fait avant la décision, et non pas après.
On peut ainsi constater que les concepts d'imputabilité, de reddition de comptes ou d'accountability font tous référence à un moment ultérieur à la décision, alors que la responsabilisation fait référence à un moment antérieur à la décision. Dans la traduction, il me semble y avoir une certaine incohérence, car les termes sont utilisés comme synonymes, ce qui pose un problème. Les mots changent parfois de sens. Parfois accountability veut dire responsabilisation, parfois non.
J'ai fait une petite recherche de type philologique, c'est-à-dire sur le sens des mots. J'ai remarqué que le mot « éthique » revient 45 fois dans le projet de loi, alors que le mot « ethics » revient 291 fois. C'est un problème. Le mot « responsabilisation » revient 6 fois, tandis que le mot « accountability » revient 141 fois. Le terme « reddition de comptes », qui serait l'expression exacte pour traduire « accountability », n'est jamais mentionné.
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D'accord. Je vais reprendre ce que j'ai dit au sujet de la récurrence des termes. Le mot « éthique » est mentionné 45 fois; «
ethics », 291 fois. Le mot « responsabilisation » est mentionné six fois; «
accountability », 141 fois. Il n'y a aucune mention de l'expression « reddition de comptes », qui serait la traduction philosophique exacte de «
accountability ».
Plus qu'une marotte de philosophe, soit dit en passant, le sens des termes utilisés est très important. Tous les mots francophones dans le projet de loi font référence au moment avant la décision, et tous les mots anglophones font référence au moment après la décision. Il appert donc, selon moi, que la responsabilisation souhaitée dans le projet de loi C-2 est une responsabilisation de type déontologique plutôt qu'éthique.
Mon deuxième commentaire portera sur le rôle des commissaires à l'éthique et à l'intégrité. Premièrement, il faut remarquer qu'il est salutaire de les nommer pour une longue période. Cependant, ces commissaires devraient être des éthiciens. On insiste beaucoup sur le fait qu'ils ne doivent pas nécessairement être juristes, mais ils pourraient devoir être ethiciens; cela existe.
La tâche des commissaires dépasse le cadre strictement procédural. Ils devraient tenter d'ouvrir la voie vers le juste, d'ailleurs, même par-devers ou au-delà de la procédure.
Qu'est-ce qu'un commissaire à l'éthique ou à l'intégrité? Le texte ne le précise pas. On dit qu'il est nommé, mais on ne dit pas ce qu'il fait, ce qu'il est, pourquoi il est là. D'ailleurs, ma principale question à propos du commissaire est à savoir si c'est un conseiller ou un enquêteur. Il y a une grande distinction à faire ici.
Bien qu'on utilise plus de 500 fois le terme « commissaire », jamais on ne mentionne quelle est sa fonction. Dans les notes sur les articles 72.01 à 72.061, de nombreuses références sont faites aux principes, règles et obligations, sans jamais nommer les principes en question.
Le projet est riche en interdictions, mais me semble un peu court au niveau de l'éthique. Rappelons que l'agir éthique ne peut se résumer qu'à une multitude d'interdictions. Le sujet est beaucoup plus vaste qu'un simple calcul d'imputabilité. Il inclut l'imputabilité, mais pas seulement cela.
Le manque de principes de valeur dans le projet de loi risque de réduire le rôle du commissaire à celui d'un technicien du comment plutôt qu'a celui d'un conseiller sur le pourquoi. Le projet de loi C-2 devrait être le lieu d'énonciation des grands principes, des grandes valeurs auprès desquelles on va déduire les « comment ». Aucun « comment » n'est valable sans un « pourquoi ». Il me semble que les 274 pages du projet de loi sont très riches en « comment » et très pauvres en « pourquoi ».
Je vous remercie beaucoup.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du comité, j'ai lu un article en particulier du projet de loi C-2 qui abroge les contributions des personnes morales ou des entreprises à un parti politique. On a copié un peu, comme dans le cas d'autres dispositions il y a quelques années, ce que la Loi électorale du Québec préconise. Cependant, pour ma part, je ne suis pas d'accord sur cet article.
