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Bonjour mesdames et messieurs. Je pense que nous pouvons commencer.
Ceci est la 54e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, ce jeudi 14 juin 2007. Conformément aux articles 110 et 111 du Règlement, nous examinons le certificat de nomination de Mary Dawson au poste de commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, en vertu d'un ordre de renvoi au comité daté du mardi 12 juin 2007.
Avant de présenter notre témoin, j'aimerais qu'il soit clair, bien sûr, que le comité avait décidé qu'en principe, nous n'aurions pas de réunion aujourd'hui parce qu'il n'y avait pas de témoins à entendre sur d'autres sujets que nous étudiions. Je vais supposer, nonobstant la décision du comité prise le mardi 12 juin, que tous les partis sont d'accord pour aller de l'avant aujourd'hui avec l'examen de certificat de nomination de Mme Dawson au poste de commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique.
Je présume avoir l'assentiment de tous les partis. Je n'entends pas de protestations, alors nous allons commencer. Le comité doit encore se réunir le mardi 19 juin, tel que convenu, mais ceci est une réunion extraordinaire.
Bonjour, madame Dawson. Nous avons devant nous vos notes et votre curriculum vitae. Je pense qu'on vous a expliqué que vous pouvez dire quelques mots sur ce que vous pensez de tout cela, puis chaque parti posera des questions — s'il le souhaite — chacun à son tour.
Je vous souhaite la bienvenue au comité. Nous vous remercions d'être venue faire votre présentation.
[Français]
C'est un honneur pour moi d'avoir été proposée par le premier ministre au poste de commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, et je suis très heureuse de comparaître devant vous pour discuter de ma candidature. Ce nouveau poste important et exigeant, qui se fonde sur la charge actuelle de commissaire à l'éthique, a été établi récemment par la Loi fédérale sur la responsabilité.
Je crois que mon curriculum vitae a été distribué.
[Traduction]
J'aimerais tout d'abord me présenter. Je suis née à Halifax, en Nouvelle-Écosse, de parents originaires de l'Ouest canadien; mon père est né à Saskatoon, en Saskatchewan et ma mère à Neepawa, au Manitoba. J'ai étudié la philosophie et le droit à l'Université McGill, à Montréal, et j'ai été admise aux barreaux du Québec, de la Nouvelle-Écosse et de l'Ontario.
Comme vous le savez, presque toute ma carrière professionnelle s'est déroulée à Ottawa. Ainsi, parce que j'ai vécu, étudié et travaillé dans différentes régions du pays, je me suis toujours sentie très attachée au Canada dans son ensemble, n'ayant jamais trop su quoi répondre à la question « d'où viens-tu? ». Cet attachement est peut-être relié aussi à mon constant intérêt pour la politique et la culture canadiennes, et à mon désir de servir mon pays. C'est donc tout naturellement que j'ai choisi une carrière au gouvernement fédéral.
Comme vous l'avez sans doute vu dans mon curriculum vitae, j'ai eu la chance de passer toute ma carrière de fonctionnaire au ministère de la Justice, bien que j'aie également eu l'occasion de collaborer étroitement avec beaucoup d'autres ministères. Mon travail consistait à fournir des conseils juridiques et stratégiques dans des domaines relevant du droit public, comme le droit constitutionnel, le droit international, les droits de la personne, les langues officielles, le droit autochtone, l'accès à l'information, la protection des renseignements personnels et le droit administratif.
Le droit constitutionnel était cependant mon sujet de prédilection, et selon les différentes fonctions que j'ai assumées, j'ai toujours soutenu le ministre de la Justice et le gouvernement dans toutes les grands dossiers constitutionnels qu'a eus le Canada ces trois dernières décennies.
Plus particulièrement, j'ai été personnellement responsable de la rédaction de plusieurs textes de loi majeurs, tels que la Loi constitutionnelle de 1982, qui enchâsse la Charte canadienne des droits et libertés, l'Accord du lac Meech et l'Accord de Charlottetown. Par ailleurs, en tant que sous-ministre déléguée de la Justice, j'ai fourni les conseils sur une large gamme de questions constitutionnelles, comme la rédaction de modifications constitutionnelles relatives aux écoles et aux droits de minorités linguistiques.
