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Nous sommes prêts, monsieur le président. Merci infiniment.
Bonjour à tous les membres du comité.
Je tiens d'abord à vous remercier de nous permettre de nous entretenir avec les membres de comité au sujet du projet de loi et des modifications qu'il apporterait à la Loi sur les normes de consommation de carburant des véhicules automobiles, qu'on trouve ici.
L'orientation que ce projet de loi pourrait prendre pourrait avoir des incidences très marquées sur nos sociétés membres, leurs usines ainsi que les produits qu'elles produisent ici et vendent au Canada.
Comme la contribution des émissions des nouveaux véhicules à l'ensemble des gaz à effet de serre de tous les secteurs au Canada représente 1 p. 100, nous estimons que cet objectif excessivement restreint de réglementation de l'économie de carburant ne réussira pas à lui seul à faire diminuer les émissions autant qu'on le croirait.
Si le gouvernement réglemente l'économie de carburant pour les modèles 2011, comme le premier ministre l'a laissé entendre il y a quelques heures, nous vous recommandons que cette réglementation s'accompagne d'une série d'initiatives stratégiques intégrées qui se renforcent mutuellement pour réduire les émissions autant qu'on s'y attend. C'est justement d'intégration que les représentants de l'industrie automobile souhaitent vous parler cet après-midi.
Au sujet du projet de loi , le secteur automobile est déterminé à fournir aux consommateurs des technologies améliorant les économies de carburant des véhicules ainsi qu'à réduire le smog et les émissions de gaz à effet de serre de façon durable. Pour réduire ces émissions de façon notable, le secteur appuie la série de mesures intégrées et détaillées qui a été proposée au Canada pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et je souligne le mot « accélérer ».
Les gaz à effet de serre qui engendrent le changement climatique, principalement du dioxyde de carbone, le principal gaz émis par la consommation automobile d'essence, ne peuvent être filtrés ou convertis grâce à la technologie seulement. Il faut plutôt réduire notre dépendance vis-à-vis les carburants non renouvelables à base de carbone et les remplacer par des carburants renouvelables propres et des technologies de propulsion avancées.
En plus de nouvelles technologies pour les véhicules, le Canada a véritablement besoin d'une stratégie intégrée favorisant des carburants plus propres et la diversification des carburants. Celle-ci devrait mettre l'accent sur les carburants renouvelables, des stratégies et des mesures d'aide en matière de fiscalité et d'infrastructure, des stratégies gouvernementales et commerciales concertées visant la flotte de véhicules, des incitatifs pour pousser les consommateurs à favoriser les technologies qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre, des mesures d'aide à la commercialisation de nouvelles technologies avancées, de même que des incitatifs pour contribuer à retirer de la circulation les vieux véhicules très polluants du Canada.
Comme pour la réduction des émissions génératrices de smog, les carburants jouent un rôle extrêmement crucial. La stratégie du Canada doit comprendre des normes de qualité pour les carburants et des incitatifs pour diversifier la dépendance du Canada envers l'essence et les autres carburants non renouvelables.
Par exemple, le Canada doit aller au-delà des politiques actuelles afin d'accélérer l'accès au carburant de type E10 et de favoriser le biodiesel E85 ainsi que les autres types de carburant pouvant réduire la production de gaz à effet de serre de plus de 50 p. 100 pour chaque véhicule. Il faut également offrir des incitatifs et de l'aide afin de mettre une infrastructure en place pour les carburants différents, pour que les consommateurs aient accès à des biocarburants comme le E85, le biodiesel et ultimement, à plus long terme, l'hydrogène.
Par exemple, même si l'on a déjà facilement accès aux véhicules polycarburants E85 et qu'il y en a environ 326 000 sur nos routes, à un coût minime ou nul pour les Canadiens, les carburants qui permettent de réaliser les réductions les plus grandes — des réductions énormes — ne sont pas disponibles.
Les stratégies sur l'alimentation des flottes gouvernementales et commerciales peuvent accélérer considérablement l'adoption de véhicules qui consomment des carburants générant moins d'émissions. Les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux devraient prêcher par l'exemple dans leurs achats, ce qui n'est pas encore le cas. Ils pourraient acheter des véhicules hybrides, des véhicules à base de carburants de remplacement et divers autres véhicules permettant de réduire la consommation de carburant ainsi que les émissions de gaz à effet de serre. Ils devraient également se doter d'une infrastructure d'alimentation en carburant et d'incitatifs à l'achat de tels véhicules pour les flottes privées. Si l'on augmentait véritablement le nombre de ces véhicules, on contribuerait beaucoup à favoriser l'utilisation de ces technologies plus tôt que prévu.
Il faudrait inciter davantage chaque consommateur à acheter des véhicules conçus selon des technologies plus coûteuses, mais permettant des économies en carburant et une réduction des émissions. Le Canada devrait coordonner ces incitatifs dans tout le pays et en adopter d'autres comme ceux qu'on trouve dans des pays comme la Suède pour favoriser l'achat de véhicules à base de carburant de remplacement à plus faible niveau d'émission, tout en mettant en place des programmes incitatifs visant à promouvoir la pléiade de technologies propres.
Certains pays ne se limitent pas à la réglementation, dans certaines circonstances, et intègrent une série d'incitatifs stratégiques favorables, qui permettent de produire partout, notamment au Brésil, des carburants à base d'éthanol pour toute la flotte du pays. C'est ce qu'a fait le Brésil il y a peu de temps.
On voit qu'aux États-Unis, par exemple, non seulement il y a des règlements, mais il y a des stratégies sur les carburants renouvelables. Celles-ci peuvent viser l'éthanol produit à base de grain, mais un jour, elles mettront l'accent sur la production cellulosique d'éthanol, qui est véritablement l'un des carburant qui génère le moins de gaz à effet de serre pendant tout son cycle de vie.
Le comportement des conducteurs, qui va de l'entretien des véhicules à la surveillance de la pression des pneus en passant par l'anti-ralenti, la vitesse et la planification des voyages, peut contribuer beaucoup à réduire la consommation de carburant. Les gouvernements devraient tenir compte des défis de l'éducation en plus de mettre l'accent sur des mesures visant à améliorer l'infrastructure afin de réduire la congestion des routes et offrir des modes de transport en commun plus attirants.
Comme vous le savez tous, l'industrie automobile et nous-mêmes, soit les sociétés membres de l'ACCV ou de l'AFIAC, dont des représentants sont ici avec nous, ont signé une entente volontaire afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre des véhicules de 5,3 millions de tonnes d'ici 2010. Nous sommes le seul secteur d'envergure à l'avoir fait. Nous sommes bien partis pour atteindre ces objectifs, tout comme nous nous conformons aux 14 autres initiatives volontaires et non réglementées du gouvernement fédéral.
Le Premier ministre a également dit aujourd'hui que le temps des initiatives volontaires était révolu, ce qui laisse entendre en quelque sorte qu'elles sont un échec. Je crois que c'est tout le contraire. Bon nombre des ententes volontaires que notre industrie a signées ont été très fructueuses et ont permis d'atteindre les objectifs politiques mutuels que le gouvernement et l'industrie se sont fixés.
Il y a d'autres changements qui s'opèrent en Amérique du Nord, depuis que les États-Unis ont réformé leurs normes d'économies moyennes de carburant pour les entreprises (les normes CAFE). Le président Bush en a parlé il y a deux semaines. Si on les adoptait au Canada, on nous imposerait des normes plus sévères et difficiles que celles qui s'appliquent actuellement aux véhicules vendus au Canada.
Le projet de loi propose un nouveau règlement sur la consommation de carburant applicable à partir de 2011. L'industrie favorisera l'adoption de normes nord-américaines communes pour l'économie de carburant, qui tiennent compte de la nature hautement intégrée de l'industrie automobile du Canada et des États-Unis. Encore une fois, il s'agirait d'adopter des normes comparables aux nouvelles normes CAFE des États-Unis. Si nous les adoptons, en plus d'une stratégie intégrée, comme je l'ai déjà souligné, nous croyons que le Canada peut atteindre ses objectifs d'émissions après 2010 en plus d'assurer le dynamisme du secteur de la fabrication automobile et du marché des consommateurs canadiens.