Dès le mois de novembre 1999, j'ai émis l'opinion qu'on devrait permettre aux personnes morales, qui sont des citoyens corporatifs, de contribuer financièrement aux partis politiques. Subséquemment, un texte de même nature a paru dans Le Devoir du 9 avril 2005. Ce qu'il faut préciser, c'est que l'expérience québécoise démontre qu'il est illusoire de défendre aux personnes morales de verser des contributions aux partis politiques. Permettez-moi de vous lire un court passage de cet article de 1999:
Le financement populaire ne permet plus de combler les besoins financiers des partis politiques [...] il faut explorer de nouvelles avenues.
Le financement populaire, c'est le porte-à-porte, et ce qui précède correspond à ce que nous avons constaté au Québec.
On ne peut continuer à mettre un grand nombre de personnes dans la situation d'agir, en fait, de façon incorrecte. Ce n'est pas un comportement éthique. Des adaptations s'imposent. Il me semble que les personnes morales devraient pouvoir contribuer au financement de partis politiques, mais selon des règles très strictes. Par exemple, on pourrait permettre à des personnes morales — des entreprises, des bureaux d'avocats, des bureaux d'ingénieurs — de contribuer aux partis politiques. Ce qui se produit présentement au Québec, c'est que les membres d'un conseil d'administration, d'un bureau d'avocats ou d'un bureau d'ingénieurs versent chacun, s'ils sont une dizaine, le maximum permis par la loi à même leurs propres biens, mais ils se font rembourser ces contributions par des comptes de dépenses ou des augmentations de salaire, ou par différents moyens, ce qui est évidemment illégal.
La grande difficulté consiste à pouvoir enquêter sur ces cas pour bien cerner les gens qui agissent de la sorte, les mettre à l'amende et intenter des poursuites. La difficulté est réelle et je tiens à vous la signaler. C'est pourquoi je trouve étrange que, au lieu de s'appuyer sur l'expérience du Québec, on se soit appuyé sur les principales dispositions de la loi de 1977 du Québec, y compris celle d'interdire la corruption des personnes morales.
Cela dit, je vous soumets un autre commentaire sur un autre article de la loi qui n'est pas mentionné dans le projet de loi C-2. Je trouve malheureux qu'on l'ait oublié. On devrait amender l'article 24 de la Loi électorale du Canada portant sur la nomination des directeurs du scrutin et suivre en cela l'exemple du Québec. Tout directeur ou directrice du scrutin au fédéral est nommé par décision du Conseil des ministres, mais sans qu'il y ait les concours et les contrôles qu'on a établis depuis plusieurs années maintenant au Québec.
Ce sont mes deux réflexions, monsieur le président.
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Tout d'abord, vous soulevez un point important: le court temps de préparation. Je dois l'avouer, j'ai présenté mon exposé très rapidement, afin de respecter le temps qui m'était alloué.
Ce qui m'étonne le plus, c'est que les deux versions du projet de loi ne disent pas la même chose. Le concept d'éthique décidé avec justesse dans l'incertitude est très différent du concept « ethics », qui veut dire « suivre la règle ». Ce n'est pas une traduction qu'on peut faire, c'est un faux ami, en français. Sur un côté de la feuille, on peut lire « suivre la règle », et les règles sont clairement énoncées. De l'autre, on y retrouve des références qui sont floues. Je sais que l'anglais a souvent prévalu sur le français dans l'interprétation d'un texte de loi, sauf que dans ce cas-ci, il y a des incohérences.
Le petit exercice auquel je me suis livré en comptant les termes un peu plus tôt n'est pas rien: six fois le mot « éthique » et 291 fois le mot « ethics ». Ce n'est pas comme si on disait six et 15. Sur le plan de la philologie, le sens des mots, ce projet de loi, de par sa complexité, est également riche en incohérences. Je demanderais soit qu'on en scinde des parties, soit qu'on prenne plus de temps, mais chose certaine, dans son état actuel, même s'il part d'une très bonne intention, bien sûr, il sera difficile à appliquer. Je ne suis pas sûr qu'on ira beaucoup plus loin que la bonne intention.
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Je suggère deux solutions. Les personnes morales sont des citoyens corporatifs. À ce titre, on doit leur permettre de contribuer au développement de la démocratie et d'y participer financièrement. On peut envisager deux hypothèses pour leur permettre de le faire.
Par exemple, elles pourraient verser un montant maximum, lequel pourrait être un multiple du montant permis pour les personnes physiques. Ces sommes seraient versées dans un fonds en fiducie au directeur général des élections, qui les redistribuerait au prorata des votes obtenus à chacun des partis politiques.
