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Oui, monsieur le président, je suivrai l'horaire.
Merci beaucoup. Je suis très heureux de pouvoir m'adresser avec vous, avec mes collègues, au sujet de ce que nous pensons être un programme couronné de succès, bien qu'il soit sous-financé, ce qui ressortira clairement de mon exposé.
Nous ferons tout notre possible pour répondre à vos questions. S'il y en a auxquelles nous ne pouvons pas répondre immédiatement, nous vous enverrons les réponses le plus vite possible.
Je crois que l'on vous a remis une documentation, que je vais vous présenter assez rapidement. Je ne vais pas la lire mot à mot, je vais simplement en présenter les aspects dominants.
Évidemment, nous sommes ici pour parler des choses qui vous préoccupent, notamment la gestion des ports essentiels et, si je ne me trompe, le programme de dessaisissement.
La troisième diapositive présente certaines des dates clés du programme, depuis sa mise sur pied en 1977. Comme vous le savez, les ports pour petits bateaux offrent une infrastructure multifonctionnelle qui est essentielle à des centaines de collectivités de tout le pays. Son fondement légal est la Loi sur les ports de pêche et de plaisance. En 1987, le gouvernement a approuvé le concept des administrations portuaires. J'y reviendrai dans un instant.
Dans les années 1990, suite à l'Examen des programmes, on a décidé de focaliser le programme sur les ports de pêche essentiels et, en même temps, de céder les ports de plaisance et les ports non essentiels.
La quatrième diapositive résume le parc portuaire actuel. On dit souvent que le ministère détient environ 750 ports essentiels, auxquels nous consacrons la majeure partie de notre budget. Il détient en outre 347 ports de pêche non essentiels et 182 ports de plaisance. Tous ces ports doivent être cédés, et 108 autres ports sont actuellement aux étapes finales du dessaisissement.
La deuxième partie de cette diapositive concerne les administrations portuaires. Il y en a plus de 500 qui font leur travail avec l'aide de 5 000 bénévoles et d'une centaine d'employés rémunérés.
Passons maintenant aux données budgétaires. Vous voyez ici la ventilation de notre budget, qui s'élève à un peu plus de 86 millions de dollars. Vous constaterez que 82 % de cette somme est essentiellement destinée à l'entretien des ports.
Une étude de 2001 dont le comité a certainement entendu parler a révélé que l'entretien et la réparation des ports exigerait 106 millions de dollars, alors que la somme actuellement prévue à cette fin est de 71 millions de dollars.
La situation ne va pas tarder à empirer avec l'expiration prochaine, le 31 décembre 2007, d'un fonds de 20 millions de dollars. Ceci va exacerber les pressions financières exercées sur le programme.
Le dernier élément de cette diapositive constitue cependant une bonne nouvelle puisqu'il indique que notre ministère s'attend à recevoir des crédits supplémentaires. En effet, sous réserve de l'approbation du Conseil du Trésor, une somme supplémentaire de 11 millions de dollars environ sera consacrée cette année au programme des ports pour petits bateaux.
La sixième diapositive concerne les admirations portuaires, qui sont des sociétés indépendantes fonctionnant avec des bénévoles. Elles sont censées recueillir des fonds quand elles le peuvent pour couvrir leurs dépenses d'exploitation et leurs dépenses d'entretien mineures. Toutes les activités fondamentales d'entretien relèvent de la responsabilité du ministère. Les administrations ont recueilli environ 11 millions de dollars au moyen des droits d'utilisation qu'elles perçoivent.
La diapositive suivante indique que les droits d'utilisation pourraient être rehaussés en fonction des taux du marché. Toutefois, étant donné l'état actuel des installations portuaires, ce serait très difficile sans entreprendre de sérieuses rénovations.
Les administrations portuaires sont des entités relativement petites qui dépendent de bénévoles dont le taux de roulement est très faible. Il s'agit de personnes très dévouées mais qui sont de plus en plus fatiguées et qui ont besoin d'une attention supplémentaire.
En ce qui concerne les dessaisissements -- je suis à la page 8 -- le ministère a reçu l'instruction de se dessaisir des ports de plaisance et des ports de pêche inactifs ou peu actifs. Essentiellement, ces ports sont cédés à un prix symbolique, étant entendu que le bénéficiaire s'engage à en assurer l'entretien ou à les tenir ouverts pendant au moins cinq ans.