En tant que fonctionnaire, je me suis toujours sentie honorée d'avoir la chance de servir mon pays et mes concitoyens. Vous aussi servez très directement les Canadiens, puisque, en tant que députés, vous représentez les intérêts et les points de vue de vos électeurs à la Chambre des communes, et vous adoptez des lois bénéfiques pour le pays.
Personnellement, j'ai toujours éprouvé le plus grand respect et la plus grande appréciation pour votre rôle fondamental dans notre système de gouvernement responsable, et j'ai toujours pensé que les députés travaillent avant tout pour le bien du Canada.
C'est dans ce contexte, je crois, qu'il faut comprendre l'importance des principes que sont la responsabilité et la lutte contre les conflits d'intérêts. Tant les fonctionnaires que les parlementaires doivent toujours veiller à ce que chacun de leurs gestes puissent soutenir l'examen public le plus insistant, afin que la population canadienne ne perde pas confiance dans ces institutions publiques.
Je crois que le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique ne saurait poursuivre un objectif plus élevé que celui-là, et ce serait un honneur pour moi que de relever ce défi.
Comme vous le savez, les critères d'admissibilité à ce poste son définis dans la Loi sur le Parlement du Canada. Un des antécédents possibles est d'avoir été juge. Ce n'est pas mon cas. Un autre est d'avoir été membre d'un conseil, d'une commission ou d'un tribunal fédéral ou provincial et d'avoir démontré une expertise soit dans le domaine des conflits d'intérêts, des arrangements financiers, de la réglementation professionnelle, de la discipline professionnelle ou de l'éthique. J'aimerais attirer votre attention ici sur quelques points saillants de ma carrière qui, à mon avis, me qualifieraient pour ce poste.
En 1980, j'ai été nommée par le ministre de la Justice membre de la Commission de révision des lois, un organe législatif chargé de réviser et de consolider les lois d'intérêt général du Canada, puis en 1987, j'ai été nommée présidente de cette commission, poste que j'ai occupé jusqu'en 1993.
Ensuite, jusqu'à ce que je prenne ma retraite en 2005, j'ai occupé plusieurs postes de haut rang au sein du ministère de la Justice, où j'étais chargée de régler toutes les questions touchant à l'administration, aux finances et aux ressources humaines dans mes domaines de responsabilité. J'ai, en outre, participé à la gestion du ministère et été pendant plusieurs années le dernier niveau d'arbitrage des plaintes en son sein.
J'ai, de plus, supervisé la rédaction de nombreuses lois se rapportant à l'éthique, à la réglementation professionnelle, à la discipline professionnelle et à des organismes judiciaires et quasi judiciaires, notamment le Code canadien du travail, la Loi canadienne sur les droits de la personne, la Loi sur les cours fédérales, la Loi sur les juges et la Loi sur le Tribunal de la concurrence, pour n'en nommer que quelques-unes. Vous trouverez à la fin de mon curriculum vitae une annexe avec la liste de toutes les lois que j'ai rédigées, ou dont j'ai supervisé la rédaction.
Si le comité et la Chambre des communes décident de me confier le poste de commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, ma première priorité sera de veiller à ce que la transition du régime actuel à la nouvelle Loi sur les conflits d'intérêts se fasse en douceur. Le Parlement a décidé de légiférer pour la première fois dans ce domaine et a établi de nouvelles règles. Il sera important de préciser le plus possible ces nouvelles règles et de veiller à ce que celles qui demeurent soient également claires.
Il sera également important de veiller à ce que tous ceux qui y sont assujettis en soient bien informés, et surtout, sans doute, qu'ils les comprennent bien. De plus, nous avons assisté au cours des dernières années à une multiplication des postes d'agents du Parlement et d'ombudsman, et je voudrais bien comprendre moi-même les rôles et responsabilités des divers intervenants qui doivent veiller à ce que ceux qui relèvent d'eux rendent des comptes et aient un comportement conforme à l'étique.
[Français]
J'espère et crois sincèrement être en mesure d'apporter une contribution considérable à cette institution et serais très heureuse d'agir à titre de commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique.
Merci.