Notre industrie génère environ 140 000 emplois directs et quelque 500 000 emplois directs et indirects. Il importe que nous envisagions des mesures réalistes et économiquement viables, compte tenu de la contribution de notre industrie à l'économie.
Je vais vous parler un peu des facteurs de réussite.
Les solutions réglementaires sur l'approvisionnement axées seulement sur les économies de carburant échoueront si elles ne s'assortissent pas de stratégies connexes détaillées et ciblées sur les carburants, les flottes et les consommateurs. Après tout, les émissions de gaz à effet de serre des véhicules ne dépendent pas seulement de la technologie utilisée dans le véhicule, mais également du remplacement des véhicules, de leur qualité, du type de carburant utilisé, des comportements des conducteurs et des distances parcourues. Nous devons nous doter de normes nationales harmonisées, comme nous l'avons fait avec succès pour les émissions génératrices de smog.
Il y a également le risque de ventes transfrontalières ou de fuites, si l'on veut, qui pourrait avoir des conséquences au Canada si nous n'adoptons pas de stratégie réglementaire harmonisée. Comme je viens de le mentionner, les nouvelles normes CAFE des États-Unis s'appliquent déjà et rendront les règles beaucoup plus sévères, sans toutefois mettre la sécurité en péril sur le plan technique.
Il est essentiel de nous doter de solutions prudentes, durables et technologiquement réalisables pour éviter que notre secteur de la fabrication subisse des conséquences économiques non intentionnelles, étant donné qu'il est déjà en transition constante dans le contexte international. Nous nous battons déjà tous les jours pour nos emplois au Canada, pour obtenir de nouveaux mandats, pour attirer des investissements au Canada. C'est un effort de tous les jours dans notre industrie.
Au sujet des solutions, les réformes en cours aux États-Unis pour améliorer les normes CAFE posent des défis de taille à notre industrie automobile qui continue de viser l'équilibre entre la faisabilité technique, l'abordabilité, la sécurité et l'emploi. En veillant à l'harmonisation constante que nous garantirait une norme nord-américaine dominante, c'est-à-dire la nouvelle norme CAFE, le Canada s'imposera une norme encore plus sévère en raison du profil d'achat de véhicules particulier du Canada, puisqu'ici, on tend de plus en plus à acquérir de petits véhicules à faible consommation de carburant. Autrement dit, 30 p. 100 de notre flotte, soit des véhicules qu'on achète au Canada, se trouve dans la catégorie des compactes et des sous-compactes.
Le Canada est également un endroit clé pour la recherche et le développement en ingénierie et en fabrication de technologies vertes pour les véhicules. Il se démarque par le leadership du Québec dans les matériaux de construction légers pour les véhicules, ainsi que le développement et la fabrication au Canada en général de piles à combustible, de batteries et d'éthanol cellulosique. Ce sont déjà nos forces.
Le Canada devrait envisager des stratégies pour renforcer et accélérer le rôle du Canada dans la recherche et la commercialisation de technologies vertes pour les véhicules. Vous avez peut-être déjà entendu aujourd'hui qu'il y avait un comité de l'industrie rassemblant tous les secteurs qui a proposé une série de recommandations fondées sur un rapport consensuel, lesquelles visent toute à rendre notre industrie plus novatrice et concurrentielle. Quand je parle d'industrie, je ne pense pas seulement à l'industrie automobile, mais à tous les secteurs.
Bien que les émissions génératrices de smog aient diminué de 99 p. 100 dans les nouveaux véhicules — je répète : de 99 p. 100 — il reste plus d'un million de véhicules de 20 ans ou plus sur les routes canadiennes, qui utilisent des vieilles technologies et produisent environ 37 fois plus d'émissions génératrices de smog que les nouveaux véhicules ultrapropres d'aujourd'hui. Le Canada devrait, à notre avis, offrir des incitatifs aux conducteurs de vieux véhicules pour qu'ils retirent leurs véhicules de la circulation et envisagent des solutions de rechange plus propres, comme les nouveaux véhicules ultrapropres ou le transport en commun.
Monsieur le président, j'espère avoir réussi à vous exhorter, vous et les membres de ce comité, à envisager des solutions pouvant vraiment réduire les émissions. La stratégie intégrée et détaillée que je favorise comprend certes l'adoption de nouvelles technologies pour les véhicules, parce que c'est notre responsabilité, mais également un plan intégré pour les carburants et la diversification des carburants, les taxes et l'infrastructure d'accès au carburant, les incitatifs, la coordination des stratégies d'achat pour les flottes commerciales et gouvernementales. Imaginez le pouvoir d'achat qu'on pourrait acquérir si les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux coordonnaient leurs stratégies d'achat.
Il est également très intéressant de constater qu'il ne semble même pas y avoir de stratégie d'achat concertée pour l'acquisition de véhicules écologiques applicable à tous les ministères fédéraux, par exemple.
Nous estimons fondamental d'offrir aux consommateurs des incitatifs favorisant les technologies qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre, d'appuyer la commercialisation de nouvelles technologies avancées et d'inciter les conducteurs à retirer de la circulation les vieux véhicules les plus polluants, comme je l'ai déjà mentionné.
Selon nous, nous accélérerions beaucoup le progrès si nous nous dotions d'un plan intégré pratique visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre grâce à des technologies, à des carburants et à des flottes qui y contribueraient tous à l'unisson, comme je l'ai expliqué aujourd'hui. Si nous misons plutôt sur des chiffres arbitraires fondés sur l'économie des carburants de la côte Ouest, qui ne semble pas avoir de fondement technique ni économique valide autre que la volonté de dissocier le Canada de la solution sectoriale intégrée dont nous avons tellement profité depuis que nous avons signé le Pacte de l'automobile, en 1965, nous ferons rien de moins que de mettre l'industrie automobile de l'Ontario en péril.
Monsieur le président, compte tenu du temps dont nous disposons, je vais m'arrêter là, mais je suis tout disposé à répondre aux questions des membres du comité.
Merci.
J'ai apporté environ 25 ou 30 exemplaires de mon mémoire. Je vais simplement en présenter les grandes lignes plutôt que de prendre beaucoup de temps.
Je tenais à souligner qu'Enquête pollution travaille au dossier de la consommation de carburant des véhicules depuis au moins dix ans, mais surtout depuis deux ou trois ans.
J'ai trois grands arguments à faire valoir. Je vais commencer par vous les présenter, puis je vous en expliquerai les fondements. Le premier, c'est que le Canada devrait rejoindre le peloton des pays chefs de file dans l'élaboration et la mise en oeuvre d'une norme obligatoire sur la consommation de carburant des véhicules. Je mets l'accent sur le mot obligatoire. Elle ne serait pas volontaire. Nous pourrons en parler.
Nous devons trouver la bonne façon de procéder. Le processus d'élaboration ne doit pas être long. Nous estimons que nous pourrions y arriver en 12 à 18 mois et publier une norme dans la gazette d'ici 2008, afin qu'elle soit en vigueur à la date d'échéance du PE du secteur automobile qui s'applique en ce moment, c'est-à-dire qu'elle s'applique aux modèles 2011.
Enfin, nous sommes d'accord avec ce que Marc vient de dire sur la nécessité de mobiliser massivement et d'éduquer le public canadien à ce sujet. Pour cela, nous devons coordonner l'élaboration d'une norme et sa mise en oeuvre. Le consommateur joue un très grand rôle dans l'évolution du marché.
Bien sûr, je n'ai pas à rappeler la gravité du problème aux membres du comité, compte tenu de la publication récente du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat et des enjeux économiques présentés dans le rapport Stern; je n'en parlerai donc pas. Je parlerai plutôt des mesures à prendre pour améliorer la consommation de carburant des véhicules motorisés et ainsi nous ouvrir à milles possibilités.