Depuis 1994-1995, lorsque la décision de dessaisissement a été prise, nous avons cédé, au coût de 61 millions de dollars, 663 ports de plaisance et 382 ports de pêche inactifs ou peu actifs. La plupart de ces ports ont été cédés à des municipalités ou à des organismes communautaires à but non lucratif.
Il nous en reste encore un certain nombre à céder. Selon nos estimations, le coût de cession des 347 ports restants s'élèvera à environ 82 millions de dollars. À l'heure actuelle, à cause d'autres besoins, nous ne pouvons consacrer que 1,5 million de dollars par an aux cessions.
Voilà, monsieur le président, ce qui met fin à ce bref exposé. Nous sommes à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être venus, messieurs.
Je voudrais d'abord faire une remarque ou deux. Dans ma circonscription de Terre-Neuve-et-Labrador, nous avons réalisé certains gains importants ces dernières années au sujet des ports pour petits bateaux, même si nous savons que le budget est insuffisant. Ma grande préoccupation, qui est aussi celle d'autres membres du comité, concerne les 20 millions de dollars prévus pour cinq ans. Je crois comprendre que ce budget arrive à expiration à la fin de l'exercice budgétaire. Cette somme était insuffisante mais, si elle n'est pas reconduite ou accrue, on va avoir de très sérieux problèmes. C'était juste une remarque.
Voyons l'évolution du budget. En 2003-2004, votre budget d'exploitation s'élevait à 62,8 millions de dollars et votre budget d'investissement, à 34,1 million de dollars. Cette année, on prévoit 78 millions de budget d'exploitation et 22,5 millions de budget d'investissement. Pourquoi votre budget d'exploitation a-t-il augmenté de 16 millions alors que votre budget d'investissement a baissé de 12 ? C'est ce que je constate en examinant ce tableau des comptes publics. Pouvez-vous expliquer cette situation ?
Je sais que le temps nous est compté. J'examine la liste des ports de pêche et des ports de plaisance par région, à Terre-Neuve, et je vois qu'il y a un seul port de plaisance, ce qui me semble très peu. Pouvez-vous expliquer pourquoi il n'y a qu'un seul port de plaisance dans cette province, me dire où il se trouve, et comment il se fait que ce soit le seul ?
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Merci, monsieur le président.
Merci de votre exposé, messieurs.
Comme vous le savez probablement, ceux d'entre nous qui viennent de la Nouvelle-Écosse avons suivi de très près le fiasco de Digby. Je vais vous poser plusieurs questions en vous demandant d'en prendre note et d'y répondre à la fin.
Quelles mesures ont été prises pour prévenir toute répétition du fiasco du quai de Digby ?
Parlons maintenant du Nunavut. Nous avons beaucoup parlé aux gens du Nunavut de la possibilité de consacrer des crédits d'infrastructure à l'aménagement de quais. Cela relèverait-il de vos responsabilités ou de celles du ministère des Transports ou d'un autre ministère ?
Au troisième paragraphe de la page 7 de votre document, vous dites ceci : « La plupart des AP sont de petite taille et comptent sur le dévouement de bénévoles. Or, le taux de roulement de ceux-ci est faible, et la fatigue se fait sentir, ce qui compromet le modèle des AP ». Pourtant, vous disiez juste avant : « Il y a de la place pour une augmentation des droits perçus par les AP ».
Comme je représente des communautés de pêche depuis un certain temps, je surveille toujours la situation des quais et des docks, comme d'autres s'intéressent à la situation des routes dans les villes. Lorsqu'on fait payer des droits d'utilisation, cela impose un fardeau aux gens qui tentent de gagner leur vie en mer. Comment pouvez-vous donc affirmer que la plupart des AP dépendent de bénévoles qui sont épuisés -- et vous avez parfaitement raison -- et dire ensuite qu'elles pourraient relever leurs droits d'utilisation ? La dernière chose dont les pêcheurs ont besoin aujourd'hui, c'est d'une augmentation de leurs frais d'exploitation.
Pour conclure, je veux mentionner que j'apprécie beaucoup que vous ayez dit plusieurs fois ce matin que vous manquez désespérément d'argent. Il n'est pas fréquent que des fonctionnaires viennent dire ça devant un comité. Les 8 millions de dollars ne seront évidemment pas suffisants pour couvrir vos besoins. Si vous pouviez rédiger vous-même à votre intention un chèque du Conseil du Trésor pour répondre aux besoins des ports pour petits bateaux de ce pays, quel serait le montant que vous voudriez ajouter à votre ministère pour répondre aux besoins des Canadiens ?
