Merci de la confiance que vous me témoignez, moi qui suis votre président pour cette séance. Ce n'est que temporaire; je vais retourner à mon poste de membre du comité la semaine prochaine.
Cela étant dit, nous allons commencer la 16e séance du Comité législatif chargé du projet de loi C-32. Lors de la première heure, de 11 heures à midi, nous allons accueillir les personnes suivantes.
[Traduction]
Nous allons entendre M. Brad Phillips, président de la British Columbia Association of Broadcasters; il est également le vice-président de British Columbia Operations, Astral Radio.
[Français]
De l'Association canadienne des radiodiffuseurs, nous avons avec nous la présidente, Mme Sylvie Courtemanche, ainsi que M. Gabriel Van Loon, avocat.
[Traduction]
Nous avons Mike Keller, vice-président, Activités de l'industrie, de Newcap Radio.
Je vais vous donner ensemble 15 minutes, après quoi les membres du comité pourront vous poser des questions.
Vous avez la parole.
:
Merci de nous avoir invités à comparaître devant le comité pour parler de cette importante mesure législative.
Je suis ici en tant que présidente de l'Association canadienne des radiodiffuseurs, une association qui représente plus de 600 stations de radio privées au Canada. Nous représentons également l'immense majorité des stations de télévision dans notre pays. Je suis également vice-présidente, Relations gouvernementales, de Corus Entertainment Inc., une des principales sociétés de médias canadiennes et de production de contenu canadien.
La réforme du droit d'auteur est une mesure nécessaire et urgente. Les radiodiffuseurs privés sont favorables au projet de loi . Nous estimons que ce projet de loi reflète la volonté du gouvernement d'en arriver à une solution équilibrée, susceptible de satisfaire tout le monde. Nous appuyons vivement l'adoption de cet important projet de loi.
Le projet de loi apporte des précisions importantes à la disposition relative à la reproduction liée à la radiodiffusion qui reconnaît que les radiodiffuseurs assument un fardeau inéquitable et insoutenable. Nous aimerions saisir l'occasion de vous expliquer pourquoi il est essentiel que cette disposition soit conservée dans le projet de loi.
Les modifications proposées à l'article 30.9 de la Loi sur le droit d'auteur accordent aux radiodiffuseurs le droit d'exploiter leurs entreprises dans une économie numérique en leur évitant de se voir imposer deux fois, de façon inéquitable et irrationnelle, des redevances relatives au droit d'auteur. Certains d'entre vous se souviennent que cette exception a été introduite en 1997 dans la dernière mouture du projet de loi C-32. Les sociétés de gestion qui ont comparu récemment devant le comité ont comparu à l'époque et ont déclaré ce qui suit au comité du patrimoine:
Les éditeurs de musique reconnaissent que cette copie [c'est-à-dire le transfert du format pour la radio] fait partie intégrante du fonctionnement des stations radiophoniques et se rendent également compte que tout éditeur assez stupide pour exiger d'être payé pour une telle copie se retrouverait vraisemblablement rayé sur-le-champ de la liste de diffusion de la station.
Dans ce contexte, une modification à la disposition prévoyant une exception pour les enregistrements éphémères qui avait pour effet de supprimer l'exception accordée aux radiodiffuseurs a été présentée. À partir de 2001, la même société de gestion qui avait déclaré au Comité du patrimoine qu'il serait stupide de demander un paiement pour des reproductions éphémères, a profité du nouveau cadre législatif pour demander et obtenir que les radiodiffuseurs soient obligés de payer des redevances supplémentaires.
Aujourd'hui, les radiodiffuseurs paient toujours des redevances aux éditeurs de musique, mais à un taux plus élevé. Ils paient également deux tarifs supplémentaires en matière de reproduction: un aux sociétés d'enregistrement étrangères qui ont des chiffres d'affaires de plusieurs milliards de dollars et un autre, d'un montant plus faible, de moins de 200 000 $, aux artistes-interprètes. Cela porte à 21 millions de dollars par année le total des montants payés pour une opération que toutes les parties s'étaient entendues pour dire qu'elles ne devraient jamais donner lieu à une rémunération. Nous avons entendu de nombreuses affirmations inexactes concernant le montant de 21 millions de dollars qui représente la valeur actuelle du droit de reproduction, mais il y a une vérité qui demeure: les radiodiffuseurs ne gagnent pas d'argent en reproduisant un contenu musical dans le but de faciliter la diffusion de musique.
Nous avons entendu des membres du comité affirmer que le montant de 21 millions de dollars serait pris sur le revenu des artistes. C'est tout simplement inexact. Nous aimerions vous expliquer comment se répartit ce montant de 21 millions de dollars.
[Français]
Il est important de comprendre la manière dont les 21 millions de dollars passent par le processus de filtrage d'un système complexe d'octroi collectif de licences qui déduit des montants importants pour les frais généraux et juridiques de la société de gestion qui se charge d'administrer le tarif, et pour la distribution aux maisons de disques et d'édition étrangères avant que les artistes eux-mêmes n'en touchent une part.
Sur le total de 21 millions de dollars, 10 millions de dollars sont acheminés aux maisons de disques étrangères touchant plusieurs milliards de dollars. Le montant estimatif de 1,1 million de dollars est consacré aux frais généraux et administratifs des cinq sociétés de gestion touchées. Environ 6,4 millions de dollars vont aux détenteurs de droits étrangers, ce qui ne laisse que 3,5 millions de dollars à partager entre les maisons d'édition, qui ne sont pas forcément canadiennes, et les artistes. Nous avons indiqué la ventilation de cette somme dans notre mémoire.
Les maisons de disques et d'édition vous diront que l'exception pour les radiodiffuseurs prive les artistes de revenus. Or, la vérité est que l'exception enlève de l'argent aux sociétés étrangères touchant plusieurs milliards de dollars. En réalité, l'exception pour les radiodiffuseurs permet de laisser l'argent entre les mains d'entreprises de radiodiffusion canadiennes à 100 p. 100 qui consacrent des sommes considérables aux collectivités qu'elles desservent et aux artistes canadiens.
Nous tenons à préciser que les radiodiffuseurs ne s'opposent pas au paiement pour le droit de communication.
[Traduction]
Les radiodiffuseurs privés ont été très satisfaits que l'on ajoute au projet de loi C-32 des modifications à l'article 30.9. Nous avons également été heureux de l'explication qu'a fournie le gouvernement lorsqu'il a déclaré que cette modification avait pour but d'éviter que les radiodiffuseurs soient tenus de rémunérer les titulaires de droit d'auteur lorsqu'ils font des reproductions dans le cadre de leurs activités. Nous estimons toutefois que la formulation actuelle ne reflète pas pleinement l'intention d'accorder une exemption totale à l'égard des redevances relatives à la reproduction.
Les amendements que nous proposons sont de nature très technique et ont pour but de favoriser la neutralité technologique, de dissiper toute confusion et d'harmoniser ces dispositions avec les autres dispositions du projet de loi et avec celles de la Loi sur le droit d'auteur. Nous nous engageons à fournir les amendements que nous proposons au comité.
L'exemption visant les radiodiffuseurs est nécessaire. Elle harmonisera la situation du Canada avec celle de nos partenaires commerciaux internationaux. Le Canada fait partie d'une petite minorité de pays industrialisés qui n'ont pas encore adopté cette exception pour les radiodiffuseurs. Cette exception doit prendre en compte la nature exclusivement technique des reproductions effectuées par les radiodiffuseurs.
Je vous remercie de m'avoir donné la possibilité de comparaître devant vous aujourd'hui.
Je vais maintenant laisser mes amis d'Astral et de Newcap vous expliquer comment les radiodiffuseurs apportent un appui aux collectivités locales et aident les artistes canadiens.
Je m'appelle Brad Phillips. Je suis responsable des 22 stations de radio Astral de la Colombie-Britannique et gérant d'un ensemble de stations de Vancouver, Virgin Radio et AM 650.
J'ai eu le privilège de travailler pour l'industrie de la radiodiffusion canadienne pendant plus de 30 ans, aussi bien à la radio qu'à la télévision. Avant de travailler pour Astral, j'étais le vice-président régional de CHUM Television. J'ai passé la plus grande partie de ma carrière dans le secteur de la radio. Je suis fier de dire que j'ai été administrateur et directeur de la programmation de la première station de radio des deux plus grands marchés du Canada, Vancouver et Toronto. J'ai travaillé dans quatre provinces, dans des marchés de différentes tailles, pour des stations AM et FM, à divers titres. J'ai été le directeur de la programmation CMW de l'année. Au début de ma carrière, j'ai été finaliste pour la personnalité de l'année du magazine Billboard. Cela fait huit ans que je suis membre du conseil d'administration de la British Columbia Association of Broadcasters.
Les radios locales sont le meilleur outil de commercialisation de la musique et des artistes canadiens. Il faut que le gouvernement et l'industrie de la musique canadienne reconnaissent ce rôle. Je suis ici en qualité de président de la British Columbia Association of Broadcasters. Nous avons un auditoire total de près de 4,5 millions d'auditeurs et nous sommes présents dans toutes les collectivités, grandes et petites, de notre belle province. Dans plusieurs de ces marchés, nous sommes le seul média local.
