Bienvenue à la 16e réunion du Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 27 octobre 2020, nous reprenons notre étude du soutien et des services offerts aux aidants et aux familles des anciens combattants.
Je souhaite la bienvenue aux témoins. Merci de prendre le temps de participer à nos travaux.
Nous accueillons aujourd'hui le Dr John Whelan, psychologue principal des Whelan Psychological Services inc. Les quatre autres témoins, qui se présentent à titre personnel, seront M. Sean Bruyea, un capitaine à la retraite; Mme Tracy Lee Evanshen; la Dre Heather MacKinnon et M. Gerry White, un capitaine de corvette également à la retraite.
Vous disposerez chacun de cinq minutes pour nous présenter votre déclaration liminaire, et nous passerons ensuite aux tours de questions.
Docteur Whelan, les cinq prochaines minutes sont à vous.
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Merci, monsieur le président. Je vous remercie de votre invitation.
Je vais vous présenter des observations fondées sur notre travail clinique auprès des militaires actifs et retraités, ainsi que sur mes travaux de recherche à l'Université Mount Saint Vincent.
Après neuf années de service dans la Marine, j'ai occupé un poste de psychologue à la base militaire de Halifax pendant une dizaine d'années puis, pendant 18 années, j'ai dirigé une clinique où travaillaient 5 psychologues. Pendant cette période, nous avons évalué et traité des milliers de militaires actifs et de vétérans pour des blessures de stress opérationnel, et principalement des troubles de stress post-traumatique et de toxicomanie. Je dirais que parmi eux, 40 % environ étaient totalement engagés dans leur traitement et leur rétablissement, et tentaient de leur mieux de rester en lien avec leur famille. Les 60 % restants étaient moins convaincus de la nécessité du traitement, et un tiers d'entre eux environ étaient des hommes animés d'une rage profonde contre l'armée et Anciens Combattants Canada, ou ACC. Ceux-là ne participaient pas pleinement à leur traitement.
Selon notre expérience, les épouses et les conjointes de fait sont souvent celles qui prennent soin des vétérans. Selon moi, pour bien comprendre les besoins de ces aidantes, il faut délaisser les approches centrées sur les symptômes et les déclencheurs de traumatismes des vétérans qui relèguent les membres de leur famille à un rôle passif. La tâche principale de ces épouses ou conjointes de fait est de combler les besoins en matière de santé mentale et affective des vétérans blessés. On attend de ces aidantes qu'elles réduisent le stress et qu'elles gèrent les déclencheurs potentiels, qu'elles deviennent les interlocutrices principales auprès d'Anciens Combattants Canada et qu'elles empêchent les enfants de déranger à la maison. Ces attentes sont en quelque sorte le prolongement de l'image de force de l'uniforme qui est véhiculée par l'armée et d'une croyance, très répandue parmi les vétérans, suivant laquelle la gestion du foyer est l'apanage des femmes.
Pour la plupart, les aidantes sont des femmes courageuses. Des chercheurs qui se sont intéressés aux familles des militaires canadiens ont décrit les formidables efforts qu'elles déploient pour obtenir de l'aide de sources formelles et informelles. Elles font des recherches concernant les options de traitement offertes pour leur partenaire tout en continuant de travailler, de faire le ménage, de gérer les factures, de préparer les repas et de prendre soin des enfants. Parmi celles que nous avons rencontrées, les troubles du sommeil, l'anxiété et l'épuisement physique et émotionnel étaient assez fréquents. Souvent, ces femmes font passer les besoins des autres bien avant les leurs.
Dans notre clinique, nous avions pour habitude de demander à rencontrer les personnes qui venaient en aide aux vétérans au cours de l'évaluation et de la planification du traitement, et parfois en privé. Malgré la crainte d'interférer avec les déclarations des vétérans, il est souvent arrivé que des aidantes nous apprennent qu'ils avaient omis de nous dire qu'ils étaient instables, qu'ils passaient leur journée à boire ou qu'ils étaient désengagés de leur vie familiale et de leurs responsabilités. Les aidantes étaient souvent très frustrées par les méthodes de traitement dont elles et leur famille étaient exclues. Nous recevions également beaucoup d'appels de personnes désemparées parce que leur partenaire n'était pas client d'Anciens Combattants Canada et ne suivait aucun traitement, même s'il en avait visiblement besoin.
Les vétérans sont l'objet d'une attention continue, mais il n'existe pas de mécanisme parallèle pour évaluer les conséquences des blessures de stress opérationnel pour les familles des militaires, y compris les traumatismes indirects et secondaires. Je pense que le modèle courant, fondé sur une vision du vétéran comme une victime, fait fi de la cellule familiale dans son ensemble, et du fait qu'elle peut aussi être une victime du service militaire. Les partenaires des vétérans reçoivent peu d'aide directe et pratique pour gérer le quotidien avec un ex-militaire qui souffre de troubles de santé mentale. Une des grandes craintes de ces partenaires est qu'une séparation — ou même une brève absence de la maison pour faire les courses ou aller travailler — pousse le vétéran à s'automutiler. Des vétérans peuvent aussi avoir tendance à faire des fugues de plusieurs jours après une dispute ou un désaccord, pour être seuls ou passer du temps avec des amis. Quand ils réapparaissent ensuite sans s'être annoncés, toute la famille est perturbée. Cette imprévisibilité est caractéristique de nombreux troubles de santé mentale.
Toute étude du soutien offert aux aidants des vétérans doit prendre en compte que trop souvent, la responsabilité de s'occuper des vétérans entre leurs rendez-vous pour des services en santé mentale revient de facto à leur épouse, à leur mère ou à leurs filles adultes. Nous savons aussi d'expérience que les rôles de gardiens et de surveillants peuvent retomber sur les épaules d'adolescents et d'enfants plus âgés. Or, ces personnes n'ont jamais leur mot à dire dans les décisions thérapeutiques. Ce sont elles qui appellent les autorités ou les compagnons d'armes pour les aider à gérer les crises. Elles calment les vétérans après les cauchemars, elles endurent leurs délires éthyliques, et elles doivent rester à l'affût des intentions suicidaires. Il n'est pas rare que les partenaires se plaignent d'avoir à s'occuper d'un autre enfant à qui il faut rappeler de manger, de se laver, de prendre ses médicaments ou d'organiser son emploi du temps.
Malgré les beaux discours publics, les familles restent trop souvent invisibles même si leur contribution est essentielle pour la guérison des vétérans. Les travaux de la chercheuse Deborah Norris sur les familles des militaires lui ont permis de constater que le bien-être des vétérans et de leurs familles est le fruit d'un processus dynamique et bidirectionnel. Le rôle que jouent les membres de la famille et les vétérans dans leur bien-être respectif est de loin plus déterminant que celui de la médication et des thérapies centrées sur la personne. En somme, aucun traitement centré sur le vétéran n'est aussi important que le contexte social et familial pour favoriser son bien-être et sa guérison.
Au Canada, nous n'avons pas encore étudié le lien inextricable entre la santé globale du vétéran et la santé mentale de la famille et sa participation au traitement.
Trop souvent, des familles entières sont victimes du service militaire, surtout s'il a provoqué des troubles de santé mentale. Comme l'a conclu l'ombudsman des vétérans dans son rapport, il est impératif de prendre en compte les besoins de toute la famille et de lui offrir du soutien continu en gestion de cas.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président, et merci, mesdames et messieurs.
Je me sens vraiment privilégié de participer aux travaux du Comité. Votre étude, le rapport qui en découlera et l'espoir de changement n'effaceront pas les tragédies et les négligences du passé, mais ils peuvent changer l'avenir. Notre nation a la chance de rattraper des années de négligence de ceux qui jouent le rôle le plus vital, le plus déterminant dans le bien-être des vétérans, les membres de leur famille.
