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Monsieur le président, mon intervention porte sur les témoignages que nous avons entendus la semaine dernière de la part des représentants du MPO, et des commentaires qui m'inquiètent un peu.
Mon collègue M. Lunney a posé sa première question à M. Wild. Il a dit dans sa question que peut-être quelques observations avaient été faites aux journalistes concernant les motifs des préoccupations des groupes au sujet de l'enlèvement de gravier, à savoir que ces motifs « n'étaient pas liés à des considérations d'ordre biologique mais plutôt à des considérations d'ordre racial ».
M. Wild a répondu :
Ce sont des propos qui ont été rapportés dans le journal de Chilliwack par un journaliste de la région avec lequel nous avions des contacts depuis plusieurs années. Je pourrais dire, en guise de préface, que... Je pense que Marvin a également signalé qu'à l'occasion, les journalistes déforment quelque peu les faits. C'était le cas, d'après moi. Dans cet article, on citait des propos de Dale Paterson, qui était en fait en vacances pour deux semaines.
Dans ce cas-ci, il y a un sujet qui n'est pas complètement sans rapport avec cette situation.
Puis l'échange se poursuit.
J'ai posé des questions à M. Wild sur ce sujet également. Je lui ai demandé carrément si dans ses commentaires faits au journaliste il avait mentionné -- et je cite cette expression -- « l'animosité locale ». J'ai dit ce qui suit à M. Wild quant à l'article qui avait été publié dans le journal :
Il dit que vous présumez que « l'animosité locale à l'égard de la première nation Cheam a alimenté l'indignation des pêcheurs sportifs au sujet de l'enlèvement de gravier ».
M. Wild a répondu : « Je comprends, et j'ai déjà répondu à cette question. »
Lorsque je lui ai répété la question, il a répondu : « Que l'animosité locale entre les deux groupes avait généré le problème en ce qui concerne ce site? Non. »
J'ai dit : « Qu'elle a été alimentée par l'indignation des pêcheurs sportifs locaux. »
M. Wild a répondu : « Je ne pense pas avoir fait de telles déclarations, monsieur Cummins. »
J'ai dit : « C'est bien, » et cela a mis fin à cet échange.
Monsieur le président, j'ai communiqué avec le journaliste qui a écrit cet article, parce que je crois qu'il s'agit ici d'une allégation très grave. Des commentaires ont été faits, on a nié certains propos devant le comité et...
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Mesdames et messieurs, nous voulons remercier chacun d'entre vous de l'occasion que vous nous offrez de porter cette question à votre attention.
Nous représentons la Spawn on Kelp Operators Association, une association sans but lucratif constituée en 1995 pour représenter 35 des 46 détenteurs de permis. La récolte des oeufs sur varech qui était autrefois l'une des industries les plus rentables de la côte Ouest a subi un effondrement financier total en raison de l'interprétation qu'a faite Pêches et Océans Canada de l'arrêt Gladstone.
Nous sommes venus aujourd'hui de Colombie-Britannique pour vous sensibiliser à ce qui se produit lorsque le gouvernement s'immisce dans un marché établi et pour solliciter votre aide en vue de remédier à la débâcle financière de notre industrie qui a résulté de cette intervention.
Avant l'arrêt Gladstone, 28 permis ont été délivrés à diverses personnes sur la côte de la Colombie-Britannique. Leurs quotas étaient de 16 000 livres par an par personne; les prix étaient en hausse et la demande, pour ce produit, était élevée. Sur ces 28 détenteurs de permis, 18 sont des bandes et des membres des Premières nations issus de différentes agglomérations réparties sur tout le littoral de la Colombie-Britannique.
C'est en 1996, alors que les oeufs sur varech se vendaient entre 35 $ et 40 $ la livre, que la Cour suprême a décidé, dans l'arrêt Gladstone, que la bande autochtone des Heiltsuk installée sur la côte centrale de la Colombie-Britannique avait le droit de récolter les oeufs sur varech à des fins commerciales. Le MPO a conclu indûment que ce jugement accordait aux Heiltsuk un accès pratiquement illimité à cette récolte contingentée. Les pénalités et les conséquences qui résultent de l'arrêt Gladstone et de l'interprétation de Pêches et Océans sont et continuent à être assumées par l'ensemble de la population canadienne. Actuellement, presque tout l'onéreux du jugement incombe aux 38 détenteurs de permis de récolte des oeufs sur varech.
