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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, membres du comité, mesdames et messieurs du public, je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant le comité. Comme il a déjà été dit, je m'appelle John Leslie Hollins. J'ai été directeur général des élections pour la province de l'Ontario de 2001 à 2008, et, à ce titre, j'ai assuré la tenue simultanée du premier référendum à avoir lieu en Ontario en plus de 80 ans et de la 39e élection provinciale générale en 2007.
Mes commentaires porteront sur cinq sujets: mon mandat, le cadre législatif du référendum, l'administration d'une élection et d'un référendum, les organisations de campagne enregistrées et le programme d'éducation publique.
En 2007, je me suis vu confier trois mandats reliés au référendum prévu alors: tenir un référendum en même temps que la 39e élection provinciale générale et en conformité avec les règles et les procédures régissant cette dernière; prendre les dispositions pour l'inscription des organisateurs de campagne référendaire et l'établissement des rapports connexes; mener un programme d'éducation pour informer les électeurs ontariens de façon claire et impartiale sur le processus référendaire, sur la date du référendum, sur la question référendaire et sur le contenu des options soumises au référendum.
Comme il n'y avait pas, en Ontario, de loi régissant la tenue d'un référendum au niveau provincial — si l'on accepte la Loi de 1999 sur la protection des contribuables, qui de toute façon portait spécifiquement sur les changements en matière d'impôts —, il fallait se doter du pouvoir légal requis pour en tenir un sur la réforme du système électoral. Le cadre légal pour la tenue du référendum a été établi au moyen d'une loi présentée environ six mois après la publication du règlement qui a donné lieu à la création de l'assemblée des citoyens en mars 2006.
Les dispositions principales du projet de loi étaient les suivantes: si l'assemblée des citoyens recommandait l'adoption d'un système électoral différent de celui qui était en vigueur en Ontario, un référendum portant sur le système recommandé serait tenu; le référendum serait tenu en même temps que l'élection générale de 2007; la question référendaire devait être formulée par le Cabinet.
Pour que le résultat du référendum soit exécutoire, il fallait que le système électoral recommandé soit choisi dans au moins 60 p. 100 des bulletins de vote référendaire valides qui auraient été déposés et dans plus de 50 p. 100 des bulletins de vote référendaire valides qui auraient été déposés dans chacune d'au moins 64 circonscriptions électorales.
La loi définissait également le cadre opérationnel de la tenue du référendum, qui recoupait essentiellement les dispositions de la Loi électorale. Elle établissait également la notion d'organisateurs de campagne référendaire inscrits et le cadre réglementaire du financement de la campagne référendaire. Les règles régissant le financement de la campagne référendaire ont plus tard été établies en vertu du règlement 211/07 de l'Ontario.
L'administration d'un référendum parallèlement à la tenue d'une élection générale s'est révélée une expérience positive, en particulier du point de vue de la gestion du scrutin. Les modifications aux procédures de scrutin et à la formation du personnel, la production de bulletins de vote supplémentaires et les ajustements apportés au personnel d'élection et aux services de soutien ont été réglés au cours des activités préparatoires et pendant la tenue du scrutin. Quand ils sont présentés au bureau de scrutin, les électeurs ont donc été pris en charge par un processus efficace et efficient. Les votants se voyaient remettre deux bulletins, l'un pour élire un député à l'Assemblée législative et l'autre pour se prononcer dans le cadre du référendum sur la réforme électorale. Ils ont pu voter dans un environnement favorable.
Comme le calendrier de l'élection et celui du référendum ainsi que les procédures d'administration des bureaux de scrutin ne différaient guère, on a pu partager les initiatives et réaliser des gains d'efficacité budgétaire qui n'auraient pas été possibles avec la tenue d'un référendum distinct. Ainsi, le jumelage des envois postaux de l'information à l'intention de l'électeur et des cartes d'avis d'enregistrement, d'une part, et des documents d'éducation touchant le référendum, d'autre part, a permis à Élections Ontario de communiquer aux votants l'information sur les deux scrutins pour un coût passablement moindre que celui qu'il aurait fallu assumer si les deux processus avaient été distincts. Le succès du scrutin dépendait de la planification et de l'exécution intégrées de nombreuses activités distinctes mais reliées, dont la sélection du personnel, la formation, les communications, l'approvisionnement, la technologie, les fournitures et le soutien logistique.