Je tiens tout d'abord à souligner que j'ai réuni des éléments de preuve concernant les représailles subies par la personne qui s'occupe de notre fils à la suite de mes articles dans lesquels je critiquais le régime de pension à vie. Ces éléments de preuve offrent un éclairage essentiel sur la culture des hauts dirigeants et de la manière dont ils empêchent les travailleurs de première ligne de faire preuve de compassion. Ce ne sont pas des éléments de preuve qui sont liés aux politiques, mais à la culture. Les bureaucrates haut placés ont reproduit des comportements inacceptables gouvernement après gouvernement.
Il est fort possible qu'ils vous exhorteront à ne pas me réinviter. C'est la raison précise pour laquelle je vous demande humblement de le faire. Je recommande que M. Alan Hunter, mon avocat, et Mme Tina Fitzpatrick se joignent à moi pour parler de ces enjeux de culture.
Les politiques considèrent les vétérans et leurs familles comme des entités distinctes et inégales, malgré des directives contraires explicites. Le pire pour les familles n'est pas d'être reléguées à l'arrière-plan, mais d'avoir à courir derrière le dernier wagon d'un train qui serpente dans un dédale vertigineux de politiques complexes concernant les vétérans, avec une bureaucratie opaque dans la locomotive.
On ne peut pas dissocier les familles et les vétérans de cette façon, ou considérer que les uns sont moins importants que les autres. Le vétéran fait partie intégrante de la famille, il en est un élément important et vital et, tout comme chaque autre membre, son rôle est déterminant pour le bien-être de la cellule familiale. La chaîne n'est jamais plus solide que le plus faible de ses maillons, tout comme la famille a besoin que tous ses membres se portent bien pour s'épanouir.
Les travaux de recherche le confirment depuis des dizaines d'années. Pour simplifier, on peut dire que la maladie chronique non seulement est source de détresse émotionnelle pour l'ensemble de la cellule familiale, mais elle entrave aussi sa capacité à soutenir le patient. La souffrance est encore plus grande lorsqu'un membre de la famille a des troubles de santé mentale. Il arrive même que les effets délétères soient plus importants pour la santé psychologique des autres membres de la famille que pour le patient lui-même.
Le Canada compte plus de 35 000 vétérans et membres de la GRC qui présentent une incapacité psychiatrique liée à leurs années de service, et 25 000 qui ont reçu un diagnostic de trouble de stress post-traumatique. Chacun des membres d'une famille devrait pouvoir solliciter de plein droit et de sa propre initiative des soins de santé mentale financés par Anciens Combattants Canada. Combien de tragédies pourrait-on éviter en leur offrant cette possibilité? Il est cruel pour les familles et, par conséquent, pour les vétérans eux-mêmes, d'avoir à attendre en file qu'un gestionnaire de cas puisse les rencontrer et de continuer à souffrir pendant qu'un plan de réadaptation est mis au point, en espérant que des soins de santé mentale leur seront accessibles.
ACC doit donner aux familles leur propre numéro d'identification unique afin que les membres puissent demander des services de leur propre initiative. Les vétérans les plus lourdement handicapés ont déjà un potentiel de revenu diminué par rapport à ce qu'il était durant leurs années de service. L'incapacité des conjoints de mener une carrière à temps plein tout en prenant soin d'un vétéran et des enfants compromet davantage le potentiel de revenu de la famille.
Comment explique-t-on que seulement 1 200 conjoints touchent l'allocation de reconnaissance pour aidants alors que 9 000 conjoints environ prennent soin d'un vétéran qui ont une incapacité permanente, et que 14 000 conjoints prennent soin d'un vétéran ayant des troubles de santé mentale? Des programmes parcimonieux et discriminatoires pour les familles sont en place depuis des lustres. Pourquoi accorde-t-on une allocation pour accompagner des vétérans à leurs rendez-vous médicaux à des personnes extérieures aux familles alors que les membres des familles n'y ont pas droit?
Le manque de soutien pour les familles des vétérans qui souffrent de traumatismes psychologiques pourrait expliquer que 56 % seulement de ceux qui ont des troubles mentaux sont mariés ou vivent en union de fait, comparativement à 71 % des Canadiens. Le ministère des Anciens Combattants du Canada limite l'accès aux programmes des membres les plus vulnérables de nos familles, les enfants. ACC, 16 mois après avoir annulé du jour au lendemain l'allocation pour la garde de personnes à charge pour notre fils de 6 ans, a inventé de nouveaux critères pour justifier l'annulation. Le programme couvre seulement les besoins de base, pas les besoins particuliers des enfants. À cause d'une omission flagrante dans la disposition énonçant l'objet de la Loi sur le bien-être des vétérans, elle ne prévoit aucune obligation à l'égard des enfants ou des personnes à charge du vivant des vétérans.
Le libellé de la politique sur la garde des personnes à charge des vétérans durant leur réadaptation médicale est généreux et empreint de compassion. Les décisions doivent être larges, souples et globales, et permettre de tenir compte des situations et des besoins particuliers des vétérans. On pourrait penser que la charge d'une personne qui a des besoins particuliers constitue en soi une situation particulière. Cependant, même s'il est inévitable que l'état de santé d'un vétéran se répercute sur la santé affective et psychologique de ses enfants, ACC semble vouloir les évincer. Aucune aide n'est versée pour la prise en charge entre 8 h 30 et 15 h 30 les jours d'école, même si le réseau public ne couvre pas ces services. Apparemment, la souffrance des enfants suit un horaire.
Des courriels internes illustrent la totale insensibilité du ministère: « Dans quelle mesure est-il réaliste de penser que les services de réadaptation couvrent les services de garde d'un enfant qui tombe subitement malade? C'est peu réaliste parce que ce n'est pas prévisible. » « L'objectif est en partie d'éviter un risque de dépendance à un programme à court terme. » J'imagine que les responsables des politiques qui sont enfermés dans leur tour d'ivoire à Charlottetown ne sont pas conscients des combats quotidiens des vétérans et de leurs familles. Par définition, une personne à charge est dépendante.
On peut essayer tant qu'on voudra d'économiser les deniers publics, rien ne pourra forcer un enfant de trois ans à vieillir, les lésions cérébrales à se réparer ou un trouble de stress post-traumatique à guérir spontanément, mais une autre barrière perceptuelle, beaucoup plus importante, gangrène ACC. Les programmes sont interprétés selon une vision qui fait des vétérans invalides, et particulièrement de leurs familles, des fardeaux gênants, qu'ACC n'a pas le choix de prendre à sa charge.
Les enfants sont ajoutés de manière aléatoire aux autres dépenses accessoires comme le kilométrage et le stationnement. C'est peut-être ce qui explique qu'aucune allocation pour la garde des personnes à charge n'a été versée aux vétérans au cours des 4 premières années du programme, ou que parmi les quelque 20 000 vétérans qui reçoivent des services de réadaptation médicale, seulement 106 ont touché cette allocation de 2014 à 2019, ce qui a coûté au total moins qu'une année de salaire d'un ministre ou d'un sous-ministre.
Je vous ai soumis une liste de recommandations pour vous aider à rédiger votre rapport.
Je vous remercie sincèrement du temps, de l'énergie et de l'attention que vous consacrez aux familles.
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Bonjour. Je m'appelle Tracy Lee Evanshen. Je vous remercie de me donner l'occasion de vous donner un petit aperçu de ma vie comme conjointe de fait d'un vétéran.
Pour vous faire comprendre qui je suis, j'ai pensé que le meilleur moyen est de vous présenter une journée type dans notre maisonnée.