Il n'y a aucun doute à notre avis que nous avons déjà la technologie pour améliorer grandement la consommation de carburant tout en préservant les attributs essentiels auxquels les gens accordent de la valeur dans les véhicules. Cette technologie s'améliore constamment, et nous pensons qu'elle présentera des débouchés encore plus grands dans l'avenir.
Le premier argument, c'est qu'il n'y a pas d'obstacle technique à l'amélioration de la consommation de carburant des véhicules motorisés. Nous avons envoyé à tous les députés une copie de notre rapport de 2005 sur les normes de consommation de carburant des véhicules au Canada. Nous pensons qu'il n'y a pas véritablement d'obstacle technique qui nous empêche de les respecter.
Nous pensons aussi que le public est prêt pour des normes de consommation de carburant. Nous pouvons certainement citer divers sondages, dont celui que le Strategic Counsel a réalisé pour le Globe and Mail, celui du Centre de recherche Décima, celui de Léger Marketing et d'autres. Les Canadiens estiment que le gouvernement doit prendre des règlements pour améliorer la consommation de carburant des véhicules, et dans au moins un sondage, ils mettent cette mesure au sommet de leur liste de mesures pour lutter contre le changement climatique.
Nous pouvons tabler sur l'expérience acquise aux États-Unis au chapitre des normes de consommation de carburant des véhicules, ainsi que sur diverses initiatives internationales. Encore une fois, les députés savent sans doute que le choc est pétrolier du début des années 70 a mené les États-Unis à se doter de normes d'économies moyennes de carburant pour les entreprises, qui ont véritablement permis de doubler les économies de carburant par passager entre 1975 et 1985. En 2002, la National Academy of Sciences estimait, dans un rapport, que le pays économisait 2,8 millions de barils d'essence par jour grâce à ces normes, en comparaison avec la consommation prévue en leur absence. Cela représente environ 100 mégatonnes de dioxyde de carbone. L'académie a également calculé que les normes CAFE généraient des profits cumulatifs de 40 à 80 milliards de dollars américains et n'a trouvé aucune preuve que ces normes avaient eu une grande incidence sur les taux d'emplois dans l'industrie.
Bien sûr, aux États-Unis, et du même coup au Canada, les économies de carburant ont cessé d'augmenter considérablement dans les flottes automobiles lorsque les normes CAFE ont cessé de s'appliquer en 1985. Aux États-Unis, l'Agence de protection environnementale prévoit que les voitures et les camions des modèles 2006 constitueront l'ensemble de véhicules les plus lourds, les plus rapides et les plus puissants jamais vus, mais qu'on ne s'attend à aucune économie de carburant en comparaison avec les modèles 2005, malgré la hausse du prix de l'essence. On s'attend à ce que la flotte de 2006 ait un rendement énergétique de 4 p. 100 inférieur à celui de la flotte d'il y a 20 ans. Au Canada, bien sûr, il n'y a pas de norme réglementée, mais nous suivons quelque peu les tendances américaines.
Hors de l'Amérique du Nord, d'autres pays prennent des mesures importantes pour améliorer la consommation de carburant et réduire les émissions de gaz à effet de serre. En Europe, les constructeurs automobiles se sont engagés volontairement à réduire les émissions de gaz à effet de serre d'environ 25 p. 100 d'ici 2008. Bien que certains constructeurs soient sur la bonne voie, beaucoup ne le sont pas, et on s'attend à ce que l'industrie dans son ensemble ne réussisse pas à respecter cet engagement volontaire, ce qui pousse la Commission européenne à envisager sérieusement d'établir une cible obligatoire pour 2012.
Au Japon, les constructeurs d'automobiles sont en avance pour respecter leur engagement de réduire la consommation de carburant d'environ 23 p. 100 d'ici 2010. Ils sont d'ailleurs en train de mettre la touche finale à une seconde série d'objectifs de réduction, et l'on s'attend à ce qu'ils s'imposent des réductions de consommation de carburant de 23,5 p. 100 de plus d'ici 2015.
Cela nous donne une idée de l'ampleur de ce qui se passe là-bas.
La Chine est en train de mettre en oeuvre tout un train de mesures. L'Australie a commencé à réduire sa consommation de carburant. En Californie, bien sûr, nous savons que les normes fixées visent des réductions des émissions d'environ 30 p. 100 d'ici 2016 pour les nouveaux véhicules, et dix États se préparent à imiter la Californie si ces normes entrent en vigueur.
On a déjà étudié les coûts réels de la conformité aux règlements, aux règlements environnementaux en général et dans le secteur automobile en particulier. Je cite un rapport du Conseil de la défense des ressources naturelles des États-Unis, qui a conclu que l'industrie automobile et ses alliés estimaient les coûts réels de la conformité aux normes de deux à dix fois plus élevés que les coûts réels, alors que les organismes de réglementation surestiment habituellement ces coûts au double.
Comme je l'ai dit au début, Enquête pollution recommande que le Canada se dote de normes de consommation de carburant de calibre mondial au cours des 12 à 18 prochains mois. Pour être de calibre mondial, ces normes doivent se comparer à celles des chefs de file dans le monde. La norme de la Californie n'est pas la plus stricte au monde, mais c'est une norme repère qu'il vaut la peine de prendre en considération, et il y en a d'autres.
Nous pensons que notre norme devrait être publiée dans la gazette d'ici 2008 pour qu'elle s'applique aux modèles de 2011. Pour faire écho à ce que Mark a proposé, nous pensons qu'il faut prévoir une suite de mesures complémentaires en parallèle pour aider le Canada à respecter cette norme et à réduire davantage ses émissions. Par « mesures complémentaires » nous entendons des mesures comme l'étiquetage de la consommation de carburant; des programmes d'information et de sensibilisation des consommateurs; des programmes de retrait pour accélérer le remplacement des vieux véhicules polluants; des incitatifs et des mesures pour faire entrer des technologies plus propres sur le marché; enfin, un soutien à la recherche et au développement sur les technologies automobiles propres.
Autrement dit, cette norme ne suffit pas en soi. Elle doit être adaptée au marché, aux circonstances et aux débouchés canadiens, mais être avant-gardiste plutôt que défensive. Il ne faut pas simplement essayer de faire la même chose que ce que vient d'annoncer le gouvernement fédéral des États-Unis. Nous devons veiller à nos propres intérêts, nous demander quels sont nos débouchés et tirer le plus d'avantages socioéconomiques possible de cette norme, mais travailler résolument vers un leadership très clair en vue de l'établissement d'une norme.
En ce moment, le Canada a l'obligation d'agir en ce sens, de partager son savoir-faire et de mettre en place une très bonne norme. Le public exige du leadership de la part des gouvernements, et nous pensons que le public s'apprête à exiger des chiffres et des cibles concrets plutôt que des discussions générales sur l'orientation à prendre. Nous exhortons toutes les parties à s'entendre dans le cadre de ce processus sur la nécessité d'une norme, sur des cibles et sur des échéances.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité, de me permettre de comparaître aujourd'hui pour présenter le point de vue de notre syndicat.
Je suis ici pour parler au nom d'environ 150 000 personnes qui travaillent directement dans l'industrie ainsi que des dizaines de milliers d'autres qui occupent un emploi dans des industries reliées, et qui comptent sur le bon fonctionnement du système de production de la plus importante industrie canadienne pour conserver leur emploi.
Permettez-moi d'affirmer d'emblée qu'en ce qui concerne la Loi sur la qualité de l'air, le projet de loi C-30, j'estime que le comité et le gouvernement ont le devoir, comme mes collègues l'ont dit, de renforcer leur engagement envers la durabilité de l'environnement. Notre syndicat a appuyé l'accord de Kyoto lorsqu'il a été présenté; nous demeurons favorables au principe des obligations internationales et croyons que c'est la seule solution possible pour s'attaquer au réchauffement planétaire et réduire les gaz à effet de serre. Bien que les objectifs soient beaucoup plus difficiles à atteindre que prévu, nous continuons de penser que c'est la seule voie à suivre collectivement pour la communauté des nations.
