:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis honoré d’être ici devant des députés.
Ce n’est pas la première fois que je comparais devant un comité. Je l'ai fait devant le Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants. À l’époque, je portais un uniforme et je me trouvais effectivement dans un immeuble, ce que j’aimais bien, dans une salle de comité, mais cette réunion-ci est virtuelle. Il faut donc s'adapter aux nouvelles façons de faire.
[Français]
Je veux dire aussi qu'en tant que général dans les Forces canadiennes, je suis capable de parler français, et j'aime bien le faire. Si vous avez des questions à me poser en français, je serai très heureux de parler dans la langue de Molière.
[Traduction]
Je vais aller droit au but. C’est l’une des choses qu'on doit faire quand on porte l’uniforme. Nous avions un peu de technologie à mon époque, mais si je suis ingénieur, ma spécialité est les véhicules blindés et non les TI. Si vous avez besoin d’aide pour un char d’assaut, je suis à votre service, mais peut-être pas vraiment pour les systèmes de TI. J’ai les mêmes problèmes que vous avec les TI.
Qui sommes-nous? Audeamus veut dire « nous osons » en latin. Il est toujours pratique d’avoir son nom en latin, parce qu'on n'a pas à le traduire. Le terme nous va bien. Nous osons parce que nous sommes un organisme bénévole sans but lucratif dirigé principalement par des vétérans et quelques membres actifs des Forces armées canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada. Notre mission, si vous voulez — parce que les militaires aiment avoir des énoncés de mission — est d’aider les vétérans aux prises avec le TSPT et le traumatisme lié au stress opérationnel à retourner à une vie civile plus normale. Pour cela, nous choisissons de recourir à des chiens d’assistance psychiatrique.
Je suis extrêmement satisfait du mandat de votre comité ou du domaine sur lequel vous vous concentrez en ce moment. C’est quelque chose dont nous avons désespérément besoin. J'ai porté l’uniforme pendant beaucoup trop longtemps. Je suis actuellement colonel honoraire, alors je suppose que je porte encore l’uniforme. Je m’intéresse beaucoup au bien-être des gens qui ont servi avec moi et qui servent encore. C’est ce qui me passionne.
Comment cela fonctionne-t-il? Je suis président du conseil d’administration. Je dois avouer — je vous ai dit que je suis un général de l’armée spécialisé dans les véhicules blindés — que je ne connais pas grand-chose aux chiens, sauf que je les aime, mais que j'en sais beaucoup sur les vétérans. J’ai vécu bon nombre des expériences qu’ils ont vécues dans de merveilleux endroits où le Canada nous a envoyés, et ce n'est pas de cela que nous parlerons.
Au sein de mon conseil d’administration, je compte à la fois des membres d'active et des retraités qui ont porté l'uniforme des Forces armées canadiennes ou de la GRC. Notre maître entraîneur est le caporal Chris Lohnes. Il est parmi nous aujourd’hui. Il compte de nombreuses années d’expérience dans le dressage de chiens au sein de la GRC, et il vous en parlera.
Susan Brock, notre professionnelle en santé mentale, devait se joindre à nous. Cependant, et c’est ironique, elle avait déjà l’intention de faire une pause dans un petit chalet sans connexion Internet cette fin de semaine. Elle est donc actuellement en route pour nous rejoindre. Croyez-moi, sachant ce que les professionnels de la santé mentale ont vécu ces derniers temps, je la félicite. Elle s’inquiétait à ce sujet, mais je lui ai dit de ne pas s'en faire. Je vais lire ses observations pour qu’elles figurent au compte rendu. Mme Brock est une psychologue clinicienne chevronnée qui travaille avec nous et les vétérans depuis de nombreuses années. C’est son domaine d’études.
Bien entendu, Colleen Dell va vous parler de son travail. Elle sera probablement accompagnée de Darlene Chalmers, de l’Université de Regina. Elles parleront de l’excellente recherche qui se fait dans le domaine des chiens d’assistance psychiatrique.
Je vais me concentrer sur mon intervention. Nous avons passé cinq ans à élaborer un programme axé sur la santé mentale avec des chercheurs et des gens comme le caporal Lohnes et d’autres qui ont des chiens dressés, parce que nous voulons mettre l’accent sur le lien entre le vétéran et le chien.
Cela s'est compliqué depuis mars 2020. Il a été plutôt difficile d'avoir une formation pratique. En fait, elle a été formellement interdite. Nous avons été obligés de faire une foule d’adaptations. Tout s'est fait en ligne et nous utilisons des modes comme celui-ci, avec lesquels nous avons appris à travailler. Nous l'avons mis à l’essai et nous l’avons vérifié. Mme Dell et le caporal Lohnes pourront vous en parler un peu plus en détail. Vous pouvez trouver des solutions, même si vous ne pouvez pas vous rencontrer en personne, comme nous le démontrons aujourd’hui.
Je suppose que quiconque s’occupe de l’argent des contribuables s’inquiète des coûts. L’une des choses que j’ai mentionnées, c’est qu’il s’agit d’un organisme sans but lucratif, et je vais le répéter. Nous comptons sur des donateurs généreux. Nous utilisons souvent des chiens de sauvetage, si cela vous intéresse, lorsqu’il s’agit de payer beaucoup d’argent pour un chien. Le caporal Lohnes pourra entrer dans les détails, mais sachez qu'il en coûte entre 3 000 et 5 000 $ avant de pouvoir remettre un chien à un vétéran. Comme je l’ai dit, nous avons des gens généreux qui nous donnent de l’argent. Il arrive que des chiens nous soient donnés.
Nous faisons tout ce que nous pouvons, parce que nous essayons de ne pas imposer un fardeau aux vétérans. Je suis très conscient du cas de certains vétérans qui rentrent de mission et qui doivent quitter l’armée ou la GRC et qui n’ont pas beaucoup d’argent. Nous essayons de ne pas leur imposer de contraintes. Nous essayons de trouver des façons de les aider à cet égard. Je ne pense pas qu’il soit approprié de prendre de l’argent à des vétérans. C’est une autre de mes passions personnelles. Nous pourrons y revenir pendant la période de questions, si vous le souhaitez.