C'est vendredi et mes fils sont en visite pour la fin de semaine. Nous quittons Belleville et nous empruntons l'autoroute 401, ou parfois la route 2, puis la route 35/115 vers le nord. Kevin évite le plus possible l'autoroute 401. Elle est parsemée de déclencheurs de stress. Il insiste ensuite pour prendre l'autoroute à péage 407. Je grince des dents en pensant aux frais parce que nous devons aller jusqu'à Brampton. Kevin a servi avec fierté comme technicien médical, mais il a aussi été technicien paramédical pendant de nombreuses années, et l'autoroute 401 faisait partie de ses itinéraires. Les déclencheurs sont partout.
Nous allons chercher les garçons et nous prenons la route vers la maison. Un trajet simple de deux heures et quart peut prendre de deux heures et trois-quarts à quatre heures. Nous arrivons à la maison. Kevin, épuisé mentalement et physiquement, va se coucher.
Samedi matin. Kevin se lève et entame sa routine, chaque jour la même. Comme il est debout, il pense que nous devrions tous l'être.
Les enfants se réveillent, prennent leur petit-déjeuner et descendent pour jouer à Call of Duty. Un garçon monte le volume au maximum pour vivre pleinement l'expérience. L'autre se lève et baisse le volume. « Pas trop fort. Pense à Kevin. Le bruit va le stresser. »
Ils renoncent à jouer et décident de regarder un film. Un garçon monte le son, l'autre le baisse. « Pense à Kevin. Ça va déclencher une crise. »
Pendant ce temps, Kevin est retourné au lit. Il ne s'est pas encore remis du trajet de la veille, et la maison doit être calme. Nos voisins sortent leurs chiens et [Difficultés techniques] leur parler, mais sans succès. Nous appelons la police, et des agents viennent chez nous. Les chiens se calment pendant une trentaine de minutes, puis ils recommencent à aboyer. Kevin perd ses moyens, il se fâche, il marche de long en large et il menace d'aller chez les voisins. Je lui sers de rempart. J'essaie de le détendre, de calmer son esprit. Je suis l'intermédiaire. Je discute avec les voisins. Je discute avec les policiers. Je suis épuisée.
Je demande à mon fils de tondre le gazon. Il démarre la tondeuse, le moteur pétarade et une odeur d'essence emplit l'air. Kevin sursaute. Les sons et les odeurs provoquent une crise de panique. Il était à bord du premier avion qui a atterri à Haïti après le séisme. Les odeurs qu'il a senties ne le quitteront jamais. Le bruit ordinaire d'une tondeuse peut le laisser agité pendant des jours.
Ma fille met une pizza au four. Le fromage coule sur l'élément. La fumée déclenche les détecteurs. Elle panique, ouvre les fenêtres et met les ventilateurs en marche. Kevin fige, il panique et il devient confus. L'odeur de brûlé suractive son trouble de stress post-traumatique.
Soudainement, on entend une rafale de tirs d'armes à feu. Toujours le même voisin. Kevin perd les pédales. Il panique. C'est vraiment comme un film de guerre. J'appelle les voisins et je les supplie d'arrêter.
Ils répondent qu'ils ont une ferme et que c'est leur droit.
Je rétorque que Kevin est un vétéran et qu'il souffre d'un trouble de stress post-traumatique. Qu'ils ont des voisins et que des enfants et des animaux vivent dans les maisons autour de chez eux. Qu'ils ont une terre, mais qu'ils ne font pas d'agriculture. Que je comprends qu'ils veulent s'amuser, mais qu'ils peuvent aller dans un champ de tir pour cela. Ce manège a recommencé tous les jours pendant des mois.
Kevin n'en peut plus. Mes garçons sont confus. Je suis épuisée. Pour fuir le bruit et les distractions et être en mesure de faire ses devoirs et de suivre ses cours de l'Université Queen's dans le calme, ma fille va chez ses amis.
Le même voisin fait maintenant des allers-retours dans son entrée avec une motocyclette tout-terrain qui fait un bruit d'enfer. Je prépare le souper. Nous nous asseyons pour le souper en famille. Tout va bien jusqu'à ce que les chiens recommencent à aboyer. Kevin fait la vaisselle et va se coucher.
Je descends et je joue à des jeux vidéo avec mes fils. La télévision est en sourdine. Nous choisissons un film et nous le regardons à faible volume. Les garçons vont au lit. Je monte et je me demande dans quel bateau je me suis embarquée. Honnêtement, cette pensée part aussi vite qu'elle est venue. Cet homme nous a tellement donné, à mes enfants et à moi.
Je rampe vers le lit, mais je ne m'endors pas tout de suite parce que les terreurs nocturnes commencent. Je ne veux pas dormir avant d'être certaine qu'il est en sécurité. Les rêves commencent. Il donne des coups de pied, il agite les bras, il parle, il hurle, il agrippe des choses, il donne des coups de poing. Vous pouvez imaginer le reste. Je dors mal. Il m'a proposé de dormir dans une autre pièce, mais j'ai besoin de savoir qu'il est en sécurité. C'est son tour de se faire protéger.
Quand il a eu 65 ans, son salaire net est passé de 2 032 $ à 932 $. Je répète. Il reçoit maintenant la somme faramineuse de 932 $. À 65 ans, le salaire des vétérans est supposé baisser de 20 %. J'imagine que leur vie s'arrête à 65 ans. On jette les vétérans avec l'eau du bain à un moment de leur vie où ils ont le plus besoin d'aide. Kevin a été cavalièrement libéré de l'armée parce qu'il était considéré comme trop vieux. On n'est pas vieux à 60 ans.
Nous discutons tous les jours au téléphone avec ACC, le Bureau de l'ombudsman et la commission des droits de la personne pour avoir des réponses claires. Nous en recevons rarement. Nous recevons des réponses qui tournent en rond et, au bout du compte, nous sommes si confus et si frustrés que nous renonçons.
Nous sommes éduqués, mais nous avons l'impression d'être des illettrés chaque fois que nous recevons des réponses vagues, sans lien avec la question et qui changent aussi souvent que les prévisions météorologiques. Alors que nous avons besoin que notre vie soit simplifiée, on s'ingénie à nous la rendre tellement plus compliquée.
Si nous avons bien compris, comme je suis la conjointe de fait, j'ai droit à ses prestations d'ACC, mais pas à celles de l'armée. Où est la logique? Nous avons découvert que si un vétéran n'est pas marié à 60 ans, aucune forme d'union ne sera reconnue après. Si nous nous marions, nous aurons une année pour soumettre tous les documents requis pour que je puisse toucher ses prestations de l'armée, c'est-à-dire sa pension de service militaire, mais nous devrons payer tous les frais à même nos maigres revenus.
Le ministère des Anciens Combattants remet jusqu'à 150 millions de dollars au gouvernement chaque année. Cet argent pourrait servir à soutenir les vétérans et leur famille, peu importe le modèle de cellule familiale. La prestation de remplacement du revenu a été réduite de 20 %, mais des millions sont remis au gouvernement.
J'ai contacté des groupes de soutien, mais je ne suis pas mariée et je ne suis pas une militaire en service. Comme conjointe de fait, je n'ai droit à aucune reconnaissance.
Je tiens à dire que c'est une nouvelle réalité pour moi et que je ne veux pas changer de vie. En revanche, ce serait bien que quelqu'un nous tende la main et nous demande si nous avons besoin d'aide ou d'explications et, si cette personne n'a pas les réponses, qu'elle nous offre de nous diriger vers quelqu'un qui les a.
Les vétérans doivent continuellement courir après l'aide. Dans ces conditions, c'est davantage un fardeau qu'une aide. Les vétérans en ont assez d'être marginalisés, mis à l'écart et oubliés. À titre de conjointe de fait, j'ai l'impression d'être traitée en quantité négligeable la plupart du temps.