Il y a environ trois semaines, j'ai lu dans le magazine Time qu'au Japon, y compris à Kyoto, où l'accord a été conclu, les émanations de gaz carbonique avaient connu une hausse de 8 p. 100 malgré les grands efforts déployés par les Japonais. Ceux-ci ont encore un problème, qui est bien plus important que le nôtre.
J'aimerais dire aux membres du comité que c'est un problème humain, à cause de l'influence qu'a l'environnement sur les Canadiens et sur nos voisins. C'est également un problème humain en raison des effets que cela entraîne pour les travailleurs de l'industrie automobile.
Les grands manufacturiers qui investissent dans ce secteur sont General Motors, Ford et Chrysler. Année après année, ils comptent pour 80 p. 100 des sommes investies au Canada dans le secteur automobile. Ils fournissent 80 p. 100 des emplois et achètent environ 85 p. 100 des pièces automobiles fabriquées par les manufacturiers traditionnels établis principalement en Ontario et au Québec, et par quelques petites entreprises d'autres provinces. Tous luttent pour leur survie. En 2006 et en 2007, ils auront perdu gros avec leurs usines nord-américaines. À la fin de 2006, Ford a annoncé des pertes de 12,7 milliards qui se sont ajoutées à celles de l'année précédente; et elle a indiqué qu'elle ne pourrait s'en relever avant 2009. Peu importe les mesures que nous déciderons de prendre, elles ne doivent pas être contraignantes au point de miner la capacité de survie d'entreprises déjà fragiles qui fournissent des emplois.
J'aimerais réaffirmer les propos de mon collègue de l'ACCV, à savoir que notre industrie peut être tenue responsable d'environ 12 p. 100 des gaz à effet de serre, mais que si l'on considère les véhicules fabriqués au cours des deux ou trois dernières années, cela représente plutôt 1 p. 100. Si nous pouvions nous débarrasser de tous les véhicules fabriqués il y a plus de cinq ans, l'industrie n'aurait même plus à parler de respect des engagements. Nous sommes toujours disposés à travailler avec le gouvernement et les autres intervenants pour faire encore mieux.
Selon nous, le gouvernement devrait instaurer des normes destinées à encourager les améliorations écologiques dans l'industrie automobile. Ces normes devraient être réalistes, efficaces et contraignantes tout en renforçant l'industrie automobile canadienne. D'autres pays dans le monde appliquent des normes plus strictes, mais nous pouvons en tirer des enseignements. En effet, ils adoptent des normes qui renforcent leur industrie. Chaque pays est différent. Les façons de faire des nations européennes, de l'Asie ou des États-Unis ne sont pas uniformes. Nous en avons des exemples, que je ne citerai pas. Mais si quelqu'un veut poser une question là-dessus, monsieur le président, je serai heureux de lui répondre.
J'aimerais parler maintenant de quelques problèmes qui nous ont donné du fil à retordre. En ce moment même, nos principaux concurrents, qui nous font très mal, sont le Japon, la Corée du Sud et la Communauté européenne. Ces pays veulent construire leurs produits pour les vendre en Amérique du Nord — le marché le plus ouvert au monde —, mais ne veulent pas acheter nos véhicules. Les rares fois où cela se produit, on compense par des exportations. Moins de 5 p. 100 des véhicules vendus au Japon sont fabriqués à l'étranger : on ne peut pénétrer le marché japonais et en franchir les barrières commerciales, à moins que des gens fortunés soient prêts à payer le prix fort pour acheter un véhicule très coûteux. En Corée, cette proportion est inférieure à 3 p. 100, tandis que dans la Communauté européenne, elle est de 12 p. 100.
En 2006, la Communauté européenne a importé environ 2,7 millions de véhicules, ce qui représente 12 p. 100, mais elle en a exporté 3,3 millions, ce qui fait d'elle un exportateur net.
Au cours des 25 dernières années, l'industrie automobile canadienne a été la meilleure au monde, du point de vue de la qualité, des coûts, de la productivité et de la rentabilité. Nous répondons à toutes les normes. Cette année, nous enregistrerons le premier déficit en 20 ans, faute d'une reconnaissance de nos problèmes par le gouvernement. Ainsi, quand il élabore des normes et en discute, le gouvernement doit tenir compte des effets qu'elles auront sur les emplois des travailleurs de l'industrie canadienne.
Nous sommes favorables à de nouvelles normes d'économie de carburant établies en tenant compte des forces et faiblesses de notre industrie automobile canadienne, et qui reconnaissent l'influence du marché américain sur notre production. Nous sommes le seul pays dont l'industrie automobile est pleinement intégrée à celle d'un autre pays dont le marché et la production sont 90 p. 100 supérieurs aux nôtres. Nous sommes également pour l'établissement de normes par catégories de marché qui favorisent et récompensent les progrès technologiques plutôt que de privilégier les produits de substitution.
Grâce à notre développement, attribuable au Pacte de l'automobile de 1965, nous construisons les principaux gros véhicules — mini-fourgonnettes, VUS hybrides, camionnettes et grandes voitures — en grande majorité expédiés aux États-Unis. Monsieur le président et chers membres du comité, les deux tiers des 2,5 millions de véhicules construits au Canada en 2006 étaient des grands véhicules.
Plus de 80 p. 100 des moteurs que nous fabriquons au pays sont des huit cylindres, le reste étant des six cylindres. Nous ne faisons pas de moteurs à quatre cylindres. Adapter une usine de fabrication de moteurs huit cylindres pour qu'elle produise des quatre cylindres nécessiterait un investissement d'au moins un milliard, et encore faudrait-il qu'il y ait un marché pour ce type de moteurs, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. On ne peut ignorer ces facteurs.
Malgré nos fortes ventes de l'année dernière, notre production a chuté d'environ 4 p. 100, passant d'un sommet de plus trois millions d'unités en 1999 à moins de 2,5 millions l'an dernier. Depuis ce point culminant, nous avons perdu chaque année plus de 500 000 véhicules, soit 17 p. 100 de notre production, même en l'absence de normes contraignantes que l'industrie ne peut respecter.
Nous perdons des emplois dans le secteur de l'assemblage. Nos effectifs ont diminué de 6 000 par rapport au sommet de 1999, et dans le secteur des pièces automobiles, nous avons perdu autour de 7 000 postes. En outre, nous prévoyons que des milliers d'autres seront supprimés cette année. Jeff Watson vous confirmera qu'à Windsor, 2 000 personnes travaillent pour Ford, et la semaine prochaine, Chrysler fera une annonce qui aura un impact majeur sur les usines de Windsor et Brampton. Notre industrie vit donc une période terriblement difficile.
Je vais conclure avec la proposition de notre syndicat, monsieur le président. Nous sommes favorables à des normes en matière d'économie de carburant, de même qu'à des normes obligatoires d'efficacité énergétique. En 2003, nous nous sommes ralliés à l'un des partis politiques ainsi qu'à un membre important de la communauté environnementaliste pour signer un engagement en vue d'accroître de 25 p. 100 l'efficacité énergétique d'ici 2010, pour l'année modèle 2011.
Nous sommes toujours favorables à cet objectif de 25 p. 100, mais il doit viser toutes les catégories de véhicules. Son application ne peut faire en sorte que les compagnies qui produisent des moteurs ou des véhicules de petite taille soient favorisés par rapport à ceux qui en fabriquent de gros. Si l'objectif s'applique tant aux petits véhicules qu'aux grandes automobiles, VUS et mini-fourgonnettes, nous serons tous sur un pied d'égalité. Nous croyons pouvoir atteindre cette cible d'ici 2014, si mon collègue d'Enquête pollution a dit vrai et qu'on dispose de la technologie.