L'autre formule serait de permettre aux personnes morales de contribuer à l'un ou l'autre des partis politiques, et ce, jusqu'à un montant maximum donné. Évidemment, la contrainte rattachée à cette formule serait que toutes ces contributions seraient rendues publiques, avec le nom de l'entreprise et le montant versé. De cette façon, tout le monde saurait à quoi s'en tenir.
J'imagine facilement la situation suivante, qui m'a été décrite par un entrepreneur. Comme les partis politiques essaient d'obtenir de l'argent des personnes morales, des grosses entreprises, si la loi fédérale ou provinciale le permettait, ces grosses entreprises pourraient refuser en disant qu'elles ont déjà donné. De cette manière, elles pourraient écarter toute pression qu'on pourrait exercer sur elles pour qu'elles donnent davantage ou en sous-main.
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Oui. Je pense qu'il faut interdire les contributions non pas parce qu'elles sont contraires à la loi, mais parce qu'elles sont injustes. Voilà le genre de principes dont je parle.
Les règles empêchent de faire certaines choses, mais quand on veut, on peut, comme vient de le dire M. Côté. Je pense qu'il faut enseigner la notion de justice et d'équité.
C'est de cela que l'on parle beaucoup ces jours-ci. On ne parle pas de valeurs. On parle d'interdictions, de règles et de tout le reste, mais tout cela ne suffira jamais.
[Français]
Les règles ne seront jamais suffisantes devant le jamais vu.
[Traduction]
On ne peut pas prévoir l'imprévu ou l'imprévisible.
Vous pouvez donc imposer toutes les règles que vous voudrez, en définitive, si quelqu'un veut enfreindre la loi, il va l'enfreindre. Mais je pense que ce qu'il faut faire, c'est enseigner la notion d'éthique, montrer à bien agir. C'est une chose dont on ne parle pas suffisamment. On entend des gens dire: « C'est contraire à la loi » ou « Je peux enfreindre cette règle », mais on n'entend pas parler de ce qui est juste.
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C'est notamment pour cette raison que mon parti, le NPD, estime que l'élément essentiel de cette loi fédérale sur l'imputabilité aurait dû être les dispositions sur l'accès à l'information, car même si l'on ne peut pas imposer par règlement des normes éthiques plus élevées qui vont nécessiter de la surveillance des activités individuelles, on peut obliger les gens à se placer à un niveau plus éthique. Malheureusement, le gouvernement a retiré la plupart des dispositions sur l'accès à l'information qui figuraient dans le projet de loi. Nous allons essayer de les y réintroduire par voie d'amendement.
Mais pour en revenir au financement des élections, la province du Manitoba, dont je suis originaire, a suivi le modèle québécois et nous n'avons pas connu ce problème, car les sanctions imposées aux tricheurs sont très lourdes. Il est interdit de faire quoi que ce soit pour contourner les limites de dons prévues dans la loi.
Je fais actuellement l'objet de poursuites de la part d'un député libéral parce que nous croyons qu'il contourne la loi du fait que le PDG d'une société, qui est sa femme, ainsi que ses quatre enfants donnent le montant maximum prévu dans la Loi électorale. Nous considérons qu'il agit délibérément pour contourner la règle et qu'il enfreint donc la loi.
Au lieu de renoncer à l'application de la loi, il faudrait imposer des règles plus strictes, car le principe mérite qu'on le défende. Il est inadmissible qu'une personne morale, c'est-à-dire un super citoyen au plan de la richesse et du pouvoir, ait plus d'influence qu'un individu sur le processus politique. Je trouve cela choquant.
Il en va de même pour les syndicats. Je viens du milieu syndical. Les syndicats sont exclus également, car je suis convaincu que seul le citoyen doit être autorisé à participer au processus démocratique.
Les sociétés n'ont pas le droit de vote; pourquoi faudrait-il les autoriser à faire des contributions?
:
Merci, monsieur le président.
Après avoir entendu les témoignages de ce soir, je suis tout à fait convaincu que nous sommes sur la bonne voie. Il est un peu défaitiste de dire que, comme les entreprises vont... Personne n'est parfait et quelles que soient les règles applicables, certains vont s'ingénier à les enfreindre. Mais je suis sûr que nous avons raison d'imposer des règles applicables, une surveillance étroite et de nommer des agents parlementaires dotés de pouvoirs étendus. Certains éléments m'ont peut-être échappé, mais M. Villemure a dit qu'il faut des principes et des valeurs qui vont régir les comportements. À mon avis, c'est ce qui existe dans les entreprises, qui proposent un énoncé de mission à leurs employés.