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En ce qui concerne votre question sur les ports du Nunavut, je crois que notre sous-ministre en a parlé l'an dernier lors d'une audience du comité. Je peux vous dire que nous avons collaboré étroitement avec des représentants du Nunavut à ce sujet. Dans un rapport commun qui n'est pas encore tout à fait prêt -- je ne vois pas pourquoi nous ne le partagerions pas avec le comité quand il le sera -- on indique un besoin de sept ports au Nunavut.
La semaine dernière encore, nous avions une réunion avec des représentants du Nunavut. Notre sous-ministre était présent, avec moi-même, Robert et les représentants du ministère des Transports, puisqu'il y a là une question de crédits d'infrastructure. Nous allons continuer à collaborer avec ce ministère, et peut-être avec d'autres, que ce soit dans le cadre d'une stratégie particulière pour le Nord ou du besoin spécifique de ports au Nunavut. Nous devrions avoir des informations complémentaires à relativement brève échéance.
Je voudrais revenir sur ce que vous avez dit au sujet des administrations portuaires, car vous avez tout à fait raison. Nous avons dit que ces autorités sont des entités relativement petites, très dévouées et qui font beaucoup d'efforts. Nous avons dit aussi que, dans la situation actuelle du marché, il leur serait peut-être possible d'obtenir des recettes supplémentaires. Quoi qu'il en soit, vous n'avez pas tort d'affirmer qu'une augmentation des droits d'utilisation pourrait être un facteur négatif pour le secteur de la pêche, qui souffre déjà.
Je comprends parfaitement votre argument. Cela dit, si l'on se place strictement du point de vue du marché, il existe cette possibilité de relèvement des droits, ce qui pourrait améliorer le financement des travaux d'entretien des ports. Je pense que cette distinction est importante.
Vous m'avez aussi demandé ce que je ferais si j'avais le pouvoir de rédiger un chèque à l'ordre du ministère. Nous avons fait certains calculs. Tout à l'heure, j'ai fait allusion au fait que nous pourrions utiliser 35 millions de dollars de plus par an. Je crois qu'il y a aussi des fonds additionnels que nous pourrions obtenir par la cession d'autres ports. Nous avons donc certains chiffres en tête dont nous allons parler au ministre.
Comme vous le savez fort bien, le mandat du ministère des Pêches et Océans est extrêmement vaste. Je ne voudrais pas vous donner l'impression que le programme des ports pour petits bateaux, même s'il manque actuellement de fonds, ne constitue pas l'une des priorités du ministère, avec toutes les autres.
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Il nous reste peu de temps, monsieur le président.
Tenons pour acquis que le MPO est sous-financé, surtout du point de vue de son budget en capital. Il a des budgets en capital assez élevés, pas seulement pour les ports de petits bateaux mais aussi pour son système de gestion de la flotte, l'informatique, etc.
J'ai trois questions importantes. J'essaierai d'être bref. Tout d'abord, y a-t-il eu un changement ces dernières années dans la politique des affectations régionales ? Continuez-vous d'appliquer rigoureusement cette politique ou avez-vous changé la répartition régionale de vos budgets d'investissement ?
Ma première question concerne les affectations régionales. Avez-vous maintenu vos politiques à cet égard ou les avez-vous modifiées ? Sinon, envisagez-vous de les modifier ?
Deuxièmement, y a-t-il des changements dans la répartition du budget d'investissement du MPO, notamment au détriment des ports pour petits bateaux ? Le Parlement et notre comité appuient l'affectation de crédits particuliers aux ports pour petits bateaux mais, comme nous le savons, une fois que le ministère obtient un budget d'investissement, il peut en modifier l'affectation, par exemple s'il doit augmenter les sommes destinées à la gestion de la flotte. Y a-t-il donc eu une réduction de l'enveloppe des ports pour petits bateaux au profit d'autres secteurs du ministère ? Dans l'affirmative, l'argent est-il retourné ensuite aux ports pour petits bateaux, en esprit, en qualité et en quantité ? Nous ne sommes pas ici pour vous dire ce que vous devriez faire ni quelles devraient être vos priorités. Le Parlement approuve un budget donné en fonction de certains objectifs, et notre comité approuve un budget précis pour les ports pour petits bateaux. Nous voudrions que cela soit respecté.