Le coût total de la tenue de la 39e élection provinciale générale, du référendum et de la diffusion du programme d'éducation référendaire s'est établi à 94,56 millions de dollars. Cela revenait à 11,14 $ par électeur admissible en Ontario. Le coût d'administration de l'élection générale elle-même s'est établi à 85,6 millions de dollars, soit 9,99 $ par électeur admissible. L'administration simultanée du référendum a coûté 1 million de dollars, soit environ 13 ¢ par électeur. Le programme d'éducation publique a coûté environ 8 millions de dollars, soit 92 ¢ par électeur admissible en Ontario.
Outre sa responsabilité de nature opérationnelle à l'égard du référendum, le directeur général des élections devait veiller à ce que la réglementation de la publicité entourant le référendum soit équitable, transparente et accessible à tous les Ontariens désireux de participer directement au débat référendaire. Les personnes ou entités désignées par l'expression organisateurs de campagne référendaire étaient tenus de s'inscrire auprès du directeur général des élections s'ils dépensaient 500 $ ou plus en frais de publicité référendaire pour la promotion d'une option donnée. Une fois inscrits, ils étaient tenus de faire rapport des contributions qu'ils recevaient et des dépenses qu'ils effectuaient aux fins de leur campagne de publicité.
Dans le cadre du processus d'inscription, le directeur général des élections devait examiner et approuver le nom de chaque organisation de campagne référendaire pour s'assurer qu'il n'y aurait pas de confusion avec les organisateurs de campagne référendaire inscrits en vertu de la loi; avec une tierce partie aux fins de l'élection aux termes de la Loi sur le financement des élections; ou avec un candidat, un parti politique ou une organisation politique actifs ailleurs au Canada. La loi interdisait aux partis inscrits et à leurs associations de circonscription de s'inscrire comme organisateurs de campagne référendaire dans l'intention de poursuivre une campagne de publicité visant à promouvoir un résultat particulier.
À cette fin, une directive a été élaborée à l'intention des partis, des associations de circonscription et des candidats pour leur faire connaître les limites de leur participation au débat référendaire. Pour qu'il soit sûr que toutes les organisations de campagne référendaire éventuelles soient au courant des exigences concernant la publicité référendaire, des annonces ont été publiées dans les journaux dans toute la province.
Chaque organisation de campagne référendaire inscrite était tenue de remettre à Élections Ontario un rapport détaillé faisant état des recettes et des dépenses au titre de la campagne de publicité référendaire, avec le nom et l'adresse de toute personne ayant versé une contribution de 100 $ ou plus. Je pourrais ajouter que les règles ont été inspirées de celles qui régissent la désignation d'un chef de parti dans la Loi sur le financement des élections en Ontario. Aucune limite n'a été fixée pour les dons ou les dépenses. En tout, dix organisateurs de campagne référendaire ont été inscrits pour le référendum de 2007 sur le système électoral. Neuf d'entre eux ont collecté et dépensé des fonds. Au total, ils ont dépensé 495 942 $.
La portée de la campagne d'éducation publique était plutôt vaste et il y a eu d'importantes leçons à retenir. La question figurant sur le bulletin de vote référendaire portait sur un enjeu important dans la vie des électeurs ontariens: on leur demandait de se prononcer sur les aspects fondamentaux du processus démocratique qui régit leur système de gouvernement. Une fois informés de la nature de l'enjeu, les électeurs se sont montrés intéressés et interpellés, mais ils voulaient également évaluer les options sous les conseils d'experts des systèmes proposés. Élections Ontario n'était pas mandaté pour jouer ce rôle et il ne pouvait mettre sur pied un cadre qui l'aurait autorisé à offrir aux tenants des différentes options des tribunes leur permettant de communiquer leurs messages aux électeurs dans toutes les régions de la province. La nature provinciale de la campagne faisait que les possibilités d'accès à la télévision à des heures de grande écoute, par exemple, pour tout ce qui n'était pas de la publicité payée étaient sévèrement limitées.
La mise au point d'un programme d'éducation neutre était une entreprise difficile, comme cela aurait été le cas dans toute autre circonstance. Le programme reposait sur le ralliement des partenaires à la présentation du message, que ce soient les partisans du statu quo, ceux qui choisissaient le changement ou les représentants des médias. Les premiers groupes ne se sont pas immédiatement manifestés pendant la campagne. Les médias, notamment, étaient tiraillés entre des intérêts concurrents, et la campagne électorale prenait la majeure partie de leur temps. Des sondages effectués après le scrutin auprès des électeurs admissibles ont confirmé que 50 p. 100 d'entre eux estimaient qu'ils en savaient plus qu'assez pour pouvoir se prononcer au moment du référendum. Naturellement, ce chiffre est à comparer au taux de participation réelle de 52,1 p. 100. Je m'en voudrais de ne pas m'arrêter au nombre de bulletins de vote rejetés, refusés ou sans marque.