Il faudrait contraindre l'industrie en ce sens. Le gouvernement devrait également avoir assez de souplesse pour reconnaître que l'industrie a fait de son mieux et est engagée dans la bonne voie, mais que cela peut prendre un peu plus de temps. Cependant, je crois que c'est réalisable.
En ce qui concerne le renouvellement du parc automobile, je ne reviendrai pas là-dessus.
Pour ce qui est de retirer les vieux véhicules de la circulation, j'ai soulevé la question auprès de M. Flaherty. Il existe des programmes incitatifs de rénovation des maisons, que ce soit pour changer portes et fenêtres ou réduire, par toutes sortes de moyens, la consommation d'énergie. Le même principe s'applique ici.
Le moyen le plus rapide de réduire les gaz à effet de serre au Canada serait d'instaurer un vaste programme pour mettre les vieux véhicules au rancart. À mon avis, on devrait exiger de l'industrie qu'elle offre des incitatifs. General Motors le fait déjà pour les véhicules de plus de 20 ans. Si vous envoyez un véhicule à la ferraille — je dis bien à la ferraille, pour qu'il ne puisse pas se retrouver chez un vendeur de voitures usagées —, l'entreprise vous accordera un incitatif de 1 000 $, sans parler des autres programmes existants.
Par ailleurs, nous proposons l'instauration d'un nouveau régime de rabais appelé programme de Transition à la voiture verte. Il s'appliquerait à chaque constructeur qui vend sur notre marché, en fonction de ses ventes canadiennes totales. Nous proposons que ce rabais soit de 500 $ par véhicule. Il serait récupéré par les entreprises qui investissent au Canada dans des technologies automobiles vertes.
Enfin, la réduction des gaz à effet de serre implique la réduction de la quantité de combustibles fossiles que nous consommons. En plus d'une efficacité énergétique accrue et de nouvelles technologies, il nous faut une stratégie en matière de transports qui aura pour effet d'accroître la disponibilité et l'utilisation de combustibles de remplacement ou renouvelables, en plus de réduire l'utilisation des véhicules dans son ensemble. Pour ce faire, des investissements massifs sont nécessaires dans les carburants propres et de remplacement, les transports en commun, le transport ferroviaire et d'autres moyens d'alléger le trafic routier.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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En fait, je représente aussi le Réseau d'action face aux changements climatiques à titre de directeur exécutif; j'occupe donc deux fonctions.
Je tiens d'abord à vous remercier de cette occasion qui m'est donnée de faire valoir le point de vue du Réseau d'action face aux changements climatiques. Nous sommes une organisation qui regroupe plus de 50 organismes environnementaux, syndicaux, religieux et autochtones et qui a été fondée en 1989 afin d'attirer l'attention sur l'impact des changements climatiques et de contribuer à l'élaboration de politiques, de pratiques et de règlements visant la réduction des gaz à effet de serre.
Je sais que la séance d'aujourd'hui porte sur les transports, aussi vais-je formuler des recommandations particulières concernant la Loi sur les normes de consommation de carburant des véhicules automobiles. J'aimerais toutefois rappeler au comité que le Réseau d'action face aux changements climatiques Canada lui a remis une liste de recommandations concernant les changements nécessaires au projet de loi , dont nous espérons que vous tiendrez compte dans le cadre de vos travaux.
Le récent rapport du GIEC indique très clairement qu'il se produit des changements climatiques, et que ceux-ci sont attribuables aux activités humaines. En tant que gardiens de la terre, nous avons tous le devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire le plus rapidement possible les émissions de gaz à effet de serre. Je rappelle également au comité que le Canada a signé un accord exécutoire qui l'engage à respecter toutes les conditions du Protocole de Kyoto. Il n'est pas question de sélectionner les quelques articles qui nous arrangent pour prétendre ensuite nous y conformer pleinement. La cible de réduction de 6 p. 100 des gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990 est une promesse que nous avons faite, pas seulement au monde d'aujourd'hui, mais à celui de demain. Donc, les Canadiens nous regardent et demandent qu'on prenne des mesures concrètes. J'espère que, grâce à ce comité, nous assisterons à de réels efforts de changement.
Avant d'aborder la question des voitures, j'aimerais dire que le projet de loi n'est qu'une partie de la solution et que, pour reprendre la remarque faite plus tôt, il nous faut une approche globale face aux changements climatiques et aux transports. Je formulerai des recommandations particulières concernant la Loi sur les normes de consommation de carburant des véhicules automobiles, mais elles devront s'insérer dans le contexte d'un programme élargi visant à promouvoir une meilleure utilisation des transports dans toute l'économie canadienne.
Je tiens également à souligner que l'industrie automobile s'oppose depuis longtemps à n'importe quelle réglementation proposée. Si nous avions suivi son avis, aujourd'hui, nous n'aurions ni ceintures de sécurité, ni pare-chocs à absorption d'énergie, ni coussins gonflables, ni convertisseurs catalytiques. Au fil du temps, l'industrie a prétendu que rien de tout cela n'était possible ou justifié sur le plan économique, et voilà que nous entendons encore des arguments du même genre.
Il a constamment fallu imposer des règles à l'industrie. Les règlements relatifs aux économies de carburant sont entrés en vigueur au cours des années 1980, il est fort intéressant d'entendre M. Hargrove expliquer l'état actuel du secteur automobile en Amérique du Nord. Je sais que ce n'est pas le cas pour tout le monde, mais je suis assez âgé pour me rappeler la fin des années 1970, et la situation actuelle décrite par M. Hargrove est exactement la même que celle de 1979. À l'époque, le gouvernement américain avait proposé des normes d'économies de carburant; l'industrie avait répliqué qu'elle ne pouvait les appliquer, que c'était injuste. Les entreprises ne voulaient pas appliquer des normes qui étaient les mêmes pour tous. À cause de la crise pétrolière qui faisait rage, le gouvernement américain est allé de l'avant et, en conséquence, les économies de carburant ont augmenté de 100 p. 100 en dix ans.
Depuis 1990, nous avons observé une amélioration de seulement 7 p. 100 environ en matière de réduction de la consommation de carburant, malgré le financement considérable consenti par le gouvernement canadien, et en bonne partie par celui des États-Unis, pour aider l'industrie à développer des technologies favorisant une efficacité énergétique accrue. Mais cet argent n'a pas été utilisé à bon escient.
On peut également trouver des déclarations du président de Chrysler, au début des années 1980, qui rappelle à l'industrie que les normes d'économie de carburant ont probablement sauvé l'entreprise. Souvenez-vous qu'en 1979, Chrysler était au bord de la faillite, et avait dû être renflouée par le Congrès américain. Mais les normes d'économies de carburant l'avaient contrainte à repenser ses véhicules pour passer des grandes voitures énergivores à celles de modèle K, qui se sont transformées à leur tour en minifourgonnettes, les véhicules à l'origine du retour en force de Chrysler ces 20 dernières années. Donc, je crois pas qu'il faille s'inquiéter outre mesure de l'état actuel de l'industrie, car nous savons que par le passé, la réglementation a, dans les faits, amélioré son sort au lieu de lui nuire.
Je vais déposer auprès du greffier le chapitre d'un rapport intitulé The Initial Statement of Reasons, publié en août 2004 par le California Air Resources Board. Dans ce chapitre figure la liste complète de toutes les technologies disponibles ainsi qu'une étude des facteurs de coût ayant amené le gouvernement californien à la conclusion que les normes qu'il proposait pour 2009 étaient réalisables, tant sur le plan économique que technique.
Si l'on jette un regard rétrospectif sur les 50 années d'expérience du California Air Resources Board pour la réglementation des véhicules, on constate qu'il a été établi à maintes reprises que ses estimations quant aux coûts réels associés au respect de la réglementation sont beaucoup plus près de la réalité que celles de l'industrie. J'aimerais donc simplement que cela soit porté au compte rendu.