Ma dernière question concerne le rôle de Travaux publics. Ce ministère a le monopole de la fourniture des services de génie aux administrations portuaires pour tous leurs projets d'investissement. A-t-on envisagé d'autoriser les administrations portuaires à retenir les services de firmes de génie privées et indépendantes pour réaliser leurs projets d'investissement comme nous le faisons pour les municipalités ? Les administration portuaires sont-elles assez indépendantes, expertes et professionnelles pour pouvoir s'engager dans cette voie, ce qui pourrait réduire les coûts de réalisation des projets d'investissement et, en même temps, assurer une utilisation plus rentable de l'argent disponible. Nous savons que Travaux publics a un budget, du personnel et des échéanciers limités, facteurs qui limitent ou réduisent parfois la qualité des services dispensés aux autorités portuaires.
C'étaient mes trois questions. Si vous n'avez pas le temps d'y répondre tout de suite, j'aimerais que vous communiquiez les réponses au comité un peu plus tard.
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Ma question concernera à nouveau la côte ouest. Vous venez de parler brièvement de Transports Canada mais c'est Tofino qui m'intéresse.
Il y a à Tofino un port qui a récemment été cédé. Il ne sert plus beaucoup à la pêche, aujourd'hui, mais c'est un centre de transport important pour les collectivités autochtones. C'est un port en transition, qui était autrefois un grand port de pêche industrielle et qui devient de plus en plus un port de plaisance et de tourisme.
Nous avons des collectivités comme Ahousat, une collectivité de 800 habitants pour qui ce port est un point d'accès important. Même chose pour Opetchesaht et Hesquiaht.
Quand ce port a été cédé, récemment, j'ai envoyé une lettre au ministre. Il y avait une somme fixe -- peut-être un demi-million de dollars -- qui devait être dépensée en totalité en cinq ans ou être rendue au ministère.
Pouvez-vous m'expliquer pourquoi ? Dans ces petites collectivités, bon nombre de travaux sont exécutés bénévolement par des entrepreneurs locaux, ce qui permet de faire beaucoup plus de choses.
Premièrement, le ministère tient-il compte de besoins autres que ceux reliés à la pêche, par exemple des besoins de transport, ce qui est important pour ce port qui est plus un centre de transport régional ?
Deuxièmement, je voudrais parler de la zostère marine et des ports de tourisme comme celui de Tofino. La marée monte rapidement à Tofino et laisse du limon dans le port. Il est cependant quasiment impossible d'obtenir l'autorisation de faire du dragage, même si ça ne coûte rien au ministère, parce que la zostère marine pousse dans le port et que quelqu'un a décidé que, sur les centaines et centaines d'hectares de zostère marine qu'il il y a là-bas, qu'on ne peut pas toucher à celle-là sans en replanter ailleurs. Cela ne relève peut-être pas de votre ministère mais c'est un gros problème pour les petits bateaux.
C'étaient mes deux questions.
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Merci, monsieur le président.
À titre d'information générale, je suis directeur exécutif de la Nova Scotia Fish Packers Association, organisme qui regroupe plus de 60 entreprises de transformation et d'exportation de la Nouvelle-Écosse. L'an dernier, nous avons exporté pour plus de 400 millions de dollars de produits. Les sociétés que je représente exportent toutes les variétés de fruits de mer existant en Nouvelle-Écosse. Je rappelle aussi au comité que la Nouvelle-Écosse est le premier exportateur de fruits de mer du Canada, avec plus de un milliard de dollars d'exportations l'an dernier.
Ce secteur subit actuellement de très fortes pressions, tout comme à Terre-Neuve, et pour les mêmes raisons : le taux de change américain, les prix du carburant, les prix de l'électricité et la concurrence chinoise sur nos marchés.
J'implore le ministre de venir le plus tôt possible en Nouvelle-Écosse, idéalement cet été. Nous avons besoin qu'il tienne un sommet comme celui qu'il a récemment tenu à Terre-Neuve, où il est allé rencontrer les représentants de l'industrie pour comprendre leurs problèmes. Peut-être pourrons-nous trouver des stratégies efficaces si nous nous y mettons tous.
Je tiens à souligner l'urgence du problème. Je vis dans une région du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse où certains propriétaires de bateaux ne peuvent aujourd'hui obtenir du carburant que s'ils payent rubis sur l'ongle, où l'une des grandes sociétés d'automobiles et de camions reprend les camions des pêcheurs, et où nous sommes confrontés à un très fort fléchissement des marchés, notamment aux États-Unis. J'espère que le ministre recevra ce message et que nous pourrons l'accueillir cet été.
Passons maintenant aux phoques gris. Je suis secrétaire-trésorier de la Grey Seal Research and Development Society, organisation qui regroupe un certain nombre d'entreprises de transformation et de pêche.