Je vais aller droit au but. Quel est mon message fondamental? Il faut toujours en avoir un message quand on parle, quand on comparaît devant un comité parlementaire; j’ai appris que cela aide. Mon message fondamental est qu’il faut miser sur la recherche effectuée au Canada. Je suis très heureux que Mme Dell soit ici. Elle pourra vous donner plus de détails sur la recherche. Nous ne devrions jamais avoir peur de le faire. J’ai porté l’uniforme du Canada dans bien des endroits dans le monde. Je n’ai jamais hésité à dire d’où je viens ou ce que le Canada apporte. Dans ce cas-ci, je suggérerais que nous adoptions une approche de calibre mondial pour composer avec les difficultés des vétérans qui souffrent de TSPT ou, si vous préférez, de traumatisme lié au stress opérationnel. Les vétérans que nous avons envoyés dans des endroits difficiles ne sont pas revenus dans le même état.
Il y a une sauce secrète, si vous voulez, pour notre organisation. Quand je me suis engagé dans l’armée, il y a bien des années, on m’a appris à travailler en équipe. On m’a appris à avoir un compagnon de combat.
[Français]
Au Québec, on dit « compagnon de combat ».
[Traduction]
La traduction n’est peut-être pas parfaite, mais on parlait notre propre jargon dans l’armée, et j’ai appris le terme de compagnon de combat. Un compagnon de combat est avec vous. Vous vous occupez de lui ou d'elle et il s’occupe de vous. D’une façon très étrange — eh bien, ce n’est pas du tout étrange en fait —, le compagnon de combat que nous donnons à nos vétérans est un peu poilu que le compagnon de combat sur deux pattes, mais c’est parfait. Le même principe s’applique. C’est une équipe. Il faut travailler en équipe. Les Canadiens excellent à travailler en équipe. C’est une chose dont je suis fier depuis que je me suis retrouvé dans ces endroits étranges, où il faisait parfois très chaud et où c'était très poussiéreux. J’en suis fier maintenant. Voilà l'objectif que nous nous sommes fixé.
Encore une fois, je ne suis pas un expert du dressage de chiens ni un expert de la recherche sur l’interaction entre les humains et les animaux. Heureusement, ces experts sont avec nous. Toutefois, je suis un spécialiste des vétérans. Je peux voir la différence que cela fait dans la vie des vétérans qui ont un compagnon de combat pour les aider. C’est simplement différent dans un contexte différent. Il est vraiment essentiel que nous enseignions à nos gens à travailler au sein de l’équipe et à faire partie de l’équipe. C’est l'élément salvateur, si vous voulez.
C’est toute l’équipe de chiens d’assistance, comme vous l’entendrez plus en détail, qui nous distingue. C’est vraiment important pour bâtir sur ce sur quoi repose, je le sais, l'entraînement de nos gens en uniforme, l’approche de toute l’équipe.
J’essaie simplement de comprendre comment procéder. J’ai le témoignage de Susan Brock, qu’il faut évidemment lire pour le compte rendu. Je dois faire semblant d’être un psychologue clinicien, je suppose. Pour vous éviter de m’écouter, il serait peut-être bon de passer à quelqu’un qui connaît les chiens, le caporal Chris Lohnes. Je sais qu'il a des choses à dire au sujet de l'entraînement pratique, et maintenant à l’écran, que nous offrons.
Je ne sais pas, monsieur le président, si vous voulez interrompre notre témoignage. Il comporte trois volets.
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Je vous remercie de me donner l’occasion de témoigner aujourd’hui.
Nous travaillons avec des personnes qui souffrent du trouble de stress post-traumatique, de traumatisme cérébral, de blessure de stress opérationnel et de limitations physiques en raison de leurs blessures.
La prémisse de notre programme est la suivante: « Êtes-vous présent? Êtes-vous en sécurité? » Si vous êtes présent, c'est que vous êtes conscient de votre environnement et en mesure d’être en sécurité. Si vous êtes présent et en sécurité, vous avez le temps de récompenser votre chien d’assistance potentiel pour qu’il acquière des compétences et apprenne des routines et des rituels. Cela permet d'établir une relation directe avec votre chien d’assistance potentiel. Les routines quotidiennes vous aident à retrouver une certaine estime de soi.
Notre programme met au point des activités axées sur les relations et un entraînement qui permet au vétéran blessé ou au primo-intervenant de retrouver sa vie. Le fait de jumeler le vétéran à un chien d’assistance qui le complète renforce le lien avec les soins à donner au chien dans le cadre de routines et de marches quotidiennes. Cela fait partie intégrante de notre programme.
Vous ne connaissez peut-être pas Karen Pryor, qui a mené des recherches dans les années 1970 sur le façonnement et les signaux marqueurs en dressant des dauphins. On dresse les dauphins en leur enseignant la fin à l’aide d’un marqueur de récompense. Cela a permis aux chercheurs d’apprendre quels comportements étaient fondés sur une récompense et comment, sans récompense, les comportements sont devenus minimes. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte que les comportements de marquage positifs nous viennent de cette chercheuse et à quel point elle a contribué au dressage des animaux dans le monde.
J’utilise cette approche depuis plus de 30 ans au Service des chiens de police de la GRC, et j’ai passé huit ans à dresser des chiens d’assistance avec des personnes blessées souffrant du TSPT, de BSO, de TCC et de blessures physiques au Canada et en Ukraine. La découverte de Karen Pryor est essentielle pour les vétérans blessés et les primo-intervenants. Pour eux, le marqueur est de se sentir présents et d’acquérir la capacité de fonctionner grâce à la récompense, qui est le lien de leur chien d’assistance pour les soutenir.
Comment pouvons-nous adopter cette approche en matière de dressage? Nous commençons par la base d'un lien, où la personne blessée établit un lien avec un chien qui ne porte aucun jugement. Cela favorise la création de liens pendant le dressage des chiens d’assistance grâce à des objectifs positifs et atteignables graduels. Cela permet de rétablir les liens et l’engagement avec la famille et les amis et, lentement, l’engagement dans la collectivité.