Je suis également ici pour le compte de mon entreprise, Astral, le premier radiodiffuseur canadien qui a 83 stations réparties dans 46 collectivités dans l'ensemble du Canada, et qui dessert au total 14,6 millions d'auditeurs. Nos 2 000 employés constituent une partie vitale des collectivités qu'ils desservent; ils s'occupent de centaine d'activités de financement pour les organismes de bienfaisance locaux, ils font la couverture et la promotion des nouvelles et des événements locaux et consacrent d'innombrables heures et beaucoup d'énergie à regrouper les gens pour une cause commune.
Les radiodiffuseurs privés obtiennent tous les ans des dizaines de millions de dollars pour les organismes de bienfaisance locaux. Un exemple est le Radiothon Astral Media pour la santé des enfants, grâce auquel les auditeurs d'Astral ont, deux ans de suite, fait plus de sept millions de dollars de dons pour le Children's Miracle Network et plusieurs organismes de bienfaisance pour enfants dont s'occupe Astral. À Vancouver, mes stations de radio diffusent certaines émissions à partir de l'espace accueil du BC Children's Hospital.
Notre station de Vancouver a un programme appelé The Best of BC, qui est une initiative essentielle pour faire connaître les nouveaux artistes locaux qui n'ont pas encore de contrat. Tous les mois, nous présentons un nouvel artiste pour la première fois à la radio. Les oeuvres de chaque nouvel artiste sont diffusées sur les ondes et reprises 70 fois en capsules pendant le mois. Chaque artiste figure au moins pendant un mois sur notre site Web Best of BC.
Grâce à notre Best of BC, nous avons pu apporter un soutien à près de 60 artistes. Certains de ces artistes ont connu un grand succès. Par exemple, Andrew Allen a fait jouer deux de ses oeuvres sur la radio nationale et a signé un contrat avec Epic Records. The Envy ont signé un contrat avec Simmons Records, l'étiquette de Gene Simmons, et ont participé à des spectacles à Los Angeles avec Eminem et KISS. Tara Holloway a signé un contrat avec 604 Records. Hannah Georgas a participé à plusieurs émissions Lilith Fair avec Sarah McLachlan et a signé un contrat avec EMI.
En plus de ces contributions directes à nos artistes locaux et à nos collectivités locales, les radios privées jouent un rôle important dans l'économie culturelle nationale. En tant qu'industrie, nous employons plus de 10 500 Canadiens. Nous recueillons des millions de dollars pour les organismes de bienfaisance nationaux et locaux, chaque année, et nous investissons à la fois nos ressources humaines et financières dans nos collectivités. Les radiodiffuseurs privés ont versé plus de 64 millions de dollars en redevances de droit d'auteur l'année dernière, en plus des 21 millions de dollars payés pour les droits de reproduction. Ces redevances sont fixées en fonction de notre revenu, de sorte qu'à mesure que le secteur se développe, les redevances versées aux sociétés de gestion du droit d'auteur augmentent également. Nous avons aussi investi 51 millions de dollars dans le développement de contenu canadien l'année dernière. Cet argent a été versé directement aux artistes pour aider à financer la production et la promotion de leur musique.
Mike Keller de Newcap Radio va vous en dire davantage au sujet de nos contributions au DCC.
Merci.
Je m'appelle Mike Keller. Je suis le vice-président, Activités de l'industrie, de Newcap Radio. J'ai travaillé dans le secteur de la radiodiffusion, tant à la télévision qu'à la radio, pendant toute ma carrière; j'ai commencé en 1971, au poste MCTV dans le Nord de l'Ontario, et ensuite à Baton Broadcasting, CHUM, et je travaille maintenant pour Newcap Broadcasting.
Je suis à l'heure actuelle membre du conseil d'administration de l'Association canadienne des radiodiffuseurs et j'ai occupé des postes sur les conseils d'administration du Bureau of Broadcast Measurement, au Bureau de la télévision du Canada, et au Radio Marketing Bureau.
Newcap est une grande réussite dans la région de l'Atlantique. Cette société se place au deuxième rang pour le nombre de stations de radio au Canada — elle en possède 75 qui desservent 56 collectivités, des grandes villes comme Ottawa, Edmonton et Calgary, et des villages minuscules comme Springdale à Terre-Neuve et Blairmore en Alberta. Plus de 800 employés viennent travailler à Newcap tous les jours et font de leurs collectivités un lieu de vie meilleur. Nous sommes le principal opérateur radio dans le Canada atlantique et dans les Maritimes.
Comme cela a été noté, je vais illustrer davantage l'importance de la contribution qu'apportent les radiodiffuseurs canadiens au milieu de la musique au Canada. Les radiodiffuseurs font de la publicité pour les musiciens ainsi que des investissements directs de fonds par le biais de programmes comme Big Money Shot à l'antenne de notre station d'Ottawa, Live 88.5, qui investit 500 000 $ en subventions chaque année pour les artistes de la région d'Ottawa. Grâce à ce programme, Newcap Radio a déjà ajouté 10 artistes à sa programmation régulière et 100 artistes en capsules spéciales sur ses stations de radio, et met ainsi en ondes des artistes canadiens sans contrat aux côtés des musiciens les plus populaires au monde.
Nous avons également un programme appelé Rock Star à Calgary qui accorde 500 000 $ en financement direct aux artistes locaux afin de les aider à profiter des ressources financières et administratives qui leur permettront de faire progresser leur carrière et de poursuivre sur leur lancée. Grâce aux ressources qu'elles consacrent à l'encadrement financier, à la formation , au réseautage et à la diffusion, ces stations Newcap ont permis à des musiciens locaux de réaliser leurs rêves et de connaître une carrière en tant qu'artistes canadiens du disque.
Newcap les aide à chaque étape du processus, de la composition à l'enregistrement, à la production de disques, à l'encadrement des prestations, à l'organisation de tournées, à la commercialisation et finalement, à la diffusion de leur musique sur les ondes dans tout le Canada, que ce soit dans le cadre de la programmation régulière ou dans celui de capsules spéciales qui permettent à ces artistes indépendants d'être entendus aux côtés des meilleurs artistes du disque au monde.
En 10 ans, Newcap a versé à elle seule plus de 30 millions de dollars à DCC, 5,7 millions de dollars à FACTOR, 8,5 millions de dollars à Starmaker et une autre somme de 16 millions de dollars aux initiatives et artistes locaux.
L'année dernière seulement, les radiodiffuseurs privés ont versé plus de 51 millions de dollars à DCC dans le cadre de programmes comme FACTOR, MusicAction et le Radio Starmaker Fund. En plus de ces investissements touchant les collectivités et les artistes locaux, les radiodiffuseurs privés ont également versé une somme de 64 millions de dollars, somme qui augmente chaque année, en redevances de droit d'auteur aux auteurs, compositeurs, éditeurs, artistes-interprètes et producteurs d'enregistrements sonores en vue de la diffusion. Ces redevances ne seront pas touchées par le projet de loi .
Certains disent que l'exception pour les radiodiffuseurs revient à leur accorder un passe-droit. Nous pensons qu'une contribution de plus 115 millions de dollars aux artistes en une seule année n'est pas un passe-droit. Nous pensons que nous faisons un travail exceptionnel en appuyant les artistes canadiens. En réalité, les radiodiffuseurs jouent un rôle de catalyseur essentiel pour la réussite de nos artistes. Le secteur de la radiodiffusion doit demeurer prospère pour pouvoir continuer à accorder un appui aussi important aux artistes canadiens.
Je vous remercie de m'avoir donné la possibilité de comparaître devant vous aujourd'hui. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Bienvenue au comité et merci d'avoir adopté cette position. Je crois que nous entendons un peu plus d'annonces publicitaires que certains de vos membres diffusent au Canada, ce qui a certainement suscité mon intérêt.
Monsieur Keller, ce dont vous avez parlé dans vos commentaires concerne davantage ce que nous appelons, dans notre jargon, « Aidez davantage notre industrie », c'est le montant de 52 millions de dollars. Cela n'a en fait rien à voir avec le droit d'auteur, ni avec le projet de loi que nous étudions; je vais donc vous mettre de côté pendant un instant et adresser ma question à Mme Courtemanche.
Madame Courtemanche, votre industrie a évolué et utilise de nouvelles technologies qui permettent de reproduire de la musique sur les serveurs de diffusion, ce qui donne à ces stations de radio la possibilité, notamment, de réduire leur personnel et les locaux, ainsi que les pertes causées par les erreurs d'insertion des annonces publicitaires, de produire des programmes de meilleure qualité et d'améliorer la productivité. Nous le comprenons tous. En fait, la Commission du droit d'auteur a déclaré l'année dernière que la nouvelle technologie de radiodiffusion permettait de réduire les coûts des stations de radio et que « la technologie de la reproduction a permis aux stations de radio d'augmenter leur efficacité et leur rentabilité ».
