:
Merci à vous, Monsieur le président, et merci aux membres du comité.
J'aimerais d'abord vous remercier de votre invitation à comparaître devant le comité. Comme c'est ma première comparution depuis le début de la nouvelle législature, j'aimerais souhaiter au président et aux membres du comité tout le succès possible dans vos débats et affaires de l'État. Mes collaborateurs et moi-même avons hâte de travailler avec vous en cette 39e législature.
Avant de poursuivre, j'aimerais vous présenter les fonctionnaires qui m'accompagnent aujourd'hui.
[Français]
Il s'agit de M. Robert Benson, sous-commissaire; M. André Levasseur, directeur des Affaires exécutives; M. Stephen Tsang, directeur des Politiques et stratégies; Mme Lyne Robinson-Dalpé, directrice des Services corporatifs; et Mme Micheline Rondeau-Parent, directrice des Communications et relations parlementaires.
En ce qui a trait à la séance d'aujourd'hui, j'aimerais faire quelques brèves observations préliminaires. Les premières porteront sur diverses questions relatives au nouveau Code régissant la conduite des titulaires de charge publique en ce qui concerne les conflits d'intérêts et l'après-mandat, que je désignerai comme le code du premier ministre et qui a été renvoyé à votre comité le 6 avril 2006 en vertu du paragraphe 32(5) du Règlement.
Les deuxièmes porteront sur le processus et les modalités d'enquête proposés pour les titulaires de charge publique en vertu de la Loi sur le Parlement du Canada.
Les troisièmes porteront sur mon dernier rapport annuel sur mes activités relatives aux titulaires de charge publique, document qui a également été renvoyé au comité.
[Traduction]
Tout d'abord, je réalise que bon nombre de nos discussions pourraient aujourd'hui être influencées par l'éventuelle entrée en vigueur de la loi fédérale sur la responsabilité dont le Parlement est actuellement saisi. En ce qui concerne les questions de fond connexes, les députés peuvent se reporter à mon témoignage du 16 mai devant le sous-comité de la Chambre des communes, au sujet du projet de loi C-2, et à ma comparution du 5 septembre devant le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles qui étudie actuellement le projet de loi.
Brièvement, Je suis heureux de voir que le projet de loi proposé au départ a été amendé pour y inclure quelques-unes de mes recommandations, notamment l'obligation de réviser aux cinq ans la loi proposée sur les conflits d'intérêts, consigner les récusations ministérielles dans le registre public dans un délai de 60 jours et imposer des sanctions pour non-respect des dispositions relatives aux activités de lobbying pour les ex-titulaires de charge publique.
Enfin, je vous ferai part, en guise de conclusion et en vue des futurs défis que nous aurons à relever, de quelques-unes des initiatives que nous avons prises en vue de l'éventuelle entrée en vigueur de la loi fédérale sur la responsabilité.
À titre de référence pour les députés, le 5 mai j'ai envoyé un cahier d'information au comité énonçant quelques-uns des enjeux que j'aimerais aborder avec vous dans les mois à venir. Certains ont été soulevés au cours du dernier Parlement, mais d'autres n'ont jamais été soulevés. Parmi ces enjeux, il en est un que j'aimerais aborder en priorité avec le comité. Il s'agit d'un processus et d'un ensemble de procédures d'examen proposés pour les titulaires de charge publique. Actuellement, mes pouvoirs d'examen en relation avec les ministres, les secrétaires d'État et les secrétaires parlementaires sont prescrits à l'article 72 de la Loi sur le Parlement du Canada.
Pour effectuer ces examens, mon Bureau a élaboré un processus et un ensemble de lignes directrices qui ont été fournis aux membres du comité dans le cahier d'information envoyé le 8 mai, à l'onglet 4. Sans vouloir entrer tout de suite dans les détails, j'aimerais simplement souligner que le processus proposé est très similaire aux normes auxquelles adhère le commissaire parlementaire du Royaume-Uni. Par ailleurs, certaines propositions se fondent sur l'expérience, qui est limitée, de mon Bureau dans la conduite d'enquêtes en relation avec les titulaires de charge publique, aux termes de la Loi sur le Parlement du Canada — soit l'enquête Sgro dont le rapport a été publié en juin 2005.
Bien que l'approbation du comité ne soit pas requise, j'aimerais que nous discutions de cette question à fond. Bien sûr, même si la loi régissant mes pouvoirs d'examen stipule que les demandes ne peuvent venir que des députés — et il en sera de même aux termes du projet de loi C-2 — je crois qu'il est important pour vous, les parlementaires, d'être non seulement informés, mais également consultés. Cela favoriserait la transparence à l'égard du Parlement et du public et donnerait légitimité et crédibilité aux titulaires de charge publique assujettis à ce processus — d'autant plus que les pouvoirs d'enquête du commissaire seront élargis aux titulaires actuels et aux ex-titulaires de charge publique aux termes du projet de loi C-2 — et aux parlementaires habilités à faire ces demandes.