Merci.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de me donner la possibilité de m'adresser à vous au nom des vétérans, de leurs aidants et de leurs familles.
Je vais tout d'abord me présenter. Je suis une ancienne médecin militaire, et j'ai servi dans les forces régulières ainsi que dans la réserve. J'ai participé à de nombreuses missions militaires au Canada et à l'étranger. J'exerce maintenant la médecine générale à Halifax, et ma clientèle est constituée de vétérans de l'armée et de la GRC ainsi que de leurs familles.
J'aimerais remercier le ministère des Anciens Combattants de l'aide et des services extraordinaires qui sont offerts actuellement aux vétérans. Les programmes à leur disposition présentent plusieurs aspects positifs, notamment pour ce qui concerne les soins de santé mentale. Selon ce que j'en comprends, les mesures de soutien en santé mentale sont actuellement accessibles seulement aux conjoints et aux enfants des vétérans qui y ont consenti. Les ex-conjoints, les parents et les enfants de plus de 25 ans n'y ont pas accès.
Beaucoup de vétérans ont été exposés à de multiples facteurs de stress au cours de leur carrière. Leurs conjoints et leurs enfants doivent les suivre d'une base militaire à l'autre, souvent en laissant derrière eux carrière et amis. Les blessures de stress opérationnel s'ajoutent aux sources de perturbation de la dynamique familiale.
Je suis médecin de famille et je crois que le meilleur moyen de vous exposer les problèmes que j'observe est de vous donner des exemples des répercussions du manque de services en santé mentale pour les conjoints, les aidants naturels, les enfants ou les ex-conjoints. Les cas dont je vais parler sont loin d'être isolés. Il s'agit seulement d'exemples de multiples cas parmi les vétérans qui sont mes patients.
Les familles des vétérans peuvent faire face à des facteurs de stress extrêmes qui ne sont pas seulement associés aux troubles de santé mentale, mais aussi aux troubles physiques et aux difficultés financières. Quand un mariage éclate, toutes les parties sont perdantes. Le vétéran peut obtenir des services de santé mentale par l'intermédiaire d'Anciens Combattants Canada, mais l'ex-épouse n'a droit à rien. Il revient alors au médecin de famille de lui venir en aide, parce qu'elle n'a pas accès à des services de counselling en santé mentale gratuits. Souvent, les ex-épouses subissent des pertes financières, n'ont nulle part où aller vivre et doivent se tourner vers l'aide juridique, qui n'est vraiment pas fiable.
Malheureusement, la dépendance à des médicaments, comme les benzodiazépines, et les idées suicidaires peuvent devenir un problème sérieux. Dans un cas, nous avons dû demander une aide au logement à l'organisme Veterans Emergency Transition Services Canada, ou VETS Canada. Une autre fois, une ex-épouse a trimbalé son baluchon à droite et à gauche jusqu'à ce qu'elle soit considérée comme une personne âgée et admissible à une aide au logement. Quand des enfants sont en cause, les dossiers sont encore plus complexes.
Anciens Combattants Canada offre des traitements en santé mentale aux membres de la famille seulement si le plan de traitement ou de réadaptation du vétéran établit que ce sera bénéfique pour lui. L'étendue des traitements varie selon les cas. Les enfants de plus de 25 ans ne sont pas admissibles aux soins de santé mentale financés par Anciens Combattants. J'ai des patients qui sont des enfants adultes de vétérans qui souffrent de troubles graves de santé mentale, mais qui ne peuvent pas recevoir de traitements. Parfois, les troubles ont commencé avec les déploiements de leur père il y a 25 ans.
Un de mes patients souffre de troubles mentaux et physiques. Son père a un trouble de stress post-traumatique lié à ses déploiements. Un autre enfant a commencé à éprouver des troubles physiques et mentaux quand son père est rentré de mission. Sa mère et lui recevaient des services de counselling en santé mentale, mais ils ont cessé d'y avoir accès quand il a été découvert que le fils d'un vétéran qui avait assassiné un policier recevait de tels services en prison. Cette découverte a entraîné un examen et un resserrement de la politique. Depuis, la famille n'est plus admissible à des traitements financés par ACC.
Il est souvent difficile de vivre avec un vétéran qui souffre d'un traumatisme lié au stress professionnel et d'autres troubles mentaux. Il peut devenir agressif verbalement et physiquement, boire, s'isoler pour ruminer des idées noires. Le reste de la famille marche sur des œufs lorsque le vétéran va mal. Le vétéran malade aura tendance à couper les contacts avec le monde extérieur. J'en connais un qui a installé des caméras partout autour de sa maison. Il est constamment aux aguets. Une femme qui n'était pas ma patiente est venue me demander de faire quelque chose pour que son mari arrête de l'agresser verbalement en public. Ce sont des cas difficiles. Comment composer avec la situation, l'épouse et le mari en évitant que les choses dégénèrent? J'aurais aimé que cette femme ait accès à des services de santé mentale par l'intermédiaire d'ACC. Une situation qui a mal tourné a impliqué des armes à feu et un affrontement de deux jours avec la police. La situation a été désamorcée grâce au dialogue [Difficultés techniques].
Une conjointe m'a rappelé que lorsque le militaire est en service, toute sa famille est en service. Un vétéran m'a dit que ses médailles ne lui appartenaient pas seulement à lui, mais à toute sa famille.
Le ministère des Anciens Combattants a fait des progrès au chapitre des traitements en santé mentale des vétérans qui souffrent d'une blessure de stress opérationnel et de leurs familles. Il s'agit d'un pas très important. Le seul problème est le mode d'accès à ces services. Il faut passer par un gestionnaire de cas. Comment aider un vétéran à accéder à une clinique de traitement de ces blessures? Il faut un gestionnaire de cas.
Auparavant, je pouvais appeler un gestionnaire de cas pour obtenir de l'aide pour un vétéran, mais ce temps est révolu. C'est maintenant une espèce rare. Si les vétérans qui ont reçu un diagnostic de blessure de stress opérationnel peuvent obtenir de l'aide, qu'en est-il des familles de tous les autres qui n'ont pas de gestionnaire de cas? Quelle aide est offerte aux épouses, aux aidants et aux enfants qui en ont besoin?
Il serait possible d'offrir du soutien et des services, y compris en santé mentale, aux vétérans, aux aidants et aux familles. Il suffirait d'apporter quelques petits ajustements au système.
Monsieur le président du Comité permanent des anciens combattants, mesdames et messieurs, merci d'avoir pris le temps de m'écouter.
Si vous avez des questions, je ferai de mon mieux pour y répondre.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
[Difficultés techniques] participer à la réunion du comité permanent. Je donne beaucoup d'allocutions dans ma région et, habituellement, je ne prépare pas de notes. Au début de mon service... J'ai prêté serment envers la Gendarmerie royale canadienne le jour de mon 19e anniversaire, le 29 mai 1974. Je compte 31 années de service. Après la GRC, j'ai accepté de servir dans la Marine, pour ce qui fut le début d'excellentes années de service, mais aussi de graves traumatismes. Ces deux réalités sont indissociables de l'emploi.
J'ai pris ma retraite en 2004, après 31 années de service. Dans mon ordinateur, j'ai enregistré les noms de quelques personnes qui restent trop souvent dans l'ombre, souvent par leur faute. Mon traitement a été amorcé par la Dre MacKinnon. Elle et Peter Stoffer, un ancien député du NPD, pourraient probablement recevoir le titre de saints-patrons des vétérans et de leurs familles, et je n'exagère pas.
