Bonjour tout le monde. Merci de nous avoir invités au comité.
Je vais passer au travers de ce document aussi vite que possible et nous serons ensuite heureux de répondre à vos questions.
Pour commencer par la diapositive 2, je vais un peu vous parler de la genèse de notre examen des sciences.
Tout a débuté en 2004. Il était alors question d'évaluer les programmes et les activités scientifiques du ministère en regard de ses nouveaux objectifs stratégiques et de ses grandes priorités. Il fallait aussi faire le point sur les changements à apporter pour améliorer le programme scientifique afin de mieux répondre aux besoins du MPO et de mieux nous conformer à l'orientation du gouvernement.
Cet examen nous a permis de dégager les domaines clés auxquels nous devions apporter des améliorations. Nous avons notamment constaté l'absence d'un processus bien défini d'établissement des priorités; dans certains cas, nous avons estimé que la prestation du programme n'était pas aussi efficace qu'elle le devrait; nous avons conclu à la nécessité de renouveler nos effectifs afin de combler les trous laissés par les départs à la retraite et par l'élimination naturelle des effectifs; il est également arrivé que nous éprouvions des problèmes budgétaires à cause de l'élargissement du mandat du ministère et des nouvelles priorités qui lui ont été confiées. Ce qu'il faut retenir à ce sujet, c'est que les ressources n'ont pas suivi l'élargissement de notre mandat.
La diapositive 3 présente l'objectif de renouvellement des sciences au MPO. Il est question de disposer d'un programme des sciences aquatiques stimulant, fondé sur l'excellence — comme toujours — qui soutienne le MPO et le gouvernement et réponde à leurs besoins, en plus de servir les intérêts des Canadiens.
La diapositive 4 présente notre cadre pour l'avenir qui est appliqué au programme des sciences du MPO. Comme vous pouvez le constater, ce cadre s'appuie sur quatre piliers qui sont: la pertinence, l'efficacité, l'abordabilité et la valorisation. Je vais reprendre en détail chacun de ces piliers à partir de la diapositive suivante.
La diapositive 5, qui concerne la pertinence, présente l'architecture des activités du programme des sciences au MPO. Je dois vous dire qu'il était plutôt ambitieux de partir de trois grandes activités, qui rappelleront certainement quelque chose aux membres du comité — soit les pêches et les sciences océaniques, les sciences environnementales et l'hydrographie — pour en arriver à un inventaire de 1 250 projets environ répartis en 11 familles d'activités. Nous espérons, nous en sommes même sûrs, que cette nouvelle architecture reflète davantage ce que nous faisons, qu'elle est plus facile à expliquer et aussi plus facile à interpréter en ce qui vous concerne.
Les trois cases du haut sont les résultats stratégiques du MPO. Nous en avions déjà parlé en comité. En dessous, vous avez les thèmes scientifiques nationaux qui recoupent les résultats stratégiques après quoi, comme je le disais, on trouve les 11 familles d'activités qui constituent en fait l'architecture des activités du programme.
Je dois vous dire qu'il n'est pas évident de faire correspondre les thèmes et chacune de ces activités aux résultats stratégiques visés parce que, comme vous le comprendrez, tous nos projets scientifiques contribuent dans des proportions variées à la réalisation des résultats stratégiques, selon la façon dont l'information est exploitée.
Le graphique circulaire de gauche présente les fonctions des sciences. Il y en a cinq qui sont: la recherche, la surveillance, les processus avancés, les produits et services et la gestion des données. Je vais vous en parler un peu, mais sachez en partant qu'il ne s'agit-là que d'une autre présentation de nos activités scientifiques, soit ce que nous faisons pour fournir des informations aux décideurs.
Toujours en ce qui concerne la pertinence, la diapositive 6 traite du Conseil de gestion des sciences qui est essentiel au renouvellement des sciences. Il est présidé par le sous-ministre. Il a pour mission de formalisé un processus stratégique structuré d'établissement des priorités en science. C'est la première fois que cela se produit au ministère et nous sommes le seul ministère à disposer d'une structure de ce genre ou d'un processus de cette nature qui permet de formaliser l'établissement des priorités en science.
Les membres du conseil ont pour responsabilité de débattre les priorités du soutien scientifique. Je dois préciser qu'il est composé du sous-ministre, comme je le disais, de moi-même, des représentants des deux secteurs clients les plus importants, soit la gestion des océans et des habitats et la gestion des pêches et de l'aquaculture, du président de mon comité consultatif scientifique externe, Arthur Colin, et de deux autres scientifiques principaux du ministère. On y trouve également deux directeurs généraux régionaux, l'un pour l'Est et l'autre pour l'Ouest, qui représentent donc les régions.