[Traduction]
Je répondrai volontiers à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, madame Dawson. Il me fait plaisir de vous rencontrer pour la première fois. Par ailleurs, au Bloc québécois, quand on a vu votre CV, on a été assez étonnés que votre candidature ait été proposée par le premier ministre, d'abord parce que vous avez été étroitement associée à plusieurs projets du gouvernement canadien qui allaient à l'encontre des aspirations les plus profondes du Québec. Vous dites avoir fourni des avis juridiques et des conseils en matière de politique juridique sur toutes les questions liées à l'unité du Canada et à la politique sécessionniste du gouvernement du Québec, et avoir dirigé une équipe d'avocats et d'autres employés au ministère de la Justice à cette fin.
Quand on regarde votre CV et qu'on établit un lien avec les grandes offensives anti-Québec, on s'aperçoit que vous avez été de chacune d'entre elles. Pour ce qui est d'Option Canada, on peut dire pour le moins que ça n'a pas été un modèle de gestion appropriée des fonds publics. À ce chapitre, il y a plutôt eu beaucoup de laxisme et de complaisance.
Je vais citer un extrait des propos du ministre Jacques Brassard au sujet de la Loi constitutionnelle de 1982. Il dit ceci : « Pour atteindre ses fins, le gouvernement fédéral n'hésite pas à changer les règles du jeu démocratique [...] »
C'est une citation concernant le renvoi à la Cour suprême, mais c'est pareil, de toute façon. Ça va toujours à l'encontre du droit inaliénable du peuple québécois de disposer de son avenir.
En ce qui concerne la Loi sur la clarté, un éminent avocat et professeur de droit constitutionnel, Henri Brun, a été cité ainsi dans Le Devoir :
Le Parlement fédéral du Canada s'apprête à adopter une loi bien singulière, une loi qui n'a d'autre objet que d'entraver l'exercice du droit collectif le plus fondamental qui soit, celui pour un peuple d'exprimer en toute liberté son choix quant à son avenir politique.
M. Brun dit plus loin :
En tentant d'enfermer cette notion de clarté dans un cadre juridique parfaitement abstrait, le Parlement fédéral agit en réalité dans la plus complète inconstitutionnalité.
C'est vous, madame Dawson, qui avez conseillé cela, d'après ce que vous nous dites. Ce n'est ni le Bloc québécois ni le Parti Québécois qui a tenu ces propos, mais un professeur de droit constitutionnel. Vous pouvez sourire, ça ne me dérange pas. Il dit également ceci :
[...] il s'agit là d'un moyen efficace d'empêcher que les Québécois aient de nouveau l'occasion d'exprimer leur choix quant à leur avenir politique. [...] Par l'intimidation [...]
Madame Dawson, vous avez été associée à Option Canada, à la Loi constitutionnelle de 1982, à la Loi sur la clarté et au renvoi à la Cour suprême. Vous comprendrez qu'au Bloc québécois, qui défend les intérêts du Québec — et je dirais même de la nation québécoise — à Ottawa, il nous est impossible d'entériner la candidature d'une personne ayant été associée directement aux activités et aux lois de ce gouvernement qui ont bafoué les droits et les privilèges d'un peuple, et de lui confier le mandat de porte-étendard de l'éthique.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suppose que des semi-félicitations s'imposent, puisque ce n'est qu'une première étape. Nous espérons passer à la deuxième étape de l'aval de votre nomination par le Parlement. Je pense que vous êtes éminemment qualifiée pour le poste, à en juger par votre curriculum vitae.
Une petite blague, en passant : il y a conflit d'intérêts, puisque vous êtes l'une de mes électrices. Je vois sur votre curriculum vitae que vous avez fait beaucoup de travail communautaire aussi, mais vous n'en avez pas parlé. Je pense que cela mérite d'être souligné. C'est une illustration de votre vaste expérience.
Votre travail pourrait consister à appliquer la loi et assurer l'observation du Code régissant les conflits d'intérêts. Je pense que quiconque regarde votre curriculum vitae pourrait constater que vous êtes tout à fait qualifiée pour le faire. Vous devez aussi assurer une supervision et fournir des conseils en matière d'éthique. Je vois que vous avez des antécédents en philosophie, et je pense que c'est essentiel et important. Nous n'entrerons pas dans un débat sur les mérites d'Aquinas.
Parlez-moi un peu de la vision que vous avez de votre rôle en matière d'éthique. C'est certainement un sujet qui a fait des gorges chaudes ces derniers temps, et pas seulement au Canada mais dans le monde entier, au plan de la manière dont ont trouve l'équilibre dans l'offre d'une supervision indépendante en matière d'éthique. Comment voyez-vous cette part de votre rôle?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, madame Dawson. Je suis très heureux de vous voir ici ce matin, comme je vous l'ai dit en entrant.