Que nous a appris la recherche que nous avons mise en pratique? Un environnement global, dans lequel vous êtes en lien avec la nature, favorise la capacité de la personne blessée d’avoir un état d’esprit positif. Dans cet environnement, des routines et des rituels propres à la personne blessée sont élaborés pour lui apprendre à faire des activités avec son futur chien d’assistance. L'établissement de routines aide le cerveau blessé à se reconnecter et à développer de meilleurs souvenirs à court et à long terme.
De plus, nous avons appris que, lorsqu’une personne est blessée, après des années d’exposition, sa lésion cérébrale entraîne des exigences d’apprentissage différentes en ce qui concerne le temps nécessaire pour apprendre et acquérir des compétences. Les apprenants vont à leur propre rythme, et ils avancent dans le programme au fur et à mesure qu’ils se développent. Nous offrons notre soutien. Dans bien des cas, il faut plus d’un an pour terminer notre programme, et plusieurs personnes ont pris jusqu’à deux ans.
Le chien d’assistance fait partie du traitement global et complète les traitements conventionnels, comme la capacité de la personne, grâce à la thérapie par la parole, d'être plus longtemps active entre deux déclencheurs. Par exemple, si un déclenchement intervient 15 minutes après le début d’une séance, la personne fait activité régulatrice que nous lui avons enseignée et elle peut revenir à la séance pour plus longtemps par la suite et améliorer le taux de réussite de son traitement.
En raison de la COVID, nous avons passé plus d’un an à développer la capacité d’offrir un entraînement en ligne sur Zoom qui soit harmonisé à notre programme. Pour ce faire, nous avons travaillé avec les chercheurs pour déterminer les pratiques exemplaires, la durée de l’apprentissage et de la connexion, ainsi que les paramètres requis dans Zoom. Comment favoriser l'établissement de liens, combien de temps peut-on faire du dressage et combien de compétences peut-on acquérir en une fois sont autant de questions que nous avons été examinées. Nous avons appris que la sécurité de la maison et l’établissement de liens avec l’équipe de dressage et les cohortes de participants constituent des éléments essentiels du programme.
Nous savons maintenant qu’il faut avoir de 12 à 15 modules de préapprentissage pour commencer le programme. Cela signifie que nous avons déterminé qu’il y a 15 choses que quelqu’un doit apprendre ou pouvoir faire avant de réussir à dresser un chien d’assistance.
Le lien s’établit en apprenant au propriétaire comment toucher son chien; le chien devant apprendre à communiquer comment il veut être touché. La récompense augmente au contact entre le maître et le chien, par l'amélioration du moment choisi et par le recours au maître entraîneur pour savoir quand être présent, et par le fait que le chien accepte d'accomplir des tâches pour le maître entraîneur ou pour son futur propriétaire.
Il faut surmonter les sentiments d’anxiété et le phénomène de vision tunnel au cours des divers exercices et des diverses compétences sur lesquels nous travaillons. L’utilisateur du chien qui revient pour être présent fait en sorte qu'il est possible pour le chien et le maître de se sentir en sécurité et d’être conscients de leur environnement.
On utilise l’obéissance pour établir le lien et la compréhension d’être présent et en sécurité par l'intermédiaire du chien. L’obéissance n’est pas l'élément moteur de notre programme. Nous ne sommes pas un programme d’obéissance de 52 semaines. Nous utilisons l’obéissance pour établir un lien. Il en résulte un chien obéissant qui travaille, qui est présent et en sécurité.
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Je vais commencer, puis je laisserai la parole à M. Lohnes, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
Mon prédécesseur a siégé à ce groupe. J’ai assumé la présidence après le regrettable échec de cette initiative. D’après ce que je comprends, il n’y avait pas d’entente au sein du comité au sujet des normes. D’une façon étrange, cela nous a amenés à prendre du recul et à nous concentrer sur l’établissement de normes nous-mêmes, en nous fondant sur la recherche. M. Lohnes pourra vous en parler davantage.
Vous avez raison. Cette initiative, que tout le monde espérait ardemment, n’a pas fonctionné. Les raisons pour lesquelles cela n’a pas fonctionné étaient avant mon arrivée. Parfois, quand on fait face à des difficultés, il faut se regrouper et emprunter une voie différente. Cela nous a obligés à prendre du recul et à examiner tout le concept des normes et à voir comment nous allions les utiliser comme fondement. Nous avons adopté une approche fondée sur des données probantes et sur la recherche pour établir des normes.
M. Lohnes a parlé un peu de... Il y a eu beaucoup de recherches sur l’interaction entre les animaux et les humains. Mme Dell vous en parlera au cours de la prochaine heure et Santé Canada a appuyé l’application de ce principe dans le cadre d’une vaste étude. Nous y avons participé. Nous estimons pouvoir nous appuyer sur cette base de recherche pour établir un modèle cohérent, logique et uniforme de normes. En fait, nous travaillons à un projet avec la province de la Saskatchewan, projet qui progresse, mais qui n'est pas encore lancé.
Encore une fois, je vous donne la vue d'ensemble. M. Lohnes peut vous donner des détails.
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Je vais commencer et je laisserai ensuite le caporal Lohnes poursuivre.
Comme je l'ai dit, il existe des normes. La GRC, par exemple, s'est dotée d'une excellente norme, mais de toute évidence, il y manque le volet sur les problèmes de santé mentale.
Ce qu'il vous faut, c'est d'une sorte... Je n'aime pas utiliser le mot « synergie », bien qu'il soit trop souvent utilisé. Ce qu'il vous faut, peut-être, c'est un amalgame des normes existantes axées sur les chiens dressés pour accomplir d'autres tâches. Vous devez y intégrer le volet de la santé mentale en vous appuyant sur une recherche très pointue, comme je l'ai déjà dit.
Santé Canada est heureusement venu à notre rescousse en finançant des programmes de recherche dans ce domaine. Cela nous a permis de concocter plusieurs versions, dont la plus récente a été proposée à la province de la Saskatchewan.