De sorte que, lorsque votre site Web, celui qui lance des annonces agressives, en particulier contre mon parti, pour avoir proposé des idées plutôt novatrices dans le but d'instaurer un équilibre dans ce domaine, affirme que les copies destinées au serveur ne donnent « aucun revenu », cela ne veut pas dire qu'elles ne créent pas de bénéfices. En fait, les radiodiffuseurs ont enregistré des bénéfices records ces dernières années. Je crois que vous l'avez admis parce que la Commission du droit d'auteur a calculé cette somme pour nous. C'est une industrie de 1,5 milliard de dollars.
Le CRTC a déclaré que les marges bénéficiaires avant impôt des stations de radio commerciales étaient passées de 8,93 p. 100 en 2001 à 21,2 p. 100. Est-ce bien exact?
:
Je n'ai pas ces chiffres avec moi aujourd'hui, mais j'ai toujours pensé que, lorsqu'on examinait une question, il fallait toujours le faire d'un point de vue équilibré. Vous l'avez abordée d'un seul point de vue. Vous dites que les stations de radio ont fait beaucoup d'économies grâce à ce changement technologique.
Vous ne parlez pas des économies qu'a réalisées le secteur de la musique. Les entreprises du secteur de la musique devaient auparavant embaucher un AR, elles devaient ensuite graver les CD, les apporter physiquement à la station de radio et lui demander de bien vouloir jouer leur musique.
Grâce à tous ces changements qui lui ont permis de faire des économies, le secteur de la musique est devenu beaucoup plus rentable, aspect dont personne ne semble se soucier. Il devrait y avoir un équilibre. Oui, nous avons peut-être fait quelques économies. Je laisserai Mike ou Brad parler de cet aspect et du montant qu'elles représentent. Mais nous sommes bien loin d'enregistrer les économies dont bénéficie l'industrie de la musique, parce qu'elle peut désormais envoyer la musique par voie électronique à nos serveurs...
Brad, pouvez-vous nous donner une idée de...
:
Désolé, madame. Je ne suis pas d'accord avec vous sur ce point. Vous avez déclaré au départ dans vos commentaires que ce projet de loi avantageait un peu tout le monde. Il se trouve que je crois — et je pense que beaucoup de Canadiens le croient également — qu'il n'offre en fait rien aux créateurs. Nous parlons d'artistes ici.
Je vais vous citer un point plus précis auquel vous pourrez répondre. Vous dites dans vos annonces:
Les radios locales canadiennes seront peut-être en danger si le projet de loi C-32 n'est pas adopté tel que présenté par le gouvernement. Ce projet de loi si nécessaire risque d'être un échec parce que le Parti libéral veut faire adopter un amendement qui obligerait les stations de radio locales à envoyer de l'argent aux grandes maisons de disques étrangères.
Vous dites que les stations de radio locales sont menacées. Je dois vous demander — et exprimer mon désaccord —, parce que la Commission du droit d'auteur a constaté l'année dernière que la petite station de radio typique, du genre de celle dont vous parlez, avec des recettes de 120 000 $, paierait environ au total 4 600 $ de redevances de droit d'auteur, alors que les stations de radio de taille moyenne avec des recettes de 1,1 million de dollars verseraient 44 500 $.
N'est-il pas exact qu'environ 700 $ des versements des petites stations et 9 200 $ des versements des stations de taille moyenne correspondent à l'exercice du droit de reproduction?
:
[
Note de la rédaction: inaudible]... sur 10 ans, et nos revenus ont augmenté de 40 p. 100.
Avec un modèle de gestion qui touche le droit d'auteur... des redevances qui augmentent 100 fois plus que vos revenus, je ne sais pas ce qu'il faut qu'il se passe pour que vous réagissiez. Il y a des stations de radio qui ferment au Canada. Notre groupe en particulier a fermé deux stations, trois stations AM, parce que ce modèle de gestion n'est plus rentable.
Je vais laisser M. Phillips vous répondre, si vous le permettez, parce qu'il peut vous parler de quelques micros marchés où la situation est très difficile.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue à tous. Je suis heureuse de vous accueillir ici ce matin.
Tout d'abord, je veux vous dire que j'ai lu vos mémoires en entier, et particulièrement le vôtre, madame Courtemanche, de l'Association canadienne des radiodiffuseurs.
Je l'ai lu attentivement et je l'ai décortiqué. Je remarqué que vous disiez que l'adoption du projet de loi était essentielle. Le Bloc québécois aussi croit qu'adopter un projet de loi visant à moderniser la Loi sur le droit d'auteur est essentiel, après 15 ou 16 ans d'un vieux modèle qui ne correspond plus à nos habitudes d'aujourd'hui, qui n'est adapté ni à Internet ni au numérique. Il faut donc changer cette loi le plus rapidement possible, mais encore faut-il que le projet de loi soit équilibré. Vous dites qu'il est essentiel de l'adopter. Je suis parfaitement d'accord avec vous.
Vous dites que les stations de radio et les radiodiffuseurs, de façon générale, sont des éléments enrichissants dans notre société. Vous avez parfaitement raison. Vous êtes importants pour l'économie canadienne et québécoise. Vous avez un rôle immensément important dans le vedettariat du Québec et, sans doute, du Canada, que je connais moins, je m'en excuse. Vous êtes des gens d'affaires brillants qui connaissez du succès. Des revenus de 6,58 milliards de dollars, ce n'est pas rien. On vous félicite pour vos profits de 1,5 milliard de dollars.
Vous dites que vous représentez 600 stations de radio et 10 500 employés, à qui vous versez 612 millions de dollars. Vous réussissez bien et nous en sommes fiers. On vous encourage à continuer. Vous connaissez des grands succès et, sans doute, des petits échecs, comme tous les grands secteurs industriels.
On pourrait discuter du principe du montant de 21 millions de dollars que vous demandez de ne pas payer. On pourrait le faire. J'ai des arguments, alors que vous dites que ça va à des multimilliardaires à l'étranger. Il ne faut pas oublier qu'il y a réciprocité. Les autres pays paient des redevances à nos artistes. Vous dites que les petites stations de radio portent un fardeau incroyable. On sait qu'elles doivent remplir un formulaire par mois et envoyer cinq chèques. Je ne veux pas revenir sur chacun de ces arguments, mais je veux vous parler du principe de ce projet de loi C-32 qui est déséquilibré.
Votre approche, votre témoignage et votre mémoire en font l'illustration la plus parfaite. Certes, il y en a d'autres, mais ce que vous en dites est un des meilleurs exemples qu'on puisse donner. Jusqu'à maintenant, vous payez 21 millions de dollars en redevances pour ce qu'on appelle l'enregistrement éphémère et vous ne voulez plus payer pour cela. Ce n'est pas dans le projet de loi C-32, et vous êtes bien heureux de cela. Ce montant de 21 millions de dollars sert à gonfler vos profits qui sont déjà respectables, et vous voulez enlever cet argent aux artistes, aux artisans, aux gens qui vont faire d'autres productions culturelles et créations artistiques. Cela n'a pas de sens. Vous êtes un des exemples, mais on pourrait en donner d'autres, pour les 126 millions de dollars de revenus qui sont enlevés aux artistes.
J'aimerais que vous me parliez, madame Courtemanche et toutes les personnes qui voudront intervenir, du principe de ce projet de loi qui est déséquilibré en faveur de l'industrie et au détriment des artistes, comme vous venez d'en faire la démonstration.
:
Madame Lavallée, avec tout le respect que je vous dois, je ne suis pas d'accord avec vous. Je ne crois pas que votre prémisse, selon laquelle le projet est déséquilibré, soit exacte. C'est notre point de vue et je respecte le vôtre. Je pense que le projet de loi est équilibré.
Cependant, j'admets qu'il n'est pas parfait. Je suis entièrement d'accord avec vous à cet égard.
Est-ce le meilleur projet de loi possible? Ce n'est pas la perfection, mais c'est un jeu de compromis. Il y a des gagnants et des perdants, mais on tente de créer un équilibre entre celui qui possède un droit d'auteur et le fait que cette personne a le droit de recevoir des redevances raisonnables reflétant la valeur marchande de son produit, et les utilisateurs de ce produit. Voilà ce que la loi tente de faire. Elle tente de concilier ces deux intérêts et de créer un cadre équilibré.
Quand on parle de l'exception recherchée, il n'est pas seulement question de mettre cela dans nos poches.
:
Madame Lavallée, vous partez du principe selon lequel les petites stations sont toutes détenues par de grandes corporations. Ce n'est pas le cas. Au cours des prochaines séances, vous rencontrerez certains témoins qui possèdent quatre stations. Il y a une tonne de gens comme eux. Une grande partie des petites stations sont exploitées par des entrepreneurs indépendants qui possèdent une ou deux stations. Ils ont une tâche et un quotidien très difficiles.
Quant aux artistes, ils apprécient la radio locale. Par exemple, dans une petite communauté comme celle de Pemberton, le petit musicien qui vient de cet endroit veut que sa production soit entendue à la radio. Pour lui, c'est important.
Nous voulons soutenir notre industrie. Je pars du principe selon lequel je fais une reproduction non pas parce que je veux faire de l'argent, mais parce que je veux tout simplement faciliter la diffusion d'un produit. Quand je fais cette diffusion, je paie très bien pour le droit de le faire.
Merci.
:
Très bien; nous allons examiner la gravité du problème.