Je suis d'accord, et je suis sûr que les membres de ce côté de la table du comité le seront aussi, qu'il ne fait aucun doute que vous apportez à ce poste les qualifications et l'expérience nécessaires pour occuper ces fonctions.
À l'examen de votre curriculum vitae et de vos antécédents, je ne peux m'empêcher de remarquer que vous avez participé de près à la rédaction de deux projets de loi auxquels le comité s'est intéressé de près — la Loi sur la protection des renseignements personnels, et la Loi sur l'accès à l'information. Vous le savez peut-être, ce sont là deux lois — pas les seules, cependant — dont nous traitons régulièrement.
Cela a néanmoins amené la question à savoir si, dans le cadre de vos fonctions au ministère de la Justice et au poste de fonctionnaire que vous occupez depuis quelques années, vous avez, à un moment donné, participé à la rédaction ou la modification des codes sur les conflits d'intérêts visant les députés ou les titulaires de charge publique?
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Merci, monsieur le président.
Madame Dawson, je regarde votre CV et les notes que vous nous avez données aujourd'hui. Vous dites que vous avez un attachement lié à un constant intérêt pour le politique et la culture canadienne et à un désir de servir votre pays. Je suis bien d'accord sur cela. Vous dites qu'en tant que fonctionnaire, vous vous êtes toujours sentie honorée d'avoir la chance de servir votre pays et vos concitoyens.
Dans votre CV, on voit que parmi vos responsabilités, vous avez été chargée de fournir des avis juridiques et des conseils en matière de politique juridique. Cela veut dire que vous étiez responsable de tous les avocats, de donner tous les conseils liés à l'unité du Canada et à la politique sécessionniste du gouvernement du Québec et de diriger une équipe d'avocats et d'autres employés du ministère de la Justice à cette fin. Vous avez aussi été responsable de diriger une équipe d'avocats et de gérer tous les aspects du renvoi à la Cour Suprême sur la sécession unilatérale du Québec, de donner des séances d'information aux ministres et aux médias. Si je comprends bien, vous étiez à la tête de tous les avocats de ce ministère, autant pour l'option Canada que pour les responsabilités que j'ai nommées plus tôt. Même si c'était demandé par le ministre ou le premier ministre, étant donné qu'il y avait possibilité de conflit d'intérêts ou en raison de votre éthique personnelle, vous saviez ce que le premier ministre ou le ministre vous avait demandé concernant le Québec.
Je sais qu'il s'agissait d'une commande passée. Cependant, dans votre souci de trouver des façons de réduire le Québec au silence, étant donné votre éthique personnelle, vous êtes-vous déjà dit que ce n'était peut-être pas éthique que de mettre le Québec de côté? C'est dans ce sens que je vous pose la question. Vous êtes-vous posé des questions ou vous êtes-vous lancée dans l'exécution de ce mandat les deux yeux fermés en ne tenant compte que d'une seule éthique, celle du Canada et non de celle du Québec? C'est là qu'entre en jeu le conflit d'intérêts. S'il y a un problème, de quel côté allez-vous pencher?
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Merci, monsieur le président.
Je vous félicite, madame Dawson, pour cette nomination. J'ai lu votre curriculum vitae et l'ai trouvé des plus impressionnants. J'aimerais particulièrement souligner une partie du document le plus important de l'histoire canadienne, la Charte des droits et libertés, dont vous avez dirigé la rédaction. Je vous félicite. Quand je regarde ce Canada, le Canada qui enchâsse dans les lois la diversité, l'égalité, les droits de la personne, en fait, c'est ce qui a fait que j'ai choisi d'en faire mon Canada il y a 22 ans.
Je vous en félicite. Je sais que toute personne qui croit dans ces principes est très équitable, et peut réfléchir et analyser la situation. Même si le gouvernement n'a jamais souligné ce 25e anniversaire, il est bon d'avoir quelqu'un de votre calibre à ce poste. C'est un progrès très positif.
Dans vos propos à ce sujet, vous avez parlé de clarifier la Loi sur les conflits d'intérêts. Pourriez-vous exposer certaines de vos idées pour y parvenir?