Comme vous le savez fort bien, notre pays compte dix provinces et trois territoires. Compte tenu de la structure fédérale de notre merveilleux pays, les responsabilités sont réparties entre les diverses instances. Nous avons trouvé un terrain d'essai en travaillant avec la province de la Saskatchewan, parce qu'il se trouve que c'est là que se fait la recherche. La norme nationale est partie à la dérive, comme diraient mes amis de la marine.
[Français]
La vie, c'est la guerre.
[Traduction]
C'est l'expression que nous utiliserions dans l'armée. Cela arrive.
:
Au risque d'être accusé de manquer de respect, la réponse est oui.
Désolé, mon sens de l'humour va me perdre.
Vous avez tout à fait raison. Le chien et le vétéran forment une équipe. Nous les appelons des équipes cynophiles d'assistance. Durant toute la période où j'ai été en déploiement, j'ai appris que votre équipe à une incidence sur votre propre comportement et vice-versa.
C'est difficile à décrire. Si vous voyiez... C'est l'avantage de voir ce qui arrive à certains de ces vétérans qui ont de la difficulté à sortir de chez eux. Une fois qu'ils ont terminé l'entraînement avec leur chien, ils peuvent aller magasiner chez Walmart. J'exagère, ils ne peuvent pas encore faire ça, mais ils sortent de la maison et font des activités. Ils sortent en public. Ils ont confiance. C'est merveilleux. Ils redeviennent les personnes que j'ai connues quand elles travaillaient pour moi.
Vous avez raison. C'est un peu des deux et oui, c'est décevant de voir qu'il n'y a pas de normes nationales. Nous travaillons dans toute la province parce que la norme nationale ne fonctionne pas vraiment.
J'ai été vraiment content de voir que votre comité se penchait sur la question, et sachez que vous êtes bien placés pour le faire. Vous faites ce qui doit être fait et je vous en félicite.
J'espère cependant que vous ne vous battez pas contre des moulins à vent, comme Don Quichotte. Il s'agit d'un enjeu vraiment important. C'est un problème national, je dirais plutôt un défi national. Nous n'avons pas de problèmes, nous avons des défis à relever.
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Si je peux me permettre d'intervenir, vous avez posé une question précise sur notre programme.
Pour obtenir une certification, nous ne faisons pas de tests, nous certifions. Quand une personne a subi un traumatisme cérébral, nous ne savons pas combien de temps il lui faudra pour passer au travers notre programme. Certains vétérans le font en huit mois, d'autres en 12 mois parce qu'ils doivent reformater leur manière d'apprendre et de se souvenir des choses.
Bien entendu, nous leur apprenons des choses de base axées, par exemple, sur l'obéissance du chien aux ordres, mais ce n'est pas ça le plus important. L'important, c'est de voir comment le maître et le chien interagissent. Est-ce que le chien attend des ordres de son maître et cherche des moyens de l'aider? Est-ce qu'ils sont tous les deux synchronisés et présents l'un à l'autre?
Le programme complet de certification que nous offrons dure trois jours et ce, pour une raison très importante. Pour qu'une personne puisse fonctionner chez elle, avec ses amis ou ses voisins, ou au sein de la collectivité, elle doit être capable de gérer les déclencheurs, autrement dit les facteurs de stress, et certains peuvent être très puissants. C'est grâce aux compétences que nous leur enseignons que ces personnes arriveront à gérer les déclencheurs.
Dans le cadre de notre programme, nous les amenons ici et là, à différents endroits, dans les environnements dans lesquels ils évoluent normalement. S'ils ne sont jamais allés chez Costco, nous ne les amènerons pas là, mais si un vétéran va au bureau de son médecin cinq jours par semaine, nous irons y faire des exercices, pour voir comment il se débrouille. Comment se sent-il dans la salle d'attente? Dans le bureau du médecin?
Nous cherchons toujours à vérifier si l'équipe est présente. Si le maître et son chien sont tous les deux présents l'un à l'autre, s'ils sont en sécurité. S'ils ne sont pas présents ou qu'ils ne sont pas synchronisés, ils ne peuvent pas bien comprendre leur environnement immédiat et ils n'y sont pas en sécurité. Dans ce cas, nous devons refaire nos devoirs pour aider l'équipe à évoluer plus facilement dans cet environnement.
:
Merci, monsieur le président, et merci à nos invités.
J'aimerais faire un commentaire à mes collègues qui sont ici et qui n'ont jamais vu l'impact que ces chiens peuvent avoir. Je vous ramène à la dernière session, lorsque mon projet de loi concernant un cadre national relatif à l'état de stress post-traumatique en était à l'étape de la troisième lecture. Des premiers répondants et des vétérans étaient présents à la tribune pour attendre la présentation au Sénat et, essentiellement, pour s'assurer qu'il serait adopté.
Un premier répondant avait amené son chien d'assistance. Évidemment, les émotions et mon anxiété étaient fortes. Ce chien d'assistance est venu me voir et s'est assis sur mes pieds. Quel incroyable... C'est une expérience très émouvante, vous savez. Le premier répondant en question est venu me voir et m'a dit que le chien avait senti mon anxiété et était venu pour essayer de me calmer.
J'ai aussi vu les chiens d'assistance de premiers répondants et de vétérans qui peuvent percevoir un léger changement dans le comportement de leur propriétaire et cherchent à l'éloigner de l'endroit où l'anxiété est ressentie. Ils jouent un rôle essentiel.
C'est très frustrant, parce que j'ai vu de mes propres yeux les bienfaits que procurent ces animaux.
Messieurs Holt et Lohnes, vous avez parlé de la Colombie-Britannique, de la Nouvelle-Écosse, de l'Alberta et de la Saskatchewan, qui ont élaboré des normes. Pouvons-nous adopter ces normes à l'échelle nationale?
:
Excellent. Merci beaucoup.
Je tiens tout d'abord à reconnaître le territoire que nous partageons aujourd'hui, nous et les animaux qui nous entourent, étant donné que beaucoup d'entre nous travaillent à partir de la maison.