Il semble qu'une grande partie des soins fournis aux vétérans et à leurs familles le sont après un incident et ici, en Nouvelle-Écosse, nous avons eu plus que notre part. Les événements de Portapique ont eu des incidences pour beaucoup d'agents de la GRC, dont certains ont été mes étudiants il y a plusieurs années. Heidi Stevenson (née Burkholder) était, depuis longtemps, une très bonne amie. Des noms continuent de s'ajouter sur le mur et ce n'est pas ce que nous voulons.
J'ai pris ma retraite après avoir été libéré pour des raisons médicales — j'avais quand même 31 années de service — liées à des blessures subies alors que j'aidais des enfants à sortir d'un champ de mines. J'étais au milieu d'une mission de l'ONU dans les champs de la mort au Cambodge, en 1992. Même si l'accident a eu lieu le 14 août 1992, c'est seulement en 2002 qu'il a refait surface, quand la Dre MacKinnon a observé un certain nombre de choses qu'elle n'a pas aimées. Elle m'a embarqué dans une aventure qui m'a peut-être sauvé la vie.
On trouve toutes sortes d'établissements de traitement à Halifax et, peut-être parce que je suis un officier supérieur à la retraite, et même si ce n'est pas une raison, il semble que j'aie plus de facilité à avoir accès à leurs services et aux avantages que d'autres membres. Sur une page Facebook intitulée « UN and NATO veterans Group », vous constaterez que je suis membre de ce groupe. Nous nous rencontrons tous les samedis pour déjeuner ensemble. Nous sommes 80 environ, et le groupe compte seulement deux officiers. Je suis l'un d'eux et l'autre est le commandant Fred Maggio qui, tout comme la Dre MacKinnon, est un médecin militaire qui a joué un rôle très important à Halifax.
J'ai demandé à faire partie du groupe pour discuter des problèmes que rencontrent les vétérans et leurs familles parce qu'ils peuvent recevoir de l'aide seulement après un incident. Ma maison n'est pas très loin de celle où vivait Lionel Desmond. Je vis à une heure à peine du lieu d'une terrible tragédie. Je n'ai jamais été dans ses chaussures et je n'ai donc aucune idée de la situation exacte mais, du jour au lendemain, tout le monde s'est mis à répéter le même refrain: Où se trouvait l'erreur? Qu'est-ce qui nous a échappé? Qu'est-ce qu'on aurait pu faire de mieux?
Je suis ravi de souligner [Difficultés techniques]. Mon patron de l'époque, R. A. Dallaire, a dit qu'il faudrait probablement en parler à quelqu'un. Mais je rappelle qu'en 1992, pour ceux d'entre vous qui ont une mauvaise mémoire, la stigmatisation des troubles de santé mentale était telle que personne n'osait aller de l'avant. Une corde accrochée à une poutre au sous-sol semblait une meilleure solution. Certaines personnes choisissent encore cette solution, je le vois tous les jours.
Mon réseau de survie repose sur les épaules de ma magnifique épouse. Même si, bien des matins, c'est elle qui me tire du lit et me force à affronter le monde, elle n'a droit à aucune indemnisation. Elle représente le cinquième de mon réseau de survie. Ma fille et mes trois petits-enfants font le reste. Quand des pensées indésirables me traversent l'esprit, c'est ma magnifique épouse, Jane, et mes petits-enfants qui m'aident à sortir du précipice.
Un parc de Bass River, en Nouvelle-Écosse, a été dédié à la mémoire des vétérans. Je vous invite à faire une recherche sur Google. Ce parc commémoratif de calibre mondial est l'œuvre d'une autre médecin, la Dre Karen Ewing. À Halifax, il s'agit d'un véritable aimant, d'un point d'attraction pour les vétérans. Nous nous y réunissons pour les célébrations des Nations unies, pour le jour du Souvenir, pour le Jour commémoratif de l'Holocauste. Chacun de ces petits réseaux de soutien hors d'ACC nous aide à passer au travers de nos journées.
J'ai eu une carrière en deux temps. J'ai commencé dans la GRC et j'ai pris ma retraite de l'armée. À Halifax, il reste encore beaucoup trop de retraités de la GRC qui ne sont pas considérés comme des vétérans dans beaucoup de milieux. Ils viennent me voir pour savoir ce qu'ils peuvent faire pour tel ou tel problème, avoir accès à un service ou à un autre, recevoir une prestation quelconque, ou un crédit d'impôt pour personnes handicapées de l'Agence du revenu du Canada.
J'espère me tromper, mais il semble que la réponse par défaut à toute requête ou demande d'information à ACC est « non ». Si la moitié des personnes qui soumettent une demande pour un monte-escalier, un neurostimulateur transcutané, ou TENS, ou un autre appareil essuient un refus, la moitié se dira qu'il ne sert à rien d'insister. L'étape suivante est de faire appel au Tribunal des anciens combattants, révision et appel. La démarche peut être fructueuse, mais le Tribunal peut aussi maintenir la décision comme quoi la demande n'est pas liée au problème de santé pour lequel la pension a été accordée initialement.
Chez une personne qui souffre d'un trouble de stress post-traumatique, une crise peut induire un blocage musculaire. La Dre Leckey peut lui prêter un appareil TENS pour un essai. Les électrodes appliquées sur le cou envoient des courants électriques dans les muscles, et la personne peut recommencer à bouger et revenir au problème qui a provoqué la crise. Quand la Dre Leckey constate que l'appareil semble fonctionner, elle envoie une lettre dans laquelle elle confirme que l'essai a été très concluant. On lui répond ensuite que le problème n'est pas lié au problème pour lequel la pension a été accordée. C'est là que l'envie peut vous prendre de sauter dans votre voiture ou sur votre motocyclette et de rouler jusqu'à Ottawa pour trouver l'individu qui semble incapable de répondre autre chose que « non » à des professionnels de la santé qui affirment qu'un traitement est prometteur. Ils ne sont pas catégoriques, mais ils indiquent que le traitement semble fonctionner.
Dans ces cas, la meilleure chose à faire est souvent, j'ai horreur de le dire... Je l'ai noté ici: il faut trouver ce qu'on appelle un ange d'ACC. J'ai le nom d'un de ces anges dans mon ordinateur. Elle sait de qui je parle. Ces anges savent à quelles portes il faut frapper. Ce n'est pas normal que pour recevoir de l'aide, il faille savoir à quelles portes frapper.
J'étais responsable de l'organisme le plus impopulaire des forces, celui de la gestion de carrière. Tous les matins, je disais à mon équipe qu'il fallait faire de notre mieux pour aider plus de personnes que nous en emmerdions. Nous ne pouvions pas les guérir, mais je demandais à mon équipe de les aider plutôt que de leur nuire. C'était le mieux que nous pouvions espérer.
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Merci, monsieur le président.
Je ne voudrais surtout pas devancer les analystes qui rédigeront le rapport, mais je pense que la première recommandation devrait être de répondre au téléphone, tout simplement.
Monsieur White, merci de cette observation.
J'ai beaucoup de questions. Je vais m'adresser en premier lieu à M. Bruyea.
Je vous remercie d'être des nôtres. Depuis le temps que je vous connais, depuis toutes ces années... Je sais que personne, surtout pas quelqu'un qui ne vient pas des rangs de l'armée, ne peut se présenter devant le Comité en étant aussi bien préparé que vous à traiter d'un sujet.
Tout comme vous, l'ombudsman a affirmé que les membres des familles devraient avoir accès « de plein droit » à des soins. Vous avez ajouté qu'ils devraient pouvoir les demander « de leur propre initiative ». Qu'entendez-vous par là, et quels sont les obstacles à l'accès aux soins de santé mentale pour les familles actuellement?
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Merci beaucoup, monsieur Brassard. J'accueille vos remarques avec beaucoup d'humilité.