Nous nous sommes rencontrés trois fois et, la toute dernière fois, nous avons examiné de près notre ébauche de plan de recherche quinquennal. Nous avons toujours d'intéressantes discussions et je serai heureuse de vous parler davantage de ce conseil si vous le souhaitez.
À la diapositive suivante, qui concerne l'efficacité, il est question de l'approche scientifique des écosystèmes dont j'ai déjà parlé à ce comité. Lors de la première rencontre du Conseil de gestion des sciences, nous sommes tous tombé d'accord sur le fait qu'il fallait suivre cette orientation. Si vous me permettez de revenir un peu sur la genèse, certains d'entre vous savent que, dans le passé, nous avions un grand client, en fait un seul client, la Gestion des pêches, mais que nous en avons beaucoup plus aujourd'hui. Nous avons l'Aquaculture, les Océans et l'Habitat. C'est pour essayer de répondre à toutes ces demandes concurrentielles que nous avons mis sur pied le Conseil de gestion. Nous serions heureux de pouvoir vous parler davantage de ce que sous-entend la science des écosystèmes, mais, pour l'instant, je vais passer à autre chose.
Diapositive 8. Tout à l'heure, j'ai mentionné les fonctions des sciences que nous avons d'ailleurs revues en détail lors de notre examen. Nous avons produit un rapport très complet sur tout ce que nous faisons partout au Canada en matière de surveillance. La surveillance revient en fait à collecter les données surtout à bord des navires. Nous avons d'ailleurs déjà parlé ici des navires scientifiques. Le rapport que nous avons produit est disponible et nous serions heureux de vous en remettre des exemplaires. Nous disposons à présent d'un plan opérationnel pour l'Atlantique, le Pacifique, l'Arctique, les eaux douces et le saumon du Pacifique.
La gestion des données est un élément essentiel. Nous devons pouvoir accéder à des données et nous devons pouvoir les organiser. Compte tenu des futurs départs à la retraite, nous devons avoir la certitude que nous savons où se trouvent les données et que les gens pourront y accéder.
Les produits et services concernent presque exclusivement le Service hydrographique canadien; il s'agit des cartes marines, des annuaires des marais et de bien d'autres choses. Nous pourrons y revenir.
À propos de la recherche, j'ai dit que nous disposons maintenant d'une ébauche de plan de recherche que nous serons heureux de transmettre au comité quand le document sera terminé.
Tout cela relève des conseils scientifiques et il se trouve que nous disposons d'un processus consultatif très poussé. On peut consulter la liste de nos processus consultatifs sur notre site Internet, pour l'année à venir. Il est question d'évaluation des stocks, d'évaluation des habitats, de l'état des océans et de bien d'autres sujets.
La diapositive 9 concerne l'efficacité. Nous voulons moderniser la prestation de nos services. Tout d'abord, nous avons toujours travaillé en partenariat avec d'autres, mais nous sommes conscients de la nécessité d'insister davantage sur ce plan et de parvenir à des partenariats plus efficaces. Nous avons donc travaillé sur une stratégie de partenariat et de collaboration. Nous faisons aussi beaucoup de travail sur ce plan en liaison avec les autres ministères et organismes à vocation scientifique.
De plus, nous avons mis en oeuvre un mécanisme de prestation différent pour le programme des sciences. Nous avons créé un certain nombre de centres d'expertise dont il est question à la diapositive suivante, la 10. Il existe deux grands types de CE. Le premier est géographique, tous les scientifiques étant regroupés en un seul et même emplacement. Il y en a deux ou trois du genre. Toutefois, nous nous concentrons de plus en plus sur les centres d'expertise virtuels qui sont tous interreliés, même s'il y a un chef de file par région. Dans ce cas, il s'agit davantage d'un réseau de chercheurs.
Quatre de ces CE sont opérationnels depuis quelques années et je pense que vous en avez déjà entendu parler, comme le CREPGE, qui est le Centre de recherche environnementale sur le pétrole et le gaz extracôtiers. Mais il y en a d'autres en cours de formation, soit le Centre de recherche sur les répercussions de l'énergie hydraulique sur le poisson et son habitat, et le Centre d'expertise en évaluation des risques biologiques sur les espèces envahissantes.