Je vous remercie de me donner l'occasion de vous faire part de l'expertise de notre bureau. Depuis cinq ans, nous faisons de la recherche sur les chiens d'assistance en particulier et, depuis 10 ans, sur le pouvoir thérapeutique des animaux d'une manière générale.
Aujourd'hui, nous allons exposer cinq points clés qui, je l'espère, contribueront à alimenter les discussions du Comité. Je veux que vous gardiez à l'esprit ce que le député Doherty a dit dans ses observations au sujet de l'émotion que suscite les chiens d'assistance, parce que nous allons y revenir. Il y a quelque chose de vraiment important à souligner à ce sujet.
Notre premier point concerne la question de recherche qui est vraiment importante pour notre équipe, à savoir dans quelle mesure et de quelle façon les chiens d'assistance contribuent-ils à assurer le bien-être des vétérans? Cela s'apparente aux travaux que nous avons faits sur le rôle de la culture autochtone dans la guérison des toxicomanies. Il s'agit d'expliquer comment cela fonctionne, et non pas de se demander si cela fonctionne. Ce serait un manque de respect. Cette approche tient également compte de l'expérience vécue et des preuves scientifiques qui, nous le savons, émergent dans le domaine des chiens d'assistance.
Cette question de recherche présuppose que les chiens d'assistance sont une catégorie distincte de chiens, des chiens qui ont un emploi. Toutefois, ce sont aussi des animaux domestiques qui vivent avec nous dans nos foyers. La domestication des chiens s'est étalée sur des milliers d'années, et elle a des conséquences très importantes que nous ne pouvons pas nier. Par exemple, la grande majorité des ménages canadiens identifient et traitent leurs animaux de compagnie comme des membres de la famille, et cela est encore plus courant chez les vétérans jumelés à un chien d'assistance. On ne peut pas laisser cela de côté dans la discussion. Nous parlons souvent d'une relation ou d'un lien entre l'homme et l'animal. Ce lien, que nous appelons « zooeyia » dans le milieu universitaire, est incroyablement puissant. Dans le contexte de la pandémie, il pourrait bien aller au-delà des vétérans.
C'est la question importante pour nous.
Deuxièmement, comme nous le savons, des recherches sont encore en cours sur les chiens d'assistance et leurs bienfaits, et notre équipe a produit pas mal de choses ici au Canada au cours des dernières années. Ce que nous avons conclu jusqu'à maintenant, c'est que cette question est très complexe et que les chiens d'assistance sont une source de soutien personnalisé et un complément au traitement.
Comment cela fonctionne-t-il? Les chiens d'assistance sont des êtres sensibles qui ont la capacité de tisser des liens avec les humains et qui ont reçu une formation technique pour aider les vétérans. C'est grâce à cette capacité de tisser des liens que les chiens d'assistance apportent généralement ce que les humains ne peuvent ou ne veulent pas apporter. C'est ce que nous avons constaté dans notre travail auprès des personnes qui se rétablissent généralement d'une consommation problématique de substances avec l'aide de leurs animaux de compagnie. Il en est également question dans notre étude sur les vétérans.
Nous mettons l'accent sur la toxicomanie, parce qu'il s'agit d'un facteur de risque élevé — un trouble lié à la toxicomanie découlant souvent d'un diagnostic de TSPT. Nous avons constaté que les chiens d'assistance sont une source de soutien personnalisé, comme je l'ai dit, et un complément au traitement. Dans une étude qualitative menée en 2016, nous avons constaté qu'ils contribuaient à réduire la consommation problématique de substances et de médicaments d'ordonnance. Ils appuyaient également la santé physique, un sentiment d'acceptation psychologique, un lien social et un but spirituel, que nous appelons aujourd'hui « blessure morale ».
Dans une étude exploratoire menée en 2017, nous avons relevé une diminution de la toxicomanie et des symptômes du TSPT, ainsi qu'une baisse ou une stabilisation de la consommation de médicaments ayant habituellement des effets négatifs, comme les médicaments utilisés à des fins psychiatriques. Au cours de la première phase de notre étude pilote, en 2019, nous avons constaté une réduction de la consommation problématique d'alcool et d'opioïdes, ainsi que des symptômes du TSPT.
C'est le lien entre l'humain et l'animal qui sous-tend tout cela. Il ne s'agit pas seulement des compétences techniques des chiens. C'est ce qui ressort également des recherches menées aux États-Unis. À l'heure actuelle, nous avons une subvention du Programme sur l'usage et les dépendances aux substances de Santé Canada, et nous travaillons avec 12 organisations de chiens d'assistance pour les former en ce qui a trait à la consommation problématique de substances chez leurs vétérans, ainsi que les aider à utiliser des pratiques fondées sur des données probantes et à envisager un soutien par les pairs.
Nous avons mené plusieurs études auprès de vétérans et nous en avons tiré beaucoup de conclusions dont nous pourrons discuter plus tard, mais je vais maintenant céder la parole à Mme Chalmers.
Merci à tous de nous avoir invitées à vous faire part de notre point de vue.
Je vais vous présenter trois autres éléments.
Le premier s'inscrit simplement dans la lignée du soutien personnalisé et du traitement complémentaire que fournissent les chiens d'assistance. Les chiens d'assistance accomplissent des tâches techniques pour le vétéran. Par exemple, interrompre un cauchemar est une forme de tâche. Dans nos recherches, nous entendons constamment dire que les chiens d'assistance sont une source de soutien pour le bien-être des vétérans, et cela vient souvent de ce que certains vétérans ne reçoivent pas un soutien formel adéquat ailleurs.
D'après notre expérience, les chiens et les animaux d'assistance peuvent généralement servir de point d'entrée pour établir une relation avec une personne qui nécessite et qui reçoit des soins. Le chien d'assistance devient un moyen d'entrer dans la vie des vétérans. À ce sujet, les professionnels qui travaillent avec les vétérans doivent être conscients du rôle que jouent les chiens d'assistance en général au sujet du TSPT, ainsi que de la façon de les intégrer dans leur pratique.