Mais poursuivons la discussion que nous avons eue avec d'autres témoins: la loi peut-elle imposer l'honnêteté? Est-ce vraiment ce que vous dites? Est-ce qu'il faut faire cet énoncé de mission, qui va avoir une telle influence que les gens vont changer de comportement?
En général — et c'est ce qu'a constaté le juge Gomery — la plupart des gens sont honnêtes, ils font bien leur travail et ils s'efforcent de bien agir, mais il existe aussi de mauvais éléments, qui vont mal agir, quoi qu'on fasse. Ce projet de loi C-2 a pour effet de mettre en place des règles, des moyens de surveillance et des agents qui vont empêcher les mauvais éléments de mal agir.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Y a-t-il une pièce qui manque?
:
Vous avez absolument raison. On ne peut imposer l'honnêteté par des lois.
[Français]
Un peu plus tôt, j'ai commencé ma présentation en disant que le projet de loi C-2 constituait un moment éthique. C'est généralement bien vu. Selon moi, cependant, on ne fait que la moitié du chemin en agissant sur le plan des interdictions. A-t-on besoin d'un
[Traduction]
« énoncé de mission », comme ce que se donnent les entreprises? Je ne crois pas. Mais il faut cependant insister davantage sur l'importance de valeurs comme le respect et la justice,
[Français]
l'égalité et l'équité, peu importe celles qui s'appliquent.
[Traduction]
Ces valeurs sont tellement évidentes que nous n'en parlons plus. Je crois qu'il faudrait réitérer leur importance.
Par ailleurs, comme le disait le juge Gomery, l'exemplarité est une chose qui doit être démontrée, et elle ne l'a pas été par le passé.
Voilà pourquoi je crois qu'il faut proclamer haut et fort l'importance de telles valeurs, même si on ne peut pas garantir l'honnêteté par des lois et qu'on ne le fera pas. On gagnerait beaucoup à être plus précis car certains énoncés fondamentaux n'y sont pas.
:
Merci beaucoup de nous donner l'occasion de vous rencontrer.
[Français]
Je m'appelle Paul Cantor et je suis président du conseil d'administration de l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public. Je suis accompagné de Gordon Fyfe, notre président et chef de la direction, ainsi que de Assunta Di Lorenzo.
[Traduction]
Nous sommes heureux de pouvoir vous rencontrer. Nous vous avons remis le texte de notre déclaration qui, je crois, a été distribué aux membres du comité. Je n'ai pas l'intention de la lire textuellement, mais bien d'en résumer les points saillants afin de vous permettre de poser des questions sans tarder.
L'Office accueille très favorablement l'intention du gouvernement de favoriser une plus grande transparence. Nous nous en tiendrons sur l'effet de ce projet de loi sur l'office, mais nous souscrivons au projet de loi sous sa forme actuelle et nous espérons qu'il sera adopté rapidement pour les raisons que nous allons décrire.
Comme M. Fyfe et moi-même n'avons jamais comparu devant votre comité, nous avons résumé rapidement nos CV au début de la déclaration. Tout ce que je vous dirai à mon sujet, c'est que j'ai commencé ma carrière au gouvernement. J'ai travaillé pour une société d'État avant de me lancer dans le secteur des services financiers. C'est pendant mon passage à la CIBC que je me suis intéressé tout particulièrement aux marchés des capitaux; j'ai été alors trésorier de la banque et responsable de ses opérations commerciales. Par la suite, je suis devenu président du comité des investissements.
Je suis également qualifié pour occuper ce poste à cause de l'expérience générale que j'ai acquise à titre de président et de directeur général, puis d'expert-conseil. Si vous regardez la fin de la section à mon sujet, vous verrez que j'ai siégé et que je siège toujours à plusieurs conseils d'administration, notamment pour des entreprises cotées en bourse, des filiales et des sociétés affiliées, et ainsi de suite.
M. Fyfe connaît beaucoup mieux que moi les marchés des capitaux, puisqu'il a passé toute sa carrière dans ce domaine, d'abord chez Canadien Pacifique, puis chez RBC Dominion. Par la suite, il a travaillé pour la société JP Morgan à London, et accédé à des postes de plus en plus importants, avant de devenir président de TAL. Cette société a finalement été vendue à la CIBC — mais malheureusement ce n'est pas pendant que j'étais président de la banque d'investissement, car je souhaitais vivement l'acheter à l'époque. Enfin, il a travaillé pour la Caisse. Il est devenu président et chef de la direction de l'Office en 2003 et je suis devenu président du conseil d'administration peu après.