Au départ, il faut dire que les stations de radio privées font de l'excellent travail. Je regarde ce qui se passe dans ma circonscription et je vois ce qui se fait — les organismes de bienfaisance, les interventions dans la collectivité, Q92, Moose FM. Nous avons CHYK-FM pour la communauté francophone, CJKL-FM. Cela n'est pas contestable.
Ce qui est contestable, comme vous le dites, c'est la question de l'équilibre et de l'équité. Tous ceux qui ont comparu devant le comité, quel que soit le côté qu'ils représentent, ont dit que le ciel allait leur tomber sur la tête. C'est ce qui explique que je n'y crois pas trop. J'aimerais simplement obtenir un peu plus d'information.
Au départ, je trouve bizarre d'entendre certaines grandes stations de radio et un certain nombre de petites nous parler du danger qu'il y a à donner de l'argent à des sociétés multinationales étrangères. On croirait entendre les nouveaux démocrates de 1965. Ces grandes sociétés multinationales sont EMI, Universal, Sony BMG et Warner. Ce sont les principaux acteurs aux États-Unis et au Canada. Je veux que cela figure au compte rendu; je vais défendre l'AICE et la RIAA aujourd'hui, mais ce sont ces associations qui sont les chefs de file du secteur de l'enregistrement.
Mais, il y a aussi une certaine indépendance. Au Québec, vous versez presque toutes les redevances à des artistes québécois. Si vous ne voulez pas donner cet argent à des étrangers, pourquoi ne pas diffuser davantage de contenu canadien parce qu'alors tout cet argent irait à des Canadiens?
:
Non, je vous dis que votre argument est spécieux. Vous venez nous dire ici que les méchantes multinationales sont des rapaces alors qu'elles font partie de votre secteur d'activité. C'est la raison pour laquelle vous leur versez de l'argent. Point final. Ne venez pas nous demander de vous protéger contre les multinationales auxquelles vous versez des redevances.
Mais je dois passer à autre chose parce que je n'ai pas entendu la réponse qui a été donnée à la question de M. McTeague au sujet des coûts. J'ai examiné votre mémoire, je l'ai comparé au document de la Commission du droit d'auteur, qui fixe les tarifs. Examinons un peu comment se répartissent les coûts reliés au tarif pour une petite station de radio: revenu brut moyen, 120 000 $, total des redevances, 4 646 $; et si nous ajoutons les redevances de reproduction, cela représente environ 720 $ par an.
Si une station de radio fait faillite parce qu'elle paie un droit de reproduction qui s'élève à 720 $ par an, je pense qu'elle ferait faillite de toute façon, n'êtes-vous pas d'accord?
:
Je suis tout à fait en faveur du succès. Je voulais simplement en arriver aux chiffres et c'était les chiffres que je vous ai cités.
L'autre question que j'aimerais poser concerne l'harmonisation de notre réglementation avec celle de nos partenaires internationaux. J'ai examiné cet aspect. Il y a un bon nombre de partenaires qui ont des tarifs de diffusion beaucoup plus élevés.
J'ai examiné la situation aux États-Unis, qui est notre principal partenaire commercial. Ce pays n'impose pas de droits pour la communication, mais les radiodiffuseurs n'ont légalement le droit qu'à une seule copie temporaire d'un programme. Cela vise l'émission tout entière. Il n'y a pas d'exception pour la reproduction d'oeuvres musicales individuelles et ils ne permettent pas aux radiodiffuseurs de se constituer une bibliothèque d'oeuvres musicales.
Au R.-U. et aux Pays-Bas, les radiodiffuseurs paient une redevance pour la communication et une autre, pour la reproduction.
En Allemagne, en Espagne et au Mexique, l'exception autorise les radiodiffuseurs à faire une seule reproduction qui ne peut être diffusée qu'une seule fois.
Est-il vraiment juste de dire que la situation au Canada, avec cette somme de 700 $ que vous devez payer en plus, et qui vous accorde une grande flexibilité... n'existe pas dans de nombreux marchés avec lesquels nous sommes en concurrence?
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins.
J'aimerais commencer par dire que vous savez maintenant à quoi nous faisons face, alors je vous dis bienvenue.
Je me sens très proche de la position de la Recording Industry Association. C'est une industrie qui a été décimée, je le dis franchement, parce que nous n'avons pas réussi à mettre en place des mesures de protection qui auraient recréé un marché pour la musique. Je pense que cette industrie a perdu trois quarts de millions de dollars de revenus et elle pense que les droits éphémères sont vraiment très importants pour elle parce que cette industrie est passée d'un chiffre d'affaires bien supérieur à un milliard de dollars à un chiffre d'affaires de 400 millions de dollars, et elle est en difficulté. Je ne doute pas un instant que la Recording Industry Association connaît de grosses difficultés et cela touche également les artistes.
La position qu'a adoptée le gouvernement sur ce point, et je dirais que c'est par souci de cohérence de notre part, c'est que nous ne pensons pas qu'il soit normal de payer plusieurs fois pour obtenir les mêmes droits. C'est notre position. On a beaucoup parlé devant le comité d'une redevance pour chaque reproduction numérique ou de la taxe iPod comme on l'a désignée. Nous avons répondu que quelqu'un qui achète de la musique devrait pouvoir la transférer sur le format sur lequel il veut l'entendre.
Voici ce que vous dites: nous acceptons parfaitement de payer la musique — nous versons 65 millions de dollars par an pour acheter de la musique —, mais pourquoi ne pouvons-nous pas obtenir la musique sur un support qui nous permet de la diffuser et pourquoi devons-nous payer encore une fois pour diffuser la musique sur le support que nous utilisons?
N'est-ce pas là votre argument?
:
C'est exactement ce que nous soutenons. Cela ne nous paraît pas logique. Si le gouvernement a décidé qu'il n'était pas logique de créer une taxe iPod, nous sommes d'accord. Si le gouvernement a décidé que...
Vous savez, nous avons des stations de télévision. Nous avons une redevance sur les signaux. Mais les gens ont décidé qu'ils aimaient bien les EVP et ils veulent pouvoir décaler le visionnement. Eh bien, nous n'avons pas dit au gouvernement: « Un instant, c'est une violation de notre droit d'auteur. » Nous avons dit: « Je vais vous surprendre. Cela me paraît logique. Si quelqu'un veut choisir le moment où il va visionner nos programmes, je ne vais pas embêter les consommateurs. Cela me paraît logique. »
Nous pensons tout simplement que cela est logique. Et je suis d'accord avec vous, il faut faire face à la réalité; l'industrie de la musique — et nous n'en sommes pas la cause —, c'est le partage de pair-à-pair et le projet de loi traite de cet aspect. Nous n'allons pas sauver l'industrie canadienne de la musique avec 21 millions de dollars.
Nous avons une comparaison pour cette situation.
Voulez-vous présenter la comparaison que vous avez faite?
:
Oui, plusieurs commentaires, mais je vais essayer de me limiter.
Tout d'abord, pour ce qui est des maisons de disques, il me paraît absurde que, lorsqu'elles faisaient plus d'un milliard de dollars de bénéfices grâce à la diffusion des disques par les stations de radio, nous ne sommes pas venus les voir pour leur demander qu'elles nous donnent une partie de ces bénéfices.
Maintenant leurs bénéfices sont en baisse et elles ont un problème; nous comprenons ces problèmes, mais il nous semble que l'on nous demande de les sortir du pétrin et cela ne nous semble pas équitable.
:
Non, et en fait ce n'est pas non plus la meilleure façon de favoriser la concurrence dans notre économie.
Vous dites que les stations de radio de petite et moyenne taille sont en danger. Je sais que les gens qui travaillent dans vos stations de radio ne gagnent pas beaucoup d'argent. La marge bénéficiaire est faible. C'est la réalité dans le monde de la radio. Il faut remercier les gens qui veulent s'entendre parler à la radio, sinon vous connaîtriez de grosses difficultés.
Quel serait l'impact sur les collectivités petite et moyenne de la fermeture de ces stations? Je sais que dans ma collectivité, une des premières choses que font les organismes de bienfaisance, une des premières choses que je fais lorsque je veux communiquer un message, c'est de faire appel à la radio locale, et c'est cette radio qui transmet ces nouvelles.
En passant, je dirais qu'il est trop simple de dire que, si vous diffusiez davantage les artistes canadiens, cet argent resterait au Canada. Les gens ont différentes solutions de nos jours. Il y a la radio satellite. Si vous ne jouez pas le genre de musique qu'ils veulent entendre, ils l'écouteront ailleurs. Donc, il n'est pas réaliste...
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Merci, monsieur le président.
Vous parlez de l'importance de la radio, particulièrement de la radio locale. Or nous sommes tous d'accord avec vous. Là n'est pas la question. Ce n'est pas le sujet, le thème. Nous ne sommes pas d'accord avec vous du fait que vous demandiez un passe-droit en ce qui concerne des droits qui existent déjà. Essentiellement, vous voulez accroître votre profit au détriment de nos créateurs.