Toujours pour ce qui est de l'efficacité — et nous passons à la diapositive 11 — nous avons affaire à une main-d'oeuvre hautement qualifiée. Dans le passé, votre comité nous a montré qu'il comprend bien les défis qui nous attendent sur ce plan. Nous venons juste de produire une stratégie et un plan de RH qui est axé sur le recrutement stratégique et le maintien en poste de nos chercheurs, sur la promotion de l'apprentissage continu et du mentorat, sur le renforcement de notre capacité scientifique et de gestion, de même que sur le règlement des écarts sur le plan de l'équité en matière d'emploi. Nous sommes conscients de la nécessité d'élaborer une culture scientifique qui encourage la collaboration, la multidisciplinarité et l'interdisciplinarité du travail, de même que la collaboration avec tout un éventail de partenaires.
Comme vous le savez, l'abordabilité, dont il est question à la diapositive 12, est le moteur de l'action du ministère ainsi que de notre programme scientifique.
Le renouvellement du programme des sciences repose sur des stratégies clés intégrées à un processus formalisé. Nous appliquons une stratégie intégrée des finances et des ressources humaines. Pour la stratégie des sciences en mer, nous travaillons en étroite relation avec la Garde côtière afin de nous assurer d'avoir accès aux navires dont nous avons besoin. La stratégie de l'équipement scientifique et de l'infrastructure, qui fait partie d'un projet dirigé par le Conseil du Trésor, consiste à déterminer dans quels laboratoires scientifiques fédéraux le gouvernement du Canada va réinvestir.
Toujours au sujet de l'abordabilité, je tiens à préciser qu'en 2006-2007, nous avons débloqué certains fonds. Le plan de transformation, dont vous avez entendu parler a, jusqu'ici, donné lieu à une injection de 15,5 millions de dollars dans les sciences. Sur cette somme, 2 millions de dollars ont servi à des acquisitions majeures, 4 millions ont abouti dans la flotte et 9,5 millions ont servi directement à la recherche scientifique, à la surveillance et à la cartographie des éléments à haut risque des écosystèmes.
Comme vous l'avez appris, cette année, le ministre nous a demandé de maintenir notre investissement de 6 millions de dollars dans l'évaluation des stocks, investissement qui devait être interrompu conformément aux décisions prises à la suite de l'examen des dépenses. Il nous a, par ailleurs, ordonné de maintenir le Wilfred Templeman en service jusqu'à ce que nous percevions notre nouveau bâtiment, en 2011, pour un coût additionnel de 3 millions de dollars.
À cause de la décision Larocque, dont nous pourrons reparler un peu plus tard, nous sommes aux prises avec un véritable défi financier. Cette décision interdit essentiellement au ministre d'allouer des quotas dont les recettes serviraient à financer les activités scientifiques du ministère.
Enfin, pour ce qui est de la valeur des sciences, nous sommes conscients que rares sont ceux qui savent ce que nous faisons. D'ailleurs, un des membres de mon comité consultatif en science m'a dit, après avoir visité une de nos installations, que c'est dans ces endroits qu'on voit des choses dignes d'être racontées.
Nous travaillons très fort dans ce sens. Nous travaillons sur la stratégie, mais avant cela, nous avons effectué un certain nombre de choses. Nous allons publier le tout premier rapport annuel sur le programme des sciences au MPO. Il est actuellement sous presse et nous serons heureux de vous en faire parvenir des exemplaires dès qu'il sera imprimé. Nous faisons paraître des articles de fond sur notre site Internet. Nous en publions de nouveaux toutes les deux semaines et nous serons heureux d'inclure votre nom sur la liste de distribution, si vous le désirez. Nous organisons aussi la série des conférences du SMA, à Ottawa. Encore une fois, si vous désirez en être informé, nous pourrons mettre votre nom sur la liste. D'ailleurs, demain à 13 h 30, Jean-Denis Dutil, de la région du Québec, donnera une conférence intitulée « Le rétablissement de la morue: matière à réflexion ».
Enfin, toujours à la même rubrique, nous mesurons la valeur des sciences d'après le Cadre de gestion intégrée du rendement et du risque. Nous devons, en effet, pouvoir mesurer et prouver ce que nous faisons et établir, pour les décideurs et pour les Canadiens, pourquoi tout cela est si important.
Je vais m'arrêter ici, monsieur le président. La dernière diapositive se passe de commentaires. J'estime que le renouvellement des sciences est en bonne voie, mais nous sommes bien sûr ouverts aux suggestions du comité sur la façon de faire davantage et d'améliorer ce que nous faisons.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup pour ce très bon exposé qui renfermait d'excellents renseignements qu'il va nous falloir digérer.
S'il est une chose à laquelle les députés et leurs électeurs, ainsi que vos parties prenantes tiennent le plus, c'est à l'existence d'informations fiables dans lesquelles les pêcheurs peuvent avoir confiance.
Je vais vous citer deux cas de gestion des pêches où la confiance placée dans la capacité du ministère à effectuer des analyses scientifiques valables pour aider les gestionnaires a été plutôt ébranlée.