Le président et les autres membres du conseil d'administration sont nommés par décret. M. Fyfe est choisi par le CA et c'est celui-ci qui d'après la loi a le pouvoir de recruter — ou de congédier, mais j'espère que cela n'arrivera pas — le président et chef de la direction.
L'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public est une société d'État. Notre mandat consiste à gérer les cotisations versées par l'employeur et les employés après le 1er avril 2000 dans les caisses de retraite de la fonction publique, des Forces canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada. Nous sommes responsables de toutes les cotisations reçues après avril 2000 et nous assumons de plus en plus la responsabilité de faire les paiements connexes.
À un moment où le passif gagne du terrain sur les actifs, nous recevons environ 3,5 milliards de dollars par année de plus que les versements que nous devons faire. La croissance revêt donc une importance toute particulière pour notre organisation.
À l'heure actuelle, nos avoirs s'élèvent à quelque 30 milliards de dollars et d'ici 10 à 15 ans, ils devraient s'élever à environ 100 milliards de dollars.
Vous pourrez lire dans le document que nous vous avons fourni que nous sommes tenus par la loi d'agir dans le meilleur intérêt des cotisants et des bénéficiaires des régimes de pensions de la fonction publique et d'investir leurs actifs de manière à obtenir le meilleur rendement, bien entendu, sans encourir trop de risques de pertes. Le conseil d'administration du fonds de pension a donc une obligation qui s'apparente à l'obligation fiduciaire des conseils d'administration de la plupart des caisses de retraite.
Je vais aborder ce soir quatre sujets. J'aborderai d'abord le rapport entre la Loi sur l'imputabilité et le processus de nomination. Ensuite, je commenterai les questions relatives aux conflits d'intérêts, à la vérification, et enfin, à l'accès à l'information. Mon collègue M. Fyfe pourra donner plus de détails au sujet de ce dernier point.
En ce qui concerne les nominations, j'aimerais parler de trois aspects. Premièrement, le processus de nomination; deuxièmement, les connaissances spécialisées du conseil d'administration et, troisièmement, la compétence des membres du conseil d'administration, à la fois sur le plan des connaissances et de l'aptitude à se conduire en véritables administrateurs.
Le processus de nomination prévu par la loi qui nous gouverne est un cadre très pertinent car il favorise l'atteinte de nos objectifs. Contrairement aux modalités à l'étude, nous avons un comité de nomination distinct qui ne fait pas partie de l'Office. Ce comité de nomination est présidé par un expert en marchés des capitaux. Il s'agit à l'heure actuelle de Claude Lamoureux, PDG du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario. Le comité de nomination se compose de représentants de la fonction publique, de la GRC, des Forces canadiennes, choisis par les ministres compétents, soit le président du Conseil du Trésor, et les ministres de la Défense nationale et de la Sécurité publique.
Dès le départ, ce comité de nomination a retenu les services d'une agence de recrutement de cadres pour proposer un plus vaste éventail de candidats à des postes d'administrateurs aux ministres. Le comité de nomination a récemment adopté les règles prévues dans la Loi sur l'imputabilité quant à la diffusion d'offres d'emploi.
L'Office est tenu par la loi de veiller à ce que les administrateurs choisis aient les compétences financières ou l'expérience professionnelle pertinente nécessaires pour exercer les activités du conseil d'administration. C'est extrêmement important parce que la loi nous interdit de déléguer certaines activités aux gestionnaires, notamment l'approbation des politiques, normes et modalités de placement, la nomination des gestionnaires de placement qui ont toute latitude pour investir en notre nom, et l'approbation des contrôles internes.
Il importe donc d'avoir au conseil d'administration l'expertise nécessaire pour ces activités. Nos administrateurs doivent avoir des connaissances poussées dans le domaine des valeurs mobilières publiques, des marchés des souscriptions privées, des biens immobiliers, des infrastructures, des finances, de la comptabilité, de la technologie et des affaires publiques. Ils doivent également avoir de l'expérience en actuariat et du jugement.
Voilà pour les compétences exigées de nos administrateurs. En plus, nous devons veiller à ce que les membres du conseil d'administration agissent de manière à contribuer à une excellente gouvernance.