Pour ce qui est plus précisément de la Loi sur les normes de consommation de carburant des véhicules automobiles, je n'ai pas besoin de vous rappeler qu'elle a été adoptée en 1981, mais n'a jamais été promulguée. Le gouvernement a proposé que cela soit fait dans le cadre de l'adoption du projet de loi et que cette loi entre donc en vigueur. Malheureusement, cette loi ne précise pas expressément les mesures prises; elle se contente d'accorder au ministre le pouvoir d'établir un objectif. Nous sommes d'avis que votre comité devrait apporter quelques changements à cette loi et, notamment, fixer l'objectif initial. Je vais vous dresser une liste de ces changements.
Premièrement, on devrait laisser tomber la notion de catégorie de véhicules et établir un objectif combiné pour les voitures et les camions légers. Nous voulons réduire la consommation de carburant pour l'ensemble de la flotte, et non pas pour les véhicules des différentes catégories. L'application d'un système de catégories donne lieu à l'emploi de stratagèmes, comme on a pu le constater aux États-Unis. Il s'agit d'ajouter quelques centaines de livres au poids d'un véhicule pour le faire grimper dans une catégorie supérieure. Nous voulons éviter ce type de manipulations. Nous préconisons donc un objectif combiné. Nous voulons qu'il soit inscrit dans la loi que les modèles 2011 devront consommer un maximum de 6,7 litres par 100 kilomètres, ce qui permettra des économies de carburant pour l'ensemble de la flotte. Nous vous demandons d'insérer dans cette loi un article qui exigera à partir de cette date une amélioration annuelle de 4 p. 100, de telle sorte que la flotte de véhicules devra être perfectionnée sans cesse. Ce sera l'une des exigences que devront respecter les constructeurs d'automobiles.
Nous aimerions également que vous ajoutiez à cette loi — et je crois que M. Nantais sera d'accord avec cette suggestion — une disposition précisant que les entreprises canadiennes peuvent se conformer aux règles applicables aux États-Unis, lorsque celles-ci ont un effet équivalent.
Nous souhaiterions que vous demandiez au gouverneur en conseil d'établir des normes d'économie de carburant pour les camions de poids moyen. En effet, ceux-ci constituent l'une des sources d'émissions connaissant la croissance la plus rapide au Canada. Il s'agit des camions de livraison diesel que l'on peut voir circuler en ville. Leurs arrêts fréquents en font des candidats idéaux pour le recours à des systèmes hybrides. Ces camions fonctionnent au diesel et ne sont assujettis à aucune réglementation. Nous apprécierions en outre que le gouverneur en conseil puisse établir des normes de consommation de carburant pour les camions de gros tonnage. Pour ces deux catégories de camions, il faudrait également intégrer une amélioration annuelle de 4 p. 100 pour l'avenir.
Ainsi, nous pourrions régler la question dès maintenant et discuter des détails à une date ultérieure. Nous pourrions dès lors compter sur un système dans le cadre duquel le secteur de l'automobile serait tenu d'améliorer constamment ses produits et son efficience. C'est une démarche absolument nécessaire. Le gouvernement est conscient qu'il doit fixer un objectif à long terme en prévision de 2050. Pourquoi alors ne pas établir ce système de réduction progressive sur lequel il ne serait pas nécessaire de revenir à tous les cinq ou dix ans pour reprendre toujours les mêmes débats.
Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Merci beaucoup.
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Je tiens à vous remercier, monsieur le président ainsi que tous les membres du comité, de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. Je veux remercier tout spécialement M. Watson et M. Godfrey pour les dispositions qu'ils ont prises afin que je puisse témoigner.
Nous croyons qu'il est aussi important de faire entendre notre côté de la médaille étant donné que la réglementation de l'industrie automobile est une question de conformité du produit, plutôt qu'un problème de source fixe d'émissions, comme c'est le cas pour d'autres industries.
Pour situer un peu notre regroupement, je vous dirais qu'en 2006 les 13 membres de l'Association des fabricants internationaux d'automobiles du Canada, qui viennent d'Europe, de Corée et du Japon, ont vendu plus de 733 000 véhicules neufs au Canada, ce qui représente 45,5 p. 100 de ce marché au pays. En outre, nos membres ont vendu 61 p. 100 des véhicules de tourisme achetés au Canada, totalisant pas moins de 50,5 p. 100 de l'ensemble des ventes aux consommateurs.
Parallèlement à la croissance de leurs ventes, nos membres ont intensifié leurs investissements et leurs engagements en matière de création d'emplois au Canada. Ainsi, ils sont responsables de 77 000 emplois directs et indirects au sein de l'économie canadienne.
Ils ont investi plus de 6 milliards de dollars dans leurs installations de fabrication seulement. La production annuelle a atteint un niveau record de 900 839 véhicules neufs en 2006. De ce nombre, plus de 697 000, soit 77 p. 100, ont été exportés.
Il est important de noter qu'une plus forte proportion des véhicules construits par nos membres au Canada sont vendus à des Canadiens. Par exemple, 56 p. 100 des véhicules fabriqués par Honda Canada sont vendus à des citoyens du pays. Pas moins de 84 p. 100 des véhicules vendus en Amérique du Nord par Honda sont construits sur le continent.
Pour ce qui est des émissions de PCA et de gaz à effet de serre, même si le nombre de véhicules sur nos routes va continuer d'augmenter, comme le signalait M. Nantais, les véhicules plus âgés seront remplacés par de nouveaux plus propres, ce qui permettra aux émissions à l'origine du smog de baisser, passant de 9,5 p. 100 en 2005 à moins de 5 p. 100 en 2015.
Quant aux gaz à effet de serre, les 18,7 millions de véhicules circulant sur nos routes sont responsables de 12,6 p. 100 de l'ensemble des émissions.
Nos entreprises membres doivent en grande partie leur succès commercial aux efforts qu'elles déploient pour produire et mettre en marché à prix abordable des véhicules efficients du point de vue énergétique en y intégrant les technologies les plus récentes, ce qui permet de réduire les gaz à effet de serre et les émissions contribuant au smog. Ainsi, les membres de l'association ont été couronnés vainqueurs dans huit des dix catégories des Prix ÉnerGuide pour l'efficacité énergétique.
Ces entreprises poursuivent en outre leurs recherches et leur mise en service de différentes technologies: moteur hybride, nouveau moteur diesel, pile à combustible, injection directe pour véhicule à essence et au diesel, carburant de remplacement et utilisation de matériaux légers, notamment. Toute cette technologie vise à réduire les impacts de l'utilisation de véhicules moteurs sur l'environnement.
Il est proposé dans le cadre du projet de loi C-30 de modifier et de promulguer la Loi sur les normes de consommation de carburant des véhicules automobiles. Les membres de l'association ont manifestement à coeur d'offrir aux consommateurs des technologies automobiles qui ont permis de véritables changements quant à l'efficacité énergétique, avec les réductions qui en découlent au chapitre des émissions de gaz à effet de serre. Nous sommes fermement résolus à poursuivre dans le même sens.
Cependant, l'implantation d'une partie de ces technologies nouvelles entraîne des coûts plus considérables et le gouvernement devrait envisager la mise en oeuvre d'incitatifs à cet égard tout en veillant, dans la mesure du possible, à ce qu'ils s'appliquent indépendamment de la technologie utilisée.
Que l'on introduise ou non ces nouvelles technologies dans les véhicules neufs — ceux qui sont soumis à la réglementation — comme l'on signalé M. Hargrove et M. Nantais, on ne pourra faire mieux qu'une réduction d'à peine 1 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre du Canada. Par conséquent, si on veut réduire de façon significative le 99 p. 100 restant des émissions provenant de notre flotte de véhicules légers, il faut actionner d'autres leviers stratégiques ou offrir d'autres incitatifs.