En 1978, cinq permis communaux ont été délivrés aux bandes des premières nations, notamment aux Heiltsuk. Pour être admissible, chaque détenteur de permis communal devait offrir en location des permis de récolte de la rogue ou procéder au retrait de ces permis. Ces permis ont été créés grâce à une diminution des 28 quotas d'origine de dix à huit tonnes par permis. Aucune augmentation du contingent total de la côte Ouest n'en a résulté.
En 1991, Pêches et Océans a délivré 10 nouveaux permis J aux bandes des premières nations, mais aucun permis n'a été délivré aux Heiltsuk ni aux autres premières nations déjà détentrices d'un permis J. Ceux qui ont reçu un permis étaient tenus, en vertu de l'accord sur la SPA, de procéder au retrait de six permis de récolte de la rogue au filet maillant ou d'un permis de récolte de la rogue à la senne au plus tard en 1999 et le MPO a contribué aux dépenses associées à ces retraits.
En 1993, le MPO a émis en faveur des Heiltsuk, un permis J assorti d'exigences de retrait de permis de récolte de la rogue. Les Heiltsuk détiennent actuellement deux permis J sur un total de 39.
En 1997, le MPO a délivré cinq permis J et deux permis supplémentaires en 1998 aux Heiltsuk.
Les Heiltsuk n'ont pas été tenus, dans le cadre de la délivrance de ces sept nouveaux permis, de procéder au retrait d'autres permis de récolte des harengs prêts à frayer, pas plus qu'ils n'ont dû procéder au retrait de trois des six permis de pêche au filet maillant comme le prescrivait l'Accord sur la SPA conclu en 1993 avec les Heiltsuk.
Certaines bandes des premières nations ont dépensé 150 000 $ pour louer des permis annuels alors que d'autres ont investi leurs gains jusqu'à concurrence de 800 000 $ pour acheter des permis de récolte de la rogue dans le but de les convertir en permis de récolte des oeufs sur varech. À leurs yeux, il s'agissait d'un investissement valable pour l'avenir puisque la récolte des oeufs sur varech représentait un type de récolte à quota fixe et visait une gamme de produits en forte demande. Compte tenu de ces nouveaux ajouts, et sans tenir compte du retrait des permis de récolte de la rogue, le quota octroyé aux Heiltsuk a atteint 144 000 livres.
En février 2001, les Heiltsuk, le MPO et le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien ont signé un protocole d'entente instituant une mesure intérimaire pour une période d'un an. Cette mesure intérimaire a fait passer la récolte à 144 000 livres pour la saison 2001, ce qui équivalait à six permis J supplémentaires.
En 2005, la première nation Heiltsuk a terrorisé la flottille de pêche à la rogue par des actes de vandalisme illicites. Personne n'a fait l'objet d'accusations même quand les biens personnels ont été endommagés et les moyens de subsistance menacés. Au lieu d'accuser les terroristes, le MPO a décidé de les apaiser en octroyant aux Heiltsuk un quota supplémentaire de 92 000 livres pour la récolte des oeufs sur varech en 2006 en échange d'une promesse de renoncer aux actes de vandalisme de 2005 et des années antérieures.
Cette année, en 2006, les Heiltsuk ont produit approximativement 350 000 livres, ce qui équivaut à 50 p. 100 de la production de la côte et le prix a plongé pour atteindre 4 $ à 5 $ la livre. À mesure que la production des Heiltsuk augmentait, les prix diminuaient dans la même proportion. C'était la cerise sur le gâteau pour l'industrie des oeufs sur varech. Les prix ont resté en deçà des coûts de production pour les 28 détenteurs de permis originaux et les dix bandes qui ont investi leurs gains.
Nous estimons qu'un des volets du mandat du MPO dans ce domaine devrait consister à répartir les avantages économiques pour toutes les bandes autochtones, y compris les Heiltsuk. Cela n'a pas été le cas et le contraire s'est produit pour la plupart des bandes.
En février 2006, des négociations secrètes avec les Heiltsuk ont abouti à un ajout de 92 345 livres dans un marché déjà saturé.