Les chiens d'assistance peuvent aussi être un obstacle pour les vétérans qui nécessitent et reçoivent des soins, et les préoccupations à cet égard se situent principalement au niveau des systèmes. Lorsqu'un vétéran qui a un chien d'assistance se voit refuser du counselling ou des services dans un bureau de counselling, cela pose un problème. Lorsqu'un vétéran se voit refuser un logement à cause d'un chien d'assistance, il y a un problème. Il ne semble pas y avoir d'uniformité au chapitre des expériences au pays. Il faut que les professionnels de la santé et les autres professionnels soient sensibilisés au rôle des chiens d'assistance et aux bienfaits qu'ils apportent aux vétérans.
Cela m'amène au quatrième élément, qui concerne les normes. Il faut certainement faire preuve de leadership dans ce domaine. De notre côté, nous faisons de la recherche pour établir l'efficacité des chiens d'assistance et la façon dont ils contribuent au bien-être des vétérans, mais il semble y avoir un vide et un conflit, ainsi qu'une confusion, au sujet des normes dans les provinces et les territoires. L'absence de consensus au sujet du processus de l'Office des normes générales du Canada, il y a plusieurs années, a probablement eu de nombreuses conséquences imprévues et négatives. L'absence de normes nationales a amené les provinces à adopter diverses approches pour l'accès du public aux chiens d'assistance. Elle mène également à l'élaboration de politiques individualisées par des organisations qui ne sont pas des expertes dans ce domaine. Un campus universitaire, par exemple, pourrait le faire.
Nous voulons montrer que l'absence de consensus pendant ce processus tient peut-être en partie au fait que l'on essaie d'établir des normes pour des chiens qui ne font pas un travail uniforme. Pour certaines organisations de chiens d'assistance, le travail du chien d'assistance est davantage axé sur le lien, le lien entre l'humain et l'animal, et moins sur les compétences techniques et vice versa, de sorte que les chiens d'assistance ne sont pas entraînés de façon uniforme.
Nous souhaitons faire une mise en garde au sujet de l'élaboration de normes, et elle concerne la nécessité d'une approche canadienne qui s'inscrit dans notre contexte, par exemple, les politiques provinciales et territoriales concernant les droits de la personne pour les chiens d'assistance. Par ailleurs, les organisations de chiens d'assistance offrent des programmes très différents et la façon dont les chiens d'assistance sont entraînés varie considérablement. Ces points et d'autres points importants doivent être pris en compte dans l'élaboration des normes.
Cela dit, l'objectif de chaque programme d'entraînement de chiens d'assistance est probablement très semblable, à savoir améliorer le bien-être des vétérans.
Le cinquième et dernier élément est lié au besoin de normes. Il concerne l'adoption par notre équipe de recherche d'une approche axée sur le patient, dans le contexte des vétérans, du TSPT et des chiens d'assistance. Cela a abouti pour nous à une première expérience avec un groupe de vétérans, Audeamus, avec M. Lohnes, qui est intervenu plus tôt. En tant que chercheuses, nous avions vraiment besoin de participer à l'entraînement d'un chien d'assistance aux côtés de vétérans pour éclairer notre recherche. L'une des principales constatations que nous avons tirées de ce processus et de nos expériences est que le bien-être des chiens d'assistance doit être au centre de nos conversations.
Les chiens d'assistance ne sont pas des outils. Ce ne sont pas des instruments au service des humains, même s'ils sont complémentaires au traitement et au soutien des vétérans. Ils offrent à la fois des compétences techniques et les avantages du lien entre l'humain et l'animal. Comme l'ont conclu van Houtert et d'autres en 2018, le manque de connaissances sur le bien-être des chiens d'assistance dans le domaine psychiatrique crée des risques pour le bien-être des humains et des animaux.
Je vais m'arrêter ici. Merci.
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Bonjour. Je suis heureux de m'adresser au Comité aujourd'hui au nom de Wounded Warriors Canada, qui continue d'examiner des façons de mieux soutenir les vétérans du Canada et leurs familles. Avant d'aborder le sujet précis des chiens d'assistance pour les vétérans, je crois qu'il serait utile de présenter une perspective plus large de la mission de Wounded Warriors Canada.
Wounded Warriors Canada est aujourd'hui un fournisseur national de services en santé mentale pour les vétérans, les premiers répondants et leurs familles. Nos services offrent des interventions de groupe adaptées sur le plan culturel, qui sont facilitées sur le plan clinique et fondées sur des données probantes qui s'appuient sur la recherche de pointe en traumatologie. De plus, nous offrons des programmes conçus pour créer des milieux de travail qui tiennent compte des traumatismes. Ces 10 programmes cliniques fondés sur des données probantes sont au cœur de tout ce que nous faisons. À ces programmes de base vient s'ajouter notre investissement dans les chiens d'assistance.
Étant donné que les programmes cliniques fondés sur des données probantes sont au cœur de ce que nous faisons en tant que fournisseur national de services en santé mentale, une question simple se pose: Pourquoi Wounded Warriors Canada a-t-il investi environ 3 millions de dollars pour fournir des chiens d'assistance aux vétérans et aux premiers répondants depuis 2013? La réponse est simple. Ces investissements sont fondés sur les résultats obtenus qui ont changé des vies, ce qu'ont démontré des études importantes réalisées au cours de la dernière décennie.
Les conclusions d'une étude financée par Anciens Combattants Canada, par l'entremise de l'Université Laval, ont confirmé l'efficacité des chiens d'assistance bien entraînés et bien élevés. Plus récemment, en 2020, à l'Université Purdue aux États-Unis, on a constaté que calmer les épisodes d'anxiété figurait parmi les tâches les plus importantes et les plus courantes des chiens d'assistance.
Les résultats d'une étude randomisée commandée par le département des Anciens combattants des États-Unis, qui ont été publiés le 5 janvier 2020, ont montré que la gravité des symptômes du TSPT avaient diminué chez les participants jumelés à un chien d'assistance, comparativement à ceux jumelés à un chien de soutien émotionnel, et que ces personnes avaient moins de comportements et d'idées suicidaires, en particulier 18 mois après le jumelage.