Pour vous en donner une idée, je vais employer une échelle de comparaison. En Ontario, 20 000 bulletins de vote ont été rejetés à l'élection de 2003. À l'élection de 2007, 19 000 bulletins ont été rejetés. Au référendum, ce sont 28 000 bulletins qui ont été rejetés. À l'élection de 2003 en Ontario, 2 600 bulletins ont été refusés. Le nombre des bulletins refusés à l'élection de 2007 a été de 3 400, et au référendum, de 21 000. Le nombre des bulletins sans marque à l'élection de 2003 en Ontario était de 7 000. En 2007, 10 000. Au référendum, 111 000.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé, monsieur le président.
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Nous parlons en même temps suffisamment souvent; nous parlerons séparément ce matin.
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur, d'avoir accepté notre invitation à prendre la parole devant nous aujourd'hui.
En 2007, vous avez administré simultanément la tenue d'un référendum et d'une élection générale.
M. John Hollins: C'est exact.
M. Marcel Proulx: Je suis renversé par les chiffres que vous nous avez indiqués concernant les bulletins rejetés, sans marque, et ainsi de suite. Pour le reste, je ne suis pas sûr que vous soyez en mesure de répondre, en ce sens que ce référendum particulier portait sur une réforme électorale.
M. John Hollins: C'est exact.
M. Marcel Proulx: La situation n'est donc pas la même que lors des autres référendums. Je pense à celui sur l'Accord de Charlottetown et à la multitude de référendums qui se sont tenus dans la province de Québec. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, le camp du oui et le camp du non, puis différents groupes plus petits qui se rassemblent sous le parapluie du oui et sous celui du non.
Trouvez-vous approprié de tenir une élection générale et un référendum en même temps? Je pense surtout à la façon de séparer les dépenses au sens où, dans le référendum que vous avez tenu, je suppose que la plupart des politiciens n'ont pas pris part au débat, ils n'ont certainement pas amorcé une campagne en disant qu'ils étaient pour ou qu'ils étaient contre. Je suppose que le processus est resté passablement neutre.
M. John Hollins: Complètement neutre.
M. Marcel Proulx: C'est au gouvernement qu'il revenait de faire la publicité et au public, de décider. Exact?
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Oui. En fait, nous avons commencé à éduquer les gens en juin. C'est à ce moment-là que nous avons distribué le dossier d'éducation. Sans attendre, nous avons fait un sondage pour savoir combien de gens comprenaient ce qui se passait et se sentaient assez à l'aise pour prendre une décision. Le résultat a été d'environ 8 p. 100.
Ensuite, nous avons établi notre stratégie d'éducation du public. Nous avons mis sur pied un programme, dont nous avons assuré le suivi chaque mois. Les mois de juillet et d'août ont évidemment posé un défi, et les chiffres ne sont pas apparus très rapidement. En septembre, nous avons commencé à voir un assez bon mouvement. Notre objectif était de rejoindre 74 p. 100 de la population. Pourquoi? Je devrais probablement vous l'expliquer. En 2003, à la dernière élection générale, nous avons réalisé des sondages post-électoraux. Nous le faisons toujours afin de comprendre les paramètres, notre taux de réussite et d'autres éléments de ce genre. À l'époque, les sondages ont révélé que, dans notre population canadienne aujourd'hui, un taux de participation de 100 p. 100 représenterait en réalité 74 p. 100 de nos électeurs admissibles, parce que 26 p. 100 des gens ne sont pas intéressés et ont affirmé qu'ils ne participeraient jamais à la démocratie.
Nous avons donc décidé d'en faire notre objectif: 74 p. 100 des gens qui sont suffisamment au courant. À mesure que nous avancions, lorsque nous avons divulgué les résultats — c'est arrivé cinq jours avant que The Globe and Mail publie un article qui disait que nous étions à 68 ou 69 p. 100 —, nous étions d'avis que, par rapport à l'objectif, nous y étions probablement, et nous avons établi cet objectif en sachant pertinemment que nous étions optimistes, parce que notre dernier taux de participation avait été de 56 p. 100.
Je croyais que les gens qui ont participé l'ont fait en toute connaissance de cause. Le cas échéant, on s'est probablement retrouvé avec des bulletins en blanc.
J'espère que mon explication vous est utile.
Merci, monsieur Hollins, de témoigner aujourd'hui.
J'aimerais prendre quelques instants pour passer en revue certains points que Rodger et Marcel ont soulevés au sujet des bulletins de vote rejetés. Vous avez indiqué que la raison qui explique probablement pourquoi autant de bulletins ont été rejetés ou annulés — et je crois que vous avez tout à fait raison —, c'est que les gens se sont présentés pour voter à l'élection générale et ne se souciaient pas vraiment de la question référendaire. En conséquence, ils ont tout simplement rien inscrit sur les bulletins.