Il y a d'abord eu la situation de la morue dans le golfe du Saint-Laurent. Beaucoup d'entre nous se rappellent qu'en 2003 il avait été décidé d'imposer un moratoire sur la morue dans le nord et dans le sud du golfe. À l'époque, cette décision avait été fondée sur des données scientifiques et avait occasionné énormément de remous sur les plans politique, économique et social. Elle a fini par coûter environ 22 millions de dollars à l'économie locale en dépenses directes et davantage sans doute en dépenses indirectes. Sur l'avis des scientifiques, les pêches ont donc été fermées. Nous savons aujourd'hui que l'avis des scientifiques était relativement contestable, puisque les pêches ont été rouvertes dès l'année suivante et que, depuis lors, les quotas n'ont cessé d'augmenter année après année, ce qui a amené les pêcheurs à se demander si la décision initiale d'imposer un moratoire sur les pêches étaient bien fondée.
Le deuxième exemple est celui de la crevette, dans le secteur 4 du golfe du Saint-Laurent, c'est-à-dire dans la région de l'estuaire. Il avait été décidé de réduire cette pêche de 27 p. 100. Les autres stocks étaient en augmentation. La décision fut prise sur l'avis des scientifiques. Même si les gens du MPO et de l'Institut Maurice Lamontagne avaient estimé que les stocks voisins se portaient bien, on avait jugé que le stock de crevette dans le golfe du nord était menacé. À l'origine, il avait été recommandé de réduire la pêche de 27 p. 100. Finalement, elle n'a été réduite que de 20 p. 100 avant que le quota ne soit presque entièrement rétabli.
Ce que je veux dire, c'est que les pêcheurs doivent avoir la certitude que, quand le MPO applique le principe de précaution, il mobilise tous les éléments et toutes les ressources possibles pour conduire une véritable évaluation des stocks et recommander aux gestionnaires les TAC et les quotas à appliquer.
Avez-vous placé cet aspect au centre des décisions prises à la suite de votre examen parce que, dans ces deux pêcheries seulement — et je pourrais vous donner d'autres exemples —, les répercussions économiques se chiffrent en dizaines de millions de dollars et, a posteriori, beaucoup estiment que c'était inutile?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens, moi aussi, à souhaiter la bienvenue aux représentants du ministère.
Dans sa brève intervention, je pense que le président a fait ressortir une réalité, celle de l'évidence invisible, des échanges subtiles et des cercles d'influence. Il y a les pêcheurs qui sont sur zone, d'un côté, et le cercle des scientifiques qui essaie de rassembler des données, et puis, il y a le cercle des politiciens. Ces mondes ne s'excluent pas mutuellement et les influences jouent dans tous les sens.
Nous voulons tous fonder nos décisions sur des données scientifiques, mais il m'arrive souvent de penser que les scientifiques sont frustrés à cause de politiciens qui, dans leur désir de répondre aux besoins des pêcheurs, portent tort à la ressource.
Quoi qu'il en soit, dans le cadre de ce dialogue, nous essayons de faire en sorte que les décisions soient fondées sur les meilleures données scientifiques disponibles. Je crois que c'est ce que veulent la plupart d'entre nous, mais je comprends que les scientifiques puissent être frustrés de temps en temps à cause des jeux d'influence.
Vous avez commencé par nous parler des récits qui ne sont pas racontés et donc des défis que nous avons sur le plan des communications à cet égard. J'estime que le MPO excelle dans la recherche scientifique. Dans mon coin de pays, il a la Station biologique du Pacifique qui est l'une des institutions scientifiques de premier plan dans le monde. Je vais vous poser une question à son sujet. Nous avons donc, dans cet établissement, des scientifiques de renommée mondiale comme Dick Beamish et d'autres, et je pense effectivement que nous ne vantons pas assez ce que nous faisons de bien.
Comme l'océanographie est un vaste domaine, non seulement les scientifiques ne savent pas tout, mais la population en général ignore presque tout de ce qui se fait sur ce plan. Je vis sur la côte et je n'en reviens pas du nombre de résidents côtiers qui n'ont jamais été sur l'eau, qui se contentent de se promener le long de la côte en voiture pour jeter un coup d'oeil sur la mer.
Il y a tant de choses que nous ignorons. C'est sur cette côte que j'ai effectué ma première plongée autonome. Dès qu'on est sous l'eau, on découvre un tout autre monde. Tout le monde devrait aller voir un peu ce qui se passe là-dessous pour apprécier davantage ce que nous faisons. Les pêcheurs eux-mêmes devraient piquer une petite tête.