Bien que la décision relève entièrement du comité, je préférerais étudier ce processus en sous-comité, étant donné qu'il est assez élaboré et qu'il serait difficile de l'aborder avec un groupe important, mais cette décision vous appartient.
Comme le Code du premier ministre et mes rapports annuels en relation avec les activités des titulaires de charge publique sont renvoyés à ce comité, je pense qu'il est bien placé pour jouer ce rôle. J'ai donc hâte d'étudier la question, soit avec l'ensemble des membres du comité ou en sous-comité, comme bon vous semblera.
Bien que mon budget des dépenses principales pour l'année financière 2006-2007 ont été remis à votre comité le 25 avril de cette année, ils ne sont pas à l'ordre du jour de la présente réunion. J'aimerais toutefois revenir en parler dans une autre rencontre, si cela convient au comité.
Mon deuxième rapport annuel a été publié le 19 juillet et il a été renvoyé d'office au comité. Nous avons dans ce rapport souligné les difficultés opérationnelles que représente la gestion des deux codes régissant les conflits d'intérêt et l'après-mandat qui s'appliquent aux anciens titulaires de charge publique — l'ancien code mis en vigueur au cours de la 38e législature et le code du premier ministre Harper révisé le 6 février. Bien sûr, un changement de gouvernement donne toujours lieu à une augmentation temporaire de la charge de travail pour le Bureau, puisque de 400 à 500 nouveaux titulaires de charge publique sont nommés et que cette rotation du personnel pose des difficultés de conformité pour les clients des titulaires de charge publique.
Règle générale, le code régit la conduite de 1 350 titulaires de charge publique à temps plein et de 1 940 titulaires de charge publique à temps partiel nommés par le gouverneur en conseil. En 2005-2006, par exemple, le Bureau a traité 1 196 dossiers dont 228 étaient liés à des questions de conformité initiale et 968 à des ajustements annuels.
Quant à la gestion du nouveau code des titulaires de charge publique du premier ministre Harper, il a fallu tenir compte des quelques changements importants apportés par rapport à l'ancien.
Il a d'abord fallu ajouter un douzième principe au code en relation avec sa gestion. En corollaire, il importe de souligner qu'on ne trouve aucun principe d'éthique dans la loi fédérale sur la responsabilité proposée. À mon avis, c'est là une lacune du projet de loi, ainsi que je l'ai mentionné dans mes témoignages devant les comités de la Chambre et du Sénat.
Le second changement concerne la possibilité donnée à tout citoyen de demander une enquête sur la conduite d'un titulaire de charge publique par l'entremise d'un parlementaire, ce qui constitue une responsabilité additionnelle.
Le troisième changement touche les restrictions après-mandat qui ont été élargies pour y inclure l'interdiction pour les anciens ministres, hauts fonctionnaires et membres du personnel du cabinet d'un ministre d'agir à titre de lobbyiste pour une période de cinq ans suivant la cessation de leurs fonctions.
De plus, nous devons, dans le cadre de nos activités courantes, gérer le rembourser des coûts associés à la gestion de accords types de fiducie et de gestion sans droit de regard. En 2005-2006, nous avons révisé les taux de remboursement pour les services des fiduciaires en nous basant sur une enquête auprès de bureaux de comptables et d'avocats. Nous effectuerons une révision similaire chaque année.
En 2005-2006, nous avons également été confrontés à la question des récusations. Notre Bureau a recommandé les 15 récusations suivantes à l'ancien premier ministre Martin : sept récusations concernant la politique sur le transport marin, deux concernant la construction navale, une sur la Voie maritime du Saint-Laurent et cinq sur diverses autres questions. Parallèlement nous avons traité douze dossiers de récusation pour l'ancien ministre Stronach, dont dix sur l'industrie de l'acier et de l'automobile. Nous avons également traité cinq autres dossiers de récusations pour divers titulaires de charge publique, y compris une récusation pour l'honorable David Emerson concernant Canfor et une autre pour l'ancien ambassadeur des États-Unis, l'honorable Frank McKenna.
Quant aux ressources humaines, en 2005-2006, notre Bureau a embauché 34 équivalents temps plein. Pour assurer la gestion de notre personnel, nous avons établi un comité employeur-employé qui a formulé des recommandations sur les politiques, les pratiques et les procédures relativement à la gestion des ressources humaines, comme les politiques en matière de formation, de perfectionnement et de congé. Nous avons également utilisé un outil d'évaluation à 360 degrés pour notre personnel cadre.
En outre, nous avons évalué les menaces et les risques pour nos données en 2005, avec la collaboration des Services d'information de la Chambre des communes. Nos plus importantes mesures de sécurité et de protection de la confidentialité sont énumérées à l'onglet 5 du cahier d'information qui vous a été remis au mois de mai.