Évidemment, cela nous amène à la question beaucoup plus vaste, à savoir si les référendums devraient être tenus en même temps que les élections générales. Nous avons accueilli un témoin hier, M. Boyer, qui a déclaré sans équivoque — je ne sais pas si vous avez vu ou entendu son témoignage — qu'il croyait que les référendums ne devraient pas être tenus en même temps que les élections. Il a énoncé plusieurs raisons. Il a parlé entre autres de ce qui est arrivé en Saskatchewan en 1976. Le gouvernement provincial, le gouvernement progressiste-conservateur qui était au pouvoir, a posé une question référendaire sur le financement public des avortements. Selon M. Boyer — je suis d'accord avec lui et j'étais en Saskatchewan à l'époque —, le gouvernement progressiste-conservateur de l'époque voulait que cette question figure sur le bulletin de vote en tant que question référendaire pour essayer d'amener les gens à voter contre le financement public des avortements, et ceux-ci auraient fort probablement voté pour le Parti progressiste-conservateur.
Autrement dit — même s'il ne l'a pas dit en ces termes —, je crois que selon lui les partis politiques pourraient être en mesure de se servir de questions référendaires pour manipuler l'opinion publique d'une façon ou d'une autre sur le plan politique. Il était d'avis que ces deux scrutins devraient être distincts. Je me demande tout d'abord si vous avez une opinion à ce sujet, ou si vous croyez toujours que les référendums devraient être tenus en même temps que les élections. Je crois que c'est l'une des questions primaires auxquelles le comité devra s'attaquer lorsque ce sera le temps des discussions.
Je vais être très franc avec vous. Initialement, je croyais que pour économiser des coûts, je n'avais aucune autre raison de croire que le référendum devait être tenu en même temps que les élections. J'étais exactement du même avis que vous ce matin. Après le témoignage de M. Boyer hier, je commence à revoir ma position. Je crois que c'est une question importante à laquelle nous aurons tous à répondre, à savoir si les référendums devraient être tenus en même temps que les élections générales. Vous avez affirmé que vous pensez qu'ils le devraient. À la lumière de ce que je vous ai dit au sujet de l'opinion de M. Boyer, avez-vous des raisons de douter que votre position est celle que vous voulez conserver?
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C'est une question intéressante. Permettez-moi de faire un bref rappel des événements.
J'ai commencé à travailler à Élections en 1972. J'ai toujours utilisé une liste. J'ai fait quelques dénombrements. Je pense qu'il y avait là une réalité. Les chiffres en Ontario étaient très clairs. Quand on faisait du porte à porte, qu'on frappait à la porte des gens pour obtenir leur nom et l'inscrire sur la liste, nous avions un total allant de 76 p. 100 à 78 p. 100 d'électeurs admissibles. Après 14 jours, on fermait la liste. Autrement dit, on privait 22 p. 100 des gens de leur droit électoral. Ils pouvaient se présenter au bureau de scrutin, mais on ne leur donnait pas de bulletin de vote. Si leur nom figurait sur la liste, on leur en donnait un.
Nous sommes donc passés à une méthode inclusive, soit le registre national. En d'autres mots, du point de vue administratif, je n'ai plus à me préoccuper de ces 22 p. 100. Je ne vais plus frapper à leur porte. Maintenant que notre méthode est inclusive, je dois essayer de trouver tout le monde et de faire en sorte que vous preniez part au processus. Je dois veiller à ce que vous fassiez partie du processus du début à la fin. Je sais que j'utilise des bases de données qui ne sont plus nécessairement à jour, mais c'est normal. Il y aura toujours des gens qui meurent, qui déménagent, qui vendent leur maison et qui atteignent l'âge de la majorité. C'est donc le pourcentage avec lequel je dois composer. Mais faut-il que je le fasse directement maintenant, ou puis-je le faire indirectement?
Je sais quels noms figurent sur ma liste, et je sais pour quelles adresses résidentielles en Ontario je n'ai pas de nom. Je peux toujours communiquer avec les résidents de ces adresses. Je peux toujours communiquer avec eux au moyen des annonces que j'envoie. Si je continue de solliciter leur participation, il est très possible qu'ils se présentent le jour de l'élection pour voter.