À cette fin, l'Office effectue depuis sa création des évaluations annuelles. Il y a quelques années, nous avons instauré un processus d'évaluation du rendement du président du conseil d'administration — c'est moi — par les autres membres du conseil; cela me permet d'avoir l'avis des autres administrateurs sur mon travail de président. L'année dernière, nous avons élargi le processus. Tous les membres du conseil d'administration sont évalués par les autres membres du CA.
C'est important pour deux raisons. Premièrement, cela nous permet de nous améliorer en tant qu'administrateurs. Ce processus permet également de fournir une rétroaction au comité de nomination qui est une entité distincte du CA, comme je l'expliquais, de manière à lui permettre de déterminer quelles autres compétences seraient nécessaires. Cela permet également de déterminer si le mandat de certains membres du conseil d'administration devrait être reconduit, le cas échéant.
Autrement dit, le processus permet au comité de nomination d'évaluer les compétences des membres du CA de même que leurs connaissances...
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Je vais faire une déclaration, c'est aussi simple que cela. Vous devrez m'écouter et ce ne sera pas long.
J’aimerais fournir certaines informations aux membres avant de commencer l’étude article par article du projet de loi. Comme vous le savez, il est arrivé à plusieurs reprises lors de récentes réunions que des votes sur des motions résultent en une égalité et que je doive exercer ma voix prépondérante.
La situation de la voix prépondérante est expliquée dans les termes qui suivent aux pages 268 et 269 de La procédure et les usages de la Chambre des communes: .
Le Président ne participe pas au débat et ne vote que s'il est nécessaire de briser l'égalité des voix.
En théorie, il est libre de voter selon sa conscience, tout comme les autres députés; cependant, l'exercice de cette responsabilité pourrait l'obliger à se mêler à un débat partisan, ce qui risquerait d'amener la Chambre à mettre son impartialité en doute. Par conséquent, certaines conventions ont été établies afin de guider le Président (et le président d'un comité plénier) dans les rares cas où il doit user de son droit de vote prépondérant. Plus spécifiquement, le Président vote normalement de manière à maintenir le statu quo, c'est-à-dire que :
- dans la mesure du possible, il laisse la question en suspens pour que la Chambre puisse l'examiner à nouveau et en discuter plus longuement;
- lorsque cette option n'est pas applicable, il tient compte du fait que la question pourrait toujours, d'une façon ou d'une autre, revenir à la Chambre et être réglée par une majorité des députés;
- il laisse le projet de loi tel quel plutôt que de voter de telle sorte qu'il soit modifié.
Par conséquent, sans présumer des résultats de l’examen article par article, je tiens à informer les membres que s’il y a égalité des voix sur des dispositions du projet de loi, je voterai en faveur de ce qui figure dans le projet de loi dans sa forme existante. S’il y a égalité des voix sur des amendements ou des sous-amendements, la présidence votera contre afin de préserver le statu quo et de permettre que d’autres amendements puissent être apportés ici en comité ou à la Chambre au stade du rapport.
Enfin—et ceci est important—j’entends informer le Président de toutes les voix prépondérantes qui pourraient être exercées au sujet d’amendements. En temps normal, le Président ne choisira pas au stade du rapport de motions qui ont été défaites en comité. En revanche, il possède un pouvoir de sélection discrétionnaire, et j’ai l’intention de lui fournir le plus d’information possible pour les décisions qu’il prendra au stade du rapport à la Chambre.
J’espère que ces renseignements aideront le Comité dans ses décisions concernant ce projet de loi. C'était ma déclaration et j'espère qu'elle vous donne matière à réflexion.
Vers 18 heures ce soir, j'ai reçu un document du légiste et conseiller parlementaire, R.R. Walsh, et de Richard Denis, légiste et conseiller parlementaire adjoint. Ce document vous a été remis.
Vous avez donc ce document sous les yeux. Je voudrais faire une observation, que je crois être autorisé à faire à titre de président. Je trouve que c'est un document très important et je trouve tout à fait inhabituel que le légiste fasse... Je n'ai pas demandé ce document, il m'a été envoyé. Bon nombre d'entre vous ont plus d'expérience que moi, mais je trouve cela inhabituel. Cependant, le comité voudrait peut-être envisager d'avoir un entretien avec lui ou de l'inviter à témoigner, ou peut-être pas. Je crois que c'est un document assez important. Je vous invite à le lire. Je ne crois pas que l'un ou l'autre d'entre vous a eu l'occasion d'en prendre connaissance; vous voudrez peut-être le lire plus tard, mais il vous est remis à titre d'information. Encore une fois, je ne fais pas ces observations pour essayer d'anticiper sur le vote sur ces motions—la motion de Mme Jennings ou celles de quiconque.