J'aimerais vous entretenir un instant de la qualité du carburant. La qualité des carburants canadiens préoccupe depuis longtemps l'industrie automobile. Alors que les émissions d'échappement des véhicules sont réglementées en fonction de normes de plus en plus rigoureuses, il n'existe pas de normes nationales relativement à la qualité des carburants. Ainsi, alors même que les fabricants d'automobile sont tenus par la réglementation d'assurer le contrôle des émissions pendant la durée de vie du véhicule, il n'existe pas de réglementation fédérale quant à la qualité des carburants que consomment ces véhicules dont les équipements sont pourtant réglementés. Non seulement la réglementation des carburants serait-elle profitable pour la mise en service de nouvelles technologies, mais elle permettrait en outre une réduction considérable des émissions pour l'ensemble de la flotte routière.
L'absence de carburant diésel de grande qualité empêche l'introduction de technologies de pointe pour les moteurs diésels, lesquelles pourraient procurer d'importants avantages au chapitre des émissions de gaz à effet de serre.
L'utilisation de carburants à plus faible teneur en carbone comme le propane liquide et le gaz naturel comprimé et de carburants renouvelables comme l'éthanol et le biodiésel est un facteur pouvant grandement contribuer à des réductions considérables des émissions de gaz à effet de serre tout au long du cycle de vie. Dans ce contexte, les membres de notre association appuient le gouvernement dans la réalisation de son mandat qui l'amènera à exiger des producteurs et des importateurs que les carburants renouvelables comptent pour au moins 5 p. 100 du volume annuel moyen d'essence qu'ils produisent ou importent à compter de 2010. Pour le diésel, la proportion exigée en carburant renouvelable sera de 2 p. 100 à partir de 2012.
L'avis d'intention relatif au semble préconiser une approche coordonnée pour la réglementation du carburant, des véhicules et des moteurs au Canada, avec des règlements s'harmonisant aux normes en vigueur aux États-Unis. Qu'il s'agisse de carburants renouvelables ou de carburants traditionnels à base de carbone, des normes nationales sous réglementation fédérale devraient constituer l'un des éléments importants de la Loi sur la qualité de l'air qui est proposée.
Nous jugeons inexcusable que l'avis d'intention relatif au mandat du Canada concernant les carburants renouvelables qui a été émis le 30 décembre 2006 laisse entendre qu'il est préférable de laisser l'industrie privée s'occuper des questions liées à la qualité du carburant, plutôt que d'imposer des normes à ce chapitre au moyen de la réglementation.
En résumé, à la différence d'une grande partie des secteurs qui interviennent dans le débat sur le changement climatique, notre industrie est en relation directe avec le consommateur. La quantité d'émissions provenant de nos produits dépend à la fois de la technologie utilisée et des choix que font les consommateurs, selon le nombre de kilomètres parcourus. Pour être efficace, la politique gouvernementale devra donc tenir compte de toutes ces variables. Il ne s'agit pas simplement de réglementer le produit, mais aussi d'influer sur le comportement du consommateur via le prix du carburant, le choix et l'utilisation d'un véhicule, et les solutions de rechange possibles.
Le Canada doit également prendre en compte le fait que son industrie automobile est intégrée à l'échelle nord-américaine, tant pour la fabrication que pour la vente des véhicules. Comme les ventes au Canada dépassent à peine 8 p. 100 de la totalité du marché nord-américain, il serait problématique d'imposer des règles différentes quant à la consommation de carburant dans un contexte de production et de mise en marché intégrées.
Selon les discussions que nous avons eues jusqu'à maintenant avec le gouvernement, il semble bien que l'approche réglementaire adoptée par le Canada relativement au secteur automobile sera conforme à celle des États-Unis, de manière à permettre à nos fabricants de continuer à produire et à vendre des véhicules dans l'ensemble du marché nord-américain.
C'est en adoptant une réglementation en matière d'économie énergétique qui sera harmonisée avec celle des États-Unis que le Canada causera le moins de perturbations sur le marché et parviendra au meilleur équilibre possible quant aux exigences d'achat des consommateurs relativement à l'utilité du véhicule, à la sécurité, aux économies de carburant et aux émissions. Une réglementation canadienne s'alignant sur la norme CAFE réformée des États-Unis permettrait d'imposer des exigences plus rigoureuses, compte tenu de la taille plus réduite de la flotte canadienne.
Voilà qui termine mes observations. Merci beaucoup.
Merci à tous pour votre présence.
À la lumière de vos commentaires à tous, on pourrait en arriver à la conclusion qui suit. N'hésitez toutefois pas à me ramener dans le droit chemin, si je fais fausse route.
Premièrement, il n'y a jamais eu au fil des ans de liens entre les problèmes du secteur automobile nord-américain et la mise en oeuvre de nouvelles normes en matière d'environnement ou de sécurité. Certains ont essayé d'établir l'existence de tels liens, mais leurs allégations ont toujours été réfutées.
Deuxièmement, il semblerait, tout au moins dans certains cas — mentionnés par M. Bennett et confirmés par M. Adams — que non seulement l'imposition de normes environnementales n'a pas de corrélation négative, mais qu'elle aurait en fait des répercussions positives, ce qui explique en partie les succès des entreprises représentées par M. Adams. Plutôt qu'un obstacle aux ventes, l'efficacité énergétique s'est révélée comme étant un incitatif.
Troisièmement, lorsque nous avons décidé d'imposer, dans le cadre du processus nord-américain, des normes en matière d'efficacité énergétique à la fin des années 70 et au début des années 80, l'industrie a été capable de réagir très rapidement. Lorsque nous avons cessé d'exercer une pression sur l'industrie, nous avons perdu toutes ces années pendant lesquelles nous aurions pu continuer d'améliorer la situation.
Je veux d'abord demander aux représentants du secteur automobile si mon résumé des 25 dernières années est fidèle à la réalité. Par ailleurs, comme il est urgent de faire le nécessaire pour que le déclin des années 90 ne perdure pas — au chapitre de l'efficience énergétique, une situation que nous n'avions pas souhaitée — y a-t-il quelque chose dans les propositions de M. Bennett ou de M. Ogilvie qui vous porte à croire que nous ne serions pas en mesure, comme nous l'avons toujours été auparavant, d'atteindre les objectifs plus exigeants en matière d'efficacité énergétique dont nous discutons ici aujourd'hui?
J'adresse ma question à M. Nantais et M. Adams. Si M. Hargrove veut intervenir, libre à lui.
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Monsieur Godfrey, je vais commencer, si vous me le permettez. Les autres pourront enchaîner.
Je crois qu'il ne faut pas perdre de vue la concurrence féroce qui fait rage pour les ventes et les parts de marché au moment où nous discutons de ces questions. Chaque fabricant automobile dispose d'un éventail complet de technologies permettant des économies de carburant. Il existe des points de vue divergents quant aux antécédents de l'industrie automobile, tant en ce qui a trait aux raisons pour lesquelles les mesures ont été prises ou non au chapitre de l'efficacité énergétique, qu'à la réticence de l'industrie à se conformer à la réglementation. Ce n'est pas vrai. En fait, l'industrie automobile est notamment responsable de la conception de dispositifs comme le convertisseur catalytique. C'est grâce au travail de conception d'une entreprise, qui en a fait profiter toutes les autres, que nous pouvons maintenant compter sur ces convertisseurs catalytiques qui permettent de réduire grandement les émissions.
Le scénario actuel est bien sûr différent. Les circonstances ne sont plus les mêmes. Il y a des gens qui réclament à grands cris des véhicules plus économes en énergie. Pour quelle raison? Il va de soi que les interventions au sujet du changement climatique et les rapports du GIEC, notamment, ont modifié la façon de voir les choses et ce, de manière assez probante. Mais les gens réagissent également au prix du carburant sur le marché, une situation qu'on a déjà vécue en Europe et ailleurs dans le monde. Dans ces pays, il y a toujours eu une flotte de véhicules plus petits et plus économes en carburant parce qu'on a été capable de lancer les signaux d'alarme appropriés sur le marché grâce à l'établissement de prix élevés pour le carburant. Cela n'a jamais été fait en Amérique du Nord et, en toute franchise, ce n'est toujours pas le cas.