Je ne suis pas d'accord non plus lorsque vous dites que l'ensemble de l'industrie n'a pas les moyens nécessaires. On parle de 64 millions de dollars sur 1,5 milliard de dollars de revenus. Je pense que ça donne 5 p. 100 ou 6 p. 100 environ. Vous avez parlé d'un unsustainable burden, et j'ai de la difficulté à croire que ça puisse être considéré de cette façon.
Je voudrais savoir, à titre de question préliminaire, si la copie dont on parle a une valeur.
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Merci, monsieur le président.
Madame, messieurs, bonjour.
Certains éléments des affaires de certaines industries liées au droit d'auteur me sont encore un peu étrangers. Un peu plus tôt, on parlait avec vigueur des 21 millions de dollars. Si le montant de 64 millions de dollars vaut 4,8 p. 100 à peu près, celui de 21 millions de dollars représente 1,65 p. 100, plus ou moins. Ce n'est pas nécessairement une fortune, quand on compare cela à 1,5 milliard de dollars.
Une chose m'intrigue. La durabilité d'une station de radio, entre autres, est relative à ce qui est donné à la communauté desservie par cette station. Souvent, on sait que l'aspect régional est important. Dans votre industrie, quelle proportion du budget de l'ensemble de l'industrie peut représenter la production interne?
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Bonjour. Bienvenue à nos invités. Nous allons poursuivre notre séance sur le projet de loi .
Nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui le consultant radio M. Guy Banville, à titre personnel, et M. Paul Larche, président de Larche Communication inc. Merci d'être parmi nous. Nous recevons également M. Ross Davies, vice-président de la programmation et des opérations chez Haliburton Broadcasting Group inc. Merci d'être parmi nous.
Chaque participant va disposer de cinq minutes pour présenter son exposé. Ensuite, les membres du comité pourrons poser des questions.
[Traduction]
Je vais donner la parole à M. Banville pour cinq minutes.
:
Bonjour. Je m'appelle Guy Banville. Depuis 37 ans, l'essentiel de ma carrière repose sur le rôle de directeur des programmes que j'ai exercé au sein de stations radiophoniques au Québec et en France. Que ce soit dans le format de Dance Music des années 1980 ou dans le format de RockDétente que j'ai créé avec une formidable équipe en 1990 au Québec, que ce soit le programme national des 190 radios du réseau Europe2 en France ou les radios québécoises du groupe RNC Media depuis quelques années, je me rends compte que la conception de toutes ces offres radiophoniques a été jusqu'à maintenant indissociable de l'évolution des artistes québécois.
Je sais que vous avez beaucoup entendu parler des artistes du Québec, mais peut-être un peu moins des radiodiffuseurs québécois. Je vous remercie donc de nous avoir donné l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui pour nous permettre d'ajouter la voix des radiodiffuseurs du Québec à la discussion.
J'ai l'habitude de dire que les producteurs de disques sont des jardiniers, que les artistes sont des fleurs et que les radios sont des parfumeurs. Nous aimons les fleurs que nous choisissons et nous les offrons à nos auditeurs qui parfois, et même très souvent, vont acquérir le flacon de parfum. Mais les fleurs ne sont pas gratuites. Nous versons une partie de nos revenus aux jardiniers.
Avec sa contribution au développement du contenu canadien et ses redevances de droits d'auteur, la radio participe à l'évolution artistique des artistes québécois. Sa contribution n'est pas toujours quantifiée, par exemple lorsqu'elle diffuse des entrevues promotionnelles ou parraine des spectacles et des festivals. Au Québec, nous diffusons 65 p. 100 de musique francophone, en majorité de la musique québécoise. C'est vous dire l'importance énorme des artistes québécois sur nos ondes.
Aujourd'hui, la radio du Québec affronte de grands défis et ils sont les mêmes pour les petites et les grandes radios. Je vais en nommer deux.
Elle doit d'abord investir considérablement dans les outils technologiques afin de préparer sa migration de contenu vers de nouvelles plateformes numériques incontournables. Elle doit également déployer beaucoup de ressources et d'argent pour développer les talents à l'animation radio, car nous considérons que l'avenir de la radio dépend de la voix humaine. Après tout, cela nous différencie des autres plateformes musicales.
Or, les personnalités radio, c'est-à-dire les animateurs et animatrices radio qui, selon nous, sont également des artistes, doivent développer une techno-adaptation sans précédent. En plus de bien communiquer en ondes, elles doivent par exemple être agiles dans l'utilisation des médias sociaux et des archives numériques. Ces défis nous conduisent à appréhender une augmentation importante de nos coûts de production. Cela fait partie de notre réalité. Étant donné que le nombre de services de radio dont la base est au Québec est plus élevé que le nombre d'exploitants québécois, toute augmentation de redevances du droit d'auteur entraînerait une sortie nette d'argent du Québec vers des récipiendaires internationaux. J'ai bien compris ce qui a été énoncé auparavant.
Les radiodiffuseurs du Québec, que ceux-ci soient de grande ou de petite taille, appuient le projet de loi . Nous sommes d'avis que ce projet de loi représente une solide avancée vers l'adoption d'un régime du droit d'auteur sensé, à l'ère de l'Internet et de la technologie numérique. La loi actuelle sur le droit d'auteur est révolue et impraticable dans l'économie numérique. Du point de vue des radiodiffuseurs, cela crée un climat d'incertitude au moment où nous améliorons nos services offerts en ligne. Cela crée également de multiples couches de redevances pour ce qui est essentiellement une seule activité, soit la diffusion de la musique.
Dans de nombreuses industries, les utilisateurs d'oeuvres protégées par un droit d'auteur sont obligés de faire des reproductions, étant donné les moyens techniques numériques en cours. Les reproductions faites par les radiodiffuseurs sont simplement un élément accessoire du processus permettant la diffusion de la musique. Inclure une exception pour les reproductions faites par les radiodiffuseurs, c'est reconnaître leur nature accessoire et technique.
Les modifications proposées par les radiodiffuseurs cadrent avec l'intention générale du projet de loi de limiter les redevances se rapportant à plusieurs processus techniques, comme la disposition permettant au consommateur de décaler les heures des émissions, laquelle est essentiellement une exception au droit du radiodiffuseur de fixer son signal.
Les radiodiffuseurs appuient une approche fondée sur les principes en ce qui concerne l'adoption d'exceptions pour les reproductions accessoires. Les radiodiffuseurs appuient le projet de loi . Les radiodiffuseurs du Québec appuient le projet de loi .
Je vais demander à M. Ross Davies de poursuivre.
:
Bonjour. Je m'appelle Ross Davies, je suis le vice-président de la programmation et des opérations du Haliburton Broadcasting Group Inc., de Toronto, en Ontario.
Je vous remercie de nous avoir invités à prendre la parole ici aujourd'hui.
J'ai travaillé toute ma vie dans l'industrie de la radiodiffusion. J'ai suivi les traces de mon père, et j'ai grandi dans ce secteur. Au cours de ma carrière, j'ai occupé des postes clés dans le domaine de la programmation dans la radio canadienne. Comme la plupart des gens du secteur de la radiodiffusion, j'ai commencé en bas de l'échelle, j'ai exécuté diverses tâches dans le domaine de la programmation, qui comprenaient les annonces en direct, la programmation musicale et la gestion des programmes.
J'ai passé plus de 20 ans à CHUM Limited. J'ai eu le plaisir de finalement occuper le poste de vice-président de la programmation du CHUM Group Radio, qui est responsable de toutes ses stations de radio au Canada.
Je suis l'ancien vice-président de la programmation d'Astral Media Radio GP et j'ai passé deux ans dans le secteur de la radio par satellite et j'ai aidé à lancer XM Satellite Radio au Canada, en 2005.
J'ai également exploité ma propre entreprise de consultation en radiodiffusion et j'ai représenté un certain nombre de clients au Canada comme Standard Radio, Maritime Broadcasting et Haliburton Broadcasting.
Je suis l'ancien président de l'Ontario Association of Broadcasters. J'ai été le premier président de Radio Starmaker Fund et l'ancien premier vice-président de l'Académie canadienne des arts et des sciences de l'enregistrement, CARAS. Je suis toujours membre de MusiCompte, le comité d'éducation musicale de la CARAS et je suis à nouveau membre du conseil d'administration de l'OAB.
Le poste que j'occupe à Haliburton Broadcasting m'a ramené aux premiers temps de mon entrée dans le secteur de la radio. Après avoir passé de nombreuses années dans les bureaux de direction, je suis revenu à la radio de première ligne, et je passe mes journées en contact direct avec les gens de notre société, qui font de nos stations de radio des éléments divertissants, attirants et branchés sur toutes les collectivités que nous desservons en Ontario. J'ai vécu une expérience remarquable lorsque j'ai constaté directement combien les radios locales sont vitales dans notre pays.
Haliburton a 18 stations de radio, situées dans nos collectivités au nord, au centre et au sud de l'Ontario; elles rejoignent de milliers d'auditeurs chaque jour.
Depuis les cinq dernières années, nous produisons chaque année un album rassemblant des nouveaux artistes de la région. Pratiquement tous ces artistes n’ont pas de contrat avec des maisons de production. Notre album Moose Trax est une compilation de chansons d’une douzaine d’artistes locaux. Grâce à la vente de cet album et à la diffusion de leur musique sur nos ondes, ces artistes se font connaître du grand public en Ontario.