Tout ce que je veux dire par là, c'est qu'étant donné tout ce que nous devons apprendre afin de mieux apprécier l'écologie des océans, les interactions délicates entre les différentes espèces, ce qui se passe vraiment là-dessous, nous devons donner à nos scientifiques toutes les ressources dont ils ont besoin pour correctement s'acquitter de leur travail et nous devons les écouter. J'estime donc nécessaire d'envisager d'appliquer des stratégies de communication.
Vous avez mentionné un autre défi, celui de l'élargissement du mandat. Avant, vous deviez simplement vous occuper de la gestion des poissons, des stocks. Soudain, on vous a demandé de veiller à ce que nous ayons: des écosystèmes marins sains et productifs, des pêches durables, et des voies navigables accessibles, outre qu'on vous a demandé de vous charger de missions hydrogéographiques. Voilà un énorme mandat pour lequel j'estime que vous manquez nettement de ressources.
Nous voulons donc essayer de vous aider pour que la communauté scientifique dispose des outils nécessaires afin de progresser sur ces plans et pour que vous puissiez également faire connaître leur réussite. Avec les défis auxquels les océans vontt être confrontés sous l'effet des changements climatiques et du reste, dont nous avons parlé ici, nous savons que d'autres groupes s'appuient sur la science pour leurs propres fins et présenter les enjeux de sorte à infléchir la prise de décision, parfois même quitte à manipuler les données scientifiques à leurs propres fins. Nous avons pourtant tous intérêt à disposer de bonnes données scientifiques afin de prendre les meilleures décisions possibles.
Revenons-en à la question de l'argent soulevée par M. Stoffer. Pouvez-vous m'expliquer une chose? Vous avez dit que les chiffres concernant les navires sont inclus là-dedans. Je pense que vous vouliez, par là, parler du nombre de navires, à moins qu'il ne s'agisse des frais d'exploitation de ces navires. Avez-vous acheté des bâtiments? Ces coûts d'acquisition se retrouvent-ils ici? Pourriez-vous nous expliquer cela davantage?
Je remercie le comité de m'avoir invité aujourd'hui. Je m'appelle Rovert Rangeley, je suis biologiste de la vie marine et je suis également vice-président, Région de l'Atlantique, pour WWF-Canada.
Je tiens, avant tout, à vous présenter mes excuses. Comme il s'agit d'une invitation de dernière minute, nous n'avons pas eu le temps de faire traduire mon exposé. J'en ai fait remettre un exemplaire au président.
Je suis accompagné de Lorne Johnson qui est directeur à notre bureau d'Ottawa.
Je vais brièvemen vous parler de WWF-Canada avant de passer aux questions que nous désirons aborder avec le comité.
WWF-Canada a été fondée en 1967 par le sénateur Alan MacNaughton et est devenue à cette occasion l'une des principales organisations de conservation au Canada. Nous bénéficions de l'appui actif de 60 000 Canadiennes et Canadiens. Notre réseau international intervient dans plus de 100 pays de par le monde. Nous cherchons, par l'intermédiaire de nos partisans et partenaires à mettre la vision de WWF en oeuvre, vision qui consiste à arrêter la dégradation de l'environnement naturel de la planète et à bâtir un avenir où l'être humain vivra en harmonie avec la nature. Pour cela, nous voulons protéger la diversité biologique mondiale, veiller à ce que les ressources naturelles renouvelables soient utilisées de façon durable et promouvoir la réduction de la pollution et de la consommation excessive.
Je vais ouvrir ma présentation en vous parlant d'un de nos objectifs de conservation prioritaires, soit le rétablissement des stocks des Grands bancs. Je vais vous parler des mesures précises qui s'imposent pour parvenir à la durabilité des ressources dans nos eaux océaniques ainsi que des conséquences de l'inaction. Des années et des années de décisions à courte vue, prises dans le domaine des pêches, des tout début de la la pêche industrielle, dans les années 50, jusqu'à nos jours, ont eu des répercussions négatives sur les ressources océaniques dans le monde entier, mais c'est peut-être dans les Grands bancs où ces répercussions ont été les plus dramatiques. Les décisions prises ont conduit à un effondrement écologique, à des difficultés économiques et à l'instauration d'un climat d'incertitude.
On avait pensé que l'effondrement des pêches, certains stocks ayant décliné jusqu'à atteindre 1 p. 100 de leurs zones historiques, se serait stabilisé après l'application des moratoires, au début des années 90. Nous ne pouvions pas nous tromper davantage. La plupart des gens supposent que, comme le prélèvement de certaines espèces est interdit, on ne remonte plus les poissons en question, mais ce n'est de toute évidence pas le cas.