Quelle est la situation actuelle de la pêche commerciale dans le dossier du phoque gris ? En 1980, on estimait à 30 000 la population totale de phoques gris, concentrée autour de l'île de Sable, avec de rares observations dans les eaux de I'ouest de la Nouvelle-Écosse ou du Cap-Breton. En 2006, on estime qu'elle est de 350 000 à 400 000 têtes, avec de nouvelles aires de reproduction et de mise bas, et des concentrations du Cap-Breton aux zones côtières du littoral du golfe du Maine.
Contrairement aux phoques du Groenland, qui restent cantonnés dans Ie Golfe ainsi qu'au large des côtes de Terre-Neuve et du Labrador pendant quelques mois avant de migrer vers l'Arctique et Ie Groenland, les phoques gris vivent I'année durant dans nos eaux de pêche commerciale et près de nos côtes. Adultes, ces phoques pèsent de 600 à 1 200 livres; ils dévorent de grandes quantités de poissons et de mollusques et crustacés dans nos bancs de pêche en eau peu profonde et dans nos eaux côtières. Comme ils fréquentent les eaux froides, ils doivent absorber plus de calories par année que toute la population de plus d'un million d'habitants de la Nouvelle-Écosse.
La population de phoques gris a plus que décuplé depuis 1980, alors que nos stocks de morue et d'autres poissons de fond continuent de décliner, voire de disparaître des eaux côtières de I'est de la Nouvelle-Écosse et du Cap-Breton. On a imposé un gel de la pêche commerciale à la morue dans ces eaux depuis 1993; pourtant, les stocks continuent à diminuer à cause d'un taux de mortalité naturelle élevé qu'on n'arrive pas à expliquer, ainsi que de ce qui semble être la disparition de classes d'années entières avant que les jeunes soient assez gros pour se reproduire.
Ce déclin des stocks de morue et des autres espèces commerciales de poissons de fond tend de plus en plus à s'étendre vers I'ouest, où les industries de la pêche et du conditionnement du poisson ont réussi à survivre jusqu'à présent.
Le peu de morues qu'on arrive à prendre pour des fins scientifiques et d'analyse dans I'est de la Nouvelle-Écosse et au Cap-Breton sont infestées de parasites, à savoir de vers de phoques, et leur croissance en est affectée. Ce phénomène s'étend vers I'ouest; notre industrie craint que cela ne finisse bientôt par I'obliger à fermer complètement ses portes.
Les phoques gris ne sont peut-être pas la seule cause de ce déclin, mais I'impact sur I'écosystème de l'explosion de la population de ces gros prédateurs est mal compris -- et extrêmement sous-estimé, à notre avis.
La demande mondiale de poisson pêché dans les océans augmente. Notre concurrence en Norvège (où Ie contingent annuel de pêche à la morue dépasse 200 000 tonnes métriques) et en Islande (ou il excède 150 000 tonnes métriques) en récolte les profits grâce à ses exportations de poisson frais, surgelé et salé. Je précise en passant que le quota de morue du Canada atlantique est inférieur à 25 000 tonnes, quand on ajoute Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse.
Les pêcheurs de ces pays-là sont prospères, tandis que nous augmentons notre exportation de jeunes de nos villages de pêche. L'Islande et la Norvège gèrent leurs populations de phoques en ne les laissant pas dépasser 20 000 têtes, sans s'excuser pour autant. La Norvège délivre même des permis aux étrangers venus chasser Ie phoque; c'est une attraction touristique.
L'industrie du conditionnement du poisson de la Nouvelle-Écosse a survécu dans Ie sud-ouest de la province où une petite pêche à I'aiglefin, à la morue et au goberge s'est maintenue jusqu'à présent, mais elle fait face à d'énormes pressions de la concurrence, étant donné que Ie taux de change avec Ie dollar américain est moins favorable, que les stocks de poisson diminuent, que la Chine nous livre une concurrence féroce pour les produits surgelés et à valeur ajoutée, que les prix du combustible augmentent et que la main-d'oeuvre s'appauvrit. L 'augmentation continuelle de la population de phoques gris et leur nombre croissant Ie long des côtes ainsi que dans les îles de I'ouest de la Nouvelle-Écosse menacent même les quantités modestes de poisson que nous sommes autorisés à pêcher. Le poisson est de plus en plus infecté par les vers de phoques, ce qui rend son conditionnement et son exportation non rentables.