Dans une lettre adressée au ministre des Pêches en date du 20 février, on a demandé au ministre pourquoi la SOKOA n'avait pas été invitée à participer aux négociations avec les Heiltsuk. La réponse, en date du 7 avril, indiquait que la Spawn on Kelp Operators Association avait choisi de ne pas participer à ce processus. Le ministère nous suggérait de communiquer avec Mme Harpreet Gill pour qu'elle nous fournisse des renseignements sur une invitation à participer à toute négociation avec les Heiltsuk sur la question des oeufs sur varech.
Après avoir suivi cette suggestion, nous avons été inondés de 39 pages de mésinformation qui ne voulaient rien dire et renforçaient notre conviction que l'absence de la SOKOA à ces négociations qui ont décimé notre industrie et nos moyens de subsistance était préméditée.
Les Heiltsuk ne paient ni les 10 000 $ de droit de permis ni les 5 000 $ de droit de surveillance que les 38 autres détenteurs de permis sont tenus de payer et ils ont donc, d'entrée de jeu, un avantage de 1 $ de dépenses en moins par livre, par rapport au reste de l'industrie des oeufs sur varech.
Le peuple canadien ne retire aucune taxe ni redevance de l'utilisation massive et de l'exploitation de cette ressource qui, de toute évidence, appartenait autrefois aux Canadiens. La concentration croissante de l'allocation des quotas et des gains en faveur des Heiltsuk a eu des conséquences dévastatrices pour les détenteurs de permis, les équipages et les collectivités des diverses villes et villages répartis sur tout le littoral de la Colombie-Britannique.
De nombreux problèmes socio-économiques résultent de l'abrupte cessation de l'emploi et des revenus qui s'est produite à partir de 1975. Ces problèmes n'ont jamais été pris en considération par le MPO qui ne cesse de s'empêtrer pour apaiser les auteurs de manifestations illicites et pour minimiser les conséquences de l'arrêt Gladstone de la Cour suprême en délivrant aux Heiltsuk des quotas de récolte des oeufs sur varech.
Dans toutes les autres pêches, le MPO et d'autres ministères gouvernementaux ont décidé que pour transférer les quotas des pêches aux premières nations, ces quotas devaient d'abord être achetés à la pêche commerciale avant leur transfert aux premières nations. Ce principe n'a pas été respecté pour la présente récolte et il en a résulté une saturation du marché et une baisse des prix en dessous du coût de production. Si les acheteurs japonais ont fait baisser les prix de façon si spectaculaire, ce n'est pas seulement en raison de l'augmentation de la production, mais également parce qu'ils soupçonnaient qu'on avait attribué aux Heiltsuk des quotas illimités.
Incidemment, signalons qu'une grande partie du marché noir ou de la vente illicite de produits provient de ce secteur sans pratiquement qu'aucune mesure d'exécution efficace ait été prise. Lors d'une récente réunion d'un groupe de travail technique avec le MPO, un agent d'exécution de la côte centrale a admis qu'on lui avait enjoint de ne pas intervenir en cas de récolte illégale sur cette côte. Par suite de cette inaction, les récoltes illicites ont augmenté d'environ 200 000 livres.
La Cour suprême du Canada dans l'arrêt Marshall du 17 septembre 1999 a confirmé par traité le droit de pêcher, de chasser et de récolter pour assurer une subsistance modérée en vertu des traités signés en 1760 et 1761. Le MPO a mis en oeuvre une initiative pour répondre à l'arrêt Marshall. À cause de ce jugement, les autorités ont accepté d'autoriser une plus grande participation des Autochtones en partie grâce au retrait volontaire de permis par les détenteurs de permis commerciaux. La perturbation des autres pêches a été ainsi minimisée.
Lorsque la SOKOA a présenté son plan de rationalisation au Comité consultatif de l'industrie du hareng et au Comité consultatif intégré de la pêche au hareng, ce plan a été accepté à l'unanimité comme la solution la plus avantageuse.
La Spawn on Kelp Operators Association sollicite respectueusement du Comité permanent des pêches et des océans qu'il envisage de financer une proposition de plan de rationalisation des permis de récolte des oeufs sur varech fondé sur l'arrêt Marshall. Nous vous prions d'enjoindre à votre gouvernement de traiter tous les pêcheurs en toute équité, quelle que soit la côte d'où ils proviennent.