Les gens disent: « D'accord, mais ne mettez-vous pas en péril la monnaie de la démocratie que constitue le bulletin de vote? » Non. Je ne mets rien en péril parce que si votre nom est sur la liste ou s'il ne l'est pas, vous me montrez une pièce d'identité qui me prouve que vous êtes bien la personne que vous prétendez être et que vous êtes en droit de voter. Nous continuons de très bien maîtriser la démocratie; au lieu de limiter les chiffres avec lesquels nous devons composer pendant le processus, nous maintenons la liste ouverte jusqu'au jour de l'élection, en espérant atteindre un taux de 100 p. 100 chaque fois.
Ce n'est pas différent de ce que connaît un parti. Un parti a son argent qu'il dépense jusqu'à la veille de l'élection. Les partis détestent les électeurs qui se prévalent du vote par anticipation, parce qu'ils n'ont pas fini de transmettre leur message. Ils n'ont pas encore fait leur vente finale. C'est la même chose: pourquoi est-ce que je fermerais les livres deux semaines à l'avance? J'ai encore deux semaines pour essayer d'obtenir plus de noms, de joindre plus de gens qui peuvent se présenter le jour de l'élection. C'est la raison pour laquelle le registre national des électeurs est une bonne chose pour notre démocratie. Je le pense vraiment.
Mais le gérer, je ne vous mentirai pas, est un cauchemar. C'est très difficile; c'est un défi de taille. Je pense toutefois que, si on considère la situation objectivement, l'utilité du registre par rapport au défi réel qu'il représente, tout est beau. Je pense que c'est un système utile et avantageux.
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J'invoque le Règlement.
En fait, je veux plutôt éclaircir une question. Je crois qu'il est important que cela figure dans le compte rendu parce que nous risquons de nous retrouver dans la même situation au cours de séances futures.
En ce qui concerne la question de savoir si un député est tenu de comparaître devant un comité même si c'est contre son gré, vous vous souviendrez que j'ai soulevé ce point au cours de notre dernière séance. J'ai soutenu qu'un député n'était pas obligé de comparaître s'il ne souhaitait pas le faire. Michel et Marcel ont tous deux dit qu'ils n'avaient pas le choix. En fait, ils sont libres de comparaître ou non.
Je vais lire un extrait de la partie « Pouvoir octroyé par type de comité », tiré de La procédure et les usages de la chambre des communes, Deuxième édition, 2009. Cela figure sous la rubrique « Convoquer des personnes ». Je ne vais pas lire tout l'exposé; je vais aller directement au fait. Voici ce qu'on peut lire: « Cette même logique explique également pourquoi un comité permanent ne peut ordonner la comparution d'un député de la Chambre des communes ou d'un sénateur. »
Par contre, il existe un recours, dont je vais vous faire la lecture, puisqu'il s'agit d'un processus: « Si un député de la Chambre refuse l'invitation à comparaître d'un comité permanent et que ce dernier détermine que cette comparution est nécessaire, il peut alors faire rapport de ce fait à la Chambre, qui décide alors quelle mesure il y a lieu de prendre. »
Il existe donc un recours. Mais l'essentiel, comme je l'ai dit au cours de la dernière séance, c'est que l'on ne peut forcer un député à comparaître pour la simple raison que c'est le désir du comité. Il faut que la question soit renvoyée à un niveau supérieur.
Monsieur le président, chers collègues, je vous suis très reconnaissant de me donner l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui pour que nous voyions si nous pouvons mettre fin, ensemble et en unissant nos efforts, à une situation qui, à mon avis, doit être réglée une fois pour toutes, et pour toutes les parties concernées. Je remercie également le président de la Chambre des communes pour sa décision sur la question de privilège que j'ai soulevée.
Je tiens spécialement à remercier M. Tom Lukiwski, qui m'a fait savoir que M. Vellacott présenterait des excuses. J'ai accepté les excuses de M. Vellacott. Elles étaient sincères et appropriées. J'ai toujours eu un immense respect pour M. Vellacott, comme pour tous les membres de la Chambre des communes. Comme je l'ai dit à maintes reprises, il n'y a aucun membre de la Chambre ni aucun sénateur que j'ai côtoyé pendant les 12 ans et demi où j'ai été ici que je n'aurais pas voulu pour voisin. Nous pouvons être en désaccord sur certaines questions, mais c'est une autre histoire.
Donc, pourquoi sommes-nous ici aujourd'hui? Un dix-pour-cent a été distribué dans ma circonscription, avec le nom de Maurice Vellacott dessus, mais ce n'est pas lui qui l'avait préparé. Il a été rédigé par quelqu'un du bureau central du Parti conservateur. Pour être honnête, monsieur, la personne qui a élaboré ce document, qui en a autorisé l'envoi, voilà la personne que j'aimerais rencontrer. Si je vivais au Yukon, nous ferions en sorte que cette personne soit admissible à une pension d'invalidité après que nous l'ayons rencontrée. Mais nous ne pouvons pas agir comme ça de nos jours. Il faut se comporter de manière convenable. C'est donc cette personne que j'aimerais voir présenter ses excuses, et pas seulement à moi, mais également à tous mes collègues de la Chambre des communes qui ont reçu ces absurdités.