Impacts. Les phoques gris se nourrissent de morue et d'autres espèces commerciales. En Islande, où la morue abonde, les scientifiques estiment qu'elle constitue de 20 à 25 p. 100 de l'alimentation de ces phoques. Les pêcheurs ont constaté qu'ils préfèrent manger Ie ventre mou, Ie foie et les gonades des grosses morues, de sorte que Ie tonnage tué est de loin supérieur au mangé. Les phoques gris se repaissent aussi largement de grandes quantités de morue et d'autres poissons de fond juvéniles immatures dans cette région, avant que leurs proies ne soient en âge de se reproduire.
Quand j'ai fait cet exposé devant le comité des ressources naturelles de la Nouvelle-Écosse, j'ai montré des photos de morues au ventre déchiré que des pêcheurs m'avaient envoyées.
Les pêcheurs estiment qu'il est peu probable que la morue ou les autres espèces de poissons de fond soient capables de se reproduire dans des hauts-fonds hantés par de grosses populations de phoques. lIs ont vu des phoques pourchasser des bancs de poissons. Or, pour se reproduire, Ie poisson doit se rassembler dans ces hauts-fonds. Depuis Ie milieu des années 1990, les scientifiques se demandent pourquoi des classes d'années entières de morue semblent avoir disparu. Les pêcheurs, eux, sont convaincus que les classes de ces années-là ne sont jamais nées. Je rappelle aux membres du comité que ces phoques, à la différence de ceux du Groenland, vivent dans nos eaux 12 mois par an, c'est-à-dire durant la période de reproduction.
Les phoques gris chassent Ie poisson des meilleures aires où il pourrait se nourrir pendant l'été, de sorte qu'il se retrouve dans des eaux plus profondes, moins éclairées, plus froides et donc moins productives. Les scientifiques et les observateurs de l'industrie elle-même ont constaté que Ie poisson est maigre et en moins bonne condition, et aussi que Ie phénomène tend à s'étendre des eaux de I'est où il a commencé vers l'ouest, à mesure que la population de phoques gris augmente. Le phoque gris est I'animal à sang chaud indispensable au parasite -- pseudoterranova -- responsable d'une infestation alarmante des populations de morues, de bromes, d'aiglefins et de poissons plats, au point qu'un spécialiste des parasites du MPO a conclu à la fin des années 1990 que les poissons les plus infestés risquaient d'en mourir.
Les scientifiques du MPO continuent de se demander ce qui cause la forte mortalité naturelle de la morue et des autres espèces dans les régions où l'on impose un gel de la pêche commerciale depuis 1993. J'ajoute en passant que le financement de la recherche sur les vers des phoques -- pseudoterranova -- a été interrompu vers 2006, juste après la publication du rapport du scientifique de Moncton concluant à une probabilité de mortalité naturelle élevée.
Les infestations de vers de phoques empêchent les poissons d'assimiler leur nourriture, et ces vers excrètent des cétones qui rendent les poissons infestés amorphes. L'infestation parasitaire a notamment pour effet de rendre non rentable Ie conditionnement de nos propres poissons. L'été dernier, un entrepreneur a signalé que les filets de morue « marchaient » littéralement sur les étals. Un autre conditionneur de poisson salé a déclaré qu'il ne pouvait plus produire de poisson séché et salé avec la peau en se servant des prises locales, à cause des parasites et du coût de leur élimination. II importe maintenant de la morue-lingue d'Islande.
Les phoques gris détruisent les filets maillants et dévorent les poissons pêchés à la palangre avant qu'on puisse les hisser à bord. Dans certaines zones côtières, les pêcheurs ont cessé de pêcher du hareng et du maquereau comme appâts. Les pêcheurs de flétans et autres poissons de fond à la palangre voient de bons poissons être dévorés avant de pouvoir les embarquer.
Le pronostic pour la Nouvelle-Écosse, c'est qu'il y aura de moins en moins de pêcheurs et d'usines de conditionnement du poisson, et de moins en moins aussi d'emplois, de même qu'un nombre croissant d'habitants des localités côtières qui iront s'établir en Alberta. Certaines usines et certains capitaines de bateaux de pêche disent avoir de la difficulté à trouver des travailleurs et des membres d'équipage. La pêche est une entreprise commerciale; en Nouvelle-Écosse, les déprédations des phoques gris s'ajoutent aux autres facteurs qui la rendent difficile.
Je vais conclure en vous donnant quelques informations sur la Grey Seal Research and Development Society.