Merci.
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Le ministère n'a jamais souhaité étudier les répercussions. Le MPO, d'après son mandat, devrait examiner la viabilité de toutes les pêches en Colombie-Britannique pour lesquelles il a délivré des quotas. Il semblerait qu'en Colombie-Britannique on règle des revendications territoriales grâce aux quotas de pêche.
Sur la côte Est, donc le Canada atlantique, des mesures intérimaires sont prises en vertu desquelles des permis et des quotas sont octroyés, puis les permis commerciaux sont rachetés. En Colombie-Britannique, ça ne se passe pas de cette façon. Des permis sont rachetés ici ou là, on se rend compte que ça coûte trop cher, puis on change d'avis et on décide simplement de délivrer plus de permis. Et personne n'y met un terme.
Le secteur de la rogue sur varech, qui est un tout petit secteur, se fait écraser par le reste de l'industrie. L'entente intérimaire pour cette année a été signée par le secteur de la pêche du hareng rogué. Nous ne siégeons même pas au conseil qui a signé cette entente, et pourtant le MPO l'impose. Ils ont accordé ces 92 000 livres. Puis le ministère écrit une lettre, que j'ai ici avec moi, nous disant: Oh, nous venons de conclure un accord avec la bande des Heiltsuk, nous avons décidé de régler les problèmes de la côte centrale en matière de pêche du hareng rogué; nous leur accordons 92 000 livres de rogue sur varech.
On ne peut pas échanger des pommes contre des oranges, et pourtant c'est ce que fait le ministère. Il continue de nous dire qu'il va retirer des permis, et ne le fait pas. Dans le cadre des ententes avec la bande des Heiltsuk, il devait retirer des permis, puis a changé d'avis. Seuls trois permis de pêche au filet maillant ont été retirés à la bande des Heiltsuk, alors que le ministère devait en retirer six. Le reste, c'est de la fiction.
Lorsque je parle de pommes et d'oranges, ce que j'essaie de dire c'est qu'on ne peut pas continuer à vendre de la rogue sur varech et du hareng rogué. Ce sont deux marchés différents. Ils ne se compensent pas l'un l'autre. Ils sont complètement différents. C'est là notre problème.
Le fait de retirer des permis n'aide pas les exploitants du secteur de la rogue sur varech. La seule chose qui nous aiderait, ce serait de retirer des permis de récolte de la rogue sur varech et ramener le nombre de permis à son nombre initial, c'est-à-dire à 28. Alors, le marché pourrait se rétablir. Mais si le ministère continue de dire: « Nous allons retirer des permis de pêche du hareng rogué », ça ne fait qu'aider le secteur de la pêche du hareng rogué; ça ne fait absolument rien pour le secteur de la rogue sur varech.
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Merci, monsieur le président.
J'ai écouté l'intervention de M. Kamp et j'en déduis que le quota n'a pas augmenté. Le quota existait, si j'ai bien compris, messieurs, mais vous avez décidé de ne pas le pêcher. La perception, comme bien des choses, devient réalité lorsque vous pensez au marché japonais.
Pouvez-vous me dire ce qu'on doit faire? Avant que M. Kamp ne pose sa question, je pensais que vous demanderiez une réduction de quotas, le rachat de permis, ou voudriez tout au moins que certains intervenants quittent le système. Tout compte fait, et M. Kamp a parfaitement raison — vous voulez simplement gagner votre vie. Vous ne pouvez pas gagner votre vie aujourd'hui si le prix du produit que vous vendez chute, passant de 40 $ à 4 $ la tonne.
Si la production est de 400 tonnes, quelle quantité pourriez-vous acheminer sur le marché japonais? Pourriez-vous acheminer 800 tonnes? Est-ce que c'est ce à quoi s'attendent les Japonais? Si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui détruit votre marché?
Je suis convaincu qu'il faut quand même exercer un contrôle sur l'exploitation. De toute évidence, si le produit se vend 4 à 5 $, et que vous ne faites pas autant d'argent que vous pourriez — si j'ai bien compris le problème — si vous êtes au bord de la faillite, ou pratiquement, quelque chose doit se passer.