Pour être tout à fait honnête, monsieur — et je vais le dire dans les termes les plus simples que je connais —, c'était un véritable déchet. Mais il y a une chose que je dois dire. « L'échec du registre des armes d'épaule. Pénalisant les fermiers et les chasseurs. Inutile contre les véritables criminels. » Tout ça était rigoureusement exact. Ce sont des idées que j'ai commencé à défendre en 1993, quatre ans avant de devenir député, et je les défends toujours aujourd'hui. Je me suis opposé catégoriquement au registre depuis 1997, à toutes les tribunes où j'ai pu m'exprimer, que ce soit en donnant des conférences de presse ou en travaillant avec Gary Breitkreuz et tous les autres. Mais voici pourtant ce qu'on peut lire dans ce document:
Votre député, Peter Stoffer, a travaillé pour soutenir le registre et mettre fin à l'amnistie. Est-ce là le genre de soutien que vous attendez de la part de votre député?
C'était un mensonge éhonté, monsieur; je ne vois pas comment dire les choses autrement. Quelqu'un, au bureau central, devait savoir comment j'avais voté, quelle était ma position à ce sujet, mais cela ne l'a pas empêché d'envoyer ce document en utilisant le nom d'un député de la Saskatchewan. Quel était le motif de cet acte? Est-ce que c'était — excusez mon language — pour m'emmerder? Pour me mettre en colère? Pour obtenir mon siège? Était-ce pour obtenir le vote d'électeurs de ma circonscription, pour établir une base de données et recueillir des fonds? Si quelqu'un souhaite dire que j'ai voté contre certains postes d'un budget, c'est de bonne guerre. Si quelqu'un veut envoyer dans ma circonscription un document concernant le crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire, c'est de bonne guerre. Mais envoyer des mensonges éhontés dans ma propre circonscription...
Je travaille avec Tony Rodgers de la Nova Scotia Federation of Anglers and Hunters, que connaît M. Kerr. Ils m'ont posé des questions. Ils m'ont demandé: « Peter, que se passe-t-il? As-tu changé d'opinion? Est-ce que le parti t'a parlé et t'a fait changer d'opinion? » J'ai dû m'expliquer à des tas et des tas de gens. Et comme vous le savez, monsieur le président, nous n'avons pas le temps de réexpliquer les choses quand cela fait 12 ans et demi qu'on défend la même idée.
Au bout du compte, j'ai accepté les excuses de M. Vellacott sans réserve. Mais il me reste à apprendre qui a élaboré tout ça et qui a, en dernier ressort, autorisé l'envoi dans ma circonscription. Voilà la personne ou le groupe de personnes avec qui j'aimerais pouvoir m'entretenir directement.
Ensuite, en ce qui concerne l'utilisation des dix-pour-cent — je sais que cette question est actuellement examinée par le Bureau de régie interne, entre autres —, j'ai une opinion personnelle, qui n'est pas forcément celle de mon parti. Comme vous le savez, je ne suis pas membre du bureau et je ne suis pas agent de la Chambre des communes, mais je crois qu'il est temps — et tous les partis sont coupables à cet égard — qu'une discussion sérieuse soit tenue, non seulement par ce comité, mais également par le Parlement, sur l'utilisation future des dix-pour-cent et sur leur contenu. Peut-être, je dis bien peut-être, que nous devrions faire preuve d'un peu plus de bienséance, et pas seulement à la Chambre, mais également dans les messages que nous envoyons dans tout le pays.
Monsieur le président, je suis très heureux d'avoir eu l'occasion d'exprimer la contrariété que j'ai pu éprouver. Je tiens également à remercier sincèrement les membres du comité pour leur temps.
Je suis prêt à répondre aux questions, dans les deux langues officielles.
Merci beaucoup.
Merci beaucoup d'avoir accepté de vous présenter devant le comité, monsieur Stoffer, et merci beaucoup pour cette déclaration qui venait du fond de votre coeur.
J'ai deux questions. D'abord, quand il s'est excusé, M. Vellacott a-t-il expliqué comment son nom en était venu à apparaître sur ce dix-pour-cent? À ce que je sache, selon les règlements de la Chambre concernant les dix-pour-cent, ces documents doivent être approuvés par le député. Voilà ma première question.