Wounded Warriors Canada finance des fournisseurs de services de recherche, d'accueil, de dressage et de jumelage de ces chiens extraordinaires avec leurs entraîneurs. L'admissibilité au financement du programme est évaluée en fonction de trois principes de base, soit l'établissement d'une norme nationale uniforme, définie, transparente et mesurable pour tous les fournisseurs financés de chiens d'assistance spécialisés en TSPT, peu importe leur province; la reconnaissance officielle de tous les fournisseurs de chiens d'assistance financés par Wounded Warriors Canada au pays qui respectent ou dépassent les normes publiées et qui sont prêts à travailler en collaboration avec d'autres fournisseurs de chiens d'assistance financés par Wounded Warriors Canada; et la mise en œuvre d'un ensemble de lignes directrices cliniques s'appliquant à tous les demandeurs de chiens d'assistance spécialisés en TSPT.
Cela donne des résultats. En novembre 2020, à la suite d'un processus de six mois en trois phases défini lors de notre conférence nationale sur les chiens d'assistance, qui a eu lieu à Victoria en février 2020, juste avant que le pays ne soit en confinement en raison de la pandémie actuelle, les membres de l'équipe de pompiers K-9, de Pembroke, en Ontario, sont devenus nos plus récents fournisseurs stagiaires de chiens d'assistance financés par Wounded Warriors Canada.
Grâce au soutien continu du Fonds pour le bien-être des vétérans et de leur famille, Wounded Warriors Canada envisage actuellement d'ajouter un autre fournisseur qui aidera les vétérans de la région de Meaford et de la province du Nouveau-Brunswick. Nous prévoyons que le processus d'examen sera terminé d'ici le deuxième trimestre du présent exercice. Nous continuerons de chercher des fournisseurs qui sont disposés à travailler avec nous en respectant nos trois principes clés.
Notre programme ne serait pas aussi avancé qu'il l'est sans le soutien extraordinaire et continu des Canadiens. Cela dit, nous demeurons impressionnés par l'engagement et le professionnalisme de nos fournisseurs, qui continuent de donner l'exemple en travaillant de façon collaborative et amicale dans un espace souvent cloisonné.
Je sais que le Comité entendra Dani Forbes, directrice exécutive de National Service Dogs, au cours des prochains jours. Nous sommes fiers de compter National Service Dogs parmi nos fournisseurs financés. Mme Forbes a fait un travail exceptionnel au sein du comité des normes de l'Office des normes générales du Canada. Avec Mike Annan, de Vancouver Island Compassion Dogs, elle est un chef de file dans le dressage au pays. Les conseils de Mme Forbes et de M. Annan sont précieux lorsque nous cherchons à ajouter un fournisseur à notre groupe.
Les organisations de Mme Forbes et de M. Annan ont aussi franchi les étapes rigoureuses nécessaires pour obtenir l'accréditation d'Assistance Dogs International.
J'espère que le Comité écoutera attentivement les propos de Mme Forbes, surtout en ce qui concerne les normes, lorsqu'elle comparaîtra devant lui, car je constate aujourd'hui à quel point cet aspect des normes ne perd pas de son importance.
Médric et Jocelyn Cousineau ont récemment reçu la médaille du service méritoire pour leur leadership dans ce domaine. Cette reconnaissance est bien méritée et aurait dû leur être remise depuis longtemps. Nous sommes fiers que Paws Fur Thought fasse partie de notre groupe. Ils ont été parmi les premiers à reconnaître la nécessité d'avoir des lignes directrices pour ceux qui prescrivent le recours aux chiens d'assistance, et leurs sages conseils sont inestimables.
Je suis impatient de répondre aux questions du Comité, mais j'ai une demande à faire au gouvernement. Je conclurai avec cela.
Il est évident qu'il faut des normes nationales pour les chiens d'assistance au Canada. En tant qu'organisation, nous saluons et apprécions les efforts antérieurs du gouvernement du Canada pour établir ces normes par l'entremise du processus de l'Office des normes générales du Canada. Le comité a travaillé fort, mais la nécessité d'un consensus unanime s'est révélée être son talon d'Achille.
En ce qui concerne les normes, nous utilisons nos propres normes publiées, qui sont fondées sur le travail acharné de l'Office des normes générales du Canada et de provinces comme la Colombie-Britannique. Toutefois, c'est au gouvernement qu'il revient en dernier ressort de fixer des normes. Les chiens d'assistance sont une question de santé et de bien-être pour nos vétérans, nos premiers répondants et, ultimement, la population en général.
La pandémie actuelle et l'histoire nous ont appris une chose. Lorsqu'il est question de la santé des Canadiens en général et des vétérans en particulier, le gouvernement doit mener la marche.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de s'être rendus disponibles aujourd'hui et de nous avoir fait part de leur expertise et de leurs connaissances. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Je ne sais pas si vous avez pu écouter les témoignages du brigadier général Holt et du caporal Lohnes, d'Audeamus, au cours de la première moitié de la séance d'aujourd'hui, qui ont été fascinants et instructifs. Je trouve qu'il y a un certain lien et un certain recoupement avec les témoignages des professeurs Dell et Chalmers, et je veux m'y attarder un instant.
Ce que je comprends de plus en plus, c'est que la situation est très complexe. Nous devons former les entraîneurs qui dressent les chiens. Nous devons entraîner le chien, puis former le vétéran et le chien ensemble pour qu'ils s'associent avec succès. Je pense qu'il y avait des normes pour ceux qui prescrivent le recours aux chiens d'assistance. Il y a beaucoup d'éléments à prendre en compte.
Je vais revenir sur une chose dont le caporal Lohnes a parlé. Il a commencé son intervention en posant ces deux questions fondamentales: êtes-vous présent et êtes-vous en sécurité? Je regrette de ne pas avoir pu lui demander plus d'explications, mais je me demande si vous pouvez parler du fondement de cela et de la façon dont la présence d'un chien peut influer sur la réponse à ces questions.
La question s'adresse à Mme Dell ou à Mme Chalmers.