L'ombudsman a eu parfaitement raison d'utiliser l'expression « de plein droit ». Elle se rapporte à la disponibilité du programme. Nous savons tous qu'il existe une foule de programmes... [Difficultés techniques] a dit quelque chose au sujet de l'accessibilité. C'est à cette partie que je pense quand je dis « de leur propre initiative ». Trop souvent, l'accessibilité est déterminée par le ministère des Anciens Combattants sans tenir compte des besoins des membres des familles ou des vétérans eux-mêmes.
Je tenais à dire « de leur propre initiative » pour indiquer que s'il existe une volonté et une raison médicale établie par un praticien qui n'est pas associé à Anciens Combattants Canada, il faut que les soins soient fournis, sans poser de questions et sans imposer de délais.
Quant aux obstacles auxquels font face les membres des familles qui ont besoin de soins de santé mentale... Comme tous les témoins ont parlé de la nécessité de ces soins aujourd'hui, je ne vais pas m'étendre sur le sujet, si ce n'est pour confirmer les très nombreuses formalités administratives.
Premièrement, comme l'a souligné la Dre MacKinnon, avant qu'un membre de la famille puisse recevoir des soins de santé mentale, il faut tout d'abord que le dossier d'un vétéran soit confié à un gestionnaire de cas.
Après une période d'attente — qui dans certains cas peut se prolonger sur des mois, et même sur plus d'une année dans certains districts —, le dossier du vétéran est confié à un gestionnaire de cas. Le vétéran est ensuite admis au programme de réadaptation médicale, ou professionnelle dans certains cas. Une fois admis, le vétéran établit un plan de gestion de cas avec le gestionnaire, qui détermine ensuite si ces plans doivent englober la famille.
Le plus important à retenir est qu'on ne se demande jamais si la famille a des besoins. Comme l'a établi le ministère des Anciens Combattants, ce qui compte est de déterminer si le vétéran a besoin que la famille obtienne des soins. Quand la famille rencontre des obstacles — par exemple, comme beaucoup de personnes l'ont relevé, parce que le vétéran ne veut pas qu'elle reçoive des soins ni même, pour certains, de gestionnaire de cas —, elle est laissée en plan.
Le ministère des Anciens Combattants a de très beaux discours au sujet de la nécessité de procurer des soins aux familles des vétérans. L'affaire Garnier a abouti à des interprétations à la fois bonnes et mauvaises des politiques. Parmi les bonnes se trouve la suivante, qui pour l'instant est restée de l'ordre du vœu pieux:
La capacité d'obtenir des résultats positifs pourrait être entravée si le client est traité en situation isolée, c'est-à-dire sans aborder les effets que le problème de santé mentale a sur la famille ou les effets que la dynamique de la famille a sur le problème de santé mentale du patient.
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Merci, monsieur le président. Je tiens à remercier chaleureusement tous les témoins que nous recevons aujourd'hui pour leur temps et leur expérience.
Je remercie tout particulièrement Mme Evanshen qui nous a brossé un portrait très vivant des difficultés qu'éprouvent les membres d'une famille, notamment les enfants, dans un contexte différent de permutation familiale. Vous avez très bien décrit la situation. Je vous en remercie.
Mes collègues m'ont déjà entendu parler dans le passé de la concentration énorme de membres du personnel de service actif des trois éléments des FAC, de la GRC ainsi que de retraités et d'anciens combattants de ces éléments, à Halifax. Toutes les difficultés et tous les moments inspirants imaginables que l'on associe aux anciens combattants se retrouvent ici, à Halifax. C'est pourquoi je suis si heureux que le capitaine de corvette à la retraite Gerry White et la Dre Heather MacKinnon soient présents parmi nous.
Je souhaite adresser ma question tout d'abord à la Dre MacKinnon, et je vais essayer de diviser mon temps en deux.
Madame MacKinnon, si je commence à m'agiter, c'est sans doute parce que j'espère garder un peu de temps pour M. White.
Votre point de vue et votre pratique sont extraordinaires et tout à fait particuliers, et vous êtes riche d'enseignements. Je tiens vraiment à vous laisser une grande latitude [Difficultés techniques] pour nous parler de l'importance de soutenir les familles et les aidants, à partir de votre expérience.
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C'est très exaspérant. On dirait que je suis incapable d'obtenir de l'aide. J'ai recours à toutes sortes de moyens détournés, parce que ça fait longtemps que je vis cette situation. Il m'arrive d'appeler et parfois même de supplier que l'on prenne certains patients.
Il y a une situation avec un type de 33 ans; il est incapable d'obtenir de l'aide. J'ai parlé avec sa mère au téléphone. Son père est lui-même ancien combattant; c'est un patient, et le fils est lui aussi un patient. Je vais devoir supplier un psychiatre de le voir en consultation, mais j'ai déjà établi un plan avec sa mère, et nous avons décidé que je vais commencer à lui administrer des médicaments. Ce serait toutefois bien qu'un psychiatre puisse confirmer ce qui ne va pas chez lui, mais je vais néanmoins aller de l'avant avec mon propre traitement.
C'est comme ça que les choses se passent. Il m'arrive parfois d'obtenir qu'un psychiatre qui travaille pour ACC puisse voir quelqu'un. J'ai aussi un autre cas actuellement. Il s'agit d'un homme qui était infirmier dans l'armée. [Difficultés techniques] maladie grave, quatre AVC, et nous éprouvons énormément de difficulté à le faire inscrire auprès d'ACC.
Rien ne se fait. Nous attendons depuis quatre ou cinq mois. Il s'est remis à boire, et les choses vont en se détériorant. Un psychiatre est intervenu, mais nous n'obtenons tout simplement pas d'aide. Encore une fois, j'ai des contacts avec sa famille. J'ai des contacts avec sa sœur, j'ai des contacts avec d'autres membres de sa famille, parce qu'il vit seul. C'est une situation horrible. Son ex-femme m'aide. Tout le monde fait sa part, mais nous n'allons nulle part.
Cela s'est passé en juin. Pourquoi n'a-t-il pas encore été accepté par ACC? Pourquoi n'est-il pas inscrit? Nous avons commencé nos démarches en septembre, lorsqu'il a obtenu son congé de l'hôpital. Je ne comprends pas.
Ce sont des expériences frustrantes. Je frappe à toutes les portes pour obtenir de l'aide, et M. White le sait. Je m'adresse à d'autres régimes. Je fais appel au système public, je communique avec d'autres services d'ACC; je contacte même d'anciens combattants pour leur demander de venir en aide à d'autres anciens combattants. Je les appelle pour obtenir de l'aide dans une situation particulière, si nous pensons qu'une personne a besoin de compagnie pour sa sécurité ou si nous sommes inquiets en raison d'idées suicidaires.
Nous y travaillons. C'est tout ce que je peux dire.
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Merci, monsieur, j'apprécie ce que vous faites.
Mon aidante s'occupe de moi, au moment même où je vous parle. Et voilà.
En échange des soins et du soutien offerts par mon aidante principale, c'est-à-dire ma femme, si vous additionniez tous vos salaires et si vous commenciez à lui verser la somme obtenue, cela ne correspondrait qu'à la moitié de ce qu'elle mérite.
Seulement pour nous supporter, il faut être l'administrateur d'un organisme de santé mentale. Ma femme a pris sa retraite après avoir pris soin d'enfants en difficulté durant 30 ans. Dieu m'a donc gratifié de la parfaite aidante.
Le groupe d'anciens combattants des Nations unies et de l'OTAN que nous avons ici, est censé prendre la relève lorsque ACC ne répond pas aux attentes. Mais nous finissons par être le premier organisme d'aide pour nos vétérans d'ici. Nous sommes 800 anciens combattants, en Nouvelle-Écosse. Il y en a 400 dans la région métropolitaine de Halifax; nous assurons les interventions et nous répondons aux appels de nuit.