Comme mes collègues vous l'ont dit aujourd'hui, nous sommes en faveur du projet de loi . La réforme du droit d'auteur est nécessaire et urgente, et nous invitons instamment le comité à adopter ce projet de loi.
La radio locale est le meilleur outil de commercialisation pour la musique et les artistes canadiens. Il faut que le gouvernement et l'industrie canadienne de la musique reconnaissent ce rôle.
Pour les affaires locales et communautaires, la radio locale est un des médias les plus importants et celui qui a le plus d'influence.
Nous acceptons très bien de payer pour diffuser de la musique, mais il n'est pas équitable d'avoir à payer cinq fois pour la même chose. Le coût du droit d'auteur a augmenté de 500 p. 100 depuis 2001. Cela met en danger notre secteur. En fait, dans certains petits marchés de radio, l'obligation de s'acquitter des tarifs de reproduction représente la différence entre la poursuite des opérations et la faillite.
Voici l'essentiel: la radio locale est importante pour les Canadiens. Il faut l'appuyer et nous avons besoin que l'exception accordée aux radiodiffuseurs soit conservée dans le projet de loi .
Je vais terminer en vous donnant quelques exemples des contributions directes que font les radiodiffuseurs dans leurs propres collectivités aux initiatives et aux événements locaux qui appuient l'industrie de la musique, et renforcent l'intérêt de la collectivité pour les musiciens.
Voici un certain nombre d'initiatives de l'industrie de la musique que les membres de la station de radio CAB ont appuyées cette dernière année: le Festival de jazz de Winnipeg, la série de concerts de la Kitchener-Waterloo Oktoberfest, le festival de musique de la ville de Pembroke, le Waterloo Region District School Board, l'octroi de fonds pour l'achat de nouveaux instruments et de partitions, le Mariposa Folk Festival; le programme de bourses de RNC Media-Antenne 6, qui accorde un soutien aux étudiants du programme de journalisme du Collège de Jonquière, les Western Canadian Music Awards; les Rencontres de l'ADISQ; North by Northeast; MusiCompte, le programme d'éducation musicale de la CARAS et le FanFest de la Canadian Music Week.
Les radios privées apportent un appui important aux artistes canadiens. L'exception relative aux radiodiffuseurs que contient le projet de loi nous permettra de continuer à le faire.
Merci.
[Traduction]
Merci de m'accueillir aujourd'hui.
Je m'appelle Paul Larche. Je suis le propriétaire et le président de Larche Communications. Je travaille dans l'industrie de la radio depuis 1975, année où j'ai débuté à Timmins, en Ontario. J'ai également été musicien à temps partiel au début de ma carrière et j'ai possédé un studio d'enregistrement. J'ai acheté ma première station de radio en 1995, CICZ-FM, à Midland, en Ontario. Ma société exploite actuellement quatre stations de radio dans la province de l'Ontario, et emploie 65 employés.
Dans les 36 ans que j'ai passés dans le domaine de la radio, j'ai connu personnellement beaucoup de changements, dont la plupart venaient des progrès de la technologie et du nouveau monde numérique. Lorsque j'ai commencé, nous jouions de la musique sur des tables tournantes avec de bons vieux disques 45 tours. Mais cela n'a pas changé notre principale mission, qui est de fournir un excellent service à nos collectivités locales.
Nos sociétés sont des éléments essentiels du tissu des collectivités, nous organisons toute l'année des centaines d'activités de financement pour des organismes de bienfaisance locaux; nous couvrons les nouvelles et les événements locaux et en faisons la promotion et nous consacrons d'innombrables heures et beaucoup d'énergie à amener les gens à se regrouper pour une cause commune. Nous ne faisons pas que diffuser de la musique dans nos collectivités; nous en sommes une partie intégrante. Au cours des cinq dernières années, mes stations ont recueilli plus de 750 000 $ pour des organismes de bienfaisance locaux, une chose dont nous sommes très fiers.
Comme vous l'ont déjà dit mes collègues, le droit d'auteur est une des principales difficultés auxquelles font face les radiodiffuseurs. J'aimerais vous expliquer, d'un point de vue technique, ce qui se fait dans une station de radio pour mettre de la musique en ondes. Cela vous aidera peut-être à comprendre le processus et les raisons pour lesquelles le versement des redevances pour la reproduction n'est absolument pas justifié.
Pour l'essentiel, la mise en oeuvre de la musique est une opération assez simple. L'industrie de la musique nous demande de mettre en ondes de la musique et elle nous en envoie des exemplaires. Je dois préciser que cette partie du processus n'a jamais donné lieu à un versement d'argent. Les maisons de disques ont besoin de la promotion que constitue la diffusion de leur musique et nous avons besoin de musique pour pouvoir la diffuser. C'est un échange où tout le monde a toujours trouvé son compte.
Lorsque la Loi sur le droit d'auteur a été réformée la dernière fois, en 1997, les choses ont commencé à changer. La musique nous était livrée sur des disques compacts et les stations de radio utilisaient une technologie qui exigeait que la musique soit transférée sur des serveurs informatiques pour pouvoir la rejouer. Malheureusement, ce simple chargement a été désormais qualifié de « mise en jeu d'un droit d'auteur » et même si les stations de radio ne font aucun bénéfice avec cette opération, ce processus purement technique a été évalué à l'époque à 5 millions de dollars par an par la Commission du droit d'auteur.
De nos jours, plus personne n'utilise les CD. Au lieu d'envoyer des représentants commerciaux à nos stations et de graver de la musique sur des CD, de les placer dans des étuis, les maisons de disques utilisent simplement un service de livraison numérique qui nous envoie les morceaux un par un. Ils sont toujours intéressés à ce que leur musique soit jouée et nous demandent de la mettre en ondes. Aujourd'hui, au lieu d'insérer un CD, nos programmeurs musicaux n'ont qu'à accepter l'invitation d'une maison de disques et leur chanson est bien souvent automatiquement téléchargée dans nos systèmes. En juin dernier, ce processus a été évalué à 21 millions de dollars par la Commission du droit d'auteur.
Vous avez bien compris: aujourd'hui, nos stations versent trois types de redevances pour le droit d'auteur, d'une valeur totale de 21 millions de dollars pour l'ensemble de l'industrie, pour simplement accepter l'invitation que lui lance l'industrie de la musique de jouer leurs chansons. Je suis sûr que vous comprenez que j'ai beaucoup de mal à m'expliquer cette ponction.
J'ai encore plus de mal à répartir le coût relatif de ces redevances sur le droit d'auteur sur des choses comme les salaires et les avantages sociaux de mes employés, les mises à jour techniques pour que mon entreprise demeure compétitive, l'investissement dans la recherche et le développement dans le but d'utiliser de nouvelles plates-formes pour que la musique que nous jouons soit entendue par autant d'auditeurs que possible et franchement, pour aider à faire la promotion des artistes locaux de ma région — en particulier, parce que ce montant de 21 millions de dollars vient s'ajouter à celui de 64 millions de dollars que notre industrie paie déjà pour diffuser de la musique —; il y a en outre les contributions de 51 millions de dollars que nous versons pour le développement du contenu canadien.
Je suis une petite entreprise. Il y en a beaucoup comme la mienne dans notre pays. L'augmentation des redevances relatives au droit d'auteur ont de graves conséquences sur notre rentabilité. Sur les quatre stations de radio dont je suis propriétaire, deux sont relativement nouvelles et ne font pas encore de bénéfices.
Mais ne vous méprenez pas; je suis très content, et cela me paraît plus qu'équitable, que nous payions une juste part pour la musique. Cela est normal; nous en retirons un avantage financier. Nos stations de radio ont toujours entretenu d'excellents rapports avec les artistes canadiens et ont établi des partenariats avec eux. Nous avons reçu de nombreuses récompenses de leur industrie qui justifient cette affirmation. Mais les redevances relatives à la reproduction sont tout simplement inéquitables. Lorsque j'explique cet aspect à mes amis musiciens et artistes, ils admettent que cela est tout à fait irrationnel. La plupart d'entre eux ne sont même pas au courant. Et lorsque je leur dis que la plupart de cet argent est versé à des maisons de disques internationales à l'étranger, ils se mettent souvent en colère.
L'élément essentiel est que les reproductions qu'effectuent les radiodiffuseurs pour installer la musique dans notre système informatique ne nuisent aucunement aux détenteurs de droit d'auteur et ne les pénalisent pas non plus.
Les radiodiffuseurs effectuent ces reproductions dans le seul but de faciliter la diffusion de la musique. Nous avons déjà payé pour le faire. C'est une nouvelle utilisation qui est faite de la musique; les radios n'en retirent aucun revenu supplémentaire. C'est une opération purement technique qui n'est pas différente de celle que font les consommateurs lorsqu'ils transfèrent les chansons qu'ils ont légalement achetées sur leurs iPods.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous d'être ici aujourd'hui.
[Traduction]
Je vous remercie d'avoir pris la peine de venir ici.