La Société a été formée à l'automne 2003 par des représentants de l'industrie qui s'inquiétaient de leur avenir. Elle a réclamé un contingent de chasse au phoque gris au MPO, qui a autorisé l'abattage de 10 000 phoques en 2004-2005. L 'autorisation a été prorogée jusqu'à la fin de 2006. En 2005, la Société a réussi à abattre 460 phoques gris juvéniles; en 2006, elle en a tué 800 environ jusqu'ici. On estime que 50 000 phoques gris sont nés à la seule îIe de Sable I'hiver dernier.
Les produits du phoque gris sont différents de ceux du phoque du Groenland, et la société fait oeuvre de pionnière dans la manière dont nous chassons ces animaux pour assurer la meilleure qualité qui soit des fourrure et de la viande. Il faut créer des produits et des marché. Nous y parvenons avec un certain succès, mais il reste encore de grands défis à relever.
La réglementation provinciale interdit à la Société de chasser Ie phoque gris à l'île de Sable et dans d' autres importantes aires de reproduction et de mise bas. Ni Ie gouvernement de la Nouvelle-Écosse, ni Ie MPO ne reconnaissent l'impact de l'augmentation de la population de phoques gris sur les stocks de poissons commerciaux, sur l'industrie de la pêche et des fruits de mer ainsi que sur I'écosystème marin qui a fait vivre les localités de pêcheurs de la région pendant des centaines d'années. Le contraste avec I'attitude des gouvernements de l'Islande et de la Norvège est patent puisque ces pays ont conservé des industries de la pêche viables et su gérer leurs populations de phoques afin d'éviter qu'elles n'augmentent démesurément.
Le MPO et le gouvernement de la Nouvelle-Écosse ont préféré une approche discrète en autorisant une petite chasse commerciale au phoque gris, limitée qui plus est par l'interdiction de Ie chasser dans de nombreuses zones.
J'en reste là, vous avez le reste de mon rapport. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci, M. Morrow, de votre exposé.
Votre comparaison avec les éléphants des parcs et les chevreuils des villes n'est peut-être pas concluante parce que l'homme est venu empiéter sur leur territoire et ils n'ont plus beaucoup d'endroits où aller, alors que l'océan est immense et qu'il y a beaucoup de place pour les phoques. Je sais pas si ce serait un argument convaincant pour le gouvernement.
Toutefois, ce que vous dites au sujet de la Norvège est intéressant. Comme nous le savons, les Norvégiens appuient vigoureusement leur industrie de la pêche et comprennent pourquoi les phoques doivent être gérés. Au Canada, il y a encore un grand sentiment populaire contre la chasse commerciale aux phoques.
Je crois que le gouvernement n'a pas expliqué correctement à la population pourquoi la chasse commerciale aux phoques est importante, autant pour l'économie que pour la gestion des stocks. Qu'en pensez-vous ?
En outre -- et je remercie nos chercheurs de l'avoir indiqué -- le Groupe d'experts sur la gestion des phoques a déclaré en 2001 qui n'y a aucun consensus scientifique sur les effets du phoque gris sur la reconstitution des stocks de morue, ce qui signifie que les scientifiques sont partagés. J'aimerais avoir votre avis là-dessus.
Vous avez probablement lu dans le Chronicle Herald de la semaine dernière un article d'une certaine Debbie Mackenzie, qui vit dans la circonscription de M. Keddy, je crois. Elle parlait des maladies du phoque, comme la brucellose, la tuberculose etc. Elle soutient que l'ACIA ou le MPO ne procèdent pas à une analyse exhaustive de la salubrité de la viande de phoque exportée.
Je voudrais savoir comment vous réagissez à cet article étant donné que je n'ai pas entendu de réfutation de son affirmation sur l'inspection de la viande, ni de commentaires au sujet des préoccupations que devraient avoir les pêcheurs en ce qui concerne le conditionnement de la viande de phoque et les maladies du phoque.
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Merci, M. Stoffer. Vous venez de poser plusieurs questions en même temps et vous me les rappellerez si j'en oublie.
Vous avez dit que les phoques ont beaucoup d'endroits où aller parce que l'océan est immense. On a posé des radios émetteurs sur certains phoques gris de l'île de Sable et on a constaté, ce qui ne nous a pas surpris, qu'ils restent près des zones de pêche et des eaux côtières. Ils ne vont pas en haute mer parce que cela leur coûterait trop d'énergie. S'ils devaient plonger profondément dans des eaux noires et froides pour trouver leur alimentation, ce ne serait pas aussi productif que de la chercher près des zones de pêche et des côtes. Comme j'ai été élevé sur une ferme, je sais que les animaux préfèrent la facilité, et ça vaut également pour les phoques.