Ensuite, vous avez dit qu'il était peut-être temps que la Chambre, par l'intermédiaire de ses comités — qu'il s'agisse du Bureau de régie interne ou de la Chambre elle-même —, examine à nouveau la question des dix-pour-cent. Vous savez peut-être que le chef de l'opposition officielle, M. Michael Ignatieff, a pris position très clairement sur cette question. Il a dit que le Parti libéral, le caucus libéral, souhaiterait que les députés ne puissent envoyer des documents de ce genre que dans leur circonscription. J'aimerais savoir si vous avez une opinion sur cette position, défendue par le Parti libéral.
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En ce qui touche la première question, qui concerne M. Vellacott et l'approbation du document, je peux vous dire que dans notre caucus, le député doit donner son approbation au parti avant que le document ne soit distribué, s'il souhaite que son nom figure sur un dix-pour-cent, qui doit être envoyé dans une région donnée. Il faut que le député voie le document — et je ne parle que de mon parti —, qu'il le signe, puis il est distribué.
Je ne sais pas comment on procède au Parti conservateur, mais lorsqu'il s'est excusé, M. Vellacott a mentionné qu'il parlerait aux gens qui rédigent et envoient ces documents pour s'assurer que des erreurs de ce genre ne se produisent plus. Quant à savoir si le Parti conservateur a adopté une politique selon laquelle les députés doivent obligatoirement voir les documents avant de les approuver, je l'ignore. C'est une question qu'il faudrait poser au Parti conservateur.
J'ai ma propre opinion sur la déclaration de M. Ignatieff en faveur d'une règle qui limiterait l'envoi des dix-pour-cent à la circonscription du député. Cela fait plusieurs années que je n'envoie plus de dix-pour-cent. Je l'ai fait dans le passé, c'est incontestable, mais je n'en envoie plus parce que je trouve qu'en plus du coût qu'ils représentent, leur préparation demande beaucoup de temps à notre personnel.
Je crois cependant que ce sont le Bureau de régie interne et ses agents qui devraient débattre cette question. Nous sommes 308. J'occupe le 309e siège, ce qui est un grand honneur et un réel privilège. Ce n'est que mon opinion personnelle, mais je crois que le bureau, les décideurs, peuvent se réunir pour faire une évaluation honnête de cette question et en arriver à la trancher.
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Je devrais peut-être m'étendre sur la question. Je vous remercie d'ailleurs de me l'avoir posée.
J'ai vu des dix-pour-cent envoyés dans des circonscriptions du Bloc après que ses membres avaient voté contre une certaine motion relative à un projet de loi sur le crime. Je me suis alors dit que c'était vraiment gros. J'en ai récemment vu un autre sur l'antisémitisme dans certaines circonscriptions du Québec. Je me suis demandé où tout cela nous mènerait.
En général, monsieur, s'il ne tenait qu'à moi, il faudrait mettre fin aux attaques mutuelles et aux assauts contre nos votes. Si vous voulez envoyer de l'information dans ma circonscription sur toutes les bonnes choses que le Parti conservateur a réalisées, ne vous gênez pas. Allez-y. Mais si vous voulez m'attaquer ou attaquer un vote, je pourrais vous rendre la pareille.
Par exemple, M. Armstrong, un tout nouveau député, a voté contre une question de sécurité à St. John's hier. J'aurais pu facilement envoyer un dix-pour-cent pour l'enfoncer, pensant qu'il ne manquait pas d'aplomb de s'opposer à une mesure de sécurité pour Terre-Neuve. Mais cela aurait été stupide de ma part, et aussi un gaspillage des deniers publics, sans parler de la perte de temps pour mon personnel. Et pour quelle raison ferais-je cela à un nouveau député? Ça ne se fait pas.
Je crois que les leaders parlementaires, ou les whips, ou je ne sais qui, devraient s'entendre pour établir une ligne directrice, précisant que lorsque nous envoyons des dix-pour-cent dans les circonscriptions, nous devrions le faire avec un minimum de civilité. Le public nous regarde pendant la période de questions, comme vous le savez. Il nous regarde comme si c'était Passe-Partout pour adultes. Devons-nous vraiment être si puérils?
Je suis tout aussi coupable que les autres. Non, je ne suis pas innocent. Mais nous devons tous nous serrer les coudes pour calmer le jeu.
Vous venez de parler du vote. Nous voulons encourager les gens à exercer leurs droits démocratiques. Mais si nous continuons à envoyer des messages mesquins, nous les découragerons. Nous gaspillons l'argent des contribuables. Je crois, monsieur, que nous pourrions le dépenser de bien meilleures façons.
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Est-ce un pédophile? Est-ce le grand-père de l'enfant?