Par exemple, nous savons qu'en 2003 seulement, jusqu'à 5 400 tonnes de morue dans le sud des Grands bancs ont été remontées sous la forme de prises accessoires. À l'époque, cela représentait quelque 90 p. 100 du stock estimé. Pourtant, il s'agissait d'une ressource qui était déjà sérieusement en déclin et avait fait l'objet de moratoire depuis 1994. Malgré ce tableau peu reluisant, tout n'est pas perdu dans les Grands Bancs. La productivité y est encore considérable et on y trouve les bases du rétablissement. Pour renverser cette situation, il faut d'abord adopter une vision positive pour les Grands bancs.
Pour essayer de lancer la discussion, WWF a proposé une vision pour les Grands bancs qui prévoit qu'on retrouve, d'ici 2050, les niveaux de productivét et d'abondance des espèces que l'on a connus dans les années 50. Il serait question de revenir à un écosystème sain et équilibré permettant de soutenir des pêches lucratives susceptibles d'avoir des retombées économiques durables pour les flottes du Canada-Atlantique et les flottes étrangères. Tout n'est pas perdu et WWF ainsi que bien d'autres sont déterminés à ce que le rétablissement devienne réalité.
Si le Canada veut vraiment déployer des efforts en vue de favoriser le rétablissement des stocks, il devra changer la façon dont il gère ses océans, ce qui se fait attendre depuis longtemps. Bien que près de 15 ans se soient écoulés depuis l'adoption du premier moratoire sur la morue, nous n'avons mis en oeuvre aucun programme de rétablissement, ni aucun plan d'action. Que faut-il donc faire? Essentiellement, plutôt que de porter sur les espèces commerciales, il faut que la gestion des pêches soit axée sur les écosystèmes dont les valeurs de base sont la biodiversité et les habitats. Cela n'a rien de nouveau, ni de controversé. Comme le groupe de témoins précédent vous l'a indiqué, c'est même inscrit au programme du ministère.
S'il parvenait à réaliser cet exploit, le Canada s'alignerait sur d'autres éléments progressistes, comme l'Alaskan North Pacific et la CCFFMA, qui sont les organisations de gestion des pêches régionales dans l'Arctique. Elles sont parvenues à appliquer une gestion axée sur les écosystèmes afin d'instaurer des pêches durables qui permettent aux pêcheurs de gagner leur vie. Ce sont de bons modèles à suivre pour le Canada.
Il convient d'appliquer trois mesures que je vais vous décrire dans toutes les eaux canadiennes; elles sont simples et non contestées. Le ministère des Pêches et des Océans a pris un engagement. Le problème, c'est de joindre le geste à la parole. De plus, les dirigeants canadiens, ceux qui doivent passeer aux actes, devront influencer l'Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest, l'OPANO, et alimenter la réforme entreprise. Cela est essentiel pour assurer le rétablissement des stocks des Grands bancs et c'est notre dernière chance d'y parvenir.
Comme première mesure, le MPO doit diriger la mise en oeuvre de plans de rétablissement pour les stocks décimés. Comme on l'a bien vu, les moratoires seuls ne suffisaient pas. De telles mesures radicales doivent être accompagnées de plans de rétablissement efficaces assortis d'objectifs mesurables, d'échéanciers et de mesures de gestion complètes concernant toutes les causes de la mortalité du poisson, y compris les prises accessoires et la protection des habitats importants.
S'il y avait eu une véritable stratégie de rétablissement de la morue, des décisions comme celles qui ont été prises au printemps dernier, soit la rouverture de la pêche à la morue du Nord et l'autorisation de la pêche sportive à la morue, auraient été évaluées en regard des objectifs du plan. Le fait que tel n'a pas été le cas montre une propansion à jouer aux apprentis sorciers à propos du rétablissement de la morue et des futurs moyens de subsistance des pêcheurs.
Deuxièmement, le MPO doit élaborer et appliquer des mesures destinées à réduire sensiblement les prises accessoires. Les taux de mortalité actuels du poisson, surtout à cause des prises accessoires, sont tels qu'ils entravent le rétablissement des stocks visés par les moratoires. Les prises accessoires contribuent aussi à la surexploitation des stocks dont la pêche est autorisée et a aussi des effets négatifs sur les espèces non commerciales. Il faut, au minimum, fixer des limites absolues de prise secondaire, et cela à des niveaux qui favoriseront le rétablissement.
Troisièmement, le MPO doit protéger les habitats. Le Canada doit accélérer l'expansion de son réseau de zones de protection marine. Pour l'instant, 0,5 p. 100 seulement des eaux canadiennes sont protégées, soit beaucoup moins que l'objectif que s'était fixé le gouvernement et qui aurait consisté à établir un réseau de zones de protection marine représentatif couvrant au moins 10 p. 100 de nos océans d'ici 2012.