J'adore les stations de radio. Je les écoute. Tous les Canadiens les écoutent et elles fournissent un excellent service, très agréable. Je pense que, dans la plupart des cas, l'aspect musical en est une partie très importante. En fait, je crois pouvoir aller jusqu'à dire que bien souvent, si les stations ne diffusaient pas de musique, elles n'existeraient pas. Il s'agit donc de savoir quelle valeur représente cette musique.
Je ne suis pas un avocat, je ne suis pas un radiodiffuseur, mais je sais calculer. J'ai obtenu certains chiffres auprès de la Commission du droit d'auteur. Ces chiffres ont été fournis par des radiodiffuseurs, par des gens comme vous. Si je regarde les cinq dernières années, il semble que les bénéfices avant intérêt et impôt — et c'est une moyenne qui regroupe 644 stations de radio et cela les concerne toutes — étaient en moyenne d'environ 20 p. 100. La plupart des sociétés et des entreprises de notre pays seraient ravies de recevoir autant d'argent.
Si je regarde le montant des redevances payées au Canada, je constate que vous versez environ 85 millions de dollars de redevances à différentes organisations, ce qui représente environ 5,7 p. 100 d'une industrie dont le chiffre d'affaires est de 1,5 milliard de dollars. Comme je l'ai dit, je peux faire quelques calculs et j'ai vraiment beaucoup de mal à comprendre pourquoi le montant des redevances que vous versez constitue un fardeau insoutenable. J'aimerais que vous éclairiez ma lanterne rapidement sur ce point, parce que j'ai d'autres questions à poser.
Merci.
:
Je le comprends, et c'est la raison pour laquelle nous nous opposons à tout cela. Il s'agit des droits de reproduction.
J'aimerais dire à l'industrie de la musique — j'ai entendu M. Angus dire, il y a deux ou trois jours, lorsqu'il parlait avec des représentants de l'industrie de la musique, et cela a été dit très souvent — que le modèle de l'industrie de la musique est cassé. Ils le savent, nous le savons tous, et nous essayons tous d'aider. Je crois que c'est de cela dont il s'agit ici.
J'aimerais dire à nos amis qui font partie de l'industrie de la musique et à ce comité, mais surtout aux gens du secteur de la musique: « Les gars, vous ne vous en prenez pas aux vrais coupables. Vous êtes en fait en train de vous nuire, parce que nous sommes tous ensemble dans cette entreprise. »
Nous avons toujours été tous ensemble avec le secteur de la musique. Comme Paul l'a dit, à l'époque des microsillons et des CD, cela était vrai littéralement. Ils venaient en personne dans nos studios. Nous avions d'excellents rapports. Ils nous donnaient la musique gratuitement. Ils nous la donnaient parce qu'ils voulaient qu'on joue le nouveau disque de Marc Garneau. Ils l'apportaient, nous le mettions sur une table tournante et nous le faisions jouer. Cela ne coûtait rien à personne. Ils en étaient très heureux et tout cela fonctionnait très bien.
Ensuite, un jour...
:
Je sais que la technologie a changé.
[Français]
J'aimerais poser une question à M. Banville.
Vous avez mentionné qu'il y a des coûts pour les stations de radio. Il faut, bien sûr, avoir des technologies modernes pour faire fonctionner une radio. En même temps, est-ce que vous seriez prêt à admettre qu'il y a des coûts qui disparaissent en raison de l'émergence de cette technologie? Je parle des coûts de main-d'oeuvre, des coûts d'espace pour la bibliothèque de musique et ainsi de suite. N'est-ce pas vrai qu'avec la technologie moderne, il y a aussi beaucoup de coûts qui vont disparaître, ce qui permettra au bout du compte, comme je l'ai mentionné plus tôt, de réaliser des profits de 18 p. 100 en moyenne par station de radio?
:
Je vous remercie de me poser cette question, monsieur Garneau.
Pour ce qui est du dernier élément soulevé, j'ai simplement envie de vous dire que, pour le futur des artistes, la tonicité et la vitalité de la radio sont plutôt une bonne nouvelle, à mon avis. Imaginez qu'on soit en pleine crise en même temps qu'eux. On n'a qu'à penser à des industries comme celle du livre ou de la presse écrite. On a donc beaucoup de chance. Je pense que c'est quand même positif.
Par ailleurs, j'aimerais vous dire que les coûts qui ont diminué ont été remplacés par d'autres coûts. Auparavant, il n'y avait pas de webmestre ou de spécialiste des médias sociaux dans une station. Le programmateur chargé de la musique est encore...
:
Le principe de base sur lequel il faut revenir et duquel il ne faut pas non plus s'éloigner pour des considérations techniques, c'est que l'oeuvre musicale appartient à son créateur ou à ses créateurs. Quand je vais acheter un CD chez HMV, je n'achète pas la musique des Colocs, car cette musique ne m'appartient pas. J'achète le plaisir de l'écouter sur ce CD. Ensuite, de retour à la maison, si j'en fais une copie sur mon MP3, je devrais normalement payer des redevances sur la copie. Chaque fois qu'on fait une copie ou qu'on change de format, il me semble que c'est normal qu'on paie des redevances à celui qui est propriétaire de l'oeuvre musicale en question.
C'est ce principe qui a été posé en 1997 quand il a été décidé d'imposer des redevances pour l'enregistrement éphémère. Le principe a été posé et il fonctionne très bien depuis 14 ans. On donnait des revenus aux artistes et maintenant, on veut les leur enlever.
Quand les représentants de la télé communautaire ont comparu — je ne sais pas si c'est ici ou devant le Comité permanent du patrimoine canadien —, ils ont dit qu'ils venaient essentiellement nous demander un congé de droits d'auteur. Cela n'a pas de bon sens. Ils ne voulaient plus en payer, ni pour l'enregistrement éphémère ni pour les redevances, en disant que c'était un fardeau. Ce n'est pas un fardeau mais un inventaire. On n'achète jamais une oeuvre musicale.
Mme Carole Lavallée: Mais oui.
M. Guy Banville: Bien non. Nous diffusons de la musique et nous payons nos droits d'auteur. Nous versons une partie de notre chiffre d'affaires. Nous contribuons au contenu canadien. Nous avons toutes sortes d'activités, dont plusieurs ont été citées aujourd'hui, par l'entremise desquelles il y a une véritable contribution dans toutes les communautés artistiques et culturelles. Je crois que la radio se conduit très bien.
Nous en faisons une question de principe parce que cela peut s'appliquer à bien d'autres choses, comme au fait de transformer ou de modifier une pièce trop longue. Par exemple, quelqu'un a composé une pièce de 11 minutes, mais elle a été réduite à 4 minutes. Donc, et rebelote, il faut payer de nouveau parce qu'elle a été modifiée pour en faire une pièce d'une durée raisonnable.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis très heureux d'être ici pour parler de ce sujet particulier, parce que je viens du milieu de la radio. J'ai travaillé dans la petite radio, la radio parlée, pas la musique, mais je crois que les questions que j'aimerais poser seront tout de même utiles.
Vous pouvez tous répondre à cette question, à moins que cette réponse soit exactement la même. Pourquoi pensez-vous que les maisons de disques ne vous envoient pas la musique en utilisant un support que vous pouvez utiliser immédiatement?
:
Nos différents systèmes automatisés, ce sont en fait des ordinateurs différents, formatent la musique différemment lorsque ces systèmes la compriment sur leurs disques durs. Les maisons de disques nous l'envoient sur un support qui n'est pas compatible avec le système d'automatisation qu'utilise la station de radio; nous devons donc transférer la musique d'un format MPEG, par exemple, qui est un format comprimé à un format MP3, qui est un autre format de compression, pour pouvoir l'introduire dans notre système.
Cela touche aussi la remarque que faisait Mme Lavallée au sujet de la valeur commerciale de cette opération. Je sais que si nous demandions aux maisons de disques de nous envoyer la musique sous un format MP3, parce que c'est le format qu'utilise notre système, de façon à pouvoir la télécharger directement dans notre serveur, elles seraient très heureuses de le faire parce qu'elles veulent que nous jouions leur musique.
Les maisons de disques, leurs représentants, et de nombreux artistes viennent dans nos stations de radio. Ils nous demandent, parfois avec insistance, de diffuser leur musique, en particulier dans le cas des nouveaux artistes. Ils veulent qu'elle soit mise en ondes; que doivent-ils faire pour la mettre en ondes? Ils nous l'offriront dans le format que nous souhaitons.
La question qui est en jeu ici, la question des reproductions, est tout simplement stupide. Il est stupide de dire que nous devrions payer davantage parce que nous avons reproduit un fichier. Si cela vient du fait que les artistes veulent recevoir davantage d'argent, c'est une autre question. C'est une autre question qui touche également le droit d'auteur. Mais ici, c'est comme un moyen détourné d'essayer d'obtenir un peu plus d'argent parce qu'il y a des gens qui pensent que le secteur de la radio est prospère en ce moment.
Je suis propriétaire de cette station de radio depuis 1975. Lorsque j'ai commencé, je payais 3,2 p. 100 en redevances. Je recevais la musique sous forme de CD et même parfois, c'était encore des disques. Aujourd'hui, je paie près de 9 p. 100 de mes recettes en redevances. J'entends dire constamment que les bénéfices augmentent à cause des économies que nous réalisons. Les bénéfices augmentent également parce que nous avons amélioré notre façon de commercialiser nos services pour les annonceurs et pour amener ces derniers à considérer que la radio est un média efficace.