Nous sommes saisis d'une proposition visant à discuter de ces questions...
Monsieur Sauvageau.
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Merci, monsieur le président. Je suis à la page 1 de la version française, où il est écrit ceci:
Étude du projet de loi C-2
Loi fédérale sur l'imputabilité
La présente étude vise à cerner les aspects du projet de loi C-2 qui ont des répercussions sur la position constitutionnelle de la Chambre des communes et de ses députés ou qui autrement contreviennent aux dispositions de la Loi constitutionnelle de 1867 relatives à la Chambre des communes. Elle se limite donc à des questions de droit parlementaire.
De plus, lorsqu'on consulte le sommaire qui se trouve à la page précédente, on peut lire, notamment, les titres suivants: « Votes par scrutin secret », « Débats et votes à la Chambre », « Conflits d'intérêt et le commissaire à l'éthique », « Demandes au commissaire à l'éthique », « Députés et fiducies », « Directeur parlementaire du budget » et « Renvois au Parlement ».
Il est question d'articles ou de projets de loi qui contreviennent soit à la Charte, soit à la Constitution, soit à la Loi sur le Parlement.
Après étude de ce document, certains souhaiteront peut-être toujours qu'on ait recours à une procédure accélérée pour étudier le projet de loi C-2, mais je ne pense pas que M. Walsh et M. Denis soient de très grands partisans de cette approche. Je crois qu'ils sont plutôt des partisans de la règle parlementaire et du droit parlementaire. Il me semble que cette étude nous oblige à entendre M. Walsh et le Président de la Chambre des communes, ou à accepter qu'on modifie des lois qui n'ont jamais été modifiées depuis 1867, ce qui voudrait même dire modifier la Constitution.
Il me semble qu'il y a des limites à tout. Nous avons un document important entre les mains. On peut discuter de motions déclarant qu'on veut achever l'étude du projet de loi demain matin, mais à la lecture de ce document qui nous a été présenté par les légistes de la Chambre, il me semble que ce serait irresponsable, dangereux, et irrespectueux des traditions parlementaires. Par contre, on peut continuer à faire de la politique là-dessus.
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J'ai tout à fait raison. Je vous remercie de le confirmer.
La motion que je parraine cherche à nous aider à faire le travail, à le mener à bien. Nous avons entendu chaque témoin pressenti et d'autres encore. Chaque témoin proposé par tous les partis a été entendu, sauf les personnes qui ne tenaient pas à venir. Nous avons donc entendu tous les témoignages qui nous seraient utiles, à moins que nous soyons en train d'inventer des témoins fictifs tout simplement pour qu'ils figurent sur une liste et pour étirer le temps. Je crois même savoir que certains des témoins encore sur la liste ont été joints et ne souhaitent pas du tout venir; il ne nous reste donc plus personne à entendre.
Enfin, la Chambre va probablement surseoir à l'ajournement d'été d'ici à ce que le projet de loi soit adopté, ce qui signifie que si nous voulons que tous les députés soient de retour dans leur circonscription d'ici le 23 juin, date prévue de l'ajournement, il faut que ce projet de loi soit envoyé à la Chambre le 19 ou le 20 au plus tard. Il faut donc que nous entamions l'étude article par article dès maintenant.
Je propose donc que nous commencions cette étude article par article le mardi 6 juin 2006, et je pense que nous devrions envisager d'entendre des témoins peut-être le lundi 5 juin, si c'est utile aux yeux de certains de nos membres. Je suis aussi disposé à laisser proposer tout amendement qui nous donnera suffisamment de temps pour proposer encore d'autres amendements pendant l'étude article par article. Des représentants de tous les partis d'opposition m'ont interrogé là-dessus, qu'il s'agisse du Bloc, du Parti libéral et du NPD. Ils m'ont tous dit qu'ils aimeraient que nous procédions ainsi.
Par conséquent, sans plus tarder, je propose que le comité commence l'étude article par article du projet de loi C-2 le mardi 6 juin 2006.