Il est également fondamental de recenser et de protéger les zones sensibles, comme les massifs coralliens et les zones qui servent de nurserie. Un réseau de zones de protection maritime correctement conçu et mis en oeuvre sera un objectif essentiel à la réalisation des objectifs de rétablissement et de gestion axée sur les écosystèmes. La santé des océans en dépend.
Les progrès réalisés dans l'établissement de zones de protection sont lents, mais il serait possible d'agir immédiatement.
Par exemple, le ministre pourrait rapidement autoriser l'initiative de gestion intégrée de l'est du plateau néo-écossais, le GIEPNE. Il doit approuver le plan qui est prêt. Celui-ci représente sans doute la mesure la plus déterminante qui fait appel à toutes les parties prenantes dans la gestion des océans. Il est assorti d'un plan pour les zones de protection.
De plus, le MPO et d'autres organismes gouvernementaux concernés ont indiqué que trois secteurs pourraient bientôt être officiellement désignés ZPM, cette désignation étant promise depuis de nombreuses années. Il s'agit de zones exceptionnelles sur le plan écologique dont la désignation fait l'objet d'un solide appui local. Si le gouvernement respectait ses engagements, il serait possible de désigner rapidement le nom sous-marin Bowie, sur la côte Pacifique, la zone de conservation marine nationale de l'ouest du Lac Supérieur, et la zone faunique nationale Igaliqtuuq.
Cela étant, quelles pourraient être les conséquences de l'inaction ou du statu quo? Eh bien, le monde a récemment été choqué d'apprendre que l'effondrement général des stocks de poissons et de fruits de mer pourrait devenir réalité avant 2050 à moins qu'on mette en oeuvre les réformes dans les pêches. L'étude publiée par Boris Worm dans le magazine Science, montre que cette catastrophe est due à un déclin soutenu de la biodiversité essentiellement occasionné par de mauvaises pratiques de pêche. À cause de ce déclin, l'océan ne parvient pas à produire autant de poissons et de fruits de mer et il ne peut pas non plus résister à la propagation des maladies, il ne filtre plus les polluants et il ne parvient pas à se remettre des stress que lui imposent la surpêche et le changement climatique.
Les Canadiens sont parfaitement au fait des répercussions sociales et économiques qu'un tel désastre pourrait avoir. S'il est évident que nous sommes sur une pente dangereuse, la bonne nouvelle, c'est qu'il est possible de rétablir les stocks de poisson à condition d'adopter des mesures puor promouvoir et pour protéger la biodiversité.
WWF met cette législature au défi de contribuer à la réalisation de notre vision du rétablissement des stocks des Grands bancs en agissant maintenant et en donnant suite à l'engagement du Canada d'assurer la gestion des océans.
Je vous remercie de votre temps et de votre attention. Je me tiens à votre disposition pour discuter de ces questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Rangeley, de vous être déplacé.
J'ai suivi votre exposé avec grand intérêt et je dois vous dire bien honnêtement que je suis très intéressé à la morue des Grands bancs et aux ressources halieutiques de ce secteur en général, et cela pour un certain nombre de raisons. Je me préoccupe de l'approvisionnement de la planète en protéine, mais je représente une région de Terre-Neuve-et-Labrador, sur la côte sud, qui a été durement frappée à cause du fléchissement des stocks de morue. C'était pourtant cette ressource qui nous avait amené à nous installer là, et la population est en déclin dans cette région. Nous sommes obligés d'aller chercher du travail ailleurs, parce que le stock de morue a été décimé.
D'une certaine façon, j'ai de la chance, parce que la région que je représente vit de deux types de pêche commerciale, celle des 3PS et celle de la morue du golfe. Comme nous sommes dans le Sud, cela est sans doute en grande partie dû au fait que les eaux sont plus chaudes et aussi plus riches en substances nutritives. Je pense que cela joue, mais nous sommes tout de même très loin de nos niveaux historiques.
À propos du plan de rétablissement dont vous avez parlé, je pense que personne ne peut être contre. Personnellement, je pense être d'accord avec cela. Les gouvernements successifs se sont montré négligeants en n'adoptant pas de plan de rétablissement convenable.
Il est évident qu'il faut réduire les prises secondaires, mais j'ai une petite question à vous poser à ce sujet. Qui sont les principaux responsables des prises secondaires? On parle bien du secteur sud des Grands Bancs. Qui remonte les prises secondaires là-bas?