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Je vais commencer, puis je céderai la parole à Mme Chalmers.
Absolument, et ce que nous savons au sujet des chiens, c'est qu'ils vivent dans le moment présent. Les chiens sont très présents, et cela se produit aussi lorsque les vétérans sont avec eux, et nous le voyons dans toutes sortes de contextes. Même lorsque nous travaillons dans les prisons avec des chiens, nous constatons qu'ils aident les gens à être dans le moment présent.
Lorsque vous travaillez avec un vétéran et qu'un chien est présent, cela a un effet. Il y a aussi l'aspect tactile, qui a un effet calmant, et toutes les autres choses que le chien est entraîné à faire et qui ont un effet sur le vétéran.
Le chien n'est pas un truc magique qui va tout régler. Il agit en complément des autres services offerts aux vétérans, et c'est ce que nous répétons sans arrêt.
Je vais ajouter ceci avant de céder la parole à Mme Chalmers. Le bien-être du chien est absolument essentiel, et je pense que nous devons toujours partir de là, parce que nous n'avons pas affaire à un objet.
Madame Dell et madame Chalmers, votre témoignage me perturbe un peu. Je veux simplement m'assurer d'avoir bien compris.
Ce que j'ai entendu, c'est que vous n'étiez pas certaines qu'il devrait y avoir une normalisation, qu'il n'y a pas de consensus et que les chiens « ne font pas un travail uniforme ». Cependant, j'ai entendu des vétérans — et vous en avez parlé dans votre témoignage — qui n'arrivent pas à trouver un logement parce que les propriétaires n'acceptent pas leur chien d'assistance. J'ai parlé à des vétérans à qui on a donné des chiens d'assistance, mais qui n'ont pas reçu de soutien, et pour qui l'expérience a été un échec. Parfois, c'est le chien qui souffre. Parfois, c'est le vétéran qui souffre. J'ai parlé à des vétérans qui se sont fait berner. On leur a donné un chien soit-disant dressé, mais qui ne l'était pas du tout.
À mon avis, des normes nationales sont un élément important de la solution. Si nous n'avons pas cela... Je comprends que le travail que font ces chiens est unique. Je me demande si nous pourrons jamais trouver une solution, les expériences des vétérans étant tellement différentes.
Peut-être pourriez-vous clarifier cela pour moi.
Nous ne disons pas qu'il ne faut pas avoir de normes nationales du tout. Nous disons que la question est complexe et que si nous devions créer ces normes, nous devrions aussi savoir quel travail ces chiens font. Il y a des organisations de chiens d'assistance où vous obtenez un chien pour lequel il n'y a aucun entraînement à faire. On vous donne un chien qui a des compétences techniques et, avec un peu de chance, vous réussissez à développer un lien avec lui.
D'un autre côté, vous pouvez vous adresser à une organisation qui vous permet d'entraîner le chien vous-même. Vous pouvez voir la différence. Dans un cas, il s'agit de compétences techniques, et dans l'autre, d'un lien entre l'humain et l'animal, en plus des compétences techniques.
À quoi servent ces normes? S'appliquent-elles seulement à l'obéissance du chien? Voulons-nous aussi établir des normes qui traitent du lien avec le chien et du volet santé mentale des organisations qui s'occupent de l'entraînement?
Non, nous avons absolument besoin de normes. Nous ne disons pas le contraire. La question est complexe et nous nous rendons compte qu'il n'y a pas qu'une seule façon d'entraîner ces chiens. Les programmes sont très diversifiés dans leur approche.
Je n'ai pas la réponse à cette question, mais il faut reconnaître ces enjeux.
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Il y a d'abord les normes nationales que nous utilisons, ou les normes de Wounded Warriors Canada. Les chiens doivent être entraînés selon ces normes pour que l'organisation soit prise en compte. Ce n'est que la première étape.
Nous avons un processus de vérification en trois étapes. La première étape porte d'abord sur la gouvernance et les finances et toutes les choses s'appliquant à une organisation de chiens d'assistance, par exemple, s'il s'agit d'une organisation stable et fiable. Ensuite, les fournisseurs doivent démontrer leur volonté de travailler en collégialité avec d'autres fournisseurs de chiens d'assistance, ce qui, malheureusement, fait parfois défaut — pas toujours, mais dans certains cas. Un seul fournisseur de chiens d'assistance ne pourra jamais répondre aux besoins de l'ensemble du pays. Nous devons travailler en collaboration.
L'étape deux porte sur l'entraînement des chiens d'assistance et sur ce qu'il comporte. Elle porte également sur la formation en santé mentale. Au-delà de la formation en santé mentale, y a-t-il une compréhension des effets du traumatisme? C'est très différent de la sensibilisation générale à la santé mentale. Y a-t-il une compréhension du caractère unique de la culture des vétérans ou des premiers répondants? Il s'agit d'une façon de penser et d'une culture uniques qui orientent la façon d'entraîner le chien, la façon dont les chiens sont jumelés et les soins que vous prodiguez au vétéran et au chien par la suite, avec tout le suivi, etc.
Ensuite, au cours de la troisième étape, nous effectuons des visites sur place et parlons aux diplômés de leurs programmes. Le financement que nous versons au départ est conditionnel. Nous voyons comment se déroule la première phase du financement et nous suivons leur programme, mais nous avons une autre excellente ressource, à savoir que chaque mois, nous faisons des appels un peu comme celui-ci — des appels Zoom dans tout le pays — qui permettent aux fournisseurs de chiens d'assistance qui font partie de notre équipe de se parler. Ils discutent de tous les problèmes et de toutes les difficultés qui se sont présentés et que d'autres fournisseurs de chiens d'assistance ont peut-être connus aussi, surtout les fournisseurs de chiens d'assistance plus anciens ayant beaucoup plus d'expérience. Ils discutent de questions comme le remplacement des chiens et de toutes sortes d'autres questions liées aux chiens d'assistance.
Les normes sont le point de départ. La norme que nous utilisons au départ est accessible au public. Elle est sur notre site Web. N'importe qui peut la consulter.