Heureusement, j'ai réussi à m'en sortir dans la vie sans prendre de pilules, sans consommer d'alcool ni d'autres substances. Nous sommes une équipe d'intervention — un groupe de vétérans de divers horizons et de tous les vécus possibles. Quand nous le pouvons, nous demandons à ACC de donner un coup de main.
Je serais ravi de pouvoir compter sur les services d'un gestionnaire de cas. J'essaie depuis des années. Le dernier que j'ai eu remonte à il y a 10 ans — un homme très bien qui a pris sa retraite.
Le groupe que nous avons créé ici s'occupe des anciens combattants. Mais si nous parvenons à frapper aux bonnes portes — si les MacKinnon, Ottoman et le Dr Daniel Rasic appuient sur les bons boutons — alors, nous obtiendrons ce dont nous avons besoin d'Anciens Combattants Canada.
Je ne suis pas ici pour médire. ACC a très bien pris soin de moi. C'est tout à fait vrai. Je n'ai aucune plainte à formuler concernant les soins que je reçois, mais il a fallu pour les obtenir frapper à beaucoup de portes. Le capitaine Bruyea vous le dira, les officiers à la retraite ne font pas de très bons négociateurs. Nous aimons négocier en tenant une carabine.
Voilà, j'ai terminé. Merci de votre attention.
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J'ai pris une photo des délais au moyen de mon cellulaire. Les délais étaient d'une heure et quatorze minutes, d'une heure et quarante minutes, ou encore d'une heure et quinze minutes. C'est un perpétuel combat. D'abord, il faut obtenir une réponse. Ensuite, on est transféré d'un service à l'autre, puis, finalement, on nous donne un nom. Sinon, et c'est la situation la plus frustrante qui peut arriver, on nous met en attente et on disparaît. Il faut alors recommencer tout le processus depuis le début.
[Traduction]
Et il faut tout reprendre depuis le début. C'est tellement exaspérant. On finit par abandonner, ce qui est presque... Je regrette d'avoir à le dire, parce que je sais que votre personnel se présente au travail le matin avec l'intention de faire son possible pour les clients, mais ce n'est pas l'impression que nous avons, monsieur le président. Ce n'est pas du tout ce qui est perçu. On dirait que le personnel souhaite seulement nous voir disparaître, comme vient de le dire Mme Evanshen de manière si succincte.
La bonne nouvelle, c'est que nous mourons, alors nous finirons bien par disparaître. Il suffit de continuer à nous faire attendre. En effet, nous mourons, mais dans l'intervalle, ce serait bien qu'ACC nous accorde une toute petite dose de dignité. Je suis désolé, mais si je deviens émotif, c'est parce qu'il s'agit d'une démarche taxante sur le plan affectif.
Mon cher ami Andy Fillmore connaît une partie de la thérapie. Il nous confie des tâches. Il appelle les vétérans et il leur dit, « J'ai besoin de toi pour une déclaration d'impôt », ou « J'ai besoin de toi pour la banque alimentaire » ou encore « J'ai besoin de toi pour aller rendre visite à un type ». Il connaît déjà la réponse lorsqu'il nous appelle. La réponse sera celle-ci, « Je m'en occupe, monsieur le député », et nous y allons. C'est notre thérapie, mais nous avons dû l'appliquer à l'intérieur de nous-mêmes. Je suis désolé, mais nous avons dû tout faire à partir de l'intérieur de nous-mêmes avec le faible espoir de passer à travers ou de trouver...
Heather MacKinnon aurait dû prendre sa retraite il y a trois ou quatre ans. Il nous faut de nouveaux anges gardiens qui savent sur quel bouton pousser pour obtenir quelque chose d'Anciens Combattants Canada.
Je suis désolé. Toutes mes excuses.
Merci, monsieur le président.
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Il y a les chiens, par exemple. J'ai moi-même un chien. J'ai un gros chien. Il aime aboyer. Les voisins ont deux chiens qui aboient sans arrêt. Pour Kevin, c'est comme le bruit que font des ongles sur un tableau. C'est une nuisance continuelle. Pour ce qui est de la police, je les appelle, j'essaie d'amortir les coups. Je me suis rendue chez les voisins. J'ai reçu des menaces. On me dit, « C'est dangereux de venir ici, ma petite dame. » Je leur réponds, « J'espère que vous n'allez pas me parler sur ce ton, parce que les choses risquent de se gâter pour vous. »
C'est toujours aux dépens de Kevin. On entend des tirs de carabine — la même famille — sans avertissement. Tout d'un coup, Kevin est assis là, tout se passe bien, et soudainement, on entend un tir de barrage à 150 pieds de notre porte. Je l'ai vu se jeter par terre. Je l'ai vu se fâcher, aller dans la chambre, fermer la porte, se cacher sous les couvertures et refuser d'en sortir. Alors, je retourne là-bas, encore une fois, et mes enfants me crient, « Maman, ils sont armés. » Quant à moi, je me dis, « Ça m'est égal, parce que Kevin compte plus pour moi qu'un tas de jeunes qui s'amusent avec des armes à feu. » S'ils veulent me confronter, eh bien, bonne chance, parce que je suis décidée. Puis, c'est la moto tout-terrain, qui est bruyante, et qui fait des allers et retours.
J'appelle la police, ils viennent, et pour être honnête, un policier nous a déjà dit, « Je ne vais pas me rendre là-bas, ils sont armés. » J'ai répondu, « C'est vrai, mais je suis sûre que vous êtes armé vous aussi, alors, allez-y et occupez-vous d'eux. »
C'est continuel et ça peut être aussi simple que de circuler sur la route et que quelqu'un vous coupe sans le faire exprès. Ce genre d'événement le jette dans un état d'extrême nervosité. Une explosion au silencieux d'une voiture, une tondeuse qui démarre. Toutes ces choses que nous tenons pour acquises et auxquelles nous ne réagissons pas, n'ont pas le même effet sur lui. Elles le mettent hors de lui, et il n'est pas facile ensuite de le ramener à la normale.
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Merci, monsieur le président.
Je ne saurais trop vous remercier, tous les cinq, pour vos exposés d'aujourd'hui. Vos commentaires nous seront extrêmement utiles pour produire un rapport destiné à venir en aide aux vétérans. Je ne peux tout simplement pas vous dire à quel point je vous suis reconnaissant. Donc, à chacun d'entre vous, un gros merci pour tous ces renseignements.
Comme vous le savez, la population de la Nouvelle-Écosse compte le taux le plus élevé de militaires actifs et retraités au pays. Parfois, les gens l'oublient, mais nous les accueillons en très grand nombre. Ma circonscription de Sackville—Preston—Chezzetcook, affiche le taux le plus élevé de tous. Nous accueillons ici aujourd'hui ce que j'appelle l'équipe Canada, ou l'équipe Nouvelle-Écosse, devrais-je dire. Elle est composée de la Dre MacKinnon, de M. White et du Dr Whelan, trois personnes très importantes pour soutenir les vétérans dans nos collectivités. La manière dont ils s'entraident est tout simplement éblouissante. Je connais les liens qu'entretient Mme MacKinnon dans son travail en tant que médecin à l'appui de... Mes paroles sont impuissantes à traduire toute l'admiration que j'ai pour vous, docteure MacKinnon. Chaque fois que je vous écoute parler, je ne peux qu'être ébloui par toutes les choses que vous faites. Quant à vous, monsieur White et au soutien que vous offrez, tous les jours, 24 heures sur 24... Je pense à l'aide fournie par des particuliers, mais aussi par VETS Canada. Docteur Whelan, la recherche est tellement importante, et il existe un lien entre vous tous et ces travaux de recherche et c'est pourquoi je suis convaincu que nous parviendrons à trouver des solutions pour l'avenir.