On n'insistera jamais assez non plus sur la nécessité de protéger les habitats. Je vais vous dire ce que j'ai trouvé de plus intéressant dans votre exposé — et j'aimerais que vous répondiez à ma question sur les prises secondaires, si vous le pouvez.
Nous parlons de gestion de l'écosystème et d'instauration d'un écosystème équilibré. Plusieurs facteurs interviennent dans le déclin des stocks de morue et il faudra donc s'attaquer à ces différents facteurs pour regénérer ce stock de morue.
Vous n'avez absolument pas parlé du comportement des prédateurs. J'aimerais avoir vos réactions à ce sujet, parce que c'est un facteur qui s'ajoute aux trois que vous avez mentionnés, qui sont importants et avec lesquels je suis d'accord. Celui-là, en revanche, vous n'en avez pas parlé, mais j'estime qu'il est essentiel que nous nous en occupions.
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J'aimerais pouvoir vous répondre. Le gouvernement s'est engagé à créer des ZPM représentant 10 p. 100 de la totalité de nos eaux d'ici 2012, c'est-à-dire d'ici très peu de temps. Les zones de protection maritime actuelles sont grandes comme trois timbres-poste et représentent plus ou moins 0,5 p. 100 de nos océans.
À partir de ce que nous avons conclu de notre analyse des meilleures données disponibles sur les zones de protection de par le monde, nous avons préparé un cadre de planification pour les zones de protection et nous venons juste d'apporter la touche finale à un rapport scientifique complet, que je n'ai pas avec moi parce qu'il est encore sous presse, sur la façon de mettre ces zones en oeuvre.
Vous devez savoir deux ou trois choses au sujet des zones de protection. L'approche que nous recommandons ne consiste pas à annoncer — de façon arbitraire et autoritaire — le tracé sur une carte de zones interdites aux pêcheurs. Nous proposons, par exemple, de reprendre le modèle adopté pour l'est du plateau néo-écossais. Comme vous le savez, il s'agissait d'un processus dirigé par le MPO qui a découlé de la création de la ZPM Gully.
La reconnaissance de la ZPM Gully — la toute première dans l'Atlantique Canada — a été l'aboutissement d'un processus plutôt désordonné. Il s'agit d'une vaste zone qui est importante au titre de la protection du plus grand canyon de la côte est nord-américaine fréquenté par la baleine à bec commun et où l'on trouve des coraux profonds et d'autres espèces qu'il convient de protéger maintenant que nous en avons appris davantage à leur sujet.
Je me suis beaucoup entretenu avec des représentants de l'industrie à l'époque et il nous a semblé que le problème était dû au caractère circonstanciel de ce projet. Il sortait de nulle part et les gens ne savaient pas comment réagir.
On peut se demander comment inclure tous les utilisateurs dans un plan concernant les zones de protection. Eh bien, nous avons décidé de relever le défi. Une façon de s'y prendre consiste à participer et à contribuer à la formulation des objectifs de gestion intégrée. Sur ce plan en particulier, il y a eu le projet pilote de GIEPNE.
C'est précisément ce que je disais tout à l'heure. Il faut que le ministre autorise ce plan l'année prochaine et tout semble indiquer qu'il le fera. C'est un bon plan.
Passons aux zones de protection. Nous ne préconisons pas de créer de façon ponctuelle des zones de protection, ici et là. Nous favorisons la planification systématique de réseaux représentatifs, et ce qu'il y a de bien avec cette approche et avec les outils que nous avons utilisés — inspirés des meilleurs modèles en vigueur dans le monde — c'est qu'ils sont synonyme de souplesse. On commence par s'entendre sur les objectifs et sur les valeurs à protéger, puis on mobilise les autres parties prenantes.
On dispose d'une assez bonne souplesse dans le tracé du contour des ZPM dont beaucoup sont destinées à des types d'utilisation différents.
Nous recommandons d'appliquer une formule de zonage qui permettra de couvrir 10 p. 100 de nos océans pour protéger les lieux les plus précieux et les habitats les plus représentatifs en mobilisant l'industrie et les autres décisionnaires plutôt qu'en créant une carte immuable de ces zones.
Une partie du problème qui explique la résistance initiale de l'industrie — laquelle est selon moi à l'origine de la résistance du ministère — tient au fait que les gens ont vu dans la création de la première ZPM une pente glissante qui allait inexorablement aboutir à une augmentation du nombre de ZPM et du nombre de règles qui empêcheraient l'industrie de pêcher.
Eh bien, c'est tout à fait l'opposé. Il est plutôt question de gérer les écosystèmes parce que c'est le genre de mesure qui contribuera au rétablissement que nous recherchons et à l'instauration d'une viabilité à long terme. C'est l'approche que nous recommandons.