Encore une fois, il y en a qui pensent qu'on peut guérir le mal par le mal, ce qui n'est pas vrai. Le principe n'est pas correct. Cela n'est pas acceptable pour les radiodiffuseurs. Nous pensons que l'industrie de la musique est une excellente chose. Personnellement, j'entretiens d'excellents rapports avec les gens de ce secteur, tout comme la plupart des exploitants de station de radio. Nous savons que nous avons besoin les uns les autres. Nous voulons qu'ils obtiennent une part équitable, mais là, c'est vraiment stupide.
Pensez-vous que nous devrions créer un équilibre dans ce domaine? Je viens du Nord de l'Ontario, où la plupart des gens se fient à la radio et où il y a moins de stations de radio que dans d'autres régions du pays ou dans les grands centres urbains. Dans de nombreuses collectivités, la radio fait partie intégrante de celles-ci.
M. Davies a mentionné un certain nombre de choses dont s'occupe son entreprise et je vous dirais que toutes les entreprises de radio font le même genre de choses dans toutes les régions du Canada.
Nous savons que les bénéfices varient tout comme les problèmes et les difficultés auxquelles font face les stations de radio. Chaque année, tous les deux ans, tous les 10 ans, il y en a qui apparaissent et d'autres qui disparaissent. Les gens se font racheter, des stations sont vendues — voilà ce qui se passe. Mais je pense particulièrement que les régions rurales dépendent beaucoup de la radio. Si l'on faisait une exception et que cela vous permette d'épargner encore un, deux ou trois pour cent sur vos revenus, pensez-vous que cela aurait pour effet de stabiliser le marché de la radio au Canada?
:
Monsieur Rafferty, merci d'avoir posé cette question.
Je suis heureux d'entendre que vous venez du Nord de l'Ontario et que vous comprenez certains aspects de la radiodiffusion et ce que c'est de vivre dans ce genre de collectivité.
Vous avez tout à fait raison et permettez-moi de vous donner un exemple plus concret. Haliburton Broadcasting possède une station de radio à Timmins et celle-ci connaît des difficultés. Nous avons eu un problème technique avec notre émetteur. Nous devons investir pour augmenter la puissance de rayonnement de cet émetteur. C'est un coût considérable pour nous. Nous n'avons pas de présentateur en direct pour l'émission de l'après-midi. Nos concurrents en ont. C'est notre problème. Nous le savons, mais nous devons lutter pour pouvoir le faire. À l'heure actuelle, les marges bénéficiaires sont si minces que nous ne pouvons pas nous le permettre.
Nous parlons de dollars réels ici, et pour répondre à votre question, ce genre d'exemption qui nous permet de ne pas avoir à verser ces redevances, qui viennent s'ajouter à toutes les autres que nous payons déjà, aura bien sûr un effet sur les services que nous pouvons fournir à ces collectivités. Cela est absolument certain.
Nous avons eu la chance d'obtenir un permis pour une nouvelle station à Barry's Bay en Ontario. C'est un marché où il n'y a jamais eu de station de radio. Nous allons nous y implanter. Nous n'allons pas gagner beaucoup d'argent. Nous allons faire le mieux que nous pouvons et nous allons nous installer, nous allons embaucher des employés, créer des emplois, des liens avec la collectivité, en lui fournissant toutes les choses que les postes de radio sont en mesure d'offrir: un service communautaire, des campagnes de financement pour les organismes de bienfaisance, et nous allons rejoindre les artistes de cette collectivité et en faire la promotion. Ce sont des dépenses réelles pour nous.
Bien sûr, l'autre aspect est que nous allons diffuser de la musique. Eh bien, qu'est-ce qui va arriver? L'industrie de la musique va voir ses revenus augmenter parce que nous avons cette nouvelle entreprise à Barry's Bay. Mais c'est la situation des stations de radio qui diffusent dans un petit marché.
:
Merci, monsieur le président.
Je pensais que M. Rafferty avait choisi la bonne orientation ici.
Messieurs, je vous remercie d'être venus. Je pense que vous avez expliqué ce que des millions de consommateurs canadiens savent; lorsqu'ils achètent un CD, lorsqu'ils donnent de l'argent pour l'obtenir, ils devraient avoir le droit de le transférer sur leur iPod, leur iPad, leur ordinateur de bureau par Apple TV, ou sur tout autre média qu'ils utilisent personnellement, sur des BlackBerry ou autres. Ils savent que, lorsqu'ils ont payé une fois pour obtenir quelque chose, ils ne devraient pas avoir à payer à nouveau chaque fois qu'ils changent le support.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais mes amis du Parti libéral, du NPD et du Bloc ne comprennent pas cela. Ils veulent imposer à votre industrie une nouvelle norme... que nos consommateurs comprennent. Cette loi va en fait un peu plus loin et dit aux consommateurs: « Vous savez ce que vous faisiez dans le passé? Vous savez de quoi il s'agit. Eh bien, nous allons légaliser ce genre de chose pour que vous puissiez transférer du contenu d'un média à un autre, pourvu que cela soit pour votre usage personnel. »
Vous étiez là lorsque M. McTeague a fait une affirmation que je vais essayer de vous citer exactement. Il a dit « qu'il n'y avait rien pour les créateurs » dans le projet de loi . J'étais ici mardi, il y a deux jours. Les représentants de l'industrie canadienne de l'enregistrement étaient ici. Ils nous ont demandé d'adopter le projet de loi, parce qu'il créait de nouvelles protections pour les créateurs. Ils nous demandaient instamment d'adopter ce projet de loi aussi rapidement que possible.
Ils sont allés plus loin lorsque M. Angus du NPD a essayé de les provoquer en s'insurgeant contre la suppression des redevances pour les reproductions éphémères, parce qu'il voulait éviter que les radiodiffuseurs aient à payer deux fois la même chose. Les représentants de l'industrie de l'enregistrement nous ont dit, notre maison est en feu. La solution ne passe pas par les redevances d'enregistrements éphémères. Il y a un contexte beaucoup plus vaste. Ils ont déclaré que les dispositions du projet de loi allaient accorder une protection beaucoup plus robuste aux créateurs.
On laisse entendre ici que les créateurs sont en train de perdre des revenus. Et pourtant, d'après les témoignages que nous avons entendus, la plupart des fonds provenant des redevances de reproduction ne se rendent pas du tout aux créateurs. La plus grande partie de ces fonds sont perçus par d'autres parties. Pouvez-vous commenter cela?
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Merci d'avoir posé cette question.
J'ai trouvé fort intéressant qu'il y a deux jours, je crois, ou trois jours, lorsque des représentants de l'industrie de la musique ont comparu, un des artistes qui les accompagnait, je crois qu'elle s'appelait Davis, en fait, pas de relation avec moi — ne connaissait même pas l'existence du droit de reproduction; elle ne savait pas que ce secteur allait recevoir de l'argent. Elle ignorait absolument cet aspect. Cet argent n'arrive pas aux artistes. Ils ne touchent même pas le peu d'argent qui est versé à ce titre.
Je vais vous rappeler une autre histoire que j'ai vécue avec un représentant d'une des grandes maisons de disque. Il y a environ un mois, à Toronto, je l'ai rencontré, je lui ai parlé et je lui ai demandé: que pensez-vous de cela? Il a déclaré que ces entreprises voulaient vraiment obtenir ces redevances de reproduction. Eh bien, je lui ai dit un instant, est-ce qu'on n'est pas tous du même côté; sais-tu ce que c'est? Et il ne savait même pas ce que c'était.
Je comprends pourquoi il a adopté cette position: sa maison est en feu, il faut le comprendre. De sorte que l'adoption de ce projet de loi devait aider ces gens et donc les artistes et les créateurs vont recevoir de l'argent pour ce genre de choses, mais ils ne... Ces redevances pour la reproduction sont, comme l'a dit M. Larche, une ponction injustifiée. Nous payons déjà les créateurs.
J'ai pris note de ce que Mme Lavallée avait dit au sujet des créateurs. Nous sommes tout à fait d'accord pour que les créateurs soient payés. Nous les payons déjà. Nous nous opposons simplement à ce que l'industrie de la musique demande deux ou trois fois des redevances. C'est ce qu'on appelle manger à tous les râteliers, mesdames et messieurs.
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Merci, monsieur le président.
Vous faites du bon travail à la présidence aujourd'hui. Merci d'avoir accepté ce remplacement aujourd'hui.
Je vais surtout m'adresser à M. Larche, parce que je n'ai pas beaucoup de temps pour ce tour de questions.
Pour ce qui est du processus, dans le passé, vous obteniez un microsillon et vous le faisiez jouer. Votre matière première, c'était la musique; votre produit, c'était la musique. Quelqu'un allumait la radio dans sa voiture ou à la maison et écoutait la musique. Maintenant, sur le plan du processus, vous recevez un exemplaire numérique de la musique. Comment est-ce qu'aujourd'hui le produit diffère de ce qu'il était dans le passé?