Docteur Whelan, très rapidement. Vous avez indiqué que près de 40 % des vétérans sont investis dans leur traitement, mais que 60 % d'entre eux ne le sont pas. Pourquoi le nombre de ceux qui ne s'investissent pas dans leur traitement est-il si élevé et que pourrions-nous faire pour changer la situation?
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Merci, madame Blaney. C'est une excellente question.
D'après tout ce que nous avons entendu aujourd'hui, je pense que nous devrions vraiment adopter une approche multidisciplinaire. La recherche en santé mentale a montré que la santé des vétérans, et plus précisément de ceux qui souffrent de maladies chroniques graves, ne s'améliore pas ou qu'ils ne font pas de progrès, à moins que l'on n'adopte une approche multidisciplinaire.
La même chose s'applique aux membres de leurs familles. En effet, les membres de la famille doivent être inclus dans le plan de gestion du cas. Il faut soulager les gestionnaires de cas de toutes les formalités administratives et de toutes les autres tâches qu'ils assument afin de leur donner le temps de trouver des médecins.
Par exemple, aux États-Unis, les vétérans peuvent se rendre dans un hôpital qui offre toutes les installations multidisciplinaires requises pour venir en aide aux vétérans. J'aimerais suggérer qu'au Canada nous nous dotions d'un guichet unique. Le gestionnaire de cas devra réunir tous les praticiens qui feront partie de l'équipe d'intervention. Ensuite, il nous incombe, à nous, les autres vétérans, ou les membres de la famille, de faire en sorte que les membres de l'équipe communiquent entre eux. Nous pouvons faire preuve d'une créativité beaucoup plus grande que cela. Nous pouvons commencer à travailler suivant le contexte de la gestion par équipe.
Aux États-Unis, le département des Anciens combattants offre des services de santé mentale 24 heures par jour. Nous pourrions faire la même chose au Canada. Il suffirait de commencer à former et à éduquer des praticiens, à les intégrer au mode de fonctionnement d'Anciens Combattants Canada, et à offrir ces services aux familles, aux enfants, et aux vétérans bien entendu.
Comme vous le savez, monsieur Brassard, lorsque je me présente ici c'est habituellement pour réclamer des changements de politique pour le compte des autres vétérans. C'est très difficile pour moi, en tant que vétéran, de parler à titre personnel de mes propres expériences. Mesdames et messieurs, il m'est impossible de vous expliquer à quel point il est difficile pour moi de voir les effets de mon [Difficultés techniques] TSPT sur ma famille.
Je vais essayer de rester cohérent, mais je peux vous dire que lorsqu'ils ont annulé ce programme de soins, ce fut dévastateur. Le moment choisi pour le faire, bien entendu, a été le lien immédiat, mais au fil du temps nous avons découvert que ma gestionnaire de cas n'avait conservé aucune note pour expliquer pourquoi elle avait mis fin à ce programme de soins. J'ai appris que les sous-ministres adjoints intervenaient et bloquaient toutes les possibilités, y compris les rendez-vous pour demander des explications aux agents de règlement des différends, pour trouver une réponse et le moyen de récupérer ce programme de soins.
Sur le plan personnel et familial, mes proches m'ont vu partir en vrille à partir de ce qui était vraiment... J'avais fait des progrès jusque-là dans mon plan de rééducation. Puis, ils m'ont vu prendre des rendez-vous à l'hôpital, me rendre aux urgences au moins une fois par mois. Je peux vous dire que chaque rendez-vous, qu'il s'agisse de soins de santé mentale, de massages ou de physiothérapie, visait à réparer les effets négatifs entraînés par la décision d'ACC de s'en prendre à ma famille.
Les vétérans ont une très faible estime de soi lorsqu'ils se retrouvent avec un TSPT. Ils entretiennent le sentiment de n'avoir pas accompli grand-chose. Leurs familles sont leur seul pilier, comme nous l'avons entendu dire aujourd'hui dans tous les autres témoignages. Lorsque cette famille est attaquée, et je ne parle pas du fait de ne tout simplement pas recevoir de soutien. Je veux parler de la remise en question du programme de soins d'un petit garçon qui avait six ans à l'époque, de notre fils. C'est un incident dont je ne me suis pas encore remis.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur White, j'ai eu l'honneur de siéger avec M. Stoffer, un parfait gentleman, mais je dois vous avouer que c'est bien la première fois que j'entends son patronyme associé au mot « saint » dans une même phrase.
Permettez-moi de vous raconter une anecdote. M. Stoffer était de ces gens qui, parcourant le Parlement d'un bout à l'autre, appelait toutes les personnes qu'il rencontrait par leur nom. Peu importe qu'il s'agisse d'un autre député, d'un gardien de sécurité ou de quelqu'un travaillant à la cafétéria, il appelait tout le monde par son nom. Ce qui lui permettait de le faire était qu'il semblait convaincu que tout le monde s'appelait « mon ami ».
Monsieur White, je vais commencer par l'autre saint patron auquel vous avez fait allusion, la Dre MacKinnon.
Vous avez, docteure, parlé dans vos commentaires des défis imputables aux intervenants, ou plutôt à leur manque de disponibilité. C'est un problème frustrant auquel nous sommes confrontés depuis des années et dont nous avons hérité. Nous avons investi fortement pour accroître leur nombre et réduire celui des dossiers dont chacun d'eux a à s'occuper. J'aimerais vous entendre un peu plus sur cette question des intervenants. C'est un sujet que les représentants syndicaux abordent fréquemment. J'aimerais savoir comment, à votre avis, nous pourrions nous y prendre pour le résoudre.
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Mon aidante naturelle? C'est ainsi que je l'appelle. Depuis que je me suis assis ici, elle m'a donné ce verre d'eau et une boîte de Kleenex. J'ai manifestement une meilleure aidante naturelle que M. Bruyea. Quand cette discussion aura pris fin, elle va passer les deux heures suivantes à me calmer après avoir eu cette discussion avec vous.
Vous pouvez chercher sur Google « Pot de départ de Peter Stoffer. » Ce jour-là, j'ai officié comme maître de cérémonie. Je lui ai enfilé une armure et lui ai remis une plaquette patronymique sur laquelle on pouvait lire « Stoffer PD », PD signifiant « Problem Solving » ou Résolution de problèmes. Je lui ai attribué une spécialité: « SDI » pour « shit disturber 1st class », ou encore « Brasseur de merde de 1re classe. » Je vous prie d'excuser ce vocabulaire vulgaire, mais il dit bien ce dont nous avons besoin. Il nous faut des gens qui n'ont pas peur d'aller se battre dans le coin de la patinoire. Nous avons besoin de gens qui ne se contentent pas de dire que l'ancien combattant a perdu le contrôle, mais aussi qu'il entraîne quelqu'un avec lui. Il entraîne avec lui cet aidant naturel vers le bas. C'est ça le problème.
Je réalise maintenant que nous sommes au bas d'une montagne et que nous regardons le sommet, et cela va être très dur d'y monter. Nous avons eu le guichet unique dont a parlé M. Bruyea. C'était le Stadacona Medical Center dans lequel un ancien combattant trouvait au même endroit tous les services dont il avait besoin. Il a été progressivement…
Je vous demande pardon, monsieur le président.
Allez vous battre dans le coin pour emporter la rondelle et, par-dessus tout, prenez un téléphone et consacrez à cette personne tout le temps nécessaire. C'est une question d'empathie, comme l'a bien dit Mme Evanshen. Faites preuve d'empathie. Je ne veux pas de votre compassion. Je veux votre empathie.