Voilà ce qu'on a vécu, monsieur le président. Vous avez entièrement raison. C'est cet été que cela nous est arrivé. On n'a pas dénoncé cela à la reprise des travaux en septembre, mais c'est cet été qu'on a été inondés par cela. Il doit absolument se passer quelque chose, car c'est totalement inadmissible. De tels comportements devraient être associés à une pénalité: la personne qui a envoyé cela devrait encourir des pénalités. C'est trop facile de faire ce qu'a fait M. Vellacott, soit de s'excuser à la Chambre, d'autant plus qu'il n'a probablement pas vu — vous l'avez dit, c'est centralisé chez les conservateurs — le contenu du dix pourcent qui a été envoyé chez vous.
En tout cas, vous avez entièrement raison. Je vous remercie d'avoir soulevé une question de privilège. Dans votre cas, il s'agit du registre des armes à feu. Malheureusement, on n'est pas du même côté. Si les conservateurs avaient envoyé chez vous un dix pourcent pour vous féliciter d'appuyer l'abolition du registre, probablement que vous n'auriez pas déposé cette question de privilège.
Il faut se demander si c'est normal d'inonder les circonscriptions des autres collègues de ces dix pourcent. Je termine là-dessus. Cet été, en l'espace de deux semaines et demie, j'en ai reçu 11 à mon domicile. J'ai reçu un dix pourcent unilingue anglais d'un dénommé Norlock, de l'Ontario, alors que ma circonscription est composée de francophones dans une proportion de 99,8 p. 100. J'en ai eu un bilingue, de M. Galipeau, et les neuf autres viennent des Josée Verner, Lawrence Cannon et Maxime Bernier, allègrement.
Si les conservateurs pensent qu'il s'aident en envoyant de telles choses... Vous devriez voir le nombre de courriels qu'on reçoit. C'est ce parti qui se veut le gardien des deniers publics! Puisque je siège au Bureau de régie interne, je ne peux pas dévoiler combien coûtent à présent ces dix pourcent et ce qu'il en est aussi de l'augmentation des dépenses.
Si vous, les conservateurs, pensez que vous avez un gain politique à faire avec cela, vous vous mettez le doigt dans l'œil, mais pas à peu près.
Merci, monsieur le président.
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Madame, et monsieur, en conclusion, j'aimerais vous remercier tous, et vous avez absolument raison: il s'agit d'une malencontreuse situation, mais espérons qu'au bout du compte, nous saurons en retirer quelque chose collectivement — non pas individuellement, mais collectivement. Et peut-être — peut-être — pourrons-nous en venir à nous traiter les uns les autres avec davantage de considération. Peut-être en viendrons-nous également, dans les bulletins d'information qui sont envoyés partout au pays et financés à même l'argent des contribuables, à faire valoir les gestes que nous posons pour faire grandir notre parti, à exposer nos bons coups ou encore à informer les gens des motions ou des projets de loi favorables qui ont été adoptés.
J'ai regardé faire M. Watson l'autre jour. Sa motion sur l'adoption a été accueillie à l'unanimité. C'est fantastique! Maintenant, s'il communiquait cette information aux électeurs de sa circonscription en leur disant: « Vous savez, votre député, qui est membre du Parti conservateur, a fait ceci. Nous avons obtenu le consentement de tous, et c'est une excellente nouvelle pour les personnes qui souhaitent adopter des enfants. », voilà qui serait merveilleux. Si, pour une raison ou une autre, quelqu'un décidait de voter contre, comme l'a fait le Bloc dans le dossier des enfants, la décision appartient au Bloc, ou encore aux conservateurs, au NPD ou aux libéraux. La répartition du vote est toujours importante, tout cela est porté au compte rendu, mais il faut arrêter de s'attaquer sans cesse aux gens, aux frais des contribuables en plus. Espérons qu'au bout du compte, les gens de ce comité et d'autres finiront par se rassembler autour de quelques bières ou d'un verre de vin rouge de la vallée de l'Annapolis ou de la région du Niagara — qui, en passant, est très bon — et que tous en viendront à voir que leurs voisins et voisines sont tout compte fait de bonnes personnes. Comme le disait Bob Dylan, nous partons de différents points de vue.
Au final, nous avons des comptes à rendre aux contribuables et les uns envers les autres; la loi du talion ne fonctionne jamais.
Une fois de plus, je remercie les honorables membres et je vous remercie, monsieur le président, ainsi que votre comité et vous également, monsieur, de m'avoir accordé ce droit de parole. J'espère qu'au bout du compte, il en ressortira quelque chose de positif.
Merci beaucoup.