En ce qui concerne l'article du Chronicle Herald, on y parlait de la brucellose. Selon ce que je sais -- et M. Keddy pourra le confirmer -- la brucellose est une maladie du bétail et du bison qui affecte le système de reproduction et provoque des avortements. Ayant élevé du bétail, je sais que la seule manière pour l'être humain d'être affecté serait de boire le lait de vaches infectées. Consommer la viande ne transmet pas la maladie.
Je sais que la maladie est communiquée par les taureaux. Je ne vois pas vraiment de quoi elle parlait, dans son article, ou si elle envisageait des croisements entre le bétail et les phoques, ce que je ne veux même pas imaginer.
Quoi qu'il en soit, je ne connais aucune étude scientifique indiquant que cette maladie soit présente chez les phoques gris. Si elle l'était, ils ne se reproduiraient pas beaucoup. Or, nous savons qu'ils n'ont pas de problème à ce sujet à l'île de Sable.
Si ce problème était réel, il faudrait le dire aux Inuits du Canada et du Groenland parce qu'ils consomment beaucoup de viande de phoque, mais nous n'avons aucune indication que ce soit le cas.
il y a cependant un danger si on permet au troupeau de devenir tellement vaste que cela entraînera des problèmes de maladie de Carré ou d'autres maladies qu'on a vu apparaître dans des populations d'animaux sauvages ou de phoques. En ce qui concerne l'inspection des produits alimentaires, nous élaborons actuellement un protocole avec l'ACIA.
Je terminerai en disant que les adversaires de la chasse aux phoques ont pour stratégie d'attaquer les marchés de produits alimentaires et de produits du phoque en particulier. Je m'attends à d'autres attaques de cette nature à l'avenir. J'espère cependant que, lorsque les gens font ce genre d'allégations ou publient ce genre d'articles dans les journaux -- et je m'étonne que le Chronicle Herald n'ait pas demandé de preuves... Cela nuit considérablement à l'industrie et à notre économie.
Vous avez posé une question sur les médias. Pouvez-vous me la rappeler ?
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Je veux le quota de 10 000 phoques gris sur deux ans que nous avions et qui va arriver à expiration. Nous voulons qu'il soit maintenu, si ce n'est augmenté, pour pouvoir approvisionner le marché. Je pense que nous pourrons résoudre les problèmes que nous avons avec les méthodes de chasse.
Il faut aussi organiser un sommet scientifique au sujet du phoque gris -- pas du phoque du Groenland mais du phoque gris -- et de son impact sur l'écosystème et sur la pêche commerciale, et il faut que l'industrie y participe. Le Groupe d'experts a convoqué quelques représentants de l'industrie mais très peu. Il a surtout entendu des scientifiques, mais aucun scientifique étranger, d'ailleurs.
Quand je suis allé en Islande, j'ai vu que les gens rigolaient à notre sujet. Nous acceptons la destruction de notre industrie, ce qu'ils ne toléreraient jamais chez eux. S'ils géraient leur pêche comme nous le faisons, m'a dit un scientifique, ils vivraient tous dans des huttes de terre.
Il faudrait revoir les zones protégées en réalisant que les phoques du Groenland et les phoques gris sont différents. On ne chasse pas le phoque gris sur la glace mais sur les îles et le long des côtes. Les méthodes de chasse sont différentes et nous avons besoin d'aide à ce sujet.
Nous procédons à l'équipement d'un bateau pour chasser de grands animaux. Vous pouvez imaginer les problèmes que l'on a quand il faut abattre à la carabine un animal de 800 à 1 000 livres. Nous avons quelques chasseurs ou pêcheurs qui le font et nous devons ensuite charger l'animal sur le bateau, puis l'amener sur une île afin de l'éviscérer et de le conserver au froid. Il va falloir un bateau spécialement configuré pour ça.
Nous voulons que la province et le ministère travaillent avec l'industrie. Le marché de la viande est très intéressant pour nous. Les Chinois sont à la recherche d'autres protéines de viande à cause de la grippe aviaire. Nous pourrions leur envoyer une centaine de conteneurs, chacun contenant 40 000 livres de viande.
Finalement, en ce qui concerne la gestion des phoques gris, il faut fixer le niveau de population que l'on souhaite maintenir. Je crois que le bon niveau devrait être la moitié de ce qu'il est actuellement. Sur cinq ans, nous aimerions que la population soit réduite de 50 p. 100 afin d'atténuer les incidences sur l'écosystème, sur la pêche commerciale et sur les stocks de poissons.