Il est très difficile de mettre en marché et de vendre des véhicules offrant une meilleure efficacité énergétique lorsque le prix du carburant est relativement faible. Cela nous complique grandement la tâche dans la vente de ces véhicules et c'est la raison pour laquelle nous revendiquons une gamme complète de politiques de soutien. Il a été clairement établi au moyen de différentes études que la fixation du prix du carburant est probablement la mesure la plus efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du transport. Il existe de nombreux documents pouvant étayer cette affirmation. Mais nous ne pouvons toujours pas compter sur de telles mesures au Canada et personne ne semble avoir la volonté politique d'aller de l'avant.
Nous faisons valoir que si nous pouvions passer à l'action, compte tenu de la nature intégrée du marché nord-américain, de l'intégration de notre industrie, du fait que les normes en matière d'économie de carburant sont plus rigoureuses aux États-Unis... Nous sommes très sérieux lorsque nous parlons d'un défi à relever. Comme je l'ai indiqué, il y en a toujours pour soutenir que nous surestimons les coûts. Eh bien, à ma connaissance, toutes nos études ont été réalisées par des firmes indépendantes de recherche et d'experts-conseils. Le fait demeure qu'en l'absence de prix élevés pour le carburant, nous devons nous tourner vers cet autre train de mesures de soutien. De toute évidence, l'impact économique et la possibilité d'introduire ces technologies de façon intégrée à un coût moindre pour les Canadiens nous permettront en bout de ligne de leur vendre ces véhicules à un prix plus abordable. Les Canadiens pourront en acheter davantage et c'est ainsi que nous pourrons accroître la proportion de petits véhicules au sein de notre flotte.
Nous devons prendre en compte tous ces éléments afin de pouvoir offrir ces véhicules à un prix abordable de manière à renouveler notre flotte aussi rapidement que possible, ce qui nous ramène à la question des véhicules très polluants. Il faut aussi examiner les avantages connexes. Si nous parvenons à rajeunir notre flotte, il y aura une nette amélioration au chapitre de la sécurité. En effet, ce sont les nouveautés technologiques que nous intégrons à nos véhicules qui sont en grande partie responsables de toutes ces réductions que nous constatons au chapitre du nombre de décès et de blessures sérieuses sur nos routes. Si nous pouvions moderniser notre flotte dès maintenant, cela se traduirait par une réduction de 50 p. 100 des accidents de ce type. C'est énorme.
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Permettez-moi une entrée en matière.
J'avais un très bon véhicule, une voiture de série intermédiaire de 2005 qui avait une consommation décente de carburant, mais j'ai jugé que j'avais la responsabilité d'acheter un véhicule qui avait une bien meilleure efficacité énergétique, alors c'est ce que j'ai fait. J'ai voulu acheter un véhicule hybride.
Je ne pouvais pas faire un essai sur route d'une voiture hybride. Je devais inscrire mon nom sur une liste et lorsqu'un véhicule arriverait, environ trois mois plus tard, je pourrais le garder s'il me plaisait; sinon, il serait offert à quelqu'un d'autre.
J'ai donc fini par acheter une voiture hybride et je l'aime bien — c'est un beau véhicule — mais il en coûtait davantage pour faire cette conversion, et ce n'était pas nécessaire parce que ma voiture était très bonne et assez récente.
L'autre chose qui me rend un peu perplexe, c'est qu'avant de revenir dimanche, j'ai vu dans le journal une annonce d'une page complète sur de nouveaux véhicules d'un nouveau concessionnaire, et trois modèles étaient annoncés. Ils développaient 425 chevaux-vapeur. Je me suis dit que c'était beaucoup. C'était des véhicules de série intermédiaire, semblables à celui que j'avais. Le mien développait, je crois, environ 170 ou 150 chevaux-vapeur. Mais 425...
Je reviens à ma première question. Est-ce que les gens veulent un véhicule de 425 chevaux-vapeur parce que c'est ce qui est construit, ou est-ce que vous construisez pareil véhicule parce que c'est ce que les gens veulent?
Ce qui a éveillé mon intérêt, c'est un commentaire fait, je crois, par M. Nantais, qui a dit que le coût du carburant est peu élevé au Canada. Je suis allé en Europe et oui, le carburant coûte au moins deux fois plus cher qu'ici, et les Européens conduisent des voitures beaucoup plus petites. Nous venons de connaître des hausses vertigineuses du prix de l'essence, et pourtant nous enregistrons des hausses extraordinaires dans la vente de véhicules comme le Hummer. Ici, le prix du carburant augmente et les gens continuent quand même d'acheter des véhicules plus gros et plus puissants.
En tant que membres du gouvernement du Canada, nous avons une responsabilité et un engagement envers la réduction des émissions de gaz à effet de serre, envers l'assainissement de l'air. Nous délaissons les mesures volontaires pour adopter une réglementation, et pourtant les Canadiens achètent des voitures plus grosses et plus puissantes. Quelqu'un pourrait-il faire la lumière sur cette apparente incohérence?
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L'infrastructure pour l'essence est déjà en place et elle est bien étendue. Nous avons, pour l'avenir prévisible, une dépendance à l'égard de l'essence, mais si l'on pouvait réduire de plus de 66 p. 100 les émissions de gaz à effet de serre en mettant en place une infrastructure pour un carburant comme l'éthanol, particulièrement l'éthanol cellulosique, pourquoi refuseriez-vous de l'envisager? Quel est le véritable objectif de tout cet exercice? On vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Je disais donc que l'infrastructure existe déjà. Nous ne demandons pas que chaque station se convertisse à l'éthanol. Nous affirmons que les parcs d'automobiles sont un cas classique, parce que ces véhicules doivent tous rentrer au bercail pour être ravitaillés le soir. Donc, il n'y a qu'un point de ravitaillement, mais vous pouvez mettre tous ces véhicules sur la route et réaliser de véritables réductions.
Aux États-Unis, par exemple, ils se concentrent sur les stations d'essence indépendantes. Les grandes pétrolières ne semblent pas très intéressées, de sorte que les constructeurs d'automobile se tournent vers les indépendants et, surprise, on y trouve preneurs. Toutefois, il faut que les constructeurs d'automobiles leur fournissent un certain soutien pour qu'ils installent au moins une pompe, peut-être.
Donc, non, nous n'envisageons pas une conversion massive de l'infrastructure, mais plutôt la mise en place d'une infrastructure sélective et centralisée — pour des parcs, par exemple — et une certaine progression de l'infrastructure sur le plan de la vente au détail. Il se vend déjà de l'éthanol, particulièrement de l'éthanol cellulosique; ainsi, Iogen, à Ottawa, mène à cet égard. Devinez quoi? Nous soupçonnons que leur première usine va être établie aux États-Unis. Nous ratons d'immenses possibilités, particulièrement quand on sait que déjà plus de 300 000 de ces véhicules sont sur la route et roulent à l'essence, plutôt que de consommer un carburant cellulosique ou de l'éthanol. Que d'occasions ratées!
Je ne suis pas sûr que ce choix vous appartienne encore. Tout ce que nous disons, en ce qui concerne la technologie des véhicules, c'est qu'il faut éviter de choisir des gagnants et des perdants. Tournez-vous plutôt vers les possibilités qu'offre l'infrastructure que je viens de vous décrire, par exemple.
En fin de compte, il est concevable que des pays en développement — et la Chine nous vient tout de suite à l'esprit — passent en réalité sans transition à certaines de ces technologies. Ils pourraient, tout comme ils l'ont fait en téléphonie, sauter toutes les lignes téléphoniques et adopter tout de suite le cellulaire. Peut-être sauteront-ils la transition et passeront-ils directement à une infrastructure utilisant l'hydrogène comme carburant.