Enfin, pour ce qui est de notre fonctionnement interne, nous avons entrepris, avec l'aide du Centre for Public Management de gestion publique, d'évaluer les services que nous offrons et la conformité de nos pratiques avec les deux codes que nous avons le mandat d'administrer, sous l'angle de l'efficacité, de la pertinence, de la cohérence des applications et de la qualité de la gestion. Nous avons fait cela après avoir consulté la vérificatrice générale, bien que nous n'apparaissions jamais sur sa liste, puisque nous ne faisons pas partie de sa clientèle; elle a laissé entendre que notre approche était la meilleure formule de remplacement qui soit pour les besoins particuliers de notre Bureau.
Par ailleurs, le Bureau a déterminé certains domaines d'intervention à la suite de cet examen. En 2006-2007, nous travaillerons sur les points suivants : la fusion des Affaires exécutives et des affaires législatives sous une seule direction; la mise en valeur de la technologie de l'information, en ciblant plus particulièrement la numérisation des dossiers; la délégation des pouvoirs, afin d'avoir une structure plus uniforme de l'intérieur, et l'affectation à vie des dossiers des clients, afin que les conseillers le maîtrisent parfaitement.
[Français]
Enfin, je voudrais conclure en abordant la préparation de mon bureau en vue de l'application du projet de loi C-2, la Loi fédérale sur la responsabilité. Si la version courante est adoptée telle quelle, elle posera plusieurs défis, car elle entraînera des changements structurels majeurs, fusionnera les fonctions actuellement distinctes de commissaire à l'éthique et de conseiller sénatorial en éthique, pour créer un nouveau poste de commissaire aux conflits d'intérêt et à l'éthique, et édictera une loi sur les conflits d'intérêt dont la teneur sera très semblable à celle du Code régissant la conduite des titulaires de charge publique en ce qui concerne les conflits d'intérêts et l'après-mandat.
[Traduction]
De nombreuses fonctions nouvelles ou élargies sont proposées en vertu de la loi. Citons en exemple un plus grand nombre de personnes assujetties aux enquêtes, plutôt que de les restreindre aux ministres et aux secrétaires parlementaires, comme c'est le cas actuellement; l'interdiction d'utiliser des accords de gestion sans droit de regard; de conclure des ententes entre les cadres intermédiaires; un nouveau pouvoir permettant au commissaire aux conflits d'intérêt et à l'éthique d'amorcer de sa propre initiative une enquête sur un actuel ou un ancien titulaire de charge publique; l'ajout au régime d'une nouvelle catégorie de conseillers ministériels, soit une personne qui conseille un ministre, à temps plein ou à temps partiel, et moyennant rétribution ou non; le recours à des sanctions administratives d'au plus 500 dollars; des exigences accrues en matière de rapports et de surveillance, notamment l'obligation pour un ancien titulaire de charge publique de faire rapport au commissaire quand a) il reçoit ou accepte une offre d'emploi durant l'après-mandat; b) il fait du lobbying pour des anciens collègues, et enfin, un registre public plus complet qui contiendra les renseignements concernant les récusations qui ne risquent pas de révéler des renseignements confidentiels du cabinet ou de porter atteinte à la sécurité nationale.
Les exigences accrues du projet de loi C-2 actuellement soumis au Parlement se traduiront par des besoins accrus en ressources humaines, particulièrement en ce qui concerne les services juridiques nécessaires à l'interprétation et à l'observation du régime imposé par la loi et à la conduite des enquêtes. Des règles devront également être élaborées et appliquées pour mettre en oeuvre le nouveau régime de sanctions administratives.
De plus, les systèmes d'infotechnologie et de gestion de l'information du Bureau seront beaucoup mis à contribution pour soutenir les exigences de rapports et de surveillance des nouveaux systèmes et faire le suivi des sanctions imposées.
Il faudra de nouvelles ressources, financières ou autres, d'autres locaux et une sécurité physique accrue pour que le Bureau puisse s'acquitter de son mandat et traiter avec une clientèle élargie.
[Français]
Comme préparatifs, mon bureau a déjà étudié les conséquences des modifications que je viens d'énumérer et qui découleront de l'adoption de la Loi fédérale sur la responsabilité. Il a pris plusieurs mesures pour se préparer à son entrée en vigueur.
Il va sans dire que toute initiative devra toutefois être revue et réajustée, au besoin, en fonction de la législation finalement adoptée par le Parlement. Certaines modifications demanderont plus de temps que d'autres dans le domaine de la dotation et des adaptations technologiques, par exemple, mais nous prévoyons être prêts d'ici 2007, du moins pour le début des adaptations à court et à moyen termes.
[Traduction]
En conclusion, je le répète, nous souhaitons étudier avec le présent comité ou en sous-comité si vous préférez, le plus rapidement possible, le processus d'enquête qui a été proposé pour les titulaires de charge publique.
J'aimerais vous remercier de votre attention. Mes collègues et moi-même serons heureux de répondre à vos questions au meilleur de nos capacités.